La périphrase: auxilaire έχω + infinitif, qui note de plus en plus rarement le futur, commence au
cours de cette période à servir à l'expression du plus-que-parfait ou du parfait: ainsi, dans la
Chronique de Morée, είχεν χάσει, είχεν στείλει, έχει ελθεί, ou encore, dans la Chronique de
Machairas, είχεν πεθάνειν, είχεν πιάσειν.
En ce qui concerne le reste de la morphologie verbale, on notera la coexistence, au présent, des
désinences -ουσι et -ουν, et, à l'imparfait et à l'aoriste, de -ασι et de -αν. L'imparfait des verbes
accentués sur la finale connaît quant à lui aussi bien les formes: -ούσα, -ας, -ε, que -αγα, -αγας,
-αγε. Au médio-passif, les anciens contractes en -άω ont tendance à se confondre avec les verbes
en -έω, si bien que se généralisent, au présent, des désinences communes en -ούμαι, -άσαι,
-άται, ou encore en -ιέμαι, -ιέσαι, -ιέται. Les désinences archaïques d'imparfait en -όμην, -εσο,
-ετο, -όμεθα, -εσθε, -οντο, sont d'autre part concurrencées par les désinences vulgaires
correspondantes -ούμουν, -ούσουν, -όταν, όμεσθα, -εστε, -ουνταν. A l'aoriste passif, la
désinence -θηκα tend à supplanter -θην, qui pouvait être employé aussi bien pour la 1re que pour
la 3e personne; à la 3e personne du pluriel en revanche, -θησαν et -θηκαν//-θήκαν//-θήκασι
coexistent dans les textes.
Pour ce qui est de la syntaxe, l'un des phénomènes marquants consiste dans la généralisation de la
construction des prépositions avec l'accusatif, et dans l'abandon progressif des autres cas,
notamment du génitif: ἐκ τὴν χαράν, δίχως ταραχήν.
Dans le domaine du lexique, le grec, nous l'avons noté, s'enrichit, au cours de la période
tardo-médiévale, de très nombreux emprunts étrangers, qu'il s'agisse de termes issus des langues
romanes ou du turc. L'apparition en grec de ces emprunts est souvent difficile à dater, et dans bien
des cas il est probable que des termes dont la première attestation dans des textes grecs appartient
à cette période, sont en réalité des emprunts antérieurs. Certains sont toutefois datables: ainsi des
mots du vocabulaire féodal, venus du français, que contiennent des textes écrits dans la Morée
franque, et par exemple la Chronique de Morée (ρόι, μισίρ, λίζιος, κουρτέσα); ou encore des
nombreux termes qui relèvent du vocabulaire maritime et commercial, et qui ont notamment été
empruntés à l'italien et au vénitien à partir du XIIIe siècle.
A côté des suffixes d'origine latine qui avaient fait leur apparition en grec au cours de la première
partie du Moyen Âge (-άτος, -ίσιος, -άριος, -πουλος), plusieurs autres suffixes deviennent
particulièrement productifs dans les siècles suivants: ainsi -ίτσι, -ούτι, -ούτσικος. Mais surtout,
l'un des traits caractéristiques des textes littéraires vulgaires de cette période est leur remarquable
richesse en mots composés, ce phénomène se rencontrant tout particulièrement dans les romans
dits «de chevalerie»: κοκκινομάγουλος, γλυκόσταμα, λαμπροαρματωμένος, πυργόδωμα.
2. Domination ottomane (XVe-XVIIe siècles)
Les premiers siècles de l'époque moderne présentent, du point de vue de l'histoire de
la langue, certaines analogies avec les derniers siècles du Moyen Âge: l'essor
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