Cas clinique C as clinique Carcinome papillaire sur kyste du tractus thyréoglosse Papillary carcinoma in a thyroglossal duct cyst #Z. Zaki*, N. Ouattassi*, M. Ridal*, A. Oudidi*, N. Alami* RÉSUMÉ La survenue d’un carcinome papillaire sur un kyste du tractus thyréoglosse est exceptionnelle. Nous rapportons le cas d’une femme âgée de 42 ans hospitalisée pour cette pathologie : la glande thyroïde était sans anomalie clinique ou radiologique ; le kyste a été réséqué selon la technique de Sistrunk. L’étude histologique a trouvé un foyer de carcinome papillaire sans extension extrakystique. La patiente a été mise sous hormonothérapie freinatrice avec un suivi régulier. Aucune récidive n’est survenue après deux ans. Mots clés : Kyste du tractus thyréoglosse – Carcinome papillaire – Thyroïdectomie. Summary: Papillary carcinoma arising in a thyroglossal duct cyst is a rare tumor. We report the case of 42-year-old woman treated for this pathology: the thyroid gland was normal on physical examination and imaging studies; the Sistrunk procedure was done. The histopathological examination reveled thyroid papillary carcinoma without extra-cyst extension. Thyroid hormon was given to suppress serum TSH levels and the patient was followed at regular intervals. During two years follow-up period, no recurrence of the disease occurred. Keywords: Thyroglossal duct cyst – Papillary carcinoma – Thyroidectomy. L es kystes du tractus thyréoglosse (KTT) représentent plus de 70 % des masses congénitales du cou. La présence d’un carcinome papillaire au niveau d’un KTT est exceptionnelle (< 1 %) [1-3]. Le diagnostic formel est histologique, après exérèse du kyste selon la technique de Sistrunk. La thyroïdectomie complémentaire n’est pas systématique. L’hormonothérapie thyroïdienne freinatrice de la sécrétion de TSH est toujours de mise. L’évolution après traitement est très favorable. OBSERVATION Une patiente âgée de 42 ans, sans antécédents particuliers, est hospitalisée en mai 2005 pour exérèse d’un kyste sous-hyoïdien médian de 3 cm de diamètre, évoluant depuis plus de deux ans. * Service d’ORL et de chirurgie cervico-faciale, CHU Hassan II, Fes, Maroc 16 L’échographie a objectivé une masse sous-hyoïdienne homogène anéchogène, une thyroïde homogène en place et l’absence d’adénopathies cervicales. La scintigraphie thyroïdienne à l’iode 131, demandée un mois auparavant par un médecin généraliste qui pensait à une pathologie thyroïdienne, ne montrait aucune anomalie. L’exérèse chirurgicale élargie du kyste a été réalisée selon la technique de Sistrunk. L’examen anatomopathologique a confirmé le diagnostic de KTT suspecté cliniquement, mais l’étude histologique a révélé un foyer de carcinome papillaire de 0,5 x 0,3 cm sans envahissement capsulaire. La patiente a été mise sous hormonothérapie thyroïdienne freinatrice (150 microgrammes de lévothyroxine/j). Aucun signe de récidive n’a été retrouvé après deux ans de suivi clinique et échographique. DISCUSSION La découverte d’un carcinome papillaire sur un KTT est rarissime, avec un taux inférieur à 1 % des KTT opérés (1-3). Le carcinome papillaire peut se développer au dépens des reliquats de follicules thyroïdiens au sein du KTT, ou bien être secondaire à une métastase de carcinome papillaire thyroïdien (1). Cliniquement, il est impossible de différencier un KTT bénin d’un carcinome sur KTT. Cependant, il existe des critères suggestifs de malignité, à savoir : l’âge adulte, la croissance rapide du kyste avec son caractère invasif local, l’antécédent d’irradiation cervicale, la paroi irrégulière du kyste avec la présence de nodules ou de calcifications, la présence d’adénopathie cervicale (1-4). En cas de suspicion de malignité, la cytologie du produit d’aspiration du KTT peut être d’un grand secours, avec seulement 53 % de sensibilité et 47 % de faux négatifs. La sensibilité de la cytologie peut être améliorée en répétant les aspirations (5). Le carcinome papillaire sur KTT intéresse davantage la femme que l’homme (sex-ratio 2 :1) [1]. L’adulte est plus fréquemment atteint que l’enfant (seulement une dizaine de cas rapportés par la littérature). Le carcinome papillaire représente 85 % des carcinomes sur KTT (1). D’autres formes ont été décrites, notamment la forme anaplasique. Aucun cas de carcinome médullaire sur KTT n’a été rapporté. Carcinome papillaire et carcinome squameux peuvent coexister au sein du même KTT (6). L’exérèse du KTT est pratiquée selon la technique de Sistrunk (résection du kyste, du corps de l’os hyoïde, d’un cône musculaire La Lettre d’ORL et de chirurgie cervico-faciale - n° 313 -avril-juin 2008 de la base de langue vers le foramen caecum et de l’aponévrose cervicale médiane jusqu’au niveau de la pyramide de Lalouette), avec un taux de récidive locale inférieur à 3 % (7). L’attitude vis-à-vis de la thyroïde est très controversée. La thyroïdectomie subtotale ou totale trouve sa légitimité dans la présence concomitante, au niveau de la thyroïde, de micro-foyers carcinomateux dans 20 % des cas (1). Cependant, la majorité des auteurs recommande actuellement une attitude conservatrice, sauf en cas de thyroïde suspecte de malignité, d’extension extra-kystique du carcinome papillaire, et/ou de foyer carcinomateux de plus de 1 cm de diamètre (1-4, 8). Le curage ganglionnaire cervical est indiqué en cas d’adénopathie cervicale métastatique (8). L’hormonothérapie thyroïdienne freinatrice est toujours de mise pour garder un taux bas de TSH (0,3 mU/l) [1-4]. L’iode radioactif peut être utilisé après thyroïdectomie totale (1). En l’absence de thyroïdectomie, la surveillance doit être régulière et prolongée, avec un examen clinique et une échographie cervicale au moins une fois par an. En cas de thyroïdectomie, le balayage scintigraphique et le dosage de la thyroglobuline permettent un suivi de qualité. Le pronostic du carcinome papillaire sur KTT est meilleur que celui du carcinome papillaire de la thyroïde, du fait de la rareté des métastases ganglionnaires et à distance (5). Cas clinique C as clinique de Sistrunk, suivie d’une hormonothérapie freinatrice. La thyroïdectomie totale n’est pas systématique ; elle peut être remplacée par une surveillance régulière et prolongée des patients. O RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 1. Zivaljevic V, Bazic V. Papillary carcinoma in a thyroglossal duct cyst. Acta Chir Belg 2006;106(2):252-3. 2. 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Sa prise en charge se résume en une exérèse chirurgicale selon la technique 8. Luna-Ortiz K, Hurtado-Lopez LM, Valderrama-Landaeta JL, Ruiz-Vega A. Thyroglossal duct cyst with papillary carcinoma: what must be done? Thyroid 2004;14(5):363-6. 6WdccZo"kdjhZiWc[^X^Zo YZhXgY^ihYZ;dgbVi^dcBY^XVaZ Y Y^i Y ; i^ BY^ a 8dci^cjZ 8 i^ :Y^bVg`HVcikdjhegdedhZYZhG:KJ:HYZ;DGB6I>DC $JcXdb^iYZgYVXi^dchX^Zci^ÒfjZZijcXdb^iYZaZXijgZfj^egdedhZciYZhVgi^XaZhh^\cheVgaZhVjiZjgh\VgVcih YZaÉ^cYZmVi^dcVXXdbeV\chYZaZjghXddgYdccZh $9Zhg[gZcXZhW^Wa^d\gVe]^fjZhhnhibVi^fjZbZciVeeZaZhYVchaZiZmiZ $AVcdi^dcYZÆXdcÓ^iYÉ^cigiÆXaV^gZbZci^cY^fjZVÒcYZ\VgVci^gaÉdW_ZXi^k^i!aVfjVa^iZiaÉ^cYeZcYVcXZhX^Zci^ÒfjZ YZhVgi^XaZhejWa^h $JcZejWa^X^ik^hjZaaZZi$djgYVXi^dccZaaZYjbY^XVbZciZiYjbVig^ZabY^XVaeVg[V^iZbZci^YZci^ÒZ! hVch^ciZggdbegZaVXdci^cj^iYÉjcVgi^XaZ $AZhVgi^XaZhYÉdgYgZhX^Zci^ÒfjZZiY^YVXi^fjZXdchi^ijZciaÉZhhZci^ZaYjXdciZcjgYVXi^dccZa <V\cZo)XgY^ih$VcZcViiZciZYjYXgZiYÉVeea^XVi^dcZckdjhVWdccVciYhbV^ciZcVci |jcZYZcdhejWa^XVi^dch kd^gcdigZWjaaZi^cYÉVWdccZbZcieV\Z'( AV[VXijgZdjjcZViiZhiVi^dckVa^YZgVkdigZ;B8 C#7#AZWVgbZYZhXgY^ihYZ;B8ejWa^eVgaZb^c^higZYZaVHVci YXgZiYj&(_j^aaZi'%%+!eVgjVj?djgcVad[ÒX^ZaaZ.Vdi'%%+egdedhZfjVigZ XVi\dg^ZhYÉVXi^dcYZ;B8ZiYÉkVajVi^dcYZhegVi^fjZhegd[Zhh^dccZaaZhYdciaVXVi\dg^Z'!XdbegZcVciaZh[dgbVi^dch^cY^k^YjZaaZhZi|Y^hiVcXZji^a^hVci idjihjeedgibVig^ZadjaZXigdc^fjZ!cdiVbbZciaZhVWdccZbZcih|YZheg^dY^fjZhdjaÉVXfj^h^i^dcYÉdjkgV\ZhbY^XVjm# 17