La Lettre du Cardiologue - n° 370 - décembre 2003
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MISE AU POINT
Les indications sont actuellement les mêmes que pour la chirur-
gie : diamètre aortique supérieur à 6 cm, critères d’évolution de
la lésion, lésion symptomatique. Dans notre équipe, nous favo-
risons l’approche endovasculaire dès que la situation anatomique
le permet. L’imagerie préalable comporte des coupes scanogra-
phiques millimétriques, jointives ou chevauchées de l’aorte, ainsi
qu’une artériographie graduée. Un repérage de la vascularisation
médullaire est réalisé en fonction de la topographie de la lésion.
La contre-indication technique majeure est un collet trop court,
c’est-à-dire un segment d’aorte saine inférieur à 2 cm, ou un col-
let dont le diamètre est supérieur à 46 mm. En cas de collet court,
certains artifices permettent d’améliorer l’ancrage de l’endopro-
thèse : l’artère sous-clavière gauche peut être recouverte en réa-
lisant, si nécessaire, un pontage carotido-sous clavier ; certaines
prothèses (Talent®, Medtronic) présentent une partie initiale non
couverte permettant un ancrage directement au niveau des
branches collatérales, sans les occlure ; enfin, il est possible de
transposer chirurgicalement certaines collatérales artérielles,
comme les troncs supra-aortiques, afin de mettre en place, secon-
dairement, une endoprothèse.
Les autres contre-indications à type d’angulation trop importante
sont exceptionnelles. De même, les limites liées à la mauvaise
qualité des artères périphériques peuvent être contournées
par une abord rétropéritonéal des artères iliaques ou de l’aorte
abdominale sous-rénale.
Les fuites paraprothétiques. L’une des causes majeures d’échec
du traitement par endoprothèse couverte est la persistance d’une
fuite paraprothétique continuant à alimenter la lésion anévris-
male.
Ces fuites sont classées en quatre types (tableau I).
TRAITEMENT ENDOVASCULAIRE DES ANÉVRISMES
DE L’AORTE THORACIQUE DESCENDANTE
(figure 1)
L’équipe de l’université de Standford a été la première à rappor-
ter les résultats du traitement des anévrismes de l’aorte descen-
dante par endoprothèse couverte, autoexpansible, introduite par
voie fémorale (1). Plus récemment, la même équipe rapportait
son expérience sur 103 patients (2). Parmi ceux-ci, 12 % avaient
été traités en raison d’une rupture aiguë et 60 % avaient été récu-
sés pour la chirurgie. La mortalité opératoire était de 9 % et le
taux de troubles neurologiques périphériques de 3 %. Le taux de
succès (thrombose de la poche anévrismale) était de 84 %. La
survie à deux ans était de 75 ± 5 %. Cette survie était de 91 %
chez les patients non récusés pour la chirurgie contre 60 % chez
les patients récusés.
Au cours de ces dernières années, les indications ont été mieux
cernées, le matériel a été amélioré et les procédures ont été effec-
tuées chez des patients à plus faible risque opératoire. La plupart
des études récentes rapportent une mortalité postopératoire nulle
lorsque la procédure est effectuée en dehors d’un contexte d’ur-
gence (3-5). Les cas d’échec de déploiement de la prothèse en
bonne position et les conversions chirugicales sont rares. Les
complications liées à la procédure les plus fréquentes sont les
lésions des axes ilio-fémoraux qui nécessitent une réparation. Les
troubles neurologiques périphériques sont exceptionnels, favori-
sés par le traitement simultané de l’aorte thoracique et de l’aorte
abdominale.
Le taux de fuites paraprothétiques post-procédure est de l’ordre
de 10 %. La majeure partie de ces fuites sont minimes et dispa-
raissent en quelques semaines. En cas de persistance, la plupart
sont traitées par voie endovasculaire.
DISSECTIONS DE L’AORTE
(figures 2a, 2b)
Principe du traitement
Il a été montré expérimentalement qu’il était possible de réacco-
ler les deux cylindres d’une dissection par la mise en place d’une
endoprothèse non couverte (6, 7). Toutefois, l’endoprothèse doit
alors couvrir la totalité de la dissection. Il est en revanche
possible d’engendrer une thrombose du faux chenal par simple
Figure 1. Anévrisme de l’aorte thoracique descendante exclu par une
endoprothèse.
Tableau I. Fuites paraprothétiques.
Type Description Traitement
IFuite à une des extrémités Accolement au ballon
de la prothèse liée à un défaut Mise en place d’une
d’accolement autre endoprothèse
II Fuite rétrograde provenant Embolisation
d’une branche collatérale des collatérales
Plus fréquente à l’étage
abdominal
III Déchirure du recouvrement Mise en place d’une
de la prothèse ou défaut de nouvelle endoprothèse
chevauchement de 2 prothèses
IV Porosité du recouvrement Mise en place d’une
de la prothèse nouvelle endoprothèse