Maq gastro 07 du 27/09/01 08/10/01 16:54 Page 197 vie professionnelle Vie professionnelle Mise en place de la circulaire DGS 138 du 14 mars 2001 relative aux précautions à observer lors des soins en vue de réduire les risques de transmission d’agents transmissibles non conventionnels (ATNC) : des explications pour l’application Th. Vallot* Très rapidement, la Directage n’a jamais été claireaire des recommandations dans un domaine auquel on ne connaît ment évaluée. le groupe tion Générale de la Santé, qui s’est vu adresser un cerpas grand-chose est évidemment une tâche toujours ardue, et il ne propose “un questionnaire à remplir par le médecin tain nombre de questions, a faut pas s’étonner que les rédacteurs de la circulaire 138 du 14 mars prescripteur d’un examen jugé nécessaire de mettre en place, avec la collabora- 2001 relative à la prévention de la transmission des ATNC aient utili- ou d’un acte nécessitant l’utilisation d’un disposition du Centre de Coordisé un langage parfois quelque peu opaque, qui permet, certes, de tif médical”. Cet interronation de la Lutte contre les ratisser large concernant le principe de gatoire comprend, tout Infections Nosocomiales (CCLIN), un groupe de tra- précaution, mais qui n’est pas toujours d’une grande clarté pour ceux d’abord, des questions qui doivent en appliquer les recommandations. relatives à la recherche de vail interrégional de cadres facteurs de risque dans les hygiénistes, de praticiens et antécédents, tels que traide représentants du GIFE maladie de Creutzfeldt-Jakob via le matétement par hormone de croissance extrac(Groupe des infirmières pour la formation riel n’a été signalé. Pour les endoscopies tive, cas d’ESST liés à une mutation du en endoscopie), pour aider à la mise en utilisant des endoscopes souples, non stégène codant pour la PrPc dans sa famille application de cette circulaire. Nous raprilisables, le groupe de travail du CCLIN, génétique, interventions chirurgicales portons ici quelques-unes des réponses révisant la circulaire N° 236 sur la prise en avec ouverture de la dure-mère, notamaux questions qui leur avaient été posées. charge des endoscopes, propose une proment intervention neurochirurgicale ou cédure universelle de désinfection quelle exploration cérébrale invasive réalisée en Quels sont les actes à risques, en particuque soit la nature de l’acte. Cela permet France avant le 1er janvier 1995. Pour ce lier en endoscopie digestive ? d’éviter la difficulté de la définition de qui est de la recherche de signes cliniques Pour “ce comité : il semble difficile d’étal’acte non à risque qui peut le devenir à tout évocateurs de la MCJ, un préquestionnaire blir une liste exhaustive des actes à risque moment en cours d’intervention”. En permet d’étiqueter les malades suspects en de transmission de l’ATNC et considère conclusion, il est plus simple de rallonger recherchant soit des troubles intellectuels, qu’ il serait peut-être plus simple de défiles procédures pour tous les examens que soit des troubles psychiatriques, d’apparinir les actes ou les spécialités non à risque. pour certains. Le Pr Ponchon, actuel prétion récente et d’évolution progressive, Le groupe propose que les actes non à sident de la SFED, s’interrogeait récemaprès élimination des autres causes posrisque soient seulement les soins infirment sur les arguments scientifiques qui sibles. S’il y a suspicion d’ESST, le miers ; tous les autres actes invasifs pouont conduit à inclure certains actes endoComité recommande de revoir l’indication vant potentiellement être à risque pour le scopiques dans les actes à risque. de l’acte et de demander au préalable l’avis patient. d’un neurologue pour confirmer si cette suspicion de maladie de Creutzfeldt-Jakob À l’heure actuelle, aucun cas de transmisDépistage des patients à risque de transest justifiée ou non. Il a été également prosion nosocomiale du nouveau variant de la mission de la maladie de Creutzfeldtposé, pour les patients de psychiatrie, de Jakob. gériatrie, de long séjour et les personnes hébergées en maison de retraite, qu’une C’est un vrai problème qui se pose depuis *Hôpital Bichat, centre d’endoscopie fiche de liaison soit établie, comportant un longtemps, et la faisabilité d’un tel dépisdigestive, Paris. F 197 Act. Méd. Int. - Gastroentérologie (15) - n° 7 - septembre 2001 Maq gastro 07 du 27/09/01 08/10/01 16:54 Page 198 vie professionnelle Vie professionnelle diagnostic neurologique complet à la recherche des critères diagnostiques de MCJ qui serait remplie par un neurologue et qui suivrait le patient dans son dossier médical. Modifications des procédures de nettoyage – décontamination – désinfection. Le Comité précise notamment la définition du double nettoyage : “Il s’agit d’un cycle complet de nettoyage répété deux fois. D’après les propositions qui pourraient figurer dans le projet de circulaire modifiant la n° 236, après un prétraitement (test d’étanchéité, essuyage externe, aspiration et rinçage abondant des canaux), le premier nettoyage (d’une durée ne pouvant être inférieure à 10 min) comprendrait une immersion complète de l’endoscope dans une solution détergente, un essuyage de la gaine, un démontage des différents éléments, l’écouvillonnage de tous les canaux, le brossage et une irrigation et une purge des canaux). Le deuxième nettoyage (d’une durée ne pouvant être inférieure à 5 min) ne comprendrait que l’immersion complète dans un nouveau bain de solution détergente et une irrigation active de tous les canaux. Le bain doit en effet être renouvelé pour le deuxième nettoyage du même endoscope, ce qui peut sembler excessif mais s’inscrit dans le cadre du principe de précaution. Il rappelle également que l’étape de trempage est indispensable pour éviter une dispersion des souillures pouvant entraîner une fixation des protéines et de l’infection potentielle. De plus, l’effet mécanique réalisé dans le bain de produit par le brossage ou l’écouvillonnage des canaux, le cas échéant, permet une élimination satisfaisante des souillures après trempage.” À la question, “faut-il une étape systématique de nettoyage manuel avant traitement par un automate ?”, le sous-groupe de travail du CCLIN proposerait que, dans le cadre d’un double nettoyage, le premier pourrait être un nettoyage manuel, le deuxième pourrait être réalisé par un laveurdésinfecteur d’endoscope. Le nettoyage manuel permettrait d’éliminer un maximum de souillures, par effet mécanique de l’écou- villonnage associé au produit décontaminant et par le rinçage à l’eau courante. Le nettoyage par le lave endoscope permettrait une action nettoyante par présence du produit décontaminant associé à la pulsion de l’eau et à l’effet de la température, la désinfection se faisant dans un deuxième temps”. La question de savoir si l’on peut aujourd’hui laver deux endoscopes dans la même machine reste posée. Rappelons que seules sont autorisées les machines qui ne recyclent pas les produits désinfectants. Comme la circulaire 138 le recommande, il faut abandonner le glutaraldéhyde, qui fixe les protéines au profit essentiellement de l’acide peracétique. Il existe à ce jour différents produits à base d’acide peracétique sur le marché (Anioxyde 1 000®, laboratoire Anios – Péralkan, laboratoire Alkapharm – biosal, société SEPPIC – un produit à base de dioxyde de chlorure pourrait être commercialisé dans les mois à venir – l’eau de Javel ne dispose ni de recommandation de mise sur le marché, car ce n’est pas un médicament, ni de marquage CE, car ce n’est pas un dispositif médical). Beaucoup de questions concernent bien sûr l’acide peracétique. Le Comité rappelle tout d’abord que “l’acide peracétique ne peut obtenir d’action anti-ATNC. L’utilisation recommandée d’acide peracétique a essentiellement pour but de ne pas fixer les protéines (donc les ATNC), comme le fait le glutaraldéhyde, ce qui les rend plus résistants. L’action sporicide de l’acide peracétique dépend du temps de contact. La désinfection par l’acide peracétique ne comprend donc qu’un trempage de durée, qui est fonction des recommandations du fabricant. La toxicité et les inconvénients de l’acide péracétique ne sont pas encore clairement établis. Le Comité rappelle que l’acide peracétique ne fait pas partie des monographies des produits testés par l’International Agency for Research on Cancer (IARC). Les recherches sur les sites Internet de la Hazardous Substances data Bank, de la National Library of Medecine americaine du Chemical Carcinogenesis Research In Formation System du Natio- Act. Méd. Int. - Gastroentérologie (15) - n° 7 - septembre 2001 198 nal Cancer Institute americain montrent que l’acide peracétique est irritant pour la peau et les yeux sous forme liquide et les yeux, le nez, la gorge sous forme vapeur, mais ne précisent pas d’effet carcinogène. L’intensité des effets irritatifs varie également avec les concentrations d’acide peracétique dans le produit final. Actuellement en France, il n’existe pas de fiche toxicologique de l’Institut national de Recherche et de Sécurité ; elle devrait être publiée dans les mois à venir. Pour ce qui concerne la protection du personnel, deux établissements précisent que le personnel souhaite réaliser l’opération d’inactivation des ATNC avant celle du nettoyage, ce qui est contraire à ce qui est indiqué dans la circulaire. Le Comité rappelle que l’étape nettoyage, trempage dans une solution détergente, etc., est primordiale pour réduire la quantité de souillures macroscopiques et de protéines et permettre l’inactivation ultérieure des ATNC. Par ailleurs, aucune infection du personnel par nettoyage d’instrument n’a jamais été rapportée. La qualité des gants de protection, portés par le personnel doit être contrôlée. Rappelons enfin que le directeur général de l’AFSSAPS a décidé, à titre de précaution, d’interdire la réutilisation des pinces à biopsie en endoscopie digestive, cette décision du 18 juin 2001 devant être appliquée au plus tard deux mois après la parution au Journal Officiel (c’est-à-dire le 30 août 2001). Cette interdiction concerne semble-t-il, également les pinces chaudes, puisqu’elles servent aux biopsies mais ne concerne pas les pinces à corps étrangers. Tous ceux qui souhaiteraient avoir des informations complémentaires peuvent trouver sur le site du “CCLIN Paris Nord” à la rubrique “Actualité”, différents documents élaborés par ce groupe de travail : http://www.ccr.jussieu.fr/cclin/ ou adresser leurs commentaires et questions à Nadège Baffroy-Fayard, coordinatrice de ce groupe de travail : E-mail : [email protected].