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ntre 0,1 et 1 % de la popula-
tion ressentirait les effets de la
compression du nerf médian
au niveau du canal carpien, et en
majorité les femmes de plus de
50 ans. Ces effets sont principalement
des douleurs ou plus exactement des
sensations de paresthésies de la main
prédominantes la nuit. Le nerf médian
est le grand nerf qui descend le long
du bras et traverse la peau du pouce,
de l'index, du majeur et de la moitié
de l'annulaire. Il actionne aussi les
muscles de la base du pouce.
Description clinique
Des impressions de picotements, de
brûlures, de fourmillements survien-
nent préférentiellement chez la
femme, entraînant souvent un réveil
nocturne. La zone touchée est celle
des quatre premiers doigts, avec un
renforcement au niveau de l’index et
du médius. Il arrive que le syndrome
du canal carpien frappe soudainement,
mais en général il est progressif. La
description clinique que fait le malade
de son état n’est pas toujours simple et
complète, si bien que le diagnostic
n’est quelquefois pas évident dès l’in-
terrogatoire. Cependant quelques
manœuvres trouvent ici leur intérêt. Le
test de Tinel est considéré comme
positif si la percussion au marteau à
réflexe de la face antérieure du poignet
au niveau du nerf médian déclenche
une douleur. Autre test, celui de
Phalen : l’hyperflexion du poignet pro-
voque au bout de quelques secondes
(30 en moyenne) des paresthésies
dans la main. Une hypoesthésie est
aussi fréquemment retrouvée sur le
territoire palmaire du nerf médian. Si le
trouble est un peu plus évolué, il est
difficile pour le patient de résister à
l’ouverture, par le praticien, de la pince
réalisée par le pouce et l’index. Il faut
que la lésion soit déjà ancienne pour
que l’on puisse observer une amyotro-
phie de la loge musculaire thénar.
Les examens
Lorsque l’ensemble de ces signes est
présent, l’électromyographie (EMG) est
essentiellement utilisée dans le cadre
du bilan d’évaluation ; parfois, en cas
de doute, elle est utile comme examen
diagnostique. Le médecin retrouve en
détection une dénervation de l’émi-
nence thénar. En stimulation, est noté
un ralentissement de la vitesse de
conduction nerveuse motrice et/ou
sensitive. L’examen permet ainsi de
faire la différence avec une névralgie
cervicobrachiale où les réflexes ostéo-
tendineux du membre supérieur sont
globalement diminués. C’est là le prin-
cipal diagnostic différentiel. Le diagnos-
tic établi, il faut retrouver la cause ou
plutôt les causes, qui peuvent être mul-
tiples. Ce sont les micro-traumatismes
répétés : celui du marteau piqueur
certes, mais aussi des gestes plus fins
comme le maniement d’engins
vibrants (une compteuse de billets par
exemple), enfin la saisie sur clavier
d’ordinateur ou le maniement de sou-
ris non ergonomiques. Parfois un
reclassement professionnel est néces-
saire. Le cas où la répétition d’actes
ménagers est en cause est plus difficile,
mais une adaptation des mouvements
est toujours possible. Sont aussi res-
ponsables des traumatismes comme
des luxations du carpe, mais aussi des
affections inflammatoires rhumatis-
males telles que la polyarthrite rhuma-
toïde, des maladies endocriniennes
comme l’hypothyroïdie, l’acromégalie.
La liste n’est pas close puisque la gros-
sesse est même un facteur déclen-
chant au même titre que les dépôts
intracanalaires métaboliques. Quand
aucune cause réelle n’est retrouvée, le
syndrome du canal carpien est alors
considéré comme idiopathique, et c’est
souvent le cas.
Le traitement
Le traitement, pour être efficace, se doit
d’être définitif, mais il est d’autant plus
difficile à obtenir. L’éradication de la
cause est la meilleure solution, la plus
radicale, encore faut-il l’avoir repérée.
Sinon un geste palliatif tel qu’une infil-
tration intracanalaire est possible. Celle-
ci est efficace dans la moitié des cas, et
durable pour un tiers d’entre eux. Trois
infiltrations sont tentées au maximum.
En cas d’échec, c’est la chirurgie à ciel
ouvert qui s’impose pour libérer le nerf
en coupant le ligament annulaire du
poignet. Un progrès a cependant été
réalisé ces dernières années, grâce à
l’emploi de l’endoscopie. Les suites
opératoires sont alors plus simples et
raccourcies. Tous les chirurgiens ortho-
pédiques ne sont cependant pas
entraînés à la méthode.
JB
Professions Santé Infirmier Infirmière N° 62 • mars-avril 2005
Soins Libéraux 43
Syndrome du canal carpien
Quand le nerf médian est comprimé
Dû à la compression du nerf médian dans le canal carpien,
le syndrome touche de plus en plus de patients avec des
contraintes douloureuses et professionnelles parfois
handicapantes. Son étiologie mérite d’être recherchée
pour éviter la chronicité.
Infos ...
Une maladie
professionnelle
Le syndrome du
canal carpien (SCC)
est la pathologie la
plus connue et la
plus répandue des
troubles musculo-
squelettiques (TMC).
En France, la plupart
des TMC sont
reconnus comme
maladies
professionnelles,
avec une progression
de 20 % par an. Ces
troubles, associés
principalement aux
mouvements
répétitifs de la main,
représentent 70 % du
total des maladies
professionnelles
reconnues.
Quelques précautions
Après des travaux exigeants ou à
la suite d’une tâche répétitive, il est
bon de faire une pause.
– Quand une activité est suscep-
tible d'avoir causé le syndrome du
canal carpien, il faut changer sa
façon de la faire.
Il faut utiliser des outils adaptés.
– Il vaut mieux utiliser le dos, les
bras et les jambes et éviter de for-
cer les poignets et les mains.
Il faut éviter de porter des
charges lourdes.
Il faut songer à utiliser une attelle
pour garder les articulations dans
une position confortable la nuit.
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