La protection contre l’hépatite A reposait initialement, outre les
règles élémentaires d’hygiène, sur l’injection de gammaglobu-
lines, dont la durée d’efficacité était limitée à quelques mois.
Des vaccins à virus entiers inactivés ont été mis au point, et leur
efficacité est excellente. Il existe actuellement quatre présen-
tations en France : Havrix®adulte 1 440 (1 440 unités Elisa dans
1 ml) et Havrix®enfant et nourrisson 360 (360 unités Elisa dans
0,5 ml) [SmithKline Beecham], Avaxim®adulte (160 unités
antigéniques dans 0 ,5 ml) [Pasteur Vaccins] et Twinrix®
(SmithKline Beecham) qui associe les vaccins contre l’hépa-
tite A (720 unités Elisa) et l’hépatite B (20 µg) dans 1 ml (7).
Un autre vaccin inactivé est commercialisé par Merck (Vaqta®).
Enfin, un vaccin liposomal (IRIV HAV Epaxal®), très immu-
nogène et mieux toléré, est produit en Suisse.
Le calendrier vaccinal français de 1998 recommande ce vaccin
pour des sujets exposés professionnellement : personnel de
crèches, d’internats, des établissements et services pour l’en-
fance et la jeunesse handicapée, personnel de traitement des
eaux usées, personnels impliqués dans la préparation alimen-
taire en restauration collective.
Il est par ailleurs recommandé dans les zones d’endémie à par-
tir d’un an (5, 7, 19). Si la vaccination de l’adulte jeune et des
adultes paraît indispensable dans ces régions (risque d’hépatite
fulminante de 1,2 % après l’âge de 40 ans), elle peut se discuter
pour le jeune enfant en raison du caractère bénin ou asympto-
matique de la maladie et de la meilleure immunité naturelle.
Cependant, la vaccination des enfants voyageurs pourrait pré-
venir l’introduction souvent occulte du VHA en France métro-
politaine au retour des vacances. La question de la sélection séro-
logique prévaccinale doit prendre en considération la prévalence
des anticorps anti-VHA totaux dans la population cible, ainsi
que le coût de la vaccination et le coût du dépistage sérologique.
Un contrôle sérologique est utile chez les patients aux antécé-
dents d’ictères, ayant effectué de nombreux voyages en zone
d’endémie et âgés de plus de 40 ans. Cependant, dans ses recom-
mandations annuelles, le Conseil supérieur d’hygiène propose
un contrôle sérologique chez tout sujet né avant 1945 (5, 18).
Une seule injection intramusculaire du vaccin permet une pro-
tection efficace en deux à trois semaines. Le rappel, 6 mois plus
tard, induit une protection d’au moins 10 ans. Chez l’enfant de
moins de 15 ans, deux injections espacées d’un mois sont effec-
tuées, avec un rappel 6 mois après la première, puis tous les
10 ans. Le schéma vaccinal de Twinrix®est d’une injection de
1 ml à J0 puis J30, et à 6 mois chez l’adulte (7).
Des études sont en cours pour suivre l’évolution dans le temps
du titre d’anticorps et valider ainsi la durée d’efficacité de la
vaccination et les rythmes de revaccinations.
CHOLÉRA
Maladie liée au péril fécal, le choléra sévit dans toutes les
régions du globe à l’état endémo-épidémique (20). Sa diffusion
est très rapide en raison des moyens actuels de transport. Son
expansion est en partie liée à des phénomènes météorologiques
s’accompagnant d’inondations, du réchauffement des océans…
Il s’agit cependant d’une infection caractéristique de la pau-
vreté.
Longtemps confiné à l’Asie du Sud-Est, le choléra a atteint
l’Afrique en 1970, et a pénétré en Amérique du Sud en 1991,
par le Pérou. L’extension et le taux de mortalité sont dépen-
dants du niveau socio-économique de chaque pays. Des épidé-
mies sont apparues ou se sont aggravées ces derniers mois en
Afrique (Burundi, Cameroun, République démocratique du
Congo,Ghana, Kenya,Mozambique, Niger,Ouganda, Rwanda,
Sierra Leone, Tanzanie et Tchad), en Asie (Afghanistan, Inde,
Indonésie, Iran, Pakistan, Philippines, Sri Lanka, Thaïlande),
ainsi qu’en Arménie, aux Comores et au Brésil.
Les manifestations cliniques sont multiples, du simple portage
ou d’un simple épisode diarrhéique à la diarrhée profuse de plu-
sieurs litres quotidiens, voire à la forme sèche avec décès extrê-
mement précoce, avant l’émission de selles diarrhéiques. L’ex-
périence a montré que seule l’élévation du niveau d’hygiène,
qui consiste à traiter les eaux de consommation, à assainir les
effluents et à développer l’éducation sanitaire, permet d’éradi-
quer le choléra de façon définitive (20).
Le vibrion cholérique agit principalement par l’intermédiaire de
son entérotoxine extrêmement puissante ; mais les anticorps anti-
toxines cholériques ne se révèlent pas protecteurs, comme le sont
les anticorps antitoxines diphtériques ou tétaniques (20, 21).
La vaccination contre le choléra ne peut pas prévenir l’intro-
duction de l’infection dans un pays. C’est pourquoi l’Assem-
blée mondiale de la Santé a amendé le règlement sanitaire inter-
national en 1973, afin que la vaccination anticholérique ne soit
plus exigée d’aucun voyageur. Plus aucun pays n’exige de cer-
tificat de vaccination contre le choléra comme condition à l’en-
trée sur son territoire (6). Pasteur Vaccins a arrêté la commer-
cialisation du seul vaccin cholérique disponible en France
depuis la fin de l’année 1996 (7).
La prévention du choléra repose donc surtout sur des mesures
de prévention non spécifiques de la maladie et de sa dissémi-
nation. Cependant, les travaux de recherche sur le vaccin anti-
cholérique se poursuivent et montrent le rôle prépondérant de
l’immunité humorale générale de type IgG (21).
Deux vaccins anticholériques sont actuellement disponibles :
!Dukoral®,homologué en Argentine, au Guatemala, au Hon-
duras, au Nicaragua, en Norvège, au Pérou, au Salvador et en
Suède. Il s’agit d’un vaccin oral constitué de bactéries entières
tuées, couplées à la sous-unité B de la toxine diphtérique. Deux
doses sont nécessaires. La protection est de 85 % à 6 mois, mais
chute à près de 50 % à 3 ans.
!Orochol®,commercialisé par un laboratoire suisse, homolo-
gué en Argentine, au Canada, en Finlande, au Pérou, aux Phi-
lippines et en Suisse. Il comporte des bactéries vivantes atté-
nuées après délétion du gène ctxA codant pour les sous-unités A
de la toxine cholérique. La protection est de 95 %, huit jours
après une prise orale.
La Lettre de l’Infectiologue - Tome XIV - n° 6 - juin 1999
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