Si l'on s'oppose à l'emploi, il faut prendre le problème par l'autre bout, à mon avis (et c'est là le
débat à faire autour de mes réflexions). C'est l'offre qui doit changer - et quand je parle de politique
de l'offre, ce dont je parle n'a évidement rien à voir avec la soumission servile d'un Hollande au
productivisme bon marché des patrons-propriétaires qu'on appelle généralement la "politique de
l'offre".
On peut imaginer moraliser les acteurs économiques, infléchir leurs politiques par la taxe mais on
ne s'attaque pas au cœur du problème. La logique de l'emploi veut le profit des propriétaires, la
vente de la force de travail par des gens contraints (l'aiguillon de la nécessité). Les producteurs sont
donc contraints d'obéir à la logique du profit (dont ils ... ne profitent pas), par la logique de l'emploi.
Or c'est cette logique même qui condamne l'écologie aux intentions pieuses. Dans les mains des
propriétaires, l'écologie est une publicité, un argument de vente, guère plus puisque le but de la
société de l'emploi, c'est de faire du profit. Au détriment du reste.
On n'attaquera valablement la question de l'écologie que si l'économie devient démocratique, ce
qui implique aussi bien la fin de l'emploi que la fin des droits des propriétaires d'entreprises.
Sans cette démocratisation, l'écologie demeurera une gesticulation culpabilisante contre-productive.
Comment adhérer à la compression des salaires (c'est une décroissance!) à l'heure où tant de
familles, de gens seuls galèrent (hors et dans l'emploi)? comment cette idéologie peut connaître le
moindre écho si elle recommande tacitement de réduire les salaires, individuels ou sociaux, des plus
pauvres?
Je proposerais de réconcilier l'écologie et le salaire et de prendre acte que l'écologie - quelle qu'elle
soit - est incompatible avec l'emploi et qu'elle demande nécessairement une démocratisation de
l'économie.
La démocratisation de l'économie, c'est le rétablissement de la propriété d'usage des travailleurs
(contre la propriété lucrative des actionnaires). Concrètement, il s'agit pour eux de décider ce qui
sera produit, comment, dans quelles conditions, comment sera gérée la production, etc.
Dans des conditions de démocratie économique, on imaginerait mal des propriétaires d'usage (sans
intéressement à la propriété, à l'activité économique de l'outil de production) décider librement, sans
pression financière, d'abîmer leur santé, d'empoisonner leur lieu de vie ou d'externaliser les coûts de
la production sur les travailleurs!