quelles conséquences environnementales, sanitaires et sociales

LA POLLUTION DES RIVIÈRES EN CHINE
QUELLES CONSÉQUENCES ENVIRONNEMENTALES, SANITAIRES ET SOCIALES ?
« La Chine une puissance mondiale »
Festival International de Géographie
de Saint-Dié-des-Vosges
3 - 6 octobre 2013
Nicolas MAUGHAN,
LATP UMR-CNRS 7353,
Aix-Marseille Université
St Charles, case 18,
3 place V. Hugo, 13331 Marseille
I. Des hydrosystèmes fortement affectés en zones rurales et urbaines
II- Cadmium, chrome, mercure, plomb... le cas des rejets des industries textiles
III- L’apparition d’une vraie conscience environnementale ?
Jeune femme prélevant un échantillon d’eau polluée par
des colorants rouge dans la rivière Jianhe (ville de Luoyang,
province de Henan, décembre 2011) (source: China Daily).
L’activiste Wei Dongying relevant des taux de pollu-
tion de l’eau à proximité d’une usine chimique. vil-
lage de Wuli, Nanyang, ville de Hangzhou, province
de Zhejiang (source Lu Guang/Greenpeace, 2013).
N
Rejets d’effluents pollués d’une usine de traitement de “terres
rares” (village de Xinguang, Baotou, Mongolie-Intérieure,
source China Daily)
DES ZONES URBAINES SUBMERGÉES PAR
LEURS EFFLUENTS
LES RÉGIONS RURALES FORTEMENT TOU-
CHÉES PAR LES POLLUTIONS INDUSTRIELLES
LUOYANG: DES COLORANTS QUI
FONT ROUGIR LES RIVIÈRES...
N
XINTANG ET GURAO : CAPITALES DU BLUE JEANS
ET DU SOUTIEN-GORGE
LES RÉSEAUX SOCIAUX CHINOIS
COMME VECTEURS INATTENDUS DE LA
CONTESTATION
(Source: capture d’écran, réseau social Weibo, mars 2013.
La Chine connaît actuellement de
nombreux problèmes liés à l’eau :
dégradation des écosystèmes,
pénurie d’eau, inondations. Le
développement de l’économie
s’est effectué à un coût, en termes
de pollution et de santé publique,
qui n’a pas été moins spectaculaire
que les chiffres de la croissance.
L’un des aspects les plus
dramatiques est l’aggravation de la
pollution des rivières. En effet, le
gouvernement estimait en 2011
que 40 % des rivières chinoises
étaient gravement polluées et 20 %
à un niveau tel que leur eau a été
jugée trop toxique pour permettre
le moindre contact ! Pour cette
même année c’est 75 milliards de
tonnes d’eaux usées qui y ont été
deversés. Au-delà des
conséquences écologiques, ces
pollutions ont de graves
répercussions sanitaires (60 000
décès prématurés chaque année).
La cité industrielle de Xintang a produit plus de 260 mil-
lions de paires de jeans en 2008. Parmi les 3000 ateliers
(en 2009) beaucoup rejettent leurs eaux usées,
fortement chargées en métaux lourds (cadmium,
chrome, mercure, plomb et cuivre), dans les cours
d’eau locaux. Si les différentes étapes de lavage et de
coloration des pantalons ont un sévère impact sur
l’environnement proche et sur les résidents, les
conséquences sont encore plus importantes sur la santé
des 180 000 ouvriers immigrés présents qui subissent les
effets toxiques de manière directe.
De plus en plus de citoyens chinois comme Wei
Dongying, qui dénonce depuis une décennie les
taux de mortalité liés à la pollution dans les “vil-
lages du cancer”. ou comme le journaliste et blog-
geur Deng Fei, qui défend la qualité de l’eau, sont
écoutés par la population. Cependant, peu de ces
“citoyens activistes” ont une formation scientifique
solide et sont pas réellement des leaders.
Xintang au sud de la province de Guangdong
Gurao au nord de la province de Guangdong
80 % de l’économie de la ville de Gurao est liée
à l’industrie des sous-vêtements. En 2009, plus
de 200 milions de soutiens-gorges ont été
produits par 75 000 ouvriers. Au sud se trouve le
village de Ximei traversé par la rivière Xiao xi.
D’un point de vue économique, Ximei a
bénéficié de cette industrie alors que la rivière
en est devenue une victime. Lorsque les eaux
usées rejetées contiennent des colorants, elle
prend différentes teintes allant du noire au bleu.
Elle n’est plus apte pour la boisson ou la lessive
et plus aucun organisme aquatique n’y vit.
Eaux de lavage usées rejetées par une usine textile à
Xintang (source: Lu Guang/Greenpeace, 2010).
Ouvrier de Xintang cherchant dans les effluents toxiques
les pierres utilisées pour user les jeans délavés (source: Lu
Guang/Greenpeace, 2010).
(source: Institut of Public & Environmental Affairs, 2013, http://www.ipe.org.cn/, et Google)
Cartographie officielle des industries ayant des
rejets aqueux polluants en Chine
Au cours de l’hiver 2013, plusieurs
évènements spectaculaires dont la
découverte de 16 000 carcasses de
porcs dans le fleuve Huangpu à
Shanghaï ont fait vivement réagir les
internautes chinois. Certains d’entre
eux ont décidé, en utilisant le réseau
social Weibo, de publier des photos
de cas de pollution des cours d’eau.
Cet usage militant de l’information
participative à la chinoise, permet de
disposer d’un état des lieux montrant
l’acuité du problème. Après avoir
lancé un appel, le journaliste
d’investigation Deng Fei a
commencé à recevoir sur son
compte des images de la pollution
d’une rivière de la province de
Shandong, puis les envois se sont
succédé venant autres endroits du
pays, comme ici, dans le Jiangnan,
au sud du Yangzi.
L’expression de l’inquiétude des populations
riveraines ne se limite pas uniquement à internet.
En effet, récemment, une série de protestations a
été déclenchée par les craintes de la dégradation
de l’environnement, dont se fait souvent échos la
presse internationale. Par exemple, en juillet 2012,
des milliers de personnes ont manifesté contre le
gouvernement de la ville côtière de Qidong, dans
la province de Jiangsu, afin d’empêcher la con-
struction d’un centre de stockage pour des efflu-
ents industriels. Ils ont fini par avoir gain de cause.
C’était la dernière d’une des nombreuses confron-
tations sociales dans un pays où trois décennies
d’expansion économique rapide ont eu un énorme
cout écologique.
UNE MOBILISATION CROISSANTE DES RIVERAINS
DES ACTIVISTES POPULAIRES
Confluence des fleuves Yangzi et Jialing dans la ville de
Chongqing, la couleur rouge sang est due à une pollution
causée par un accident chimique, minier ou industriel
d’origine inconnue (source : ChinaFotoPress, septembre 2012).
Des riverains protestant contre le projet d’installation
d’un site de stockage d’eaux usées par un groupe
papetier dans la ville de Qidong, province du Jiang-
su (source: AP).
N
Luoyang au centre de la province de Henan
En décembre 2011, la rivière Jianhe,
qui coule dans la ville industrielle de
Luoyang a été fortement colorée en
rouge. Cette pollution provenait de
deux usines textiles déchargeant illé-
galement leurs eaux usées dans le
réseau pluvial. Les responsables du
bureau municipal de la protection de
l’environnement ont dû intervenir afin
de faire cesser ces activités.
Les donnée disponibles sur les qualités physico-chimiques
des rivières et fleuves chinois et sur les types de rejets
industriels, agricoles ou domestiques sont parcellaires et
ne concernent que les grands cours d’eau et les
principales sources des pollutions connues et datent
souvent de plusieurs années. Bien que les autorités fassent
aujourd’hui des efforts de transparence, la fiabilité des
données est régulièrement remise en cause, plusieurs
ONG dont Greenpeace estiment que la pollution de l’eau
en Chine serait deux fois plus importante que les chiffres
officiels.
Alors que la pollution était principalement
d’origine industrielle, elle est également
maintenant dominée par les rejets
domestiques et urbains. Plus de 17 000 villes
sont dépourvues de système de traitement
des eaux usées, de sorte que les rejets de
près d’un milliard d’habitants sont déversés
directement dans les cours d’eau.
Les industries se sont multipliées dans les
zones rurales, déchargeant ouvertement
leurs eaux usées directement dans les div-
ers milieux aquatiques. Le nombre d’usines
pétrochimiques construites à proximité des
rivières est d’environ 20 000 dont 10 000 le
long du fleuve Yangzi et 4 000 près du
Huang He.
On assiste aujourd’hui à une réelle prise de conscience en ce qui concerne la sécurité de l’eau en
Chine. Le public étant de plus en plus sensible à ce sujet, le gouvernement a promis de mettre un
terme à la pollution et d’assurer la qualité de l’eau potable. On estime que 500 milliards de yuans
(79,1 milliards de dollars) seront dépensés entre 2011 et 2015 pour lutter contre la pollution dans les
10 principaux fleuves et lacs du pays. Aussi, l’utilisation de nouveaux indices, comme les niveaux
de métaux lourds et de polluants organiques persistants, vont également être utilisés pour évaluer
la qualité des rejets et des milieux aquatiques. D’après le Département de prévention de la pollu-
tion du Ministère de la Protection de l’Environnement, un total de 22 indicateurs sera désormais
utilisé pour évaluer la qualité des cours d’eau pendant la période du 12eplan quinquennal (2011-
2015). Par ailleurs, la Chine projette également de renforcer la surveillance de la pollution des
nappes phréatiques et de mettre en œuvre des projets de traitement des eaux souterraines (aussi
fortement contaminées par des rejets illégaux) avant fin 2020.
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