bénéfices et maléfices des mesures d’isolement MC. Eisenring Centre de Maladies Infectieuses et Épidémiologie (CMIE) Institut Central des Hôpitaux Valaisans (ICHV), Sion Journée de formation, Assemblée générale du SIPI, mardi 11 mars 2008 Les mesures d’isolement sont-elles efficaces? L’exemple du MRSA g Incidence des acquisitions nosocomiales MRSA continue globalement à augmenter g Phénomènes incriminés dans la transmission nosocomiale des MRSA 1) Portage transitoire des soignants : patient-personnel-patient 2) Surfaces contaminées : environnement direct du patient 3) Dispersion dans « l’air » («Clouds doctors ») Mesure de l’efficacité de l’isolement pour MRSA (Cooper BS. BMJ 2004; 329: 533) g But: évaluer l’efficacité des mesures d’isolement en terme de diminution de l’incidence MRSA (colonisation et/ou infection) des patients hospitalisés g Moyen: revue systématique des articles publiés à ce sujet (critères de sélection:mesure des taux MRSA + et description des mesures d’isolement) Mesure de l’efficacité de l’isolement pour MRSA g 46 études publiées ont été retenues (4382 abstracts) g Peu d’études prospectives, aucune randomisée g Politique d’isolement: interventions multiples g Isolement géographique + attribution du soignant (nurse cohorting) g Unité/service d’isolement g Chambre d’isolement individuelle g Cohortage g Screening des contacts, screening à l’admission, décontamination topique, renforcement hygiène des mains, Chlorhexidine®, restriction de l’usage des antibiotiques, etc… (Cooper BS. BMJ 2004; 329: 533) Mesure de l’efficacité de l’isolement pour MRSA g 14/46: pas de conclusion possible à tirer sur les effets des interventions sur le taux MRSA (faiblesse méthodologique) g 32/46: mises en évidence d’une ê MRSA g 18 évidence faible (interventions contextes épidémiques) g 14 évidence de niveau intermédiaire ou forte évidence (Cooper BS. BMJ 2004; 329: 533) Mesure de l’efficacité de l’isolement pour MRSA g6/14 ont pu tirer des preuves sur l’impact et l’importance des mesures sur le taux MRSA gsans autres explications plausibles g description détaillée des mesures prises : chambre individuelle, ou isolement géographique (nurse cohorting), ou unité/service d’isolement g4 situations épidémiques maîtrisées et ê MRSA g2 échecs (Cooper BS. BMJ 2004; 329: 533) Effet de l’isolement pour MRSA (Cooper BS. BMJ 2004; 329: 533) 476 patients infectés Coello et al, 1994: épidémie importante maîtrisée dans un CHU de 1500 lits (P) Phase 1-2: isolement minimum et screening Phase 3: ch. individuelle, nurse cohorting, screening contacts, décontamination topique Phase 1:50 infections, Phase 2: 6 Cosseron et al, 1998: les interventions ↓ le N d’infections dans un service de SI pédiatrie (P,R) Phase 1: screening Phase 2: ch. individuelle, nurse cohorting, screening contacts, décontamination topique, HH mains, éducation personnel, communication 408 infections Ducworth et al, 1988: ↓ incidence CHU de 645 lits (R) Phase 1-3: ch. individuelle, nurse cohorting Phase 4-6: unité/service d’isolement, screening, décontamination topique Effet de l’isolement pour MRSA (Cooper BS. BMJ 2004; 329: 533) Faoagali et al, 1992: échec de prévention de transmission dans un CHU. de 1200 lits (R) Phase 1-2: unité/service d’isolement Phase 1: dépassement de capacité (overflow) Phase 2:isolement des cas supplémentaires en ch. individuelle., dépistage admission, HH mains, éducation personnel, restriction usage ATB Farrington et al, 1998: échec de prévention de transmission dans un CHU de 1000 lits (R) 1771 MRSA col./infections, 158 bactériémies Phase 1-2: unité/service d’isolement Phase 1: dépassement de capacité (overflow) Phase 2: cohortage et placement ch. individuelle, screening, fermeture du service, mesure de décontamination Harbath et al, Pittet et al 2000: ↓ incidence CHU de 1600 lits (R, P) Phase 1: pas de mesures Phase 2: ch. Individuelle, screening, mupirocine Phase 3: idem 2 + HH mains, éducation, communication Conclusion g Cette étude a mis en évidence qu’une politique de prévention incluant les mesures d’isolement ê la transmission MRSA, même dans des institutions avec des situations endémiques g Il n’y a aucune preuve suffisamment évidente qui démontre que les mesures sont inefficaces g Les recommandations internationales en la matière doivent continuer d’être appliquées Évaluation de l’effet d’un test de dépistage MRSA rapide et des mesures d’isolement préemptif (contact) (Harbarth S. Critical Care 2006; 10:R25) g Étude récente menée aux SI des HUG, 2003-2004 g Le nouveau test rapide de dépistage MRSA (qMRSA test) permet-il de ↓ le temps entre l’admission des patients aux SI et l’identification de patients porteurs de MRSA? (période de risque de transmission élevé) g La combinaison du test rapide et des mesures d’isolement préemptif a-t-elle un impact sur le nombre d’infections MRSA? Évaluation de l’effet d’un test rapide de dépistage MRSA et des mesures d’isolement préemptif g 97% des patients SI chirurgie et 80% de médecine ont été dépistés à l’admission g Phase 1 : avril 2003 - nov.2003 = 41% g Phase 2 : nov. 2003 – avril 2004 = 87% g Phase 3: avril 2005 – août 2005 = > 95% g Prévalence MRSA à l’admission : 6.5% (71/1053) (4.2% – 7.8%) g Screening systématique => identification de 55 nouveaux cas MRSA (Harbarth S. Critical Care 2006; 10:R25) Évaluation de l’effet d’un test rapide de dépistage MRSA et des mesures d’isolement préemptif g qMRSA test =>↓ significative durée médiane entre l’admission et la notification des résultats de 4 à 1 j. (↓ risque de transmission) : g 87 à 21 heures (P<.001) SI chirurgie g 106 à 23 heures (P<.001) SI médecine g 1’227 jours d’isolements préemptifs ont été évités aux SI chirurgie pour 245 patients MRSA dépistés négatifs g Test rapide + politique générale d’isolements préemptifs sont associés à une ↓ des infections acquises à MRSA dans SI médecine mais pas aux SI chirurgie (Harbarth S. Critical Care 2006; 10:R25) Phase 1 : avril 2003 - nov.2003 Phase 2 : nov. 2003 – avril 2004 Phase 3: avril 2005 – août 2005 N patients avec un portage de MRSA connu à l’admission = pression de colonisation MRSA ICU méd. ICU chir. N d’infections MRSA acquises aux SI (Harbarth S. Critical Care 2006; 10:R25) Isolements préemptifs, avril 2004 qMRSA test, nov. 2003 Résultat: ↓ infections MRSA acquises aux SI de médecine (RR 0.3; IC 95% [0.1 – 0.7] Incidence glob.d’acq.: 1.96/ 1’000 JMAL ICU méd. Casemix?, compliance? biais 2.7 4.5 qMRSA test + isolements préemptifs, nov. 2003 Pas d’effet sur les infections MRSA acquises aux SI de chirurgie (RR 1.0; IC 95% [0.6 – 1.7] Incidence glob. acq. 4.14/J 1’000 JMAL ICU chir. 3.7 4.4 qMRSA test =>↓ 1’227 jours d’isolements préemptifs aux SI chir. (Harbarth S. Critical Care 2006; 10:R25) Conclusion g Le screening systématique à l’admission des patients, l’accessibilité à un test rapide de dépistage, des mesures d’isolements préemptifs des patients nouvellement admis aux soins intensifs, contribuent à contrôler le risque de transmission aux soins intensifs ….. et les maléfices ?? gPlusieurs études ont mis en évidence un impact des mesures d’isolement, par exemple: gPatients isolés reçoivent moins d’attention gContact horaire des soignants avec le patient diminue de moitié gPatients isolés moins examinés durant les visites médicales gBarrières «physiques» patients-soignants gMesures chronophages Safety of Patients Isolated for Infection Control (Stelfox HT. JAMA 2003; 290: 1899-905) g But de cette étude prospective cas-contrôle: évaluer l’impact des isolements sur la qualité des soins médicaux (Processus de soins, Résultat (outcome) et Satisfaction du patient) g 2 hôpitaux univ. (USA, Canada), période 1999-2000 g Toronto: cohort de patients isolés (colonisation/infection) ≥2 j. pour MRSA (N=78) + groupe contrôle (N=156) g Boston: disease specific cohort (infactus, status MRSA connu et mesures d’isolement à l’admission (N=72) + groupe contrôle (N=144) Isolements et sécurité des patients Mesures du processus de soins Types de mesures OR ajusté (IC 95%)# P value Signes vitaux incomplètement reportés 1.92 (1.61 - 2.30) <.001 Jours sans signes vitaux reportés 2.55 (1.14 - 5.69) .02 Jours sans notes (narratives) reportées dans le dossier de soins infirmiers 1.77 (1.40 – 2.24) <.001 Jours sans notes (cliniques) reportées dans le dossier médical 2.91 (1.90 – 4.47 ) <.001 Évaluation de 150 patients isolés et 300 patients non isolés du groupe contrôle # Comparaison du groupe de patients isolés et du groupe de patients non isolés (Stelfox HT. JAMA 2003; 290: 1899-905) Isolements et sécurité des patients Mesures des résultats (outcome) Types de mesures OR ajusté (IC 95%)# P value Effets indésirables§ par 1000 j. 2.20 (1.47 – 3.30) <.001 Échec du traitement de support: chutes, ulcères de décubitus, et/ou désordre électrolyte 8.27 (3.09 – 22.1) <.001 Évaluation de 150 patients isolés et 300 patients non isolés du groupe contrôle # Comparaison du groupe de patients isolés et du groupe de patients non isolés § Définition: incidents liés à la gestion médicale et/ou qui prolongent la durée d’hospitalisation [Harvard Medical Practise Study], et/ou qui entraînent une incapacité ou des valeurs de laboratoires anormales (Stelfox HT. JAMA 2003; 290: 1899-905) Isolements et sécurité des patients Mesures de la satisfaction Types de mesures OR ajusté (IC 95%)# P value Plaintes des patients § 23.5 (8.20 – 66.4) <.001 Évaluation de 150 patients isolés et 300 patients non isolés du groupe contrôle # Comparaison du groupe de patients isolés et du groupe de patients non isolés § Identification par 2 sources 1) revue des dossiers des patients et recherche d’une plainte documentée (sortie avis médical, déficit de soins, tentative de suicide, altercations et 2) plaintes reportées par les patients auprès de l’administration (catégorisées ainsi: perceptions du traitement, disponibilité des soignants, déficit de communication, empathie, propreté de l’environnement hospitalier et problèmes administratifs (Stelfox HT. JAMA 2003; 290: 1899-905) ….. alors quelle(s) conclusion(s) ?? Conclusion 1 g La politique d’isolement appliquée avec rigueur contribue à diminuer le risque de transmissions nosocomiales g Mais cette même politique peut avoir un impact négatif sur la qualité des soins et à la sécurité des patients Conclusion 2 g L’isolement prévient des infections secondaires dans l’hôpital g Veillons à ce qu’il ne soit pas délétère pour les personnes isolées g Certaines situations particulières peuvent nécessiter une adaptation des guidelines merci pour votre attention!