cela pouvait représenter un bel exemple de ces nouvelles cibles
thérapeutiques. Néanmoins, l’absence d’effet de la ciclosporine
(inhibiteur de la calcineurine) chez l’homme vis-à-vis de l’HVG
calma les ardeurs, suggérant que la calcineurine, bien que suffi-
sante pour médier une réponse hypertrophique, n’était peut-être
pas toujours nécessaire. E.N. Olson(Dallas, États-Unis) présenta
ainsi un nouveau travail (PNAS, avril 2000) dans lequel la réponse
hypertrophique des myocytes est médiée par une autre voie éga-
lement “suffisante”, une calcium-calmoduline kinase régulant
l’activité de MEF2, qui contrôle l’expression de gènes muscu-
laires notamment (figure 1).
S. Izumo (Boston, États-Unis) montra les avantages d’une utili-
sation extensive des souris transgéniques dans la dissection de
ces voies, mais sans doute aussi l’importance d’une large ouver-
ture sur les résultats obtenus dans d’autres domaines : exemple
de la dernière voie étudiée par cette équipe, la PI3K, mise en évi-
dence par des spécialistes du développement de la drosophile,
et dont la surexpression constitutive ou mutée dans le cœur de
souris transgéniques montra son rôle pivot dans le contrôle de la
taille du cœur.
Une autre voie de signalisation issue d’échanges interdiscipli-
naires fut rapportée par S.J. Stewart (San Francisco, États-Unis) :
un large essai clinique a récemment montré l’efficacité de l’her-
ceptin (anticorps dirigé contre le récepteur membranaire HER2,
de la famille des human epidermal growth factor receptor, et
impliqué dans des processus tumoraux) comme traitement adju-
vant du cancer du sein métastasé, mais avec un taux d’insuffi-
sance cardiaque inaugurale de 11% (!), atteignant 27 % en cas de
traitement préalable par anthracyclines. Ces récepteurs HER2
étaient jusque-là parfaitement inconnus des cardiologues. En fait,
des souris transgéniques n’exprimant plus ce récepteur au niveau
cardiaque grandissent normalement, mais développent à l’âge
adulte des cardiomyopathies dilatées très sensibles au moindre
stress surajouté. Ce récepteur constituerait donc un circuit néces-
saire au maintien de la survie du myocyte adulte.
L’existence d’une fine balance entre processus pro- et antiapop-
totiques fut abordée par J.J. Mercadier (Paris), qui montra des
résultats où un effet protecteur contre l’induction d’apoptose est
obtenu avec de faibles concentrations de catécholamines, contras-
tant avec l’effet délétère de fortes concentrations.
Enfin, le calcium et sa signalisation occupent une place primor-
diale dans la plupart des processus cellulaires du myocyte. Or, s’il
est bien connu que de nombreux modèles d’insuffisance cardiaque
exhibent une dysrégulation de l’homéostasie calcique via un dys-
fonctionnement du réticulum sarcoplasmique, ce n’est que récem-
ment que des éléments expérimentaux ont montré qu’une action
directe sur le réticulum sarcoplasmique pourrait prévenir l’insuf-
fisance cardiaque, comme par exemple l’inhibition de
l’interaction Serca2-phospholamban (le phospholamban non phos-
phorylé inhibe la CaATPase, et donc le recaptage du calcium).
I. Berrebi-Bertrand (SmithKline Beecham, Saint-Grégoire) a
identifié et précisé les protéines impliquées dans le processus de
phosphorylation-déphosphorylation du phospholamban.
REMODELAGE DE LA MATRICE EXTRACELLULAIRE, MÉTAL-
LOPROTÉINASES DE LA MATRICE ET ACTIVATEURS DU PLAS-
MINOGÈNE
Ce remodelage a un rôle essentiel qui n’a été complètement
reconnu que récemment, à la lumière des effets bénéfiques exer-
cés par les IEC, bêtabloquants ou antialdostérones. À noter éga-
lement des formes familiales de cardiomyopathie dilatée liées à
des anomalies de gènes codant pour des protéines-liens entre la
matrice extracellulaire et le cytosquelette du myocyte. Les métal-
loprotéinases de la matrice (MMP) et les activateurs du plasmi-
nogène (PA) semblent jouer un rôle important dans ce processus
de remodelage.
S. Heymans, de l’équipe de P. Carmeliet (Louvain, Belgique),
illustra ce rôle avec les résultats obtenus à partir d’un modèle
d’infarctus chez la souris. L’activateur du plasminogène u-PA,
produit en abondance par les leucocytes présents dans tout infarc-
tus aigu, y joue un rôle pivot et ambivalent dans le temps (figure 2,
p. 8).
Par définition, il active la transformation du plasminogène en
plasmine qui dégrade des protéines essentielles de la matrice au
niveau de l’infarctus, telles la laminine, la fibrinonectine et la
fibrine, favorisant ainsi le risque de rupture ventriculaire. Par
ailleurs, la plasmine active les MMP également produites par les
leucocytes, qui dégradent alors les protéines de la matrice, col-
lagène, élastine et autres glycoprotéines, qui forment la cicatrice
“post-infarctus” ; l’u-PA y inhibe alors la cicatrisation, favorisant
l’ischémie résiduelle et l’insuffisance cardiaque. Cela est très inté-
ressant, car les possibilités pharmacologiques d’inhiber ces sys-
tèmes existent, et il semblerait ainsi qu’une inhibition du système
u-PA/MMP préviendrait le risque précoce de rupture mais,
ensuite, favoriserait ischémie et insuffisance cardiaque.
La Lettre du Cardiologue - n° 338 - novembre 2000
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INFORMATIONS
Figure 1. Voies de signalisation de l’hypertrophie cardiaque liée à la
calmoduline.