Le vent en poupe

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Profession diététicien
Le vent en poupe
L’équilibre nutritionnel devient un facteur important de santé
publique. La formation des spécialistes en “alimentation
rationnelle” dure deux ans et les études sont sanctionnées par
un DUT ou un BTS. Une formation à la mode.
C
e que l’on appelle “l’alimentation rationnelle” est né de la pénurie alimentaire et de la dénutrition qui sévissaient après la guerre.
En 1954 sortent de l’école les
premiers diététiciens diplômés.
Diététicien ou nutritionniste ?
Actuellement, tout le monde peut
se dire nutritionniste. En revanche, “l’usage professionnel du
titre de diététicien, accompagné
ou non d’un qualificatif, est réservé aux titulaires d’un diplôme,
certificat ou titre sanctionnant une
formation technique de diététique” (loi no 86/75 du 17 janvier
1986). Un diététicien est donc un
spécialiste de l’alimentation. Son
savoir-faire pratique lui permet de
traduire les besoins nutritionnels
et les prescriptions médicales en
aliments et repas quotidiens pour
tous les âges et toutes les circonstances de la vie. Auprès des patients, à l’hôpital, il a une fonction
de thérapeute, mais aussi une activité d’information et de prévention. La profession s’ouvre également sur la ville, notamment dans
les collectivités chargées de distribuer des repas, comme les cantines scolaires.
Aujourd’hui, 4 500 diététiciens
exercent en France, dont 55 % en
secteur hospitalier. La profession
évolue en même temps que la société et les besoins exprimés par
les pouvoirs publics en fonction
des pathologies émergentes dues
à une mauvaise alimentation.
Cependant, la mode étant à la diététique pour rester en forme, il est
important de conserver un certain scepticisme face à de nouvelles allégations concernant des
apports nutritionnels pas toujours prouvés. Certaines relations
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entre les habitudes alimentaires
et des déficiences paraissent évidentes. D’autres n’ont aucun lien
prouvé de cause à effet.
Qu’est-ce que le PNNS ?
Informer, éduquer, orienter font
partie des fonctions des diététiciens. Ceux-ci s’appuient désormais sur le PNNS, le Programme
national nutrition santé. Celui-ci
a démarré en 2001 pour se poursuivre jusqu’en 2005.
En 2000, un rapport sur la politique nutritionnelle était remis au
secrétaire d’État à la Santé qui a
décidé de mettre en place ce programme. Ce dernier renfermait les
données épidémiologiques qui signifiaient la relation entre l’alimentation et la santé. Il y était
constaté que les maladies cardiovasculaires sont aujourd’hui la
première cause de mortalité en
France et à l’origine de près de
170 000 décès chaque année,
dont 10 % avant l’âge de 65 ans.
L’obésité, quant à elle, concerne
7 à 10 % des adultes et 10 à
12,5 % des enfants âgés de 5 à
12 ans. Son incidence augmente
de façon inquiétante, car elle est
souvent associée au diabète, dont
la prévalence est aujourd’hui estimée, tous âges confondus, à 2 et
2,5 % de la population. Et les
adultes présentant une hypercholestérolémie supérieure à 2,5 g/l
sont nombreux. Ce programme
comprend neuf objectifs nutritionnels prioritaires en termes de
santé publique, parmi lesquels :
augmenter la consommation de
fruits et légumes, de calcium ; réduire les déficiences en vitamine D, les apports lipidiques à
moins de 35 % de l’apport énergétique journalier ; augmenter
Professions Santé Infirmier Infirmière - No 46 - mai 2003
l’apport glucidique à plus de 50 %
de l’apport énergétique journalier,
en particulier l’apport en fibres,
de 50 % ; réduire de 50 % l’apport
en sucres simples, la consommation d’alcool à moins de 20 g par
jour dans la population générale ;
réduire de 5 % la cholestérolémie
moyenne des adultes, de 10 mm
de Hg la pression artérielle systolique des adultes, de 20 % la prévalence du surpoids et de l’obésité ; augmenter l’activité physique
journalière de l’équivalent d’une
demi-heure de marche rapide
supplémentaire par jour. Par
ailleurs, neuf objectifs spécifiques
ont été établis, parmi lesquels : réduire la carence en fer pendant la
grossesse ; améliorer le statut en
folates des femmes en âge de procréer ; promouvoir l’allaitement
maternel ; améliorer le statut en
fer, en calcium et en vitamine D
des enfants, des adolescents et des
personnes âgées ; prévenir la dénutrition de ces dernières ; lutter
contre les déficiences vitaminiques et minérales et les dénutritions chez les personnes en situation de précarité ou celles
suivant des régimes restrictifs et
combattre les problèmes nutritionnels des sujets présentant des
troubles du comportement alimentaire ; prendre en compte les
problèmes d’allergies alimentaires.
Pour le Dr Serge Hercberg, viceprésident du Comité stratégique
du PNNS, « le PNNS constitue un
des plus grands programmes de
santé publique jamais développé en
Europe. Ce plan, prévu sur les 5 années à venir, a développé depuis
2001 de nombreuses mesures et actions au niveau national (campagnes médias, guides alimentaires,
actions en milieu scolaire) ». Aux
diététiciens de s’y atteler.
Lucie Galion
ADLF : Association des diététiciens de
langue française. Site Internet : www.adlf.org
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