La Lettre du Neurologue - n° 10 - vol. VII - décembre 2003 337
l’humeur, à type de dépression et d’irritabilité. La gêne peut être
évaluée par la consommation quotidienne de somnifères et de
tranquillisants. Le traitement est, dans ce cas, tout à fait indiqué.
Il ne devrait être réalisé que par voie endovasculaire, le traitement
chirurgical comportant un risque vital et fonctionnel excessif.
L’embolisation par voie artérielle ne permet d’obtenir la dispari-
tion du souffle que si le nombre d’artères afférentes est limité, ce
qui est rare. Le plus souvent, le traitement par voie veineuse est
nécessaire (2, 3).
Fistules de type IIa
Les circonstances diagnostiques sont un acouphène pulsatile
qui peut être isolé ou associé à une hypertension intracrânienne
(HTIC) marquée par des céphalées et vomissements. Le scanner
et l’IRM sont normaux, en particulier en ce qui concerne la taille
des ventricules. Il est capital de savoir évoquer ce diagnostic
devant un tableau d’HTIC bénigne car la ponction lombaire est
contre-indiquée. Dans notre série, cet examen a été à deux occa-
sions source d’aggravation clinique brutale, conduisant dans un
cas au décès du patient. Le diagnostic de fistule de type IIa repose
sur l’angiographie de la carotide externe en incidence de face :
le produit de contraste passant dans un sinus non intéressé par la
fistule (sinus latéral controlatéral, sinus droit, sinus longitudinal
supérieur). Habituellement, cette contamination est due à une sté-
nose ou à une thrombose du sinus latéral fistuleux en aval des
points de shunt.
Le traitement est réalisé le plus souvent par voie veineuse et ses
indications dépendent du mode de révélation de la fistule. Il est
indiscutable lorsque la fistule a été révélée par une HTIC.
Fistules de type IIb et IIa+b
Les circonstances diagnostiques peuvent être un acouphène ou
une hypertension intracrânienne, mais ce type de fistule peut aussi
se révéler par une comitialité ou un accident cérébral d’origine
hémorragique ou ischémique. L’hémorragie peut être de toute
localisation : sous-arachnoïdienne, sous-durale, intraparenchy-
mateuse. Les accidents ischémiques sont d’origine veineuse et se
traduisent au scanner et à l’IRM par un œdème de la substance
blanche dans le territoire de la veine leptoméningée impliquée
dans le drainage fistuleux. Il faut signaler que ce drainage veineux
leptoméningé peut être visible au scanner avec injection de
contraste ou en IRM sous la forme de dilatations vasculaires en
superficie du parenchyme. Cet aspect est très caractéristique de
la fistule durale car la dilatation vasculaire leptoméningée est
isolée, c’est-à-dire qu’elle n’est pas associée à une dilatation
vasculaire intraparenchymateuse comme dans les malformations
artérioveineuses cérébrales. L’angiographie est l’examen clé : la
fistule se draine d’abord dans le sinus latéral, mais une thrombose
ou une sténose sinusienne à proximité des points de shunt gêne
le drainage jugulaire de la fistule (figure 3, p. 338). L’indication
de traitement est ici indiscutable, surtout si la fistule s’est mani-
festée par un accident neurologique. Le but n’est plus sympto-
matique mais préventif, visant à supprimer le risque hémorra-
gique ou ischémique. Le traitement doit être curateur et sera
pratiquement toujours réalisé par embolisation veineuse, soit par
voie jugulaire, soit par voie transcrânienne, au travers d’un trou
de trépan réalisé en regard de la fistule (4).
Fistules de type III
Les circonstances diagnostiques sont presque exclusivement des
complications neurologiques car leur débit est assez faible et
insuffisant pour entraîner un acouphène. Le scanner et l’IRM
peuvent montrer des dilatations veineuses superficielles. L’ana-
lyse fine de l’angiographie cérébrale est capitale pour distinguer
ce type fistuleux du type IIa. Elle montre en effet une fistule se
projetant sur le sinus latéral mais ne se drainant pas dans le sinus
mais immédiatement dans les veines leptoméningées (figure 4,
p. 338). Le traitement est toujours indiqué et fait appel soit à l’em-
bolisation par voie artérielle, soit au traitement chirurgical (5).
Fistules de type IV
Il s’agit d’un type rare associant un drainage veineux lepto-
méningé porteur d’une ectasie compressive sur le parenchyme adja-
cent. La conduite à tenir est la même que pour le type précédent.
Fistules de type V
La clinique est celle d’une myélopathie ascendante progressive
qui peut débuter par une paraparésie ou d’emblée par une tétra-
parésie associée à des signes à type de signes bulbaires. L’IRM
montre un hypersignal de la moelle cervicale et du bulbe sur les
séquences en T2 associé à une dilatation vasculaire périmédullaire.
L’angiographie cérébrale montre une fistule de débit très faible
siégeant sur un sinus pétreux supérieur ou sur la dure-mère de la
fosse postérieure et se drainant dans une veine leptoméningée
Figure 2. Artériographie sélective de l’artère occipitale droite montrant
une fistule de type I du sinus sigmoïde droit (flèche creuse) se drainant
dans la jugulaire interne droite.