économiquement parlant. Pendant des siècles, la bourgeoisie a construit ses pratiques d'échange
économiques dans des lieux propres et selon des modalités spécifiques.
Aujourd'hui, les pratiques économiques et la définition de la valeur économique sont devenue
bourgeoise de manière hégémonique, c'est-à-dire sans que ces pratiques et cette définition ne soient
remis en question par celles et ceux qui en sont victimes.
En ce sens, les discours de représentation prolétaires qui réclament de l'emploi entérinent
l'hégémonie bourgeoise puisqu'ils reprennent sa définition de la valeur économique et ses pratiques
économiques sans les discuter. Un peu comme si les drapiers avaient continué à demander des terres
à des seigneurs.
On peut parler de dictature de la bourgeoisie aujourd'hui, étant entendu que la bourgeoisie est un
rapport de production et non une liste, un annuaire avec une série de noms, d'incarnations de la
classe sociale. La dictature de la bourgeoisie ne signifie pas que ce sont des bourgeois purs qui sont
aux commandes et ce de manière indiscutée. Cela signifie que les pratiques économiques du rapport
de production bourgeois se sont imposées à tous - à l'instar des pratiques économiques de
l'aristocratie militaires au Xe siècle. Le rapport à la production bourgeois domine tout - le social,
l'environnemental, l'urbanistique, le culturel, l'architecture, les arts, etc. - sans qu'il y ait besoin
d'une élite ou d'un ensemble de personnes assimilables à la bourgeoisie au pouvoir.
C'est que une classe sociale, c'est un rapport de production qui traverse des gens, ce n'est pas une
série de gens, une liste de noms.
De la même façon, la dictature du prolétariat, ce n'est pas la domination physique, militaire,
philosophique ou sociale d'une série de personnes (difficilement qualifiables de "prolétaires" à partir
du moment où elles maîtrisent le destin de tous) mais c'est l'hégémonie d'une pratique
économique qui s'impose comme la pratique économique bourgeoise s'est imposée sur l'ancien
régime.
Cette pratique économique nous traverse en tant que prolétaire, en tant que personne sans titre de
propriété contraint de vendre sa force de travail pour vivre. Quelles libertés et quelles définitions de
l'économie portent ces parties de nous réduites à de simples outils dans l'économie capitaliste?
La réponse à cette question permet de définir ce qu'est (déjà) et ce que pourrait devenir la pratique
économique du prolétariat destinée à devenir hégémonique.