tance élevée, la facilité de sa transmission féco-orale, et sur-
tout l’absence d’immunité acquise dans les populations
canines.
Le CPV-2 a été remplacé en moins de 2 ans à la suite de
l’émergence, en 1979, du variant CPV-2a, puis celle après
1983 du CPV-2b. Le CPV-2 s’est maintenu dans quelques
foyers isolés résiduels [6, 17], expliquant la mise en évidence
de quelques isolats correspondant à ce type jusque dans les
années 90. Il peut être actuellement considéré comme disparu
[14], ayant représenté en quelque sorte un stade évolutif
intermédiaire entre un parvovirus antérieur non identifié et
les variants CPV2-a et CPV-2b mieux adaptés à l’espèce
canine.
Le remplacement du CPV-2 par le CPV-2a, puis par le
CPV-2b, avait été initialement attribué à leur sélection,
consécutive à un glissement antigénique, par échappement à
l’immunité acquise par les populations canines [13]. En fait,
les modifications caractérisant les trois types concernent un
nombre restreint d’acides aminés. Les différences entre CPV-
2a et CPV-2 portent sur 6 AA des protéines de capside virale
VP1-VP2, et celles entre CPV-2b et CPV-2a portent seule-
ment sur 2 AA [13]. Ces modifications sont en particulier
localisées sur deux déterminants neutralisants majeurs (A et
B) identifiés sur la protéine VP2 (le site A pour les diffé-
rences entre CPV-2 et -2a, le site B pour celles entre CPV-2a
et -2b) [15]. En outre les essais de neutralisation avec des
anticorps monoclonaux montrent une bonne conservation des
épitopes neutralisants [4] et les épreuves virulentes comme
les observations réalisées sur le terrain montrent que les ani-
maux vaccinés avec une souche CPV-2 sont correctement
protégés vis-à-vis des types CPV-2a et -2b [1, 3, 4, 5, 8,17].
Il est donc probable que les modifications de la surface
virale aient représenté une adaptation du CPV permettant une
meilleure réplication dans les cellules hôtes [5, 13], leur
conférant ainsi un avantage sélectif. Expérimentalement, on a
d’ailleurs constaté une période d’incubation plus courte après
infection par CPV-2a ou -2b (4 à 5 jours au lieu de 5 à 8 jours
avec le CPV-2), une excrétion virale plus importante dans les
selles, et une réponse sérologique marquée par un titre en
anticorps neutralisants ou inhibant l’hémagglutination 2 à
4 fois plus élevé [3].
Notons en outre que les types CPV-2a et CPV-2b ont acquis
la propriété de se répliquer chez le chat [8, 16, 17], confir-
mant que la nature des résidus (acides aminés) de surface des
protéines de capside virale VP1-VP2 joue un rôle important
dans l’aptitude du virus à infecter un hôte donné [12, 13].
Des essais d’infection mixte (CPV-2a et -2b) de chiens
montrent que le type CPV-2b est réisolé de façon prédomi-
nante, suggérant qu’il se multiplie mieux dans l’intestin [5].
Ces données contrastent avec les observations de terrain
montrant une circulation simultanée des deux types. Après
son apparition, le type CPV-2b s’est d’ailleurs répandu moins
rapidement que le CPV-2a et ne l’a pas remplacé.
En 1991, 70 à 80 % des isolats aux Etats Unis et au Canada
correspondaient au type CPV-2b , contre 20 à 30 % pour le
CPV-2a [14]. La progression du CPV-2b fut plus lente en
Europe, la proportion des deux sous-types étant, à la même
période, en Grande Bretagne et en Allemagne, équivalente
[5]. Sa progression en France semble avoir été encore plus
lente puisque seuls 2 isolats sur 19 correspondant dans notre
étude à la période 86-92 appartenaient à ce nouveau type. La
prévalence maximale d’isolement du type CPV-2b n’est
atteinte qu’au cours de l’année 1993 (15 CPV-2b sur un total
de 26 isolats). Depuis, la proportion des isolats correspondant
au CPV-2b se maintient en dessous du seuil de 20 %. Des
observations analogues sont d’ailleurs faites dans d’autres
pays : ainsi par exemple, sur 169 isolats collectés en
Allemagne de 1993 à 1995, 44 seulement (26 %) furent iden-
tifiés comme des CPV-2b [17]. Le regroupement des échan-
tillons collectés pour notre étude durant la même période
(90 échantillons) donne des résultats similaires avec seule-
ment 26 cas (19 %) correspondant au CPV-2b.
La parvovirose canine est donc caractérisée en France par
la circulation concomitante de souches virales appartenant
aux deux types CPV-2a et CPV-2b, le type CPV-2a étant
cependant majoritairement incriminé.
En terme de prophylaxie, les vaccins commercialisés pour
lutter contre la parvovirose canine sont quasi-exclusivement
des vaccins à virus vivant homologue modifié préparés avec
des souches de CPV-2. Comme nous l’avons précédemment
souligné, ces vaccins protégent efficacement les chiens d’une
infection par les sous-types CPV-2a et 2b. Certains vaccins
contiennent une souche CPV-2a. Cependant, la meilleure
adaptation du sous-type CPV-2b aux cellules canines et par là
même sa plus forte immunogénicité peuvent constituer une
alternative intéressante.
Remerciements
Les auteurs adressent leurs remerciements au Docteur
Anne MORAILLON de l’Ecole Nationale Vétérinaire
d’Alfort et à Madame OZON du laboratoire Vétérinaire
Départemental des Alpes-Maritimes pour avoir fourni une
partie des prélévements de cette étude, ainsi qu’à Agnès
ALBERT, de l’Unité de Pathologie infectieuse de l’ENVN,
pour les typages qu’elle a réalisés.
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