Actualités sur les vaccinations
spécifiques du voyageur
(méningocoque, rage, encéphalite japonaise,
encéphalite à tiques, hépatite A, diphtérie)
La Lettre de l’Infectiologue - Tome XIV - n° 6 - juin 1999
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MISE AU POINT
e nombre de voyageurs à destination des zones tropi-
cales est en constante augmentation. Celle-ci touche
toutes les tranches d’âge, avec le développement du
tourisme du troisième âge. Les voyages sont une situation à
risques permanents, parmi lesquels les maladies infectieuses et
tropicales tiennent une place importante. Elles sont dominées
par les maladies transmises par les arthropodes (arboviroses,
paludisme) ou de façon oro-fécale (salmonelloses, hépatites
virales A et E). Une bonne connaissance des pathologies et des
risques encourus par le voyageur est indispensable pour don-
ner des conseils éclairés et adaptés à chaque situation : lieux,
visites, type de voyage, âge et antécédents du voyageur. En
effet, les conseils donnés à un autochtone quittant pour la pre-
mière fois la France seront différents de ceux donnés à un sujet
africain ayant vécu toute son enfance en Afrique (1, 2).De plus,
toutes les précautions non spécifiques à telle ou telle région,
comme la mise à jour des vaccinations antitétanique et anti-
poliomyélitique, sont de règle. Les conseils concernant la
diphtérie sont malheureusement moins systématiques en
l’absence d’association vaccinale disponible contenant la
valence antidiphtérique adulte dosée à trois unités floculantes,
mais cette pathologie a fait l’objet de recommandations pour
les séjours dans les républiques de l’ex-URSS.
Enfin, si certaines infections peuvent bénéficier d’une prophy-
laxie vaccinale (fièvre jaune) ou médicamenteuse (paludisme),
il est important de rappeler que les précautions non spécifiques
doivent faire l’objet d’une information systématique des voya-
geurs (vêtements, répulsifs, moustiquaires, hygiène alimen-
taire) (3, 4).
Les maladies pour lesquelles la prophylaxie vaccinale est obli-
gatoire sont rares : vaccinations anti-amarile en zone intertro-
picale d’Afrique et Amérique et anti-méningocoque lors du
pèlerinage à La Mecque (5 ,6, 7, 8). La prescription des autres
vaccinations tient compte du patient lui-même (âge, antécé-
dents…), du lieu du voyage et des sources de recommandations
(les différents pays et l’OMS). Nous aborderons, dans ce
contexte de recommandations et non d’obligation, les vacci-
nations des infections transmises par voie respiratoire (diphté-
rie et méningocoque), par morsure (rage), par voie digestive
(choléra, hépatite A) et par piqûre d’insecte (encéphalite japo-
naise et à tiques).
DIPHTÉRIE
Corynebacterium diphtheriae toxinogène est responsable de la
diphtérie, maladie toxinogène à transmission interhumaine
stricte par voie respiratoire ou cutanée. Les manifestations cli-
niques habituelles sont l’angine à fausses membranes et ses
complications neurologiques (paralysie) et cardiaques (myo-
cardite), parfois mortelles (9). L’ulcération cutanée, fréquente
dans les pays en développement, et notamment en Afrique, peut
remplacer l’angine comme porte d’entrée de la toxine.
!
O. Patey*
RÉSUMÉ.
Le nombre de voyageurs à travers le monde, et en particulier dans les zones tropicales, va sans cesse croissant. Parmi les risques
pour le voyageur, les maladies infectieuses occupent une part importante de la pathologie rencontrée. À côté des prophylaxies universelles
contre le péril fécal et les arthropodes, se situe l’immunoprophylaxie essentiellement active. Certains vaccins sont “ubiquitaires”, comme ceux
contre le tétanos et la poliomyélite, ainsi que celui contre la diphtérie, plus souvent négligé, ou celui contre l’hépatite A, encore peu utilisé.
D’autres vaccinations nécessitent une bonne connaissance de la répartition géographique des agents infectieux pour être proposées à bon
escient, car elles ne sont pas obligatoires (rage, encéphalite japonaise et à tiques, méningocoque). C’est donc grâce à des conseils personnali-
sés que le voyageur pourra partir avec un maximum de tranquillité en ce qui concerne les risques infectieux.
Mots-clés :
Vaccin - Voyageur - Méningocoque - Rage - Encéphalite japonaise - Encéphalite à tiques - Hépatite A - Diphtérie.
*Service des maladies infectieuses et tropicales, CHI, 94195 Villeneuve-Saint-
Georges Cedex.
L
La diphtérie est une maladie ubiquitaire et reste un grave pro-
blème de santé publique, comme nous le rappellent les épidé-
mies de l’ex-URSS et d’Algérie dans les années 90, avec leurs
cas d’importation dans les pays limitrophes. Elle a disparu de
France métropolitaine depuis plus de dix ans ; cependant, un
cas vient d’être notifié dans les DOM-TOM, ainsi qu’une bouf-
fée épidémique à Djibouti (Centre national de référence).
La vaccination à base d’anatoxine permet une protection anti-
toxinique. Il s’agit d’une vaccination obligatoire dans l’enfance,
mais dont les rappels ne le sont pas. La valence anatoxinique
de la primovaccination comprend trente unités floculantes, avec
trois injections à un mois d’intervalle, et des rappels à 8 mois,
6 ans, 11-13 ans et 16-18 ans (9). Cette vaccination est alors
couplée à de nombreux autres antigènes vaccinaux (tétanos,
poliomyélite,coqueluche,Haemophilus influenzae, hépatite B).
Passé cette date, elle n’est obligatoire que pour certaines pro-
fessions (personnels de santé notamment) et est recommandée
pour les voyageurs en zone d’endémie, à savoir, outre les zones
tropicales, les pays de l’ex-URSS (5). La population adulte est
mal protégée, comme ont pu le montrer plusieurs études de
séroprotection en France et dans plusieurs pays européens, ainsi
qu’aux États-Unis (9). La revaccination fait alors appel à un
vaccin ne contenant qu’un dixième de la valence habituelle (soit
trois unités floculantes), pour éviter les réactions vaccinales,
plus sévères et fréquentes avec le vaccin classique de primo-
vaccination. Le seul vaccin disponible est couplé à l’anatoxine
tétanique (Diftavax®). Un vaccin trivalent avec la poliomyélite
sera prochainement disponible (Revaxis®), permettant ainsi la
revaccination tous les dix ans contre la diphtérie, le tétanos et
la poliomyélite aiguë.
Ces vaccins protègent contre l’action délétère de la toxine diph-
térique, mais n’empêchent pas la circulation de la bactérie. Ils
n’ont pas d’activité antibactérienne, et une angine à fausses
membranes peut être liée à une souche dépourvue du gène de
la toxine. Le diagnostic doit donc être évoqué devant une angine
à fausses membranes consécutive à un voyage en zone à haut
risque de diphtérie. Par ailleurs, des cas de diphtérie ont été rap-
portés chez des sujets vaccinés (9).
MÉNINGOCOQUE (NEISSERIA MENINGITIDIS)
N. meningitidis est une bactérie à Gram négatif responsable de
la méningite cérébro-spinale et de sa forme gravissime, le pur-
pura fulminans. Elle est présente sous forme sporadique, voire
sous forme de petites épidémies dans les pays développés. Elle
sévit de manière endémique en Afrique (ceinture de Lapeys-
sonie - figure 1) (10) et épidémique en Asie du Sud-Est et en
Amérique latine (figure 2) (11). La transmission est maximale
en saison sèche et froide. Près de 150 000 cas ont été déclarés
pour les neuf premiers mois de 1996, dont la moitié au Nige-
ria, 42 000 au Burkina Faso et 16 000 au Niger (2). La clas-
sique ceinture méningitique s’est éten-
due tant au nord qu’au sud (du Mali au
Cameroun) et d’ouest en est (du Séné-
gal au Mozambique). L’incidence
mensuelle chez le voyageur (4 pour
100 000) est peu supérieure à l’inci-
dence annuelle observée dans les pays
industrialisés. La circulation du
méningocoque est très diminuée dans
la ceinture de Lapeyssonie entre deux
épidémies.
Il existe trois principaux sérotypes dif-
férents de N. meningitidis : A, B et C,
et le vaccin ne protège que contre les
sérotypes A et C. Le sérotype B, qui
représentait en France la moitié des cas
d’infection entre 1985 et 1995, voit sa
fréquence augmenter ces dernières
années (69 % en 1997). Une étude
récente de l’immunité humorale vis-à-
vis des méningocoques A et C en
France a montré une séroprévalence
élevée pour les méningocoques A
(90 % dès l’âge de 5 ans), mais plus
faible pour le méningocoque C (50 %
dans la tranche d’âge 15-19 ans) (12).
Il existe également deux sérotypes
mineurs,Y et W 135.
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MISE AU POINT
Figure 1. Méningite à méningocoque : ceinture
de Lapeyssonie (10).
Le vaccin antiméningococcique commercialisé en France est
un vaccin polyosidique bivalent A et C (50 µg de chaque
polyoside capsulaire). Sa tolérance est bonne, les réactions post-
vaccinales sont rares et bénignes. Une seule injection suffit pour
une protection de 3 à 5 ans. Il s’agit une injection intramuscu-
laire d’une dose vaccinale de 0,5 ml (7).
L’immunité protectrice apparaît en 5 à 10 jours après la pri-
movaccination. Comme les vaccins polyosidiques classiques,
non couplés à une toxine, ce vaccin n’est parfaitement immu-
nogène qu’à partir de l’âge de 2 ans, ce qui l’exclut des pro-
grammes élargis de vaccination entrepris dans les pays en voie
de développement, en particulier dans la zone de la ceinture de
Lapeyssonie.
Il n’existe pas de vaccin contre le sérotype B, mais un vaccin
tétravalent A + C + Y + W135 disponible aux États-Unis. La
bonne connaissance du sérotype en cause lors d’une épidémie
ou de celui circulant dans un pays donné est donc indispensable
pour une bonne maîtrise de cette vaccination.
Son efficacité n’est plus à prouver suite au rôle capital qu’elle
a joué dans l’extinction de l’épidémie au Brésil, il y a plus de
20 ans, et face au rôle néfaste qu’ont eu le retard à la vaccina-
tion et l’utilisation de faux vaccins lors de l’épidémie en Afrique
de l’Ouest en 1996.
RAGE
Maladie virale constamment mortelle en l’absence de traite-
ment, la rage sévit encore dans la plupart des pays, sous la forme
de “rage des rues” liée aux chiens errants dans les pays en déve-
loppement ainsi qu’en Russie. Le nombre de décès annuels esti-
més par l’OMS s’élève à 50 000 dans le monde, principalement
en Asie du Sud-Est. Des cas importés sont régulièrement obser-
vés en France, après une morsure en zone à risque (en 1996,
un cas provenait de Madagascar et deux cas d’Algérie). Il faut
donc conserver le dogme selon lequel toute morsure peut avoir
été infectée par la rage et doit conduire à une prise en charge
adéquate avec l’avis d’un centre antirabique, ou à défaut à
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MISE AU POINT
Figure 2. Diffusion mondiale des différentes souches
épidémiques de méningocoques (11).
Les indications de la vaccination
anti-méningocoque
sont les suivantes (12)
:
" Obligatoire pour se rendre au pèlerinage de La Mecque,
quel que soit le pays d’origine (8).
" Obligatoire en France dans le calendrier vaccinal des
armées, depuis octobre 1992 (90 % de cas étaient obser-
vés chez les jeunes recrues) (13). Elle doit être réalisée
dans les 48 heures suivant l’arrivée en milieu militaire.
" Recommandée en cas de poussées épidémiques en France
dans l’entourage des cas de méningococcémies liées au
sérotype A ou C (circulaires ministérielles du 5 février
1990).
" Recommandée pour les expatriés et les voyageurs de
moins de 30 ans devant séjourner dans les zones endé-
miques, surtout en période sèche et s’il y a des contacts
avec les populations locales (5, 7). En effet, lors de la sai-
son sèche, le vent et la poussière favoriseraient la diffu-
sion du méningocoque et l’irritation des voies aériennes
supérieures, permettant ainsi sa pénétration puis sa diffu-
sion dans l’organisme (tableau I).
" Appliquée à grande échelle en zone d’endémie dès les
premiers cas pour enrayer une nouvelle épidémie, y com-
pris chez les enfants dès l’âge de trois mois.
Tableau I. Prévention vaccinale de la méningite à méningo-
coque.
Obligatoire :
!Appelés du contingent en France depuis 1992.
!Pèlerinage de La Mecque (Arabie saoudite).
Recommandée : Bangladesh, Bénin, Bhoutan, Brésil, Burkina Faso,
Burundi, Cameroun, Centrafrique, Chine, Côte d’Ivoire, Cuba,
Djibouti, Égypte, Éthiopie, Inde, Israël, Jordanie, Kenya, Mali, Maroc,
Mauritanie, Mayotte, Népal, Niger, Nigeria, Ouganda, Pakistan, Qatar,
Rwanda, Sénégal, Somalie, Soudan, Tanzanie, Tchad, Togo, Vietnam,
Yémen.
prendre contact avec le médecin de l’ambassade dans le pays
de visite.
Les zones à haut risque d’infection rabique sont très étendues
à travers le monde : toute l’Amérique centrale et du Sud,
l’Afrique et l’Asie du Sud-Est ainsi que la Turquie et certaines
zones du Proche- et du Moyen-Orient (14). Le pronostic de la
maladie dépend essentiellement de la rapidité avec laquelle des
mesures thérapeutiques peuvent être instituées (vaccination
post-exposition).
Si le chien est l’animal le plus fréquemment en cause, selon les
pays considérés, d’autres animaux impliqués doivent être
connus : chauve-souris, chat, renard, chacal, raton-laveur, man-
gouste, singe...
Le vaccin antirabique utilisé en France est un vaccin à virus
entier inactivé, cultivé sur cellules diploïdes (Vaccin rabique
inactivé®[Mérieux MSD], réservé aux centres antirabiques) ou
sur cellules Véro (Vaccin rabique Pasteur®) [Pasteur Vaccins]
(15). Les effets secondaires neurologiques liés au vaccin cul-
tivé sur cerveau de souriceau sont donc évités et la vaccination
peut être plus largement proposée.
La vaccination curative post-exposition ne peut être admi-
nistrée en France que dans des centres antirabiques (cinq injec-
tions à J0, J3, J7, J14 et J30 ou schéma simplifié avec deux
injections à J0, une injection à J7 et J21).
La vaccination préventive peut être effectuée par tous les
médecins et le vaccin délivré par les pharmaciens. Elle com-
porte trois injections à J0, J7 et J28 avec un rappel un an plus
tard puis tous les cinq ans. Elle s’effectue par voie intramus-
culaire avec une dose vaccinale de 0,5 ml. Cette vaccination est
recommandée en France pour certaines professions à risque :
services vétérinaires, personnels de laboratoires manipulant du
matériel contaminé ou susceptible de l’être, équarrisseurs, per-
sonnels des fourrières, naturalistes, taxidermistes, gardes-
chasses, gardes forestiers et personnels des abattoirs (7).
Concernant les pays tropicaux, elle est recommandée aux voya-
geurs séjournant en zone d’enzootie, dans certaines conditions
favorisant l’éloignement prolongé d’un centre pouvant réaliser
la vaccination. La Société française de médecine des voyages
la recommande “aux expatriés en situation isolée, surtout avec
de jeunes enfants, et aux routards” (7).
L’OMS la propose aux “personnes qui travaillent dans un pays
d’endémie rabique et qui pourraient être exposées à un risque
particulier de par leurs activités, qui passent un certain temps
(> 1 mois) dans un pays où le risque rabique est permanent, qui
voyagent dans un de ces pays pendant un temps indéterminé
dans des conditions spéciales (randonnées pédestres, trekking)
et loin d’un centre médical important” (6). Cette recomman-
dation préventive est particulièrement importante si l’on sou-
ligne le fait que la vaccination curative doit être précoce, et que
cette dernière est, dans les pays en voie de développement, réa-
lisée avec des vaccins de fabrication locale cultivés sur cer-
veaux d’animaux, et donc à l’origine d’effets secondaires accrus
de type encéphalitique (16).
La réalisation d’une vaccination préventive ne dispense pas
d’une ou deux injections de rappel à titre curatif, en cas d’ex-
position, surtout si cette dernière survient plus d’un an après le
vaccin (1). Dans ce cas, l’OMS recommande une injection intra-
musculaire ou intradermique à J0 et J3. Toutefois, une étude
récente a montré que quatre injections simultanées ? en intra-
dermique d’un cinquième de la dose recommandée sont aussi
efficaces, avec un titre d’anticorps très supérieur au schéma
classique (16). Enfin, le patient mordu, vacciné ou non, doit
téléphoner en urgence à son ambassade pour obtenir des
conseils et s’orienter vers une vaccination de bonne qualité.
HÉPATITE A
L’hépatite A est due à un virus de la famille des Picornaviri-
dae du genre hépatovirus, dont il est le seul représentant. Sa
répartition géographique est ubiquitaire. Son réservoir est stric-
tement humain. L’excrétion fécale du virus de l’hépatite A
(VHA) est de courte durée mais à des concentrations très éle-
vées (17). Quatre-vingt-dix pour cent des infections sont asymp-
tomatiques, surtout chez l’enfant. L’incidence de l’hépatite A
est mesurée en France au niveau national par le réseau Senti-
nelles. L’hépatite A active est définie par la présence d’anti-
corps anti-VHA de type IgM et une augmentation des trans-
aminases. Les taux d’incidence de l’hépatite A sont restés assez
stable depuis 8 ans en France de l’ordre de 18-20/100 000 habi-
tants. Les chiffres sont voisins de ceux des autres pays d’Eu-
rope de l’Ouest. Les voyages à l’étranger multiplient par 20 le
risque de contracter une hépatite A. Selon l’OMS, le risque pour
le voyageur est de 3 à 6 ‰ par mois de séjour et passe à 20
pour les routards.
L’hépatite A survient habituellement après une incubation silen-
cieuse d’une durée moyenne de 30 jours et se manifeste par un
ictère (80 % des enfants de plus de 14 ans contre 20 % de ceux
de moins de 6 ans) (1, 2, 17). Si la quasi-totalité des jeunes
enfants dans les pays en voie de développement ont été en
contact avec le virus, il n’en est pas de même en France. L’évo-
lution vers une hépatite fulminante est possible (1/1 000), plus
fréquente chez les sujets plus âgés.
Le taux de séroprévalence des anticorps anti-VHA chez les
jeunes recrues du service national n’a cessé de décroître, pour
passer de 50 % en 1978 à 11,5 % en 1997. Ces chiffres mon-
trent bien que la proportion de la population française récep-
tive à ce virus croît d’année en année, et qu’elle est actuelle-
ment très importante.
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MISE AU POINT
Les données internationales régulièrement actualisées sur la rage
sont disponibles sur un serveur spécifique de surveillance électronique
mondiale de la rage humaine et animale
(Rabnet, par le Centre collaborateur de l’OMS – INSERM U444, Paris).
La protection contre l’hépatite A reposait initialement, outre les
règles élémentaires d’hygiène, sur l’injection de gammaglobu-
lines, dont la durée d’efficacité était limitée à quelques mois.
Des vaccins à virus entiers inactivés ont été mis au point, et leur
efficacité est excellente. Il existe actuellement quatre présen-
tations en France : Havrix®adulte 1 440 (1 440 unités Elisa dans
1 ml) et Havrix®enfant et nourrisson 360 (360 unités Elisa dans
0,5 ml) [SmithKline Beecham], Avaxim®adulte (160 unités
antigéniques dans 0 ,5 ml) [Pasteur Vaccins] et Twinrix®
(SmithKline Beecham) qui associe les vaccins contre l’hépa-
tite A (720 unités Elisa) et l’hépatite B (20 µg) dans 1 ml (7).
Un autre vaccin inactivé est commercialisé par Merck (Vaqta®).
Enfin, un vaccin liposomal (IRIV HAV Epaxal®), très immu-
nogène et mieux toléré, est produit en Suisse.
Le calendrier vaccinal français de 1998 recommande ce vaccin
pour des sujets exposés professionnellement : personnel de
crèches, d’internats, des établissements et services pour l’en-
fance et la jeunesse handicapée, personnel de traitement des
eaux usées, personnels impliqués dans la préparation alimen-
taire en restauration collective.
Il est par ailleurs recommandé dans les zones d’endémie à par-
tir d’un an (5, 7, 19). Si la vaccination de l’adulte jeune et des
adultes paraît indispensable dans ces régions (risque d’hépatite
fulminante de 1,2 % après l’âge de 40 ans), elle peut se discuter
pour le jeune enfant en raison du caractère bénin ou asympto-
matique de la maladie et de la meilleure immunité naturelle.
Cependant, la vaccination des enfants voyageurs pourrait pré-
venir l’introduction souvent occulte du VHA en France métro-
politaine au retour des vacances. La question de la sélection séro-
logique prévaccinale doit prendre en considération la prévalence
des anticorps anti-VHA totaux dans la population cible, ainsi
que le coût de la vaccination et le coût du dépistage sérologique.
Un contrôle sérologique est utile chez les patients aux antécé-
dents d’ictères, ayant effectué de nombreux voyages en zone
d’endémie et âgés de plus de 40 ans. Cependant, dans ses recom-
mandations annuelles, le Conseil supérieur d’hygiène propose
un contrôle sérologique chez tout sujet né avant 1945 (5, 18).
Une seule injection intramusculaire du vaccin permet une pro-
tection efficace en deux à trois semaines. Le rappel, 6 mois plus
tard, induit une protection d’au moins 10 ans. Chez l’enfant de
moins de 15 ans, deux injections espacées d’un mois sont effec-
tuées, avec un rappel 6 mois après la première, puis tous les
10 ans. Le schéma vaccinal de Twinrix®est d’une injection de
1 ml à J0 puis J30, et à 6 mois chez l’adulte (7).
Des études sont en cours pour suivre l’évolution dans le temps
du titre d’anticorps et valider ainsi la durée d’efficacité de la
vaccination et les rythmes de revaccinations.
CHOLÉRA
Maladie liée au péril fécal, le choléra sévit dans toutes les
régions du globe à l’état endémo-épidémique (20). Sa diffusion
est très rapide en raison des moyens actuels de transport. Son
expansion est en partie liée à des phénomènes météorologiques
s’accompagnant d’inondations, du réchauffement des océans…
Il s’agit cependant d’une infection caractéristique de la pau-
vreté.
Longtemps confiné à l’Asie du Sud-Est, le choléra a atteint
l’Afrique en 1970, et a pénétré en Amérique du Sud en 1991,
par le Pérou. L’extension et le taux de mortalité sont dépen-
dants du niveau socio-économique de chaque pays. Des épidé-
mies sont apparues ou se sont aggravées ces derniers mois en
Afrique (Burundi, Cameroun, République démocratique du
Congo,Ghana, Kenya,Mozambique, Niger,Ouganda, Rwanda,
Sierra Leone, Tanzanie et Tchad), en Asie (Afghanistan, Inde,
Indonésie, Iran, Pakistan, Philippines, Sri Lanka, Thaïlande),
ainsi qu’en Arménie, aux Comores et au Brésil.
Les manifestations cliniques sont multiples, du simple portage
ou d’un simple épisode diarrhéique à la diarrhée profuse de plu-
sieurs litres quotidiens, voire à la forme sèche avec décès extrê-
mement précoce, avant l’émission de selles diarrhéiques. L’ex-
périence a montré que seule l’élévation du niveau d’hygiène,
qui consiste à traiter les eaux de consommation, à assainir les
effluents et à développer l’éducation sanitaire, permet d’éradi-
quer le choléra de façon définitive (20).
Le vibrion cholérique agit principalement par l’intermédiaire de
son entérotoxine extrêmement puissante ; mais les anticorps anti-
toxines cholériques ne se révèlent pas protecteurs, comme le sont
les anticorps antitoxines diphtériques ou tétaniques (20, 21).
La vaccination contre le choléra ne peut pas prévenir l’intro-
duction de l’infection dans un pays. C’est pourquoi l’Assem-
blée mondiale de la Santé a amendé le règlement sanitaire inter-
national en 1973, afin que la vaccination anticholérique ne soit
plus exigée d’aucun voyageur. Plus aucun pays n’exige de cer-
tificat de vaccination contre le choléra comme condition à l’en-
trée sur son territoire (6). Pasteur Vaccins a arrêté la commer-
cialisation du seul vaccin cholérique disponible en France
depuis la fin de l’année 1996 (7).
La prévention du choléra repose donc surtout sur des mesures
de prévention non spécifiques de la maladie et de sa dissémi-
nation. Cependant, les travaux de recherche sur le vaccin anti-
cholérique se poursuivent et montrent le rôle prépondérant de
l’immunité humorale générale de type IgG (21).
Deux vaccins anticholériques sont actuellement disponibles :
!Dukoral®,homologué en Argentine, au Guatemala, au Hon-
duras, au Nicaragua, en Norvège, au Pérou, au Salvador et en
Suède. Il s’agit d’un vaccin oral constitué de bactéries entières
tuées, couplées à la sous-unité B de la toxine diphtérique. Deux
doses sont nécessaires. La protection est de 85 % à 6 mois, mais
chute à près de 50 % à 3 ans.
!Orochol®,commercialisé par un laboratoire suisse, homolo-
gué en Argentine, au Canada, en Finlande, au Pérou, aux Phi-
lippines et en Suisse. Il comporte des bactéries vivantes atté-
nuées après délétion du gène ctxA codant pour les sous-unités A
de la toxine cholérique. La protection est de 95 %, huit jours
après une prise orale.
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