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BASTY Lisa
CHENU Elise
COQUERY Clément
DA COSTA Nathan
SADAILLAN Gabriel
« L’économie collaborative, un effet de
mode ? »
M1 Economie Appliquée Développement économique territorial
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SOMMAIRE!
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Introduction!.................................................................................................................................................!3!
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I. De l’utilité sociale à l’économie collaborative ................................. 5
A. L’utilité sociale!.......................................................................................................................................!5!
B.!L’économie!sociale!et!solidaire,!un!secteur!ancien!................................................................!9!
C.!L’économie!sociale!et!solidaire!aujourd’hui!...........................................................................!11!
II. Le renouveau .............................................................................................. 15
A.!Emergence!de!l’économie!collaborative!..................................................................................!15!
B.!Les!nouveaux!outils!de!l’économie!collaborative!................................................................!21!
A.!Etat!des!lieux!:!le!marché!français!de!l’économie!collaborative!....................................!25!
III. Quel avenir pour l’économie collaborative ?!.............................!28!
A.!L’évolution!du!cadre!juridique!en!France!:!enjeux!et!perspectives!.............................!28!
B.!Les!dérives!des!leaders!de!l’économie!collaborative!.........................................................!32!
C.!Les!perspectives!de!l’économie!collaborative!.......................................................................!35!
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CONCLUSION!...............................................................................................................................!38!
BIBLIOGRAPHIE!.......................................................................................................................!39!
WEBOGRAPHIE!.........................................................................................................................!42!
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3!
Introduction
«Ce n'est pas une crise, c'est un changement de monde» déclarait le philosophe
Michel Serres en décembre 2012 avant d'ajouter que cela fait plus de cinq ans que dure la
crise sans que l'économie française ne semble montrer de signe d'amélioration1. C'est
dans ce contexte que nombre d'acteurs se sont questionnés sur les modes de production,
de consommation et de financement actuels. Ces interrogations ont mené à une certaine
réflexion sur l'invention de nouveaux systèmes alternatifs ou en substitution du système
capitaliste remis en cause avec la chute de Lehman Brothers et la crise économique
mondiale de 2008. C'est de cet affaiblissement du courant orthodoxe que découle
l'économie collaborative, d’autres formes de production et de consommation ont émergé
dans les pays développés. Au départ présenté comme une façon de faire face à la crise ou
encore comme un modèle de «débrouille», l'économie collaborative n'est plus ce système
D qu'elle représentait initialement. En effet, ce sont de nombreux emplois qui sont et
pourraient être crées à l'avenir grâce à ce modèle qui traduit également un choix de
société.
Le concept d'économie collaborative à une définition très large. Selon l'institut du
développement durable et des relations internationales (IDDRI) l'économie collaborative
désigne des «réseaux d’individus et de communautés connectées, par opposition à des
institutions centralisées, et qui transforment la manière dont nous produisons,
consommons, finançons et apprenons». Cela regroupe la consommation collaborative
(partage, circuits courts...), la production collaborative (FabLabs...) mais également le
financement collaboratif (crowdfunding) ou encore les savoirs ouverts. Nous détaillerons
les différents outils dans la suite de ce dossier. En bref, ce sont tous les comportements
consistant à échanger, partager, se financer, tout en favorisant les circuits courts afin de
limiter le nombre d'intermédiaire, qui se sont développés et forment l'économie
collaborative.
Si le terme d'économie collaborative semble donc s'être diffusé depuis la crise
économique dans les années 2010, cette notion n'est pas nouvelle. En effet c'est en 1978
aux États-Unis que ce terme est pour la première fois utilisé par Marcus Felson et Joe
Spaeth. L'économie collaborative désigne alors les « événements dans lesquels une ou
plusieurs personnes consomment des biens ou des services économiques dans un
processus qui consiste à se livrer à des activités communes »2. Si l'idée de partage est
donc présente dès le début de sa création, la notion d'économie collaborative a été
profondément bouleversée par la « révolution technologique » au point de parler parfois
de réinvention ou de renouvellement de l'économie collaborative.3
Les nouvelles technologies ont en effet un rôle essentiel dans l'économie collaborative.
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1 Collectif d'acteurs de l'économie collaborative (06/03/2014) L’économie collaborative s’invente en France, gardons
notre avance (consulté le 16/10/2015) www.lemonde.fr
http://www.lemonde.fr/idees/article/2014/03/06/l-economie-collaborative-s-invente-en-france-gardons-notre-
avance_4378867_3232.html
2!NOBIS!P!(16/05/2014)!Comprendre l'économie collaborative (consulté le 16/10/2015)
http://cursus.edu/article/22050/comprendre-economie-collaborative/#.Vlhj4fkvfIX!
3!Institut du développement durable et des relations internationales = IDDRI !
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En permettant la création et le développement des plateformes internet, elles ont facilité
la mise en relation entre particuliers (pair-à-pair) ou entre entreprises et particuliers
(Bussiness to Consummer). Ainsi, dans sa définition de l'économie collaborative en
2010, Antonin Léonard le co-fondateur de OuiShare l'origine du plus grand
rassemblement mondial des acteurs de l'économie collaborative: le OuiShare Fest)
évoquait l'importance des Nouvelles Technologies de L'information et de la
Communication (NTIC): « la récente explosions des formes traditionnelles de partage,
troc échange, location ou de don rendue possible par les nouvelles technologies et le web
collaboratif ou 2.0. Elle ouvre la voie à de nouvelles possibilités de consommation moins
consuméristes et plus consom'actrices»4.Enfin ce dernier terme de consom’acteur est
également fondamentale lorsqu’on s’intéresse à l’économie collaborative. De fait, dans ce
système, les citoyens s’organisent « en réseau » et chaque individu peut être
simultanément producteur et consommateur. Par leurs choix, les personnes investies dans
le collaboratif cherchent une certaine utilité sociale.
En matière d'économie collaborative, la France, avec les États-Unis, est le pays
leader au niveau mondial. Bien loin du système de débrouille comme décrit à ses débuts,
l'économie collaborative, présenté tantôt comme un modèle de transition, tantôt comme
un modèle alternatif est un secteur dynamique qui représente des dizaines de milliers de
dollars. Plus précisément, le marché mondial, composé de près de 9000 start-up, pèserait
15 milliards de dollars et devrait atteindre 335 milliards de dollars en 20255.Ce
changement d'échelle rapide induit de nouvelles problématiques pour l'économie
collaborative, de nouveaux enjeux que nous seront amenés à évoquer dans le rapport.
En effet, le très fort potentiel de ce marché attire en effet les grandes entreprises du
secteur traditionnel davantage motivées par le profit que par la recherche d'utilité sociale.
L’économie collaborative a en effet une dimension sociale au-delà de la recherche de
création de valeur. Elle est créatrice de liens sociaux entre individus, favorise l’économie
locale et la diminution de l’empreinte écologique et encourage une consommation
responsable (consom’acteur)6. Cette notion d’utilité sociale est essentielle car contribue
fortement à fixer le périmètre de l’économie collaborative.
Aujourd'hui, ce terme éclipse quelque peu le terme plus anciennement connu
d’Économie Sociale et Solidaire (ESS) et tend à le remplacer. Alors que l'ESS avait une
connotation sociale très forte, l'économie collaborative répond sans doute davantage aux
défis et problématiques actuels. Dans cette synthèse et plus largement dans le rapport
final, nous essayons de mettre en perspective ces deux notions en les analysant, les
comparant, et surtout en essayant d'identifier les enjeux et défis que l'économie
collaborative va devoir surmonter dans le futur, notamment son adaptation à l’intérêt des
entreprises capitalistes au sens traditionnel (recherche de profits). Le tout dans l'objectif
de répondre à la question: «l'économie collaborative: un effet de mode?»
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4!Economie Solidaire et Sociale du Pays de Brest http://www.eco-sol-brest.net/Quelles-definitions-de-la.html!
5!Rapport du gouvernement : Enjeux et perspectives de la consommation collaborative (consulté le 18/10/2015)
http://www.entreprises.gouv.fr/files/files/directions_services/etudes-et-statistiques/prospective/Numerique/2015-07-
Consommation-collaborative-Rapport-final.pdf!
6!econosoc (avril 2014) Nouvelles tendances économiques et économie sociale (consulté le 18/10/2015)
http://econosoc.be/?rub=actualite&page=tendances_economiques!
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I. De l’utilité sociale à l’économie collaborative
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A. L’utilité sociale
Si nous devions donner une définition de l'utilité sociale, cette dernière pourrait
être vue comme un concept fondamental dans l'approche de l'économie sociale et
solidaire, qui regroupe l'ensemble des activités d'une organisation, générant de la
cohésion sociale de manière explicite. L'utilité sociale doit donc être comprise dans le
sens où elle est «utile à la société»7.
Les travaux de Jean Gadrey sont les plus complets en ce qui concerne l'étude et la mesure
de l'utilité sociale. D'après la synthèse d'une quarantaine de rapports, il en propose la
définition suivante: «est d’utilité sociale l’activité d’une organisation de l’économie
sociale qui a pour résultat constatable et, en général, pour objectif explicite, au-delà
d’autres objectifs éventuels de production de biens et de services destinés à des usagers
individuels, de contribuer à la cohésion sociale (notamment par la réduction des
inégalités), à la solidarité (nationale, internationale, ou locale : le lien social de
proximité), à la sociabilité, et à l’amélioration des conditions collectives du
développement humain durable (dont font partie l’éducation, la santé, l’environnement et
la démocratie)» 8
Le terme d'utilité sociale a été pour la première fois employé en 1973 lors d'un
Conseil d’État. Le statut des associations a été redéfini: elles pouvaient désormais
bénéficier d’exonérations fiscales car elles sont créatrices d’utilité sociale. L’Etat a
justifié cette exonération par le fait que le coût des biens et services que les associations
proposent est moindre par rapport à celui du marché et qu’il n’existe pas de structure
semblable à celle-ci. L'utilité sociale a donc revêtit dans un premier temps un caractère
fiscal important autour duquel elle s'est progressivement développée.9
Il est possible de retrouver des entreprises qui mettent en valeur leur utilité sociale à
travers leurs objectifs à travers 3 grands groupes:
l'aide aux personnes en situation de fragilité sociale
la lutte contre les différentes inégalités
l'encouragement dans la prise en compte de l'importance du développement des
territoires
Les piliers historiques de l'ESS que sont les associations, les mutuelles, les coopératives
et les fondations sont les grands prêcheurs de cette utilité sociale dans lesquels elle est
omniprésente. 10
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7 L'utilité sociale, page 1, sans date, (consulté le 9 décembre 2015)
http://docs.eclm.fr/pdf_annexe/AssociationsCitoyennesPourDemain-UtiliteSociale.pdf
8 L'utilité sociale, pages 2-3, sans date, article (consulté le 9 décembre 2015)
http://docs.eclm.fr/pdf_annexe/AssociationsCitoyennesPourDemain-UtiliteSociale.pdf
9 GEZE, Patrick, Evaluer l'utilité sociale de son activité, page 6, (consulté le 10 décembre 2015)
http://www.avise.org/sites/default/files/atoms/files/200711_avise_cahier_evaluationutilitesociale.pdf
10 SIDEL, Juliette, Economie sociale et solidaire, La loi ESS donne une définition de l’utilité sociale , (consulté le 10
décembre 2015) http://www.gazette-sante-social.fr/13409/la-loi-ess-reconnait-et-promeut-le-secteur
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