Le législateur a voulu lourdement criminaliser le clonage reproductif,
en ce qu’il constitue une atteinte fondamentale aux droits de la personne
humaine. Défini précisément et assorti d’un régime de peine dissuasif pour le
réprimer, le clonage ne constitue toutefois pas un sujet épuisé pour l’avenir.
La France doit agir sur le plan international, et le Gouvernement s’y est
engagé, pour obtenir sa condamnation juridique. Dans l’hypothèse contraire où
naîtrait, un jour, un enfant issu d’un clonage, la communauté nationale devra
s’interroger sur le statut à accorder à un être qui appartiendrait à part entière,
personne ne pourrait le contester, à notre humanité.
Le législateur a également qualifié de délit le clonage bien mal
nommé « thérapeutique » en ce qu’il conduirait potentiellement au clonage
reproductif. A la lecture du livre d’Axel Kahn, raisonnable et humain, cette
position de précaution ne doit pas susciter de regret. On y trouve la
confirmation du caractère irréaliste des stratégies médicales reposant sur ce
clonage et le rappel du fait que, sollicité par la commission européenne, le
groupe européen pour l’éthique a considéré ces perspectives si incertaines
qu’elles ne justifiaient pas que l’Union européenne s’engage dans le soutien à
soutenir ce type de recherches.
Le statut de la recherche sur l’embryon constitue la correction la plus
significative apportée au projet de loi initial, mais cette correction est de
principe et n’entrave pas, sur le plan pratique, la recherche proprement dite.
En réaffirmant le respect dû à l’embryon humain et l’exigence de conditions
strictes posées aux recherches dont il peut faire l’objet, le législateur a
seulement souhaité rendre éthiquement acceptable la conduite de recherches
que les chercheurs estiment scientifiquement prometteuses si elles ne sont pas
exclusives. En refusant une posture qui aurait consisté en un « tout embryon »,
il a également rappelé solennellement que d’autres pistes existaient, qu’elles
devaient être approfondies et, le moment venu, évaluées, notamment les
recherches sur les cellules souches adultes.
La navette n’apporte plus, à ce stade, de modification majeure.
Toutefois, l’extension du diagnostic préimplantatoire pour permettre la
naissance d’un enfant à la fois indemne d’une maladie génétique détectée dans
sa famille, mais également immunologiquement compatible avec un aîné
affecté par cette maladie est une question essentielle. Saisi de cette question, le
comité consultatif national d’éthique, divisé, a finalement donné un avis
positif à cette extension en précisant que « permettre qu’un enfant désiré
représente de plus un espoir de guérison pour son aîné est un objectif
acceptable s’il est second ».