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que de la nécessité d’une réforme, qui achoppait toujours. Quelques
mois plus tôt, en mars 1517, le cinquième concile du Latran venait de
se terminer sans avoir rien fait de sérieux. Mais, du point de vue
romain, le concile était fait et il n’y avait pas lieu de le recommencer.
Les abus étaient nombreux et criants : corruption, misère du clergé
(d’où ce proverbe napolitain : « Si tu veux aller en enfer, fais-toi
prêtre !»), hiérarchie épiscopale et romaine bien peu édiante,etc.
L’aaire la plus sensible pour le peuple chrétien était la grande
campagne pour les indulgences. Le pape LéonX, ls de Laurent de
Médicis, Laurent le Magnique, voulant reconstruire de manière
splendide la basilique Saint-Pierre de Rome, celle que nous connais-
sons aujourd’hui, avait, pour cela, besoin de beaucoup d’argent. Il
lança donc en Europe, et en Allemagne en particulier, une grande
campagne qui concédait généreusement des «indulgences», moyen-
nant des aumônes que l’on espérait aussi généreuses. La prédication se
déplace alors des grandes vérités de la foi aux bienfaits spirituels des
indulgences. Les prédicateurs en arrivent à des arguments de bas
étage qui font du salut chrétien une sorte de troc nancier. Un grand
prédicateur dominicain des indulgences, le père Johann Tetzel, a
même vulgarisé ce proverbe : «Dès que l’argent sonne dans le tronc, il
y a une âme qui s’échappe du purgatoire.»
D’où viennent ces indulgences ?
Les indulgences sont issues de la pratique ancienne de la péni-
tence publique. À l’époque des Pères de l’Église, le dèle n’était sou-
mis au sacrement de pénitence que pour les fautes très graves (apos-
tasie, crime, adultère, etc.). Ces fautes exigeaient une pénitence
lourde et publique, comptant des observances diverses, dont l’exclu-
sion de la communion eucharistique. Cette pénitence s’étalait dans
le temps et pouvait durer plusieurs années. Bien évidemment, les
pénitents désiraient que la pénitence puisse être abrégée le plus pos-
sible. On pouvait le faire moyennant de bonnes œuvres et en parti-
culier une aumône. Quand, au Moyen Âge, la pénitence est devenue
privée, on considéra que le péché, même pardonné, comportait des
séquelles qui demandaient une purication dans l’au-delà. On a
transposé ainsi des éléments de discipline terrestre au mystère
transcendant du purgatoire, en y reportant des indications de jours
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