La Lettre du Neurologue - n° 10 - vol. V - décembre 2001
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REVUE DE PRESSE
Dirigée par le Pr P. Amarenco
(moyenne d’âge : 6,8 ans). La sémiologie
comprenait des troubles extrapyramidaux
dans 5 cas, des troubles psychocomporte-
mentaux dans 7 cas, des troubles de
conscience sérieux dans 3 cas. Le traite-
ment comportait des bolus de méthylpred-
nisolone pendant 72 heures dans 9 cas.
L’évolution fut excellente dans 8 cas.
L’IRM montrait des lésions lenticulostriées
dans 8 cas, thalamiques dans 6 cas, tou-
chant la substance noire dans 5 cas, la sub-
stance blanche sus-tentorielle dans 7 cas, le
tronc cérébral dans 4 cas et le cervelet dans
2 cas. Tous les patients avaient la preuve
sérologique, une infection streptococcique
récente et des anticorps sériques antigan-
glions de la base (ABGA). Les contrôles
dans deux populations témoins montraient
une positivité des ABGA dans 3 cas sur
40 ADEM non poststreptococciques et
dans 3 cas sur 40 infections à streptocoque
sans atteinte neurologique. La spécificité
antigénique des ABGA était dirigée contre
les grandes cellules du striatum.
Commentaires. Les complications spécifi-
quement neurologiques de l’infection par un
streptocoque du groupe A β-hémolytique
comportent la chorée de Sydenham, connue
de longue date, et le PANDAS (association
de troubles psychiques et de tics compli-
quant une infection streptococcique), plus
récemment décrit. Des ABGA ont été
décrits dans ces deux pathologies dans près
de la moitié des cas. La description de ces
cas d’ADEM poststreptococciques compor-
tant des troubles extrapyramidaux et com-
portementaux, la présence d’anticorps anti-
ganglions de la base, et une atteinte IRM
des noyaux gris centraux enrichissent
l’éventail des complications des infections
streptococciques. La recherche d’une infec-
tion récente par streptocoque A β-hémoly-
tique doit être systématique lorsqu’une
ADEM est soupçonnée, notamment si
l’IRM montre des anomalies de signal lenti-
culostriées. T. de Broucker,
hôpital Delafontaine, Saint-Denis.
AINS et maladie d’Alzheimer
■Certaines études ont suggéré le rôle
protecteur des AINS contre la mala-
die d’Alzheimer (MA), mais d’autres
n’ont pas confirmé cet effet. Les auteurs
de cette étude ont donc étudié l’associa-
tion entre l’utilisation d’AINS et le risque
de survenue de la MA et d’une démence
vasculaire. Entre 1991 et 1999, ils ont
suivi de manière prospective une cohorte
de population comprenant 6 989 sujets
âgés de 55 ans ou plus, initialement
indemnes de démence. L’utilisation
d’AINS, déterminée à partir des données
des officines de pharmacie, a été classée
en quatre catégories : absence d’utilisa-
tion, usage à court terme (inférieure à
1mois d’utilisation cumulée), usage à
moyen terme (entre 1 et 24 mois d’utilisa-
tion cumulée) et usage à long terme (supé-
rieure à 24 mois d’utilisation cumulée).
Pendant le suivi (6,8 ans en moyenne),
394 sujets ont développé une démence,
dont une MA chez 293 sujets, une démen-
ce vasculaire chez 56 sujets et un autre
type de démence chez 45 d’entre eux. Le
risque relatif de la MA décroît lorsque
l’utilisation d’AINS augmente. Il est de
0,95 (IC [0,95] : 0,70 à 1,29) pour les uti-
lisateurs à court terme, de 0,83 (IC [0,95] :
0,62 à 1,11) pour les utilisateurs à moyen
terme et de 0,20 (IC [0,95] : 0,05 à 0,83)
chez les utilisateurs au long cours. Cet
effet protecteur n’était pas modifié par
l’âge des patients ou l’utilisation d’estro-
gènes chez la femme. Enfin, les AINS ne
réduisaient pas le risque de démence vas-
culaire.
Commentaires. Ces résultats semblent
confirmer le rôle protecteur des AINS
contre la MA. Cet effet peut s’expliquer
si l’on considère que la formation des
plaques séniles induit une réaction micro-
gliale et la production de cytokines pro-
inflammatoires. Cette réponse inflamma-
toire pourrait être neurotoxique et contri-
buer à entretenir le processus dégénératif
de la MA. L’effet protecteur semble inter-
venir pour des durées de prescription pro-
longées ; or, l’utilisation au long cours de
ces traitements chez des sujets âgés pré-
sente des risques non négligeables non
évalués dans cette étude. Il n’est donc pas
certain que la diminution du risque de
MA liée aux AINS corresponde à un
bénéfice réel pour les patients (d’autant
plus que l’interprétation de ces résultats
est limitée par de nombreux biais poten-
tiels). David Grabli
Stimulation et Parkinson
■L’objectif de cette étude multicen-
trique est d’évaluer l’efficacité de la
stimulation bilatérale du noyau sous-thala-
mique (NST) et de la partie interne du pal-
lidum (GPi) dans la maladie de Parkinson.
Sur 143 patients recrutés dans 18 centres,
134 ont bénéficié d’une implantation bila-
térale (96 patients pour le NST et 38 pour
le GPi). L’efficacité immédiate de la sti-
mulation a été évaluée trois mois après
l’implantation en comparant, pour
91 patients dans le groupe NST et
35 patients dans le groupe GPi, le sous-
score moteur de l’échelle UPDRS en
double aveugle et en cross-over dans les
conditions stimulation on et stimulation
off après 12 heures d’arrêt de la stimula-
tion et des traitements antiparkinsoniens
(pour chaque patient, la séquence on puis
off ou off puis on était randomisée). Le
score stimulation on était amélioré de
43 % pour le groupe NST et de 32 % pour
le groupe GPi (p < 0,001) par rapport au
score stimulation off. Par ailleurs, une éva-
luation ouverte comparant les sous-scores
moteurs de l’UPDRS avant l’intervention
(sans le traitement, puis avec) et un, trois
et six mois après l’implantation (dans les
quatre conditions possibles : stimulation
off sans et avec traitement, stimulation on
sans et avec traitement) a été réalisée. Elle
montre, pour les trois évaluations postopé-
ratoires, une amélioration du score moteur
chez les patients stimulés sans traitement
par rapport à l’état préopératoire (51 %,
p<0,001 dans le groupe NST et 33 %,
p<0,001 dans le groupe GPi). Cette amé-
lioration persiste lorsque les patients sont
évalués avec leur traitement antiparkinso-
nien (25,8 %, p < 0,001 pour le groupe
NST et 26,8 %, p = 0,003 pour le groupe
GPi). Enfin, la comparaison des autoéva-
luations pré- et postopératoire a montré
une réduction significative des périodes de
blocage et de dyskinésies chez les patients
stimulés. La dose totale d’antiparkinso-
niens était réduite chez les patients stimu-
lés dans le groupe NST (764 mg en post-
opératoire et 1 218 mg en préopératoire),
ce qui n’était pas le cas dans le groupe
GPi. La principale complication de la pro-
cédure chirurgicale était la survenue d’hé-
morragies intracrâniennes (7 cas).
Commentaires. Cette étude (la plus
importante à ce jour) confirme les résultats
obtenus sur de plus petits groupes de
patients. La stimulation bilatérale du NST
ou du GPi permet de diminuer la sévérité
des symptômes cardinaux de la maladie, de
réduire la fréquence et la durée des dyski-
✔Dale RC, Church AJ, Cardoso F. Poststreptococcal
acute disseminated encephalomyelitis with basal
ganglia involvement and autoreactive antibasal gan-
glia antibodies. Ann Neurol 2001 ; 50 : 588-95.
✔In’t Veld BA et al. Non steroidal anti-inflam-
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N Eng J Med 2001 ; 345 : 1515-21.