Connaissances des institutions d’éducation Rappel : la dimension contraignante du concept d’institution. 2 approches : Positive pour DURKHEIM Pour MARX, éclairage critique, éducation = aliénation. On n’échappe pas à la socialisation sinon on devient un enfant sauvage. Mais les enfants sauvages relèvent du fantasme, du mythe. Le plus célèbre d’entre eux : Victor de l’Aveyron au 18ème «élevé » par le docteur ITARD. Il ne parlait pas, n’était pas socialisé. ITARD n’arrivera pas à le récupérer : socialisation perturbée ou débilité pré existante ? .Victor meurt très jeune ; son développement physique était normal, son développement mental par contre s’est bloqué à un moment. Pour DURKHEIM l’éducation n’est ni plus ni moins qu’une manière de penser, une manière de sentir, une manière d’agir. On n’y échappe pas. C’est le seul mode d’adaptation à la vie en société. Mais elle est limitative (cf. La palette de sons prononçables à la naissance : totale mais l’acquisition du langage articulé fait perdre la possibilité de maîtriser ceux qui n’appartiennent pas à la langue maternelle ; les cordes vocales sont modelées par la langue maternelle, il y aura un accent dans les autres langues). Exclusion d’une culture par apport à une autre, au détriment d’une autre. B/ APPROCHES FAMILIALE THEORIQUES ET TYPES D’ORGANISATION 1/ LE PLAY ou «la conception traditionaliste » de la famille. LE PLAY est un philosophe français du 19 ème.il considère la famille comme la cellule de base de la société. Elle est constituée du père, de la mère & des enfants. C’est traditionaliste car c’est une organisation universelle et a-historique, immuable dans le temps & dans l’espace. Cela sous-entend une répartition des tâches, des rôles qui devient immuable aussi. Père = autorité, fonction éducative de l’adolescent, fonction économique ; mère = fonction nourricière, fonction éducative de la petite enfance, fonction affective. Cette dimension traditionaliste (mâle, femelle, progéniture et rôles marqués) existe dans toutes les sociétés & à tout moment. Toute autre organisation n’est plus une vraie famille(famille de marin où le père est souvent absent ; famille africaine où l’oncle a la fonction d’autorité...). Les 3 éléments qui caractérisent la conception traditionaliste de la famille : l’organisation ; les rôles et la correspondance entre la cellule familiale et l’organisation de la société elle-même. Exemple : société = roi + reine + peuple Famille = père + mère + enfants Le roi est à son peuple ce que le père est à ses enfants : aussi utile, nécessaire...le régicide est un parricide ! De plus, cette organisation familiale étant immuable, l’organisation de la société est elle aussi immuable ; maintien de cette organisation politique. Cela n’existe pas que dans la monarchie mais aussi : le maréchal PETAIN était le «grand-père »du peuple & en Russie STALINE était le «petit père » du peuple. La conception traditionaliste se retrouve dans différentes idéologies & à différentes époques. La dimension non évolutive de la société s’appuie sur la permanence de la famille. Une famille sans enfants n’est pas une vraie famille (comme un roi sans peuple). La notion de mariage est obligatoire aussi. 2/ BACHOFEN, MORGAN ET ENGELS ou «la conception évolutionniste » de la famille Le 2ème courant, évolutionniste, introduit la dimension de l’histoire, du temps, du changement, de l’évolution. La famille peut être organisée autrement au fil du temps et dans l’espace (d’une société à une autre). Les 3 auteurs sont de la fin du 19ème : BACHOFEN : allemand MORGAN : anglais ENGELS : allemand et ami de MARX Cette nouvelle conception se mêle à l’approche marxiste & la famille est alors considérée comme une organisation de production dont la forme est le produit des structures économiques du travail. Ce n’est plus la physiologie qui fonde la famille mais les structures économiques du travail. L’organisation en est différente pour produire ce qui est nécessaire à la vie selon les époques et les sociétés. La famille peut ainsi comporter plusieurs hommes ou plusieurs femmes. La propriété privée ou non, ville ou campagne ou mer, riche ou pauvre, peu ou beaucoup d’enfants... induit les différentes manières de s’organiser de la famille. Donc la famille a une histoire, elle évolue. Exemple : les Mormons. Européens, de la branche protestante, sont monogames. Ils s’exilent en Amérique où peu nombreux sur un grand territoire ils deviennent polygames pour étendre leur communauté. Puis quand l’Amérique devient les U.S.A. les Mormons repassent à la monogamie pour s’intégrer dans le pays. Et ce en l’espace d’un siècle : bon exemple de la conception évolutionniste ! Mais les 3 auteurs étant des bourgeois de la fin du 19 ème le summum des sociétés est la leur. Ils ne voient pas d’évolution à venir ; le passé a abouti à ce qu’ils vivent : conception de l’évolution linéaire. On passe : de la horde sauvage Plus ou moins de liberté sexuelle Harem Polygamie A la famille monogame Toutes les autres formes d’organisation sont des étapes. Les rôles se rétrécissent & s’organisent. En fait, fantasme de bourgeois du 19ème. L’organisation de la sexualité et le fait de s’occuper de ses morts sont les 2 conditions de l’humanité, de la société. C’est une erreur de penser que l’évolution est linéaire ; elle varie selon les changements économiques entre autres. La polygamie & le harem ne sont pas «en retard » par rapport à la monogamie, ce sont des autres organisations. Il faut garder l’idée de l’évolution mais non linéaire. Marc BLOCH : la société féodale. 3/ LEVI-STRAUSS ou «la conception structuraliste de la famille Claude LEVI-STRAUSS : né en 1900, anthropologue, professeur au collège de France... philosophe de formation, fait partie du courant structuraliste. Ses idées : a/ la famille n’est pas naturelle. Elle est une organisation sociale fondamentale des rapports entre les individus selon leur sexe, leur âge, leur position déterminée dans le groupe. Le fondement de ces rapports, même s’ils font intervenir la dimension biologique, ne peut en aucun cas être limité à cette dimension. Les hommes inventent des manières de s’organiser ; la famille est donc le produit & le moteur des relations établies entre individus & entre groupes. b/ le principe d’échange. Toute relation entre les hommes est fondée sur le principe d’échange qui suppose «don » & «contre-don » (réciprocité). « Les hommes échangent des biens, les hommes échangent des coups, les hommes échangent des femmes »(LEVI-STRAUSS). Cette phrase lui vaut les foudres des féministes. Or ce qu’il veut dire c’est que ce sont les femmes qui partent de leur famille pour aller dans la famille de leur mari. Ce principe d’échange sans lequel les hommes ne peuvent vivre amène à organiser des pratiques dans la production des biens, dans le troc et dans les relations sociales. Je ne peux pas produire tout seul ce dont j’ai besoinorganisation pour la production des biens. Nous n’avons quand même pas tout ce qu’il nous fautéchange de biens D’autre part, pulsion sexuelleguerre ou rapt ou organisation là aussi sur le principe de l’échange : don & contre-don. c/ la prohibition de l’inceste. Règle qui existe dans toutes les sociétés humaines. Jusqu’à LEVI-STRAUSS on pense que c’est dû à la conscience morale humaine, à une morale innée ainsi qu’à l’expérience biologique (consanguinitétares). Lui démontre que ça n’a rien à voir avec une conscience morale innée ni avec l’hérédité mais avec la structuration des relations sociales. L’inceste fondamental frère/sœur n’existe pas, même dans les sociétés où la relation sexuelle n’a pas de lien avec la grossesse. LEVI-STRAUSS : Les structures élémentaires de la parenté. Il montre que la relation frère/sœur est toujours interdite. A B Frère sœur Sœur frère J’ai besoin pour perpétuer mon groupe (A), ma culture, d’une femme. Je donne ma sœur à un homme de B qui lui aussi s’interdisant sa sœur me la donne. Tous gagnants : femme, progéniture, et en plus, une relation entre les 2 groupes, une alliance par le don et le contre-don... Cela paraît ridicule mais réponse de l’Indien d’Amazonie : Avec qui j’irais à la chasse ? d/ la règle d’exogamie l’emporte toujours sur la règle d’endogamie : Se marier à l’extérieur l’emporte sur se marier à l’intérieur. A l’intérieur d’un groupe, tendance sociale spontanée à l’endogamie (marie toi dans ta rue !). On se marie donc dans son groupe mais pas dans sa famille. On peut se marier dans sa famille mais pas avec ses proches. BLOCH : au moyen âge, notion de lignage. 4 lignées : A, B, C, D ; je suis un A, je me marie dans mon groupe, ma classe sociale (la noblesse) : endogamie. Mais l’exogamie l’emporte : je ne peux épouser une A, même si je n’ai pas de lien biologique avec elle (seul le nom compte). Mariage obligatoire dans la noblesse mais pas dans la famille e/ conclusion : Il en résulte que le terme de famille au singulier est insatisfaisant. Il vaut mieux parler de structures familiales comme le propose LEVI-STRAUSS. S’il y a une histoire possible de l’organisation familiale pour chaque société elle ne peut pas être une histoire universelle. On ne peut comprendre les relations de parenté que par la culture et jamais par la nature bien que celle-ci soit toujours spontanément avancée. Idée à retenir : La famille comme organisation humaine mais des structures de parenté qui donnent des réalités différentes du point de vue sociologique même si les fonctions sont constantes. Justification par la nature de l’instinct maternel : référence aux animaux, zoomorphisme, caractère moral prêté aux animaux. Aide la culture à justifier ses pourquoi. Claude LEVI-STRAUSS explique les différentes organisations en fonction des références mythiques. Exemple des clans du saumon, de l’ours, du crocodile qui échangent biens, femmes & coups selon une relation incompréhensible au départ. L’étude des mythes & légendes des différents clans fait apparaître une relation fondamentale explicative de l’organisation des relations entre les individus d’une même population. Cette organisation stable se maintient grâce à un mythe absolu. Référence au passé. Dans toutes les sociétés on trouve une organisation des alliances liée à une lignée à une culture et non au biologique. Il y a potentiellement autant d’organisations familiales que de sociétés. Les formes les plus générales : 1. Famille nucléaire ou conjugale : P+M+E. la plus petite formation nécessaire à la famille du point de vue européen. Contestable aujourd’hui : parent isolé 2. Polygamie : polygynie (plus importanteconfusion) Polyandrie : liée à l’histoire, minoritaire (Tibet) 3. Famille-souche : plusieurs générations sous un même toit mais avec un seul couple à chaque génération. Bien connue de notre société. Problème de la transmission des terres, des cadets (mousquetaires : cadets de Gascogne) 4. Famille indivise ou famille «étendue » : sous un même toit plusieurs générations au complet. Lignage : un ancêtre commun réel. Clan : un ancêtre commun mythique. Tribu : plusieurs clans sur un territoire Cousins : différencier en anthropologie les cousins croisés (enfant de la sœur du père ou du frère de la mère) et les cousins parallèles (enfant du frère du père ou de la sœur de la mère). Dans certaines sociétés mariage impossible entre cousins croisés & autorisés entre cousins parallèles, dans d’autres c’est le contraire ! Population BASSARI (Sénégal oriental) : animistes, peu nombreux, tradition de l’organisation du mariage & de la procréation. Le vrai père c’est le mari. Le géniteur, père biologique est différent du mari, père social au moins pour le 1er enfant. Les Européens et les habitants du bassin méditerranéen sont très préoccupés du lien entre père biologique et père social interdit de l’adultère & virginité de la femme au mariage (garantie du «vrai » père). Il faut toujours penser à quoi ça sert & dans quel contexte ça fonctionne. Le but est toujours que la société se perpétue. Homogamie sociale : se marier avec son semblable social : autre formulation de l’endogamie. Terme utilisé dans les sociétés de classes. C/ LA FAMILLE EUROPEENNE OCCIDENTALE : 4 GRANDES PERIODES DE L’ORGANISATION FAMILIALE En fait c’est une évolution. I. Du Moyen-Age au 15ème siècle : lignage et famille élargie. Rupture à la Renaissance. A l’époque en France 2 facteurs sociaux & économiques : mise en place d’une noblesse, guerrièreimportance des alliances d’une paysannerie : développement du territoire, défrichagenécessité d’être nombreuxnatalité & regroupement d’où 2 formes d’organisation familiale noblesse : lignage, peu d’importance de l’individu paysannerie : communautés élargies, familles : indivise, souche, nucléaire soit toutes les formes d’organisations et ce pour 2 raisons : la mortalité importante et les besoins(cf. Emmanuel LEROY-LADURIE) statuts individuels : mise en place du pouvoir paternel marqué par l’âge. statut mineur de la femme et de la fille, sauf dans la noblesse(cf. DUBY) statut de l’enfant : inexistant pour Ph. ARIES («l’enfant & la famille sous l’ancien régime » : A LIRE ABSOLUMENT). Ce n’est pas un individu en développement, à éduquer, à aimer... ils sont emprisonnés, chefs de guerre, habillés comme des adultes... quelle existence du sentiment affectif ? Peut se comprendre par la mortalité infantile qui oblige à mettre une distance. Thèse extrémiste. Cf. P A SIGAL «l’histoire de l’enfant au Moyen Age : une recherche en plein essor » in Histoire de l’Education n° 81 janvier 99. L’enfant comme force de travail dans la paysannerie. Ne pas nier la notion d’exploitation de l’enfant mais voir comment il est perçu : enfant ou petit adulte ? L’éducation : formation aussi bien pour la noblesse que pour la paysannerie autour du 14ème siècle, notion d’instruction & de moralisation essentiellement pour la noblesse. Conclusion : importance de l’homme et du plus âgé importance de l’aînédroit d’aînesse statut mineur de la femme sauf parfois dans la noblesse. Mais même chez les paysans où le partage des tâches est nécessaire. Dans la pratique, pouvoir de la femme qui ne correspond pas à ce qui est officiel sur le plan juridique & idéologique. Les conditions de production déterminent le statut des individus. La natalité : beaucoup d’enfants mais peu de «reste » : mortalité infantile & des femmes en couches. 2. Du 16ème au début du 18ème siècle : crise démographique, «crise de la pensée morale »et montée du souci éducatif. a) Avant la fin du 16ème, changements dans l’organisation familiale. Les grandes communautés du Nord de la France disparaissent. 2 facteurs d’évolution : Grandes épidémies (16ème et 17ème) déciment la société. Mortalité des enfants & des adultes. « Au 16ème, en France, le triplement du nombre de sépultures est un phénomène commun. Le taux de mortalité est de 120 pour 1000 soit 20 à 40% de la population d’une paroisse qui est envoyé au tombeau. »(ARMENGAUD). Crise démographique, réduction de la population. La taille des communautés se réduit & la fécondité diminue. Conséquences : La taille de la famille diminue. Le cadet a plus de chances de devenir héritier. Le droit d’aînesse est maintenu ainsi que le principe de la famille. différences entre les principes avancés & la réalité du terrain : C’est très souvent un cadet qui dirige la famille car le père et l’aîné sont morts. Changement des normes & des valeurs : on sort du Moyen Age. Réformes morales sur fond de Réforme religieuse. Une certaine moralisation l’emporte sur le «sacré ». L’enrichissement de l’Eglise est remis en cause. Développement de la pensée augustinienne qui va marquer le 17ème & qui introduit un certain intégrisme rigoriste par rapport à l’interprétation du Moyen Age. La relecture de la bible par saint Augustin amène une diminution du statut de la femme (cf. la pomme). Extension du droit romain à tout le territoire (supériorité de l’homme sur la femme). Arrivée de la pensée aristotélicienne : « la nature a créé des individus propres à commander & des individus propres à obéir. » (ARISTOTE la politique ch. II 2). Ces 2 phénomènes l’homme est par nature & doit être par culture supérieur à la femme. C’est au 17ème que le statut de la femme «plonge » & non au Moyen Age. Le Moyen Age est marqué par l’omnipotence de Dieu. Avec la Renaissance on sort de cela : arrivée de la pensée d’ARISTOTE, pensée scientifique & philosophique. Grèce antique RomeFrance & Europe du Nord : Dimension technique se heurte à l’idéologie religieuse (la loupe est interdite car elle grossit la nature !) Grèce antiqueMoyen Orientmonde arabe, Afrique du Nord : Dimension scientifique. En 1213 bulle du Pape autorisant la dissection des cadavres à une fac : Montpellier dont les médecins sont des arabes. Le savoir scientifique démarré en Grèce a été développé (astronomie, algèbre...) dans le monde islamique. Dans le sud de la France restera une pensée scientifique, venue du monde arabe, liée à une rupture avec le Moyen Age. Cette transformation idéologique a des conséquences sur le statut des individus, les liens de parenté... Développement du «souci éducatif » Lié à la réforme morale : il faut récupérer le paradis perdu en travaillant dur & en ayant une morale au-dessus de tout soupçon il faut moraliser l’enfant : pour lui permettre de sauver son âme & en plus pour gagner des indulgences. Manifestation de ce souci d’abord dans la noblesse & la bourgeoisie montanteenvoi dès 7/8 ans des enfants comme domestique dans d’autres familles, pour les dresser ! L’éducation se construit avec l’idée de dressage : défiance de la dimension affective & de la nature de l’enfant. La femme faible & sentimentale ne pourra éduquer son enfant, il vaut mieux les séparer. La scolarité est très faible. Les formes d’éducation sont en dehors de toute institution : familiale & professionnelle seulement. Mais au 17 ème, début d’alphabétisation dans les campagnes (cf. BADINTER : l’amour en plus ch. L’enfant qui fait peur : vrai dans la noblesse mais dans les classes populaires l’enfant représente une force de travail). b) De la fin du 17ème au début du 18ème. Fin 17ème, disparition des épidémies et faminesmortalité diminue, remontée démographique, trop de monde dans les familles ! La référence au passé étant assez immédiate (2/3 générations maximum) crise dans la famille élargie où les cadets ne trouvent plus leur place. Donc ils partentnaissance des 1er ouvriers agricoles, indépendants qui peuvent donc fonder un ménage : début de la famille conjugale nucléaire indépendante. On n’est plus dans un système d’alliance mais dans un rapport entre individus. Début 18ème prolifération de ces jeunes ménages à la campagne & en ville et démarrage du malthusianisme (contrôle des naissances) car peu de moyens. Le schéma politique et social est le même dans toute l’Europe mais en France le malthusianisme démarre un siècle plus tôt. Nouvelle pratique de mise à distance de l’enfant : la mise en nourrice surtout dans les classes aisées de la société. On passe de «l’enfant qui fait peur à l’enfant qui gêne ». Enfant qui fait peur = danger du chaos. Enfant qui gêne par intériorisation de la morale réformiste : fruit du péché de chair. Toujours du dressage & pas d’affectif. Cette pratique continuera jusqu’au 19 ème mais en descendant la hiérarchie. Phénomène idéologique deviendra économique et de santé publique (forte mortalité infantile). Développement de l’abandon d’enfants dans toutes les catégories sociales. En matière d’éducation : progression de l’alphabétisation. Diffusion des almanachs, seul livre dans les familles au 18ème. Dans la noblesse & la bourgeoisie montante, l’éducation est assez longue : nourrice, précepteur, collège de Jésuites (18ème) où l’on développe une culture qui permet aux enfants de bourgeois de ressembler aux nobles surtout pour les garçons. Les filles : éducation familiale, religieuse, morale pour devenir de bonnes épouses vertueuses (procréation & vertu !). 3. De la fin du 18ème au début du 20ème : famille conjugale & apparition de «l’enfant moderne ». Fin du 18ème, rupture dans les représentations, officiellement autour de 1760/1762 : parution de «l’Emile » de ROUSSEAU et de 1789 : la révolution. Caractéristiques de cette période : transformations importantes dues à 4 raisons : a) Transformation du monde paysan : Le malthusianisme se développe, réduction de la taille de la famille. En 1789, abolition du droit d’aînesse mais ça ne modifie pas dans la réalité le système successoral : encore «supériorité » de l’aîné, si ce n’est plus légal, ça reste légitime. Donc conflits au sein des familles entre collatéraux. Sur le plan sociologique, réorganisation des familles paysannes. D’autre part l’exode des cadets se généralisele salariat agricole & le salariat urbain prennent de l’ampleur. Augmentation des jeunes ménages urbains qui forment une famille peu nombreuse fondée plus sur l’attirance réciproque que sur les intérêts familiauxla dimension affective prend de l’importance. C’est donc dans le bas de l’échelle sociale qui ne possède rien que sa force de travail et ses qualités personnelles que va se constituer la famille moderne. Transformation de la relation à l’enfant due à la dimension affective & enfants moins nombreux. b) 2ème transformation : la montée de la bourgeoisie comme classe sociale & comme forme politique : c’est elle qui «fait » la révolution & ensuite tous les événements politiques du 18/19ème siècle. Couvre les domaines de la politique, de l’économique & du culturel. Elle impose son modèle en terme d’occupation de l’espace social & familial. G. MEYER : « L’enfant et la raison d’état ». Fin 18ème et 19ème, développement & réorganisation des grandes villes, cf. HAUSMAN à Paris. La rue devient un lieu de passage & non plus un lieu de vie : la bourgeoisie s’installe. La bourgeoisie vient du peuple & pour s’en différencier il faut s’en séparerconstruction de la maison bourgeoise : pas de communication entre la rue & l’intérieur de la maison contrairement aux habitations du peuple qui tiennent de l’abri, avec atelier ouvert sur la rue. La vie sociale pour le peuple inclut la rue, elle est majoritairement dans la rue(relations sexuelles...) : incompatible avec la mise en place de la bourgeoisie très rigoriste. Les lois sur le vagabondage seront édictées seulement sous Napoléon. La maison bourgeoise reprend toutes les activités du peuple en les enfermant entre 4 murs. Les chambres montent au 1 er étage, puis on monte un 2ème étage pour les employés(chambres de bonnes). La restriction de l’espace urbainplusieurs étages. Cette maison bourgeoise induit un ensemble de règles de vie, de comportement, de relation entre les individus. Dans le peuple l’enfant est à proximité de tous à tout moment. Dans la bourgeoisie l’enfant est «interdit » dans certaines pièces : bureau, chambre des parents... plus les individus sont proches dans l’espace, plus on va régler leurs relations : au niveau de la parole, des heures de repas... réorganisation de la vie sociale car concentrée dans un espace restreint ; va devenir une sorte de modèle de vie. L’éducation : le bourgeois n’est bourgeois que par son travail, il ne naît pas bourgeois, contrairement à la noblesse. S’il veut maintenir son statut, il doit travailler ; s’il veut maintenir son patrimoine, il doit travailler & éduquer ses enfants à entretenir ce patrimoinepréoccupation de l’éducation est extrêmemise en place de relations entre parents et enfants. Donc ne vont plus les envoyer ailleurs mais les garder sous leur contrôle : bonnes, nourrices, précepteur à la maison. Dès la fin de la petite enfance le père prend son fils avec lui & l’envoie en même temps au lycée. Double dimension : Intérêt porté aux relations parents-enfants Maintien de la méfiance quant à la relation affective. On s’éloigne du dressage mais on n’est pas dans l’affectif pur. c) 3ème transformation : montée de l’état & de la notion de citoyen : les individus ne sont plus le bon peuple du roi. Ils vivent en société, sont responsables de leur devenir. Eduquer l’individu c’est l’éduquer dans la famille mais aussi dans la société : cf. phrase de DURKHEIM : morale familiale=rapport au père & à la mère ; morale économique=rapport au travail ; morale politique= mode de vie du citoyenimportance accordée à l’éducation de l’enfant. Cf. Max WEBER : « l’éthique protestante & l’esprit du capitalisme » : construction du capitalisme et de la morale bourgeoise : fondement rigoriste, religieux, marqué par l’esprit de la Réforme : paradis perdu à regagner en travaillant, en étant moral... les grandes familles bourgeoises originelles ont une vie ascétique(jeûne, prière, travail...) parce qu’on n’est pas sur terre pour profiter. Le capital accumulé témoigne de ce «sérieux ». Puritanisme, crainte de Dieu, désir d’accéder au paradis...règles de vie de la bourgeoisie au 19ème sont très strictes : morale rigoriste. Conséquences sur le plan politique. d) 4ème transformation : la pensée rousseauiste : « la bonne nature », les bons sauvages... relations naturelles à leurs enfants : par exemple l’allaitement. Effet sur la noblesse qui perd son pouvoir mais aussi sur la bourgeoisie montanteils vont ramener leurs enfants chez eux pour les garder : abandon de la mise en nourrice à l’extérieur, on fait venir les nourrices à la maison : bretonnes, normandes, bourguignonnes. Va se développer un nouveau rapport entre la mère et l’enfant. La relation affective va progressivement être reconnue, valorisée. L’enfant devient un bébé, in nourrisson : cf. BADINTER citation de Mme d’Epinay «lettres à une dame occupée sérieusement à l’éducation de ses enfants ». Le sentiment maternel peut enfin être reconnu socialementnouvelle forme d’éducation. Caractéristiques du 19ème siècle : la famille conjugale devient le modèle dominant le mariage (dans la paysannerie & la bourgeoisie urbaine) marqué par les alliances financières chez les artisans & les ouvriers développement du «mariage romantique » : choix mutuel du conjoint, on se marie avec l’autre, pas avec sa famille, sur ses qualités propres, personnelles développement de l’amour maternel, d’abord dans la petite bourgeoisie pour BADINTER où les mariages sont encore arrangés. L’éducation des femmes est restreinte en termes de connaissances ; soumission au mari après avoir été soumises aux parents. « C’est chez ces petites bourgeoises de province, ni riches, ni brillantes que va se développer la stratégie de l’amour maternel » contrairement aux nobles qui ont soit l’argent, soit l’esprit(salons). « C’est à dire qu’en avançant l’idée d’une relation particulière entre la mère et l’enfant elle va constituer une situation d’où sera éloigné l’homme-père ». Grâce à la relation mère/enfant la femme prend du pouvoir par rapport à l’homme. Attention particulière du père à l’égard de sa progénitureimportance de la place de la mère donc de la femme. Relation de pouvoir : n’oublie pas que c’est grâce à moi que tu as un fils... tu me dois respect & protection. Chaque femme ressent l’amour maternel : éducation & phénomène d’incorporation, d’intériorisation. Ce pouvoir acquis se retourne contre elle au cours & à la fin du 19 ème car l’homme dira que toute fille est une future mère & qui se doit à ses enfants quel qu’en soit le prix : pas de divorce par exemple. Devenir mère pour se réaliser en tant que femmesouffrance pour les «vieilles filles » les femmes stériles... Le seul épanouissement passe par le mariage & la maternité ! Montée de l’état et de la notion de citoyen : la manière dont les individus se comportent vient de la façon dont ils ont été éduquéspréoccupation politique & économique de l’éducation. Perte de pouvoirs de la femme : 1804 : code Napoléon : femme incapable majeurne peut prendre aucune décision par elle-même. Mais pouvoir stratégique : acquisition du pouvoir maternel. C’est au 19ème que se développe le modèle, le culte de la Vierge Marieles femmes doivent se sacrifier pour leurs enfantsimage de la femme comme étant une mèreéducation des filles orientée vers le mariage & la maternité. Le modèle de la bourgeoisie domine sur le plan sociologique, économique & politique, social, culturel : 1ère étape : l’école devient obligatoire à la fin du 19ème ; puis constitution du monde ouvrier comme classe sociale. Monde urbain industrielclasse sociale comme prise de conscience d’appartenir à un groupe avec une culture propre, valorisée : image de la force masculine(de la virilité) & une image de la morale. En même temps domination bourgeoise très critique envers ce monde ouvrier, car : Monde ouvrier décrit par ZOLA, MARX : promiscuité, taudis, maladies... : monde de la misère : les ouvriers sont comme des bêtes. La bourgeoisie se rend compte que tous ces ouvriers constituent une force en puissance : émeutes, grèves... monde dangereux, à maîtriser, car besoin économique... il faut les éduquer, intervenir auprès de leurs enfants pour arriver à en faire des gens comme il faut. Préoccupation du contrôle. Les bourgeois se marient, les ouvriers non ! Beaucoup de vies maritalesidée d’éducation imposée par la bourgeoisie : c’est le mariage. En 1892 DURKHEIM : « Le mariage fonde la famille et en même temps en dérive, donc toute union sexuelle qui ne se contracte pas dans la forme matrimoniale est perturbatrice du devoir, du lien domestique &, du jour où l’état lui-même est intervenu dans la famille, elle trouble l’ordre public ». Dans cette 2ème partie du 19ème apparition dans la bourgeoisie de manuels sur les relations parents/enfants : 1868 : Ernest LEGOUVE : « Les parents et les enfants au 19ème siècle » 1869 : Gustave DROZ : « Monsieur, madame & bébé » 1888 : Bernard PEREZ : « L’éducation morale dès le berceau ». Dans ces livres : démonstration de l’instinct maternel, valorisation de la famille nucléaire, rôle du père, éduquer tôt. Savoir se tenir c’est savoir se retenir, à l’opposé de la culture ouvrière qui valorise la franchise, le «brut » l’expression directe qui fait moins attention aux manières. Brut pour les ouvriers, brute pour les bourgeois. Education moraleéducation familialeéducation publique & politique. 4. Au 20èmè siècle : Organisations et transformations familiales fondées sur l’enfant. Il serait bon de faire commencer le 20ème siècle après la 1ère guerre mondiale où on voit des transformations importantes : a) La guerre transforme la société sur le plan démographique, sur le plan de la vie quotidienne : absence des hommes les femmes prennent leur place en partie à l’usine, pour la production d’armement ; prise de pouvoir. Les femmes sont investies de rôles qu’elles n’avaient pas avant : autorité paternelle, éducation morale. b) Effets économiques : effondrement de quelques grandes fortunes. Puis en 29 crack boursierla grande bourgeoisie perd de son statut. c) Rapprochement (relatif) entre les classes sociales dans l’horreur de la guerre. Qu’y a- t il de nouveau dans ce 20ème siècle ? Organisation familiale : extension du mariage romantique même dans la bourgeoisie. Remontée du statut de la femme. 1920 : droit syndical sans autorisation du mari. 38 : capacité civile : être adulte à part entière. 42 : droit à l’activité professionnelle sans autorisation du mari. 45 : droit de vote. 70 : partage de l’autorité parentale. 75 : abolition de la loi sur l’adultère. 4 éléments qui caractérisent le 20ème siècle : Insistance portée sur la relation mère/enfant : Une bulle fermée, le père est dehors. La famille est composée de 2+1. WINNICOT : pas un mot sur le père : il a disparu ! . L’éducation du niveau de la petite enfance est une éducation par la mère ; pouvoiraides, droits... aux femmes enceintes ; sociétés de protection des mères et des enfants, pas des pères ! Le père est éloigné de cette bulle, il a une fonction seulement économique, la fonction affective est dans la bulle. femme Fonction affective Mère enfant épouse pas de relation affective père/enfant fonction affective homme mari père fonction économique Construction d’une éducation des garçons en direction d’une paternité très distante, s’occuper de sa famille, pas de ses enfants. Il doit nourrir les siens i.e. femme et enfants. 1ère partie du 20ème : Relation de proximité que n’avait pas la bourgeoisie. Relation très distante au 19ème. image de la virilité ; pas d’attendrissement ; père distant ; mère & enfants très proches. Importance de la psychanalyse qui a contribué à faire de la mère le personnage central de la famille. C’est le mode d’éducation de la petite fille qui détermine la bonne ou mauvaise mère. Sorte de médicalisation(FREUD est médecin) du comportement maternel qui se conjugue avec le discours de la morale du 19 ème. La «bonne mère se confond avec la mère vertueuse du 19ème ; la «mauvaise mère » avec la mère immorale du même 19ème. Le discours psychanalytique et le discours moral se confondent. Le discours psychanalytique construit une personnalité féminine, «la femme normale » qui subit le poids de l’interprétation freudienne : Mélanie KLEIN, Hélène DEUTSCH. Nature féminine=masochiste, passive et narcissique. Masochisme : agressivité originelle(la pulsion) refoulée et tournée vers soi. Opposé du garçon dont l’agressivité est tournée vers l’extérieur. Narcissisme : amour de soi transformé en désir d’être aimévision du viol. Prolongation du développement du lien état/enfant. A travers le contrôle des familles(DONZELOT «la police des familles ») : PMI, travailleurs sociaux, enseignants. A travers l’école qui socialise, éduque ; obligatoire de plus en plus longtemps(14 ans en 55, 16 ans en 64). On passe d’une socialisation familiale(par les pères) à une socialisation par les pairs. Chute progressive du pouvoir masculin Sur le plan juridique, diminution de l’autorité paternelle(MEYER «l’enfant et la raison d’état ») sur le droit de correction paternel : droit d’enfermement : pouvoir absolu. En 1889 on commence à vérifier le bien fondé de la demande du père. Assistance publique. 1935 : le président du tribunal décide de la durée du placement. 1958 : droit supprimé. L’autorité paternelle devient une autorité parentale en 70 : « ensemble des droits conférés aux parents dans l’intérêt de l’enfant ». 1987 : redéfinition de l’autorité parentale qui devient une autorité maternelle : « elle est exercée sur l’enfant naturel par celui des pères & mères qui l’a volontairement reconnu s’il n’a été reconnu que par l’un des 2. Si l’un & l’autre l’ont reconnu, l’autorité parentale est exercée par la mère. Elle ne sera exercée en commun que si une demande est faite auprès du juge des tutelles ». « Le règne de l’enfant-roi » : caractérise le 20ème, conséquence des 3 autres éléments. Avant, l’enfant n’était pas grand-chose : au 19ème, début de l’intérêt pour l’enfant mais pour des raisons économiques. Au 20 ème, l’intérêt est autre : l’enfant pour l’enfant, à protéger, élever, éduquer, aimer et c’est nouveau ! Droits de l’enfant, enfant comme personne à part entièreidées pédagogiques, éducatives & familiales. Le 20ème est centré sur l’enfant, il est l’objet essentiel des préoccupations parentales, devient un moyen pour chacun des parents d’avoir un pouvoir sur l’autre. La mère par le lien qu’elle a avec l’enfant diminue le pouvoir du mari & le père dans un lien à établir avec l’enfant maîtrise la montée de pouvoir de l’épouse. L’enfant devient l’objet de stratégies de pouvoir & c’est la 1ère fois. A cela, 3 raisons : Le mariage romantique est devenu le modèle : relation affective mise en avant. Son maintien est lié au maintien de la relation affective & l’enfant est comme une preuve, un témoin de cette relation et non plus le résultatenfant désiré(cf. prénom tombé en désuétude : témoigne du passage au mariage romantique). Homogamie : mariage à l’intérieur de sa classe : très nette & affiché dans la grande bourgeoisie & l’aristocratie, beaucoup plus cachée ailleurs. Notion de «beau mariage » uniquement pour la femme. Cf. Annie ERNAUX : « La place » «les armoires vides ». L’illusion de l’absence d’homogamie tient aux classes moyennes : petite bourgeoisie intellectuelle qui est le résultat de : ouvriers paysans petite bourgeoisie : artisan commerçant grande bourgeoisie capital culturel ++ petite bourgeoisie intellectuelle capital économique - Notion de capital culturel(BOURDIEU) qui n’a rien à voir avec le capital économique. Réduction de la taille de la famille qui atteste le maintien de cette relation affective : paradoxal : l’enfant prouve la relation affective & peu d’enfants prouvent la relation affective. Ceux qui ont beaucoup d’enfants ne se préoccupent pas affectivement de leur conjoint. Courbe en J inversé : Nombre d’enfants 1930 plus on monte dans la hiérarchie plus le nombre d’enfants diminue au début puis remonte légèrement 1970 + hiérarchie sociale « La maternité sous-prolétaire » M.C. RIBEAUD. Les classes moyennes sont aux postes clé, interviennent en terme de contrôle & de formationelles font peu d’enfants & veulent intervenir sur le nombre d’enfants. Contraception & contrôle des naissances chez les classes moyennes &supérieures. On se met à tenir à l’enfant, à l’aimer sans qu’il y ait d’intérêt matériel. Triple discours du sous-prolétariat en ce qui concerne la maternité trop nombreuse : indifférence, fatalisme Intérêt économique, allocations prénatales... Je ne sais pas quoi faire, je ne veux plus d’enfant. On «doit » des choses à l’enfant, idée nouvelle. L’enfant est chargé des projections parentales : la réussite rejaillit sur les parents en terme de satisfaction & de réussite. Les parents existent partiellement à travers l’image que la société a de leur enfant. Le phénomène n’est pas limité à la famille mais il est social. Le modèle sociétal va dans le sens du souci de l’éducation des générations à venir. Média, politique, idéologie... vont dans ce sens. Cet enfant-roi arrive à son apogée avec le baby-boom ; encore fixé fin du 20ème. Dans la dernière décennie, cette image tend quand même à évoluer dans la mesure où la réussite, le développement individuel a pris de l’importance, surtout pour la femme. Si la femme peut se réaliser en dehors de la maternité, l’enfant perd un peu de sa position suprême. La femme a le choix(surtout dans les classes moyennes). L’évolution du statut féminin fait évoluer le statut de l’enfant Changements importants caractérisant la 2ème moitié du 20ème siècle Changements démographiques : baby-boomtransformation des sociétés occidentales, bouleversement. 50/60 : phénomène de l’enfance & de l’adolescence. 60/70 : prolongation scolaire vers 70 : prennent les postes clés. Remise en question des cadres(peu de diplômes, formation personnelle...). changement de vocabulaire, publicité : jeune loup dynamique... Ils arrivent avant la crise économique &la subissent mais partiellement. D’autre part ont fait peu d’enfantsconstruction d’une gérontocratie : nombreux ; aux postes clés ; se sont formés tout au long de leur vie ; accumulent connaissances, expériences et l’entretiennent ; s’accrochent au pouvoir, sont en bonne santé... Sont partis pour vieillir en gardant longtemps leur potentiel ; problème des retraites aussi. Cette génération a mené la société d’un bout à l’autre de sa vie. Dates du baby-boom : début marqué en 41/42(Vichy : politique nataliste + pulsion de vie). Très fort en 4555 environ. 62 : véritable fin. D’autre part, peu de mortalité infantile ; hygiène ; conditions de vie améliorées : habitat, médical... ce n’est plus une aventure d’accoucher. sont nombreux à être conçus, nourris, survivre ; ne connaîtront pas de guerre mondiale ; se développent, grandissent ; bénéficient de la prolongation de la scolaritémoteur de bouleversements culturels de mai 68. Génération relativement protégée tout au long de sa vie. La petite bourgeoisie a plusieurs sens car elle correspond à plusieurs réalités : petite bourgeoisie nouvelle, intellectuelle mais aussi petite bourgeoisie pas nouvelle la petite bourgeoisie ancienne «en déclin »(BOURDIEU) car correspond au monde des artisans, des petits commerçants : exemple le petit épicier qui gagne sa vie comme il faut, a une position intermédiaire économiquement & culturellement entre ouvriers & bourgeoisie. L’ouvrier rêve de devenir petit commerçant ; le petit commerçant d’entrer dans la bourgeoisie. Sur le plan sociologique elle a un pouvoir : dans le quartier, peut dire qui fait quoi, qui paye, qui a des enfants bien ou mal élevés... Après 45, développement des petits supermarchés, puis des grands, puis des hyper chute des petits commerçants & de l’artisanat(industrie). Vers 60/70 le monde artisan & du commerce chute : déclin économique & social. La petite bourgeoisie en déclin par rapport à la petite bourgeoisie nouvelle. Petite bourgeoisie d’exécution(BOURDIEU) i.e. les employés «à l’ancienne » : du privé, du public qui ont un faible capital culturel scolaire & qui ont acquis, avec le temps & grâce à la guerre & à l’expérience, des postes légèrement supérieurs : chefs de bureau... alors qu’ils n’ont pas les diplômes. En difficulté vers 70/80 face aux diplômés qui peuvent revendiquer ces postes & sont plus jeunes : grande période des conflits de bureau : les vieux contre les jeunes, mais en fait construction de la catégorie. « Les classes moyennes » représentent une population importante avec des différences importantes entre professions, âges, parcours scolaire... magma social où les individus sont en lutte pour détenir un territoire social, intellectuel, économique. Les enfants du baby-boom viennent de ce milieu, unifiés par la prolongation de la scolarité. Changements économiques : augmentation de la nécessité de compétences intellectuelles apprentissage qui se fait par alternance & non plus sur le tas : passage obligé par l’école, CAP à partir de 60. L’intérêt porté à la prolongation scolaire fait que, l’école n’étant pas le chantier, les filles vont pouvoir de plus en plus rivaliser avec les garçons. Complémentairement, dans la 2 ème partie du 20ème, développement du secteur tertiaire qui nécessite des compétences scolaires et amène l’arrivée des femmes dans ce secteur. « Entrée dans la vie active » des femmes veut dire : celles qui ont un certain bagage & dans le secteur tertiaire car le travail en usine par exemple était déjà investi par les femmes. Changements idéologiques : 1) Transformation en matière d’idéologie politique : i.e. comme conception de l’organisation de la société. Bouleversement des normes & valeurs des sociétés occidentales, lié aux 2 points précédents : baby-boom & changements économiques. Grande importance puis minimisation des événements des années 60. En fait avec le recul : changements très importants. 2) Importance des femmes : féminisme, égalitarisme. Mouvements féministes vers la fin des années 70 : profond, importanttransformation liée à la dimension démographique & à la prolongation scolaire, dans un domaine où on demande des compétences. Ces 3 types de changements ont des répercussions sur l’organisation familiale, la vie en couple, la production d’enfants, la question de l’élevage & de l’éducation. On va passer dans la 2ème partie du 20ème à l’existence d’une multiplication de formes juridiques & organisationnelles de la famille. I. Le mariage : début des années 60, la forme juridique la plus commune pour vivre en couple. Vivre en couple c’est être marié : les autres formes ne sont pas correctes : concubinage, vie maritale, vivre «à la colle »... le mariage garde de l’importance même s’il diminue en nombre entre 72 & 87. A partir de 88 aujourd’hui remontée lente mais régulière, en sachant que le nombre statistique est insatisfaisant car ne distingue pas les 1er mariages des remariages Evolution de l’âge moyen au mariage : 1960 1970 1980 1990 Garçons 26 24,5 25 28 Filles 23,5 22,4 23 26 En 1960 on est sûr que c’est le début de la vie en couple ; en 1990 ce n’est pas le reflet de la réalité : on ne sait rien de ce qui se passe auparavant. Y a-t-il un lien entre le mariage & l’arrivée d’un enfant ? En 60, coïncidence : on se mariait & on avait un enfant ou on se mariait parce qu’un enfant était arrivé ou en route. S’il y a un lien, en 90, âge avancédiminution du taux potentiel de fécondité. Caractéristique essentielle des 30 dernières années : décalage entre vie de couple, entrée dans le mariage & arrivée du 1er enfant. Autrefois, ils coïncidaient & sont maintenant distanciés : tous les cas de figure sont possibles. II. L’union libre : forme montrée du doigt, «a normale » vers 60 ; se développe en 2 étapes. Vers 70 : cohabitation juvénile : fin d’adolescence, entrée dans le monde adulte ; elle débouche dans 2 cas sur 3 sur le mariage : forme de «mariage à l’essai »(travail de FLANDRIN). Vers 80 : tend à devenir une forme stable i.e. ne débouche pas sur le mariage. Cohabitation juvénileunion libre. Militantisme idéologique car peu d’avantages sur le plan juridique. Evolution du vocabulaire administratif : concubinage union libre. Quand elle est reconnue culturellement sur la base d’une réalité sociologique, on pensera à la reconnaître juridiquement(PACS). Quand on ne sait plus où est la norme, la société évolue : le modèle idéal est déplacé. La loi suit la majorité des comportements sociologique(les précède parfois) cf. PACS & loi VEIL 75. En 90 : la moitié des cohabitants ont plus de 31 ans : ce n’est plus une affaire de jeunes, & 1/5 a au moins 45 ans : l’union libre est donc une forme stabilisée de la vie en couple. Cela ne signifie pas que tous les couples en union libre vivent ensemble depuis longtemps. En effet au-delà de 40 ans il s’agit le plus souvent de personnes divorcées ou séparées à la suite d’un mariage antérieur. En 1892 DURKHEIM écrit : « Le mariage fonde la famille & en même temps en dérive, donc toute union sexuelle qui ne se contracte pas dans la forme matrimoniale est perturbatrice du devoir, du lien domestique & du jour où l’état lui-même est intervenu dans la famille, elle trouble l’ordre public. » Le phénomène du divorce : bizarre tant qu’il est rare & = rupture de la vie conjugale, familiale ; échec, ce qui est le cas années 60. A partir de là, risque de plus en plus importantfait partie de l’aventure du couple. Maintenant ceux qui se marient pensent au divorce ; les statistiques sont là. Caractéristique : pendant longtemps dans les faits & pas dans la loi ; séparation mais pas officiellement. 3 périodes : Les années 50 : les divorces : au bout de 6/8 ans de mariage en moyenne(règle des 7 ans) puis ensuite chute des ruptures. Les années 60 & le début des années 70 : période la plus forte des divorces. Entre 65 & 75 : taux x 3 ! On divorce au bout de n’importe quelle durée du mariagepas lié à la durée ni à la génération mais au contexte sociologique & économique de l’époque. Notions contestées : famille, mariage. Augmentation de la cohabitation juvénile & de l’union libre. Contestation des valeurs fondamentales. Fin des années 70 & années 80/90 : le divorce reste important mais diminue en nombre absolu puisque le nombre des mariages diminue aussidifficulté à dire si les couples tiennent mieux aujourd’hui qu’il y a 20 ans : incertitude sur la durée des couples. Pas de repérage sociologique. III. Dans nos sociétés : le divorce (avec l’U L) est la caractéristique la plus flagrante de la rupture avec la vie familiale des siècles précédents. En moyenne 1/3 des mariages contractés Dans les années 90 finira par un divorce : estimation. Conséquences : - Phénomène qui, d’exceptionnel avant, devient minoritaire maintenant. Fait partie des risques envisageables, plus que d’être veuf ou veuve ; alors que pour les générations précédentes, c’était le contraire. - En 90 ¼ mariage est un remariage, de divorcés. Mais les divorcés tendent à se remarier de moins en moins et de plus en plus tard. Ce qui n’était pas le cas pour les veuvages. - Développement de l’U L des divorcés, les hommes plus que les femmes ; par le jeu de l’âge & les enfants, différence entre hommes & femmes. L’homme reconstituera plus facilement un couple en U L car les femmes ont le plus souvent les enfants à charge. - Manière dont on va considérer les enfants du divorce. Vers 60 considérés comme perturbés... quand le divorce n’est plus exceptionnel enfants du divorce mieux acceptés, moins «prédéterminés ». - IV. Après séparation, recomposition du paysage familial. Au milieu des années 80, 1/5 adolescent ne vit plus avec ses 2 parents. La plupart de ces enfants ont recommencé une vie familiale avec un seul parent, peu avec un beau-parent. Début des années 90,1/4.Les divorces & les séparations arrivant de plus en plus tôt, ils touchent les enfants de plus en plus jeunes. La recomposition familiale : forme la plus récente, la plus complexe, la plus incertaine à analyser & à vivre. Elle met en place des liens inconnus jusqu’alors entre des individus qui doivent réinventer leur statut & leur rôle. Ne passe pas forcément par des formes juridiques reconnues. Qui a quel statut & quel rôle ? Les relations affectives peuvent ou non s’établirla relation d’autorité évolue. La recomposition familiale prend de l’importance mais donne une multiplicité de formes(infinie ?) avec très grande difficulté à définir les positions, les rôles de chacun au sein de la famille. Pas de vocabulaire pour ces différentes positions. Besoin de nouvelles définitions de ces statuts. INSEE obligé de définir la notion d’enfant en famille recomposée : celui qui réside avec un beau-parent & a moins de 19 ans. Frère & sœur non-germains = 2 enfants qui n’ont pas de lien de parenté biologique mais dont la mère de l’un vit avec le père de l’autre. Famille monoparentale = notion considérée de 2 manières : - Forme d’organisation familiale à part entière : un enfant volontairement seul Etape dans le processus de l’individu & du couple = familles divorcées. D’une part les enfants sont de plus en plus jeunes lors de la recomposition familiale ; d’autre part ils sont plus longtemps soumis au risque d’une rupture à venir. Plus l’enfant est jeune, plus la R F est rapide, plus le risque d’une 2ème rupture est grand. V. La notion de célibat : 2 manières de le considérer : - Individu non marié, jamais mariéceux qui vivent en U L sont célibataires ! aspect juridique - Individu vivant seul : aspect sociologique : période de vie passée sans conjointen moyenne s’allonge, résultante de plusieurs éléments : Les jeunes de 20/24 ans vivent seuls à 4/5 (années 80/90) Fragilité des unions quel qu’en soit le typealternance de séquences de vie en couple & de vie sans conjoint. Evolution de la scolarité & de la professionnalisation des femmes : cf. « Mariage, dot scolaire & position sociale » de SINGLY in Economie & statistique n° 142 (1982). A diplôme égal un homme en couple a plus de chances de faire une carrière professionnelle qu’une femmeà l’inverse des hommes, les femmes diplômées vivent moins en couple que les femmes sans diplôme. Plus le diplôme est élevé, plus le phénomène est marqué. Les filles ne sont majoritaires en fac que depuis 1980. VI. La natalité : Le baby-boom (44fin 60). Baisse de la natalité vers la fin des années 60(cf. courbe en J inversé) surtout pour les familles très nombreuses & dans les classes moyennes. Pour la 1ère fois, idée de former une famille sans enfant, un couple fondé sur les relations sexuelles & affectives. Très nouveau & original ; conception intellectuelle & mise en pratique volontaire. Contexte idéologique : bouleversement de la vision du monde : progrès des sociétés humaines infini, fin de l’euphoriecatastrophisme planétaire, danger de la démographie galopante, rapport planétaire nord/sud, tiers monde sous-développé... réflexion générale de ceux qui sont scolarisés : les classes moyennes. Contrecoup : le vieillissement de la population(gérontocratie). Les effets du recul de l’âge d’entrée en vie de couple(raisons économiques, prolongation scolaire, valorisation de l’autonomie...). après 2 ans de mariage, 1/3 des couples est sans enfant. Diminution de la fécondité : mécanique & biologique. La natalité est une donnée socialement & politiquement peu maîtrisable. Chaque fois qu’une politique nataliste est mise en placerésultats mitigés. Idem pour le contrôle des naissances. Agnès PITROU : MIRE(mission interministérielle) « Approches sociologiques des politiques familiales » : « Le débat sur la politique nataliste est un débat récurrent parce qu’en France, le courant traditionaliste à fondement catholique favorable aux familles nombreuses, s’est heurté depuis 2 siècles à un courant rationaliste & malthusien ». renvoie à un phénomène plus large : opposition courants traditionaliste & rationaliste caractérise notre société. Peuvent cohabiter chez les mêmes individus. Les grands scientifiques : certains athées, certains croyants. Idem dans le monde ouvrier : idées marxistes... & courant ouvrier chrétien catholique très fort. Dans toutes les classes sociales se retrouve cette opposition. On constate une étroite corrélation entre l’élévation du niveau d’éducation des filles, des femmes & la tendance à mieux maîtriser la fécondité cette corrélation est plus forte que la corrélation avec le degré d’urbanisation ou avec le niveau économique, bien que les soient souvent associés Corrélation causalité. Paul LAZARSFELD : les pompiers & le feu : corrélation permet de constater, mais pas de dire le lien de causalité. Le débat autour des incidences du travail des femmes sur les comportements procréatifs est resté longtemps enfermé dans une causalité simpliste(le fait de travailler entraîne la baisse de la fécondité). Or rien ne permet d’affirmer cette causalité. On s’aperçoit que loin de la rationalité économique, les liens qui rattachent vies professionnelle, parentale, familiale, pour les hommes comme pour les femmes, varient selon les situations socio-économiques, selon le bagage culturel & éducatif, & selon la mobilité sociale éventuelle. En fait tous les cas de figure sont possibles : complexité des situations & des trajectoires des familles ; stratégies personnelles. KELLERHALS (82) : « Mariage au quotidien, inégalités sociales, tensions culturelles & organisation familiale » Editions Fabre : « Plus les milieux sont aisés plus s’élargit la palette des identités extra-familiales accessibles, l’enfant à venir entre alors plus facilement en concurrence avec d’autres styles de vie. » Milieu aisé = plus sur le plan culturel qu’économique. A l’opposé, dans les milieux les plus modestes, populaires, l’enfant apparaît encore comme le moyen principal, voire unique d’acquérir un statut social reconnu. Quitte à être pauvre, mieux vaut être une femme avec beaucoup d’enfants(qu’un homme seul, sans enfantclochard) stratégie économique & reconnaissance sociale, même si les problèmes restent énormes pour ces enfants là. Références : COMMAILLE : « Les stratégies des femmes. Travail, famille & politique » 92 Editions de la découverte. CHAUDRON : « Vie de famille, vie de travail » in DE SINGLY : « La famille, l’état des savoirs » 91 Editions de la découverte. La natalité hors mariage : phénomène qui a affecté, caractérisé tous les pays européens depuis les années 60. Dans certains endroits : plus de 20%. Le phénomène a été rapide : en France, 11% en 80, 16% en 83, 24% en 87. Il est lié à la CSP de la mère(49% pour les étudiantes, 35% pour les professions de l’information & du spectacle, 7% pour les agriculteurs), au mode de vie, à la scolarisation, à la culture. Lien aussi avec le mode de vie en couple. Quand on parle de monoparentalité : divergences importantes. Depuis toujours la maternité célibataire existe : les « filles-mères », les veuves(de guerre ou accident du travail), les mères divorcées, le veuvage saisonnier. En fait, la différence st dans la notion d’illégitimité : fillemère, divorce pendant longtemps. Importance des facteurs socioculturels préexistants à la notion de monoparentalité. Vers 80, maternité célibataire = nouveau mode de vie, modèle potentiel issu, construit dans certaines catégories sociales mais qui vont glisser vers d’autres catégories sociales. Début dans les classes moyennes : maîtrise de la fécondité donc de la maternité donc appropriation de la maternité dans le sens où l’autre n’est plus que le géniteur. Cette conception intellectuelle de la maternité se fait chez les femmes de bon niveau scolaire, installée socialement... : propre à une catégorie. mais cette pratique a glissé dans des catégories où traditionnellement on subissait la maternité : plus faible capital scolaire, faible situation socioéconomique & socioculturelledifficultés nouvelles. La séduite-abandonnéela réalisation de mon désir. Premier point de conclusion générale Comment l’organisation familiale est une institution. a) Idée de contrainte (qui s’impose aux différents membres de cette organisation) qui peut être analysée : Relation de domination homme/femme, parents/enfants, membres de la fratrie(droit d’aînesse, fille/garçon) Suppose plusieurs fonctions : Fonction nourricière, d’élevage de l’enfant, besoin d’une intervention humaine pour son développement Fonction éducative : socialisation de l’enfant, régulation des pulsions par l’inculcation des valeurs qui lui permettent de vivre dans la société dans laquelle il se développe : vision psychanalytique(cf. production artistique comme canalisation de la pulsion de vie Fonction reproductrice (sens sociologique) : imposition de modèles de comportement valorisés de façon absolue, exclusifs de tout autre, pour chaque culture à chaque moment de son histoire, tendant ainsi à perpétuer l’ordre, l’équilibre existant. Fonction de stabilisation (cf. Talcott PARSONS), de réalisation & d’optimisation des rôles masculin & féminin dans la société. C’est là qu’on trouve les mécanismes de la moralisation comme fondement de la contrainte institutionnelle : 2 aspects : SOUMISSION aux règles (DURKHEIM), autonomie, choix volontaire, socialisation ALIENATION :critique de cette notion, manipulation (MARX) Les 2 ont leur sens, leur valeur, sociologiquement parlant. En terme de changement, le changement se fait A L’INTERIEUR de l’institution par l’adaptation des statuts & des rôles de chacun aux contraintes économiques & techniques à chaque période de l’histoire & non pas par le changement DE l’institution i.e. s’il y avait changement de l’institution, la famille apparaîtrait & disparaîtrait. Or elle persiste avec les différentes fonctions. Les changements sont liés à la réalité extérieure : économique, technique... LEVI-STRAUSS : le jeu de cartes. Cette transformation à l’intérieur de l’institution donne l’illusion de la transformation de l’institution elle-même puisque la fonction de reproduction impose des modèles absolus. Si ces modèles se modifient on a le sentiment que l’institution change (COOPER 68 : « Mort de la famille » titre aberration, transformation mais pas mort). Conclusion(suite) : Différences d’organisation de l’institution famille dans le temps & l’espace. Ce qui caractérise les dernières décennies : transformation rapide de notre sociétémodes d’organisation de la famille changent. Nombreuses études sociologiques à partir de 1960 : naissance de la sociologie de la famille. Vers fin 70 et aux environs de 80 : nouveaux modes d’analyse de cette institution. 1. Remise en cause du schéma parsonien(PARSONS) en 55 aux USA : « La famille américaine » : schéma admis : notion de compagnonnage équilibré : l’homme/père au travail, la femme/mère à la maison. Pas en terme de domination mais de répartition des tâches : chacun son domaine : homme = fonction économique ; fonction éducative = homme & femme, mais plus grande importance de la femme surtout pour la petite enfance ; dimension affective = homme & femme mais idem pour la femme. Sociofonctionnaliste i.e. les positions des individus liées à leur fonction. Ce type d’analyse va être abandonné : nouvelles théories marquées par la psychologie sociale : 2. Théorie des ressources : les conjoints considérés comme des décideurs qui cherchent à optimaliser l’organisation familiale(comme une entreprise). Formes d’organisation familiales différentes sont analysées en terme de rationalité & non plus en terme d’orthodoxie ou de déviance(exemple : pourquoi telle famille décide de faire x enfants alors que les voisins en font plus ou moins ? Pourquoi à un moment y a-t-il divorce ? ... : les individus décidentautre forme mais pas plus ou moins déviante). Tout cela fait partie d’un calcul rationnel. 3. Sociologie du pouvoir, de l’inégalité : approche sociologique de la famille en terme de pouvoir & d’inégalité. Conceptualisation, analyse de l’organisation familiale & du mariage comme forme d’échange inégal de ressources elles-mêmes inégales. Egalité homme/femme = discours idéologique mais non réel. Inclure : aspects économiques(travail, salaire, biens...) ; socioculturels(niveau & type d’études) ; socioaffectifs(éducation reçue, socialisation, aspects psychologiques). On sait depuis DURKHEIM que l’institution du mariage statistiquement protège davantage l’homme du suicide. Des travaux récents s’opposent à cette théorie de la vie en couple comme protectrice de l’homme : cf. SENNETT : « Les tyrannies de l’intimité » 1979 : le groupe familial peut être générateur de frustrations & de violences(analyse de pouvoir !). 4. 70/80 : approche nouvelle des familles divorcées : plus sous l’angle de la carence, d’un échec mais sous l’angle d’une dynamique sociale. Notion de carence explicative du divorce pendant longtemps : carence de socialisation(jeune âge au mariage ; absence de connaissance mutuelle ; climat familial perturbé) manque de ressources(sens économique : pouvoir d’achat ; outils intellectuels d’analyse des difficultés de couple ; faiblesse des gratifications affectives) manque de proximité culturelle, idéologique, intellectuelle entre les conjoints(homogamie sociale, différence d’âge, de religion, de race, d’éducation, d’étude) : ont du sens mais aussi du non-sens : pas critère absolu. Divorce sous l’angle moins pessimiste de dynamique sociale. Situation anomique et/ou pathologique de l’aprés divorce. Anomie = absence de normes de référence, disparition de ces normes. anomique : adjectif utilisé par DURKHEIM dans « Le suicide » : essai de typologie des différents suicides. Suicide anomique : quand dans une société, les conditions (économiques, idéologiques) sont brusquement mauvaises(guerre, krach...) le nombre de suicides augmente ; dans le cas d’une amélioration brusque idem. DURKHEIM dit que le problème est le changement brusque qui entraîne une situation anomique & les individus ne savent plus à quelles normes se référerperturbation dans leur manière de se comporter. L’anomie peut être le résultat d’un conflit non résolu entre des normes différentes. TURNBULL(anthropologue anglais) : «Un peuple de fauves »population des Iks (Ouganda) chasseurs, valeurs, normes... mais création d’une réserve pour les animauxIks deviennent des braconniers, vont vers les montagnes où il y a plus d’animaux à chasser. Quand TURNBULL revient 2/3 ans plus tard : beaucoup de morts, société déstructurée... Situation anomique : pas le temps social de passer de la situation des chasseur à autre chose. Nouvelles normes imposées qui ne correspondent à rien. L’aprés divorce analysé comme situation anomique & pathologique : les enfants de divorcés sont obligatoirement perturbés. Aujourd’hui cette conception a toujours du sens mais est complétée par l’image d’une situation « d’inventivité relationnelle ». PRICE- BONHAM(1980) : favorable à des relations moins sexistes, moins stéréotypées, plus égalitaires. Situation toujours anomique mais non en terme de désorganisation mais en terme d’innovation, de réorganisation. Plus le divorce augmente, plus il se banalise, plus il rentre dans la normalité, comme phénomène probable, plus les relations entre les individus sont marquées par cette probabilité. De moins en moins une exception ; perturbant mais plutôt changement, réorganisation. Manière plis positive de considérer le divorce. 5. Notion d’innovation : dans les familles recomposées ce qui impose à la société de réinventer la notion de famille & le mode d’approche de la famille. Famille nucléaire = union des 2 parents pendant longtemps. Les familles recomposées sont plus facilement saisissables à partir des enfants & des espaces qu’ils définissent. Famille des années 60 : mariage = compagnonnage comme modèle unique70/80. Vers 90 ce modèle unique st insuffisant face à l’éclatement, la diversité des styles relationnels familiaux. Elaboration d’une typologie de ces styles relationnels en essayant d’en définir les critères. Mise en jeu de 3 variables : Distingue les familles qui ont une cohésion par fusion, consensus entre les membres & d’autres familles dont la cohésion repose sur la spécificité, l’autonomie de chacun de ses membres(exemple de fusion : homme & femme travaillent ensemble au même endroit, mêmes horaires.... : partagent tout. A l’opposé, chacun a son travail, ses loisirs, ses sorties...). Mode de régulation différenciant les familles à dominante normative de celles où la coordination des actions est plutôt à dominante communicationnelle(exemple : ritualisme fort, règles extérieures stables & constantes : référence religieuse ou culturelle ou politique ou de lignage. par opposition : aucune norme n’est définitive : la relation à l’autre dans une situation donnée définit le comportement de l’individu ; l’intention & le désir l’emportent sur la règle). Axe de l’intégration, opposant les familles « ouvertes » à des familles repliées, « fermées ». familles ouvertes = relations internes se nourrissent des contacts extérieurs fréquents. Familles repliées assurent leur équilibre par élimination des perturbations externes. Institutions d’éducation Education, socialisation et institutions éducatives Déf. sociologique de l’éducation de Durkheim : Action qu’exercent des générations d’adultes sur ceux qui ne sont pas encore mûrs pour la vie sociale. Le but de l’éducation c’est de susciter chez l’enfant un certain nombre de comportements physiques, intellectuels et moraux afin qu’il sot adapté au groupe dans lequel il va vivre. Ambiguïtés : On éduque l ‘enfant pour qu’il évolue dans un même groupe toute sa vie ou on l’éduque pour qu’il vive dans un groupe quel qu’il soit (adaptation à l’autonomie) ? Comportements physiques, intellectuels et moraux : ces 3 termes sont associés, l’un est la transcription de l’autre (un comportement physique entraîne un jugement moral et une interprétation intellectuelle. Susciter : inculquer, faire apparaître certains comportements chez les enfants qu’ils ont déjà en eux. Comment inculquer l’autorité ? par la contrainte physique ou morale conscient conscient inconscient (aliénation) institution Toute organisation à l’intérieur de la société dont les règles vont être clairement définies et auxquelles on va accorder une valeur symbolique et dont on va dire qu’elles sont fondées sur des valeurs et porteuses de ces valeurs et qu’elle induit des normes de comportement. Elle définit les rôles et statuts de chacun. Institutions d’éducation Approche théorique et type d’organisation familiale Conception traditionaliste de Le Play Dans cette conception il y a papa, maman et les enfants comme cellule de base de la société. Si on enlève l’un des 3, il n’y a plus de famille. Famille microcosme Papa –maman famille macrocosme roi -reine Enfants peuple Vision statique de la société figée historiquement et éthnocentrée qui se pose comme une réalité absolue. Conception évolutionniste de Bachofen, Morgan et Engels 2ème partie du XIXème. La famille est une organisation sociale parmi d’autres. Le comportement du père peut ne pas être endossé par le père. C’est une nouvelle organisation mais la famille reste quand même la cellule de base de la société. Qu’est-ce qui fait évoluer la famille ? L’infrastructure économique détermine les superstructures telles que la famille. Famille bourgeoise européenne du XIXème Famille nucléaire l’évolution de la famille n’est pas linéaire, on ne passe pas de la famille la plus large à la famille la plus restreinte Famille élargie Famille polygame O O O horde sauvage . conception structuraliste de Lévi-Strauss L’organisation familiale est une structure des relations sociales en terme de parenté. (appui sur le biologique, l’économique et le symbolique) les 3 sont inséparables et forment une structure Principe d’échange et de réciprocité (permet la construction d’alliances. Transformer les relations sociales en relation de parenté permet de renforcer les institutions) Principe de prohibition de l’inceste ( argument social : exemple des indiens d’Amazonie) La règle d’exogamie (épouser un individu en dehors du groupe) l’emporte sur la règle d’endogamie (épouser un individu dans son groupe)mais on ne peut pas se marier avec qqn d’un groupe trop éloigné ou avec lequel il n’y a pas de relations sociales. B A + +dot pour compenser le manque institutions d’éducation la famille européenne occidentale : 4 grandes périodes de l’organisation de la famille 1. Du moyen-âge au Xve siècle : lignage et famille élargie Le monde paysan : Communautés familiales composées d’individus apparentés qui partagent une résidence mais il peut y avoir des étrangers (domestiques, apprentis). C’est la période d’extension des cultures et tout se fait à la main donc il y a beaucoup de main d’œuvre. La famille du moyen-âge est instable : forte mortalité des adultes et des enfants. Mais les formes d’organisation familiale peuvent être différentes d’une région à l’autre. 3 statuts individuels : Pouvoir masculin respectant la hiérarchie de l’âge et l’importance accordée à l’aîné. Statut officiel mineur de la femme mais elle a un rôle essentiel (travail et maison) Statut de l’enfant inexistant, il n’a pas de caractéristique propre, il passa de « poupart » à petit adulte donc on lui confie des tâches à la mesure de ses forces de travail. La noblesse : On favorise le lignage à partir d’un ancêtre. Les différents lignages se positionnent en relation négative ou positive par rapport aux autres lignages et empêchent toute relation individuelle. L’identité est subordonnée au groupe d’appartenance. Pouvoir masculin respectant la hiérarchie de l’âge et l’importance accordée à l’aîné. Statut mineur de la femme mais il y a eu des exceptions (pendant les croisades, les seigneuries ont été confiées aux femmes) Pas de représentations d’enfants, ce sont des petits adultes habillés en adulte. Critique : l’absence de documents montrant l’enfance ne garantit pas l’absence d’enfance. Historiquement il y a des bribes de témoignages de l’enfance (jouets, écrits). 2. Du Xve au début du XVIIIe siècle : crise démographique, « crise de la pensée mentale » et montée du souci éducatif Dans le monde paysan Cette période se caractérise par les famines et les épidémies qui s’accompagnent d’une crise démographique, les communautés familiales disparaissent. (mortalité multipliée par 3) Les familles deviennent plus petites, mais tous les droits traditionnels sont conservés (droit d‘aînesse, patriarcat, dominance de l’homme par rapport à la femme…) A la fin du XVIIe, la mortalité diminue, il y a une remontée démographique et les idéaux de la famille deviennent insupportables (droit d’aînesse, autorité patriarcale). Crise de la famille élargie et exode rural des cadets (= prémisses de la famille conjugale moderne) Les cadets vont vendre leur force de travail et vont constituer un pécule pour former une famille, il n’y a plus représentation d’une famille mais d’un individu. (mariage romantique basé sur l’affection et la qualité des époux contrairement au mariage d’intérêt). Dans la noblesse On voit apparaître le souci de l’éducation des enfants sous forme de dressage. L’enfant commence à être vu comme un être qui a des particularités, un humain qu’il faut socialiser(le bébé qui naît est à l’état de nature, de chaos, donc il faut dresser l’enfant sous peine de créer le chaos). Un des moyens pour maîtriser l’enfant est de l’éloigner de tout ce qui pourrait l’influencer, notamment des relations affectives avec la mère et les femmes. Moralisation de la société qui l’emporte sur le sacré (relecture des textes, mise en cause de la richesse des religieux qui sont devenus des seigneurs). La crise démographique permet le maintien des idées (mais pas en pratique) : idéologie du contrôle de la nature qui permet le développement des sciences et des techniques. Apparition du malthusianisme (contrôle des naissances) par différents moyens : Absence de relations sexuelles Infanticides (volontaires ou non) Il y a maintien du souci éducatif. Par sa présence, l’enfant introduit une gène, il est donc mis en nourrice « pour son éducation ». Pourquoi ? Extension de la pensée d’Aristote et de saint Augustin. Aristote : développement d’une idéologie scientifique qui ne touche pas à la religion. Saint Augustin : relecture des textes sacrés (pour avoir des enfants il faut commettre le péché de chair donc le fruit de ce péché est gênant) 3. De la fin du XVIIIe au début du XXe 2 dates importantes : 1789 1762 (parution de l’Emile) A. Transformation du monde paysan Malthusianisme, abolition du droit d’aînesse, exode des cadets, réduction de la taille de la famille B. Montée de la bourgeoisie Les anciens propriétaires fonciers s’installent en ville pour établir des manufactures. Classe sociale dominante qui donnera la possession capitaliste. La bourgeoisie se distingue du peuple par son éthique (capitalisme, protestantisme et ascétisme). La montée de la bourgeoisie s’accompagne du développement urbain et de l’éloignement du peuple. La rue est un lieu de sociabilité, de commerce, d’échanges… pour le peuple, leur lieu de vie. Les bourgeois vont construire des maisons closes sur la rue à l’image de nos maisons modernes. Chaque pièce correspond à un acte de la vie quotidienne (office, salon, salle à manger…) Les bourgeois se différencient aussi de la noblesse par l’architecture des maisons : Noblesse : les bâtiments s’étalent en largeur (campagne) Bourgeois : les bâtiments s’élèvent (villes) Ils mettent en place des règles de vie et de comportement pour chaque acte social (manières de table, d’habillement, façon de parler) Ils contrôlent leurs naissances : ils ont les moyens d’avoir beaucoup d’enfants mais ils ne peuvent pas se permettre de trop diviser le capital lors de l’héritage. mais il y a aussi montée de l’intérêt pour l’enfant (si on en fait peu, il faut les garder en bonne santé et si on veut qu’ils ne dilapident pas l’héritage, il faut les éduquer) Apparition d’un nouveau modèle familial : parents et enfants ont des devoirs les uns envers les autres. Nouvelle répartition des parents : autorité du père et affection de la mère. C. Montée de l’état et de la notion de citoyen Montée de la notion d’état dans tous les domaines de la vie sociale et contrôle de la vie privée. L’état veut des citoyens et non plus des sujets (ressemblance idéologique pour participer au fonctionnement de l’état) Création de l’assistance publique Contrôle de l’éducation qui entraîne une diminution de l’autorité paternelle, les parents en sont plus maîtres de l’éducation de leurs enfants (valeurs, pratiques éducatives, comportements transmis…) Généralisation de la pensée de Rousseau Les pauvres mettent leurs enfants en nourrice alors que les bourgeois font venir la nourrice chez eux. Ceux ci dénoncent les familles défavorisées sur cette pratique alors qu eux même le faisaient un siècle auparavant. Les bourgeois tentent d’imposer leur conception de la famille et de l’éducation. Pour eux, l’enfant est un individu à former, choyer… pour lequel on réinvente les catégories (enfance, adolescence) alors que pour le peuple il est une force de travail et on doit le mettre le plus vite possible dans une situation d’adulte. Naissance de la notion d’amour maternel La femme est sous la tutelle de son mari et son seul moyen d’acquérir de l’autonomie est de faire des enfants (c’est grâce à elle que le nom est perpétué) sons seul pouvoir est sa relation biologique avec l’enfant. Dans le monde artisan, l’amour maternel se met aussi en place même si la femme travaille et qu’elle n’a pas besoin de l’enfant comme moyen de pression. Dans le monde ouvrier, le modèle conjugal et le choix mutuel des conjoints devient une généralité mais le mariage n’est pas forcement effectué (une cérémonie coûte cher), ce qui est immoral pour la bourgeoisie. D.Education du peuple par la bourgeoisie La bourgeoisie veut éduquer le peuple comme elle éduque ses enfants : développement de l’individu par l’idéologie, instruction et éducation morale comme stratégie économique. Par la police : la rue n’est plus un lieu de vie donc être dans la rue c’est traîner dans la rue Par le développement du travail social : charité des particuliers puis de l’état, ils peuvent contrôler les familles jusque chez elles. Par le monde du travail : les patrons bourgeois vont développer le paternalisme bourgeois en construisant des logements sociaux à l’image des maisons bourgeoises. Conséquences Puisque l’éducation est considérée comme nécessaire, l’état se préoccupe d’éducation (formation du citoyen et éducation familiale). Création de l’école de Jules Ferry (le meilleur moyen d’éduquer le peuple c’est d’éduquer les enfants sur les valeurs considérées comme bonnes) Les filles deviennent objet de préoccupation sous la IIIe république car si l’éducation se fait par la famille, c’est la femme qui est au premier plan donc il faut les éduquer pour contrôler ce qu’elles apprendront à leurs enfants. En plus, elles sont sous l’emprise du clergé donc il y a danger pour les idées républicaines. 4. 1ère partie du Xxe siècle : organisations et transformations familiales fondées sur l’enfant. Caractéristiques familiales du Xxe Modèle conjugal Relation mère/enfant Conception éducative Rencontre entre éducation familiale et éducation publique. Le statut de la femme Il évolue à travers le travail : Pendant la seconde guerre mondiale (les femmes remplacent les hommes à l’usine) Avec le développement de la classe ouvrière (poussées syndicales des femmes qui participent aux mouvements ouvriers et qui acquièrent une reconnaissance) Qques dates 1920 : droit syndical sans autorisation du mari 1938 : capacité civile (ouvrir un compte par ex) 1942 : droit d’avoir une activité professionnelle sans autorisation du mari 1945 : droit de vote 1970 : partage de l’autorité parentale 1975 : abolition de la loi sur l’adultère féminin 4 éléments importants du Xxe statut de la femme/mère : Le père profite de la relation mère/enfant pour reprendre le contrôle de la famille (elle ne peut partir sans ses enfants et subit le jugement de la société : bonne ou mauvaise mère) Selon Freud, la personnalité féminine est passive, masochiste et narcissique. L’agressivité du garçon est tournée vers l’extérieur, celle de la fille vers l’intérieur, d’où la domination de l’homme. Si la femme souffre c’est pour combler son manque de masculinité. Lien entre état et enfant Il y a contrôle des familles (Donzelot : la police des familles). Il y a un certain nombre de d’examens pendant la grossesse puis de la naissance jusqu’à l’âge adulte. L’école intervient en complément de la famille puis à la place de la famille. (l’enfant passe du père aux pairs). Le statut masculin Passage du contrôle paternel au contrôle parental. En 1889, la demande de correction paternelle subit une enquête, si cette demande est trop forte, la demande se retourne contre le père. En 1935, c’est le tribunal qui décide du placement des enfants. En 1958, le droit de correction paternelle est supprimé. Il reste tout de même une notion d’autorité paternelle qui devient en 1970 une autorité parentale. Autorité parentale : Ensemble des droits conférés aux parents dans l’intérêt de l’enfant. En 1972, loi sur l’égalité des salaires En 1975, loi sur le délit de discrimination sexuelle puis sur le harcèlement sexuel. En 1987, l’autorité parentale qui tend à devenir une autorité maternelle si l ‘enfant a été reconnu par les 2 parents. Dans les années 90, il y a une transformation des régimes matrimoniaux(l’homme n’est plus le seul à gérer la situation familiale). Le statut supérieur de l’enfant Il est l’objet des préoccupations parentales (morales et économiques), des caresses maternelles mais il est aussi le moyen de domination de chaque parent (dans le divorce il est un enjeu juridique). Mère+enfant>père Père+enfant>mère Le maintien du mariage romantique est soumis au maintien de la relation affective dont l’enfant est la preuve. L’enfant des années 60-70 est un enfant unique car il monopolise l’affectivité des parents, d’ailleurs, un homme qui fait beaucoup d’enfants à sa femme est déconsidéré car il ne la respecte pas. Conséquence : L’enfant est chargé des projections parentales en terme d’avenir (réussite scolaire puis économique). Ce phénomène est plus qu ‘un phénomène familial, c’est un phénomène social qui va dans le sens du souci de l’éducation des générations à venir, et il devient le modèle dominant. D’où le développement de la psychologie de l’enfant(on passe d’une conception morale et philosophique de l’enfant à une approche scientifique). Dans la 2ème partie du Xxe siècle, cet intérêt va aussi s’étendre aux pères. 5. 2ème partie du Xxe siècle changement démographique (baby-boom) 2 exceptions au maintien constant du nombre d’enfants : o baby-boom de 1919 à 1921 o Baby-boom après la 2nde guerre mondiale. Le taux d’enfants augmente vraiment dès 1945, il a une grande ampleur et dure 18 ans. Surtout, les enfants ne meurent pas (couverture sanitaire, amélioration de l’habitat) En plus, ces enfants vont échapper aux autres guerres (trop jeunes pour les guerres des colonies mais trop vieux pour celles de Yougoslavie ou du Kosovo) Ils sont adolescents dans les années 60-70 et vont faire partie des mouvements qui vont transformer la société. Pendant la crise de 1975, ils sont déjà installés dans le monde du travail. Dans les années 80, ils sont adultes et parents et ils forment les nouvelles formes d’organisation familiales. A la fin du Xxe siècle, ils sont toujours en poste et bloquent l’arrivée des jeunes dans le monde du travail ; ils préparent leur vieilllesse :notion de 3ème âge et forment une gérontocratie. Changement économique Evolution du monde du travail liée à l’évolution du monde de la production (après la guerre il faut de plus en plus de compétences intellectuelles, on passe de l’apprentissage sur le tas à la scolarisation prolongée). On voit le développement du secteur tertiaire qui demande des compétences scolaires et qui va être occupé par les femmes. Changement idéologique Généralisation à toutes les catégories sociales du modèle dominant de la bourgeoisie (valeurs, comportements) à la fin du XIXe, début du Xxe siècle. On voit apparaître une contestation de ce cette culture dominante qui ne la bouleverse pas mais tend à la modifier (mouvements féministes, idéologie de la libération qui valorise le souci de l’originalité individuelle) d’où le développement d’un intérêt porté à la psychologie et à la psychanalyse. La famille devient un relais entre l’état et les générations à venir (contrôle de l’élevage et de l’éducation). On crée le statut d’adolescent. Evolution de l’organisation familiale Jusqu’au début des années 60 il y a 3 manières de vivre en famille : o Célibataire o Marié(e) o Veuf ou veuve Tout le reste est considéré comme une déviance sociologique. A cette époque, on pense que les enfants de divorcés sont forcement perturbés. La vie maritale est critiquable sur le plan de la morale et est pensée comme une impossibilité de se marier (les unions-libres de cette époque se terminent deux fois sur trois par un mariage dans les 4 ans qui suivent le début de la cohabitation à cause des pressions). Les sociétés européennes poussent au mariage comme garantie de stabilité selon la pensée de Durkheim : « Le mariage fonde la famille en même temps qu’il en dérive. Donc toute union sexuelle qui ne se contracte pas dans la forme matrimoniale est perturbatrice du devoir, du lien domestique et, du jour où l’état lui-même est intervenu dans la famille, elle trouble l’ordre public. » dans les années 70, les possibilités sont multiples o Mariage o Union-libre o Divorce (le nombre de divorces croît et il est considéré comme une forme d’organisation familiale) En 1950, le divorce est une rupture du mariage qui intervient en moyenne entre 6 et 8 ans de mariage. En France en 1960-1970, le nombre de divorces est multiplié par 3 mais ils ne sont pas liés à la durée du mariage. En 1980-1990, stabilisation du nombre de divorces à un niveau important qui entraîne une reconnaissance du statut de divorcé. Il est envisagé en même temps que le mariage. A la fin des années 90, il y a une remontée du nombre de mariages et de la natalité. L’ordre traditionnel est bouleversé, on est plus forcément marié quand on a des enfants. D’ailleurs, il y a un changement du langage, par exemple, on ne dit plus fille-mère mais mère célibataire. La famille recomposée Il y en a toujours eu (mortalité donc remariages) mais ce qui est nouveau c’est que les familles se constituent à partir d’histoires familiales précédentes, il y a introduction des membres de la famille précédente dans la nouvelle famille. Leur formation est essentiellement issue du divorce et comme c’est une forme nouvelle, il n’y a pas de références traditionnelles dans le domaine comportemental et langagier. Il n’y a pas non plus de statut donc on ne peut pas définir le rôle des nouveaux conjoints, ils sont conjoncturels d’une famille à l’autre, les rôles peuvent changer, d’où le problème pour les études sociologiques. Il faut inventer de nouveaux mots : Notion d’enfant en famille recomposée Couple d’adultes mariés ou non avec un enfant né d’une union précédente de l’un des deux conjoints. Les enfants qu sont ceux des deux parents avec demi-frères et demi-sœurs sont en famille recomposée mais ne sont pas en famille recomposée car ils ont leurs deux parents qui vivent ensemble. Les autres enfants sont frères et sœurs non germains : Deux enfants qui n’ont pas de lien de parenté mais dont le père des uns vis avec la mère des autres. Notion de célibat Alternances de séquences de vie seul ou en couple. Traditionnellement, le célibat c’est ne pas être encore marié, maintenant, on peut redevenir célibataire ou le rester même si on vit avec quelqu’un. On peut être célibataire sans être « vieille fille » ou « célibataire endurci » Remise en cause du schéma familial parsonien Parsons a écrit en 1955 : la famille américaine. Ce schéma correspond à la famille conjugale comme compagnonnage équilibré (père au travail, mère au foyer avec tâches affectives et éducatives partagées), pour lui, il y a des fonctions liées à chaque membre du couple. Théories psycho-sociales et économiques La théorie des ressources : les conjoints sont considérés comme des décideurs qui visent à optimiser la production familiale. On n’analyse plus la famille en terme de déviance mais en terme de rationalité. L’analyse sociologique Inégalité et pouvoir. Il y a une norme idéologique d’égalitarisme. On conceptualise le mariage comme une forme d’échange inégal de ressources inégales (salaires, biens, aspects socio-culturels) Le groupe familial peut donc être générateur de frustration et de violence. Les familles divorcées sous l’angle du produit d’une dynamique sociale Et non plus en terme de carence. Le divorce comme manque : De socialisation (mariage trop jeune, peu de connaissances de l’autre, climat familial perturbé) De ressources (économiques, culturelles) De gratification affective réciproque De proximité (intellectuelle, idéologique, culturelle) Dynamique sociale : Chaque individu à sa propre évolution idéologique, intellectuelle. A un moment donné les membres d’un couple ont des choses en commun, quand ils n’en ont plus, ils divorcent. L’après divorce est une situation d’inventivité relationnelle (dynamique relationnelle) On aboutit à la multiplication de typologies d’organisations familiales qui prennent en compte les modes d’organisation de vie des membres de la famille entre eux. Famille ouverte sur l’extérieur famille fermée Famille « autonomie » famille « fusion » Famille normative famille communicationnelle (tout se discute) I.Education, socialisation et institutions éducatives 1. Durkheim : une définition sociologique Au cours des siècles, l’ « éducation » a eu différentes définitions : - Sous l’ancien régime elle était réservée à la noblesse, aux proches du pouvoir : l’éducation du peuple émanait du groupe social, familial. Chez les princes il y avait quand même pas mal d’analphabètes, ce n’était pas tous des intellectuels - 17ème/18ème siècle : réapparition de l’idée selon laquelle éduquer n’est pas seulement élever l’enfant mais aussi cultiver son esprit = instruction + moralisation (indissociables), d’où l’expression « avoir de l’éducation », « être éduqué ». Cette conception se développe dans la noblesse mais aussi dans la bourgeoisie (qui participera à la révolution) - fin 18ème : notion conçue pour la première fois pour la totalité de la population avec les penseurs des lumières, la révolution. Ce sont les « sauvages » qui prennent la place des « non éduqués » dans la société française, des « non dotés d’intelligence », des « immoraux », puisque les paysans entament leur exode urbain, leur moralisation devient indispensable. - Fin 19ème : le monde urbain industrialisé prend le pouvoir sur le monde paysan Définition de Durkheim (Education et sociologie) : « l’éducation est l’action exercée par les générations adultes sur celles qui ne sont pas encore mûres pour la vie sociale1. Elle a pour objet de susciter2 chez l’enfant un certain nombre d’états physiques, intellectuels et moraux3 que réclament de lui la société politique dans son ensemble et le milieu social auquel il est particulièrement destiné4. » 1) l’enfant est un individu en devenir : en tant que tel l’être humain n’est pas encore un être social à part entière 2) faire surgir chez l’enfant et non pas imposer ; c’est une conception très nouvelle puisque avant on inculquait les comportements 3) ce sont 3 états inséparables qui se confondent ; face à un évènement je réagis de 3 façons différentes 4) peut se comprendre de 2 façons différentes : pour rester dans son milieu social ou pour le faire évoluer vers un autre 2. « Education » ou « socialisation » : un faux débat pour les sciences sociales La socialisation est une nécessité absolue pour devenir un être humain (être humain = être social). La socialisation se fait automatiquement dès la naissance : elle est indispensable car l’Homme n’est pas un animal comme les autres, on ne naît pas « fini » (on ne sait pas marcher, manger seul, …) ; le nouveau-né a besoin également de communication verbale et infra verbale (sinon il a un problème psychologique de développement), cette communication est différente d’une société à une autre. Elle prend une dimension affective : même négative elle est indispensable. La socialisation inculque les 3 états (physique, intellectuel et moral) et les liens entre les 3 : plus elle est entamée tôt et plus longtemps elle est inculquée et reste difficile à défaire. La socialisation induit donc des états physiques différents selon les sociétés et signifiant différentes choses : le langage est le résultat de la socialisation, une fois qu’on a appris à parler notre langue on est pratiquement incapable de reproduire des sons qui n’existe pas dans notre langage, alors que nouveau-né on est capable de tout faire. On peut supposer qu’une éducation large (= ne rien apprendre de particulier) peut permettre de ne pas se socialiser dans une société particulière et d’être « adaptable » à toutes mais en fait un enfant a besoin d’exemple pour se construire, sinon il est incapable d’évoluer, il devient débile. 3. Le concept d’institution La socialisation passe par la contrainte. Selon Durkheim, toute institution éducative se caractérise avant tout par son aspect contraignant, elle n’est pas naturelle. L’institution a une force à laquelle on ne peut pas résister, insurmontable, parce que l’autorité est soutenue à 2 niveaux : forces physiques la morale, qui a plus d’impact que la force physique (on est capable physiquement de se battre mais notre morale nous l’interdit) La morale est le fondement de l’autorité institutionnelle sous forme de : respect autonomie (cf. « susciter ») l’éducation tient son rôle uniquement si l’enfant se fait sa propre morale, le but étant qu’il adhère lui-même à la morale et qu’il applique les règles comme étant les siennes propres. Corollaire = liberté des individus + régulation de la société Karl Marx estime pour sa part que ce mécanisme est une aliénation. Un groupe n’a pas les moyens intellectuels de réfléchir sur sa condition et ne peut donc pas l’analyser, la critiquer (en particulier le « sous-prolétariat »). I.Approches théoriques et types d’organisation familiale 1. Conception « traditionaliste » (LE PLAY) La famille est la cellule de base de toute société Conception la plus classique, la plus ancienne. Elle fixe dans le temps ce qu’on appelle une organisation familiale : la famille = papa + maman + enfants (élimine de fait tout autre type d’organisation) Projection de la cellule de base sur la société : roi + reine + peuple (écarte de fait la révolution) Vision statique Conception ethnocentrée : c’est le système de référence ; quand il y a rencontre avec d’autres formes de société elles sont considérées comme sauvages ou en retard. 2. Conception évolutionniste (BACHOVEN, MORGAN, ENGELS : Origines de la famille, de la propriété et de l’Etat) La famille n’est plus donnée biologique de départ mais une organisation de production : l’être humain transforme la nature pour sa propre vie, survie, et doit s’organiser avec d’autres dans ce but (Marx). C’est une organisation de production au même titre que les autres organisations humaines de production en fonction des contraintes géographiques, économiques, d’habitation, … Ce sont les structures économiques du travail qui influencent les structures d’organisation de la famille (infrastructures). L’organisation familiale n’est pas figée, cette conception permet d’entrevoir des changements, d’accepter des organisations différentes (dans le temps et l’espace), des statuts et des rôles différents d’une société à une autre. On peut noter une erreur : Les conceptions traditionaliste et évolutionniste se rejoignent donc à cela près que la famille est un aboutissement pour les évolutionnistes et un fondement biologiste pour les traditionalistes. 3. Conception structuraliste (C. LEVI-STRAUSS) La famille n’est pas naturelle, elle est une organisation sociale fondamentale basée sur les rapports entre individus selon le sexe, l’âge, la position dans le groupe. La famille est donc le produit puis le moteur des relations établies dans le groupe. 3 éléments fondamentaux : - les hommes échangent des biens - les hommes échangent des coups - les hommes échangent des femmes La règle d’exogamie l’emporte toujours sur l’endogamie Les représentations des principes de l’échange trouvent leur fondement dans une réalité sociale passée, toujours symbolique et pouvant se présenter sous forme de mythes. BLOCH dans La société féodale évoque le « lignage » : l’origine / le nom l’emporte sur l’individu, c’est-à-dire que la construction de l’individu est difficile, il n’a pas d’identité. Point de vocabulaire : - On parle de famille souche lorsque plusieurs générations vivent ensemble mais un seul couple pour chaque génération - Famille indivise / étendue : vivent sous le même toit les parents, enfants et petits-enfants mariés - Les cousins parallèles sont les enfants du père et du frère du père / de la mère et de la sœur de la mère - Les cousins croisés sont les enfants du père et de la sœur du père / les enfants de la mère et du frère de la mère Chez les Bassari au Sénégal oriental l’éducation se fait à l’intérieur des groupes d’âges : les enfants et adolescents se retrouvent dans des cases selon leurs âges et se socialisent entre eux. Les parents n’interviennent quasiment plus dans leur éducation. En Asie Confucéenne : - Le moi-je n’existe pas ; « je » n’existe que par rapport aux autres (frères, sœurs, père, mère, …), on s’adresse aux individus selon leur position (ex. : si on rencontre quelqu’un plus jeune ou plus vieux on l’appelle par rapport à sa position, « Dis donc grand-père ! ») - La fille est soumise à l’autorité de son père La femme est soumise à l’autorité de son mari La veuve est soumise à l’autorité de son fils aîné Chaque individu bénéficie d’un statut en même temps qu’il participe à l’organisation de la société. II.La famille européenne occidentale : quatre grandes périodes de l’organisation familiale 1. Moyen-âge – XVème siècle : lignage et famille élargie Au Moyen-âge la noblesse féodale met en place le lignage ; les paysans eux, prennent toutes les formes de familles : souches, indivises, communautés. Dans le développement des villes on trouve un groupe familial composé d’individus apparentés qui partagent le même lieu de résidence ; à cela nous pouvons ajouter les apprentis, compagnons, domestiques qui ne sont pas apparentés biologiquement aux membres de la famille mais considérés comme des membres à part entière. Importance du père (ou le plus âgé) dans les instances de décisions alors que l’épouse et les enfants ont une place aussi importante dans les activités de production, ont un statut mineur par rapport à ce père. Instabilité démographique compensée par la rigueur de l’organisation familiale : Privilégier le fils aîné qui assure la succession Doter les filles et les marier à l’extérieur (ôter tous droits sur les biens familiaux) Valoriser le mariage endogame de l’aîné Statut de « puis né » = défavorisé, pas de terres, sans moyen, célibataire et considéré comme le domestique. Statut de la femme = mineur, objet d’échange ; mariée très tôt. Dans la noblesse la femme peut tout de même remplacer le seigneur. L’enfance est marquée par une mortalité élevée XVème siècle 60 % décèdent avant 20 ans ème XVII / XVIIIème 30 % décèdent avant 1 an XIXème la moitié meurt avant 1 an, 1/3 avant 20 ans Le statut d’enfant est donc inexistant : pas d’affectivité, aucune réalité physique ni civile. Ils sont considérés comme de petits adultes (ex. : pas de vêtements d’enfant), lié aussi au fait que l’enfant est un acteur économique : le sentiment maternel existe mais il est refreiné par la société. Evolution importante due à plusieurs éléments : Avant la fin du 16ème siècle des grandes familles du Nord et de la région parisienne disparaissent à cause des famines, épidémies (d’où baisse de la natalité et diminution de la taille des communes) Forte mortalité infantile donne des chances aux cadets de devenir héritiers malgré le droit d’aînesse : les mariages de « puis nés » augmentent donc la menace de division du patrimoine apparaît Transformation des coutumes rend fragile l’indivisibilité du patrimoine Bouleversements culturels importants : réformes en terme de religion entraînent des réformes morales Le souci éducatif réapparaît d’abord chez les nobles et les bourgeois : L’enfance apparaît comme un objet d’éducation important L’enfance fait peur L’enfant est un produit du pêché : nature / pas social On l’éloigne de toute relation affective surtout avec sa mère Chez les paysans les enfants conservent l’image d’adultes. Au 17ème siècle, on passe d’une enfance qui fait peur à une enfance qui gêne : Hausse démographique grâce à la baisse de la mortalité infantile Le droit d’aînesse est de plus en plus difficile à supporter : les cadets s’en vont et deviennent les 1ers ouvriers agricoles, libres de se marier ; les 1ers modèles de familles nucléaires indépendantes apparaissent. Malthusianisme (= contrôle des naissances) apparaît. Au 18ème siècle : Dans les familles aisées on place l’enfant Il y a quand même relations affectives mais ce n’est pas correct en public Dans les familles modestes de plus en plus recours aux mères nourricières parce que la mère travaille 1762 : l’Emile de Rousseau contribue à faire changer les choses début 19ème : les bourgeois commencent à garder les enfants chez eux 4 raisons de la transformation : dans le monde paysan : exode de plus en plus des cadets la population paysanne se transforme en ouvriers 1789 : abolition officielle du droit d’aînesse ; un ménage = 2 personnes qui se rencontrent et non plus 2 familles, l’affectivité du couple se reporte donc sur les enfants montée de la bourgeoisie : développement du capitalisme et hausse du pouvoir économique et politique le mode de vie bourgeois est le modèle pour l’organisation de la maison et du quartier montée de l’Etat et de la notion de citoyen = éducation nécessaire pour la formation du citoyen valorisation de l’allaitement grâce à la pensée rousseauiste, donc remise en question de la nourrice Plusieurs changements perceptibles : Le chef de famille est le mari et non plus le père Apparition du mariage romantique L’organisation familiale change considérablement grâce à la relation parents / enfants qui devient affective Statut de l’enfant : V. HUGO dans Les Misérables décrit 2 modèles d’enfant chez les Ténardier – Cosette et les filles Ténardier. Il s’agit du double statut de l’enfant au 19 ème siècle : on l’éduque, le protège mais on l’emploie aussi comme force de travail. Le code Napoléon donnait à la femme un statut mineur. La femme est avant tout une force de travail économique et domestique. Au 19ème siècle la femme ouvrière a le statut le plus précaire que l’on connaisse parce qu’elle est ouvrière et mère : développement du phénomène de mise en nourrice. La femme ouvrière n’apparaît pas aux bourgeois comme une vraie mère. Ce que l’on nomme « nature » n’est en fait qu’une seconde nature marquée par la culture : il n’y a pas d’instinct qui ne soit pas médiatisé culturellement. Fin 19ème siècle : le contrôle politique s’affermit (l’organisation des villes change) et joue un rôle dans l’organisation de l’espace urbain, de la morale, salubrité publique (dormir sous un porche est désormais un acte de vagabondage) (cf. G. VIGARELLO : Le propre et le sale). Conditions et mode de vie ouvrier se développe de son côté très anarchiquement : recherche d’un contrôle du monde ouvrier par la classe dominante (cf. DONZELOT : La Police des familles ; auteur inconnu : Classes laborieuses, classes dangereuses) 20ème siècle : la classe ouvrière se développe avec un certain nombre de normes et valeurs spécifiques. Le statut de la femme évolue grâce au travail chez les ouvrières : montée syndicale et guerre 14/18, et : 1920 : droit syndical accordé aux femmes sans autorisation du mari 1938 : capacité civile accordée aux femmes (= capacité à signer des papiers sans contre signature du mari) 1942 : droit à activité professionnelle de la femme sans accord du mari 1945 : droit de vote accordé aux femmes 1970 : partage de l’autorité parentale 1975 : abolition de l’adultère par la femme L’évolution rapide du statut de la femme caractérise le 20ème siècle : Insistance portée sur la relation mère-enfant : l’arrivée de la psychanalyse a contribué très fortement à faire de la mère la personne centrale de la famille – on lui attribue le qualificatif de bonne ou mauvaise mère. « L’angoisse et la culpabilité maternelle n’ont jamais été aussi grandes qu’en notre siècle qui se voulait pourtant libérateur. » (E. BADINTER, L’amour en plus). L’interprétation freudienne de la construction de la personnalité féminine intervient de manière essentielle. Lien Etat-enfant : mise en place de la protection maternelle et infantile ; développement du travail social. Baisse du pouvoir de l’homme : sous l’ancien régime l’autorité paternelle était absolue dès 1889 la mesure de correction paternelle est soumise à enquête et peut être punie si abusive 1935 : décision du tribunal pour la durée du placement de l’enfant 1958 : droit de correction paternelle supprimé 1987 : l’autorité maternelle devient plus importante que celle du père Transformation des régimes matrimoniaux : partage du patrimoine Tout au long du 20ème siècle l’autorité paternelle qui diminue fait baisser aussi le pouvoir de l’homme : 1972 : loi sur l’égalité des salaires 1975 : délit de discrimination sexuelle Sur le plan des rapports à l’intérieur de la famille le mariage romantique devient le modèle ; la scolarité des filles se généralise ainsi elles ne doivent plus leur statut qu’à elles-mêmes. L’homme ne choisit plus son épouse mais le choix est mutuel ; la position du père auprès de ses enfants est pratiquement ignorée. L’enfant-roi - Objet des caresses maternelles - Représentation de la relation affective du mariage romantique - Porteur des projections parentales à travers la réussite scolaire et économique - Développement de la psychologie de l’enfant : de la morale à l’approche scientifique - Apogée de l’enfant-roi après 1950 : phénomène lié à des changements de société importants. - Interaction entre ces 2 phénomènes : Baby-boom (1942-1962) : le taux des naissances augmente sur une durée très longue Nouveau phénomène : baisse de la mortalité infantile grâce à l’amélioration des conditions économiques, sanitaires et sociales C’est une génération qui va prendre de l’importance : conditions de vie, d’éducation très favorable à son épanouissement (pas de maladies, de guerres, politique de l’enfant-roi, …) Elle investit le monde du travail d’une nouvelle façon : arrivée des femmes de classes moyennes - Les changements économiques une évolution dans le monde du travail (production) : les compétences requises sont de plus en plus intellectuelles, l’apprentissage sur le tas tend à disparaître au profit de l’apprentissage à l’école (les filles peuvent donc maintenant rivaliser avec les garçons pour certains métiers auxquelles elles n’avaient pas accès avant) - Les changements idéologiques portent sur les normes et valeurs des sociétés industrielles : contestation de la classe dominante. Les idéologies de la libération se traduisent politiquement par le phénomène des indépendances, de la décolonisation : nouvelles normes de comportement auxquelles la famille ne peut échapper - Jusqu’aux années 1960, 3 types d’organisation de la famille en France : Mariage = normalité Veuvage Concubinage : seulement pour les catégories les plus modestes qui n’avaient pas les moyens de se marier DURKHEIM (1892) : « le mariage fonde la famille et en même temps en dérive. Donc toute union sexuelle qui ne se contracte pas dans la forme matrimoniale est perturbatrice du devoir, du lien domestique et, du jour où l’Etat lui-même est intervenu dans la famille, elle trouble l’ordre public. » - On passe ensuite à une multiplicité de formes juridiques et organisationnelles : Mariage : forme juridique la plus commune, modèle qui reste dominant jusque dans les années 2000 mais qui connaît une diminution liée à l’union libre. Il connaît une fluctuation (hausse jusqu’en 1972, baisse de 1972 à 1987 et hausse depuis 1988) mais l’évolution cache le phénomène du remariage : la hausse depuis 1988 est faussée par les remariages ou les mariages entre personnes qui vivent en union libre depuis longtemps. Age moyen du mariage : Hommes femmes 1960 26 23.5 1970 24.5 22.4 1980 25 23 1990 28 26 Il y a un décalage entre la vie en couple, le mariage et la naissance du premier enfant : avant les 3 se déroulaient simultanément dans cet ordre. Union libre : appelée dans les années 1970 « cohabitation juvénile ». Elle tend à reculer la date d’entrée dans le mariage mais sans le remettre en cause. Depuis les années 1980 c’est une forme stable de vie familiale en dehors du mariage. Elle est vécue également comme forme d’organisation choisie par des couples qui ont déjà vécu une autre forme d’organisation familiale. Divorce : Des années 1950 au tout début des années 1960 : peu de divorces, considéré comme un échec, une situation immorale. Plutôt au bout de 6 à 8 ans de mariage Années 1960/1970 : entre 1965 et 1975 le taux de divorce se multiplie par 3, que ce soit au bout de quelques années de mariage ou au bout de 20 ans Depuis les années 1970 : stabilisation du nombre de divorces liée à la baisse du nombre de mariages, mais le taux de divorces reste fort (1/3 des mariages) Les enfants de divorcés sont considérés comme perturbés psychologiquement. Les divorces précoces favorisent l’augmentation du nombre de divorces à suivre. Le divorce était exceptionnel, il devient minoritaire mais n’est plus signe de déviance : il est considéré maintenant comme une suite tout à fait possible du mariage. Les divorcés ne sont plus considérés comme perturbateurs ou perturbés, ils sont fréquentables et reforment plus fréquemment des couples qu’avant. Explications du divorce : Carence de socialisation : trop jeune âge à l’entrée dans le mariage, pas de connaissance de l’autre et donc climat de socialisation perturbé Manque de ressources : sur le plan du pouvoir d’achat mais aussi intellectuel ; pas d’attention envers l’autre, manque de gratifications affectives Manque de proximité intellectuelle, idéologique, culturelle ; différence d’âge, de race, de religion Ces explications ne tiennent plus après 1975 : le nombre de divorces continue d’augmenter et ces causes ne sont plus valables. Ceci ouvre à de nouveaux modes d’analyse des modes de constitution de l’organisation familiale relance la sociologie de la famille. Recomposition familiale : a toujours existé principalement quand par exemple un des 2 parents mourrait. Aujourd’hui elle tient à plusieurs éléments : Extrêmement rarement issue du veuvage, tellement classique que pas considéré comme recomposition familiale Se fait avec des individus qui ont un passé de vie de couple avec enfant(s) pour les 2 membres mais pas de veuvage Les formes de la séparation antérieure se présentent de façons multiples sur les plans psychologique et juridique Incertitude des statuts et rôles de chacun des participants de cette recomposition : pas de terme précis pour les définir (projet de loi en cours pour proposer des noms pour ces statuts) Famille monoparentale : avant « fille-mère » considérée comme une fille facile ; elle était veuve ou divorcée avec enfant(s). Aujourd’hui c’est la « mère célibataire » ; statut important en nombre à cause des unions libres non déclarées pour profiter des avantages de ce statut. Terme qui apparaît dans les années 1970-1980. Définition INSEE : « un enfant de famille monoparentale est un enfant de moins de 19 ans résidant avec un seul parent pas en couple ».