Les forces allemandes opposées à l`opération Serp - 1940

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Appendice 1
Les forces allemandes opposées à l’opération Serp
La SS-Gebirgs Division Nord : une unité Totenkopf
Le 9e Régiment SS est déployé à Kirkenes et autour de la ville, aux abords de la frontière
finlandaise.
Le 7e Régiment SS est échelonné un peu plus à l’ouest, sur les bords du Varangerfjord (un
bras de la Mer de Barents), à Tana, Kiberg et Vadsø.
Le 6e Régiment SS est basé à Vardø, de l’autre côté du Varangerfjord.
Ces trois régiments sont des unités “Totenkopf”, formées avec des gardes de camps de
concentration.
Ils disposent d’éléments d’appui :
– Compagnie blindée 1/40 : 17 Panzer 38t, stationnée à Vardø.
– Compagnie blindée 2/40 : 5 Panzer II et 12 Panzer 38t, stationnée avec des éléments du 9e
Rgt SS aux abords de l’aérodrome de Kirkenes.
– 688e Bataillon de Flak : cinq affûts quadruples de 20 mm, douze canons de 37 mm et surtout
douze 88 mm. Neuf de ces canons sont concentrés à Kirkenes même. Ils sont destinés à jouer
un rôle antichar si les Soviétiques, violant la neutralité finlandaise, tentaient de s’emparer de
la ville (la réputation des T-34 et des KV-1 s’est répandue jusqu’au Cercle Polaire). Le reste
du bataillon couvre l’aérodrome de Kirkenes [voir ci-après].
La Kriegsmarine : deux grandes unités, six destroyers, six sous-marins
Dans l’Altafjord
Croiseur de bataille Scharnhorst (contre-amiral Erich Bey)
8e Flottille de Destroyers du Kptn z.See Pönitz (Z-4 Richard Beitzen, Z-5 Paul Jakobi, Z-7
Hermann Schoemann).
Dragueurs de mines et chasseurs de sous-marins (U-Jägers), commandés par un as de la lutte
ASM, le KorvettenKapitan Wolfgang Kaden, sur l’UJ-1110.
………
A Trondheim
Cuirassé Tirpitz (vice-amiral Otto Ciliax)
6e Flottille de Destroyers du Kptn z.See Schulze-Hinrichs (Z-14 Friedrich Ihn, Z-15 Erich
Steinbrinck et Z-29).
3e Flottille de S-Boots.
Dragueurs de mines et chasseurs de sous-marins.
………
Dans l’Arctique
Courant février 1943, six sous-marins de la 11e Flottille sont en patrouille. Il s’agit des U-255,
U-302, U-601, U-622, U-625 et U-629 (tous des Type-VIIC).
La Luftwaffe : groupe Platinfuchs et éléments de reconnaissance 1
– Groupe Platinfuchs
III/JG 5 (à Kirkenes) : 34 Bf 109F.
14. Staffel (Jabos) JG 5 (à Kirkenes) : 12 Fw 190G.
13. Staffel (Reco/Jabos) JG 5 (à Banak, près de Lakselv) : 12 Bf 110.
III/KG 30 (à Banak) : 32 Ju 88.
1
Les effectifs sont donnés en appareils opérationnels.
La Luftwaffe entretient aussi des aérodromes à Bardufoss et Bodö, quoique leurs installations
soient moins développées que celles de Kirkenes et de Banak. Il existe de simples pistes
destinées à des atterrissages d’urgence à Kautokeino et à Alta, et deux autres terrains sont en
construction à Svartness et Berlevåg [voir ci-après].
………
– Eléments de reconnaissance
(i) Reconnaissance lointaine :
12 BV 138 des Küstenstaffel 2 et 3/406 (à Tromsö)
10 Do 24 du Seenotstaffel 5 (à Tromsö)
10 Do 24 du Seenotstaffel 10 (à Hammerfest).
(ii) Surveillance des activités du port de Mourmansk et de sa région :
8 Arado 196 (à Kirkenes).
Les aérodromes allemands dans le nord de la Norvège au début de 1943
Les aérodromes militaires allemands ont été construits par les Luftwaffen-Bau-Bataillone ou
par l’Organisation Todt, utilisant des ouvriers civils et des prisonniers politiques norvégiens
ou des prisonniers de guerre. Dans le centre et le nord de la Norvège, la saison de construction
des aérodromes va de mi-mai à fin septembre (un peu plus tard dans le sud du pays). Il a
parfois fallu plusieurs saisons pour construire une piste en ciment.
De plus, les terrains au nord de Trondheim (Bardufoss, Banak, Alta, Kirkenes et autres)
posaient un problème particulier : le permafrost rend long et difficile de creuser sous la
couche de tourbe superficielle. De ce fait, les fondations en béton des pistes sont minces ou
inexistantes et leur revêtement est fait de terre et de graviers.
………
L’aérodrome de Kirkenes (Kirkenes-Høybuktmoen) est situé à 6,2 km à l’ouest de la ville,
dont il est séparé par un bras du Varangerfjord traversé par un pont. Construit par la
Luftwaffe en 1941, il s’inscrit dans un rectangle d’environ 1 400 m sur 1 200. Des
améliorations continues ont permis de le doter de deux pistes de 90 mètres de large, l’une de
1 350 m (inachevée lors du raid de février 1943), l’autre de 1 200 m. Toutes deux sont en
terre mêlée de graviers, ce qui les rend inadaptées pour des avions porteurs de torpilles (c’est
pourquoi les Ju 88, susceptibles d’être armés de torpilles, sont stationnés à Banak). Elles sont
utilisées par les chasseurs couvrant la région et par des bombardiers opérant contre
Mourmansk et contre les convois de l’Arctique.
Le terrain est entouré par environ 75 petits bâtiments divers et par quatre hangars, un grand et
trois petits. Il existe également quatre dépôts de munitions près du terrain et deux réservoirs
de carburant équipés de pompes.
Au début de 1943, on compte quarante abris pour les avions : 4 grands abris couverts, 14
grands découverts, 7 petits couverts et 15 abris anti-souffle.
Enfin, la défense anti-aérienne est assurée par trois positions de Flak lourde avec un canon de
88 et deux canons de 37 mm chacune, et par cinq positions de Flak légère avec un affût
quadruple de 20 mm et un canon de 37 mm chacune.
Appendice 2
Les forces soviétiques engagées dans l’opération Serp
Forces terrestres
Il s’agit principalement de la 7e Brigade d’Infanterie de Marine (7e MPB), renforcée pour
l’occasion. Elle compte :
– trois bataillons de fusiliers marins ;
– de forts éléments d’armes lourdes : un bataillon d’artillerie (18 x 76 mm), un bataillon de
mortiers légers (24 x 82 mm), un bataillon de mortiers lourds (18 x 120 mm), une compagnie
de DCA (12 x 12,7 mm AA), un bataillon antichar (12 x 45 mm AC + 18 fusils antichars
PTRS)
– deux compagnies de chars (12 x T-26 et 12 x T-40S) ;
– quatre compagnies d’appui : deux compagnies d’assaut (manœuvre des engins de
débarquement et sécurisation des plages), une compagnie de sapeurs-mineurs et une
compagnie de signaux.
Soit environ 4 500 hommes.
………
Il faut y ajouter le 181e Détachement de Reconnaissance Spéciale de la Flotte du Nord
(capitaine Viktor Nikolayevitch Leonov), soit 115 hommes.
Forces navales (sous-marins non compris)
La couverture navale de l’opération a été confiée aux 1ère et 2e Divisions de Destroyers :
– cinq navires récents de classe 7 (ou Gnevnyi) d’une part, les Gnevnyi, Gordyi, Gromkyi,
Grozyashchnyi et Stremitelnyi 2 ;
– quatre vieux bâtiments de classe Novik d’autre part, les Valerian Kujbyshev, Karl
Libknekht, Stalin et Urickij.
………
Le transport des hommes et du matériel sera assuré à la fois par des navires de guerre et par
des navires civils plus ou moins bien adaptés à cette tâche.
Le navire le plus important est le poseur de mines Marti (5 665 t/6 198 t, 14 nœuds, 4 x
130/50 mm et 7 x 76,2/55 mm AA, 320 mines en utilisation normale). Le contre-amiral
Vasiliy Ivanovich Platonov, à qui le vice-amiral Golovko a confié le commandement de
l’opération, y a mis son pavillon. Cet ancien yacht impérial peut embarquer 450 tonnes de
matériel et dispose de grues puissantes. Il transportera 1 500 hommes, de l’artillerie (mortiers
lourds et canons de 76 mm) ainsi que des munitions. De plus, il servira de navire hôpital et ses
canons seront évidemment bien utiles.
Deuxième par la taille, le Krasny Partizan est un transport de billes de bois de 2 500 tonnes
qui marche à 10 nœuds. Ses bigues [mâts de charge] lui permettront de mettre à l’eau six
petits “tenders” de débarquement qui seront transportés en pontée. Equipés d’une mitrailleuse
Dshk de 12,7 mm, chacun peut emporter jusqu’à 15 tonnes de matériel ou 60 hommes
équipés. Le cargo embarquera aussi, en soute, douze chars T-26 (9,5 t, un canon de 45 mm)
que les tenders pourront débarquer 3. Son chargement sera complété par une compagnie
d’infanterie (150 hommes).
2
Le Sokrushitelnyi a sombré lors d’une tempête en novembre 1942.
Ces tenders (10 tonnes à lège, 14,30 m de long sur 3,80 m de large ht) ont été adaptés à leur mission en
découpant les deux surbaus des cales pour les mettre au niveau du pont et en fermant l’ensemble par un grand
panneau de pont plat renforcé au niveau du roulement des chenilles. La mise à terre du char se fait par l’avant du
tender : pour cela, deux rampes ont été installées à l’étrave pour le passage des chenilles après avoir démonté le
brise-lame.
3
Le cargo ex-estonien Osmusaar (2 100 t, 12 nœuds) sera lui aussi chargé en pontée de six
tenders de débarquement. En soute, il transportera douze chars amphibies T-40S (de petits
blindés de 5,5 tonnes armés d’un canon de 23 mm). Les tenders de l’Osmusaar (et, si
possible, ceux du Krasny Partizan une fois les T-26 mis à terre) feront la navette avec les
autres bâtiments et notamment avec le Marti, pour débarquer les troupes et le matériel
transportés par ceux-ci. Comme le Krasny Partizan, l’Osmusaar transportera une compagnie
d’infanterie.
Cinq autres transports improvisés pourront s’approcher nettement plus près des plages que le
Marti, le Krasny Partizan ou l’Osmusaar. Ce sont la canonnière Pikkeri (500 t, 18 nœuds, 2 x
75 mm, tirant d’eau 2,60 m), les vieux poseurs de mines ex-estoniens Ristna et Surop (600 t,
10 nœuds [propulsion par roues à aubes], tirant d’eau 2,20 m) et les dragueurs ex-lettons
Imanta et Viesturs (256 t/310 t, tirant d’eau 1,80 m). A eux cinq, ils embarqueront un millier
d’hommes. Les quatre derniers sont considérés comme “consommables” – ils n’hésiteront pas
à prendre le risque de s’échouer, voire à s’échouer volontairement pour faciliter le
débarquement de l’infanterie.
Enfin, les six escorteurs de classe Uragan de la 3e Division (Burja, Purga, Smerch, Sneg,
Toucha et Uragan) et les dix grands chasseurs de sous-marins de classe Artillerist de la 1ère
Division ASM (BO-131 Shturman, BO-132 Rulevoj, BO-133 Mekhanik, BO-134 Mashinist,
BO-135 Motorist, BO-136 Turbinist, BO-138, BO-140, BO-141 et BO-142) transporteront
cent à cent vingt hommes chacun.
………
Par ailleurs, six dragueurs côtiers de classe Tral (T-219, T-220, T-221, T-222, T-223 et T-224)
doivent assurer le dragage des champs de mines défensifs éventuels.
Forces aériennes
L’aviation de la Flotte du Nord (VVS-MF, déployée à Polyarni, Arkhangelsk et Molotovsk)
est la plus impliquée.
Après plusieurs mois de combats (parfois au-dessus du territoire finlandais !), elle aligne
encore près de soixante chasseurs (25 LaGG-3, 30 MiG-3 et quelques I-16), autant de
bombardiers et bombardiers-torpilleurs (15 DB-3F, 18 SB et 25 Pe-2), douze avions de
reconnaissance (5 Pe-2R, 3 SB et 4 MiG-3R) ainsi qu’une trentaine d’hydravions du 118e
MRAP (MBR-2, ARK-3 et GST [ou PBY]).
………
L’aviation de l’Armée (VVS-KA, Maj.Gén. A. Kouznetsov) est également présente, même si
les appareils basés à Arkhangelsk ne seront pas mis en jeu.
Les chasseurs du 258e IAD : 19e IAP (33 Yak-1) et 147e IAP (32 MiG-3 et MiG-3U) sont
chargés de couvrir Mourmansk et Polyarni et d’escorter les bombardiers du 2e BAD. Celui-ci
est basé à Mourmansk : 260e ShAP (17 Il-2, 9 I-152) et 261e BAP (29 DB-3).
Appendice 3
La Kriegsmarine de surface après février 1943
La Kriegsmarine en Norvège
A Bergen, Trondheim ou Altafjord
– BB Tirpitz (vice-amiral Otto Ciliax)
– 6e Flottille de destroyers (Kptn z.See Schulze-Hinrichs) : DD Z-14 Friedrich-Ihn, Z-15
Erich-Steinbrinck, Z-29
– 2e Flottille de torpilleurs : T-3, T-9, T-15, T-16.
– Navires de servitude, dragueurs (R-boots ou autres), etc.
La Kriegsmarine en Baltique
A Kiel, Dantzig ou Königsberg
– CA (Panzerschiff) Admiral Scheer (vice-amiral Oskar Kummetz)
– CA (Panzerschiff) Lützow
– CA Seydlitz
– CL Nürnberg
– CL Leipzig [vitesse maximum réduite à 24 nœuds]
– 3e Flottille de destroyers (Kptn z. See Gadow) : DD Z-6 Theodor-Riedel, Z-23, Z-26
– 4e Flottille de destroyers : DD Z-16 Friedrich-Eckoldt, Z-30, Z-31
– 7e Flottille de destroyers : DD Z-32, Z-33, Z-37
– 1ère, 3e, 7e et 8e Flottilles de torpilleurs : T-7, T-8, T-10 ; T-11, T-17, T-18 ; T-20, T-21 ; T22, T-23, T-24 [ces trois derniers sont des “torpilleurs d’escadre” proches des destroyers]
– 1ère, 2e et 3e Flottilles de S-Boots
– Navires de servitude, dragueurs (R-boots ou autres), etc.
La Kriegsmarine aux Pays-Bas, en Belgique, en France et en Mer Noire
– A Brest ou à La Pallice : 5e Flottille de destroyers (Kptn z. See Berger) : Z-5 Paul-Jakobi,
Z-10 Hans-Lody et Z-20 Karl-Galster
– Au Havre : 5e et 6e Flottilles de torpilleurs : T-2, T-4, T-14, T-19 ; Falke, Greiff, Kondor
– A Dunkerque ou à Ostende : 4e Flottille de torpilleurs : T-5, T-12, T-13 et Jaguar
– Au Havre, à Dunkerque ou à Ostende : 4e, 5e et 6e Flottilles de S-Boots
– A Toulon : 7e Flottille de S-Boots (et 9e Flottille de S-Boots prévue en mai-juin 1943)
– En Mer Noire : 8e Flottille de S-Boots.
Flottille destinée à l’entraînement
A Gotenhafen (Gdynia)
– Vieux cuirassés Schlesien et Schleswig-Holstein [pouvant appuyer des unités terrestres]
– CL Emden
– Torpilleurs T-1 et Möwe.
Navires en construction
– Les destroyers Z-34, Z-38 et Z-39 seront opérationnels en juin, mars et août 1943. Ils
doivent reformer la 8e Flottille, qui rejoindra la Norvège.
– Les destroyers Z-35, Z-36 et Z-43 et les torpilleurs d’escadre T-25, T-26, T-27, T-28, T-29,
T-30 et T-31 seront mis en service à la fin de 1943 ou au début de 1944.
.
Appendice 4
La Finlande et les suites de l’opération Serp
Le territoire finlandais est resté à l’abri des combats de l’opération Serp, mais non l’espace
aérien du pays ! L’aviation finnoise décollera plus tard durant la guerre, en 1943 et 1944, pour
répondre à des violations dues aux deux camps, mais les actions du 24 février 1943 resteront
ses derniers combats. Une autre aviation neutre, la force aérienne suisse, sera beaucoup plus
active, mais sans entraîner autant de soubresauts diplomatiques.
Le 24 février, la chasse finlandaise abattit deux chasseurs soviétiques LaGG-3 et un avion
d’attaque Il-2. Les pilotes des deux LaGG-3 furent capturés par des soldats finlandais aidés de
Gardes Blancs 4, qui les mirent sous clé dans la prison du village d’Alaluostari – une prison
minuscule, qui ne comptait que quatre petites cellules. Les membres d’équipage du Sturmovik
furent présumés morts, bien que leurs corps n’aient pas été retrouvés.
Le même jour, un chasseur allemand Bf 109F se posa sur le ventre en territoire finlandais. Le
pilote, qui s’était cassé les deux jambes en se posant, fut secouru par les habitants d’une ferme
voisine, qui appelèrent ensuite la police. Celle-ci conduisit le blessé à l’hôpital de Parkkina, le
centre administratif du district de Petsamo, où il fut soigné et placé sous bonne garde.
Un épisode plus curieux survint le 26 février, le lendemain de l’évacuation de Kirkenes par
les Soviétiques. Ce jour-là, un gardien de troupeau de rennes lapon (pour être exact, un Skolt
Sámi de Paatsjoki) rencontra trois SS en armes, quelques kilomètres au sud-ouest du lac
Näsykkäjärvi. Les quatre hommes eurent d’abord du mal à communiquer – le berger ne
parlait que skolt sámi et finnois, les Allemands ne parlaient ni l’un ni l’autre. Le Lapon crut
d’abord que les trois hommes voulaient le tuer et le voler, mais après forces gesticulations, les
Allemands lui firent comprendre que leurs intentions étaient pacifiques. Le berger les amena
jusqu’à la plus proche unité de gardes-frontière finlandais, qui s’empressèrent d’arrêter les
intrus. Leur interrogatoire montra que les trois hommes étaient des soldats du 9e Rgt SS,
stationnés au poste-frontière allemand de Korpfjellet, quatre kilomètres à l’ouest du lac
Näsykkäjärvi. Au début du raid soviétique, ils avaient reçu des informations embrouillées de
Kirkenes. La situation devenant de plus en plus chaotique, tous trois avaient cru qu’une
invasion soviétique majeure était en cours. Convaincus que la bataille était perdue, ils avaient
abandonné leur poste et avaient passé la frontière pour entrer en Finlande, où ils avaient erré
durant quarante-huit heures sans être remarqués.
Désireux de ne pas enfermer des Allemands et des Soviétiques dans la même prison, ce qui
risquait de nuire à la tranquillité des lieux, les Finlandais décidèrent d’enfermer les trois SS au
poste de police de Salmijärvi.
Pendant ce temps, la Finlande était la cible d’intenses pressions diplomatiques de l’URSS
comme de l’Allemagne. Les Soviétiques déposèrent une plainte officielle pour se plaindre que
la Finlande ait abattu leurs avions « sans sommations » et, dans le cas de l’Il-2, « au-dessus
des eaux internationales ». Les Allemands, de leur côté, se plaignirent violemment que les
Finlandais aient autorisé « une grossière violation de leur espace aérien » par les Soviétiques
afin d’aider ces derniers à attaquer Kirkenes. Bien entendu, les deux pays réclamaient que
leurs aviateurs leur soient rendus aussitôt que possible – néanmoins, en ce qui concernait les
trois SS, Berlin exigeait en fait « l’extradition des déserteurs criminels ».
En réponse aux Soviétiques, Helsinki fit valoir que les avions en question avaient en réalité
été interceptés dans l’espace aérien du pays ; ils avaient été abattus et leurs pilotes internés en
parfait accord avec les lois et règlements internationaux.
La réponse faite aux Allemands fut que la force aérienne finlandaise avait fait de son mieux
pour défendre l’espace aérien du pays, ce que démontraient les avions soviétiques abattus (on
4
La Garde Blanche comprenait principalement des citoyens trop jeunes ou trop âgés pour servir dans l’armée.
évita de s’appesantir sur le fait que, l’après-midi du 24 et le lendemain 25, la chasse
finlandaise avait évité de chercher noise aux avions soviétiques qui longeaient d’un peu près
les limites du territoire finnois, tant qu’ils ne survolaient pas les zones peuplées). En outre, il
fut facile de souligner que l’efficacité de la défense aérienne finlandaise aurait été bien
supérieure si l’Allemagne avait accepté de lui fournir « des équipements de radiodétection
électromagnétique »…
Au bout de trois semaines de négociations, un accord fut conclu pour rapatrier Soviétiques et
Allemands. Le 1er avril 1943, les deux pilotes soviétiques, escortés par des représentants de la
Croix-Rouge, furent remis à la garde des autorités soviétiques à Leijärvi, à la frontière finnosoviétique. Le même jour, les quatre Allemands repassèrent la frontière à Kolttaköngäs/Boris
Gleb, eux aussi sous le contrôle de la Croix-Rouge. Quoiqu’il fût couché sur une civière, le
pilote était ravi de ce retour, mais il n’en était pas de même pour les trois SS. Ces derniers
furent immédiatement arrêtés ; une cour martiale les condamna promptement à la peine
capitale pour désertion… Ce furent les trois derniers morts de l’opération Serp.
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