Connaissances des institutions d’éducation
Rappel : la dimension contraignante du concept d’institution. 2 approches :
Positive pour DURKHEIM
Pour MARX, éclairage critique, éducation = aliénation. On n’échappe pas à la
socialisation sinon on devient un enfant sauvage.
Mais les enfants sauvages relèvent du fantasme, du mythe. Le plus célèbre d’entre
eux : Victor de l’Aveyron au 18ème «élevé » par le docteur ITARD. Il ne parlait pas,
n’était pas socialisé. ITARD n’arrivera pas à le récupérer : socialisation perturbée ou
débilité pré existante ? .Victor meurt très jeune ; son développement physique était
normal, son développement mental par contre s’est bloqué à un moment.
Pour DURKHEIM l’éducation n’est ni plus ni moins qu’une manière de penser, une
manière de sentir, une manière d’agir. On n’y échappe pas. C’est le seul mode
d’adaptation à la vie en société. Mais elle est limitative (cf. La palette de sons
prononçables à la naissance : totale mais l’acquisition du langage articulé fait perdre
la possibilité de maîtriser ceux qui n’appartiennent pas à la langue maternelle ; les
cordes vocales sont modelées par la langue maternelle, il y aura un accent dans les
autres langues). Exclusion d’une culture par apport à une autre, au triment d’une
autre.
B/ APPROCHES THEORIQUES ET TYPES D’ORGANISATION
FAMILIALE
1/ LE PLAY ou «la conception traditionaliste » de la famille.
LE PLAY est un philosophe français du 19ème.il considère la famille comme la cellule
de base de la société. Elle est constituée du père, de la mère & des enfants. C’est
traditionaliste car c’est une organisation universelle et a-historique, immuable dans le
temps & dans l’espace. Cela sous-entend une répartition des tâches, des rôles qui
devient immuable aussi. Père = autorité, fonction éducative de l’adolescent, fonction
économique ; mère = fonction nourricière, fonction éducative de la petite enfance,
fonction affective.
Cette dimension traditionaliste (mâle, femelle, progéniture et rôles marqués) existe
dans toutes les sociétés & à tout moment. Toute autre organisation n’est plus une
vraie famille(famille de marin le père est souvent absent ; famille africaine
l’oncle a la fonction d’autorité...).
Les 3 éléments qui caractérisent la conception traditionaliste de la famille :
l’organisation ; les rôles et la correspondance entre la cellule familiale et
l’organisation de la société elle-même.
Exemple : société = roi + reine + peuple
Famille = père + mère + enfants
Le roi est à son peuple ce que le père est à ses enfants : aussi utile,
nécessaire...le régicide est un parricide ! De plus, cette organisation familiale
étant immuable, l’organisation de la société est elle aussi immuable ; maintien de
cette organisation politique.
Cela n’existe pas que dans la monarchie mais aussi : le maréchal PETAIN était le
«grand-père »du peuple & en Russie STALINE était le «petit père » du peuple. La
conception traditionaliste se retrouve dans différentes idéologies & à différentes
époques. La dimension non évolutive de la société s’appuie sur la permanence de la
famille.
Une famille sans enfants n’est pas une vraie famille (comme un roi sans peuple).
La notion de mariage est obligatoire aussi.
2/ BACHOFEN, MORGAN ET ENGELS ou «la conception évolutionniste » de la
famille
Le 2ème courant, évolutionniste, introduit la dimension de l’histoire, du temps, du
changement, de l’évolution. La famille peut être organisée autrement au fil du temps
et dans l’espace (d’une société à une autre).
Les 3 auteurs sont de la fin du 19ème : BACHOFEN : allemand
MORGAN : anglais
ENGELS : allemand et ami de MARX
Cette nouvelle conception se mêle à l’approche marxiste & la famille est alors
considérée comme une organisation de production dont la forme est le produit des
structures économiques du travail. Ce n’est plus la physiologie qui fonde la famille
mais les structures économiques du travail. L’organisation en est différente pour
produire ce qui est nécessaire à la vie selon les époques et les sociétés. La famille
peut ainsi comporter plusieurs hommes ou plusieurs femmes. La propriété privée ou
non, ville ou campagne ou mer, riche ou pauvre, peu ou beaucoup d’enfants...
induit les différentes manières de s’organiser de la famille. Donc la famille a une
histoire, elle évolue.
Exemple : les Mormons. Européens, de la branche protestante, sont monogames. Ils
s’exilent en Amérique peu nombreux sur un grand territoire ils deviennent
polygames pour étendre leur communauté. Puis quand l’Amérique devient les U.S.A.
les Mormons repassent à la monogamie pour s’intégrer dans le pays. Et ce en
l’espace d’un siècle : bon exemple de la conception évolutionniste !
Mais les 3 auteurs étant des bourgeois de la fin du 19ème le summum des sociétés
est la leur. Ils ne voient pas d’évolution à venir ; le passé a abouti à ce qu’ils vivent :
conception de l’évolution linéaire.
On passe : de la horde sauvage
Plus ou moins de liberté sexuelle
Harem
Polygamie
A la famille monogame
Toutes les autres formes d’organisation sont des étapes. Les rôles se rétrécissent &
s’organisent.
En fait, fantasme de bourgeois du 19ème. L’organisation de la sexualité et le fait de
s’occuper de ses morts sont les 2 conditions de l’humanité, de la société. C’est une
erreur de penser que l’évolution est linéaire ; elle varie selon les changements
économiques entre autres. La polygamie & le harem ne sont pas «en retard » par
rapport à la monogamie, ce sont des autres organisations.
Il faut garder l’idée de l’évolution mais non linéaire. Marc BLOCH : la société féodale.
3/ LEVI-STRAUSS ou «la conception structuraliste de la famille
Claude LEVI-STRAUSS : en 1900, anthropologue, professeur au collège de
France... philosophe de formation, fait partie du courant structuraliste. Ses idées :
a/ la famille n’est pas naturelle. Elle est une organisation sociale fondamentale des
rapports entre les individus selon leur sexe, leur âge, leur position déterminée dans
le groupe. Le fondement de ces rapports, même s’ils font intervenir la dimension
biologique, ne peut en aucun cas être limité à cette dimension. Les hommes
inventent des manières de s’organiser ; la famille est donc le produit & le moteur des
relations établies entre individus & entre groupes.
b/ le principe d’échange. Toute relation entre les hommes est fondée sur le principe
d’échange qui suppose «don » & «contre-don » (réciprocité). « Les hommes
échangent des biens, les hommes échangent des coups, les hommes échangent des
femmes »(LEVI-STRAUSS). Cette phrase lui vaut les foudres des féministes. Or ce
qu’il veut dire c’est que ce sont les femmes qui partent de leur famille pour aller dans
la famille de leur mari. Ce principe d’échange sans lequel les hommes ne peuvent
vivre amène à organiser des pratiques dans la production des biens, dans le troc et
dans les relations sociales.
Je ne peux pas produire tout seul ce dont j’ai besoinorganisation pour la
production des biens.
Nous n’avons quand même pas tout ce qu’il nous fautéchange de biens
D’autre part, pulsion sexuelleguerre ou rapt ou organisation aussi sur le
principe de l’échange : don & contre-don.
c/ la prohibition de l’inceste. Règle qui existe dans toutes les sociétés humaines.
Jusqu’à LEVI-STRAUSS on pense que c’est à la conscience morale humaine, à
une morale innée ainsi qu’à l’expérience biologique (consanguinitétares). Lui
démontre que ça n’a rien à voir avec une conscience morale innée ni avec l’hérédité
mais avec la structuration des relations sociales. L’inceste fondamental frère/sœur
n’existe pas, même dans les sociétés la relation sexuelle n’a pas de lien avec la
grossesse.
LEVI-STRAUSS : Les structures élémentaires de la parenté. Il montre que la relation
frère/sœur est toujours interdite.
A B
Frère sœur
Sœur frère
J’ai besoin pour perpétuer mon groupe (A), ma culture, d’une femme. Je donne ma
sœur à un homme de B qui lui aussi s’interdisant sa sœur me la donne. Tous
gagnants : femme, progéniture, et en plus, une relation entre les 2 groupes, une
alliance par le don et le contre-don...
Cela paraît ridicule mais réponse de l’Indien d’Amazonie : Avec qui j’irais à la chasse
?
d/ la règle d’exogamie l’emporte toujours sur la règle d’endogamie : Se marier à
l’extérieur l’emporte sur se marier à l’intérieur.
A l’intérieur d’un groupe, tendance sociale spontanée à l’endogamie (marie toi dans
ta rue !). On se marie donc dans son groupe mais pas dans sa famille. On peut se
marier dans sa famille mais pas avec ses proches.
BLOCH : au moyen âge, notion de lignage. 4 lignées : A, B, C, D ; je suis un A, je me
marie dans mon groupe, ma classe sociale (la noblesse) : endogamie. Mais
l’exogamie l’emporte : je ne peux épouser une A, même si je n’ai pas de lien
biologique avec elle (seul le nom compte). Mariage obligatoire dans la noblesse mais
pas dans la famille
e/ conclusion :
Il en résulte que le terme de famille au singulier est insatisfaisant. Il vaut mieux
parler de structures familiales comme le propose LEVI-STRAUSS.
S’il y a une histoire possible de l’organisation familiale pour chaque société elle
ne peut pas être une histoire universelle.
On ne peut comprendre les relations de parenté que par la culture et jamais par
la nature bien que celle-ci soit toujours spontanément avancée.
Idée à retenir :
La famille comme organisation humaine mais des structures de parenté qui donnent
des réalités différentes du point de vue sociologique même si les fonctions sont
constantes.
Justification par la nature de l’instinct maternel : référence aux animaux,
zoomorphisme, caractère moral prêté aux animaux. Aide la culture à justifier ses
pourquoi.
Claude LEVI-STRAUSS explique les différentes organisations en fonction des
références mythiques. Exemple des clans du saumon, de l’ours, du crocodile qui
échangent biens, femmes & coups selon une relation incompréhensible au
départ. L’étude des mythes & légendes des différents clans fait apparaître une
relation fondamentale explicative de l’organisation des relations entre les
individus d’une même population. Cette organisation stable se maintient grâce à
un mythe absolu. Référence au passé. Dans toutes les sociétés on trouve une
organisation des alliances liée à une lignée à une culture et non au biologique.
Il y a potentiellement autant d’organisations familiales que de sociétés. Les formes
les plus générales :
1. Famille nucléaire ou conjugale : P+M+E. la plus petite formation nécessaire à la
famille du point de vue européen. Contestable aujourd’hui : parent isolé
2. Polygamie : polygynie (plus importanteconfusion)
Polyandrie : liée à l’histoire, minoritaire (Tibet)
3. Famille-souche : plusieurs générations sous un même toit mais avec un seul
couple à chaque génération. Bien connue de notre société. Problème de la
transmission des terres, des cadets (mousquetaires : cadets de Gascogne)
4. Famille indivise ou famille «étendue » : sous un même toit plusieurs générations
au complet.
Lignage : un ancêtre commun réel.
Clan : un ancêtre commun mythique.
Tribu : plusieurs clans sur un territoire
Cousins : différencier en anthropologie les cousins croisés (enfant de la sœur du
père ou du frère de la mère) et les cousins parallèles (enfant du frère du père ou de
la sœur de la mère). Dans certaines sociétés mariage impossible entre cousins
croisés & autorisés entre cousins parallèles, dans d’autres c’est le contraire !
Population BASSARI (Sénégal oriental) : animistes, peu nombreux, tradition de
l’organisation du mariage & de la procréation. Le vrai père c’est le mari. Le géniteur,
père biologique est différent du mari, père social au moins pour le 1er enfant.
Les Européens et les habitants du bassin méditerranéen sont très préoccupés du
lien entre re biologique et père social interdit de l’adultère & virginité de la
femme au mariage (garantie du «vrai » père).
Il faut toujours penser à quoi ça sert & dans quel contexte ça fonctionne. Le but est
toujours que la société se perpétue.
Homogamie sociale : se marier avec son semblable social : autre formulation de
l’endogamie. Terme utilisé dans les sociétés de classes.
C/ LA FAMILLE EUROPEENNE OCCIDENTALE : 4 GRANDES
PERIODES DE L’ORGANISATION FAMILIALE
En fait c’est une évolution.
I. Du Moyen-Age au 15ème siècle : lignage et famille élargie.
Rupture à la Renaissance.
A l’époque en France 2 facteurs sociaux & économiques : mise en place
d’une noblesse, guerrièreimportance des alliances
d’une paysannerie : développement du territoire, défrichagenécessité d’être
nombreuxnatalité & regroupement
d’où 2 formes d’organisation familiale
noblesse : lignage, peu d’importance de l’individu
paysannerie : communautés élargies, familles : indivise, souche, nucléaire soit
toutes les formes d’organisations et ce pour 2 raisons : la mortalité importante et
les besoins(cf. Emmanuel LEROY-LADURIE)
statuts individuels :
mise en place du pouvoir paternel marqué par l’âge.
statut mineur de la femme et de la fille, sauf dans la noblesse(cf. DUBY)
statut de l’enfant : inexistant pour Ph. ARIES («l’enfant & la famille sous l’ancien
régime » : A LIRE ABSOLUMENT). Ce n’est pas un individu en développement, à
éduquer, à aimer... ils sont emprisonnés, chefs de guerre, habillés comme des
adultes... quelle existence du sentiment affectif ? Peut se comprendre par la
mortalité infantile qui oblige à mettre une distance. Thèse extrémiste. Cf. P A
SIGAL «l’histoire de l’enfant au Moyen Age : une recherche en plein essor » in
Histoire de l’Education n° 81 janvier 99.
L’enfant comme force de travail dans la paysannerie. Ne pas nier la notion
d’exploitation de l’enfant mais voir comment il est perçu : enfant ou petit adulte ?
L’éducation :
formation aussi bien pour la noblesse que pour la paysannerie
autour du 14ème siècle, notion d’instruction & de moralisation essentiellement pour
la noblesse.
Conclusion :
importance de l’homme et du plus âgé
importance de l’aînédroit d’aînesse
statut mineur de la femme sauf parfois dans la noblesse. Mais même chez les
paysans le partage des tâches est nécessaire. Dans la pratique, pouvoir de la
femme qui ne correspond pas à ce qui est officiel sur le plan juridique &
idéologique. Les conditions de production déterminent le statut des individus.
La natalité : beaucoup d’enfants mais peu de «reste » : mortalité infantile & des
femmes en couches.
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