Bilan de l`action de l`OIF dans le domaine économique (2014)

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Direction De la Francophonie
économique
Bilan de l’action de l’OIF
dans le domaine économique
« Développer la coopération
au service du développement
durable et de la solidarité »
Produit par la Direction de la Francophonie économique
Directeur : Étienne Alingué
Spécialiste de programme : The Quang Dong
© Organisation internationale de la Francophonie, Paris, octobre 2014
Tous droits réservés
ISBN 978-92-9028-400-0
Imprimé en France par STIPA
Sommaire
Avant-propos3
Introduction5
L’économie : une préoccupation croissante dans l’agenda
de la Francophonie7
L’action économique dans la Charte de la Francophonie et les Déclarations des Sommets
L’action économique dans le Cadre stratégique décennal 2005-2014
Le bilan de la mise en œuvre des actions du Cadre stratégique
décennal dans le domaine économique11
Le plaidoyer au niveau politique et dans les organisations internationales
L’accompagnement des initiatives concrètes et le renforcement des capacités des acteurs
La visibilité de l’action économique de l’OIF
En guise de conclusion25
Annexe26
1
Avant-propos
La mondialisation est souvent perçue à travers le seul développement des échanges
économiques et commerciaux et les seuls mouvements de biens sans frontières. Tous
les pays seraient conduits à y participer en fonction de leurs avantages comparatifs et
la croissance économique qui en résulterait viendrait à bout de la pauvreté ! Mais en
réalité, la globalisation économique et financière est bien plus que cela. Elle affecte
concrètement toutes les dimensions du développement économique et social,
environnemental et culturel. Plus encore, elle a des impacts majeurs sur la gouvernance
des territoires et des États, les institutions, la démocratie, les droits humains
fondamentaux, la paix et la sécurité.
Percevant ces multiples enjeux et les bouleversements que la mondialisation n’allait
pas manquer de produire pour les sociétés, les chefs d’État et de gouvernement des
pays francophones ont décidé très tôt, dès 1997 au Sommet de Hanoi, d’introduire les
questions économiques dans l’action solidaire de la Francophonie. Ils ont précisément
développé une vision qui relie et articule ces différentes dimensions politique,
économique, sociale, environnementale, culturelle et linguistique. Ainsi, depuis plus de
15 ans, l’OIF et ses partenaires ont multiplié les initiatives pour réduire les inégalités
socio-économiques, favoriser l’insertion de ses membres les plus pauvres et en
développement dans une économie internationale mieux régulée et plus démocratique,
et donner corps à un espace économique francophone. Ce bilan préparé par l’OIF
témoigne de ces efforts et des réseaux qui se sont tissés pour permettre « aux sociétés
francophones d’être de véritables acteurs d’une mondialisation mieux maîtrisée, à
visage humain », comme le répète inlassablement notre Secrétaire général, le Président
Abdou Diouf.
À la veille de son XVe Sommet en novembre 2014 à Dakar (Sénégal), c’est d’une
véritable stratégie économique dont la Francophonie s’apprête à se doter. Forte de ses
valeurs et de sa diversité culturelle, de sa dynamique démographique et des
complémentarités de ses économies, de son poids et de son influence dans le système
multilatéral, et surtout de son tissu d’acteurs - les gouvernements et les administrations,
les collectivités locales, les élus, les entreprises, les universités, la société civile, etc. -,
la Francophonie s’organise pour mieux peser sur des enjeux globaux, nationaux et
locaux qui peuvent se résumer en une phrase : contribuer à bâtir un monde qui
réconcilie l’Homme et son épanouissement, la planète, son climat et ses ressources
naturelles, et le développement économique. Bref, en un mot, contribuer à l’agenda du
développement durable ! La place centrale que cette stratégie accorde aux jeunes et
aux femmes témoigne une fois de plus que les différentes priorités de la Francophonie
sont indissociables et se nourrissent les unes des autres.
Clément DUHAIME
Administrateur de l’OIF
3
Introduction
Les enjeux liés au développement économique, au développement durable et à la réduction de la pauvreté ont eu, dès les années 70 et 80, une place importante dans
l’agenda de la Francophonie. La montée en puissance de ces questions économiques
a été rapide et ne doit rien au hasard. Elle est en effet intervenue dans un contexte international marqué par une globalisation des économies et des échanges peu régulée, alors que les pays en développement, en particulier les pays les moins avancés
(PMA), vivaient une crise économique et financière majeure.
Au début des années 2000, les pays en développement francophones sortent d’une
vingtaine d’années d’ajustements économiques et financiers. Ils sont globalement
marginalisés dans l’économie internationale et ne parviennent pas à accéder aux opportunités de marché offertes par la libéralisation des échanges. La réduction de la
dette et l’ajustement budgétaire ont pu être atteints au prix d’un affaiblissement des
capacités institutionnelles des États et de la perpétuation d’une forte dépendance à
l’égard des exportations de matières premières non transformées. De 1980 à 2011, le
commerce mondial s’est accru de 7 % par an, deux fois plus vite que la croissance de
la production mondiale. Mais la part des PMA et des pays en développement (PED)
francophones a régressé. Marginalisés dans le commerce international, la plupart de
ces pays n’ont pu s’appuyer sur le dynamisme de la demande interne pour fonder leur
croissance économique et faire reculer de façon significative l’emprise de la pauvreté.
L’OIF a construit et développé son action pour contribuer au relèvement de ces défis.
Pour ce faire, elle a combiné deux niveaux d’interventions complémentaires : le pilier
« politique », avec une action de plaidoyer au plus haut niveau ; et le pilier « coopération », en développant des programmes concrets d’appui et d’accompagnement ciblés sur le renforcement de capacités, la constitution de réseaux et la conception
d’outils innovants. La Francophonie a aussi développé une stratégie d’intervention, qui
fait du partenariat avec les autres acteurs la condition sine qua non de l’efficacité et de
l’efficience de son action. Ces partenariats sont multiples, à toutes les échelles géographiques et avec toutes les catégories d’acteurs.
Étienne ALINGUÉ
Directeur de la Francophonie
économique
5
L’économie : une préoccupation croissante
dans l’agenda de la Francophonie
Réunissant des économies développées et des économies en développement,
la Francophonie dispose de leviers importants. Face à la globalisation économique et financière, elle met en avant une mondialisation au service du développement humain durable et du respect des diversités linguistiques et culturelles.
Cette vision d’une mondialisation qui ne serait pas synonyme d’uniformisation et
de destruction des identités, la Francophonie la développe dans sa Charte, les
Déclarations des Sommets et le Cadre stratégique décennal.
L’action économique dans la Charte
de la Francophonie et les Déclarations des Sommets
L’objectif de la Francophonie, affirmé dans l’article premier de sa Charte, fonde
l’action de l’Organisation internationale de la Francophonie dans le champ économique :
« La Francophonie, consciente des liens que crée entre ses membres le
partage de la langue française et des valeurs universelles, et souhaitant
les utiliser au service de la paix, de la coopération, de la solidarité et du
développement durable, a pour objectifs d’aider à l’instauration et au développement de la démocratie ; à la prévention, à la gestion et au règlement des conflits, et au soutien à l’État de droit et aux droits de l’Homme ;
à l’intensification du dialogue des cultures et des civilisations ; au rapprochement des peuples par leur connaissance mutuelle ; au renforcement
de leur solidarité par des actions de coopération multilatérale en vue de
favoriser l’essor de leurs économies ; à la promotion de l’éducation et de
la formation. Le Sommet peut assigner d’autres objectifs à la Francophonie. »
Le Sommet de Hanoi, en 1997, a consacré, pour la première fois, sur le plan institutionnel, la question de la coopération économique au sein de l’espace francophone :
Déclaration de Hanoi : « Nous, chefs d’État, de gouvernement et de délégation des pays ayant le français en partage […], conscients de la nécessité de renforcer la dimension économique de la Francophonie pour que,
de pair avec ses dimensions culturelle et politique, elle assure la pérennité de la Francophonie dans le monde d’aujourd’hui et de demain, et reconnaissant l’urgence de répondre au besoin de développement de nos
peuples, comme l’indique le thème du Sommet de Hanoi : “Renforcement de la coopération et de la solidarité francophones pour la paix et le
développement économique et social”. »
Plan d’action de Hanoi : « Dans cette perspective, nous convenons de
mettre en œuvre l’espace de coopération économique francophone,
conçu comme un processus plutôt que comme un aboutissement,
comme un réseau de coopération s’appuyant sur les organisations régionales et mondiales existantes et cherchant à faire fructifier une plus-value
commune aux pays de la Francophonie. »
7
La 1re Conférence des ministres de l’Économie et des Finances de la Francophonie, en 1999
à Monaco, a dessiné les premiers contours de l’action économique francophone :
« Face aux nombreux défis qu’elle rencontre, la Francophonie, s’appuyant sur ses
plans d’action, programmes et résultats engrangés depuis le Sommet de Maurice
(1993), s’engage à agir à trois niveaux.
a) Concernant les États et gouvernements, la Francophonie entend :
• promouvoir les principes d’une saine gestion économique comme la transparence, la responsabilisation, l’efficacité de la fonction publique, une politique macroéconomique qui permet de mieux absorber des chocs extérieurs dans le contexte
d’une économie ouverte, la participation de la société civile et la lutte contre la corruption pour favoriser la création d’un environnement politique stable et propice à
l’accroissement de l’investissement et de l’activité commerciale ;
• resserrer ses liens avec les organisations internationales à vocation économique ;
• favoriser la concertation francophone au sein des organisations internationales et
en marge des conférences internationales ;
• témoigner d’une solidarité efficace par l’aide au développement, qu’elle soit publique ou privée ;
• apporter son soutien à la coopération et à l’intégration régionales ;
• promouvoir les différentes formes de coopération entre les pays du Nord et ceux
du Sud, entre les pays du Sud, ainsi que triangulaire.
b) En direction des entreprises, la Francophonie entend soutenir :
• la création et l’amélioration des infrastructures publiques et services d’accompagnement publics ;
• l’émergence et la croissance d’un secteur viable de petites et moyennes entreprises ;
• la promotion de l’environnement institutionnel et normatif des entreprises et l’harmonisation des cadres juridiques existants, à l’instar de l’Organisation pour l’harmonisation du droit des affaires en Afrique (l’OHADA), qui contribuent à la sécurisation des investissements et des relations commerciales ;
• la mise en place, grâce aux moyens modernes de collecte et de communication
des informations, de banques de données destinées aux entreprises ;
• l’étude des marchés où une spécificité francophone peut trouver place, et en particulier pour les industries culturelles et linguistiques ;
• l’instauration d’un partenariat dynamique entre les entreprises du Sud et celles du
Nord, mais aussi entre celles du Sud ;
• la promotion de la coopération technique dans le domaine des télécommunications.
c) En faveur des ressources humaines, la Francophonie entend poursuivre et intensifier son action pour promouvoir :
• l’échange d’informations et le transfert de connaissances ;
• la formation dans les domaines de l’économie, du commerce et de l’entrepreneuriat ;
• l’exploitation la plus large possible des nouvelles technologies de l’information et
de la communication dans le suivi de la Conférence de Montréal de 1997. »
La Déclaration de Ouagadougou, adoptée par la Xe Conférence des chefs d’État et de gouvernement, et centrée sur le thème du développement durable, réitère les orientations de la
conférence précédente (Beyrouth, 2002). Son préambule fait une large place aux enjeux
économiques mondiaux et va constituer la vision à partir de laquelle sera construit le Cadre
stratégique décennal :
« Nous réaffirmons que la pauvreté, source inévitable de conflits, doit être au cœur des
préoccupations des États et gouvernements. Nous sommes convaincus que notre
monde possède aujourd’hui les moyens et les ressources nécessaires pour l’éliminer.
8
Nous constatons que, pour parvenir à la réalisation des Objectifs de développement
du millénaire, dont celui de la réduction de moitié du nombre de personnes vivant dans
la pauvreté d’ici à 2015, un changement d’attitude et la définition de nouvelles priorités
s’imposent, tant au Sud qu’au Nord. Nous en appelons, pour ce faire, à l’instauration
d’un partenariat global visant à une mondialisation équitable et à un développement
durable, à tous les niveaux : international, régional, national et local.
Nous constatons que la mondialisation a creusé les écarts économiques et sociaux
entre les pays et en leur sein, et que les moins avancés peinent à profiter de la croissance mondiale et des nouvelles technologies. La Francophonie doit, à cet égard, participer de façon toujours plus forte et plus cohérente à l’effort général visant à créer les
conditions qui donneront aux pays les plus pauvres et à leurs populations les moyens
d’une insertion réussie dans le système économique mondial.
Attachés à la coopération multilatérale pour la recherche de solutions justes et durables aux grands problèmes internationaux, nous prenons l’engagement de rendre
toujours plus efficaces le rôle et l’action de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) dans les enceintes internationales, en mettant en œuvre le Cadre stratégique décennal adopté lors du présent Sommet. »
Considérant l’importance et la pertinence de la Francophonie pour affronter les questions
économiques, les chefs d’État et de gouvernement ont par la suite régulièrement mis ces
questions à l’ordre du jour des Sommets.
La Déclaration du XIIe Sommet de Québec en 2008 (art. 37) engage les pays francophones
à « mener une réflexion sur la redéfinition de nos besoins et orientations dans ce domaine au
sein des instances de la Francophonie » et, au terme de cette réflexion, à prendre, lors du XIIIe
Sommet, « une décision quant à l’opportunité de tenir une deuxième Conférence des ministres de l’Économie et des Finances… ». Celle du XIIIe Sommet de Montreux en 2010 (art. 7)
aborde la « solidarité économique francophone » sous l’angle de la place de la Francophonie
dans la gouvernance mondiale en engageant les pays francophones à se mobiliser « pour favoriser l’émergence d’une gouvernance mondiale équitable, prenant en compte la situation
des États les plus vulnérables ». La Déclaration du XIVe Sommet de Kinshasa en 2012 (art. 14)
est allée plus loin, en appelant à l’adoption d’une stratégie économique pour la Francophonie lors du XVe Sommet, prévu à Dakar en 2014.
L’action économique dans le Cadre stratégique décennal 2005-2014
L’action opérationnelle de la Francophonie dans le domaine économique est formulée dans
le Cadre stratégique décennal (CSD), adopté à Ouagadougou (Burkina Faso), en novembre
2004, par la Xe Conférence des chefs d’État et de gouvernement des pays ayant le français
en partage.
Sur la base des enjeux et des défis identifiés, le CSD définit un programme d’action et une
stratégie. Cette dernière peut être résumée en cinq points :
• Les membres de la Francophonie s’inscrivent dans l’agenda international, en particulier
l’agenda des Nations unies (Déclaration du millénaire, Déclaration et Plan d’action pour le
développement durable) et l’agenda des institutions régionales (Nouveau partenariat
pour le développement de l’Afrique, NEPAD ; Union africaine). Ils font de l’espace francophone un espace privilégié pour développer des coopérations et des solidarités leur permettant d’accélérer l’atteinte des objectifs définis dans ces agendas.
• L’usage de la langue française est un outil pour promouvoir ces formes de coopérations
et de solidarités. Ces dernières renforcent la place de la langue française dans le monde.
Elles contribuent à promouvoir la diversité culturelle et une certaine vision de la globalisation économique et des relations internationales.
• L’agenda de la Francophonie se décline en exploitant les différentes institutions (instances
politiques, OIF, opérateurs directs, réseaux, etc.) que renferme le système, en combinant
leurs missions spécifiques et leurs compétences.
• La promotion des réseaux d’échanges et de coopération est l’un des principaux leviers de
l’action économique et permet de mobiliser un tissu dense et diversifié d’acteurs : chercheurs, parlementaires, organisations de la société civile, entreprises, etc.
9
• La stratégie combine l’action politique portée par les plus hautes instances,
le plaidoyer dans les instances internationales, et les coopérations et solidarités concrètes développées dans le cadre des programmes techniques, qui
concourent au développement des capacités institutionnelles et humaines.
La mission « développer la coopération au service du développement durable et
de la solidarité » décrit les objectifs assignés à l’action de la Francophonie :
« La Francophonie s’engage à agir pour le développement durable en appuyant l’amélioration de la gouvernance économique, le renforcement
des capacités, la concertation et la recherche de positions communes
dans les grandes négociations internationales. »
Cette mission poursuit deux objectifs stratégiques :
• contribuer, par la coopération, aux efforts de réduction de la pauvreté dans
une stratégie de développement durable ;
• contribuer à l’intégration des PVD et des PMA francophones à l’économie internationale.
De nombreuses interrelations, synergies et complémentarités sont exigées
entre cette mission économique de la Francophonie et les trois autres. Par ailleurs, et pour partie, les objectifs économiques sont atteints à travers une combinaison d’interventions qui mobilisent différentes directions de l’OIF (Direction
de la Francophonie économique, Institut de la Francophonie pour le développement durable, Direction de l’éducation et de la jeunesse, Direction de la langue
française et de la diversité linguistique, Direction de la diversité et du développement culturels). C’est notamment le cas des enjeux liés à la formation, l’enseignement et la recherche, et celui de certaines actions inscrites dans la mission
centrée sur la promotion de la langue et de la diversité.
10
Le bilan de la mise en œuvre des actions
du Cadre stratégique décennal dans
le domaine économique
L’accélération de la globalisation économique et financière s’est accompagnée
de trois phénomènes majeurs :
• une prise de conscience des interdépendances entre les enjeux économiques et commerciaux d’une part, et les enjeux sociaux et environnementaux d’autre part ;
• la montée en puissance d’un groupe de pays émergents, qui remet en cause
les rapports de force antérieurs et l’architecture de la régulation mondiale ;
• une attention accrue aux enjeux liés à l’intégration économique et politique
régionale, avec le renforcement des communautés économiques régionales, considérées comme des espaces de proximité géographique et d’organisation, qui permettent de mieux affronter les défis de la mondialisation.
Ces trois phénomènes conjugués ont fortement influencé l’action et la stratégie
d’intervention de la Francophonie.
Le plaidoyer au niveau politique et dans les organisations
internationales
L’OIF, dont les membres sont répartis sur les cinq continents, défend des valeurs en se fondant sur la concertation, l’information et la formation, et en menant des actions de coopération en relation avec les objectifs qu’elle adopte par
consensus. Dans ce contexte, et au regard de ces spécificités, l’action de la
Francophonie a reposé sur le plaidoyer dans le cadre, d’une part, des institutions internationales et régionales, à vocation générale (ONU ou Union africaine)
ou spécialisées (institutions financières internationales, organisations en charge
du commerce, de l’environnement, etc.), et d’autre part des grandes manifestations internationales comme la Conférence de Montréal.
La Francophonie s’est appuyée sur les grandes rencontres internationales pour
déployer son action de plaidoyer. L’efficacité de plaidoyer repose, en premier
lieu, sur la capacité de l’espace francophone à faire émerger et à défendre des
positions communes. Ces dernières portent soit sur des spécificités francophones, soit sur des visions partagées par le monde francophone.
Ces actions de plaidoyer se sont développées sur différentes thématiques et à
différents niveaux . Les trois thématiques majeures privilégiées sont :
• Les enjeux globaux du développement durable et du développement social.
• Les enjeux liés au financement du développement.
• Les enjeux liés aux négociations commerciales multilatérales et à la relation
entre commerce et développement.
Deux niveaux d’intervention complémentaires sont mis en œuvre :
• La concertation, l’élaboration de positions communes et leur promotion
dans les enceintes de négociation.
• Les programmes d’accompagnement pour le renforcement des capacités
nationales, institutionnelles et humaines.
La focalisation de l’action de la Francophonie sur ces trois grandes thématiques
l’a conduite à structurer son programme d’action en fonction des grands rendez-vous fixés dans l’agenda international.
11
Dans le domaine du développement durable et du développement social, cet
agenda international s’est fondé sur deux principaux processus :
• le processus impulsé par la Conférence de Rio (1992), qui a connu son apogée avec l’organisation de la Conférence Rio+20 en juin 2012 ;
• le processus impulsé par les Nations unies dans le cadre des Objectifs du
millénaire pour le développement (OMD).
L’OIF a été particulièrement active dans la préparation du Sommet sur les OMD
de New York en septembre 2010, et de la Conférence de Rio+20. Dans la perspective du Sommet des Nations unies tenu en septembre 2013, à deux ans de
l’échéance fixée pour l’atteinte des OMD, l’OIF a publié le rapport 2013 La Francophonie et les Objectifs du millénaire pour le développement. Dans les 120
pages du document, elle s’efforce de présenter une synthèse des résultats obtenus par les pays de l’espace francophone autour des huit objectifs et la contribution qu’a apportée la Francophonie aux progrès enregistrés.
Dans le rapport 2013 de l’OIF « La Francophonie et les objectifs du millénaire
pour le développement », Abdou Diouf, Secrétaire général de la Francophonie
fait remarquer que « la nouvelle feuille de route de l’après 2015 devra prendre en
compte les bouleversements apparus depuis le début du nouveau millénaire,
tout en anticipant les prochains défis que ces bouleversements génèrent. Se
pose ainsi la question de l’élargissement des OMD, par exemple aux thématiques des droits de l’homme, de la culture, de la transition énergétique face aux
changements climatiques, le tout avec une approche de durabilité ».
Il se réjouit que « les travaux du panel de haut niveau pour l’agenda pour le développement après 2015, que le Secrétaire général des Nations unies a mis en
place, et ceux du groupe de travail ouvert sur les Objectifs du développement
durable (ODD) incitent à la convergence des deux démarches. Il forme le vœu
que l’ensemble des parties prenantes mettent tout en œuvre pour qu’une telle
convergence puisse aboutir pleinement et être effective dès que possible ».
Il ajoute que « la Francophonie prendra toute sa part de responsabilité dans ce
moment crucial où s’élabore le cadre de référence pour l’action future de l’ensemble de la communauté internationale ».
Extraits de l’avant-propos d’Abdou Diouf
Dans le domaine du financement du développement et sur la question de la
dette, l’agenda international a été marqué par la Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide, la Conférence sur les PMA, tenue à Istanbul en mai 2011, ainsi que
le Forum sur l’efficacité de l’aide organisé à Busan en novembre 2011. La contribution de l’OIF lors du 4e examen global de l’aide pour le commerce (juillet 2013)
illustre la vision que porte la Francophonie. Ces différents thèmes montrent en
effet l’importance d’une approche holistique qui intègre le développement économique, les dimensions sociales et environnementales, les modalités d’insertion commerciale des pays fragiles, l’aide au développement, les enjeux linguistiques et culturels, etc. La Francophonie a été particulièrement active pour
mettre en avant un ensemble de propositions de nature à combler les écarts de
développement entre les pays pauvres et les pays développés, et à permettre
aux pays bénéficiaires d’exercer pleinement leurs responsabilités :
• l’alignement de l’aide sur les choix stratégiques et les politiques nationales
définis par les pays bénéficiaires (alignement) ;
• la coordination de l’aide et le renforcement des capacités des institutions nationales pour en assurer une gestion efficace ;
• la mobilisation de ressources additionnelles et la conception de financements innovants pour prendre en charge les nouvelles dimensions du développement durable (ce point devenant critique dans le contexte de crise
économique et financière qui affecte les principaux bailleurs de fonds traditionnels et qui peut remettre en cause les flux d’aide au développement,
alors même que très peu de pays sont parvenus à atteindre l’engagement
d’y consacrer 0,75 % de leur PIB).
12
Outre les conférences précitées, la Francophonie organise régulièrement, depuis 2010, une concertation des ministres des Finances des pays francophones
à faible revenu, en marge des assemblées générales des institutions de Bretton
Woods, la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, auprès desquels l’OIF a obtenu, en 2012, le statut d’observateur. Elle participe également
aux travaux du Groupe pilote sur les financements innovants, depuis la réunion
de juin 2011, à Bamako.
Les positions retenues lors de ces concertations alimentent plus particulièrement
le travail constant de plaidoyer mené par le Secrétaire général de la Francophonie
et son homologue du Secrétariat du Commonwealth auprès du G8 et du G20.
Dans ces domaines, les coopérations se sont multipliées avec le Commonwealth
pour renforcer la prise en compte des problématiques spécifiques des pays
pauvres des différents espaces linguistiques et pour accroître l’impact du travail
de plaidoyer.
Ce dispositif s’est récemment enrichi d’un réseau des experts francophones
des finances avec un triple objectif :
• partager l’information et les expériences concrètes en matière de financement
du développement ;
• approfondir la réflexion sur les instruments, canaux et stratégies de financement des politiques de développement ;
• contribuer aux espaces de réflexion internationaux sur les financements innovants.
Dans le troisième domaine, qui concerne les questions commerciales, la Francophonie axe son intervention en faveur de l’insertion des pays en développement en général et des pays les moins avancés en particulier dans l’économie
mondiale. La vision de la Francophonie la conduit naturellement à défendre
l’instauration d’un système multilatéral et régional équilibré et équitable, fondé
sur la prise en compte des contraintes de développement.
Le développement des PMA :
une priorité de la Francophonie
L’OIF compte parmi ses membres 23 des 48
pays les moins avancés (PMA). D’où l’importance qu’elle a accordée à la IVe Conférence sur
les PMA, convoquée par l’Assemblée générale
des Nations unies, du 9 au 13 mai 2011, à
Istanbul (Turquie).
Dans ce cadre, l’OIF a organisé trois rencontres :
• un atelier ACP-OIF sur les contraintes du commerce international du coton ;
• une réunion thématique sur les industries culturelles et la diversification économique des PMA ;
• une réunion thématique « D’Istanbul à 2020 :
quelle vision pour les PMA ? », en partenariat
avec le Secrétariat du Commonwealth et l’ONG
CUTS.
L’OIF a également réalisé à cette occasion une
contribution intitulée L’Action de la Francophonie
pour les PMA : un document de travail présentant les résultats obtenus depuis la IIIe Conférence sur les PMA (Bruxelles, mai 2001) et les
propositions du consensus international, ainsi
que celles de la Francophonie, en vue du futur
programme d’action d’Istanbul.
La Francophonie a joué un rôle important
pour faire reconnaître par la communauté internationale le fait que la seule ouverture
commerciale des marchés mondiaux n’était
pas suffisante pour permettre aux PED d’en
saisir les opportunités. De nombreux pays,
particulièrement en Afrique francophone,
n’ont pu jusqu’alors bénéficier ni d’une croissance ni d’un développement économique
et social suffisants, leur offre commerciale
restant peu diversifiée et dominée par des
produits primaires à faible valeur ajoutée.
Des infrastructures physiques et administratives insuffisantes, un climat politique souvent incertain, un secteur public inefficace,
un secteur privé peu performant et des circuits commerciaux peu développés limitent
considérablement la participation aux
échanges commerciaux mondiaux.
Favoriser leur insertion dans le commerce
mondial et leur permettre d’y prendre une
part active nécessite d’agir simultanément
sur les règles commerciales, sur les réformes de politiques, sur les infrastructures
de commerce et sur l’accompagnement du
tissu des entreprises privées ou coopératives.
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La Francophonie s’est mobilisée autour de trois chantiers principaux, qui ont
dominé la décennie 2000 et qui, faute de compromis, se poursuivent :
• le Cycle de Doha dans le cadre de la négociation à l’OMC sur le commerce
pour le développement ;
• les négociations des Accords de partenariat économique (APE) impliquant
les pays de l’Union européenne et nombre de pays ACP, membres de l’espace francophone ;
• l’aide au commerce, ce chantier recouvrant simultanément la problématique
du financement du développement et la question du commerce.
Concertation des ministres africains francophones du Commerce
Comme lors des trois années précédentes, l’OIF a organisé, le
24 octobre 2013, une concertation avec les chefs des délégations francophones en marge de la 8e Conférence des ministres du Commerce de l’Union africaine à Addis-Abeba
(Éthiopie). Cette rencontre a permis de délivrer le message du
Secrétaire général de la Francophonie et d’échanger sur les
problèmes d’intérêt commun. L’OIF a également présenté l’ensemble des initiatives qu’elle a prises tout au long de l’année
pour préparer la 9e Conférence ministérielle de l’OMC à Bali
(Indonésie). Elle a notamment fait part des principales recommandations et conclusions du dialogue multi-acteurs tenu en
septembre 2013 à Dakar sur le thème « En route vers Bali :
renforcer la préparation des négociateurs de l’Afrique de
l’Ouest et du Centre pour la 9e Conférence ministérielle de
l’OMC ».
La concertation des ministres du Commerce francophones
s’inscrit progressivement dans une dynamique de formalisation, à l’instar de celle des ministres des Finances en marge
des assemblées des institutions de Bretton Woods.
Les appuis fournis par la Francophonie se sont étendus aux
différents réseaux de la société
civile pour leur permettre de
s’approprier les enjeux des négociations commerciales et de
s’organiser pour formuler leurs
positions dans les débats, et
pour développer leur travail de
plaidoyer auprès des décideurs nationaux, régionaux et
internationaux. Ainsi, la dynamique des organisations de la
société civile d’Afrique francophone (OSCAF) a été créée, et
elle participe activement aux
débats avec d’autres Organisations de la société civile
(OSC) africaines et étrangères
sur les questions du commerce, de l’investissement, de
la responsabilité sociétale des
entreprises et du développement.
Enfin, l’OIF et l’OCDE ont signé, le 15 avril 2013, un protocole d’accord fondé sur
la complémentarité des deux organisations et visant à renforcer la coopération
mutuelle. L’accord comprend quatre domaines de collaboration :
• la promotion du plurilinguisme et de la diversité culturelle et linguistique ;
• la promotion de la paix, de la démocratie, des droits de l’homme et de l’égalité des genres ;
• l’appui à l’éducation, à la formation, à l’enseignement supérieur et à la recherche ;
• l’appui à la coopération au service du développement durable et de la solidarité. Ce protocole est accompagné d’un plan d’action qui précise les collaborations concrètes autour de huit thématiques prioritaires :
– éducation et formation professionnelle ;
– croissance et développement durables ;
– mobilisation des ressources domestiques et appui technique en matière
de fiscalité ;
– économie mauve et innovation ;
– développement local de l’emploi et des compétences ;
– gouvernance publique ;
– égalité des genres ;
– thématiques africaines.
14
L’accompagnement des initiatives concrètes
et le renforcement des capacités des acteurs
Le plaidoyer de la Francophonie contribue aux débats internationaux. La multiplicité et la complexité des enjeux de développement sont désormais mieux assumées dans les enceintes internationales. Les pays francophones les moins
développés commencent en effet à disposer de capacités humaines bien supérieures pour prendre part aux négociations et défendre leurs positions.
Développement des capacités de formulation et de négociation des politiques commerciales
Dans ce contexte, l’OIF joue un rôle de catalyseur et contribue au renforcement
des capacités en matière de commerce et d’investissement, afin de permettre
aux pays en développement de s’adapter
plus rapidement aux exigences du marché
Hub & Spokes : le renforcement des
mondial et d’en tirer profit. Il convient, pour
cela, d’identifier et de formaliser, en amont,
capacités commerciales
les intérêts économiques et commerciaux
des pays membres, et d’élaborer des poliLe programme Hub & Spokes II (2013-2015) fait
tiques commerciales et des positions de nésuite au premier projet Hub & Spokes, dont la
gociation cohérentes.
mise en œuvre s’est étalée de 2004 à 2010. Il
s’agit d’une phase de consolidation des acquis et
Le projet Renforcement des capacités des
d’appropriation par les pays bénéficiaires.
pays ACP en formulation, négociation et
Les résultats atteints ont permis à toutes les parmise en œuvre des politiques commerciales
ties prenantes – décideurs politiques, hommes
(Hub & Spokes) a été mis en place dans le
d’affaires, corps académique et communauté
cadre d’un partenariat entre l’OIF, le Secrédes donateurs dans son ensemble – de tirer des
tariat du Groupe ACP, l’Union européenne et
leçons quant à la conception et la mise en œuvre
le Secrétariat du Commonwealth. S’inscriefficace des programmes d’aide pour le comvant directement dans la réforme des dispomerce.
sitions régissant le commerce entre les pays
Le programme Hub & Spokes II a été rendu posACP et l’UE, il vise à munir le premier groupe
sible grâce aux contributions techniques et finande pays et les institutions régionales dont ils
cières de la quadripartite formée par la Commissont issus d’instruments techniques approsion européenne, le Secrétariat ACP, le
priés dans la négociation des APE. RepoSecrétariat du Commonwealth et l’OIF. Le mosant sur un dispositif de 19 conseillers en
dèle Hub & Spokes, qui consiste à créer des
politique commerciale déployés soit à
« Hubs » régionaux soutenant un réseau de
l’échelle nationale, soit au niveau régional
« Spokes » à l’échelle nationale, est une structure
(CEDEAO, UEMOA et CEMAC), et autant de
unique et novatrice pour l’octroi aux pays et répoints focaux nationaux et régionaux, le progions ACP d’une assistance technique fondée
jet a permis de soutenir la formulation de posur la demande.
litiques commerciales axées sur la compétiDans le cadre du nouveau déploiement de
tivité et la réduction de la pauvreté (politiques
conseillers, les cinq principaux résultats suivants
commerciales inclusives). Il a accordé une
sont recherchés :
place considérable à la sensibilisation et à la
• les parties prenantes principales suivent des
formation des acteurs, avec à son actif enviformations sur des questions de politique
ron 18 000 acteurs formés aux problémacommerciale ;
tiques liées au commerce et aux politiques
• les politiques commerciales sont rédigées et
publiques dans ce domaine. Grâce au proles accords commerciaux mis en œuvre ;
jet, plusieurs pays, dont São Tomé-et-Prín• des réseaux permettant des consultations sur
cipe, le Togo, etc., ont pu accéder à des resdes sujets relatifs au commerce au niveau
sources additionnelles afin d’accroître les
régional et national sont créés ou renforcés ;
effets leviers du projet.
• la collaboration avec les partenaires financiers
est renforcée afin de maximiser les bénéfices
De manière complémentaire à Hub &
associés aux opportunités d’aide au comSpokes, le projet de Renforcement de l’exmerce ;
pertise francophone en négociations des
• la communication intra-ACP sur les questions
accords commerciaux et d’investissement de développement commercial est intensi(Rexpaco) a contribué à créer, au niveau des
fiée.
15
Rexpaco : formation et renforcement
de capacités commerciales
Dans le cadre du projet Rexpaco, sept pôles régionaux de
formation ont été mis en place en Afrique centrale, en
Afrique de l’Ouest, en Afrique australe et orientale, en
Afrique du Nord, dans l’océan Indien, en Europe centrale et
orientale et en Asie-Pacifique. Au total, plus de 1 000 personnes, dont 30 % d’universitaires et 60 % de cadres de
ministères et d’organisations économiques régionales, originaires de plus de 40 pays francophones du Sud, ont
bénéficié de ces formations entre décembre 2004 et décembre 2007.
Des ateliers interactifs ont été organisés en partenariat
avec l’Organisation mondiale du commerce (OMC) dans
les pays et régions du Sud, à l’intention des décideurs et
des dirigeants des organisations professionnelles.
Des supports pédagogiques ont en outre été distribués au
cours des sessions de formation des formateurs, sous format électronique (cédéroms) et papier. Les bénéficiaires de
ces sessions de formation sont des représentants des organisations internationales (OMC, Organisation mondiale
de la propriété intellectuelle – OMPI, OIF), des enseignants
expérimentés provenant de l’espace francophone, des
cadres des organisations régionales (UEMOA, CEMAC) et
des ministères en charge du commerce.
Par ailleurs, depuis 2007, l’OIF collabore avec l’Institut des
Nations unies pour la formation et la recherche (UNITAR)
afin de proposer des formations, dispensées en langue
française, sur des thématiques liées au commerce international.
pays et des régions, une masse
critique d’expertise pérenne, afin
de permettre aux pays francophones du Sud de mieux formuler
leurs politiques et leurs stratégies
de négociations commerciales et
de l’investissement. Conçu par
l’OIF, ce projet a été mis en œuvre
en partenariat avec les organisations régionales francophones du
Sud, les organisations internationales impliquées dans les négociations commerciales et l’investissement, ainsi qu’avec les
négociateurs eux-mêmes.
Ces projets Hubs & Spokes et
Respaco ont jeté les bases pour la
création en cours d’un Réseau de
praticiens dans le domaine des
échanges internationaux et des
négociations commerciales. Ce
réseau, qui devrait compter plus
de 500 membres issus des administrations, des ONG et des milieux de la recherche et de l’enseignement, constituera un véritable
maillage de l’espace francophone,
relié aux institutions spécialisées
dans les questions commerciales.
Renforcement des processus d’intégration régionale
Parallèlement au cadre multilatéral, il est indispensable de soutenir les processus en cours visant à renforcer l’intégration économique et commerciale régionale. Cette dernière permet aux pays les plus fragiles :
• de disposer d’un espace commercial plus accessible pour leurs secteurs de
production et leurs entreprises (proximité de la demande, normes moins rigides) ;
• de constituer un terrain d’apprentissage pour les opérateurs du commerce
qui envisagent de se positionner sur les marchés internationaux ;
• de renforcer leur poids dans les négociations multilatérales.
Malgré l’importance accordée au commerce régional, les échanges commerciaux entre pays au sein de ces entités restent faibles dans les espaces régionaux qui concernent les pays francophones en développement. De nombreuses opportunités existent mais sont insuffisamment exploitées en raison
des obstacles formels et informels aux échanges, des problèmes de sécurisation des transactions financières, d’un accès limité à l’information commerciale,
des déficiences des infrastructures, etc.
Le projet Réduire les obstacles à l’intégration régionale soutient ainsi les initiatives concourant à la mise en rapport de partenaires politiques et commerciaux
ayant la volonté de prospecter de nouvelles pistes de coopération au sein des
espaces d’intégration régionale. C’est aussi dans le cadre de ce projet que se
sont esquissées de nombreuses coopérations Sud-Sud.
16
Promouvoir les échanges et la coopération entre les membres de la Francophonie
La Francophonie a encouragé diverses rencontres et missions rapprochant l’Asie du Sud-Est et l’Afrique
francophone. Par ailleurs, diverses activités ont été soutenues pour une amélioration des outils normatifs. On
peut citer par exemple :
• trois séminaires rassemblant près de 200 experts et portant sur le renforcement des capacités en matière
d’élaboration et d’harmonisation des contrats, ainsi que de règlement des litiges commerciaux ;
• la signature d’un accord de coopération entre la Cour commune de justice et d’arbitrage de l’OHADA et
le Centre d’arbitrage international du Vietnam ;
• quatre séminaires de renforcement des capacités des formateurs chargés d’encadrer les opérateurs économiques du Bénin, du Cameroun, du Congo, du Sénégal et du Togo pour le respect des règles, des
normes internationales de système de management de la sécurité alimentaire et des exigences en matière de qualité, afin de favoriser la compétitivité des produits aux marchés internationaux ;
• des rencontres acheteurs/vendeurs sur les filières textiles/coton, les produits céréaliers, la filière bois et
ses dérivés, suivies de visites d’usines et de l’engagement pris par la partie vietnamienne de former des
acteurs de la filière venant de la CEMAC et de l’UEMOA ;
• la promotion des partenariats d’affaires public-privé dans le cadre de la coopération Sud/Sud et de la
coopération tripartite, en particulier :
– le partenariat entre la faculté d’agronomie de l’université du Vietnam et les ministères de l’Économie et
de l’Agriculture du Cameroun (étude de faisabilité pour l’amélioration de la productivité du riz),
– le partenariat avec la zone CEMAC :
· implantation à Douala (Cameroun) d’une société d’import-export du groupe vietnamien VIETTEL
(distribution du riz vietnamien / importation du bois tali) ;
· implantation à Libreville (Gabon) d’une agence commerciale dédiée à l’importation et à la transformation du bois par l’entreprise vietnamienne TAIANH Import-Export ;
· établissement d’une coopérative interbancaire directe entre la banque commerciale vietnamienne
VIETINBANK, la Bank of Africa en Guinée-Bissau, la Congolaise des Banques et ORABANK-Togo.
L’élaboration et l’adoption d’une stratégie francophone en matière de coopération tripartite en 2012 relèvent de l’ambition d’approfondir et d’élargir une telle
forme de partenariat.
C’est ainsi qu’à la suite des recommandations des Sommets de Kinshasa et
Montreux, l’OIF a élaboré une démarche francophone de développement de ce
type de coopération horizontale. Elle a organisé un forum de haut niveau sur la
coopération tripartite, en partenariat avec le Tchad. Ce forum, qui constitue une
étape importante, a permis d’offrir aux participants une plateforme utile
d’échange d’informations et d’expériences, ainsi qu’une lecture commune des
enjeux et des défis de la coopération tripartite.
La Déclaration de N’Djaména constitue un moyen approprié pour poursuivre
une mobilisation collective des partenaires et des pays en faveur de la mise en
place d’un programme cohérent et intégré de coopération tripartite, en vue de
la future stratégie économique pour la Francophonie.
Appui aux stratégies nationales de développement durable
À l’instar des autres pays de la communauté internationale, les pays en développement membres de la Francophonie se sont engagés, à Johannesburg (Sommet du Développement durable, 2002), à élaborer et à mettre en œuvre des
stratégies nationales de développement durable (SNDD).
Malgré l’existence de plusieurs autres cadres stratégiques de planification, qu’ils
élaborent et mettent en œuvre avec le soutien de leurs partenaires, ces pays
conviennent, à l’unanimité, que les stratégies nationales de développement durable sont de véritables outils de référence politiques et opérationnels pour
conduire des actions de développement porteuses de croissance durable.
17
Dans le contexte du Cadre stratégique décennal de la Francophonie, l’OIF s’est
engagée à accompagner ces pays et à accroître leurs capacités institutionnelles pour l’élaboration et la mise en œuvre de cet outil. L’Institut de la Francophonie pour le développement durable (IFDD), organe subsidiaire de l’OIF, a
conçu divers outils d’accompagnement à l’élaboration des SNDD. L’OIF a ainsi
pu dispenser des formations à plus de 485 experts nationaux, issus aussi bien
du secteur public que de la société civile et du secteur privé, dans une démarche holistique.
MÉDIATERRE : l’information au service du
développement durable
Établi en marge du Sommet de Johannesburg en 2002,
Médiaterre fédère actuellement une quinzaine de
centres de ressources : des sites portails régionaux
couvrant, à ce jour, une grande partie des régions francophones, des sites portails thématiques (biodiversité,
énergie, désertification, changements climatiques,
modes de production et de consommation durables,
eau, forêts, gouvernance...) et des sites d’acteurs
(scientifiques, jeunes, genre…).
Il fait actuellement référence au niveau mondial, avec 28
portails thématiques, régionaux et d’acteurs, animés
par 13 partenaires, rapportant des informations essentielles de tout l’espace francophone, et notamment du
Sud.
Signe de ce succès, le système compte aujourd’hui 2,2
millions de pages consultées par mois, 9 500 membres
inscrits, 6 000 dépêches d’actualité diffusées par an et
5 000 visiteurs par jour (incluant 2 800 abonnés au flux
Twitter de Médiaterre).
Médiaterre est référencé par de très nombreux sites et
identifié parmi les tout premiers sites par les grands
moteurs de recherche à la requête « développement
durable » en français.
En 2013, les initiateurs de Médiaterre ont développé de
nouvelles fonctionnalités et procédé à une refonte graphique complète du site. L’objectif est, d’une part, de
renforcer et de faciliter les interrelations entre les 9 500
membres inscrits, et, d’autre part, de stimuler le partage
de connaissances en matière d’information, mais aussi
de pratiques pour le développement durable. La nouvelle interface privilégie, en outre, l’accès et le partage
de l’information via les principaux réseaux sociaux, afin
de cibler et de sensibiliser les jeunes à la problématique
du développement durable.
Des pays comme la Côte d’Ivoire, le
Gabon, Sainte-Lucie ou le Togo ont
élaboré et adopté leurs SNDD, tandis
que le Bénin, le Burkina Faso, le Niger
ou le Sénégal ont procédé à des revues de leurs cadres stratégiques de
référence, avec le partage d’expériences d’autres pays pairs membres,
comme la France ou la Belgique, ou
d’autres pays en développement. Au
regard de l’utilité de cette forme d’accompagnement, une dizaine d’autres
pays (République centrafricaine,
Congo, République démocratique du
Congo, Dominique, Guinée, Haïti,
Mali, Tchad, etc.) ont entamé une démarche d’élaboration de leur SNDD
avec le soutien de la Francophonie.
Enfin, à travers le dispositif de veille
stratégique et les outils de communication de l’IFDD, les cadres formés
peuvent consolider leurs compétences à travers le site Médiaterre,
qui, avec ses 28 portails, représente
une solide source d’informations, sur
Internet et en français, concernant le
développement durable.
L’avènement prochain de l’agenda de
développement des Nations unies
pour l’après 2015, avec les Objectifs
de développement durable (ODD)
comme but final, entraînera une mise
à jour de ces outils. D’ores et déjà,
l’OIF a développé une initiative pour
sa contribution au processus de définition de ces ODD. Des concertations
se multiplient avec tous les acteurs et
décideurs de ces pays pour qu’ils prennent part à ces négociations internationales, afin que leurs intérêts et objectifs soient pris en compte. L’OIF a publié
une étude prospective intitulée La Francophonie et les ODD, qui est concentrée
autour de quatre priorités :
• la transition énergétique et l’énergie durable,
• l’éducation, la jeunesse et l’emploi des jeunes,
• les modes de consommation et de production durables,
• l’intégration de la culture comme l’un des piliers du développement durable.
L’accompagnement de l’OIF pour l’après 2015 se dessine dans cet esprit.
18
Soutien aux entreprises
L’entreprise privée, notamment la très petite
et moyenne entreprise (TPME), étant un instrument décisif pour le développement économique et social, l’OIF a cherché à favoriser la mise en relation dynamique entre les
entreprises francophones, ainsi que le soutien au développement de créneaux ou
d’outils novateurs.
À cet effet, l’OIF a été attentive aux espaces
de rencontre et de dialogue entre les acteurs
économiques privés. Elle a ainsi participé
aux deux éditions de 2008 et 2012 de la
Rencontre internationale de la Francophonie
économique (RIFE) de Québec. Elle a également développé un rapport partenarial soutenu avec les organisations intermédiaires
du secteur privé, comme la Conférence permanente des chambres consulaires africaines et francophones (CPCCAF). Enfin,
l’OIF s’est associée aux initiatives lancées
par les opérateurs économiques, comme le
Réseau normalisation et Francophonie
(RNF), l’Union des banques francophones
(UBF) ou le Réseau des associations professionnelles francophones (RAPF), visant la
promotion de la langue française et de ses
valeurs dans l’entreprise.
L’association internationale
Amade
Créée à Tunis le 30 octobre 2013, l’Amade
réunit 15 organisations intermédiaires du
secteur privé de 14 pays francophones qui
ont mis en place et développé des services d’appui aux entreprises dans le
cadre du projet Amade de l’OIF.
En se regroupant au sein d’une structure
juridique commune, ces organisations
marquent leur volonté de pérenniser et
développer collectivement les acquis du
projet. Elles ont notamment fixé les objectifs suivants pour l’association :
• favoriser l’échange d’informations et le
partage d’expériences sur les marchés
publics ;
• mutualiser les compétences, les informations et les outils communs entre
les membres du réseau ;
• renforcer la dynamique de mise en
place de partenariats interentreprises
et favoriser la création de consortiums
internationaux pour répondre aux appels d’offres ;
• développer des projets communs et
collecter collectivement des fonds
pour renforcer les compétences du
réseau et ses capacités d’action auprès des entreprises ;
• développer l’action collective d’influence auprès des bailleurs de fonds
et des autorités locales pour faciliter
l’accès des PME aux marchés publics ;
• développer les capacités d’influence et
représenter les intérêts des membres
du réseau auprès des donneurs
d’ordres, organisations et autres instances internationales.
Le siège de l’association et son secrétariat
sont établis à Douala (Cameroun), sa présidence étant assurée par la Côte d’Ivoire.
L’île Maurice, le Sénégal, la Tunisie, le
Congo, Madagascar et Haïti font également partie du premier comité exécutif
élu.
Par ailleurs, la promotion de la mise en place
de services novateurs a été engagée. Considérant l’importance de la commande publique pour le développement économique,
la croissance et la consolidation des PME,
l’OIF a notamment soutenu, dans le cadre
du projet Accès aux marchés de l’aide publique au développement (Amade), la création de services tournés vers l’accès des entreprises locales aux marchés publics dans
une vingtaine de pays francophones du
Sud, qui ont déjà conduit à plus de 220
contrats gagnés, et permis le développement d’un dialogue public-privé sur cette
question. L’étude réalisée en Afrique de
l’Ouest sur la participation des PME aux
marchés publics a en particulier conduit à la
publication d’un livre blanc mettant en évidence les principales actions à entreprendre
pour que les entreprises locales puissent mieux en bénéficier. La création de
l’association internationale Amade (Accès aux marchés publics pour le développement économique) vient consolider la démarche engagée et ouvre la voie à
l’appropriation par les bénéficiaires.
19
Harmoniser le droit des affaires : le rôle
de l’OHADA
L’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du
droit des affaires (OHADA) est un dispositif d’intégration économique régional novateur et porteur de perspectives de développement pour le
continent africain, que l’OIF a encouragé et soutenu dès ses débuts, en 1993, dans l’environnement du Ve Sommet de la Francophonie (Maurice).
Ses objectifs sont de renforcer l’adaptabilité, l’effectivité et l’attractivité du droit des affaires harmonisé, et de faciliter son utilisation par les agents
économiques opérant dans les 16 États membres
de l’OHADA. Ce dispositif contribue ainsi à garantir davantage la sécurité juridique et judiciaire
des activités économiques et des transactions
financières, et à favoriser l’essor de celles-ci en
encourageant l’investissement local et étranger.
Après quinze ans d’exercice, à la lumière d’une
série d’audits, l’Organisation institutionnelle de
l’OHADA a fait l’objet de mesures destinées à
l’adapter aux exigences de professionnalisme et
d’efficacité correspondant au niveau de développement du processus d’harmonisation. C’est
dans ce contexte que l’OIF a appuyé la réflexion
prospective sur ce mécanisme majeur pour la
sécurité juridique et judiciaire des transactions,
des biens et des investissements, qui a conduit,
en 2008, à la modification de son traité fondateur,
marquant ainsi la volonté des États membres de
moderniser et de pérenniser ce dispositif.
En octobre 2013, l’OHADA a célébré son 20e anniversaire. Cette célébration a permis de réunir,
pour la première fois, les chefs d’État et de gouvernement des pays membres à Ouagadougou
(Burkina Faso), le 17 octobre 2013. L’OIF était
conviée en tant que partenaire technique et financier à cette manifestation.
Dans un autre registre, la Francophonie s’intéresse au développement de grappes d’entreprises et à la responsabilité sociétale des
entreprises (RSE). Sur le premier plan, à la
suite de la première RIFE, elle a conduit,
avec la CPCCAF et l’Agence française de
développement (AFD), un projet participatif
sur le développement et le financement des
grappes d’entreprises, jugées capables de
mobiliser des acteurs aussi bien privés que
publics. Ces grappes sont considérées
comme ayant un rôle structurant pour les filières de production et pour les territoires.
Dans les six pays d’Afrique francophone
partenaires de cette action (Burkina Faso,
Cameroun, Comores, Congo, Madagascar,
Sénégal), 12 projets de grappes d’entreprises ont vu le jour dans des domaines variés (agriculture, pêche, mécanique, culture,
services portuaires). Plusieurs sont à l’étude
pour financement par les bailleurs de fonds.
Dans le domaine de la responsabilité sociétale des entreprises, la Francophonie, après
avoir accompagné les pays membres dans
les phases de négociation et d’adoption de
la norme ISO 26 000, a publié, à travers
l’IFDD, un document intitulé Comprendre la
RSE et agir sur les bases de la norme ISO
26 000. Il sert d’outil de formation des acteurs du privé comme du public. L’IFDD a
également publié quatre fiches d’information sur la norme ISO 26 000.
D’autres initiatives du secteur privé ont pu se
développer, comme la RSE-Sénégal, qui
tient régulièrement son forum annuel sur la
RSE avec plus de 20 entreprises adhérant à
une charte de la RSE. L’initiative s’est élargie
à des pays comme la Côte d’Ivoire, le Bénin
ou le Burkina Faso, avec l’ambition de créer
un réseau à l’échelle de l’UEMOA. Dans cet
espace, des enjeux majeurs apparaissent
au niveau de l’industrie minière ou du développement de lignes de crédits vertes
dans les banques. Pour répondre à ces besoins, l’IFDD a développé un cours
sur la RSE et le développement durable à l’attention des écoles nationales d’administration pour atteindre le public du milieu des affaires. Plus d’une trentaine
d’experts de neuf pays francophones d’Afrique de l’Ouest ont déjà suivi la formation. Il est envisagé de la développer en Afrique centrale, avec l’ENA de Libreville et l’ISP du Cameroun. Une autre initiative est en cours de développement avec le PNUE, pour une formation des responsables des opérations de
crédit dans les banques primaires, sur l’analyse des risques environnementaux
et sociaux. Cette initiative est en discussion avec des partenaires stratégiques
comme la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) et l’UEMOA. Enfin, l’OIF a développé une stratégie propre de déploiement de la norme, ainsi
que pour le suivi de sa mise à jour.
Afin de contribuer à la croissance économique, l’accompagnement des entreprises francophones doit naturellement se fonder sur une main-d’œuvre qualifiée, renforcée par des principes de RSE et de normalisation pour le développement durable. En complément de son implication dans le secteur de l’éducation
20
en général, la Francophonie est intervenue dans la réforme du dispositif de formation professionnelle et technique des États et des gouvernements, afin qu’il
soit en adéquation avec le marché du travail et réponde effectivement aux besoins de l’entreprise. Elle a aussi soutenu la promotion de l’éducation à l’environnement et au développement durable.
Accompagnement des communautés de base
Complémentaire des interventions aux niveaux international, régional et national, l’action solidaire en faveur des communautés de base a été développée à
partir de 2011, dans le cadre du nouveau Programme francophone d’appui au
développement local (PROFADEL-OIF).
Inspiré des leçons tirées du Programme spécial de développement (PSD), ainsi que de celles du Programme d’appui au développement local (PADL), qui ont
respectivement soutenu 378 et 50 initiatives à caractère communautaire, le
PROFADEL-OIF vise à munir, par des méthodes participatives, les collectivités
bénéficiaires de plans locaux de développement (PLD).
Les priorités dégagées dans ces instruments de planification (investissements
physiques ou interventions de renforcement de capacités) sont appuyées par la
Francophonie et/ou les autres coopérations. Pour la phase pilote lancée en
2011, ce sont 16 collectivités en République centrafricaine, au Rwanda, au Sénégal et au Togo qui ont été retenues. De nombreux partenaires au développement (Banque mondiale, coopérations bilatérales dans les pays d’intervention)
montrent de l’intérêt à l’initiative de l’OIF, en finançant des projets prioritaires.
Les résultats atteints détermineront les conditions d’élargissement de cette action solidaire de proximité à d’autres communautés et pays.
Par ailleurs, consciente des enjeux du développement de la microfinance dans
les pays du Sud, l’OIF a développé une expertise dans ce domaine en faveur
des pays membres d’Afrique de l’Ouest, dans le cadre notamment d’un partenariat avec Développement international Desjardins (DID) et la Fédération des
caisses d’épargne (FNCE) de France. Initié avec DID, le projet Tandem* a permis, entre 2008 et 2009, à plus de 210 cadres, dirigeants et techniciens, provenant de 138 institutions de microfinance de l’UEMOA, de profiter de services de
formation et d’accompagnement visant à leur permettre de développer leurs
compétences en gestion stratégique d’une institution de microfinance. De
même, le partenariat avec la FNCE a permis de former, en 2009, 326 représentants d’institutions de microfinance en Afrique de l’Ouest et de sensibiliser 100
dirigeants d’institutions de microfinance à une meilleure approche de prévention
et de gestion du risque du crédit.
Enfin, l’OIF a contribué, en partenariat avec DID, à la mise en place du Centre
d’innovation financière (CIF) en 2000, devenu Confédération des institutions financières (CIF) en 2007. La CIF, qui regroupe six réseaux coopératifs et mutualistes de cinq pays d’Afrique de l’Ouest, représente aujourd’hui 70 % du marché
de la microfinance dans sa zone d’opération, avec 2,4 millions de membres.
Contribution de la culture à l’économie du développement
Dès ses origines, l’Organisation internationale de la Francophonie s’est attachée à promouvoir le rôle de la culture en tant que dimension incontournable
pour le développement économique et social. Le poète président Léopold Sédar Senghor, l’un des pères fondateurs de la Francophonie, avait ainsi coutume
de dire que « la culture est au début et à la fin de tout développement ». Depuis
le premier Sommet de la Terre, en 1992, en passant par celui de Johannesburg,
en 2002, et plus récemment celui de Rio+20, la Francophonie a toujours affirmé cette position.
*Transfert et accompagnement national pour le développement d’une expertise en microfinance (Tandem).
21
Parce que la richesse et la diversité de leurs cultures constituent un atout majeur de développement pour les pays de l’espace francophone, l’OIF, après
avoir largement soutenu le processus menant à l’adoption de la Convention de
l’UNESCO sur la protection et la promotion de la diversité des expressions
culturelles (2005), participe, depuis, à sa mise en œuvre, en accompagnant les
industries culturelles et la structuration des filières de la culture dans les pays en
développement.
Le programme d’appui au développement des politiques et des industries culturelles permet ainsi d’accompagner ces pays dans la création d’un environnement favorable à la culture sur le plan politique, législatif et juridique, afin de favoriser l’émergence d’une véritable économie de la culture compétitive et
créatrice de revenus et d’emplois durables.
À ce titre, elle a mis en place, depuis 2003, trois fonds de garantie des industries culturelles, qui couvrent deux pays francophones du Maghreb (Maroc et
Tunisie), ainsi que les huit pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). L’OIF organise également des formations destinées, d’une part,
aux cadres de banque, pour les sensibiliser à l’analyse économique et financière des risques sur projets culturels, et, d’autre part, aux entrepreneurs culturels des filières de l’image, de l’édition et de la musique, en formulation de projet et gestion d’entreprises. Depuis 2005, ce sont 850 entrepreneurs culturels
qui ont bénéficié de formations.
Le fonds de garantie ciblé
sur les entreprises culturelles
Trois fonds de garantie d’une dotation d’environ
1,43 million d’euros ont été créés et ont permis
une capacité d’engagement de l’ordre de
5,72 millions d’euros. Plus de 600 entrepreneurs
culturels provenant de diverses régions francophones (Maghreb, Afrique de l’Ouest, Afrique
centrale et océan Indien) ont pu participer à des
séminaires pour mieux structurer et développer
leurs activités.
Près de 240 cadres de banques issus de ces
régions ont été sensibilisés au domaine de l’analyse économique et financière des risques sur
projets culturels.
Plus récemment, en 2011, quatre pays (Burkina Faso, Gabon, Niger et Sénégal) ont été
retenus, sur manifestation d’intérêt international, pour bénéficier d’un accompagnement structurant sur quatre ans, qui touche
aussi bien à leurs instruments de politique
culturelle et à l’élaboration d’outils d’aide à la
décision, qu’à la formation de cadres institutionnels et d’opérateurs de la culture. Enfin,
l’OIF a soutenu l’organisation, en 2012, d’un
forum des partenaires pour la valorisation de
la culture au service de l’intégration et du développement, qui avait notamment pour objectifs d’adopter un cadre régional de
concertation et d’action culturelle, et de valider les termes de référence pour l’élaboration de la stratégie culturelle de la Communauté économique des États de l’Afrique
centrale (CEEAC).
Appui au développement des compétences professionnelles
et techniques
Dès 1998, lors des Assises de la formation professionnelle et technique à Bamako (Mali), l’OIF a reçu le mandat, par ses pays membres, de développer un
échange d’expertises en matière de formation professionnelle et technique.
L’ensemble des activités développées par l’OIF ont dès lors visé à mieux adapter l’offre de formation professionnelle et technique aux besoins en compétences des économies nationales et régionales. À partir de 2008, quatre thématiques, souhaitées par les pays, ont été intensifiées :
• l’appui à l’élaboration d’une politique sectorielle efficiente, avec l’application
de l’approche programme, qui part des besoins du marché du travail pour
définir les besoins en formation en tenant compte des moyens des États ;
• la rédaction des programmes d’étude selon l’approche par les compétences
(APC), approche qui a permis de transférer la maîtrise des étapes pour réviser et rédiger les programmes de formation en fonction des compétences
dont ont besoin les entreprises dans chaque filière économique ;
22
• l’insertion dans les cursus de formation professionnelle de modules liés aux
connaissances dont un jeune peut avoir besoin pour créer son entreprise ;
• enfin, un soutien à l’hôtellerie et au tourisme dans les pays où ce secteur
économique particulier est important.
Depuis 2000, 13 millions d’euros ont été investis, avec comme premier résultat
la création d’un réseau d’experts et d’acteurs de la formation professionnelle et
technique (FPT), qui ont eu, selon les besoins des pays, une réelle incidence sur
les stratégies nationales de FPT. Un second résultat a été, à partir des contextes
nationaux de la formation professionnelle et technique, de publier une série de
guides et d’études visant à donner les outils pour améliorer l’ingénierie et le pilotage de la FPT, et ce en lien avec les besoins de l’économie.
Depuis 2010, 20 experts, issus des pays du Nord comme du Sud, ont transféré leur expertise en ingénierie de la FPT dans 20 pays francophones*, totalisant
plus de 200 jours d’intervention pour former plus de 1 000 cadres, conseillers
pédagogiques et enseignants à :
• l’accompagnement pour l’élaboration de politiques sectorielles ou plans
d’action avec le monde du travail (Bénin, Cameroun, Comores, Liban, Mali,
Sénégal, Tchad) ;
• la définition des outils d’enquête pour appréhender les besoins quantitatifs et
qualitatifs des emplois dans les filières économiques porteuses (Burundi,
Cambodge, Haïti, Laos, Vietnam) ;
• la révision des programmes d’étude selon l’APC avec l’appui des entreprises
(Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Cambodge, Comores, Laos, Maurice,
Rwanda, Sénégal, Seychelles, Vietnam).
En termes d’insertion dans la vie active, la mise en place de programmes axés
sur la demande des employeurs a permis à plus de 10 000 jeunes d’acquérir
des compétences validées par les chefs d’entreprise de filières économiques
comme la mécanique agricole, la gestion de supermarché, la maîtrise de l’électronique dans l’audiovisuel, ou encore l’installation et la maintenance de la climatisation industrielle.
Enfin, le français comme compétence professionnelle dans la filière du tourisme
des pays dont ce secteur représente une part importante des ressources du
PIB (Albanie, Bulgarie, ex-République yougoslave de Macédoine, Lituanie, Moldavie, Roumanie, Sainte-Lucie et Seychelles) a été développé. 800 jeunes ont
obtenu un diplôme national avec une option « classe bilingue français » pour les
modules de « service de table », barman, réceptionniste et guide touristique.
D’après une étude achevée en 2013, leur taux de réussite au diplôme, leur poursuite dans des études supérieures et leur insertion professionnelle sont meilleurs que ceux des jeunes ayant suivi le même diplôme sans la classe bilingue.
L’élaboration de politiques
de formation tournées vers le monde économique : l’exemple du Mali
En matière d’élaboration de politique sectorielle pour la FPT, l’OIF a élaboré une stratégie pour que huit
groupes de patrons d’entreprise, représentant chacun un secteur économique comme l’agroalimentaire, la
construction, les transports ou les mines, se constituent et définissent avec le ministère de la FPT les besoins
quantitatifs en main-d’œuvre et les compétences nécessaires dans les cinq prochaines années.
À partir de la définition de ces besoins, la politique a été élaborée en formant les gestionnaires aux outils
budgétaires, avec la constitution d’un cadre de dépenses à moyen terme (CDMT). Le résultat de ces travaux
est la publication d’une politique crédible, parce qu’elle s’appuie sur l’économie réelle malienne (secteur formel, secteur informel) tout en tenant compte de la capacité des centres de formation professionnelle à former
plus et à de nouvelles filières. En 2014, cette politique sera présentée au gouvernement et aux partenaires
techniques et financiers, qui pourront juger de son réalisme et de son efficience.
*Albanie, Bulgarie, Burkina Faso, Burundi, Cambodge, Cameroun, Comores, ex-République yougoslave de Macédoine,
Haïti, Laos, Lituanie, Mali, Maurice, Moldavie, Roumanie, Rwanda, Sainte-Lucie, Seychelles, Tchad, Vietnam
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Le volontariat international francophone
En optant pour une approche transversale de la question de la jeunesse, l’OIF agit en s’appuyant sur un
double principe : l’inclusion et le renforcement des capacités des jeunes. La jeunesse demeure une cible
prioritaire dans l’ensemble des actions de l’OIF. Depuis 2007, le volontariat international de la Francophonie
– un programme de mobilité essentiellement Sud-Sud – permet aux jeunes francophones d’agir concrètement sur une mission de coopération, tout en améliorant leurs compétences et leur employabilité. Ces derniers acquièrent une plus grande confiance en leurs capacités, ce qui élargit leurs perspectives d’emploi
qualifié et stable, facteur d’intégration sociale et d’insertion dans la vie économique de leur pays. D’après la
dernière étude sur leur insertion dans le marché de l’emploi à l’issue de leur mission de volontaire, 81 % des
jeunes qui se sont exprimés ont trouvé un emploi satisfaisant et correspondant à leurs qualifications en moins
de six mois.
La visibilité de l’action économique de l’OIF
La communication de l’OIF dans le champ économique passe par de multiples
canaux, en particulier à travers les forums et les ateliers, la communication interne des différents réseaux institutionnels et professionnels, ou les publications, et enfin grâce au site Internet dédié à l’espace économique francophone.
Le site www.espace-economique.francophonie.org
Depuis sa création en 2004, jusqu’à sa mise en veille en 2011, le site Espace
économique francophone a été une véritable vitrine d’affichage, de promotion
et de visibilité de l’action économique francophone.
Le site a notamment permis de :
• centraliser en un seul point l’information francophone relative à la coopération économique entre l’OIF et ses États et gouvernements membres ;
• capitaliser le savoir et les expériences, afin de favoriser les opportunités d’affaires et le développement des investissements dans les pays francophones ;
• promouvoir les bonnes pratiques et vivifier les réseaux institutionnels ou professionnels.
La fréquentation du site était relativement élevée et a atteint un pic de 31 729 visiteurs mensuels en 2006. 11 057 internautes étaient abonnés à la lettre d’actualité mensuelle sur les informations économiques.
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En guise de conclusion
L’action économique de la Francophonie s’est développée en épousant la complexité croissante des enjeux économiques :
• l’économie interfère avec l’ensemble des sphères du développement (le social, l’environnement, le culturel) ;
• la globalisation s’est accompagnée d’une interpénétration croissante des
sphères et des territoires, depuis le niveau local, jusqu’à l’espace monde, en
passant par une remise en question des prérogatives et du périmètre des États
et des communautés régionales ;
• la libéralisation économique, doublée de la libéralisation politique, s’est accompagnée de l’émergence de multiples acteurs issus de l’initiative privée, associative ou coopérative.
Le défi que s’est proposé de relever l’OIF dans le cadre de la mise en œuvre du
Cadre stratégique décennal était, malgré ses faibles moyens, d’intervenir en saisissant cette complexité sans la réduire, en accompagnant les pays membres,
et particulièrement les plus faibles d’entre eux, dans ce processus d’insertion
dans l’économie mondiale, de participation à la gouvernance mondiale, de réforme de leurs politiques et stratégies, pour intégrer les nouveaux enjeux : la
préservation de l’environnement, la lutte contre la pauvreté, etc.
Les résultats obtenus et leur reconnaissance ont permis à la Francophonie de
devenir, en dix ans, un acteur qui compte et sur lequel les États membres et la
communauté internationale s’appuient dans le domaine économique.
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Annexe
Les actions programmées au titre des objectifs
stratégiques centrés sur la mission économique.
Objectifs stratégiques
Les programmations et les actions devront tendre à :
Inciter à l’adoption de stratégies nationales de développement durable,
favoriser leur rapprochement au niveau régional et valoriser les démarches
exemplaires.
Faciliter l’accès des pays membres aux financements internationaux par la
veille, l’échange d’information et l’acquisition des moyens de planification
et de gestion intégrés à une stratégie nationale de développement durable.
Développer l’apprentissage et l’accès aux technologies de l’information et
de la communication et aux moyens modernes de gestion.
Contribuer par la coopération aux efforts de réduction de la pauvreté
dans une stratégie de développement durable.
Appuyer le développement des métiers de la culture en encourageant les
productions culturelles par le soutien à la capacité technique et par des
partenariats avec les entreprises.
Favoriser le développement d’institutions de microfinance qui comme les
technologies de l’information et de la communication, peuvent avoir des
effets multiplicateurs permettant, notamment aux femmes et aux jeunes,
de trouver plus facilement un emploi.
Contribuer par l’expertise, par le développement des capacités et la
concertation, à la formulation de politiques nationales de gestion durable
des écosystèmes et des ressources naturelles, l’eau et l’énergie notamment.
Renforcer la capacité des États à établir, notamment par la définition et la
mise en place de cadres réglementaires, une gouvernance favorable à la
création d’activités économiques et incitatives au développement du secteur privé et de l’investissement.
Améliorer la capacité des États à faire valider leurs intérêts dans les négociations internationales et de défendre leurs projets auprès des institutions
financières internationales et des coopérations bilatérales et multilatérales.
Contribuer à l’intégration
des PVD/PMA francophones à l’économie
mondiale.
Susciter des concertations permettant l’échange d’information et, le cas
échéant, le développement de positions communes lors des forums internationaux.
Contribuer à l’amélioration de la gouvernance, condition indispensable à
l’accès aux ressources internationales publiques et aux investissements
directs par le secteur privé.
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Organisation internationale
de la Francophonie
DIRECTION DE LA FRANCOPHONIE ÉCONOMIQUE
19-21, avenue Bosquet, 75007 Paris (France)
téléphone : +(33) 1 44 37 33 00
www. francophonie.org
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