La MSA m’informe d’une maladie professionnelle d’un salarié : quelles conséquences et comment réagir ? 3 44-4 Lorsqu’un salarié s’estime atteint d’une maladie professionnelle, il (ou son médecin) envoie à la MSA une demande de reconnaissance de maladie professionnelle (DRMP), accompagnée du certificat médical initial. La MSA dispose alors d’un délai de 3 mois pour statuer sur le caractère professionnel ou non de la maladie. Ce délai peut être prorogé à la condition que la MSA en informe les parties (employeur et salarié) par lettre recommandée avant l’expiration du délai initial. Au total, la procédure ne peut excéder une durée maximale de 6 mois, y compris le cas échéant les délais du comité régional de reconnaissance des maladies professionnelles (CRRMP : voir plus loin) s’il a été saisi par la MSA. A ce stade, l’employeur a, dans cette procédure, un rôle totalement passif : la déclaration n’appartient qu’au salarié. Réactions Lorsque la caisse de MSA reçoit une demande par un salarié de reconnaissance de maladie professionnelle, elle doit en informer l’employeur. La première réaction de l’employeur à cette occasion doit être de vérifier si le caractère professionnel de la maladie est ou non contestable (voir § : points de vigilance). Dans la négative, il conviendra de prendre les mesures nécessaires pour éviter qu’une telle conséquence ne se reproduise avec un autre salarié. De nombreuses mesures peuvent être envisagées : aménagement du poste de travail, utilisation appropriée d’équipements de protection individuelle, modification du système d’aération, etc. Enfin, si le salarié est déclaré inapte à son poste de travail du fait de la maladie professionnelle et qu’il n’est pas possible de le reclasser au sein de l’entreprise, l’employeur devra très vite organiser son licenciement pour inaptitude d’origine professionnelle (voir fiche n°11). Définitions En Bref Sont présumées d’origine professionnelle, les maladies inscrites dans l’un des tableaux de maladies professionnelles qui se trouvent dans le code rural et de la pêche maritime et qui sont contractées dans les conditions mentionnées dans le tableau concerné. À noter cependant qu’une maladie peut néanmoins être reconnue comme professionnelle même lorsque ces deux conditions ne sont pas cumulativement remplies ou lorsqu’elle ne figure pas dans l’un des tableaux. La procédure suivie Au début de la phase d’instruction (à la réception de la DRMP), la MSA fait intervenir un médecin conseil dont la mission est alors d’orienter la suite de la procédure d’instruction. La première phase de la procédure commence par une étude de l’ensemble des pièces du dossier et du certificat médical. La caisse recherchera aussi si l’affection déclarée est ou non susceptible de relever d’un des tableaux de maladies professionnelles. Le cas échéant, si la reconnaissance du caractère professionnel de la maladie pose une difficulté, la MSA pourra faire procéder à un nouvel examen médical et, si nécessaire, saisir le CRRMP. 9-53-72-85 Tableau ou demande individuelle ? Certaines maladies sont présumées être d’origine professionnelle : ce sont toutes celles qui sont inscrites dans l’un des tableaux figurant dans le code rural et de la pêche maritime, et qui sont contractées dans les conditions figurant dans le tableau concerné. Chaque tableau définit les maladies visées ainsi que les principaux travaux susceptibles de provoquer ces maladies. Il fixe également le délai de prise en charge (temps écoulé entre la cessation d’exposition et la première constatation de la maladie). Néanmoins, le caractère professionnel d’une maladie peut également être reconnu en dehors de ces tableaux à la condition qu’il soit établi qu’elle soit directement causée par le travail habituel du salarié, et après avis motivé du CRRMP (ou que la maladie entraine une incapacité permanente d’au moins 25% ou en cas de décès). Ce sera notamment le cas si une ou plusieurs conditions tenant au délai de prise en charge, à la durée d’exposition ou à la liste limitative des travaux ne sont pas remplies. Dans ces cas, le salarié doit faire une demande de reconnaissance de maladie professionnelle auprès du CRRMP par le biais de la MSA. Exemple : extrait tableau n°39 : affections périarticulaires provoquées par certains gestes et postures de travail Désignation des maladies Délai Liste limitative des travaux de prise susceptibles de provoquer en charge ces maladies A- épaule Épaule douloureuse simple (tendinopathie de la coiffe des rotateurs) 7 jours Travaux comportant habituellement des mouvements répétés ou forcés de l’épaule. Conséquences pour l’entreprise Points de vigilance Sur le formulaire de demande de reconnaissance de maladie professionnelle, deux points essentiels doivent être vérifiés par l’employeur : - la mention du dernier employeur : ce cadre est-il correctement renseigné ? - la durée d’exposition : il est également très important de vérifier dans ce cadre le détail indiqué de l’ex position au risque de la maladie professionnelle. Il faut par ailleurs vérifier si la maladie est inscrite au tableau ou s’il s’agit d’une maladie hors tableau. En effet, si la maladie est bien inscrite sur les tableaux, il demeure possible de contester mais il y aura déjà une très forte présomption du caractère professionnel de la maladie. En revanche, si toutes les conditions du tableau ne sont pas réunies (par exemple : délai de prise en charge ou liste limitative des travaux susceptibles de provoquer la maladie), il reviendra au salarié d’apporter la preuve que la maladie est essentiellement et directement causée ou a été causée par son travail habituel. Autre point de vigilance : le salarié était-il exposé à un risque éventuel pendant l’exécution de son travail ? En effet, le temps d’exposition requis (précisé dans le tableau) est celui au titre duquel le salarié est exposé à un risque au temps et au lieu de travail. En outre, les affections qui sont listées dans les tableaux sont présumées d’origine professionnelle lorsqu’il a été établi que le salarié a été exposé de manière habituelle, au cours de son acti vité professionnelle, à des actions nocives. Enfin, la question peut se poser de savoir si la maladie professionnelle a été contractée durant le travail chez le dernier employeur ou chez un employeur précédent. Sur ce point, la maladie doit être considérée comme ayant été contractée au service du dernier employeur chez lequel la victime a été exposée au risque, avant sa constatation médicale, sauf si cet employeur apporte la preuve contraire. Cette preuve doit établir que la maladie résulte des conditions de travail antérieures à la venue du salarié dans son entreprise. Contrairement à ce que pensent beaucoup d’employeurs, les conséquences de la reconnaissance du caractère professionnel d’un accident ou d’une maladie ne sont pas toujours bénignes pour l’entreprise. Ces conséquences peuvent notamment se situer à trois niveaux L’augmentation du taux de cotisation accident du travail Selon la taille de l’entreprise, la reconnaissance du caractère professionnel aura une conséquence directe (taux individualisé en totalité ou partiellement) ou indirecte (moins de 20 salariés : taux national). Mais, même dans ce dernier cas, les conséquences financières de l’AT/MP seront imputées sur l’équilibre financier de la cotisation. Une goutte d’eau dans la mare, peut-être, mais qui se rajoute aux autres… En cas d’inaptitude Si le salarié est ultérieurement déclaré inapte à tous postes de travail dans l’entreprise et que vous devez le licencier (voir fiche n° 11), le caractère professionnel de l’AT/MP entrainera un doublement de l’indemnité de licenciement et le paiement d’une indemnité compensatrice de préavis. La conséquence financière est alors immédiate et très importante. En matière de management Avant d’émettre des réserves, il faut également s’interroger sur les conséquences que cellesci pourraient avoir sur les relations avec le salarié ou, d’une manière plus générale, sur l’ambiance de travail dans l’entreprise. En pratique, on ne devra donc avoir recours à la réserve que lorsqu’il y a un doute sérieux sur le caractère professionnel de la maladie. ( Témoignage René - Aviculture (Vendée) « Il y a deux ans, deux de mes salariés qui travaillent dans l’abattoir pensaient avoir contracté une grippe. L’un d’eux a consulté son médecin qui a immédiatement diagnostiqué une psittacose. Cette maladie peut être très grave (deux salariés d’abattoir avicole sont décédés dans notre département en 2009 des suites de cette maladie). Il s’agit d’une maladie professionnelle inscrite au tableau 52. Le délai de prise en charge était respecté et le travail d’abattage de volailles figure parmi la liste limitative des travaux susceptibles de provoquer cette maladie. La MSA a tout de suite reconnu le caractère professionnel de la maladie, et je ne l’ai pas contesté. Peu de temps après, le médecin du travail et l’inspecteur du travail sont venus visiter l’abattoir de volailles et sont parvenus à la même conclusion : il fallait modifier le système d’aération de l’atelier de découpe. Ce que j’ai fait immédiatement. Depuis, il n’y a plus eu de problème. » ( Voir aussi • Fiche n°10 : Mon salarié a été déclaré inapte par le médecin du travail : quelles conséquences ? • Fiche n°11 : Je dois licencier mon salarié pour inaptitude : quelle procédure mettre en place ? Quel coût ? • Fiche n°14 : Quels formulaires utiliser ? Où les trouver ? Comment les remplir ? • Fiche n°15 : Les particularités pour les entreprises d’au moins 20 salariés. Octobre 2012