La Lettre du Gynécologue - n° 318-319 - janvier-février 2007
Dossier
Dossier
30
postnatale de l’HTAP de la vie fœtale, l’enfant ira pour l’Île-
de-France en réanimation pédiatrique de l’hôpital Trousseau,
seule unité permettant de réaliser une épuration extracorpo-
relle (AREC) en cas d’échec du monoxyde d’azote inhalé.
Pour la mise en condition avant transfert, il est indispensable
que le pédiatre de maternité connaisse et applique les recom-
mandations actuelles lors de la prise en charge à la naissance
et dans les premières heures après la naissance (16, 17).
Naissance prématurée prévue ou décidée
Les équipes du réseau inter-SMUR pédiatrique d’Île-de-France
ont depuis longtemps proposé d’intervenir avant la naissance
(“assistance anténatale”) d’un enfant à risque de naissance très
prématurée, lorsque le transfert de la mère est impossible ou
contre-indiqué, pour apporter la compétence d’un médecin
entraîné à la réanimation néonatale et installer en salle de nais-
sance une technologie et des thérapeutiques identiques à celles
des unités de réanimation néonatale dans certaines indications
(tableau III) (18). Lorsque l’état de la mère et du fœtus le per-
mette, il est souhaitable que l’extraction de l’enfant soit réali-
sée lorsque l’équipe du SMUR pédiatrique est déjà sur place. Il
est fondamental que la sage-femme et le pédiatre de maternité
(resté sur place jusqu’à l’arrivée du SMUR pédiatrique) prépa-
rent l’accueil et la prise en charge du nouveau-né : salle de nais-
sance prête et matériel vérifié (tableau IV), même si le bébé doit
être mis dans le module de transport juste après la naissance. Le
pédiatre de maternité peut accompagner le médecin du SMUR
lors de la réanimation s’il y a accord préalable entre eux et/ou
s’il s’agit de la naissance de jumeaux, mais dans l’échange et le
respect de la place de chacun et s’il maîtrise les techniques de
mise en condition. Dans tous les cas, il est fondamental d’éviter
les conflits et désaccords devant les parents.
Extrême prématurité (AG < 28 SA)
et naissance aux limites de viabilité
Pour le pédiatre de maternité et du SMUR pédiatrique, la prise
en charge de ce type de patients pose de multiples problè-
mes (techniques, éthiques, information et accompagnement
des parents), soit lors de la régulation lors de l’appel, soit au
moment de la prise en charge de l’enfant et des parents (19,
20). Les équipes obstétrico-pédiatriques des maternités des
centres périnatals de type I, rarement confrontées à la nais-
sance d’un enfant extrêmement prématuré, font appel à l’obs-
tétricien et/ou au néonatologiste du centre de type III de leur
réseau périnatal (ou à la cellule d’orientation des transferts in
utero en Île-de-France). Le transfert maternel est rarement
accepté par les centres périnatals de type III avant 24-25 semai-
nes en raison de la pénurie de places disponibles. Le dossier
est alors discuté entre les deux équipes obstétricales afin de
déterminer l’attitude obstétricale optimale, et en particulier la
prescription des corticoïdes (bêtaméthasone), d’une tocolyse
ou d’antibiotiques en cas de suspicion de chorioamniotite.
Malheureusement, très souvent (63% des cas en Île-de-France
en 2003), la patiente se présente à dilatation complète (19). Il
est alors trop tard pour la transférer en centre de type III. Le
temps pour la discussion avec les parents ou avec le centre de
type III du réseau périnatal est trop court. Les néonatologistes
des SMUR pédiatriques sont alors contactés pour intervenir
en urgence. Répondre à une telle demande n’est pas facile.
Faut-il, en particulier avant 24 semaines, refuser d’intervenir
et demander à la sage-femme, à l’obstétricien et au pédiatre
du centre de type I d’assumer totalement la prise en charge
obstétricale, celle des parents et l’accompagnement du ou des
enfants ? Faut-il au contraire intervenir systématiquement
avec parfois un doute sur l’âge gestationnel et une méconnais-
sance ou une grande imprécision sur le poids de naissance
malgré les progrès récents de l’estimation échographique ?
C’est plutôt cette dernière attitude qui paraît préférable et,
le plus souvent, le pédiatre régulateur conseille de tenter une
corticothérapie (Célestène chronodose
®
12 mg) avant la nais-
sance de l’enfant et envoie l’équipe de transport pédiatrique. Le
déplacement de l’équipe du SMUR pédiatrique dans un délai
court avant la naissance est décidée. Plus rarement, il est pos-
sible de laisser l’équipe obstétrico-pédiatrique résoudre seule
la prise en charge des parents et assumer l’absence de prise en
charge active de l’enfant, surtout aux âges gestationnels très
faibles (AG < 24 SA).
La position éthique des néonatologistes français a été expri-
mée dans plusieurs textes (21, 22). Cependant, il existe dans
notre pays d’importantes variations dans les attitudes selon les
réseaux périnatals et de multiples interrogations persistent.
Aucun document n’a été conjointement rédigé par des obs-
tétriciens et des pédiatres. Dans un récent rapport du 20 juin
2006, l’Académie nationale de médecine considère qu’avant
25 SA et pour un poids de naissance inférieur à 700 g, les
risques de séquelles graves sont importants et que les nou-
veau-nés de moins de 23 SA n’ont aucune chance de survie.
En revanche, elle considère qu’après 25 SA, l’expérience des
équipes médicales de néonatologie et les données de la littéra-
ture justifient la mise en œuvre de soins de réanimation dès la
naissance (23). Par ailleurs, le cadre légal a changé : selon la loi
Table de réanimation, incubateur fermé, sac en polyéthylène.
Source de vide avec système d’aspiration d’intensité réglable.
Sondes d’aspiration (6-8-10) stériles, aspirateur de mucosités.
Flacon de rinçage stérile (sérum physiologique).
Source d’air et d’oxygène, débilitres.
Insuateur manuel (Ambu®, Laerdal® ou Néopu®), masques pour nouveau-né.
Boîte d’intubation (lames droites type Miller ou Oxford, pinces de Magill, jeu de
piles), respirateur néonatal.
Sondes d’intubation endotrachéales : 2,5 (canal latéral), 3 et 3,5.
Canules de Guedel.
Moniteur multiparamétrique.
Cathéters courts (G24, G22), sparadrap autocollant transparent.
Soluté de perfusion (G10 % avec électrolytes).
Seringues (1 ml-2,5 ml-5 ml-10 ml), robinets à 3 voies.
Adrénaline (ampoules de 1 ml : 1 mg).
Sérum physiologique, G10% en ampoules.
Pousse-seringue électrique, seringue de 50 ml et prolongateur.
Tableau IV.
Matériel de la salle de naissance (16).
Gyne co janv-fe v.indd 30 8/02/07 13:10:02