enseignement scolastique (requ par lui au collkge
jésuite) et, d'un autre
caté,
des derniers Cours
krausistes (qui lui furent dispensés, de 1902
i
1910, par ses maitres de 1'Université Centrale,
A
Madrid, juste avant la nomination d'Ortega
y
Gasset, qui libéra de ses phantasmes la malheu-
reuse pensée espagnole..
.
et qui aurait pu appor-
ter beaucoup au jeune Catalan..
.
).
Quoi qu'il en soit, c'est
i
plusieurs reprises,
dans ses diverses oeuvres, que Serra Hunter dit
«non!
»
au vieil aristotélisme curieusement tho-
mistisé. D'emblée, il veut se placer dans la pers-
pective et dans la problématique de la spécula-
tion moderne, issue de la Renaissance, de Des-
cartes et de ses successeurs (proches ou loin-
tains). Toutefois, son caractere éclectique et
conciliant le porte
A
sauver ou
A
récupérer tour
l'ensemble de la tradition occidentale -en ex-
cluant seulement ce qu'elle peut avoir de faux
ou de dangereux
?i
son avis: il répete,
A
plu-
sieurs reprises, comme Leibniz (l'une de ses ad-
mirations), qu'on ne saurait faire
fi
du passé
philosophique, qu'on doit le respecter et meme
l'assimiler, autant que possible, comme un legs
précieux. C'est pourquoi la doctrine du Recteur
de 1'Université de Barcelone m'apparait, non
pas certes comme un vulgaire syncrétisme, mais,
du moins comme une synthese extremement
personnelle des apports les plus variés de la
pensée occidentale pendant trois millénaires.
«Les vieilles cultures, écrit-il (Filosofia i cul-
tura,
1
."
serie, p.
1
l), vivent chez l'homme ac-
tuel en ce qu'il a d'universel et de pérenne~.
Les prises de positions de Serra Hunter ont
été longuement mfiries par lui: ce ne sont pas
les options arbitraires d'un jeune rhéteur turbu-
lent, qui, au bout de quelques mois
a
peine d'ini-
tiation philosophique, émettrait catégorique-
ment des jugements sans appel. Ce sont, tout
i
l'inverse (meme avant les jours d'exil
A
l'étran-
ger, dans sa vieillesse), des prises de conscience
longuement réfléchies, au terme de la médita-
tion approfondie des problemes et des grandes
solutions introduites au cours des &es et en
notre siecle. En bref, le systeme de Serra
Hun-
ter (si systeme il y a!) s'adosse
a
une tres solide
connaissance de l'histoire de la philosophie. Est-
il besoin de rappeler ici les deux pertinents tra-
vaux qu'il nous a laissés sur Socrate (~Sbcrates
i
la metafísica», dans les Miscellinia Crexells,
1929, pp. 223-229, et Socrates, Girone, «Els
clissics de la filosofia~, Grafiques Darius Rahola,
1931,61 pages), celui sur saint Thomas d'Aquin
(discours
a
l'université, 12 mars 1899, publié
aux Ed. Barna, Barcelona), celui sur «El can-
celler Bacon i la metodologia científica» (dans la
revue Cietzcia, février 1929, pp. 525-535) et
celui sur Spinoza (Girone, «Els classics de la fi-
losofia», 1933, 87 pages), sans compter ses arti-
cles dans 1'Enciclopedia Espasa-Calpe (concer-
nant Platon, Kant, Hume, Fichte, Schopen-
hauer, Hegel, etc..
.)?
Dans l'ordre de la pensée proprement cata-
lane, on se souvient aussi de ses recherches sur
Llull, Sibiuda et Vives (dans Les tendencies fi-
loshfiques a Catalunya durant el segle
XIX,
dis-
cours
2
1'Acadkmia de Bones Lletres, Barcelona,
1925), de son étude sur Balmes i la filosofia a
Catalunya, 1925), de celle sur «La vocació filo-
sbfica d'En Crexells», (dans La Nova Revista,
février 1927)' de ses pages également sur Xavier
Llorens i Barba («Llorens i Sanz del Rio», Con-
gres de 1'Asociación Espagola para el progreso
de las ciencias, Barcelona, 1929, 19 pages;
«X.
Llorens i Barba. Estudis i carrera professional.
La seva actuació docent», Arxius de l'lnstitut
de Ciencies, any 9; et aussi les pp. 134-137 de
Sentit
i
valor de la nova filosofia, sur l'unité de
la philosophie selon Llorens) et, enfin, de celles
touchant le
physiologiste-philosophe
Ramon
Turró («Característiques fonamentals de la filo-
sofia d'En Turró~, Barcelona, 1927, dans le livre
de Turró, El métode objectizl, in {(Monografies
M&diques»,
n."
12, pp. 9-16: ces trois derniers
travaux ayant d'ailleurs été reproduits dans Fi-
gures i perspectiues de la historia del pensa-
ment), sans parler de ses éditions et traductions
en catalan de Platon (Fundació Bernat Metge).
Dans le sillage de l'École de Barcelone, Serra
Hunter part, comme ses prédécesseurs et inspi-
rateurs (Ramon Martí d'Eixala -1808-1867,
puis Xavier Llorens i Barba -1820-1872)
d'une méthode entierement psychologique.
A
ses yeux, conformément
a
la vieille tradition
écossaise, si chere
2
la Cité Comtale, la base
de
toute recherche philosophique doit &re la cons-
cience personnelle. Ouvrons, par exemple, Filo-
sofia i cultura (2." serie, 1932, pp. 210-211):
«Il y a une priorité du probleme psychologique