182 | La Lettre du Neurologue • Vol. XIV - n° 5 - mai 2010
VIE PROFESSIONNELLE
l’ esprit que les décisions médicales ne concernent pas
uniquement un traitement pharmacologique, mais
aussi une attitude thérapeutique au sens large (inter-
vention, fréquence du suivi, types d’examens,etc.).
Intérêt pour le soignant ?
Les RCP sont un lieu d’échange et de partage entre
praticiens. Les discussions peuvent permettre ainsi
de compléter des bilans ou d’ouvrir des possibilités
thérapeutiques. Si les présentations sont exhaus-
tives, les RCP peuvent également permettre d’en-
tretenir des bases de données (3). Mises en place
par certains réseaux, elles permettent des trans-
ferts d’informations ou l’application de référentiels
régionaux thérapeutiques. Vis-à-vis des patients,
elles peuvent faciliter l’annonce thérapeutique et
limiter la pression de certaines familles ou de l’in-
dustrie pharmaceutique dans le protocole de soin.
Cette activité est reconnue : la HAS considère qu’un
médecin qui participe activement et régulièrement
(8 à 10 fois par an) à des RCP répondant aux critères
énoncés ci-dessus remplit son obligation d’EPP (4).
Intérêt pour nos patients ?
L’évaluation régulière des RCP (fonctionnement,
pluridisciplinarité, etc.) permet une amélioration
continue de leur qualité et, in fine, du service
rendu aux patients. La diffusion et l’accessibilité
de l’information médicale par la presse ou Internet
sensibilisent les patients qui demandent souvent
plusieurs avis et connaissent l’existence des réunions
communes médicales. Ils sont en général satisfaits
de voir leur cas présenté à plusieurs spécialistes.
Un exemple d’application
pratique : le réseau PACASEP
Depuis le premier juin 2004, le réseau de soins
PACASEP est opérationnel (http://www.pacasep. org).
Cette structure est au départ une volonté des
neurologues, des médecins de médecine physique
et de réadaptation et des professionnels de santé
de proximité pour permettre une prise en charge
optimisée et décentralisée de la sclérose en plaques
(SEP) sur la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur
(PACA). Depuis 1 an, les neurologues de la Région
PACA participants ont mis en place des réunions de
concertation (physiques et visio) mensuelles, pendant
lesquelles ils peuvent partager des avis sur les dossiers
de pathologie inflammatoire ou sur des décisions
thérapeutiques. De ces réunions sont, sur le modèle
des RCP en cancérologie, éditées des fiches qui sont
répertoriées dans les dossiers sources et expliquées
aux patients. L’arrivée de nouvelles stratégies diagnos-
tiques et thérapeutiques dans le domaine de la SEP,
les recommandations de l’Afssaps se multipliant, les
neurologues ont pu ainsi anticiper les demandes des
autorités de santé en structurant leur activité. Ce
type de fonctionnement existe maintenant au sein de
plusieurs centres spécialisés dans la prise en charge
des patients atteints de SEP.
Conclusion
Comme toutes les méthodes d’amélioration du
service médical rendu, les RCP reviennent à analyser
une pratique clinique en référence à une démarche
optimale, souvent résumée dans un référentiel de
pratique. Pour le moment, seuls les réseaux ou les
centres qui le souhaitent les ont mises en place en
neurologie, hors obligation légale, dans le seul but de
partager des connaissances. Ces réunions permettent
aussi de limiter l’isolement médical dans certaines
situations rares. Même si leur mise en place impose
une bonne méthodologie, il ne faut pas basculer dans
les lourdeurs administratives qui altèrent fatalement
l’esprit de mieux faire. L’application de référentiels
nationaux ne couvre pas l’ensemble des situations
cliniques, et notre praxis nous montre tous les jours
avec modestie que l’on ne peut pas systématique-
ment effectuer notre métier en se fondant sur la
preuve. ◾
1. Les RCP en cancérologie. HAS 2006 (http://www.has-
sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2009-08/
traceur_fiche_epp_rcp.pdf).
2. Évaluation des RCP. HAS 2009 (http://www.has-sante.
fr/portail/upload/docs/application/pdf/2009-08/ipaqss_
courrier_annexe_rcp.pdf).
3. Uwer L, Rios M, Sommelet D, et al. Comment améliorer
la prise en charge initiale des patients adultes atteints de
tumeurs des os et parties molles : expérience d’un comité
de concertation pluridisciplinaire du réseau Oncolor, avant
la diffusion des référentiels régionaux. Bulletin du Cancer
2003;90:269-77.
4. Décret n° 2005-346 du 14 avril 2005 relatif à l’évaluation
des pratiques professionnelles.
Références bibliographiques