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PREFACE
La santé et la sécurité ont longtemps été considérées comme les préoccupations originelles
de l'architecture ; art créé avant tout pour se protéger du froid, des intempéries, des prédateurs et,
bien sûr, des mauvaise intentions. Lorsque l'on conçoit un bâtiment, garantir la sûreté de ses usagers
semble élémentaire ; une base sur laquelle sont bâties, par la suite, plusieurs strates de confort
supplémentaires afin de nous rendre la vie encore plus agréable et pratique. Être à l'abri entre les
murs d'un bâtiment, sans que celui-ci ne blesse, ni ne rende malade qui que ce soit, est cependant un
minimum couteux, en termes de réflexions, de conceptions, de techniques et de matières.
Suivant ce raisonnement, j'ai voulu m'intéresser à l'impact sanitaire de la construction et aux
équipements techniques et architecturaux qui vont dans ce sens. Les hôpitaux ayant pour fonction, à
la fois de garantir mais aussi d'améliorer la santé de leurs occupants, ils doivent se montrer
exemplaires à ce propos et c'est à travers ce type d'ouvrage que la plus grande réflexion autour de la
qualité sanitaire du bâtiment (ou la plus grande débauche de moyen technique) peut être observée.
Mes études d'architecture à l'école de Marseille et la lecture de Naissance d'un hôpital de l'architecte
Pierre Riboulet m'ont aussi poussée à m'intéresser aux hôpitaux en tant que bâtiment, aux formes
qu'ils prennent et aux fonctions qu'ils se sont vus donner au fur et à mesure du temps et des
exigences de l'époque. Ces bâtisses de grande envergure sont des lieux de sciences, de soins et
d'explorations du corps humain, mais elles ont aussi été (et sont toujours, parfois) des prisons,
construites pour contenir les pauvres, les malades et les fous, dont les maux ne pouvaient être
soignés.
Parallèlement, et en particulier pendant le premier semestre du séminaire éco-construire, j'ai
développé une certaine curiosité pour le traitement de l'air. Je l'ai vu comme un sujet complexe qui
échappait encore beaucoup au contrôle de l'ingénieur et de l'architecte. Malgré les maquettes, les
modélisations, les calculs et les connaissances accumulées, nos différents cours nous montraient
surtout que l'air constituait un élément difficile à conformer à des exigences exactes, ou à des
normes chiffrées, ce qui a amène à favoriser la technicité des mécanismes de ventilations, qui
tendent de plus en plus à suppléer les solutions architecturales ou traditionnelles. Contrairement à
la lumière, le domaine de l'air me semble inconnu et insolite, moins étudié en atelier et pendant les
cours à l'école ; c'était pour moi l'occasion de m'aventurer sur un terrain méconnu, mais aussi
d'avantage lié à ma problématique médicale.
En effet, la pollution de l'air est un problème très médiatisé, souvent abordé dans l'actualité
et relayée par la littérature et le cinéma, où les fictions sont souvent dépassées par la réalité. Or la
plupart des grands hôpitaux se trouvent en zone urbaine, au nœud des voies de circulation.
L'environnement hospitalier est souvent identifié par ses odeurs caractéristiques : éther, javel et
désinfectant imprègnent artificiellement les murs. Architecture, qualité de l'air et établissements de
santé constituent ensemble un sujet à travers lequel je veux me donner l'opportunité d'étudier une
facette de l'architecture qui m'est encore peu familière..
A travers ce mémoire, j'espère explorer un peu plus la technicité et les réglementations
architecturales ; domaine si vaste qu'il me semble vertigineux. Je voudrais rendre cette approche de
l'ouvrage plus familière et établir un dialogue entre deux formes de conceptions trop souvent
opposées. Je veux sortir de mes zones de confort scolaire et explorer ce qui m'apparaît le plus
inquiétant parmi les nombreux sujets effleurés au cours de mes dernières années d'étude, et que je
ne pourrais certainement plus éviter une fois dans le monde du travail. Je désire ainsi redécouvrir ces
facettes du premier art à l'aspect plus austère et inquiétant (quoi de plus inquiétant qu'un hôpital ?)
en lui donnant, à travers ces pages, une dimension plus personnelle.