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PREMIÈRE ANNÉE
l’Isis moderne
RE VUE DES SCIENCES NOUVELLES
PREMIER SEMESTRE
D’OCTOBRE 1896 A MARS 1897
PARIS. — 11, RUE DE LA CHA USSEE-D’ANTlN
à la Librairie de l’Art Indépendant
ABONNEMENTS UN AN : FRANCE, 10 FR.; ÉTRANGER (U. P.), 12 FR.
Les abonnements partent d’Octobre
CORNELL
Ul\‘l\’ERSlTY’
L.H5R5‘;R\
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PÉEMIERE
ANNÉE
1’Isis
moderne
RE
VUE
DES
SCIENCES
N
0U
VELLES
PREMIER
SEMESTRE
D’OCTOBRE
1896
A
MARS
i897
PARIS.
11,
RUE
DE
LA
CIIA
USSÉE-DMNTIN
à
la
Librairie
de
l’Art
Indépendant
ABONNEMENTS
un
AN
:
FRANCE,
10
ma;
ÉTRANGER
(U.
R),
12
m.
Les
abonnements
partent
d’0ctobre
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C0
81e
UN DRAME D’ELIPHAS LÉVI
Par V. EMILE-MICHELET
Eliphas Lévi, le maître Kabbaliste de notre siècle, a écrit un
drame biblique en vers, Nemrod Par cette œuvre, ce puis-
sant esprit révèle sa conception du théâtre, et de la, il est plus
facile de suivre son influence sur la pensée et la littérature de
notre temps, influence qui fut occulte et puissante.
Avant d’être Eliphas Lévi, avant ’être, comme le doit l’Ini-
tié, né pour la seconde fois, Alphonse Louis Constant fut prêtre
catholique. Son œuvre a subi l’influence de l’ordination, car
l’homme demeure sacerdos in æternum. Comme tous les initia-
teurs, il dut recevoir le baptême de la persécution : les hommes
de son temps l’outragèrent et le jetèrent par deux fois en pri-
son. Car il faut que le révélateur souffre pour son idée, tel
l’amant pour son amour. Comme tous les cœurs généreux,
comme tous les esprits justes, il lança une clameur de révolte
contre l’iniquité du siècle. En un temps de féodalité ploutocra-
tique il témoigna la férocité du riche. Le verbe fier de la bible
de la liberté et de la voix de la famine, lui mérita par deux
fois l’honnéunde la prison. Puis il abandonna les luttes de la
haute politique pour celles, plus grandes, de la connaissance et
de la révélation. Des tourmentés du monde social, il se jeta
entre celles du monde astral, pour cingler vers le port empy-
réen. Il naquit pour la seconde fois. Les hommes qui doivent
pénétrer au sanctuaire du Mystère sont prédestinés. La lueur des
planètes sacrées signa dans leur main le mont solaire. Mais un
événement de hasardeuse apparence conduit leurs pas vers le
(1) Ce drame ou plutôt ce « mystère » a été intercalé par son auteur
dans le Dictionnaire de littérature religieuse par l’abbé Constant (encyclo-
pédie de l’abbé Migne). On sait qu’Alphonse Louis . Constant hébraïsa son
nom patronymique en ce nom d‘lnitié : Eliphas Lévi Zahed.
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UN
DRAME
D’ELIPHAS
LÉCVI
Par
V.
EMILE-MICHELET
Eliphas
Lévi,
le
maître
Kabbaliste
de
notre
siècle,
a
écrit
un
drame
biblique
en
vers,
Nemroa’
1 94 131515 MODERNE
seuil occulte. Pour devenir Paul, le viveur Sauf devait marcher
vers Damas. Une lecture de Swedenborg découvrit à Alphonse
Louis les horizons du monde occulte. Il y courut d’un cœur-
voué. C’est alors qu’il devint Eliphas Lévi, le maître vénérable
du Dogme et Rituel de la Haute Magie, l’un des puissants chaî-
nons de la chaîne deslnitiés d'Occident. Il sut, il osa, il voulut,
il garda le silence. Que l’aile profonde du Sphinx enveloppe son
intime destin ! Vieillard ayant conquis la Connaissance, en 1875
il s’éteignit dans la sérénité. Le langage initiatique dirait : « Il
naquit pour la troisième fois »; leJ langage mystique dirait:
« Il remonta vers le sein du Père ». '
Eliphas Lévi, maître dans la Haute Science, fut un artiste.
Je définis l’artiste: L’HOMME QUI PEUT, PAR LA RÉVÉLATION D’UN
RHYTHME, 1NVOQUER UNE CATHOLICITÉZ (Invoquer et non évoquer; cer-
tains comprendront la différence). Eliphas Lévi possédait la grâce
préordonnée de l'artiste, et son œuvre cruciale de philosophe se
pare de la fatidique rose de beauté. Sa prose nombreuse et
couronnée d’images, atteste un poète. Ses vers, — car hélas ! il
en fit! — sont médiocres. Un autre maître de la Science, Fabre
d’Olivet, traduisit en vers français, pour en faire un commentaire
peut-être supérieur au poème, le Caïn de Byron. Encore eut-il la
modestie d’écrire cette traduction en vers blancs; Ses vers sont
bien pénibles. Que serait-ce si Fabre d’Olivet s’était astreint à
rimer? Précisément parce qu’Apollon lui avait refusé le don des
vers, Eliphas Lévi s’obstina à écrire en vers, et il eut la fâcheuse
inspiration d’employer la forme métrique pour son unique pièce
de théâtre : Nemrod.
La forme théâtrale, synthétique et radiante, devait naturelle-
ment tenter son esprit. Il aimait le théâtre au point que sa mé—
moire avait gardé des actes entiers des tragédies classiques. Une
anecdote en sera la preuve. Un soir, dans une ville de province,
il se trouvait au théâtre où l’on jouait Plzèdre. L’acteur qui
jouait le rôle de Théramène fut subitement malade et dans l’im-
possibilité de paraître en scène. Cruel accident pour toute la
troupe, qui ne savait comment se tirer d’embarras. Eliphas Lévi,
apprenant l’éVénement, s’offrit à remplacer au pied levé l’acteur
défaillant. C’était l’heure d’entrer en scène. On revêtit du costume
du Théramène absent le Kabbaliste. Son entrée lut saluée par
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1
94
L’1s1s
MODERNE
seuil
occulte.
Pour
devenir
Paul,
le
viveur
Saul
devait
marcher
vers
Damas.
Une
lecture
de
Swedenborg
découvrit
à
Alphonse
Louis
les
horizons
du
monde
occulte.
Il
y
courut
d'un
cœur
voué.
C’est
alors
qu’il
devint
Eliphas
Lévi,
le
maître
vénérable
du
Dogme
et
Rituel
de
la
Haute
Magie,
l'un
des
puissants
chaî-
nons
de
la
chaîne
des-Initiés
d'Occident.
Il
sut,
il
osa,
il
voulut,
il
garda
le
silence.
Que
l’aile
profonde
du
Sphinx
enveloppe
son
intime
destin
!
Vieillard
ayant
conquis
la
Connaissance,
en
i875
il
s’éteignit
dans
la
sérénité.
Le
langage
initiatique
dirait
:
ox
Il
naquit
pour
la
troisième
fois
n;
le‘
langage
mystique
dirait;
u
Il
remonta
vers
—le
sein
du
Père
».
'
Eliphas
Lévi,
maître
dans
la
Haute
Science,
fut
un
artiste.
Je
définis
Partiste:
L'HOMME
QUl
PEUT,
PAR
LA
RÉVÉLATION
D’UN
BI-IYTHME,
INVOQUER
UNE
CATHOLICITÉZ
(invoquer
et
non
évoquer
;
cer-
tains
comprendront
la
différence).
Eliphas
Lévi
possédait
la
grâce
préordonnée
de
l'artiste,
et
son
œuvre
cruciale
de
philosophe
se
pare
de
la
fatidique
rose
de
beauté.
Sa
prose
nombreuse
et
couronnée
d’images,
atteste
un
poète.
Ses
vers,
car
hélas
!
ih
en
fit!
sont
médiocres.
Un
autre
maître
de
la
Science,
F
abre
d’0livet,
traduisit
en
vers
français,
pour
en
faire
un
commentaire
peut-être
supérieur
au
poème,
le
Caïn
de
Byron.
Encore
eut-il
la
modestie
d’écrire
cette
traduction
en
vers
blancs.‘
Ses
vers
sont
bien
pénibles.
Que
serait-ce
si
Fabre
d'Olivet
s'était
astreint
à
rimer?
Précisément
parce
qu’Apollon
lui
avait
refusé
le
don
des
vers,
Eliphas
Lévi
s’ohstina
à
écrire
en
vers,
et
il
eut
la
fâcheuse
inspiration
d’employer
la
forme
métrique
pour
son
unique
pièce
de
théâtre
:
Nemrod.
La
forme
théâtrale,
synthétique
et
radiante,
devait
naturelle-
ment
tenter
son
esprit.
Il
aimait
le
théâtre
au
point
que
sa
mé-
moire
avait
gardé
des_actes
entiers
des
tragédies
classiques.
Une
anecdote
en
sera
la
preuve.
Un
soir,
dans
une
ville
de
province,
il
se
trouvait
au
théâtre
l’on
jouait
Phèdre.
L’acteur
qui
jouait
le
rôle
de
Théramène
fut
subitement
malade
et
dans
l’im—
possibilité
de
paraître
en
scène.
Cruel
accident
pour
toute
la
troupe,
qui
ne
savait
comment
se
tirer
d’embarras.
Eliphas
Lévi,
apprenant
Févénement,
s’olïrit
à
remplacer
au
pied
levé
l'acteur
défaillant.
(Ïétait
l'heure
d’entrer
en
scène.
On
revêtit
du
costume
du
Théramène
absent
le
Kabbaliste.
Son
entrée
lut
saluée
par
Go
glu‘
UN DRAME D’ELIPHAS LÉVI ' 195
les rires de toute la salle : le costume trop petit pour sa taille,
l’affublait ridiculement. Sans se déconcerter, Eliphas com—
mença :
Et dans quels lieux, Seigneur, l’allez-vous donc chercher ?
Il alla jusqu’au bout sans défaillance delmémoire, et des
applaudissements vigoureux l’accompagnèrent.
Eliphas Lévi n’aura jamais connu la légitime joie de voir son
drame sur la scène. Nous parlons de ce Nemrod non comme d’une
posthume curiosité littéraire mais avec la croyance qu’il accom-
plira sa destinée : habent sua j‘aie... Nous pensons qu’il accroî-
tra la vertu d’iniateur du maître défunt, et qu’en dépit de sa
forme insuffisante, il ne sera pas sans ascendant sur le théâtre
nouveau qui doit s’épanouir.
Sur la littérature de notre temps, Eliphas Lévi aura exercé
une grande influence. M. Papus a cité un certain nombre d’écri—
vains de la nouvelle génération sur lesquels cette influence est
manifesté L’hermétiste aura eu aussi une action sur des
écrivains antérieurs. Ainsi, c’est après avoir approfondi Swe-
denborg sur les conseils d’Eliphas que Balzac écrivit son admi-
rable Seraphitüs. Je crois même qu’Eliphas, par l’intermédiaire
de son superficiel disciple Desbarolles, n’a pas été sans influence
sur M. Alexandre Dumas fils. .
Il nous intéresserait de savoir si John Déc a en quelque action
sur Shakespeare, lequel est — Carlyle l’a senti sans le pouvoir
pénétrer, —— un conscient Révélateur.
Vous souvient-il des pages où Balzac raconte comment son
Balthazar Cla'és devint le chercheur de l’Absolu? Un officier
polonais, Adam de Wierzchownia, au hasard des étapes guer-
rières de l’époque napoléonienne, vient loger un soir chez le
riche Flamand, et cet homme, — un génie maudit, — verse dans
l’esprit de Claés la parole d’initiation. Le modèle d’après lequel,
guidé par son sûr instinct d’artiste, Balzac n’a tracé qu’en adven-
tice silhouette son Polonais fatuaire, c’est Hoëné Wronski, le
maître vertigineux d’Elip‘has et de Balzac. Par W'ronski et Fabre
d’Olivet se rattache dans le xvm° siècle, à Claude de Saint—Mar—
tin et Martines de Pasqually, la pléïade de 1850 des Initiés de
(l) Appendice au Livre des Splendeurs, œuvre posthume d’Eliphas Lévi.
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UN
DRAME
IYELIPHAS
LÉVI
'
195
lesrrires
de
toute
la
salle
:
le
costume
trop
petit
pour
sa
taille,_
Paffublait
ridiculement.
Sans
se
déconcerter,
Eliphas
com-
mença
:
Et
dans
quels
lieux,
Seigneur,
Pallez-vous
donc
chercher
?_
Il
alla
jusqu’au
bout
sans
défaillance
dermémoire,
et
des
applaudissements
vigoureux
Faccompagnèrent.
EliphasLévi
n’aura
jamais
connu
la
légitime
joie
de
voir
son
drame
sur
la
scène.
Nous
parlons
de
ce
Nemrod
non
comme
d’une
posthume
curiosité
littéraire
mais
avec
la
croyance
qu’il
accom-
plira
sa
destinée
:
Izabent
sua
fata...
Nous
pensons
qu’il
accroî-
tra
la
vertu
d’iniateur
du
maître
défunt,
et
qu’en
dépit
de
sa
forme
insuffisante,
il
ne
sera
pas
sans
ascendant
sur
le
théâtre
nouveau
qui
doit
s’épauouir.
Sur
la
littérature
de
notre
temps,
Eliphas
Lévi
aura
exercé
une
grande
influence.
M.
Papus
a
cité
un
certain
nombre
d’écri-
vains
de
la
nouvelle
génération
sur
lesquels
cette
influence
est
manifesté
196 L’ISiS MODERNE
langue française: Eliphas Lévi, Lacuria, Louis Lucas, Henri
Favre, etc., qui auront exercé une action décisive sur la pensée
des temps présents, et qui transmirent aux jeunes d’aujourd’hui
l’urne de sombre onyx au cœur de laquelle palpite l’asbeste lampe
de vie. Si cette chaîne d’esprits émissaires se brise chez une
nation; si, dans l’intervalle d’un siècle, nul homme ne naquit,
n1étéphysicien ou poète, pour constituer l’un des anneaux de la
nécessaire cadène, c’est que cette nation, caduque, va mourir.
Et comment pourrait-elle subsister puisque nul Voyant ne serait
la pour lui présenter l’idéal qui la fait vivre?
Eliphas Lévi aura-t-il en quelque influence sur le théâtre en
France? On peut déjà répondre affirmativement, puisque cette
action est évidente sur M. Joséphin Péladan, l’auteur de Baby-
lone. Son drame} Nemrod, si défaillante qu’en paraisse la forme,
est du moins pour rappeler le théâtre à ses origines sacrées. Si
l’on considère comme appartenant déjà au passé les belles ten-
tatives du drame romantique, comme Les Burgraves, Chatierton,
le théâtre français dans cette seconde moitié du X1x° siècle, ne
se peut enorgueillir que d’un solitaire et sublime chef—d’œuvre:
l’A.rël de Villiers de l’Isle-Adam. D’autre part, les habitués des
spectacles, relevant pour la plupart de la classe moyenne, ont
obtenu un théâtre au niveau de leurs appétences: un théâtre
bourgeois, un théâtre d’esclaves, un théâtre d’ilotes. La foule est
toujours asservie à la fatalité. Elle est enchaînée par ses passions
basses et ses conceptions médiocres. Le poète est un libérateur.
Il peut choisir le drame pour formule de son verbe de délivrance,
bienfaisant comme l’ange qui,
.....entrouvrant les portes,
Viendra ranimer, fidèle et joyeux,
Les miroirs ternis et les flammes mortes.
Mais la masse des faibles demeure attachée àla servitude.
Cette liberté, cette plénitude de l’âme que lui apporte la main
robuste du Poète, est un vin trop fort pour ces êtres déprimés.
Leur lâcheté blasphème la parole de l’envoyé divin. La nécessaire
aventure d’0rphée déchiré par les jeunes Ménades, plus belles
du vertige de leurs saphiques luxures. a vêtu cet aspect dans
notre temps: C’est la basse plèbe des esprits vulgaires, qui
étouffe d’une anonyme et circulaire et graduelle poussée le sein
\
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196
L'1s1s
MODERNE
langue
française:
Eliphas
Lévi,
Lacuria,
Louis
Lucas,
Henri
Favre,
etc.,
qui
auront
exercé
une
action
décisive
sur
la
pensée
des
temps
présents,
et
qui
transmirent
aux
jeunes
d’aujourd’hui
l'urne
de
sombre
onyx
au
cœur
de
laquelle
palpite
l’asbeste
lampe
de
vie.
Si
cette
chaîne
d'esprits
émissaires
se
brise
chez
une
nation;
si,
dans
l'intervalle
d’un
siècle,
nul
homme
ne
naquit,
métaphysicien
ou
poète,
pour
constituer
l'un
des
anneaux
de
la
nécessaire
cadène,
c'est
que
cette
nation,
caduque,
va
mourir.
Et
comment
pourrait-elle
subsister
puisque
nul
Voyant
ne
serait
pour
lui
présenter
l'idéal
qui
la
fait
vivre?
Eliphas
Lévi
aura-t-il
eu
quelque
influence
sur
le
théâtre
en
France?
On
peut
déjà
répondre
affirmativement,
puisque
cette
action
est
évidente
sur
M.
Joséphin
Péladan,
l'auteur
de
Baby-
lone.
Son
drame
Nemrod,
si
défaillante
qu’en
paraisse
la
forme,
est
du
moins
pour
rappeler
le
théâtre
à
ses
origines
sacrées.
Si
l'on
considère
comme
appartenant
déjà
au
passé
les
belles
ten-
tatives
du
drame
romantique,
comme
Les
Burgraves,
Chatterton,
le
théâtre
français
dans
cette
seconde
moitié
du
x1x°
siècle,
ne
se
peut
enorgueillir
que
d'un
solitaire
et
sublime
chef-d'œuvre:
l’Aæël
de
Villiers
de
Flsle-Adam.
D'autre
part,
les
habitués
des
spectacles,
relevant
pour
la
plupart
de
la
classe
moyenne,
ont
obtenu
un
théâtre
au
niveau
de
leurs
appétences:
un
théâtre
bourgeois,
un
théâtre
d'esclaves,
un
théâtre
d'ilotes.
La
foule
est
toujours
asservie
à
la
fatalité.
Elle
est
enchaînée
par
ses
passions
basses
et
ses
conceptions
médiocres.
Le
poète
est
un
libérateur.
Il
peut
choisir
le
drame
pour
formule
de
son
verbe
de
délivrance,
bienfaisant
comme
l'ange
qui,
.....entrouvrant
les
portes,
Viendra
ranimer,
fidèle
et
joyeux,
Les
miroirs
ternis
et
les
flammes
mortes.
Mais
la
masse
des
faibles
demeure
attachée
àla
servitude.
Cette
liberté,
cette
plénitude
de
l'âme
que
lui
apporte
la
main
robuste
du
Poète,
est
un
vin
trop
fort
pour
ces
êtres
déprimés.
Leur
lâcheté
blasphème
la
parole
de
l'envoyé
divin.
La
nécessaire
aventure
d'0rphée
déchiré
par
les
jeunes
Ménades,
plus
belles
du
vertige
de
leurs
saphiques
luxures.
_a
vêtu
cet
aspect
dans
notre
temps:
C'est
la
basse
plèbe
des
esprits
vulgaires,
qui
étouffe
d'une
anonyme
et
circulaire
et
graduelle
poussée
le
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