“La Syrie a gâché ma vie”

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MARS
2017
Montréal,
375 ans d’Histoire
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12 La Libre Belgique - mercredi 22 février 2017 13
mercredi 22 février 2017 - La Libre Belgique
EN BREF
Affaire Boël
Delphine contre Jacques:
le jugement tombera dans le mois
Le juge a, à nouveau, entendu toutes les
parties, mardi matin, devant la 12 echambre du
tribunal civil de Bruxelles, concernant la
procédure en contestation et en reconnaissance
de paternité, entamée par Delphine Boël.
L’affaire a été prise en délibéré; le jugement
devrait être rendu dans le délai légal d’un mois.
Le juge doit d’abord se prononcer sur la
contestation de paternité de Jacques Boël.
Si le juge conclut qu’il n’est pas le père légal de
Delphine, dans un deuxième temps, la jeune
femme pourra actionner la procédure de
reconnaissance de paternité du roi Albert II.
Presse
Décès du journaliste et écrivain
Guido Van Damme
Guido Van Damme, décédé à Bruxelles à
86 ans, fut un journaliste-écrivain qui
marqua la presse belge de l’après-guerre.
Secrétaire général de “La Métropole”
(Anvers) puis de la rédaction de “La Libre
Belgique”, il avait rejoint “Le Soir” et fut
un très remarqué syndic de la presse
judiciaire bruxelloise. Après sa retraite, il
avait lancé une “Revue du XXIesiècle” tout
en étant un zélateur de la pensée de
Teilhard de Chardin. Laïc dominicain
engagé depuis 2004, il avait publié une
biographie du P. Dominique Pire. C.Le
Enseignement
Bruxelles lance un projet pour la formation d’enseignants bilingues
La Région bruxelloise et la Ville de Bruxelles lancent dès septembre prochain une formation
d’enseignants bilingues. Le projet a été présenté mardi par le ministre Guy Vanhengel (Open
VLD), président du collège de la Commission communautaire flamande (VGC), en charge de
l’enseignement néerlandophone, et l’échevine Faouzia Hariche (PS), en charge de
l’Enseignement public à la Ville. Les instituteurs diplômés de cette formation pourront
enseigner aussi bien dans l’enseignement primaire néerlandophone que francophone. (Belga)
136
Disparitions de personnes
de plus de 70 ans en 2016
En 2016, la cellule “personnes disparues”
de la police fédérale a enregistré 136
disparitions inquiétantes de personnes âgées
de plus de 70 ans, dont une part significative
souffrant de démence ou d’Alzheimer.
Quinze d’entre elles ont été retrouvées
mortes, a indiqué mardi Alain Remue, patron
de la cellule qui a traité 1169 dossiers de
disparition inquiétante l’année dernière. Le
nombre de personnes âgées qui disparaissent
“ne diminuera pas dans les prochaines années” ,
selon Alain Remue. (Belga)
REPORTERS
“La Syrie a gâché ma vie”
nLaura Passoni était partie en Syrie.
Elle fait la tournée des écoles pour que
l’on ne fasse pas les mêmes erreurs.
Neuf mois : c’est la période que Laura Passoni a
passée en 2014 en Syrie avant de fuir avec
son fils âgé de 4 ans et avec son compagnon.
C’est une expérience qu’elle regrette amèrement.
Elle l’a racontée dans un livre (“Au coeur de Daesh
avec mon fils”, Editions La Boîte à Pandore, 2016) .
Elle se reconstruit petit à petit. A l’inverse de son
compagnon, condamné à cinq ans (dont quatre
ferme), elle a échappé à la prison. Elle s’est vu infli-
ger une peine avec sursis et un suivi pendant cinq
ans, qui implique notamment des contacts régu-
liers avec un assistant de justice.
Son fils a grandi, ne gardant, vu son jeune âge,
pas de véritable souvenir de l’enfer syrien. Daesh,
dit-elle, ne “formait” les enfants qu’à partir de
l’âge de 8 ans.
Laura Passoni, aujourd’hui 31 ans, a décidé de
partager son expérience avec des jeunes qui pour-
raient être tentés par l’islam radical. Elle a déjà vu
750 élèves dans des écoles. “Mon but est de leur ra-
conter mon vécu pour qu’ils ne fassent pas les mêmes
erreurs que moi et surtout qu’ils puissent détecter un
éventuel recruteur”, explique-t-elle.
Lundi, elle était à l’Institut d’enseignement se-
condaire paramédical provincial (IESPP) à Mons
devant quelque 120 élèves, âgés de 15 à 18 ans.
Elle ne leur a pas caché. Son retour n’a pas été fa-
cile : “Revenir dans un pays normal après neuf mois
où l’on a été enfermée, où l’on ne doit pas réfléchir,
c’est dur. J’ai dû réapprendre à vivre, à parler.” Au
bruit d’un avion, il lui arrive encore d’être angois-
sée en raison des bombardements subis en Syrie.
Avec celui qu’elle appelle “mon binôme”, Hicham
Abdel Gawad, professeur de religion islamique et
auteur (“Les questions que se po-
sent les jeunes sur l’islam : itiné-
raire d’un prof”, Editions la Boîte à
Pandore, 2016), elle n’élude
aucune question. C’est vers lui
qu’elle se tourne pour les questions
des jeunes sur l’Islam. Convertie,
toujours croyante, Laura Passoni,
préfère de pas s’aventurer sur ce
terrain, que ce soit pour le port du
voile (qu’elle ne porte pas), l’inter-
prétation du Coran ou les métho-
des des recruteurs, qui jouent sur
les fragilités de leur cible.
La force d’un témoignage
Les élèves semblent véritable-
ment captivés par l’expérience de
Laura Passoni qui – et c’est un choix de son édi-
trice, Valérie de Monfort – ne fait pas à propre-
ment parler d’animation ou de conférence.
Laura Passoni est là pour répondre aux questions
d’élèves qui ont préalablement étudié son livre en
classe. A l’IESSP, ce sont cinq professeurs qui sont
partis de son témoignage écrit comme base pour
engager le dialogue avec leurs élèves. Ils ensei-
gnent les sciences sociales, l’histoire, la morale ou
encore la religion islamique.
L’équipe a même réalisé un dossier pédagogique
de 30 pages, qui, via l’éditrice de Laura Passoni, est
disponible pour les écoles intéressées.
Il sera utilisé à Gand, dans une école flamande
car Laura Passoni est sans doute la seule “Retur-
nee” prête à partager son expé-
rience.
Le livre de Laura permet d’abor-
der de nombreuses questions :
“Nous avons pu voir les dangers d’In-
ternet, l’info et l’intox, envisager le
statut de la femme ici ou au sein de
l’Etat islamique, les droits de l’enfant,
les étapes de l’endoctrinement”, ex-
plique ainsi Coralie Casteleyn, qui
enseigne la morale. “Cela a permis
de déconstruire le phénomène du ter-
rorisme”, renchérit Nabil Lyazali,
professeur de religion islamique.
Sa légitimité, Laura Passoni, la tire
de son expérience. Et quand elle est
face aux élèves, les questions fu-
sent : sur ce qu’elle a vécu en Syrie,
sur ce qui lui a permis enfin d’ouvrir les yeux. Et
quand après plus d’une heure de dialogue, elle ex-
plique qu’elle n’a pas peur malgré les messages de
radicaux envoyés sur le GSM de son compagnon,
les applaudissements fusent. Son message a été
compris.
J. La.
“Revenir dans
un pays normal
après neuf mois où
l’on a été enfermée,
où l’on ne doit pas
réfléchir, c’est dur.
J’ai dû réapprendre
à vivre, à parler.”
Laura Passoni
Jeune Carolorégienne restée
neuf mois en Syrie avec son fils
de 4 ans.
Laura Passoni et Hicham Abdel Gawad n’éludent aucune question que les jeunes se posent sur le séjour de cette jeune convertie qui avait rejoint le djihad en Syrie.
JC GUILLAUME
Santé
La grippe aviaire identifiée sur un cygne dans le Brabant flamand
Le virus H5N8 de la grippe aviaire a été détecté mardi, pour la première fois, chez un cygne
sauvage mort, à Oud-Heverlee dans le Brabant flamand, a annoncé l’Agence fédérale pour la
sécurité de la chaîne alimentaire dans un communiqué. Elle rappelle aux détenteurs de
volailles et autres oiseaux qu’ils doivent appliquer correctement les mesures obligatoires
pour protéger leurs animaux. “Il s’agit du premier cas confirmé en Belgique parmi la faune
sauvage”, a commenté le ministre fédéral de l’Agriculture, Willy Borsus (MR). (Belga)
Judiciaire
Deux trafiquants d’êtres humains
lourdement condamnés
Le tribunal correctionnel de Gand a prononcé
mardi des peines de 27 et 23 ans de prison à
l’encontre de deux trafiquants d’êtres
humains ukrainiens pour l’assassinat d’un
chauffeur de poids lourd en 2015. Le corps
sans vie d’un routier lituanien avait été
retrouvé le 7 mai dans son camion le long de
l’E17 à Waasmunster. Le 12 mai, la police de
la route interpellait les deux ressortissants
sur un parking de l’E40 à Tronchiennes. Les
deux hommes avaient en leur possession des
cartes d’identité polonaises pour lesquelles
ils n’ont pas pu fournir d’explications. (Belga)
Judiciaire
Récusation acceptée,
procès à recommencer
La cour d’appel de Bruxelles a accédé,
mardi, à la demande de récusation
introduite dans le procès contre 13
personnes prévenues d’avoir combattu en
Syrie ou d’avoir recruté des combattants
depuis Maaseik. La défense avait introduit
cette requête après avoir constaté qu’une
magistrate du parquet fédéral s’était rendue
dans la chambre de délibération du tribunal
correctionnel, écornant ainsi l’apparence
d’impartialité de la justice. (Belga)