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Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (XI), n° 6, novembre-décembre 2007
thématique
Dossier
signaux, le facteur Sonic Hedgehog
(Shh) est connu pour jouer un rôle
dans le développement de l’intestin
primitif et notamment du pancréas
(6). Récemment, ce facteur a été
impliqué dans le développement
de la glande thyroïde. En effet, il
a été montré que les souris invali-
dées pour ce dernier présentaient
un défaut de “lobulation”, avec un
lobe thyroïdien unique localisé d’un
seul côté de la trachée (figure 4a).
Or, ce facteur n’est exprimé par la
glande thyroïde à aucun moment du
développement, ce qui suggère un
rôle des tissus cervicaux adjacents
d’origine endodermique, qui, eux,
expriment Shh (7).
Interactions
“épithélium-mésenchyme”
et développement thyroïdien
Par ailleurs, les premières expé-
riences de cultures de cellules thyroï-
diennes ont montré la nécessité de
la présence de mésenchyme pour la
formation de la “lamina basale” (8),
ce qui a été confirmé plus récem-
ment par Barlow et al. (9). Aussi,
ces données suggèrent que le mésen-
chyme pourrait également envoyer
des signaux nécessaires au déve-
loppement thyroïdien. Barlow et al
ont de plus montré que ces signaux
ne pouvaient être transmis que par
l’intermédiaire d’un contact direct
“mésenchyme-endoderme” (9). Les
FGF (Fibroblast Growth Factors)
ont par exemple été impliqués. En
effet, les souris exprimant un trans-
gène muté du récepteur 2b aux FGF
présentent une absence totale de
glande thyroïde (10).
Plus récemment, les structures
cardio-vasculaires adjacentes à la
glande thyroïde en développement
ont également été pressenties pour
jouer un rôle dans l’organogenèse
thyroïdienne. En effet, on peut noter
que, durant le développement, le
système cardio-vasculaire est le
premier organe fonctionnel chez
les vertébrés et que de nombreux
organes incluant la thyroïde se déve-
loppent à son contact. De plus, il a
été montré que des signaux issus de
ce système déterminent fréquemment
la localisation, la différenciation et la
morphologie de l’organe (11).
Structures
cardio-vasculaires
et développement
de la glande thyroïde
Relation entre les structures
vasculaires et la glande
thyroïde durant son
développement (figure 2)
Récemment, l’analyse fine des
relations temporo-spatiales entre
les différentes structures embryon-
naires durant l’organogenèse chez
la souris a permis de montrer que
la glande thyroïde se développait
en contact étroit avec les cellules
endothéliales à l’origine des struc-
tures vasculaires cervicales (3). En
effet, dès la phase de “spécifica-
tion” (à E8.5-E9.5), il est noté que
ce sont les cellules en contact direct
avec le sac aortique qui formeront la
thyroïde primitive (figures 2a et b).
Ce “sac” correspond à un large
vaisseau qui communique avec le
cœur primitif et donnera naissance
aux artères pharyngées. Lors de la
phase de migration initiale, l’extré-
mité crânienne de la thyroïde reste
en contact avec le sac aortique,
puis, au stade E10.75, une apposi-
tion mésenchymateuse vient s’in-
sérer entre la “thyroïde primitive”
et le sac aortique (figure 2c). Par la
suite, la glande thyroïde s’éloigne
légèrement des structures vascu-
laires (figure 2d) pour revenir à leur
contact lors de la phase de “lobula-
tion”. En effet, à ce stade (E12.5),
l’extension latérale de la thyroïde
primitive s’effectue, de chaque
côté, le long des deux vaisseaux
issus du sac aortique. Ces structures
vasculaires, probablement issues
du troisième arc pharyngé, corres-
pondent aux artères carotides loca-
lisées à la bifurcation du futur arc
aortique (figure 2e). Cette étroite
connexion entre structures vascu-
laires et glande thyroïde disparaît
ensuite à partir de E13.5. En effet,
à ce stade, plus aucune structure
vasculaire n’est visible aux abords
de la thyroïde (3).
Au total, cette étroite relation spatiale
entre les structures vasculaires cervi-
cales et la glande thyroïde au cours
du développement suggère très
fortement un rôle des vaisseaux dans
l’organogenèse thyroïdienne.
Malformations cardiaques
congénitales et anomalies
du développement de la glande
thyroïde (figure 3)
Par ailleurs, il a été montré que
les sujets atteints d’hypothyroïdie
congénitale, présentaient plus
fréquemment des malformations
congénitales notamment cardiaques,
comparativement à la population
générale. Or, plus de 85 % des cas
d’hypothyroïdie congénitale sont
dues à des anomalies du développe-
ment de la glande thyroïde appelées
dysgénésies thyroïdiennes (12, 13).
Aussi, l’observation d’une asso-
ciation privilégiée “malformations
cardio-vasculaires et thyroïdiennes”
renforce l’hypothèse préalablement
formulée quant à l’existence d’in-
teractions entre ces deux structures
durant le développement. En effet,
une anomalie de développement de
l’une pourrait entraîner une anomalie
de développement de l’autre. Trois
types de malformations cardio-
vasculaires sont plus souvent asso-
ciés aux dysgénésies thyroïdiennes :
les défauts de septation interauri-
culaire et/ou interventriculaire, les
sténoses pulmonaires et les tétralo-
gies de Fallot (12, 13).
Cette association “anomalie cardio-
vasculaire et dysgénésie thyroï-
dienne” se retrouve chez les souris
invalidées pour le gène Shh. En
effet, ces souris présentent non
seulement une hémithyroïde (lire
article précédent) mais également
un défaut de rotation cardiaque (7).