MALADIES BACTÉRIENNES TRANSMISES PAR LES TIQUES
Les rickettsioses
Les rickettsioses à tiques sont causées par des bactéries intra-
cellulaires obligatoires appartenant au genre Rickettsia et au
groupe boutonneux. Depuis 1984, 11 espèces ou sous-espèces
de rickettsies du groupe boutonneux transmises par les tiques
ont été impliquées en pathologie humaine à travers le monde
(tableau I). Généralement, les signes cliniques commencent 6 à
10 jours après la piqûre de tique et comportent de la fièvre, des
céphalées, des myalgies, un exanthème (photo 5), des adéno-
pathies et une ou plusieurs escarres d’inoculation (2). L’escarre
peut cependant être absente dans certaines rickettsioses, comme
dans la fièvre pourprée des montagnes Rocheuses aux États-
Unis. La répartition géographique, le type et la sévérité des
signes cliniques dépendent de l’espèce de rickettsie (tableau I).
Sur le plan biologique, thrombopénie, leucopénie et cytolyse
hépatique sont fréquentes.
Le diagnostic de confirmation le plus accessible est la sérolo-
gie. On recherchera une séroconversion ou la présence d’IgM.
Il faut savoir que la plupart des trousses commerciales ne tes-
tent que quelques espèces (en France : Rickettsia conorii et
Rickettsia rickettsii). Or, il existe des réactions croisées entre
les rickettsies, mais aussi entre les rickettsies et d’autres genres
bactériens. Ainsi, la rickettsiose responsable de la maladie ne
sera pas forcément testée en sérologie. Des techniques séro-
logiques spécifiques peuvent être utilisées pour identifier la ric-
kettsie en cause en utilisant plusieurs antigènes, mais elles ne
sont cependant disponibles qu’au Centre national de référence
(CNR) à Marseille (tableau II). Le diagnostic de confirmation
peut également reposer sur les méthodes d’amplification enzy-
matique par polymerase chain reaction (PCR) sur le sang ou
l’escarre réalisées au CNR (3). La technique de la “PCR sui-
cide”, qui utilise des amorces à usage unique ciblant un gène
jamais amplifié jusqu’alors dans le laboratoire, permet d’évi-
ter les contaminations verticales par des amplicons issus de
manipulations précédentes (4). Enfin, la culture cellulaire n’est
réalisée qu’en laboratoire P3 au CNR.
Un traitement empirique précoce doit être prescrit devant toute
suspicion clinique de rickettsiose avant la confirmation micro-
biologique. La doxycycline (200 mg/j) pendant 1 à 7 jours
demeure le traitement de choix des rickettsioses transmises par
les tiques. Pour certains, cette recommandation concerne aussi
les jeunes enfants, comme dans le cadre de la fièvre pourprée
des montagnes Rocheuses (2). Cette conduite doit s’appliquer
aux autres rickettsioses compte tenu du risque d’évolution
sévère. Dans les cas graves, la doxycycline peut être adminis-
trée en intraveineux jusqu’à 24 heures après apyrexie. Chez les
femmes enceintes atteintes de FBM, on peut utiliser la josa-
mycine à la dose de 3 g/j pendant 7 jours. Les nouveaux macro-
lides sont également une alternative (2).
Les borrélioses
●La maladie de Lyme. La maladie de Lyme est la maladie
infectieuse à transmission vectorielle la plus fréquente aux
États-Unis (5). Elle est aussi largement répandue en Europe,
en Russie, en Chine, au Japon, en Australie. Elle est transmise
par les tiques du genre Ixodes :Ixodes scapularis aux États-
Unis, I. ricinus en Europe de l’Ouest (5). Il existe plusieurs
bactéries responsables de la maladie de Lyme du genre Borre-
lia. Ce sont des spirochètes à Gram négatif microaérophiles
mobiles. Borrelia burgdorferi sensu stricto, Borrelia garinii et
Borrelia afzelii, appartenant au complexe Borrelia burgdorferi
sensu lato, sont les trois principaux agents de la maladie de
Lyme en Europe (6). B. burgdorferi sensu stricto est le seul
pathogène connu aux États-Unis (6). Au Portugal, une autre
Borrelia,Borrelia lusitaniae, a été mise en évidence par cul-
ture d’une biopsie cutanée d’une patiente présentant un éry-
thème chronique migrant (7). Récemment, Borrelia valaisiana
a été mise en évidence par PCR dans le liquide céphalo-rachi-
dien d’un patient présentant une paraparésie spastique (8).
Enfin, Borrelia spielmanii a été détectée dans la biopsie d’un
Photo 5. Éruption maculopapuleuse de la fièvre boutonneuse médi-
terranéenne.
MISE AU POINT
La Lettre de l’Infectiologue - Tome XXI - n° 4 - juillet-août 2006
164
Photo 4. Escarre du cuir chevelu dans l’infection à Rickettsia slovaca.