La Lettre du Cancérologue - Suppl. n°1 Les Actualités au vol. XV - n° 3 - juillet 2006 11
impliquée dans le système de réparation
de l’ADN par excision de nucléotide,
ou NER (nucleotide excision repair), qui
reconnaît et répare, entre autres, les
lésions produites par les UV. Aucune asso-
ciation n’a pu être observée entre ce
polymorphisme de XPD et le risque de
cancer.
Dans cette étude, les auteurs utilisent
une approche cas-contrôles pour évaluer
l’association, dans une population norvé-
gienne, entre cinq polymorphismes dans
ces trois gènes de réparation : XRCC1
(Arg194Trp, Arg280His, Arg399Gln), XRCC3
(Thr241Met) et XPD (Lys751Gln), et le
risque de développer des adénomes ou
des cancers colorectaux. Les analyses des
cinq polymorphismes sont réalisées sur
de l’ADN génomique extrait du sang de
157 sujets présentant un carcinome colo-
rectal, 983 présentant un adénome colo-
rectal (227 à haut risque, 756 à faible
risque) et 399 contrôles. L’allèle 280His
du gène XRCC1 est associé à une aug-
mentation du risque de développement
d’adénomes colo-rectaux (OR : 2,3 ; [IC95 :
1,19-4,46]). L’allèle 399Gln du gène
XRCC1 est associé à une diminution du
risque d’adénomes à haut risque (OR :
0,62 ; [IC95 : 0,41-0,96]). Aucune asso-
ciation significative n’est observée entre
la présence de l’allèle 194Trp de XRCC1 et
le risque d’adénomes et carcinomes colo-
rectaux. Les porteurs de l’allèle variant
751Gln du gène XPD présentent une aug-
mentation du risque d’adénome à faible
risque (OR : 1,40 ; [IC95 : 1,03-1,89]),
alors qu’aucune association n’est trouvée
avec le risque de carcinome.
Les résultats de cette étude suggèrent
une augmentation du risque de néopla-
sie colorectale avancée chez les indivi-
dus présentant le polymorphisme
Arg280His du gène XRCC1 et une réduc-
tion du risque associée au polymor-
phisme Arg399Gln de XRCC1. De façon
intéressante, les individus ayant le
polymorphisme Lys751Gln de XPD pré-
nomateux bénins qui évoluent en adéno-
carcinomes selon un processus progressif
d’altérations génétiques. Le risque de CRC
sporadique est associé à des facteurs
environnementaux (tabac, alcool, etc.)
qui peuvent être modulés par des facteurs
génétiques à faible pénétrance. La fumée
de cigarette et l’alcool peuvent agir
comme sources de carcinogènes chimiques,
entraînant la formation de ROS (reactive
oxygene species) et d’adduits sur l’ADN.
Les polymorphismes génétiques des gènes
de réparation de l’ADN peuvent influencer
la capacité individuelle à réparer l’ADN, et
une mauvaise réparation peut être asso-
ciée à un risque de développement de
cancers. Dans le CRC, l’importance des
mutations des gènes impliqués dans le
système de réparation de type “mismatch
repair” a été activement recherchée, mais
les autres voies de réparation de l’ADN
dans la carcinogenèse colorectale sont
beaucoup moins bien connues. Dans cette
étude, les auteurs se sont focalisés sur les
gènes XRCC1, XRCC3 et XPD impliqués res-
pectivement dans d’autres systèmes de
réparation de l’ADN.
Le gène XRCC1 code une protéine impli-
quée dans la réparation des SSB (single-
stand breaks produits par des oxydants
endogènes et exogènes) par un méca-
nisme de type BER (base excision repair).
Trois polymorphismes dans le gène XRCC1
ont été rapportés, et une association
entre ces polymorphismes et le risque de
cancer du poumon et le cancer du sein a
été observée, mais aucune association n’a
été observée avec les cancers colorec-
taux. Le gène XRCC3 code une protéine
impliquée dans la réparation par recom-
binaison homologue de l’ADN, ou HRR
(homologous recombinational repair of
double-strand DNA), et elle est nécessaire
pour la stabilité génétique. Des études
épidémiologiques ont lié un polymor-
phisme de XRCC3 à une augmentation du
risque de cancers du sein, du poumon, de
la peau et du côlon. La protéine XPD est
s
entent une augmentation du risque d’adé-
nome
à faible risque. Les auteurs suggèrent
un rôle de ce polymorphisme XPD dans la
régression des adénomes. ■
Valérie Le Morvan
Institut Bergonié, Bordeaux.
>
Skjelbred CF, Saebo M, Wallin H et al.
Polymorphisms of the XRCC1, XRCC3 and XPD
genes and risk of colorectal adenoma and
carcinoma, in a Norwegian cohort: a case
control study. BMC Cancer 2006;6:67-75.
À la recherche
de molécules dépendantes
du phénotype MDR
>
L
e panel de 60 lignées tumorales
humaines établi par le National
Cancer Institute au début des années
1990 était destiné à découvrir de nou-
veaux médicaments anticancéreux spé-
cifiques de tel ou tel cancer : poumon,
sein, côlon, etc. Objectif illusoire qui
n’a pas été atteint. Cet outil connaît
toutefois, depuis quelques années, un
manifeste regain d’intérêt : si son uti-
lité reste à démontrer pour la décou-
verte de nouvelles molécules, le panel
se révèle extrêmement fécond pour
notre compréhension des relations
existant entre une altération molé-
culaire et la sensibilité à une molécule
ou une famille de molécules. C’est
parce que, outre les tests de cytotoxi-
cité réalisés maintenant sur plus de
100 000 molécules, le NCI et de nom-
breux laboratoires indépendants ont
caractérisé les lignées sur le plan molé-
culaire, en commençant par les gènes
impliqués dans l’oncogenèse : muta-
tions de TP53 ou de RAS, expression de
c-MYC, etc. Toutes les techniques ont
été mises à contribution pour cette
caractérisation moléculaire : Western-
et Northern-Blots au début, RT-PCR