Optison1avec imagerie d’harmonique intermittente en système
pulse inversion tous les 1,5 ou 10 cycles cardiaques. Une viabi-
lité était mise en évidence dans 41 % des segments asynergiques
en scintigraphie et dans 39 % des segments asynergiques en ECM
avec une imagerie intermittente lente (tous les 10 cycles), contre
seulement 15 % en cas d’imagerie intermittente rapide (tous les
cycles).
Malgré ces avancées techniques et ces résultats cliniques (qui por-
tent encore sur des séries limitées), de nombreux progrès restent
à faire, concernant notamment la quantification du contraste et la
présentation des images, avant que l’ECM par voie i.v. puisse
devenir une technique d’utilisation clinique routinière.
ÉCHOGRAPHIE DE STRESS : ANALYSE DES EFFETS SECON-
DAIRES, INTÉRÊT DIAGNOSTIQUE ET PRONOSTIQUE
La sécurité de l’échographie de stress a été précisée à partir du
registre national allemand, portant sur 69 941 examens réalisés
en 1997 et 1998 et qui a analysé les effets secondaires sévères
(décès, tachycardie ou fibrillation ventriculaire, IDM, angor
instable, œdème pulmonaire) et les effets secondaires sérieux
(tachycardie supraventriculaire, fibrillation auriculaire [FA], bra-
dycardie, bronchospasme) survenus lors de la procédure. Les
résultats présentés dans le tableau III montrent que ces effets
secondaires ont été plus fréquents lors du stress pharmacologique
que lors du stress ergométrique, et ce dernier devrait être le stress
utilisé en première intention, selon S. Beckmann (Berlin, 3401).
Un travail de E. Barnes (Londres, 36) a par ailleurs montré que
l’échographie sous dobutamine peut entraîner une sidération myo-
cardique se traduisant par une réduction de la fonction systolique
et diastolique du ventricule gauche persistant 45 minutes après
la fin de l’examen.
Valeur diagnostique
La valeur diagnostique de l’échographie sous dobutamine dans
certaines situations cliniques particulières a donné lieu à plusieurs
communications. Concernant le diagnostic de resténose après
endoprothèse coronaire, C. Lu (Milan, 3402) a montré que l’écho-
graphie sous dobutamine avait une meilleure spécificité que
l’ECG d’effort ou que la scintigraphie au MIBI, sur une série de
60 patients ayant eu 81 artères stentées, avec un taux de resté-
nose de 40 % à 6,1 ± 1,9 mois après la procédure (tableau IV).
Le même auteur (724) s’est intéressé au diagnostic de viabilité
en cas de traitement bêtabloquant, sur une série de 30 patients
coronariens avec dysfonction ventriculaire gauche, chez lesquels
la revascularisation avait permis une récupération cinétique pour
43 % des segments initialement asynergiques. L’utilisation de
fortes doses de dobutamine augmentait la sensibilité de l’examen
pour le diagnostic de viabilité chez ces patients sous bêtablo-
quants. La sensibilité était de 75 % et la spécificité de 81 % en
utilisant une dose de dobutamine de 40 γ/kg/mn, contre respec-
tivement 31 % et 93 % à la dose de 10 γ/kg/mn.
En cas de dysfonction ventriculaire gauche systolique chro-
nique, la capacité de l’échographie sous dobutamine à en recon-
naître l’étiologie ischémique est excellente, selon C.S. Massa
(Milwaukee, 723). Sur une série de 186 patients ayant une frac-
tion d’éjection < 40 % et dont 162 avaient des lésions coronaires,
l’échographie sous dobutamine a permis le diagnostic de dys-
fonction ventriculaire gauche d’origine ischémique avec une sen-
sibilité de 98 % et une spécificité de 82 %.
La signification de la surélévation du segment ST en territoire
infarci lors de l’échographie sous dobutamine est discutée,
mais semble témoigner d’une ischémie, selon le travail de
R. Sebastiani (Pavie, 727), qui a étudié 20 patients ayant eu un
IDM avec une surélévation du segment ST en zone infarcie lors
de l’échographie sous dobutamine réalisée 7 ± 5 jours après IDM.
Une réponse biphasique en zone infarcie était observée dans 90 %
des cas. Ces patients ont eu une angioplastie de l’artère respon-
sable de l’IDM, puis une seconde échographie sous dobutamine
39 ± 10 jours après angioplastie, au cours de laquelle une sur-
élévation du segment ST n’était plus notée que dans 25 % des cas
et une réponse biphasique dans seulement 10 % des cas.
Valeur pronostique
La valeur pronostique de l’échographie sous dobutamine a été
confirmée dans l’importante série de T.H. Marwick (Brisbane,
3393), portant sur 3 156 patients explorés par échographie sous
dobutamine entre 1988 et 1994 pour suspicion de maladie coro-
naire,et suivis en moyenne durant quatre ans. Le risque de décès
était très faible en cas d’examen normal (1 % par an durant les
quatre premières années), alors qu’une ischémie sous dobutamine
représentait un facteur de risque indépendant de décès (et le res-
tait dans un modèle intégrant l’étendue de la maladie coronaire)
(figure 5).
La Lettre du Cardiologue - n° 323 - janvier 2000
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ÉCHOCARDIOGRAPHIE
Stress Effets secondaires sévères Effets secondaires sérieux
(%) (%)
Effort 0,2 0,5
Dobutamine 1,1 3,3
Arbutamine 2,8 5,2
Dipyridamole 0,4 1,1
Tableau III. Fréquence des effets secondaires lors de l’échographie de
stress en fonction du stress utilisé (d’après Beckmann et coll., 3401).
ECG d’effort MIBI Échographie dobutamine
(%) (%) (%)
Sensibilité 70 75 72
Spécificité 61* 59** 81
Précision diagnostique 65 66 77
Tableau IV. Valeur diagnostique de l’ECG d’effort, de la scintigraphie
myocardique au MIBI et de l’échographie sous dobutamine pour le
diagnostic de resténose coronaire après dilatation avec endoprothèse
(d’après Lu et coll., 3402).
*p < 0,05 versus échographie sous dobutamine ; ** p < 0,02 versus échographie sous
dobutamine.
1. Non commercialisé en France.