CHAPITRE VII.
Description
de l'
ANis
, ses propriétés
sa culture, etc.
.
A
graine de cette plante est la seule par-.
tie
dont on fasse usage, et on ne la
cultive
que pour cet objet.
Sa racine est blanche et menue, sa feuille
extrêmement fine et découpée
d.'un
vert gai;
sa tige est branchue , cannelée et creuse
:
elles élève à quatre ou cinq pieds ; ses fleurs
sont blanches et petites, disposées en rose
et ramassées en grand nombre à l'extrémité
de ses rameaux en forme de parasol ; elles
sont composées de cinq pétales échancrés;
le calice où elles tiennent se change en un.
fruit oblong, formé de deux semences me-
nues, convexes et cannelées d'un vert gri-
sâtre, d'une odeur et d'une saveur douces
et agréables.
On sème cette graine fort claire au
prin
7
-
temps, soit en planches, soit en
bordures.:
elle profite mieux dans cette dernière dis-
position : on la mouille pour. la
faire lever.,
et on l'éclaircit quand le plant est assez fort;
on a soin de même de le sarcler au besoin
CHAPITRE VII.
nox
et de l'arroser un peu dans les sécheresses
:
elle demande une terre meuble et légère.
Chaque pied forme sa tige dans le mois de
juin, et la graine se trouve mûre au mois
d'août ; on le coupe alors à fleur de terre ,
et on le laisse encore quelques jours au
so-
leil
, avant de battre la graine ; il repousse
de nouveaux drageons au printemps sui-
vant, qui donnent une seconde fois de
la
graine ; mais, passé cette seconde récolte,
il
faut le détruire et en semer d'autre. Cette
plante vient assez bien en tout pays, mais
particulièrement en Touraine , où on en
élève beaucoup, et c'est
de-1
à que la semence
nous vient en plus grande partie; elle se con-
serve bonne pour semer pendant trois ans,
mais pour les autres usages, elle sert beau-
coup plus long-temps.
Elle est placée la première parmi les qua-
tre grandes semences chaudes, et porte le
nom de carminative, c'est-à-dire,
anti-ven=
teuse , sa principale vertu étant de dissiper
les vents : elle est stomachique en même
temps , et fort convenable aux estomacs
froids et humides ; prise après le repas, elle
aide à
digestion
; celle qui est en dragée est
la meilleure ; elle s'emploie aussi utilement
contre la colique , le hoquet, le mal de tête,
les diarrhées, la difficulté de respirer, et
autres maladies de cette espèce : on la fait
entrer dans les purgatifs à la dose d'une dra-
chme infusée avec deux onces de séné, ou
202
D E L' A N I S.
autres drogues purgatives, et prévient les
tranchées ; elle est par elle-même purgative
pour les enfans , qu'on purge parfaitement
î
au poids d'un scrupule pulvérisé et délayé
clans un peu de bouillon; elle est souveraine
aussi dans les lavemens , pour appaiser la
colique, arrêter le cours de ventre, et dis-
siper les vents : on en fait bouillir deux ou
trois gros avec les autres herbes. Il s'en tire
une huile qu'on trouve chez tous les apo-
thicaires, qui est excellente de même pour
la colique venteuse, et pour faire cracher
les asthmatiques : la dose est
de
huit à dix
gouttes dans un verre
de
quelque liqueur
convenable. On l'emploie encore dans plu-
sieurs ratafiats et liqueurs qu'on boit pour
son plaisir , et dans certaines pâtisseries
qu'on fait en beaucoup de pays
;
on en met
même dans le pain du côté de Rome, ainsi
qu'en Al
emagne
: c'est l'usage dans les ca-
barets de servir
de
l'anis sur une assiette,
qu'on mange avec le pain ; les riches et les
pauvres l'aiment également. Cette semence
enfin a tant de propriétés et (le vertus,qu'on
l'appelle en médecine lame des poumons
et
le soulagement
des
intestins.
Il y
a
encore une autre espèce d'anis qui
vient de la Chine, et qui en porte le nom
mais on ne peut pas réussir à le faire venir
dans ce climat ; on lui attribue des vertus
supérieures à l'autre , pour chasser les
vents : on le mâche tel qu'il nous vient
,
CHAPITRE VIII. 203
OU
on en boit l'infusion. J'ignore comment
il croît; je ne connois que le fruit, qui est
d'une matière solide comme le bois, formé
comme une étoile, de la grandeur d'un petit
écu, de couleur marron, rougeâtre, renfer-
mant quelques petites graines rouges; on le
trouve chez tous les apothicaires.
CHAPITRE VIII.
Description de l'
ARnocHE
, ses di
()-
rentes espèces , ses propriétés, sa cul-
ture etc.
L
'ARROCHE
est connue sous plusieurs
noms ,
belle
-
dame, bonne
-
dame
et
follette ;
il y en a trois espèces, la blanche, la rouge
et la puante.
La blanche, qui est la seule dont on fasse
usage dans les alimens , a la racine longue et
fibreuse ; sa feuille ressemble en
quelque
chose à celle de la poirée ; mais elle est plus
petite, plus lisse, plus molle et plus jaune ;
aussi elle est conformée différemment du
côté de la queue, étant comme ailée et un
peu ondée sur les bords : elle monte en
graine la même année qu'on la sème, et
pousse une tige de cinq à six pieds , cylin-
drique dans le bas, et anguleuse dans le
haut ; ses fleurs naissent en grand nombre
aux extrémités de la tige et des rameaux ;
204 DE L'ARROCHE.
elles sont sans pétales , composées de plu-
sieurs étamines garnies de sommets jaunâ-
tres ou verdâtres; ces étamines sortent d'un
calice à cinq feuilles avec un pistil qui se
change en une seule semence arrondie ou
applatie comme une lentille jaunâtre, et e&
veloppée dans une capsule feuillée. On doit
être attentif à la recueillir dès que les pre-
mières graines commencent à se détacher,
sans quoi le vent les emporte en plus grande
partie ; on coupe alors toute la tige qu'on
laisse exposée quelques jours au soleil, et
on la secoue aussitôt après. C'est au mois
de juillet qu'on la recueille; elle se conserve
bonne deux ans, et on peut la semer pen-
dant toute la belle saison ; cependant on
n'en sème pour l'ordinaire qu'à l'entrée du
printemps, pour en jouir en attendant la
poirée, qui ne pousse pas avec la même ra-
pidité. Mais si d'un côté elle ale mérite de
se former plutôt qu'aucune autre plante de
son espèce elle a le défaut de monter
pres-
qu'aussitôt
qu'elle est levée, ce qui l'exclut
des potagers passé le moment du besoin.
Elle est très-utile néanmoins dans ce mo-
ment pour les soupes et pour les farces, où
en l'emploie avec l'oseille, au défaut de la
poirée.
La seconde espèce qui est la rouge, a la
feuille d'un rouge sale, et la fleur, ou, pour
mieux dire, le bouton purpurin; à tous au-
tres
égares,
elle ressemble parfaitement à la
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