UNIVERSITE DE ROUEN
UFR DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES
DÉPARTEMENT DE GEOGRAPHIE
ANNÉE 2008-2009
LGO622 L'AFRIQUE
Michel Lesourd, Professeur des Universités
TERRITOIRES ET SOCIÉTÉS
D’AFRIQUE
PRESENTATION, PLAN DU COURS, BIBLIOGRAPHIE
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INTRODUCTION
L’AFRIQUE COMME OBJET D’ÉTUDE
Le présent cours est conçu comme un instrument d’information et d’analyse pour la
compréhension des principaux phénomènes géographiques de l’Afrique.
L'Afrique a une histoire...
Les organisations spatiales politiques, culturelles, économiques et sociales passées sont un
élément important de la compréhension de l'Afrique d'aujourd'hui.
De nombreux travaux concernant l'Afrique et les Africains ont été élaborés par des savants
de l'Antiquité gréco-latine comme Hérodote (mais dix siècles plus tôt, les pharaons d'Egypte
envoyèrent des Phéniciens explorer les côtes africaines) et les géographes et voyageurs
arabes, plus particulièrement en Afrique du nord-ouest, nord-orientale et des pays riverains
de l'océan Indien (Al-Idrissi, 1099-1164, qui laissa une « Description de l'Afrique et de
l'Espagne », et Ibn Batuta (1304-1377) qui visita le Bilal es-Sudan le pays des Noirs ») et
particulièrement l'empire du Mali en 1352. Aux XVè et XVIè siècles, les navigateurs
Portugais ou au service du Portugal furent aussi des découvreurs : le vénitien Ca Da Mosto
(découverte de l'embouchure du fleuve Sénégal, 1445), le Portugais Diogo Gomes et le
Génois Antonio da Noli qui découvrent l'archipel du Cap-Vert en 1460, le Portugais Diogo
Cao (découverte du royaume du Kongo, 1482).
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Source : Atlas de l'Afrique, 2000, Ed. Jeune Afrique
Mais l'histoire de l'Afrique, telle qu'elle a été connue et diffusée en Europe, et
particulièrement en France, a d'abord été celle des récits des explorateurs européens,
marins, naturalistes, commerçants français, anglais, hollandais, allemands au XVIIIè et
surtout XIXè siècles : le géographe Ecossais Mungo Park (1799), le Français René Caillié
(1828), les Anglais Burton et Speke (découverte du Nil Blanc, 1858) l'Allemand Gustav
Nachtigal, le Portugais Serpa Pinto en Angola (1877), Savorgnan de Brazza (Congo, 1877)
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et aussi le journaliste américain Henry Morton Stanley qui retrouve le Dr. David Livingstone.
Ces explorateurs travaillaient pour le compte de sociétés savantes (Société de Géographie
de Paris, fondée en 1821 par exemple) au service d'intérêts commerciaux (l'African
Association, crée en 1788 par des commerçants et des propriétaires terriens Anglais). Au
milieu du XIXè siècle, ces explorations servent le « projet colonial » politique et mercantile
des puissances européennes.
Source : Atlas de l'Afrique, 2000, Ed. Jeune Afrique
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L'Afrique : stigmatisée, colonisée
Sans doute faut-il aussi rappeler que la stigmatisation des Africains remonte à des temps
très anciens : au XVIè siècle, les Indiens d'Amérique furent reconnus comme « êtres
humains » par le monde chrétien lors de la controverse de Valladolid, mais non les Africains,
qui gardèrent leur statut « infra-humain » propre à en faire des esclaves, statut qui était
d'ailleurs déjà le leur aux yeux des européens mais aussi des musulmans de l'époque. Le
continent lui-même pratiquait l'esclavage, du moins dans les sociétés à organisation sociale
hiérarchisées : domestique « de case », des champs, pour le portage, pour tous les travaux
rebutants. Il fournissait déjà des esclaves dans l'Antiquité, mais il fut conforté dans cette
« spécialisation », tant par le monde arabo-islamique et turc que par les puissances
européennes. L'esclavage fut officiellement aboli par celles-ci au cours du XIXè siècle, mais
il continua d'exister sous des formes directes (monde arabe et maure, monde africain : la
République islamique de Mauritanie n'a officiellement interdit l'esclavage qu'en...1981) et
indirectes, comme le travail forcé de la colonisation européenne. En effet, « l'entreprise
coloniale » usa et abusa de « corvées » (travail forcé, obligatoire) aux effets dévastateurs
pour réaliser ses projets d'infrastructures et de mise en valeur : par exemple, la seule
construction du chemin de fer Congo-Océan coûta 20 000 vies humaines « indigènes ». Elle
obligeait les paysans aux corvées de construction de routes et chemin de fer, de ports, mais
aussi de plantations de coton, de café, d'hévéa. Le Portugal, après avoir interdit,
tardivement, l'esclavage dans ses colonies et provinces d'outre-mer (comme le Cap-Vert),
organisa et développa l'émigration forcée pour la mise en valeur des plantations de cacao et
de café en Angola et à Sao Tomé et Principe : conditions de vie extrêmement dures, presque
carcérales, dans les plantations, salaires dérisoires, paludisme endémique et hyperhumidité
équatoriale, éloignement de la famille sans retour régulier possible : plusieurs dizaines de
milliers de Cap-Verdiens quittèrent ainsi l'archipel entre 1930 et 1970, pour échapper
notamment aux crises de sécheresse et aux famines en résultant, famines qui frappaient les
îles l'Estado Novo portugais, dirigé par le dictateur Salazar, ne fit jamais rien,
préventivement, qui puisse les atténuer !
L'entreprise coloniale utilisa aussi les Africains pour des « usages » qui ne les concernaient
pas : la guerre en Europe. Elle le fit, pendant la Grande guerre (1914-1918), de manière très
insidieuse sous forme de contingents militaires toujours envoyés en première ligne (30 000
morts pendant la Grande Guerre parmi les 189 000 « tirailleurs sénégalais » réquisitionnés
au service de la France). Cette exploitation continuera pour la Seconde Guerre Mondiale,
puis paradoxe), pour les guerres coloniales « d'arrière-garde » menées par la France en
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