premiers pas en vraie democratie

publicité
Jean­Marie LUFFIN
Premiers pas en (vraie) démocratie
Le tirage au sort est un antidote
au fascisme, non son allié. Judith Bernard
Le Citoyen Veilleur
Premiers pas en (vraie) démocratie
Jean-Marie Luffin
2
3
Du même auteur
L'illusoir aux mensonges, 2016
De la démocratie avant toute chose, 2015
On ne méprise pas impunément la nature, 2014
La plupart de ces ouvrages sont librement consultables
et téléchargeables sur :
lirenligne.net
fichier-pdf.fr
freeditorial.com
issuu.com
fr.calameo.com
4
Les quelques réflexions de ce livret essentiellement
voué au tirage au sort, donc à l'un des principes
majeurs de la démocratie directe, entraînent des
propositions très ramassées, forcément schéma­
tisées et jumelles, avec de fréquentes répétitions
puisque émanant de personnalités accordées au
même diapason, aguerries au problème de notre
anti­démocratie. Ces répétitions ne sont pas superflues lorsqu'on sait
combien notre mémoire est, généralement, peu
fiable. D'ailleurs, ne le remarque­t­on pas à chaque
fois que les électeurs se rendent aux isoloirs ?…
Ceci n'est pas une démocratie
5
En politique, le pouvoir de l'argent et son
florilège d'effets multiples : corruption, trahison,
privilège, népotisme, compromission, répression,
clientélisme, injustice, violence,… est rapide à
s'imposer, à infecter le système politique dans son
ensemble. A l'inverse, la remise en question des
idées, leur mise en pratique intègre et les retrou­
vailles avec les vraies valeurs prend du temps,
pour parvenir à se faire valoir. Lorsque manipu­
lée, rendue quasiment muette et ravalée au rang
de vrais électeurs­faux citoyens, la portion de
population la plus éveillée ne veut plus d'une
politique devenue celle du pire par le biais d'une
pratique électorale qui exacerbe un sentiment
d'impuissance menant au fatalisme, elle se dit :
« Mais que pouvons­nous faire ?... ». Alors, soit
elle se contente de vitupérer, s'estimant souvent
vaincue d'avance, soit elle fait ce que les
dirigeants imposent, ou adhère à tel ou tel parti
censé remettre le pays à flots. Dans ce cas elle ne
réfléchit plus vraiment et s'abreuve aux habituels 6
discours des meneurs. Ce n'est pas différemment
que s'enchaîne le cycle des conséquences multi­
factorielles, sur lesquelles les élus se plaisent à
focaliser l'attention des médias. Il en résulte que
les uns, toujours les mêmes, accaparent massi­
vement le pouvoir, et que les autres n'en
détiennent aucun. Ainsi tout est en place pour
que ce jeu pervers s'assure une désespérante
pérennité. Combien de fois, devant caméras et micros, ou
du haut de leurs tribunes, nos dirigeants n'ont­ils
pas harangué les spectateurs avec force convic­
tion pour nous promettre, avec toute la geste
théâtrale propre aux solennelles, aux grandilo­
quentes déclarations, qu'aux prochaines élections
il fallait voter pour eux, pour leur parti, qu'ainsi
tout allait enfin changer... Les électeurs peuvent
constater que, pour l'essentiel de ce qu'ils
attendent, rien ne change vraiment, notamment
pour ce qui est de l'égalité politique. D'une joute
à l'autre, les menteurs, les manipulateurs se
renvoient leurs propres portraits d'hypocrites, se
révélant ainsi au grand jour dans tout ce qu'ils
ont de fallacieux, de méprisable, de fallacieux. 7
Pourtant le peuple, bien appâté, mord invaria­
blement à l'hameçon. Il ne voit pas que ses
maîtres sont nus. Certes, il se lamente et peste,
mais c'est sans lendemain. Dans l'immédiat il est
vrai (du moins apparemment) qu'il ne peut rien
accomplir d'immédiat, de décisif. Le miracle
instantané n'existe que dans les fables… ou au
sein des turpitudes électoralistes. Hors d'une révolution, toujours excessive, mal
préparée, rapidement matée par un pouvoir
prompt à réinstaurer la répression esclavagiste à
l'ordre du jour, aucun bouleversement novateur,
radical, n'est à attendre des élus. Il faut s'en
souvenir... jusqu'à en faire un bras de levier. De
prime abord il conviendrait de cesser une fois
pour toutes de s'entre­bagarrer à l'infini sur des
conséquences (et donc de ne plus prêter l'oreille
aux médias de masse) qui nourrissent le jeu
diviseur toujours à l'avantage des élus et des
partis. Briser le socle du pouvoir ne saurait se
faire de front. Mais tout pouvoir comporte au
moins une faille. C'est dans l'introspection qu'il
faut commencer, en remettant en question cer­
taines certitudes qui se sont révélées être des
impasses. 8
Si le pouvoir du nombre est la première arme du
peuple, la seconde se forge dans la réflexion, le
débat, l'instruction. La troisième n'est autre que
le temps, avec lequel il vaut mieux compter. Un
temps qui doit être utilisé pour parler démocratie,
former des groupes de discussions, organiser des
conférences, des « ateliers constituants » (voir à
ce sujet le blog du « Plan C » : chouard.org et le
site des Gentils virus), des stages,... La quatrième consiste à cesser de voter (ou nul
en Belgique) ou de voter blanc (en France)
jusqu'à ce que ce type de vote soit reconnu et pris
en compte. Au sein des quartiers ­ le meilleur
terreau qui soit pour un apprentissage de la vraie
démocratie, nous pouvons nous réunir pour
imaginer, et nous associer à une foule d'actions
émancipatrices, tel qu'il s'en concocte de plus en
plus : groupes d'achats communs, groupes de
producteurs et d'artisans locaux, cercles d'éduca­
tion populaire, vidéos documentaires, circuits
courts et coopératives, cycles de conférences,
ateliers partagés, marchés fermiers, monnaie
locale, marches informatives inter­régions,
actions de boycotts et anti­publicités. Voilà ce
que nous pouvons entreprendre. Tout un chacun
9
peut y trouver à exprimer ses talents et à se
motiver. Et ce ne sont que quelques exemples
d'actions, d'implications aux multiples ramifica­
tions et effets bénéfiques pour la collectivité.
Pour la plupart d'entre­nous nous pouvons, en
principe et en général, au sein de nos familles,
nous montrer aptes à décider de l'ordre des
choses, au point de vue du sens pratique et du
partage, des droits et des devoirs équitables de
chacun. Eh bien, nous pouvons nous montrer
tout aussi efficients, logiques, dévoués au sein de
nos villages et cités. Comment ? En nous engageant, en prenant une part beau­
coup active aux manifestations culturelles à
caractère politique, mais qui feraient la promo­
tion d'une politique autre, maintenue à l'écart des
sempiternelles et stériles confrontations entre
« gauche » et « droite », en étouffant dans l’œuf
les tentatives de récupération par des factions
politiques classiques, « traditionnelles », hors de
ce qui se fait dans les coulisses de tous les partis,
sans exception. 10
Si nous voulons que la politique change, nous
devons au préalable reconfigurer sérieusement
notre système de pensée, nos anciens repères
éculés pour exiger de nous­mêmes une politique
rénovée qui redeviendrait nôtre, partie intégrante
de notre mode de vie. Concernés de A à Z par un système élitiste
capitaliste qui gère l'entièreté de notre existence,
nous gagnerions à faire table rase de nos vieux
tics politiques, faire le constat ­ en toute bonne
foi (et en faire un sain réflexe !) ­ que les
pratiques électoralistes n'ont mené nulle part
ailleurs qu'à l'insatisfaction générale de la popu­
lation (pas celle des riches, évidemment). Donc,
il devient clair qu'il est inutile de suivre un
nouveau chef de parti, un candidat au pouvoir
qui nous bercerait d'illusions malgré son autorité,
son charisme ou son tempérament vindicatif
(dans le téméraire style Donald Trump). Il faut cesser de faire confiance aux discours
pétris des « meilleures intentions » sortant de la
bouche de gouvernants élus, de chefs de partis ou
d’État. Tous, tôt ou tard, anticipent de demeurer
le plus longtemps possible nos chefs en tout et
11
pour tout. Nous en avons une longue expérien­
ce ! Nous maintenir dans l'immaturité politique
est aisé à celles et ceux qui bénéficient de
collusions scandaleuses, qui profitent de l'appui
occulte des banques, des grands industriels, des
médias de masse et des particuliers les plus
riches. Une facilité appuyée par le pouvoir que
nous leur offrons et qui est inscrit en toutes lettres
dans la Constitution ! Pour nous contenir dans un vain espoir, ces
« dévoués braves gens » nous bercent d'illusions,
comme s'y est aguerrie de longue date la clique
des partis, traditionnels ou non, et celle des
ministres et des présidents. Au passage, nous
n'aurons pas été sans remarquer que tout homme
réellement soucieux du bien collectif finit,
étrangement, par se faire abattre… au contraire
des autres qui ont la vie dure. Motivés par des
intérêts particuliers, le petit groupe de nos
maîtres encravatés s'efforce d'anesthésier notre
lucidité grâce au vieux truc des discours
compassés, truffés de pièges et de faux serments.
Le vent ne coûte pas cher... 12
Il n'est pas un élu qui ignore pouvoir compter sur
une bonne dose de passivité, de crédulité de la
part des électeurs qu'ils entraînent dans leur
sillage, avant et pendant les élections. Une fois
celles­ci abouties, le piège se referme et l'électeur
est réduit à l'impuissance et à la servitude. Le bail
de léthargie massive est ainsi aisément et régu­
lièrement renouvelé... avec l'assentiment des
contribuables bien conditionnés au mirage du
suffrage universel.
La démocratie, la vraie, les carriéristes politiques
ne veulent pas en entendre parler. Pourquoi ?
Tout simplement parce qu'elle leur ôterait l'os
d'entre les dents. Aussi est­il vain d'adhérer à
autre chose qu'à un vaste mouvement d'éduca­
tion et d'implication bénévole au bien commun.
C'est déjà énorme, lorsqu'on sait que cela peut
faire vaciller l'entièreté d'un cénacle de politi­
cards eux­mêmes esclaves de leurs vices. Plus que de chefs à suivre naïvement, plus que de
combats sans effets sur l'interminable chaîne
d'aboutissements, nous avons grand besoin de
bon sens, de loyauté, de probité. 13
Nous avons soif de justice, soif d'une égalité qui
ne s'arrête pas qu'aux mots dans la bouche de
ceux qui ne nous représentent en rien. Or Le
pouvoir n'existe que parce que l'on y consent C'est
ce que l'on peut déduire de la pensée d'Étienne
de La Boétie. Dès lors, si nous en avons marre de
la politique, qu'attendons­nous pour bâtir un mur
devant le nez des pervertis qui la corrompent et
s'en approprient les clefs ? Les réflexions réunies ici peuvent nous aider à
voir la politique ­ la nôtre cette fois, d'un œil
neuf. Le changement est toujours au bout de la
réflexion et de la rencontre, avec un passage
obligé par la lecture, par le temps que l'on doit
obligatoirement consacrer à ce genre de ren­
contre. Cette démarche silencieuse vers un retour
à la citoyenneté doit avoir le meilleur prolon­
gement qui soit : le projet, partagé par le plus
grand nombre, qui consiste à vraiment servir
l'intérêt général, en forçant si nécessaire par une
insurrection ­ les dirigeants à se démettre de
leurs prérogatives. Cela afin que le peuple, par le
truchement du tirage au sort, de la démocratie
directe et d'une Assemblée constituante tirée au
sort puisse désormais librement participer à l'éla­
14
boration des lois, au contrôle et à la rotation des
gouvernants, à la brièveté, la non reconduction, à
l'impérativité et le non cumul des mandats, etc.
Ce qui ne serait que logique. Une logique honnie,
moquée, méprisée par nos mandatés qui fuient la
vraie démocratie comme la peste. Ce premier pas ne se veut qu'une rapide appro­
che, mais éclairante, vivifiante, d'un des aspects
pratiques de la vraie démocratie. C'est sur ce
genre d'idée que nous devons tous nous mettre
d'accord, quelles que soient nos options poli­
tiques, quel que soit notre statut ou position
sociale. La pseudo­démocratie que l'on nous sert
n'est qu'une sinistre farce, un mirage, une tare de
la politique. Nous devons découvrir pourquoi et
comment, car :
Connaître la généalogie d'une fiction permet d'y
mettre fin, savoir comment marche une erreur
autorise la production de nouvelles certitudes.* * Michel Onfray, Le magnétisme des solstices, Flammarion, 2013,
p. 20
15
Pour aller plus avant dans la compréhension et la
légitime quête de l'égalité politique, de ce qui ne
devrait plus quitter nos pensées, je convie le
lecteur à parcourir les ouvrages des nombreux
auteurs qui se sont penchés sur les raisons
politiques, psychologiques, sociologiques, et phi­
losophiques de notre impuissance politique, et
sur les moyens d'enrayer celle­ci.
J­M. L.
16
Pas de demos kratos sans tirage au sort
Étienne Chouard
Pour 99 % d'entre­nous, le théorème « élections
= démocratie » paraît évident. On nous l'a répété
à l'école, au lycée, à la faculté, à la télévision,
dans les journaux, à longueur de journée : voter
serait un droit, un devoir, une chance qui
garantit la « démocratie ». Alors on vote pour un
type qu'on n'a pas choisi, à qui on donne pleins
pouvoirs pour quelques années et qu'on ne
pourra pas révoquer, même s'il fait n'importe
quoi. Nous avons le choix de l'alternance mais
aucune alternative à ce choix, ce qui pose un réel
problème démocratique. Depuis longtemps, l'aris­
tocratie mercantile qui a remplacé l'ancienne
noblesse et qui nous dirige, ne se préoccupe le
moins du monde de l'intérêt général. 17
Issus de l'ENA, formés par de grands partis et des
banques, ayant triomphé de leurs adversaires par
tous les moyens, aujourd'hui, dans les partis on
ne fait plus de politique, on se bat pour le
pouvoir, pour être réélu à tout prix, et l'on fait
carrière. Gauche ou droite, c'est une question d'oppor­
tunités et de familles, peu importe puisqu'on sait
que l'on se refilera le pouvoir grâce à cette
fameuse alternance. Chacun d'entre­nous person­
nifiant l’État, nous sommes de plus en plus
nombreux à refuser cette situation. Beaucoup
utilisent le seul moyen légal mis à disposition : le
vote, et donc votent « extrême » pour exprimer
leur colère. De l'extrême droite à l'extrême gau­
che ça commence à représenter du monde. Mais
persister à élire ces gens­là ou d'autres n'améliorera
pas notre situation. Depuis 200 ans une évidence s'impose : dans
notre démocratie représentative (quelle associa­
tion de mots contradictoires!), ce sont toujours
les riches qui ont exercé le pouvoir. Toujours,
aujourd'hui plus que jamais. Notons l'utilisation
frauduleuse de ce mot pour désigner un régime
18
représentatif, quand la démocratie est par es­
sence directe. Mais qu'est véritablement la
démocratie et pourquoi personne n'a repris le
flambeau ? Dans la Grèce antique, la démocratie
fonctionnait très bien, jusqu'à son écrasement par
Sparte, qui ne tarda pas à rétablir la dictature. Jusque­là, une démocratie était une société
humaine de libre expression, où les parlemen­
taires décidant de la Constitution, de l'exécutif et
du législatif, étaient régulièrement tirés au sort
au sein de la population. Chaque citoyen avait le
devoir de se plier à l'obligation, sauf problème
médical sérieux. On ne pouvait être « tiré »
qu'une fois. Pas de partis, pas de « gauche » ou de
« droite », pas de roi ou de président, pas de
corruption, pas de professionnalisation du pou­
voir. Pas de parasites ni d'intermédiaires !Liberté
totale de choix pour les temps à venir. Les votes à l'assemblée ne se faisaient pas en
fonction des lobbies ou d'étiquettes politiques,
mais en fonction des convictions des individus.
Ce qui fait une sacrée différence. L'idée de base
est que si les gens qui veulent le pouvoir s'en
servent de manière partiale et égoïste pour s'y 19
maintenir, il suffit de donner le pouvoir pour un
temps court à eux qui n'en veulent pas. Ceux­ci
n'ayant aucun intérêt particulier à défendre,
l'utiliseront mieux pour servir l'intérêt général,
mieux que des politiciens n'ayant en tête que leur
réélection. Pourquoi ce système qui sert encore de référence
absolue quelque 2.500 ans plus tard, n'a­t­il
jamais été repris ? Parce que depuis, les gens qui
sont au pouvoir ne tiennent pas à le partager. Qu'il s'agisse de Rome et de son sénat
aristocratique, de la France monarchique et de
son tiers état, du gouvernement représentatif
capitaliste, ou encore des dictatures commu­
nistes, qui aurait intérêt à ce qu'une réelle
démocratie s'instaure ? Ni les politiques, ni leurs
maîtres. Pourquoi aucune de nos soi­disant démocraties
occidentales n'est­elle pas une vraie démocratie
mais une vraie escroquerie ? Parce que nous ne
sommes que des électeurs, et non des citoyens à
cause des Constitutions écrites par des gens en
conflit d'intérêt avec ce texte suprême qu'est une
Constitution, censée restreindre leurs pouvoir et
20
protéger le peuple de leurs abus. Pour être
crédible, une Constitution devrait toujours être
d'initiative citoyenne, or cela n'a jamais été le cas.
Elles sont toujours écrites par des élus, des juges,
des politiques et des experts. Là est la cause des
causes, l'origine de notre impuissance voulue, le
point de départ des conséquences sur lesquelles
nous déblatérons sans effets constructifs. Comment ces gens qui détiennent déjà le
pouvoir, pourraient­ils eux­mêmes écrire en toute
bonne foi un texte qu'ils sont censés craindre, qui
doit limiter drastiquement leurs pouvoirs afin
qu'ils soient vraiment au service du peuple et non
l'inverse ? Il y a plus de deux mille ans, à
Athènes, les citoyens eux­mêmes édifièrent leur
Constitution, discutant chaque point à l'Agora,
garantissant la sécurité interne de leur système.
On peut et on doit faire pareil aujourd'hui. A
ceux qui objecteraient qu'à l'époque les femmes
et les esclaves n'avaient pas le droit de vote, et
autres poncifs historiques, il faut rappeler que ce
droit est octroyé aujourd'hui à tous ! Cela ne
change en rien l'équation et les innombrables
avantages d'un pouvoir aussi partagé. 21
A ceux qui diraient qu'Athènes c'était tout petit et
que c'est impossible à l'échelle d'un pays, il faut
répondre qu'Athènes avait la taille d'une de nos
grosses communes, et que fédérer des com­
munes, des départements, des régions, on sait le
faire. A ceux qui diraient que seuls des experts peuvent
gérer un pays, il faut rétorquer que nous ne
voyons pas comment le pays pourrait être, de nos
jours, plus mal géré et par plus incompétents que
nos professionnels du pouvoir et leurs cliques,
aux ordres affichés de commerçants interna­
tionaux sans scrupules ! Il est d'ailleurs étrange
que beaucoup de « démocrates » s'alarment à
l'idée de placer des citoyens ordinaires au pou­
voir. Démocrates... mais pas trop ? Une évidence s'impose : en 200 ans d'existence,
soit autant que notre système actuel depuis la
révolution, les très riches n'ont jamais eu le
pouvoir dans la démocratie athénienne. Jamais.
Et les citoyens athéniens tirés au sort ont toujours
défendu l'intérêt général, contrairement à nos
représentants actuels. Ils n'avaient pas à se
soucier de la suite de leur carrière, eux… 22
Aujourd'hui, comment une révolution structurelle
serait­elle possible en gardant le système électif
actuel ? Une constituante, fut­elle élue à la
proportionnelle, ne nous proposerait rien d'autre
que les mêmes politiciens qu'aujourd'hui, les
mêmes partis, les mêmes erreurs. Il n'y a qu'une
possibilité crédible : rendre les parasites inutiles
en transformant les électeur en citoyens actifs et
votant eux­mêmes leurs lois. Évidemment, aucun
parti ne proposera cette solution, pour nos élus
cela signifierait le chômage ! Alors, comment faire pour instaurer un tel
système ? Dans un premier temps, il faut parler
et convaincre, car une majorité de gens sont
hostiles à l'idée de supprimer le vote, auquel ils
sont très (trop!) attachés. Dans l'inconscient collectif, l'absence de vote
évoque la dictature. L'idée du tirage au sort
évoque aussi, par son aspect hasardeux et
l'absence de choix rationnels des personnes tirées
au sort, mais c'est là que réside le génie de la
chose : mathématiquement c'est très juste. Une
assemblée constituante tirée au sort est forcé­
ment plus représentative de l'ensemble de la po­
23
pulation que des élus triés parmi l'élite des
grandes écoles ! De plus, la corruption devient compliquée : on ne
sait pas qui va être tiré au sort, les parlementaires
ne restent qu'un an, impossible de bénéficier
d'appuis politiques à long terme pour les
énormes boîtes qui ont l'habitude de financer les
élections d'untel ou untel. Tous les grands médias
sont sous contrôle, les multinationales pillent les
pays et les élus défont les référendums. Bref,
pour la démocratie, la vraie, il faut repasser par
la case « départ ». Une Constitution digne de ce nom est le texte
supérieur qui doit protéger le peuple contre les
abus de pouvoir. Elle seule peut limiter et
contrôler tous les pouvoirs et doit ­ prioritaire­
ment ­ affaiblir les pouvoirs, pour nous protéger
tous, et tout le temps contre toutes les formes
d'arbitraire. Quand un professionnel de la politique, un
parlementaire, un ministre ou un candidat au
pouvoir écrit la Constitution, il institue sa propre
puissance puisqu'il est à la fois juge et partie.
Indubitablement il a un intérêt personnel contrai­
24
re à l'intérêt général qui consisterait à instituer la
puissance politique du peuple. Toute élection
d'une Assemblée constituante parmi des can­
didats professionnels conduit mécaniquement à
ce conflit d'intérêt et à l'impuissance populaire
qui en découle forcément toujours. Les élus
écrivent toujours une anti­Constitution, confor­
mément à leurs intérêts personnels. Le tirage au sort est un antidote anti­oligarchique
universel. En tenant les politicards à l'écart du
processus constituant, le tirage au sort de
l'Assemblée constituante protège le peuple contre
les conflits d'intérêts constituants. Plus généralement, égalitaire et moins corrup­
tible, le tirage au sort est LA procédure
démocratique par définition. Pour cette raison, il
ne sera jamais défendu par les professionnels de
la politique (à cause du conflit d'intérêts), et c'est
au peuple lui­même à le défendre pied à pied.
D'une façon plus fondamentale, seul le peuple
peut instituer sa propre puissance, en participant
directement au processus constituant (et/ou en le
contrôlant à tout moment). 25
En matière d'émancipation populaire, la solution
ne viendra pas des élus, jamais, car les élus sont
précisé­ ment le problème. Ce sont les élus qui infantilisent et dominent les
électeurs. Un vrai citoyen est un adulte politique
qui vote lui­même les lois auxquelles il consent à
obéir, tandis qu'un électeur est un enfant poli­
tique qui désigne ses maîtres, ses chefs qui
voteront tout à sa place, parmi des candidats qu'il
n'a même pas choisis. En réalité, il n'est de citoyen que constituant.
⌛
26
Pourquoi une assemblée tirée au sort ?
P. Crétois, J­N. Ducange, M. Larrère, St. Roza, Cl.
Sénéchal
La méfiance des citoyens vis­à­vis de la poli­
tique et des grandes institutions est un signe
inquiétant. C'est vrai pour l'Europe et plus encore
pour les gouvernements nationaux. Les citoyens
sont de plus en plus nombreux à voir dans les
partis politiques les instances les plus cor­
rompues. Les élections n'ont jamais été conçues
pour être une procédure démocratique. Elles ont
été inventées pour freiner l'installation de la
démocratie. Ce que Bernard Manin a écrit dans
Principes du gouvernement représentatif (chez Cal­
mann­Lévy) est en passe de devenir un grand
classique. Les révolutions française, belge et
américaine n'ont jamais voulu mettre un terme à
l'aristocratie pour la démocratie. Il s'agissait de
27
remplacer une aristocratie héréditaire par une
autre aristocratie, élective. Au cours des XIXe et
XXe siècles, cette procédure a été démocratisée »
par les élections, notamment en augmentant le
droit de vote. Il est surprenant de voir que la
France ­ avec dans son sillage la Belgique ­ qui
compte le plus grand nombre d'intellectuels
penseurs de la démocratie Bernard Manin, Pierre
Rosanvallon, Loïc Blondiaux, Yves Saintomer,
David Van Reybrouck, Étienne Chouard,…),
possède aussi le système politique le plus sclérosé
de toute l'Europe occidentale. Tous les pays sont­ils prêts à innover ? Les pays
les plus avancés dans l'innovation démocratique
en Europe sont souvent ceux dont les populations
sont assez petites : Islande, Irlande, Danemark,
Hollande. L'innovation démocratique passe tou­
jours du local au national, voire au transnational.
Quand les citoyens sont considérés comme des
citoyens (et pas seulement comme du bétail
électoral !), ils se comportent en adultes et plus
comme un troupeau.
⌛
28
Le Tirage au sort : un pas vers la réelle démocratie
http://wiki.gentilsvirus.org/
Le tirage par le sort est de la nature de la
démocratie, le suffrage par le choix est de celle de
l'oligarchie (Montesquieu, Esprit des Lois, livre 2,
ch.2).
Il est démocratique, par exemple, de tirer au sort
les magistrats, oligarchique de les élire (Aristote,
Les Politiques, livre 3, ch. 9). Lorsque les révolutionnaires des 17 e et 18e
siècles, en Angleterre, aux USA et en France
(ainsi qu'en Belgique), ils ne voulaient pas
instaurer une démocratie : Il faut écarter le peuple
en corps du gouvernement pour créer un corps
choisi de citoyens appelés à devenir une classe de
29
professionnels de la politique, écrivait l'abbé
Siéyes, inspirateur des constitutions de la période
révolutionnaire. Si le droit de vote a un aspect démocratique de
part l'égalité des suffrages il contribue à donner
des résultats inégalitaires : les élus ne ressem­
blent pas à leurs électeurs. La notion de
représentativité a été inventée par les monarchies
anglaises, puis françaises aux 12e/13e siècles : en
faisant élire des représentants dans les corpo­
rations, les monarques avaient constatés que les
impôts rentraient mieux. Ces élus faisaient une
promesse d'obéissance au pouvoir. Dans le système « démocratique » représentatif,
la promesse d'obéissance a changé de camp. Or
ce ne sont plus les élus qui obéissent au pouvoir
(rappelons que démocratie signifie pouvoir au
peuple), ce sont les citoyens qui obéissent aux
élus ! Le citoyen ressent un sentiment d'obligation
d'accepter le résultat (même quand la faiblesse
de la participation est telle que l'élection devrait
être déclarée caduque), de s'incliner devant les
décisions prises par ceux qui ont été élus « démo­
30
cratiquement ». L'élection permet de garantir
l'obéissance populaire à une « aristocratie » élec­
tive, composante de l'oligarchie, qui se partage
le pouvoir dans le jeu de chaises musicales. Celle­
ci, avec l'aide d'autres pouvoirs et de certains
médias, fait accepter des décisions favorables à
l'oligarchie : privatisations, baisses d'impôts des
plus favorisés, tout en tenant compte, par des
discours manipulateurs, d'une possible future
sanction électorale. La collusion des élites, régulièrement et juste­
ment évoquée, n'est pas un dysfonctionnement à
dénoncer, mais bel et bien une norme à
contrecarrer. L'important est de ne plus définir
l'élection comme étant la seule légitimité poli­
tique. Le tirage au sort est un mode de désignation
intrinsèquement démocratique et ayant beaucoup
d'avantages pour un seul inconvénient. Évacuons­
le : l'incompétence éventuelle du désigné. Être
élu ne garantit ni la compétence, ni la connais­
sance absolue des domaines dans lesquels des
décisions doivent être prises. Un élu s'entoure de
conseillers et de collaborateurs, demande l'avis
31
d'experts. Le problème d'incompétence peut être
résolu par le volontariat (le désigné peut refuser
le poste en exposant ses motifs), des méthodes de
discussions informatives, d'un commun accord, et
en réservant le tirage au sort à la constitution
d'assemblée(s).
1. Le tirage au sort est automatiquement repré­
sentatif de la population : un échantillon sélec­
tionné au hasard ressemble à l'ensemble,
contrairement à un échantillon sélectionné par
tout autre moyen (concours, cooptation, élec­
tion) :
Si l'on souhaite connaître ce que pense ou veut le
peuple, la première démarche est de convoquer un
peuple en miniature, de la même manière qu'avec
une cuillère dans un pot de confiture : le contenu
prélevé a exactement la même composition que le
contenu du pot... (Paul Diels). C'est de cette mé­
thode que s'inspirent les sondeurs.
2. Le tirage au sort garantit mieux l'impartialité
des décisions, et limite limite la corruption : un
échantillon sélectionné sera plus apte à résister à
des considérations extérieures à l'intérêt général
comme peuvent l'être les élus soucieux de leur
32
carrière politique, soumis à la procédure élective.
Le risque de corruption est limité, en raison de la
volatilité des désignés (la corruption s'ancre dans
les positions établies alors qu'il est plus difficile
de corrompre quelqu'un qui n'est que tempo­
rairement en poste.)
3. Le tirage au sort organise le partage du
pouvoir : il implique une rotation des postes (le
désigné siège un temps court) et la reconduction
sera exceptionnelle.
4. Le tirage au sort est plus égalitaire : le citoyen
n'est vu que comme un sujet du choix (son choix
de vote) non comme un objet du choix (sa chance
d'obtenir un poste dans l'appareil politique).
Combien de ceux qui s'intéressent à la politique
peuvent passer à travers les filtres nombreux de
la politique organisée et de l'élection (apparte­
nance à un parti, réseaux d'influence, moyens
financiers,…) ? Contrairement à l'élection, le
tirage au sort offre à tous l'égalité des chances
d'accéder au processus décisionnaire de la démo­
cratie.
5. Le tirage au sort stimule le sentiment d'appar­
33
tenance à une démocratie : savoir qu'on peut être
désigné un jour ou l'autre incite à s'intéresser à la
politique, à s'informer (vraiment), à éveiller son
civisme, à cultiver son esprit critique, à participer
à la vie de la cité,...
6. Le tirage au sort responsabilise (alors que
l'élection infantilise !) : le désigné devra prendre
des décisions, il sera partie prenante dans le
système démocratique, il deviendra ainsi un
citoyen « adulte ».
7. Le tirage au sort apaise les tensions : le tirage
au sort évite les querelles de factions, renforce la
cohésion sociale (les désignés seront ouvriers,
employés, précaires, cadres, chômeurs, tous âges
et opinions confondus), et règle les problèmes de
parité homme/femme. Les athéniens avaient
constatés que les aristocrates occupaient tous les
postes de décisions.
Alors, ils eu recours de plus en plus souvent au
tirage au sort. C'est ainsi qu'à partir du IVe siècle
av. J­C. seuls des tribunaux tirés au sort avaient
le pouvoir de modifier les lois.
⌛
34
Objections et réponses à la démocratie directe et au tirage au sort
Sharu
Voici, pour aider à répandre le message de la
vraie démocratie (« Nous voulons une Assemblée
Constituante démocratique tirée au sort. ») une
liste des objections les plus courantes et les plus
pertinentes, avec leurs réponses.
Nous sommes en crise, ce n'est pas le moment de
faire des expériences : Dans le régime actuel, les médias sont des
entreprises fonctionnant de manière pyramidale,
les débats économiques sont dépendants des
propriétaires de médias qui sont, par leur statut
social, en conflit d'intérêt. La neutralité de ces
débats n'est pas assurée. 35
L'une des missions de l'Assemblée constituante
serait de rendre démocratique et indépendant le
fonctionnement des médias afin que soient réu­
nies les conditions nécessaires pour affronter
la crise de manière démocratique et efficace. De
plus, la démocratie directe (DD) a déjà été testée
plusieurs fois et le résultat est à chaque fois le
même : dans un régime où les pauvres gou­
vernent, les pauvres sont automatiquement servis
en priorité. Il est urgent de donner le pouvoir au
peuple afin que la sévérité de la crise ait des
répercussions sur tous les membres de la société,
sans faire de privilégiés. La DD permet de responsabiliser les citoyens. Les
défauts mathématiques de l'élection font que les
décisions économiques du pays peuvent être
différentes de celles voulues par le peuple, ce qui
est très grave.
Le tirage au sort (ou la DD) était adapté aux
petites cités, mais ne le serait pas à nos grandes
sociétés modernes : Désigner par le sort dans un grand ensemble peut
se faire simplement, sans ordinateur (un moyen
consiste en 8 tirages, avec remise dans une urne
36
contenant 10 chiffres pour tirer un nombre au
hasard entre 0 et 99.999.999 nos mathéma­
ticiens trouveront aisément un moyen plus rapide
et vérifiable par tous). La DD consiste à faire voter les lois par le peuple,
dans des assemblées populaires ou dans les
urnes. Au niveau technique et logistique il n'y a
aucun problème avec les moyens actuels pour
compter les voix. Dans l'actuel régime, les
députés gagnent jusqu'à 6.000 euros par mois, ce
qui prouve que, de l'argent pour faire fonctionner
les institutions, il y en a !
Avec le tirage au sort (ou la DD), des incompétents
dirigeront : Dans un régime gouverné par le
peuple, les pauvres sont automatiquement servis
en priorité, toutes les expériences l'ont prouvé
(en Suisse, à Marinaleda, au Venezuela, dans
l'Athènes antique). Le problème de l'incompétence s'applique égale­
ment avec l'élection, puisque ce sont des citoyens
quel­ conques qui élisent. L'élection n'est pas une
garantie de compétence. C'est facile de pointer les élus du doigt, gouverner
37
est difficile, et la DD est une ingratitude par
rapport aux efforts fournis par nos élus : De même qu'une loi faite pour interdire le meur­
tre, par exemple, ne sous­entend pas que tous les
citoyens soient des meurtriers, une vraie Consti­
tution ne sous­entend pas que tous les politiciens
soient mauvais. Il s'agit d'une prudence au cas où
l'on aurait affaire à des politiciens corrompus.
Choisir des représentants c'est la liberté : Voter directement les lois est plus libérateur.
Nous sommes dans un état de droit qui est mieux
que la dictature : Ce type de régime peut aboutir à la dictature.
L'exemple flagrant étant Hitler, qui fut porté au
pouvoir par élection démocratique. Dire que la
démocratie se résume à l'élection, c'est rendre la
population allemande de 1933 responsable de
l'arrivée au pouvoir d'Hitler. Le résultat pourrait
être une dictature ploutocratique à travers l'uti­
lisation des technocrates qui conseilleraient les
tirés au sort, une corruption des représentants
trop faibles, et les menaces des lobbys qui
auraient les moyens de ruiner leurs vies.
38
Il n'est pas vrai qu'il est plus difficile de
corrompre une personne qui a tout à perdre et
aucun pouvoir pour résister plutôt qu'une
personne qui a les moyens de le faire, c'est­à­dire
un élu, et qui peut le redevenir. On ne vote pas
facilement une loi contre les intérêts de son
patron ou de son épouse. Devenir du jour au lendemain député n'est pas
un événement mineur dans la vie d'une personne,
il s'agit d'une responsabilité qui pousse à la
vergogne, à s'instruire pour faire face aux
difficultés. Lors de l'écriture de la Constitution, les députés
pourraient y inscrire des protections de leur
Assemblée (et des tirages au sort suivants) contre
les menaces patronales de licenciements (néces­
sité par exemple de l'approbation de la majorité
de l'entreprise pour un licenciement, etc.) ou
contre la corruption : l'eisangélie (l'annonce) : dénonciation publique
d'un citoyen ou d'un magistrat devant l'Ecclésia,
accusé d'une action politique ou d'un délit portant
atteinte aux intérêt de la cité (corruption ou
complot.) Si par son vote l'Ecclésia décidait de don­
39
ner suite à l'accusation, le dossier était transmis à
la Boulè qui rédigerait un probouleuma afin de
définir le délit et proposer la sanction. L'Ecclésia
décidait de juger elle­même l'affaire, nous dispo­
sons de plaidoiries s'adressant à la foule, elle
pouvait aussi décider de la porter devant l'Héliée,
auquel cas les plaidoiries s'adressaient à des juges.
Avant de passer au système du tirage au sort, il
faudrait déjà corriger le système actuel : Le tirage au sort est un très bon moyen de
corriger le système actuel, par exemple des jurys
populaires pour surveiller les députés, les révo­
quer ou les sanctionner en cas de fautes graves
(parjure, absentéisme, conflit d'intérêt, vente de
vote, corruption, cumul, etc.) Le tirage au sort
rend, par la loi des grands nombres, systématique
la représentativité d'une assemblée. Dans une UE où les décisions importantes sont
prises par des non­élus indépendants des États, la
DD ne sert à rien : il faut d'abord sortir de l'UE. La
décision concernant la sortie ou le maintien dans
l'UE est prise par les États. (voir l'art. 50 du
Traité.)
40
Avec le tirage au sort on mettrait des « affreux »
aux gouvernes : Le tirage au sort peut être utilisé pour faire des
assemblées citoyennes ou pour désigner ceux qui
appliqueront les lois : justice, police, etc. Pour
une assemblée, la loi des grands nombres nous
garantit qu'il y aura la même proportion
d'« affreux » que dans la société. Pour ce qui est
de l'application des lois, le pouvoir est suffisam­
ment partagé pour que le danger soit écarté.
Le peuple est trop divisé pour diriger : Le peuple est tout à fait capable de faire des
compromis, et les débats contradictoires n'ont
rien de neutralisant en terme de gouvernance. Il
s'agit au contraire d'un excellent moyen de
progresser.
Si la démocratie a pris fin un jour, et n'est jamais
revenue, c'est la preuve que le système était
mauvais : D'autres expériences de DD ont eu lieu. La fin de
la DD athénienne est due à la défaite lors d'une
guerre. Le système de communication n'avait rien
de commun avec celui d'aujourd'hui, et l'analpha­
41
bétisme était élevé, ce qui peut expliquer que la
DD ne fut pas très connue. Ne faut­il pas craindre qu'une personne mal­
veillante se serve de la DD comme publicité ? : C'est l'idée de la DD qui doit être répandue, pas
son protecteur.
Nous devons faire confiance aux personnes pour
lesquelles nous votons : Tout escroc efficace s'offusque de la méfiance de
ses détracteurs. Sachant cela, la méfiance et le
doute doivent être un droit et un devoir citoyen.
Dans la Grèce antique ce système était utilisé par
les riches marchands pour contrôler le peuple. Les citoyens athéniens étaient entre 30.000 et
60.000, et l'Assemblée à laquelle ils avaient accès
pouvait en contenir 6.000, qui possédaient le
pouvoir législatif et il est peu probable que cette
assemblée ait été composée de plus de 50 % de
riches marchands.
Il faut se révolter d'abord, ensuite écrire une Cons­
titution : Nous avons assisté à des révolutions arabes qui 42
n'ont aboutis à rien de satisfaisant parce que c'est
avant une révolution qu'il faut que le peuple ait
une idée précise de ce qu'il lui faut. Dans un
processus révolutionnaire il est important de
réunir la société autour d'une idée approuvée par
tous, indépendante de toute personnalité et com­
plémentaire avec toutes les résistances aux abus
de pouvoir.
Tout seul, que pouvons­nous faire ? : S'il est difficile de compter ceux qui approuvent
le message (voir le site : www.le­message.org/?
lang=fr) d'entre­nous peut convaincre plus de
deux personnes, qui à leur tour en convaincrons
deux autres, la propagation étant exponentielle. N'oublions pas qu'il s'agit d'un sujet de conver­
sation supplémentaire pour nos discussions avec
nos relations. Le message est valide pour tous les
pays et toutes les époques. Sa propagation
prendra le temps qu'elle devra prendre. S'il le
faut, ce processus sera de long terme. ⌛
43
L'antidote au projet fasciste (extrait)
Judith Bernard
Le tirage au sort est désormais suspect : voilà
plusieurs fois qu'il est soupçonné d'être l'ingré­
dient d'un projet « fasciste ». La chose pourrait
faire rire ceux qui découvrent cette polémique,
elle est pourtant à pleurer tant elle procède d'un
hystérique refus de penser selon les règles de la
plus élémentaire rationalité. Ceux qui militent pour le tirage au sort sont pour
la plupart engagés depuis longtemps dans une
réflexion sur les institutions politiques. Ils
observent que la « crise » où la France, comme
tant d'autres « démocraties » occidentales, est
plongée depuis des décennies ne trouve pas de
réponse du côté d'un corps politique manifes­
tement plus empressé à servir les intérêts du ca­
44
pital qu'à servir l'intérêt général. Cette incurie
politique est essentiellement liée à la nature de
nos institutions, et d'abord à la mère de toutes :
la Constitution. Cette Constitution doit être ré­écrite par le
peuple et pour le peuple. Seul un processus
constituant citoyen pourra instituer la puis­
sance populaire qui passe par quelques règles
élémentaires : la révocabilité des élus, l'interdic­
tion du cumul des mandats, la reddition des
comptes, le référendum d'initiative citoyenne,
règles élémentaires, mais peu susceptibles d'être
écrites par des élus qui n'y verraient (à juste titre)
que contraintes limitant leur prospérité et leur
carrière. S'il faut des citoyens et non pus des élus, pour
écrire ces règles la question de leur mode de
désignation se pose : le tirage au sort se présente,
parmi d'autres options, comme une solution
raisonnable, expérimentée ici et là sur la planète
­ sans avoir précipité les peuples qui s'y étaient
risqués dans le péril fasciste.
Et l'on voit bien pourquoi : le tirage au sort
repose sur la reconnaissance d'une absolue égali­
45
té entre tous les citoyens. C'est un outil parfai­
tement aveugle aux conditions de classe,
d'origine, de religions ou de sexe, et la plus ferme
garantie qui soit contre toute tentative de
discrimination. En outre, en confiant l'écriture parmi des règles
de la démocratie au peuple, dans l'hypothèse
d'une Constituante tirée au sort, il se donne
comme projet d'instituer la souveraineté popu­
laire, enfin à même de se protéger des abus du
pouvoir. Les règles auxquelles les militants du
tirage au sort aspirent consistent toutes dans la
limitation des pouvoirs des gouvernants, afin que
nulle capture fasciste des forces de l’État ne soit
possible.
⌛
46
Pourquoi la montée de l'insignifiance ?
(extraits* d'un entretien entre Daniel Mermet et
Cornélius Castoriadis, philosophe, sociologue,
historien, économiste et psychanalyste)
Castoriadis – Prenons la querelle entre la droite
et la gauche. Actuellement elle a perdu son sens.
Non pas parce qu'il n'y a pas de quoi nourrir une
querelle politique et même une très grande
querelle politique, mais parce que les uns et les
autres disent la même chose. La seule chose qu'ils
peuvent faire c'est suivre le courant, appliquer la
politique ultra­libérale à la mode. Ce sont des gens qui chassent les suffrages par
n'importe quel moyen. Leur but est de rester au
pouvoir ou de revenir au pouvoir. Et pour ça ils
sont capables de tout. J'ai toujours pensé que la
démocratie dite représentative n'est pas une vraie
* Une société à la dérive, C. Castoriadis, Seuil, 2005
47
démocratie. Ses représentants ne représentent
que très peu les gens qui les élisent. D'abord, ils
se représentent eux­mêmes ou représentent des
intérêts particuliers, les lobbies...
Si quelqu'un me représente durant cinq ans de
façon irrévocable, ça revient à me dévêtir de ma
souveraineté en tant que peuple. Rousseau
disait : Les Anglais croient qu'ils sont libres parce qu'ils
élisent des représentants tous les cinq ans, mais ils
sont libres le jour de l'élection, c'est tout. Personne n'a demandé au peuple sur quoi il veut
voter. On lui dit de voter pour ou contre Maas­
tricht, par exemple. Mais qui a fait Maastricht ?
Ce n'est pas nous qui avons fait Maastricht. Il y a la merveilleuse phrase d'Aristote : Qui est
citoyen ? Est citoyen quelqu'un qui est capable de
gouverner et d'être gouverné. Pourquoi les citoyens ne seraient­ils pas capables
de gouverner ? Parce que toute la politique vise
précisément à leur désapprendre à gouverner, à
les convaincre qu'il y a des experts à qui il faut
confier les affaires. Il y a donc une contre­éduca­
48
tion politique. Alors que les gens devraient
s'habituer à exercer toutes sortes de responsa­
bilités et à prendre des initiatives, ils s'habituent
à suivre ou à voter pour des options que d'autres
leur présentent.
⌛
49
Pour que les choses soient claires (extrait)
E. Chouard
(…) Mon message est universel, il n'est pas
réservé à une famille politique. Plus on sèmera
des graines de démocratie auto­instituée, un peu
partout, sans exclusive, mieux ce sera. J'ai observé une évolution importante : Les gens qui soutiennent Soral, qui étaient
antidémocrates quand ils m'ont connu, étaient en
fait « anti­fausse démocratie », mais ne le sa­
vaient pas encore. Ils pensaient que l'alternative politique était le
capitalisme­libéralisme « démocratique » (com­
plètement mafieux, esclavagiste, à vomir) ou le
communisme­socialisme « démocrate populaire »
(un capitalisme d’État, avec police de la pensée,
50
camps de travail, à vomir) ou encore le fascisme
«non­démocratique» (violent, mais sans corrup­
tion, tout aussi terrifiant). Et voilà qu'ils découvrent Manin, Hansen, Rous­
seau, Sintomer, Castoriadis, Guillemin, pour ne
citer que ceux­là, une organisation politique dont
personne ne nous a jamais parlé sérieusement à
l'école ou dans les journaux : la vraie démocratie
avec une vraie Constitution, de vrais contrôles, et
que nous écririons directement, parce qu'en­
traînés, pour être sûr de ne pas nous faire
tromper à nouveau. Je suis sûr que nombre de ces militants (de droite
dure par dépit de la corruption généralisée et
faute d'alternative, un processus identique à la
naissance du nazisme en Allemagne) sont en
train de devenir ou sont devenus démocrates,
parce que cette alternative démocratique réelle,
crédible et prometteuse fait vibrer tous les
hommes de bonne volonté. Je maintiens qu'il est pertinent, nécessaire, de
parler de vraie démocratie à tout le monde, en
étant convaincu que l'être humain peut changer
d'avis : si on le respecte en tant qu'être humain et
51
si ce qu'on lui propose est émancipant, libérateur,
puissant, prometteur.
⌛
52
Contre les élections (extraits*)
David Van Reybrouck
Aujourd'hui nous pouvons nous étonner que la
démocratie athénienne, à son apogée, ait pu
fonctionner sur la base d'un principe aussi
singulier que le tirage au sort, mais pour les
contemporains, cela allait parfaitement de soi.
Aristote, notamment, pouvait écrire sans amba­
ges : « Je cite comme exemple les magistratures :
le tirage au sort est considéré comme démocra­
tique, l'élection comme oligarchique ». Bien
qu'Aristote lui­même fut partisan d'une forme
intermédiaire, il marquait clairement la différen­
ce entre tirage au sort et élection en qualifiant le
premier de démocratique mais non la seconde.
(…) Une des caractéristiques de la démocratie
* Contre les élections, David van Reybrouck, Babel/essai,
2014, pages 82, 83, 112, 113
53
athénienne était l'absence de distinction entre
politiciens et citoyens, entre administrateurs et
administrés, entre potentats et sujets. La fonc­
tion de « professionnel de la politique », que nous
trouvons tous parfaitement normale aujour­
d'hui, aurait produit sur un Athénien moyen
l'impression d'une incongruité, d'une absurdité. Aristote y associait une réflexion très intéressante
sur la liberté : « Le principe fondamental du
régime démocratique, c'est la liberté […] Une des
marques de la liberté, c'est d'être tour à tour
gouverné et gouvernant ». Une pensée vieille de
vingt­cinq siècles mais toujours d'une justesse
stupéfiante. La liberté ce n'est pas : être soi­même toujours au
pouvoir. Ce n'est pas non plus : ne pas avoir à
respecter le pouvoir. Et encore moins : se rési­
gner passivement au pouvoir. La liberté c'est
l'équilibre entre autonomie et loyauté, entre
gouverner et être gouverné. Aujourd'hui, à une époque où l'oligarchisation de
la démocratie sévit avec encore encore bien plus
de virulence qu'il y a vingt­cinq ans, lorsque le
professeur Verdin donnait cet avertissement, c'est
54
une vérité qui semble totalement oubliée.
⌛
55
En guise de point d'orgue
56
La contagion de l'endoctrinement (extrait*)
Konrad Lorenz
Les hommes au pouvoir en Amérique, en Chine
ou en Union soviétique, sont aujourd'hui una­
nimes à penser que la capacité illimitée de
l'homme à être conditionné est extrêmement
désirable. Leur croyance à la doctrine pseudo­
démocratique, est (comme l'affirme Wylie) portée
par le désir qu'elle soit vraie. Car ces mani­
pulateurs ne sont pas du tout des surhomme,s
doués d'une intelligence satanique, mais plutôt
les victimes trop humaines de leur propre dogme
inhumain.
Cette doctrine fait apparaître tout ce qui est
spécifiquement humain comme indésirable, et
tous les phénomènes propres à dégrader l'huma­
* Les huit péchés capitaux de notre civilisation, Konrad
Lorenz, Flammarion, 1973
57
nité (… ) comme extrêmement avantageux, car
ils permettent une meilleure manipulation des
masses. « Maudit soit l'individualisme », voilà le
mot d'ordre. Le magnat de la production capitaliste, comme le
fonctionnaire soviétique, veut avoir les moyens
de conditionner les hommes et d'en faire des
êtres subordonnés, uniformisés, parfaitement
soumis, pour ainsi dire semblables à ceux que
Aldous Huxley a dépeints dans son effroyable
roman d'anticipation « Le meilleur des mondes ».
La croyance erronée que l'on puisse absolument
tout exiger et tout faire de l'homme, soumis à un
bon conditionnement, est à la racine des
nombreux péchés mortels que l'humanité civilisée
commet, non seulement contre la nature, mais
encore contre sa propre nature et contre
l'humanisme. Lorsqu'une idéologie mondiale et la
politique qui en découle sont fondées sur le
mensonge, il faut s'attendre aux pires consé­
quences.
La doctrine pseudo­démocratique porte une large
part de responsabilités dans l'effondrement de la
58
culture et de la morale qui menace les États­Unis
et qui risque d'entraîner dans sa chute le monde
occidental tout entier.
⌛
59
L'amateurisme (extrait*)
Mogens H. Hansen
Tous les citoyens étaient censés prendre part,
s'ils le voulaient, à la marche de l’État, mais
toujours en amateurs, en idiôtai pour reprendre
le terme dont usaient les Athéniens. Profes­
sionnalisme et démocratie étaient tenus pour
fondamentalement contradictoires. Les Athéniens
garantissaient l'absence de professionnalisme
dans leur administration en exigeant que la
plupart des magistrats fussent tirés au sort, pour
une seule année, non renouvelable. Ils empêchaient toute continuité dans l'admi­
nistration en renouvelant toujours la totalité d'un
collège au même moment (c'est­à­dire à la fin de
l'année). Bien plus, il semble avoir été courant et
* La démocratie athénienne, à l'époque de Démosthène, Les
Belles lettres, Histoire, 1991
60
admis qu'un magistrat, lors de ses euthynai,
avance son manque de compétence pour excuser
ses échecs dans sa fonction. Même dans le cas des dirigeants politiques, le
manque de professionnalisme était un avantage :
quand un homme politique moderne s'adresse au
Parle­ment, il se plaît à souligner qu'il est
exceptionnellement qualifié pour parler de cette
question, alors que les orateurs athéniens
aimaient à commencer en expliquant qu'ils
n'étaient rien que des citoyens ordinaires.
Pour rendre la loi démocratique, les Athéniens
veillèrent à ce qu'il n'y ait ni barreau ni
magistrature judiciaire : il était interdit de payer
un avocat et les jurys se composaient de
centaines de citoyens ordinaires. Ils réussirent si
bien dans leur dessein que la loi athénienne
n'atteignit jamais la rigueur professionnelle du
droit romain et n'eut donc jamais l'influence qu'il
exerça par la suite sur la moitié du monde.
Cette hostilité globale au professionnalisme tient
aussi à l'idée que les gens devaient faire de la
politique en prenant sur leurs loisirs : toute la
démocratie était placée sous le signe de la com­
61
patibilité entre l'activité professionnelle et l'acti­
vité politique du citoyen. C'est pourquoi cette
dernière était à Athènes si largement répandue et
la participation si étonnamment élevée.
⌛
62
Quelques citations
L'état capitaliste considère la vie humaine comme
la matière véritablement première de la production
du capital. (…) La guerre n'est pas une catas­
trophe, c'est un moyen de gouvernement. L'état
capitaliste ne connaît pas les hommes qui
cherchent ce que nous appelons le bonheur, les
hommes dont le propre est d'être ce qu'ils sont, les
hommes en chair et en os, il ne connaît qu'une
matière première pour produire du capital. (J.
Giono). C'est une expérience éternelle que tout homme qui
a du pouvoir est porté à en abuser. (Montesquieu). Il n'y a guère de fortune dont l'origine soit tout à
fait clairement avouable ou qui ne repose sur le
détroussement d'autrui. (H. Guillemin). 63
Quand le gouvernement viole tous les droits du
peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour
chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et
le plus indispensable des devoirs. (Art. 35 de la
Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen, du 24
juin 1793). Il n'est pas de loi légitime sans l'approbation du
peuple. (Montesquieu). Le pouvoir renouvelable est la gangrène du système
politique. (E. Chouard)
Le riche tient la loi dans sa bourse. (J­J Rousseau). Il y a urgence à faire du neuf en matière
d'organisation de la vie politique ! Toutes les
institutions, de la famille à l’entreprise, ont
considérablement évolué, les institutions politiques
non. Les principes posés au XVIIIe siècle appa­
raissent indépassables. Et pourtant, la démocratie
tourne de plus en plus à vide. Les citoyens s’en
rendent davantage compte que les élites. Résultat,
ils se détournent de plus en plus de la politique.
Elle n’apparaît plus indispensable pour définir la
façon dont on entend «vivre ensemble». Elle
apparaît incapable d'imaginer et de construire un
64
avenir commun. Chacun est donc tenté de se
débrouiller de son côté et tant pis pour ceux qui ne
sauront pas s’adapter au monde tel qu’il va.
Aujourd’hui, ne pas réinventer la politique, c’est
condamner la démocratie. (H. Chaygnaud­Dupuy). Le progrès ne découle pas de la résignation. (E.
Chouard). Je crois que malgré les énormes obstacles qui
existent, être intellectuellement résolus, avec une
détermination farouche, stoïque et inébranlable, à
définir, en tant que citoyens, la réelle vérité de nos
vies et de nos société est une obligation cruciale
qui nous incombe à tous. Elle est même impérative.
(H. Pinter). Nous sommes en train de détruire notre démocratie
en la limitant aux élections, et ce, alors que ces
mêmes élections n'ont jamais été conçues comme
un instrument démocratique. (David Van Reybrouck)
65
Pour faire un second pas… et toute la
différence. (Source : Gentilsvirus)
1) L'élection repose sur la volonté des gens, et offre de
nombreuses prises aux escrocs, menteurs séduisants,
trompeurs professionnels de volonté.
Le tirage au sort ne repose pas sur la volonté des
gens et ne donne aucune prise aux escrocs, menteurs
séduisants, trompeurs professionnels de volonté.
2) L'élection repose sur la confiance et prétend servir
elle­même de contrôle des représentants (!). Elle ne
prévoit aucun contrôle, ni en cours ni en fin de mandat,
ce qui facilite la corruption.
Le tirage au sort repose sur la défiance et
s'accompagne de contrôles en cours de mandat, et de
reddition des comptes en fin de mandat, ce qui
complique la tentative de corruption des représen­
tants.
3) L'élection pousse les représentants au mensonge,
d'abord pour accéder au pouvoir, ensuite pour le
conserver, car les candidats ne peuvent être élus que si
leur image est bonne : cela incite irrémédiablement à
66
mentir, tant sur le futur que sur le passé…
Le tirage au sort dissuade les représentants du
mensonge, aussi bien pour accéder au pouvoir que
pour le conserver. Dans ce cas, le mensonge est
inutile et l'on évite les intrigues. De plus, s'il est
malgré tout révélé, il est inévitablement sanctionné.
4) L'élection pousse à la corruption : elle permet à ceux
qui le veulent, et qui en ont les moyens, d'aider les
candidats. Les élus ainsi « sponsorisés » sont mécani­
quement dépendants de ceux qui ont financé leur
campagne électorale et acheté les médias pour les faire
connaître davantage que les autres candidats. Les
acteurs politiques serviront des intérêts particuliers au
lieu de servir l'intérêt général.
Le tirage au sort ne permet en aucune manière
d'aider quiconque à accéder au pouvoir. Ceci est
absolument décisif. Il ne peut y avoir de tirés au sort
sponsorisés, donc forcément débiteurs. L'indépen­
dance des représentants est donc garantie (alors que
l'élection la rend impossible...).
5) L'élection favorise certaines classes sociales toujours
au détriment d'autres : notamment les rhétoriciens, qui
savent s'imposer et qui disposent de temps (avocats,
fonctionnaires,…). Il s'agit d'un processus qui contredit
gravement le principe constitutionnel d'égalité politique
67
revendiquée par une démocratie digne de ce nom. Le tirage au sort, dans sa mise en pratique, est
impartial et équitable. La loi des grands nombres
garantit une justice distributive, la parité hommes­
femmes, par exemple, mais pas seulement (consé­
quence logique, prioritaire et souhaitable du principe
d'égalité politique). Une assemblée tirée au sort est
forcément toujours représentative, puisqu'elle ressem­
ble vraiment au peuple représenté.
6) L'élection incite au regroupement en partis et de ce
fait soumet l'action politique à des clans et surtout à
leurs chefs, avec son cortège de turpitudes liées aux
logiques d'appareil et à la quête ultra prioritaire, vitale,
du pouvoir.
Le tirage au sort, lui, n'incite pas du tout au
regroupement pour aider de quelconques candidats à
conquérir le pouvoir. Et donc il ne soumet aucu­
nement la société à leur logique hiérarchique. C'est la
fin du « combats des chefs » et des logiques d'appa­
reil.)
7) L'élection est basée sur les différends inter­partis.
Ceux­ci imposent leurs candidats, ce qui rend le choix
de l'électeur factice… La concurrence déloyale des partis
dans la compétition électorale prive la plupart des
individus isolés de toute chance de participer au gouver­
68
nement et favorise donc le désintérêt politique, voire le
rejet des électeurs.
Le tirage au sort débarrasse la scène politique de la
concurrence déloyale des candidats présélectionnés et
imposés par leurs partis. Les contribuables sont de
vrais citoyens, et plus seulement des électeurs. Ils sont
dotés de réelles chances de participer au gouver­
nement de la Cité, ce qui favorise l'intérêt et la
participation active pour la chose politique, avant
même d'être désignés par le sort, et ce durant toute la
vie...
A bon entendeur...
69
Et à présent, êtes­vous démocrate ?
(Source : Quizity.com)
A la question : Quels sont les rôles principaux et
fondamentaux d'une Constitution dans un régime
démocratique :
En toute logique, il faut répondre : Définir la
fonction et les limites des pouvoirs, afin de
protéger le peuple contre les abus de pouvoir. Lorsqu’un grand nombre de personnes veulent faire
société, il est nécessaire d’établir des règles conven­
tionnelles permettant de résoudre les conflits. C’est de
cette façon que s’établissent des institutions qui seront
alors dotées de certains pouvoirs. Afin que les
personnes dotées de ces pouvoirs n’en abusent pas
contre le peuple, la principale et essentielle fonction
de la Constitution est d’établir des principes et des
mécanismes institutionnels fondamentaux qui devront
être rigoureusement respectés par les mandataires à
tous les niveaux institutionnels. Le principe philoso­
phique qui justifie cette logique est le constat que tout
pouvoir tend naturellement et implacablement à
corrompre les personnes, même les « meilleurs ». Les
démocrates ont donc pour principe de rester toujours
méfiants à l’égard des pouvoirs : ce n’est pas aux gens
70
de pouvoir d’écrire les règles du pouvoir !
En philosophie politique, quel est le mode de désigna­
tion qui caractérise un régime démocratique : Le tirage au sort. En philosophie politique, on distingue généralement
quatre formes de gouvernement : la monarchie,
l'aristocratie (ou oligarchie), la démocratie et l'anar­
chie. Le mode de désignation principal des
mandataires dans un régime démocratique est le
tirage au sort, et non l'élection, comme cela nous est
enseigné depuis le milieu du XIXe siècle. L'élection
peut être partiellement adoptée dans un régime
démocratique pour des cas particuliers où des
compétences sont absolument requises, mais cela est
alors l'exception, et non la règle. On peut également,
dans pareil cas, avoir recours au concours. Aristote
écrivit à ce propos « Les élections sont aristocratiques
et non démocratiques : elles introduisent un élément
de choix délibéré, de sélection des « meilleurs »
citoyens (les aristoï) au lieu du gouvernement par le
peuple tout entier .
Qu'est­ce qu'un référendum :
Une consultation populaire décisionnelle.
Le référendum est une procédure qui permet au peu­
71
ple de se prononcer sur une question donnée, le plus
souvent par simple « oui » ou « non ». Contrairement
à une simple consultation populaire, le référendum a
une valeur contraignante, c’est­à­dire que le résultat
doit être respecté et mis en application par le
gouvernement : c’est le peuple qui décide. Le réfé­
rendum est un outil nécessaire lorsque les autres
institutions ne peuvent trancher une question ou
lorsque la question requiert l’avis du plus grand
nombre (par ex. la décision d’entrer en guerre). Mais
le référendum comporte plusieurs défauts qui font
que, s’il s’agit d’un outil intéressant, il n’est pas le plus
performant et il comporte des limites.
Qu'est­ce qu'un parti politique : Une faction politique dont l'ambition est d'obtenir
le pouvoir et de s'y maintenir, et dont les membres
partagent les mêmes intérêts. Les partis politiques sont aujourd’hui considérés, à
tort, comme des institutions fondamentales de la
démocratie. La raison en est que les pères fondateurs
de nos régimes actuels étaient ouvertement anti­
démocrates et qu’ils ont instauré, non pas des démo­
craties, mais des gouvernement (prétendument)
représentatifs, fondés sur l’élection. Les partis sont
alors l’incarnation de factions partisanes dont la
fonction est de permettre à une élite » d'accéder ou de
72
conserver le pouvoir. La philosophe Simone Weil
(1909­1943) écrivait d’ailleurs, dans sa Note pour la
suppression générale des partis politiques « L'idée de
parti n'entrait pas dans la conception politique
française de 1789, sinon comme mal à éviter. » Dans
la démocratie athénienne des V et IVe s. avant J­C.,
les partis s’appelaient hétaireia ou hétairikon,
désignant une société ou club de nature politique
visant à l’oligarchie, et ils étaient très mal considérés.
Qu'est­ce qu'un référendum abrogatoire : Une consultation populaire permettant d'annuler
une loi.
Abroger, c’est déclarer nul ce qui avait été établi ou
institué, synonyme d’abolir ou d’annuler. Le terme est
principalement utilisé en droit et en politique
(abroger une loi). Un référendum abrogatoire permet
donc au peuple d’annuler une loi votée par des élus.
Qu'est­ce que l'anarchie :
Une organisation sociale fondée sur l'égalité et
sans pouvoir centralisé.
Anarchie vient du grec arkhein commander et « a­ »
privatif, signifiant sans commandement, sans chef.
Cela désigne un mode d’organisation sociale fondé
sur l'égalité et des rapports sociaux horizontaux, en
73
opposition aux systèmes sociaux verticaux, fondés sur
des principes hiérarchiques (anarchie est antonyme
de hiérarchie). Il est devenu très courant d’entendre
parler d’anarchie pour désigner une situation
chaotique, une situation de désordre social, mais il
s’agit d’abus de langage issu de la propagande visant
à diaboliser, dans l'esprit du public, l’idéologie
anarchiste. Le mouvement anarchiste est né au XIXe s.
et le choix du terme est la résultante du fait que le
mot « démocrate » était dévoyé par tous les partis
politiques (même les royalistes !) qui s’en revendi­
quaient pour des raisons électorales et démagogiques.
Les anarchistes sont donc des démocrates qui ont
renoncé à se désigner comme démocrates, le terme
ayant, dans la pratique courante, perdu tout son sens.
Qu'est­ce qu'une assemblée législative :
Une assemblée qui écrit et vote les lois.
Comme son nom l’indique, une assemblée législative
a pour fonction de légiférer, c’est­à­dire écrire les lois.
Dans nos régimes parlementaires modernes, les
députés ont également la prérogative de voter les lois,
en plus de les écrire. Les démocrates athéniens de
l’antiquité ne voyaient pas les choses ainsi : pour eux,
le pouvoir suprême consistait dans le fait de voter les
lois, et cette prérogative était dévolue aux citoyens au
sein de l'Ekklèsia, c'est­à­dire l'assemblée du peuple. 74
Ils avaient bien une assemblée qui rédigeait les lois,
mais ces dernières étaient votées par les citoyens. La
logique de cela est qu’un peuple qui vote ses propres
lois est bien plus enclin à les respecter et cela assure
une meilleure cohésion sociale. On parle alors de lois
autonomes, en opposition aux lois hétéronomes
(autonome signifie littéralement qui fait sa loi,
hétéronome signifie loi étrangère, extérieure).
Quel est le rôle d'une assemblée constituante :
Elle rédige le projet de constitution de la nation et
modifie, le cas échéant, le texte constitutionnel.
Le rôle fondamental d’une assemblée constituante est
de rédiger le projet de constitution d’une nation. Ce
projet doit ensuite être adopté par le peuple,
généralement par un référendum. Dans nos régimes
(prétendument) représentatifs, le projet de consti­
tution, qui est déjà rédigé par des professionnels
politiques (ce qui constitue une grave confusion
d’intérêts) est ensuite validé par les membres du
parlement. Quelques fois, le gouvernement organise
un référendum, comme ce fut le cas en 1958, mais
compte tenu de ses modalités et du contexte de la
rédaction de la Ve République, il s’agissait d’un réfé­
rendum visant seulement à obtenir un plébiscite
populaire (ce qui fut le cas). L'assemblée constituante
75
peut également avoir pour fonction de réviser la
constitution. Pour obtenir une assemblée constituante
populaire, sans conflits d’intérêts, il est indispensable
de recourir au tirage au sort et d'exclure le recours à
des élections.
Qu'est­ce qu'un référendum législatif :
Une consultation populaire permettant d'adopter
une loi.
Comme son nom l’indique, un référendum législatif
sert à permettre au peuple de voter lui­même une loi.
Cette procédure est rendue inutile dans un régime
démocratique dont la constitution prévoit que la
prérogative de voter les lois soit réservée à
l’assemblée populaire. Cette procédure référendaire
n’est donc utile que dans un régime dans lequel les
lois sont votées par une assemblée législative (sénat
ou parlement) et elle vient alors en complément.
Qu'est­ce qu'un référendum révocatoire :
Une consultation populaire permettant d'exclure
un mandataire.
Du verbe « révoquer », destituer, relever de ses fonc­
tions (un fonctionnaire, un magistrat, un mandataire
politique, …). Le référendum révocatoire s'avère donc
une procédure permettant au peuple de destituer un
76
mandataire public ayant commis des fautes. Ce
pouvoir populaire devrait être permanent dans un
régime démocratique, permettant à tout le moins au
peuple d’écarter du pouvoir une personne agissant
contre le bien commun ou trahissant les intérêts du
peuple.
Qu'est­ce qu'un conseil constitutionnel :
Une assemblée qui s'assure de la constitutionnalité
des lois.
Un conseil constitutionnel est une assemblée qui a
pour rôle de veiller à ce que l’ensemble des lois et
réglementations qui sont édictées soient conformes
aux principes établis dans la Constitution. Elle dispose
en principe du pouvoir de casser des lois ou
règlements qui contreviendraient à la Constitution,
donc de les abroger. C’est, en principe, une garantie
que les autres pouvoirs n’abusent pas et respectent
bien la Constitution. Il est donc ici aussi indispensable
de bien veiller à ce que sa composition n’entraîne
aucun conflit d’intérêts.
Qu'est­ce qu'une oligarchie :
Le gouvernement par le petit nombre.
Oligarchie vient du grec oligôs, petit nombre, et
arkhein, commander, désignant littéralement le gou­
77
vernement du petit nombre. Il est à noter que, par
définition, un régime aristocratique (gouvernement
des meilleurs) est oligarchique, bien que la philo­
sophie politique différencie les deux, l’oligarchie étant
généralement considérée, par les auteurs classiques,
comme l’avatar négatif de l’aristocratie. On confond
parfois l’oligarchie et la ploutocratie (gouvernement
des riches), ce qui résulte de la collusion d’intérêts
existant entre les détenteurs du pouvoir politique
dans les régimes électifs et les pouvoirs d’argent, ces
derniers étant souvent ceux qui contribuent large­
ment au financement des campagnes électorales et
détenteurs des médias.
Qu'est­ce que la hiérarchie :
Une structure sociale d'origine théologique.
Du grec hieros, sacré et arkhein, commander, la hié­
rarchie est donc la conception verticale de l'organi­
sation sociale issue des prêtres dès les premières
temps de la civilisation. Bien que toutes les religions
soient inégalement structurées, certaines étant forte­
ment hiérarchisées (comme la religion catholique),
d’autres l’étant de façon beaucoup moins formelle, le
cœur de leur conception est commune et résulte d’une
vision verticale dans laquelle une ou plusieurs instan­
ces d’origine divine sont considérées comme supé­
rieures et commandent à leurs créatures. (dont les hu­
78
mains feraient partie). L’organisation sociale aurait
donc à se soumettre à cet ordre. Cela va évidemment
à l’encontre du principe d’égalité, mais peut quelque
fois se justifier (un corps militaire est plus efficace
lorsqu’il s’articule autour d’une hiérarchie).
Qu'est­ce que l'ochlocratie :
Un désordre social résultant de la passion des
foules.
Du grec okhlos, la foule et arkhein, commander. Bien
que le terme ochlocratie soit tombé en désuétude, la
réalité qu'il recouvre a toujours été débattue dans les
ouvrages de philosophie politique. Il désigne généra­
lement l’avatar négatif de la démocratie, une situation
dans laquelle le peuple, n’ayant pas de structure
stable, agit par passion et adopte des décisions
irraisonnées. Si le terme foule et non peuple est
employé, c'est pour suggérer la foule en tant que
masse manipulable ou passionnelle, les phénomènes
de foule étant justement souvent provoqués par la
démagogie.
Comment s'appelait l'assemblée du peuple, à Athènes,
dans l'Antiquité :
L'Ekklesia.
La Boulè est une assemblée restreinte de citoyens qui
79
sont chargés des lois de la cité. Son nom a souvent été
traduit par « Conseil », plus rarement, par « Sénat ». Il
s’agit donc d’une assemblée législative, dont la
fonction était de rédiger les lois. Le Sénat est un
terme qui peut désigner des assemblées dont les rôles
sont parfois très différents. Dans l’antiquité romaine,
le Sénat était l’institution fondamentale et avait un
rôle législatif et décisionnel majeur. Dans les régimes
modernes, le Sénat est souvent une seconde chambre
ayant un rôle de « conseiller d’État » et de validation
des lois votées au parlement. L’Ekklèsia désigne
l’assemblée du peuple dans de nombreuses cités
antiques (notamment Athènes). Le terme ayant donné
en français les mots « église » ou « ecclésiastique », il
est trompeur, puisqu’il ne rend pas compte de son
origine civile. La Chambre des communes est le nom
de l'une des chambres du parlement au Royaume­Uni
et au Canada.
Qu'est­ce qu'un mandat impératif :
Un mandat limité dans le temps et limité dans les
pouvoirs octroyés.
Le mandat impératif est le pouvoir délégué à une
organisation ou un individu élu en vue de mener une
action définie dans la durée et dans la tâche, selon
des modalités précises auxquelles il ne peut déroger.
Il s'oppose au mandat représentatif. Dans nos régimes
80
modernes, la plupart des mandats des élus sont
représentatifs. La question du mandat impératif a très
vite été rejetée par les pères fondateurs (qui voulaient
un régime représentatif et ne voulaient pas d’un
régime démocratique). Dans une démocratie, le type
de mandat favori est impératif, et non représentatif,
ce dernier accordant trop de pouvoir et trop peu de
contrôle par les citoyens de l’action du mandataire,
que celui­ci soit élu ou tiré au sort.
81
Bibliographie et adresses
Le pouvoir au peuple ­ jurys citoyens, tirage au sort et
démocratie participative, Yves Sintomer, La Décou­
verte, Paris, 2007
Faut­il faire sauter Bruxelles ? ­ François Ruffin, Fakir
éditions.
Démocratie ­ Histoire politique d'un mot ­ Francis
Dupuis­Déri, Lux Humanités.
Agir en démocratie – Hélène Balazard, éd. de l'Atelier,
2015
Radicaliser la démocratie ­ Dominique Rousseau, Seuil,
2015
www.momnnaiehumaine.org­page18615­une­vraie­
democratie.html
unevraiedemocratie.net
stopmensonges.com­la­vraie­democratie­passera­par­
une­revolution/
info­resistance.org
82
http://mib­pib.jimdo.com/
www.tourdefrancedesalternatives.fr
lavraiedemocratie.fr
yourope ­ La démocratie en Suisse
Premiers pas
en (vraie) démocratie
Jean-Marie LUFFIN
Faire un premier pas... vers autre chose, une refonte
de notre conception de la politique. Possible ? Bien
sûr. Mais il faudrait quitter nos charentaises, nous
impliquer, mettre le temps qu'il faut pour briser notre
addiction aux vieilles croyances, aux mensonges,
procédés éculés qui ne profitent qu'aux nantis, pour
autant que nous n'éprouvions pas une peur panique à
l'égard du changement qui ferait pourtant de nous de
vrais citoyens. Puis passer le message.
Si nous en avons vraiment assez d'être des moutons
tondus en permanence au profit d'un pouvoir qui se
plaît à nous entendre bêler et nous contraint à le
servir, il importe de redécouvrir une pratique capitale en matière de pouvoir politique dévolu au peuple
: le tirage au sort.
J-M. L. Thon-Samson, 2016
Téléchargement