UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DAKAR FACULTE DE LETTRES ET SCIENCES HUMAINES DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE MASTER ESPACES, SOCIETES ET DEVELOPPEMENT (ESD) Parcours : Environnement, Territoires, Populations et Santé (ETPS) MEMOIRE DE MASTER 2 Incidences sanitaires de la vague de chaleur (Mai 2013) dans les départements de Louga et Linguère : Approche géographique Présenté par : Sous la direction de : Seynabou DIALLO Dr Aminata NIANG-DIENE Chargé d’enseignement et du Dr. Ibrahima Sy ANNEE UNIVERSITAIRE 2014-2015 SOMMAIRE I.INTRODUCTION II.PROBLEMATIQUE II.1.CONTEXTE ET JUSTIFICATION II.2. OBJECTIFS DE L’ETUDE II.3.QUESTIONS DE RECHERCHE II.4. HYPOTHESES II.5.ANALYSE CONCEPTUELLE III. METHODOLOGIE DE RECHERCHE PREMIERE PARTIE : GEOGRAPHIE DES DEPARTEMENTS DE LOUGA ET DE LINGUERE ET VARIATION DES TEMPERATURES CHAPITRE I : GEOGRAPHIE DES DEPARTEMENTS DE LOUGA ET DE LINGUERE CHAPITRE II : EVOLUTION ET VARIATION DES TEMPERATURES DANS LES DEPARTEMENTS DE LOUGA ET DE LINGUERE DEUXIEME PARTIE : CONSEQUENCES SANITAIRES LIEES A LA VAGUE DE CHALEUR DE MAI 2013 CHAPITRE I : ANALYSE DE LA MORBIDITE DIAGNOSTIQUEE ET DE LA MORTALITE EN RELATION AVEC LA VARIABILITE CLIMATIQUE CHAPITRE II : MORBIDITE RESSENTIE ASSOCIEE A LA HAUSSE DES TEMPERATURES TROISIEME PARTIE : CONTRIBUTION A LA MISE EN ŒUVRE D’UN SYSTEME D’ALERTE PRECOCE AUX CANICULES PAR L’ANALYSE DES CAPACITES D’ADAPTATION ET DE RESILIENCE DES COMMUNAUTES DE BASE CONCLUSION GENERALE 3 DÉDICACES Au terme de ce cycle de formation, je voudrais offrir le fruit de ce présent travail et dédier ce mémoire à : Mon père feu Mame Abdou DIALLO en témoignage de ma reconnaissance envers le soutien, les sacrifies et tous les efforts qu'il a consenti pour mon éducation ainsi que ma formation. Très cher papa, à vous que je dois tout, je vous rends hommage à travers cet humble geste comme preuve de gratitude de la part d'une fille qui continue de prier pour le repos de votre âme ! Ma courageuse et digne mère Rokhaya NDIAYE, qui m’a toujours soutenu et béni de ses prières. Merci Maman. A toute ma famille, principalement à ma grande sœur, Khady DIALLO et à mes frères qui ont toujours fait montre d’une affection et d’un respect profond à mon égard. Merci à vous tous. 4 REMERCIEMENTS Ce travail ne saurait arriver à son terme sans la contribution très appréciable de beaucoup de personnes qui ont bien accepté de s’occuper de moi dans des conditions souvent difficiles. C’est donc pour moi une grande opportunité et un immense plaisir de les remercier tous. Ma profonde gratitude et ma vive reconnaissance sont premièrement exprimées : A l’éternel DIEU sans l’aide de qui tout ce qui a été fait ne l’aurait été. A mon Professeur encadreur, Madame Aminata NIANG DIENE pour avoir accepté, malgré ses multiples occupations la direction de mon travail. J’ai eu le privilège de -travailler avec vous et d’apprécier vos qualités et vos valeurs. Votre compétence et votre sens du devoir m’ont énormément marqués. Ce travail est pour moi alors l’occasion de vous témoigner ma profonde gratitude. Aux membres du jury qui ont accepté de siéger pour apprécier mon travail en dépit de leurs occupations scientifiques, administratives et sociales. A toute l’équipe du Centre de Suivi Ecologique notamment Jacques André Ndione et Ibrahima Sy pour m’avoir accompagné et assisté financièrement dans la réalisation de ce travail. Au personnel de santé : -Docteur Sy, médecin chef région - Médecin chef District de Louga -Docteur Thiam, médecin chef District de Linguère -Docteur Camara -Docteur Ibrahima Dia -M. Aliou Ndour -M. Sylla, superviseur du District de Louga A la famille Fall à Dakar pour l’hospitalité particulière qu’elle m’a réservée depuis mon entrée à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. A ma tante Fatou Sané et Babacar Dione pour le soutien et l’affection qu’ils éprouvent à mon égard. A mes camarades de promotion du département de géographie, à mes amies et sœurs notamment Aissatou Niang, Deffa Diallo, Fatou Diallo, Aissata Diallo, Mame 5 Diarra Dieng et Yacine Mbaye pour qui, je réserve une mention spéciale (Que le Seigneur préserve notre amitié). Je tiens également à remercier les familles DIALLO et BA à Louga et à Linguère pour l’accueil chaleureux dont elles m’ont fait don. Que toutes les personnes que je ne peux pas remercier nommément ou tous ceux qui, de près ou de loin, ont contribué à l’élaboration du présent travail, retrouvent ici l'expression de ma profonde considération. 6 LISTES DES SIGLES ET ABBREVIATIONS ACASIS : Alerte aux Canicules Au Sahel et à leurs Impacts sur la Santé ANACIM : Agence Nationale de l’Aviation Civile et de la Météorologie ANDS : Agence Nationale de la Démographie et de la Statistique ANR : Agence National de la Recherche AUF : Agence Universitaire de la Francophonie BM : Banque Mondiale BU : Bibliothèque Universitaire CCNUCC : Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques CMIPP : Cardiomyopathie idiopathique du péripartum CSE : Centre de Suivi Ecologique GEA : Gastro-entérite Aiguë GES : Gaz à Effet de Serre GIEC : Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat HTA : Hypertension Artérielle ICU : Ilots de Chaleur Urbaine IRA : Infections Respiratoires Aiguës INSEE : Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques INSERM : Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale INVS : Institut de Veille Sanitaire OMM : Organisation Météorologique Mondiale OMS : Organisation Mondiale de la Santé 7 PIC : Plan d’Investissement Communal PNC : Plan National de Canicule RCP : Representative Concentration Pathways (profils représentatifs d’évolution des concentrations de gaz à effet de serre) RSM : Ratio Standardisé de Mortalité TCE : Traumatisme Cranio-Encéphalique TCM : Tableaux Climatiques Mensuels Tm : Température moyenne Tn : Température minimale Tx : Température maximale UCAD : Université Cheikh Anta Diop UNICEF : Fond des Nations Unies pour l’Enfance WHO : World Health Organization 8 LISTE DES TABLEAUX Tableau1 : Quelques conséquences des changements attendus dans les phénomènes climatiques extrêmes. Tableau 2 : Morbidité enregistrée au mois de MAI 2014 et au mois de MAI 2013 du centre de santé de Linguère Tableau3: Morbidité trimestrielle du centre de santé de Louga 2013 Tableau4: Evolution mensuelle de la morbidité en 2013 à Linguère Tableau5: morbidité mensuelle du centre de santé de Linguère Tableau6: Morbidité mensuelle du poste de santé Yeurmandé Tableau7: Nombre de consultants selon le type d’affection en 2013 à Louga Tableau8: Nombre de consultants selon le type d’affection en 2013 à Linguère Tableau 9 : Les consultants selon l’origine à Louga Tableau10 : Les consultants selon l’origine à Linguère Tableau 11: Mortalité trimestrielle du centre de santé de Linguère en 2013 Tableau12 : Mortalité trimestrielle du centre de santé de Linguère en 2014 Tableau 13: Evolution mensuelle de la mortalité en 2013 Tableau 14: Nombre de personnes affectées à l’échelle spatiale Tableau15: Proportion des personnes affectées ayant une maladie préexistante Tableau16: Taux de recours aux soins Tableau 17: Répartition des personnes affectées selon l’âge Tableau 18: Répartition des personnes affectées selon le sexe Tableau 19: Distribution spatiale de la mortalité Tableau20: Proportion des décès selon l’âge Tableau21 : Proportion des décès selon le sexe Tableau22 : Disposition de ventilateurs selon la localité Tableau 23: Répartition du nombre de ménages équipés de moustiquaires de fenêtres Tableau24: Caractéristiques des personnes affectées par la vague de chaleur 9 LISTE DES FIGURES Figure 1: Evolution mensuelle de l’humidité moyenne de l’air à Linguère Figure2 : Evolution mensuelle du niveau d’insolation à Linguère en 2013 Figure 3 : évolution interannuelle des températures moyennes annuelles à Linguère Figure 4: Variation mensuelle des températures moyennes de 2013 par rapport à la série (1985-2014) Figure 5 : Evolution des températures moyennes mensuelles des années 2012,2013 et 2014 à Linguère Figure6 : Evolution des températures moyennes mensuelles des années 2012,2013 et 2014 à Louga Figure7 : Evolution des températures maximales et minimales en 2012, 2013 et 2014 à Linguère Figure8: Evolution des températures maximales et minimales en 2012, 2013 et 2014 à Louga Figure9 : Evolution des maxima absolu et des minima absolu du 20 au 27 mai 2013 à Louga Figure10 : Evolution des maxima absolu et des minima absolu du 20 au 27 mai 2013 à Linguère Figure11 : Evolution des températures tri horaire du 20 au 27 mai 2013 à Louga Figure12 : effectif des consultants en relation avec l’évolution de l’humidité relative de l’air en 2013 à Linguère Figure13 : effectif des consultants cumulé pendant le mois de Mai 2013 à Linguère Figure14 : Effectif des consultants cumulées pendant le mois de Mai 2013 à Louga Figure 15:Répartition des affections selon l’âge à Louga Figure16 : Répartition des affections selon le sexe à Louga Figure17 : Répartition des affections selon l’âge à Linguère Figure18 : Répartition des affections selon le sexe à Linguère Figure19 : Répartition de la morbidité ressentie liée directement à la canicule à Louga Figure20 : proportion de personnes décédées souffrant d’une maladie Figure21 : Morbidité ressentie à l’échelle temporelle Figure22 : Proportion des ménages ayant les plus faibles revenus à Louga Figure23: Proportion des ménages ayant les plus faibles revenus à Linguère Figure24 : Utilisation des combustibles selon les ménages Figure25 : Schéma de système d’alerte 10 LISTE DES CARTES Carte1 : Organisation territoriale des départements de Louga et de Linguère Carte2 : Localisation des départements de Louga et de Linguère 11 Résumé La vague de chaleur survenue au mois de mai 2013 à Matam a touché la région de Louga en particulier les départements de Louga et de Linguère. Cette canicule a engendré des conséquences remarquables avec les températures les plus élevées au cours de ces dernières décennies. Avec une température moyenne de 30°C à Louga, la série (1985-2014) connait d’énormes fluctuations inter mensuelles. Le mois de mai reste le mois le plus chaud avec respectivement une augmentation de + 2°C à Louga et de +4°C à Linguère par rapport à cette série. La vague de chaleur qui a duré sept jours consécutifs a été plus marquante à Matam avec des températures maximales supérieures à 45°C (ANACIM, 2013) menaçant la santé des populations. D’ailleurs beaucoup de travaux ont été effectués pour montrer les impacts sanitaires qui découlent des vagues de chaleur dans plusieurs pays surtout dans les pays développés où la surmortalité a été largement étudiée comme la canicule de 2003 en France avec près de 15000 décès. Afin d’analyser les incidences sanitaires de la vague de chaleur, nous avons procédé à une étude dont l’objectif est d’analyser les relations entre les risques sanitaires (morbidité /mortalité) et la vague de chaleur survenue afin de contribuer au développement d'un système précoce d’alerte aux canicules au Sahel. Autrement dit, il s’agit de déterminer l’impact de nouvelles conditions environnementales sur la santé des populations tout en identifiant les facteurs (socio-économiques, environnementaux et comportementaux) associés aux risques sanitaires. Les résultats de cette étude ont montré que le recours aux soins est important au niveau des structures de santé pendant et après l’épisode de fortes chaleurs, lié surtout aux maladies cardiovasculaires, aux maladies respiratoires et aux maladies infectieuses. En effet, plusieurs effets sanitaires liés à la chaleur ont été décelé à l’exemple de l’hyperthermie (29% à Louga et 36% à Linguère), des maux de tête, vertiges, insomnie ainsi que des cas de paludisme notés surtout chez les enfants. Les personnes âgées, les enfants et les femmes enceintes sont des sujets vulnérables lors de la vague de chaleur. La répartition spatiale de la morbidité montre que le milieu urbain est le plus touché notamment les quartiers défavorisés. En outre, la morbidité est très importante chez les femmes. Il s’y ajoute que la mortalité observée durant cette période concerne en majorité les personnes âgées et elle est fortement liée aux maladies cardiovasculaires. Par ailleurs, le système de soins n’était pas préparé en matière de prévention et d’alerte aux canicules. Mots clés : vague de chaleur, morbidité, mortalité, écart, incidence 12 INTRODUCTION La variabilité climatique, notamment le réchauffement climatique, dans le monde en général et en Afrique en particulier n’est plus à démontrer. En raison de leurs répercussions immédiates sur la santé de la population, les questions de changements climatiques sont placées depuis quelques temps au centre des préoccupations des scientifiques et des décideurs politiques dans le monde. Selon le Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC), le réchauffement planétaire en cours pourrait atteindre 1,1 à 6,4°C d’ici 21001 favorisant des modifications de l’environnement, une élévation du niveau de la mer et des évènements climatiques extrêmes comme les vagues de chaleur. Ces dernières font partie des extrêmes climatiques les plus préoccupants au regard de la vulnérabilité de nos sociétés et de l'évolution attendue de leur fréquence et leur intensité au XXIe siècle. Elles contribuent à déclencher certaines pathologies comme les maladies de l’appareil respiratoire et les maladies cardiovasculaires particulièrement chez les jeunes, les personnes âgées et les personnes à la santé fragile et provoquent une augmentation du nombre de décès. Ce phénomène climatique provoque de manière récurrente à travers le monde des catastrophes humaines, économiques et sanitaires. Ainsi, en dépit de certains progrès réalisés dans le cadre de l’amélioration des conditions de vie environnementales et de la santé, la canicule affecte davantage les populations les plus vulnérables. Le stress thermique, qui menace ces populations, constitue également, pour l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), une des priorités sanitaires des prochaines décennies : « Au-delà d'un certain seuil, chaque degré Celsius supplémentaire est susceptible d'accroître la mortalité de 2 à 5% », indiquent l'OMS et l'Organisation Météorologique Mondiale (OMM)2. En effet, le Sénégal a un climat tropical à tendance chaude. De ce fait, les épisodes de forte chaleur sont relativement fréquents et ils risquent de s'accentuer avec le changement climatique. C’est dans cette optique que le GIEC confirme qu’au cours du XXIème siècle, le réchauffement climatique en Afrique serait plus important qu’au niveau mondial3. 1 GIEC, 2007 : Bilan 2007 des changements climatiques. Contribution des Groupes de travail I, II et III au quatrième Rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat 2 OMS et OMM (2012) : Atlas de la santé et du climat 3 GIEC, 2007 : Bilan 2007 des changements climatiques. Contribution des groupes de travail I, II et III au quatrième rapport d’évaluation du groupe d’expert intergouvernemental sur l’évolution du climat (Equipe de rédaction principale, Pachauri, R. K. et Reisinger, A. GIEC ; Genève, Suisse, 103 pages 13 En effet l’Afrique de l’Ouest subit majoritairement le changement climatique depuis quelques années, affectant les populations d’un point de vue non seulement économique mais aussi sanitaire. De ce point de vue, la période humide de 1930 à 1960, les sécheresses de 1970-1980 montrent la vulnérabilité des populations de la zone sahélienne face aux mutations climatiques. Le changement climatique dû au réchauffement planétaire induit par les émissions anthropiques de gaz à effet de serre (GES) est au niveau mondial un problème capital qui nécessite une action d’envergure. Cela inclut notamment des investissements pour réduire les émissions et des mesures d’adaptation à l’évolution du climat et à s a variabilité. « Les premières conséquences du changement climatique se font d’ores et déjà sentir, et les scientifiques estiment qu’il y en aura inévitablement d’autres. Ce sont les populations les plus pauvres des pays en développement qui en subiront de façon disproportionnée les effets les plus graves et négatifs » (CCNUCC, 1992). Tableau 1: Quelques conséquences des changements attendus dans les phénomènes climatiques extrêmes. Nature et vraisemblance des changements attendus au XXIe siècle dans les extrêmes phénomènes Exemples représentatifs des conséquences attendues (toujours avec un degré élevé de confiance dans certaines régions) climatique Extrêmes simples Températures maximales plus élevée plus de Hausse de l’incidence des décès et journées chaudes et de vagues de chaleur sur des maladies graves chez les presque toutes les terres émergées (très personnes âgées et les pauvres en probable) milieu urbain Augmentation du stress thermique chez le bétail et dans la faune 14 Modification des destinations touristiques Aggravation des risques de dommages a certaines cultures Augmentation de la consommation électrique pour le refroidissement et la baisse de la fiabilité des approvisionnements énergétiques Source : Convention Cadre des Nations unies sur les changements climatiques, 1992 Sur la base de ces considérations, il convient de préciser que le climat a toujours eu un impact puissant sur la santé et le bien-être des humains. Le changement climatique mondial s’accompagne de vagues de chaleur fréquentes et intenses. Lorsque les températures restent élever pendant plusieurs jours consécutifs, le risque de morbidité et de mortalité augmente chez les personnes fragiles. Cependant certains auteurs comme Héléne Tillaut ont montré qu’il n’y pas de consensus sur une définition unique sur les différents indicateurs de vague de chaleur. La définition d’une vague de chaleur varie selon les pays, en termes d’indicateurs utilisés. Par exemple, au Canada, la chaleur et l’humidité sont importants lorsqu’on prévoit des températures extérieures de plus de 30°C et des valeurs humidex supérieures à 40°C4. L’indice humidex a été mis au point pour décrire à quel point l’air semble chaud ou humide pour un être humain5. Néanmoins, il est bon de préciser que l’effet des vagues de chaleur est associé à la morbidité et la mortalité des couches vulnérables. Par exemple « la vague de chaleur 2015 en Inde, la seconde canicule la plus importante de l'histoire de ce pays a fait plus de 2000 morts»6. La très forte vague de chaleur qui a affecté l’Europe occidentale au cours de l’été 2003 a fait environ 15 000 morts en France7.Cependant il n’est aisé d’analyser les excédents par causes de décès car « la notion de décès « lié à la canicule » n’est pas une entité bien définie »8. Selon D. Hémon et al. , durant la canicule en aout 2003, la région centre de la France métropolitaine a enregistré 150 morts dont la « cause initiale» était une maladie respiratoire contre environ 50 en 2001. Parallèlement en Afrique de l’Ouest, notamment dans les pays comme le Sénégal et le Burkina, les analyses climatiques et épidémiologiques montrent que les impacts sanitaires des vagues de 4 5 Ministère de la santé et des services sociaux du Québec (2011). Chaleur accablante Environnement Canada (2011) 6 www.lemonde.fr, site web du journal français Le monde 7 Denis Hémon, Eric Jougla, Jacqueline Clavel, Françoise Laurent, Stéphanie Bellec, Gérard Pavillon «Surmortalité liée à la canicule d’août 2003 en France » 8 A.-J. Valleron, A. Boumendil /C.R. Biologies 327 (2004) 1125-114 15 chaleur sont en train d’émerger tant dans les données climatiques que dans la perception des sociétés. Durant la forte chaleur, la presse fournie des informations relatives à la canicule et de ses impacts sur la population. Ainsi, des moteurs d’informations comme Senenews évoquent (en encadré) la forte canicule qui sévit dans le département de Linguère. 16 Encadré : incidence de la canicule sur la santé de la population Linguère : La forte canicule hante le sommeil des populations SENENEWS.com | 03/06/2013 à 00:52 Linguère : La forte canicule hante le sommeil des populations Les populations du département de Linguère ne savent plus à quel saint se vouer. En cause la forte canicule qui sévit en ce moment. Le thermomètre monte jusqu’à 45 degrés à l’ombre. Cette chaleur accablante accompagnée d’un vent poussiéreux ce jeudi avait même rendu difficile la visibilité dans tout le Djoloff. Des oiseaux qui meurent de soif, des personnes du troisième âge très fatiguées, le ralentissement des activités au niveau des ateliers de travail tel est le décor noté à cause de cette chaleur infernal dans le département de Linguère. Comme l’adage le dit le malheur des uns faisant le bonheur des autres ; les vendeurs d’eau se frottent les mains avec la hausse du prix de la barre de glace et des sachets d’eau fraîche dans des zones rurales avec l’unité vendue à 275fr et 25fr alors qu’en temps normal la barre de glace s’échangeait contre 100f dans ces mêmes milieux ruraux. D’ailleurs dans ces localités rurales il n’existe pas de glace ; ici les canaris constituent l’unique lieu de refuge pour se rafraîchir et se désaltérer. Selon nos sources recoupées une personne aurait trouvé la mort à Dahra un dimanche au foirail à cause de la chaleur. Quotidiennement c’est une véritable course contre la mort pour les populations qui se lèvent très tôt avant que le soleil ne se lève dans le but d’éviter ses rayons cuisants. Salla Ndiaye/DjoloffActu 17 Compte tenu de tous ces aspects, il convient de noter quel que soit la région, les vagues de chaleur entraînent des effets directs et indirects sur la santé des personnes. C’est pourquoi, le Sénégal n’est pas à l’abri de ces mutations climatiques car la canicule y devient de plus en plus fréquente. Aussi, c’est un pays où il existe un climat tropical sec caractérisé par deux saisons : une saison sèche de novembre à juin et une saison des pluies de juillet à octobre. C’est dans cette optique que s’inscrit ce travail de recherche qui concerne deux zones départementales chaudes et sèches que sont : -Louga et -Linguère Ce travail s’inscrit dans un contexte de changement climatique qui se traduit par un réchauffement de la terre. Il s’agit donc d’analyser les impacts sanitaires durant la forte chaleur de mai 2013. Ainsi il propose d’évaluer les situations sanitaires et la variation climatique. C’est un travail qui s’effectue également dans le cadre du projet ACASIS (Alerte aux Canicules Au Sahel et à leurs Impacts sur la Santé) en exécution par le Centre de Suivi Ecologique. Son principal objectif est de mettre en place au Sénégal et au Burkina Faso un système d’alerte pré-opérationnel aux vagues de chaleur au Sahel adapté aux risques sanitaires des populations. Ainsi, caractériser l’impact des vagues de chaleur sur la santé humaine devient alors indispensable pour proposer des solutions adaptées aux projets de développement. Pour ce faire, notre travail sera réparti en trois grandes parties qui se présentent comme suit : -Problématique de recherche et présentation de la zone d’étude ; -Evolution et variabilité climatique dans les départements Louga et Linguère; -Cadre pratique et méthodologique. 18 II. PROBLEMATIQUE DE RECHERCHE La problématique des vagues de chaleur s’inscrit dans un contexte de changement climatique caractérisé par un dérèglement du système climatique qui expose les populations à des risques sanitaires. Par ailleurs, les épisodes caniculaires sont de plus en plus fréquents. Or le Sénégal n’a pas pris conscience du problème qui nuit la santé des populations, d’autant plus que le système de santé n’est pas préparé pour faire face à cette situation. Aucune alerte n’a été mise au point pour prévenir et protéger la population. En effet, le service météorologique ne savait pas à qui s’adresser pour prendre un dispositif d’alerte contre la canicule et de ses impacts. Par ailleurs, l’exposition d’une personne à une température extérieure élevée pendant une période prolongée, sans possibilité de récupération, est susceptible d’entraîner de graves complications par manque de régulation thermique du corps humain. Le plus important, c'est l'excès de température nocturne car dans ce cas le corps ne peut pas se reposer. Les périodes de fortes chaleurs sont alors propices aux pathologies et/ou à l’aggravation de pathologies préexistantes, due à l’hyperthermie, surtout chez les personnes fragiles (notamment les petits enfants, les personnes âgées, atteintes d’un handicap ou d’une maladie chroniques, traités par certains médicaments…) et/ou les personnes particulièrement exposées à la chaleur (habitat, conditions de travail…). Le Sénégal est à la fois un pays sahélien très sensible aux impacts des changements climatiques et un pays à faible revenu où les populations sont confrontées à de multiples problèmes de santé engendrés par des facteurs socio-économiques, environnementaux, politiques et culturels. En effet, ces dernières années selon l’Agence Nationale de l’Aviation Civile et de la Météorologie (ANACIM) le Sahel est marqué par un épisode caniculaire exceptionnel du 20 au 27mai 2013 9. D’ailleurs des recherches ont montré les impacts sanitaires qui découlent des vagues de chaleur dans plusieurs pays surtout dans les pays développés où la surmortalité a été largement étudiée, ce qui permet d’expliquer relation qui existe entre la santé et le climat. Le changement climatique au Sahel représente donc un nouvel enjeu pour ceux qui s’emploient à protéger la santé humaine. 9 Compte rendu de l’atelier sur la mise en place d’un système d’alerte précoce au Sénégal, 18-19 Novembre 2014, Hotel Ngor Diarama, Dakar, Sénégal (https://acasis.locean.Sipsl.upmc.fr 19 I.1 Contexte et justification Dans le contexte du changement climatique global, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat prévoit une augmentation de la température et de la fréquence d’épisodes de chaleur très intenses (GIEC, 2001). La relation entre la température et la mortalité, qui pendant longtemps n'a guère intéressé les chercheurs, est en train de prendre une importance toute nouvelle dans le contexte d'un possible ou probable réchauffement planétaire. Au Sénégal, les études sont essentiellement orientées vers les précipitations. En effet le climat mondial se réchauffe et ce réchauffement continu est dû à l’augmentation de la concentration des gaz à effet de serre qui est corrélée à la fois au développement des activités humaines et à la croissance de la population mondiale. De manière générale, il est admis que les effets de cette modification rapide du climat sur la santé risquent d’être très largement négatifs, notamment pour les populations les plus pauvres, les plus faibles, les plus mal préparées. Avant de confirmer le réchauffement à l’échelle de la planète, le GIEC s’est assuré que la tendance détectée était belle et bien statistiquement significative et qu’elle se démarquait de la variabilité naturelle du climat. La confirmation d’un réchauffement statistiquement significatif à l’échelle de toutes les régions du globe, comme celle du Sahel au Sénégal se fera certainement attendre. L’augmentation des températures au Sahel et en particulier au Sénégal est fortement liée au rayonnement solaire. La répartition énergétique de ce rayonnement n'est pas uniforme autour du globe. La zone intertropicale est excédentaire en énergie thermique tandis que les régions polaires en sont déficitaires. Cette inégalité entretient la circulation générale atmosphérique et concourt à expliquer une certaine variabilité saisonnière des paramètres climatiques. Ce qui a émergé des discussions est de se focaliser sur les districts de la région de Matam où l’évènement extrême de mai 2013 a été le plus marquant avec des températures maximales supérieure à 45°C pendant plusieurs jours et un certain nombre de décès directement imputable à priori à ces températures élevées10 . Dans le contexte de la variabilité climatique, l’augmentation des températures et des vagues de chaleur constituent un impact négatif pour la population. D’ailleurs le Sénégal est intégré dans le projet ACASIS qui a pour objectif de mettre un système d’alerte pré-opérationnel aux canicules au Sahel adaptés aux risques sanitaires des populations. Plus spécifiquement il s’agit : 10 http://www.invs.sante.fr/Dossiers-thematiques/Environnement-et-sante/Climat-et-sante/Chaleur-etsante/Publications 20 - d’évaluer la vulnérabilité physiologique, sociétale et environnementale aux vagues de chaleur, définir des indicateurs biométéorologiques adaptés ; - d’évaluer et améliorer la prévisibilité des vagues de chaleur ; - et de mieux connaitre l’évolution future de ces vagues de chaleur. Au Sénégal, dans les régions chaudes et sèches marquées dans leur grande majorité par des mutations rapides affectant les domaines économique, politique, social, culturel, environnemental et sanitaire, le changement climatique pose la question de la canicule avec un intérêt considérable. Face à l’incapacité de maîtriser la dynamique climatique et à satisfaire les besoins de la population, la zone sahélienne pose de redoutables problèmes de santé liés à la variabilité climatique entrainant l’extrême chaleur. Il est donc devenu primordial d'analyser l'impact de la canicule sur la santé des populations. C’est d’ailleurs l’objet des recherches du projet ACASIS financé par l’ANR11 dans les contextes de sociétés, changements climatiques et environnementaux. Les impacts sanitaires des vagues de chaleur ont été analysés dans les pays développés surtout après la canicule de 2003 en Europe de l’Ouest alors dans les pays en développement peu d’actions ont été mises en place pour évaluer les impacts, en particulier en Afrique de l’Ouest où le climat est chaud et sec et que les capacités d’adaptation sont faibles. D’ailleurs les vagues de chaleur sont en augmentation ces dernières 20 années12 appuyant ainsi les projections climatiques qui indiquent l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des vagues de chaleur dans les années à venir. Leurs impacts sur la santé des populations sont moins étudiés en Afrique. Ainsi l’évènement extrême survenu à Matam touché pratiquement toute la zone du sahel tels les départements de Louga, Linguère et Ranérou d’où l’intérêt des choix d’études de ces zones. Les risques sanitaires associés aux vagues de chaleur suscitent un intérêt auprès des chercheurs pour déterminer la vulnérabilité des populations et la prévention des pathologies liées à la chaleur. En outre l’absence des connaissances sur ce phénomène étudié conduit à plusieurs questionnements. Ainsi, le manque d’investissements dans ce domaine est une marque de la crise que traversent la zone du sahel, ce qui favorise l’absence d’un système d’alerte aux canicules réduisant les risques sanitaires. 11 12 ANR : Agence Nationale de la Recherche https://acasis.locean-ipsl.upmc.fr 21 Il s’agit d’un problème de développement puisque la santé est un secteur porteur de développement. Par ailleurs, cette étude réalisée dans le cadre d’un stage se veut une contribution à une meilleure connaissance des vagues de chaleur au Sénégal en général et en particulier dans la Région de Louga. Pour arriver à ce niveau, cette étude se penche sur le vaste éventail de facteurs et de conditions exerçant le plus d'incidence sur la santé. Alors l’étude des impacts sanitaires des vagues de chaleur en mai 2013 au Sahel notamment dans les départements de Louga et Linguère est nécessaire pour la santé des populations et contribue à mieux orienter les interventions des décideurs dans ce domaine. 22 I.2 OBJECTIFS DE L’ETUDE I.2.1 Objectif général L’objectif de notre travail consiste à analyser les relations entre les risques sanitaires (morbidité /mortalité) et la vague de chaleur survenue en Mai 2013 afin de contribuer au développement d'un système précoce d’alerte aux canicules au Sahel. Cette étude permet de déterminer l’impact de nouvelles conditions environnementales grâce aux indicateurs de santé: la morbidité diagnostiquée, la morbidité ressentie, la prévalence et la mortalité. I.2.2 Objectifs spécifiques De façon spécifique, il s’agit de : Étudier les risques sanitaires (morbidité /mortalité) en relation avec la variabilité climatique (température) pour la période 2013 et 2014. - 2013 correspond à la période de vague de chaleur - 2014 correspond à la période après la canicule Identifier les facteurs de risques sociaux, environnementaux et politiques associées aux risques sanitaires. Contribuer à la mise en œuvre d'un système précoce d'alerte aux canicules par l'analyse des capacités d'adaptation et de résilience des communautés de base. I.3- QUESTIONS DE RECHERCHE En fonction de nos objectifs fixés, trois questions de recherches se présentent comme suit : Quels sont les risques sanitaires liés à la variabilité climatique (température) pour la période 2013 et 2014? Quels sont les facteurs associés aux risques sanitaires lors de la vague de chaleur? Quel système pré opérationnel d'alerte aux canicules doit-être mise en place? I. 4 - HYPOTHESES Nous avons posé quelques hypothèses qui découlent de ces objectifs : Les phénomènes météorologiques extrêmes (augmentation de la température) influent sur la morbidité et la mortalité des pathologies climato sensibles. 23 Les facteurs sociaux, environnementaux et politiques ont augmenté la morbidité et la mortalité liées aux vagues de chaleur. Le manque d'un système d'alerte aux canicules a augmenté les risques sanitaires. I.5 ANALYSE CONCEPTUELLE Dans l’intérêt de rendre plus explicite notre travail, nous allons essayer de définir certains concepts clés de l’objet d’étude. Ce qui va permettre aux lecteurs de mieux comprendre les notions utilisées dans ce document. Variabilité climatique: La variabilité d'un phénomène désigne le changement de celui-ci. Cette variabilité est souvent prévisible ou connue à l'avance. La variabilité climatique se définit comme étant la variation de l'état moyen du climat à des échelles temporelles et spatiales. Elle est une caractéristique inhérente au climat qui se manifeste par les différences entre les statistiques de long terme des éléments climatiques (pluie, température, humidité, durée des saisons) calculées pour des périodes différentes. La variabilité du climat est souvent perçue à travers l'irrégularité des paramètres climatiques dans leur évolution. En général, elle se réfère à la variation naturelle intra et interannuelle du climat, alors que les changements climatiques désigne un changement du climat attribué directement ou indirectement aux activités humaines qui altèrent la composition de l’atmosphère globale et qui s’ajoutent à la variabilité climatique naturelle observée sur des périodes de temps comparables (CCNUCC, 1992). Dans le cadre de notre travail nous considérons la variabilité climatique comme une modification du climat qu’elle soit naturelle ou anthropique. Nous allons essayer donc de définir des évènements climatiques extrêmes qui résultent du réchauffement climatique : Vague de chaleur: Une vague de chaleur est un phénomène météorologique caractérisé par de fortes températures. La définition d'une vague de chaleur est difficile à cerner compte tenu de l'aspect très multifactoriel de la chaleur, mêlant des considérations de climat, de position géographique, et de forts différentiels d'adaptation des populations . De l’avis de Kortli Mohamed (2009), une vague de chaleur se caractérise par les niveaux de température et la durée de l’épisode qui varient selon les régions. En effet il n’existe aucune définition consensuelle de la vague de chaleur. L’OMM indique qu’il s’agit d’un « réchauffement important de l'air», d'une «période caractérisée par des températures anormalement élevées» ou d'une « invasion d'air très chaud ». Les météorologistes français 24 et américains fixent respectivement le seuil à 30,0 et 32,2 °C pour parler de vague de chaleur. Ainsi, Hélène Tillaut et al montrent que «la définition d’une vague de chaleur varie en fonction des pays, en termes d’indicateurs utilisés »13. Selon Besancenot14 la vague de chaleur peut se définir comme le maintien de fortes températures pendant plus de 48h. Dans ce travail nous pouvons considérés qu’une vague de chaleur correspond à des températures au-dessus des normales pendant quelques jours. Canicule : « Une canicule est un épisode de températures élevées, de jour comme de nuit, sur une période prolongée»15 indique Météo France. En France, les services météorologiques préviennent qu’il existe un risque de canicule lorsque pendant au moins trois jours, les températures minimales, en particulier la nuit, sont au-dessus de 20°C et les températures maximales supérieures à 33°C. Une canicule désigne une période de trois jours consécutifs au cours desquels la température atteint ou dépasse 30°C. Santé: État physiologique normal de l'organisme d'un être vivant qui fonctionne harmonieusement, régulièrement, dont aucune fonction vitale n'est atteinte, indépendamment d'anomalies ou d'infirmités dont le sujet peut être affecté. Selon l’OMS (1946), la santé est un état de bien être complet, physique, mental et social et non pas seulement l’absence de maladie ou d’infirmité. La santé est maintenant comprise comme un tout, comme un système et non comme les relations du couple antithétique santé/maladie (Picheral, 1982). Par ailleurs, il est important de définir la relation entre la santé et l’environnement. Ainsi, selon l’OMS en 1994 lors de la conférence d’Helsinki : « la santé environnementale comprend les aspects de la santé humaine, y compris la qualité de la vie, qui sont déterminés par les facteurs physiques, chimiques, biologiques, sociaux, psychosociaux et esthétiques de notre environnement. Elle concerne également la politique et les pratiques de gestion, de résorption, de contrôle et de prévention des facteurs environnementaux susceptibles d’affecter la santé des générations actuelles et futures ». Dans le cadre de notre travail, la santé n'est pas seulement le fait d'être malade ou d'être atteint d'une infirmité. Incidence : Le terme désigne l'influence, la répercussion. En médecine il s'agit d'un terme d'épidémiologie qui signifie fréquence des cas nouveaux d'après l'organisation mondiale de la santé (OMS 1966). Plus précisément, l'incidence est le nombre de cas de maladies, le nombre de personnes qui sont tombées malades pendant une période donnée dans une population donnée. Selon le dictionnaire Larousse l’incidence est une « répercussion plus ou moins 13 Vagues de chaleur et santé : revue bibliographique, Hélène Tillaut, Coralie Ravault, Marie-Odile Rambourg, Mathilde Pascal, Département santé environnement, institut de veille sanitaire, Saint-Maurice 14 Jean-Pierre Besancenot est directeur de recherche au CNRS, responsable du laboratoire « Climat et Santé » à la Faculté de Médecine de Dijon 15 http://www.meteofrance.fr/ 25 directe de quelque chose ». L’incidence est donc une mesure du risque pour une population de contracter des pathologies pendant une période donnée. Risque sanitaire : Un risque n’a pas forcément la même signification pour tout le monde. En effet « ce sont les deux acceptions les plus courantes de ce terme qui sont utilisées, à savoir la probabilité d’une issue sanitaire défavorable ou un facteur qui augmente cette probabilité »16 (OMS, 2002).Un risque sanitaire désigne un risque, immédiat ou à long terme, plus ou moins probable auquel la santé publique est exposée. L'identification et l'analyse des risques liés à un phénomène permettent généralement de prévoir l'impact d'un risque sanitaire sur la santé publique. En épidémiologie, le risque d’une maladie est sa fréquence dans la population. Plus rigoureusement, c’est une probabilité, celle de la survenue des nouveaux cas (l’incidence) d’un problème défini, au sein d’une population donnée, pendant une période déterminée. Le risque sanitaire peut être considéré comme une menace pour l'état de la santé de la population conjuguée à une déstabilisation des pouvoirs publics chargés de la sécurité sanitaire. Il dépend donc de la nature du contaminent qui peut être biologique (virus, parasites) chimiques (hydrocarbures) et physiques (températures extrêmes; rayons ultraviolets). 16 OMS : Rapport sur la santé dans le monde « Réduire les risques et Promouvoir une vie saine »,2002 26 III. METHODOLOGIE DE RECHERCHE Pour réaliser une étude judicieuse de l’incidence de la vague de chaleur sur la santé dans la zone du sahel plus précisément dans les départements de Louga et Linguère nous avons adopté une méthodologie simple afin de mener notre travail. Ainsi le recueil d'un certain nombre de données a été nécessaire, ce qui nous a permis d’obtenir plusieurs informations en fonction des objectifs fixés. L’étude comprend trois phases : la revue documentaire, la collecte de données sur le terrain et le traitement et l’analyse des données. III.1 La revue documentaire La documentation a porté sur des données sanitaires, épidémiologiques, physiques, démographiques, socio-économiques. Elle s’est basée sur une collecte de données et de publications sur notre objet d'étude. La documentation s'est déroulée tout au long de l'étude à travers les différentes sources de documentation de l'UCAD (B.U, département de Géographie, AUF) et au niveau d'organismes d'études et de recherche du Sénégal (ENDA tiers monde, CSE, ANDS). En plus de ces sources de documentation, nous avons tiré des informations sur Internet. Des moteurs de recherche comme Google ont été utilisés. Ainsi des documents institutionnels et des documents scientifiques tels des rapports, des mémoires, articles sont consultés. III.1.1 Documents scientifiques En ce qui concerne les documents scientifiques, nous avons consulté des travaux de médecins épidémiologistes et de spécialistes en climat et santé. III.1.1.1 Travaux des géographes de la santé Le Sahel a fait l’objet de plusieurs études sur la relation environnement santé et certains auteurs se sont attelés comme Besancenot et al (2004) à réfléchir sur la question en considérant le changement climatique sous l’angle de la sécheresse. Il démontre ainsi que la sècheresse au sahel menace la santé de la population par des effets directs (hyperthermie, déshydratation) et par des effets indirects en raison des modifications environnementales qui entrainent l’émergence de maladies (bilharziose). Dans une autre lecture à travers un ouvrage publié en 1995, Besancenot propose « une approche géographique des risques climato pathologiques » à travers laquelle il montre d’une part les mécanismes pathogéniques qui se rattachent au climat soit par une surexposition soit par une météorosensibilité et d’autre part l’utilisation d’une 27 démarche géographique consistant à cartographier la répartition spatiale d’un tel risque à une échelle appropriée. Ainsi, l’intérêt de la méthode de Besancenot repose sur l’observation des phénomènes pathologiques qui traduit un lien entre la maladie et un facteur d’exposition notamment un évènement climatique. Une classification du risque en deux grands types a été élaborée : les risques climato pathologiques par une surexposition (comportement, âge, structure démographique) et les risques climato pathologiques par une climato sensibilité. Par conséquent le résultat qui se dégage de cette démarche montre que les risques climato pathologiques sont très nombreux et que leur classification va du cancer cutané jusqu’à l’infarctus du myocarde en prenant en compte les paramètres bioclimatiques ainsi que d’autres facteurs environnementaux, comportementaux, sociaux. Ces risques s’inscrivent dans un vaste système incluant l’espace localisable, bien déterminé et de ses changements. A travers une autre perspective de recherche, Jean Pierre Besancenot (2002) aborde la question des vagues de chaleurs sous l’angle des différences spatiales mais aussi du genre de personnes les plus exposées au phénomène. A ce niveau, il fait comprendre que la surmortalité touche principalement les personnes âgées et que les sujets les plus à risque sont ceux qui vivent seuls, les malades, les individus de faible niveau socio-économique, habitant des logements mal ventilés et non climatisés. Aussi la surmortalité liée à la vague de chaleur est surtout alimentée par les maladies cardiovasculaires, cérébro-vasculaires, respiratoires et mentales que la déshydratation, le coup de chaleur et l’hyperthermie. Les températures minimales élevées présentent un risque car ne permettant pas le repos nocturne du corps. Il a montré aussi qu’il existe des contrastes spatiaux concernant étant donné que l’impact sanitaire des vagues de chaleur est beaucoup plus marqué dans les centres villes que dans les quartiers périphériques et dans les campagnes du fait de la densité du bâti et de la pollution atmosphérique dans les grandes villes. C’est dans cette perspective qu’Emmanuelle Cadot et Alfred Spira (2006) ont orienté leurs travaux de recherche. Autrement dit, leur méthodologie consiste à mettre en évidence l’importance des disparités spatiales dans la ville à différentes échelles. À partir du nombre de décès survenus entre le 1er et le 20 aout 2003 et des trois années précédentes, deux indicateurs ont été retenus pour représenter les variations spatiales de mortalité. D’abord le Ratio Standardisé de Mortalité (RSM) est utilisé pour mettre en évidence les variations de mortalité par âge et par sexe de la population des zones étudiées. Ensuite le Ratio de mortalité qui permet de mesurer la surmortalité. Et les résultats qui en découlent montrent que la répartition de la surmortalité sur le territoire métropolitain est caractérisée par une très forte hétérogénéité à 28 différentes échelles. Ils ont noté des disparités spatiales entre les zones côtières et les zones continentales et entre les zones rurales et les petites agglomérations. Le niveau de mortalité et de surmortalité s’expliquent par les facteurs tels niveau socioéconomique, température et concentration en ozone. Le revenu moyen des ménages, les personnes vivants seules de 60ans et plus, la température minimale et la concentration en ozone sont des indicateurs qui montrent les facteurs de risque de mortalité et de surmortalité en aout 2003. A l’instar de Besancenot, Emmanuelle Cadot et Alfred Spira, des travaux à vocation préventive sont également menés par Clément Champiat (2009) sur les vagues de chaleurs. A ce propos, Champiat, s’est employé à fournir de l’information pour l’aide à la décision dans la prévention et l’intervention sanitaire lors de vagues de chaleur. Donc, Il s’agit de présenter une méthodologie originale de représentation des variations spatiales de la chaleur en ville. Elle consiste à identifier des ilots de chaleur urbains (ICU) sur le territoire du grand Lyon afin de repérer les zones les plus à risque en termes d’impact sanitaire lors de vagues de chaleur. En d’autres termes, sa méthodologie repose sur le croisement de paramètres présentant une forte corrélation avec le phénomène d’ICU. L’étude réalisée porte sur quatre zones tests appartenant au territoire du Grand Lyon. Il s’agit en fait de Villeurbanne, Lyon, Vénissieux et Meyzieu. Chacune de ces zones présente des typologies de territoire homogènes et spécifiques. Les études ont révélé que les paramètres liés au tissu urbain influent sur les ilots de chaleur. Il existe quatre phénomènes microclimatiques à la source des ICU : la rétention de la chaleur par le tissu urbain, la perturbation de la dynamique des masses d’air, la réduction de l’évapotranspiration et l’émission de chaleur par les activités anthropiques. Ce qui explique que les propriétés thermiques et optiques des matériaux, la géométrie des canyons urbains et l’exposition des rues au rayonnement solaire gouvernent la rétention de la chaleur par le tissu urbain. Aussi la géométrie des canyons urbains influe dans la perturbation de la dynamique des masses d’air, entrainant l’air chaud dans la ville. La réduction du rafraîchissement de l’air et des surfaces peut être caractérisée par le manque d’évapotranspiration dû à l’imperméabilité des surfaces et la rareté de la végétation, ainsi que la rareté des masses d’eau qui ont la capacité d’annihiler le phénomène des ICU. Dans les zones dépourvues d’activités industrielles, les transports et les systèmes de climatisation des bâtiments du secteur tertiaire sont à l’origine de la chaleur issue d’activités anthropiques en période estivale. 29 A l’aide des logiciels Arc gis, Ar Mapper et FME, un modèle cartographique d’ICU a été construit. En effet les paramètres retenus n’influent pas tous de la même manière sur le phénomène étudié. Ainsi les couches cartographiques sont été dotées de coefficients de pondération basée sur l’équation d’équilibre énergétique des surfaces urbaines permettant de définir les apports de chaleur en ville. Ainsi les zones sont attribuées à des scores ICU exprimés en pourcentage qui permettent leur classement. Les résultats ont montré que les intensités d’ICU les plus élevées sont localisées au niveau des rues. Cela traduit la concentration de facteurs favorables aux ICU au niveau des cayons urbains comportant des trottoirs en asphaltes, dépourvus d’arbres d’alignement. Au niveau des rues ou il existe des arbres d’alignement, il peut y avoir une réduction des intensités d’ICU d’un niveau moyen à un niveau faible. Au niveau des bâtiments, le modèle cartographique donne des ICU de faible intensité, traduisant l’influence de l’imperméabilité et des propriétés thermiques des matériaux de toiture sur la température des surfaces de toits ainsi que sur la proximité de l’air. Aussi les résultats ont montré la présence d’ICU d’intensité négative outil de fraicheur qui s’explique par la présence de la végétation de cette zone. En s’intéressant à la zone la plus exposée à la chaleur, il est noté que la proportion de femmes était d’environ 57 % et que le nombre de personnes âgées de plus de 60 ans était le plus élevé de toute la zone étudié. Tout compte fait, on ne saurait parler de l’impact des vagues de chaleur sans convoquer les travaux d’autres spécialistes comme les médecins, épidémiologistes etc. 30 III.1.1.2 Travaux des épidémiologistes Les conséquences catastrophiques engendrées par la vague de chaleur de 2003 en France, ont poussé des spécialistes comme Alain-Jacques Valleron ; Ariane Boumendil (2003) à mener des études portant sur l’Epidémiologie et les canicules. A l’issu de leurs investigations, les résultats ont montré les facteurs de risques sanitaires liées aux vagues de chaleurs. Ainsi, malgré les difficultés méthodologiques relatives à l’épidémiologie et les canicules, ils ont identifié des facteurs de risque sociaux, comportementaux et environnementaux en s’inspirant d’autres travaux sur les vagues de chaleur de Chicago en 1995. Parmi ces facteurs de risque sociaux les personnes vivants seules et celles vivants au dernier étage de leur immeuble étaient plus exposées au risque de mourir au cours de la canicule. Le rôle important de la climatisation a été démontrée soulignant que les personnes résidant dans un lieu climatisé avaient cinq fois moins de risque de mourir que les autres ; et que les 50% des décès auraient été évité si tous les sujets avaient eu un domicile climatisé. D’autres études ont confirmé le rôle protecteur de l’accès à la climatisation mais pas le rôle protecteur du ventilateur. Les résultats ont montré les personnes décédées en aout 2003 étaient des personnes fragiles des durées de l’ordre de cinq à neuf mois. L’information épidémiologique fournie par le certificat de décès explique la cause de la mort des personnes âgées à travers le système linéaire qui se présente à trois niveaux : la cause initiale, la cause associée ou intermédiaire et la cause immédiate. La surmortalité est plus fréquent chez les sujets fragilisés notamment ceux qui souffrent d’insuffisance cardiaque et de troubles mentaux en raison de leur comportements inadaptés lors des vagues de chaleur. Ainsi des analyses montrent également que la surmortalité varie en fonction de l’âge. Des contrastes ont été observés dans la répartition géographique des nombres de jours de grande chaleur montrant des zones plus adaptées à la chaleur que d’autres. En effet ce phénomène d’adaptation s’exprime en fonction de la latitude ou même l’existence des mesures de prévention. Par contre la mortalité pendant l’hiver, corrélée aux épidémies de grippe a été élevé. En outre, les incidences de la canicule d’aout 2003 en France a également intéressé d’autres chercheurs en l’occurrence Denis Hémon, Éric Jougla, Jacqueline Clavel, Françoise Laurent, Stéphanie Bellec, Gérard Pavillon dans Surmortalité« liée à la canicule d’août 2003 en France ». Ces derniers se sont non seulement intéressés à la relation surmortalité/canicule mais aussi aux facteurs de vulnérabilité de l’exposition aux vagues de chaleur. Sous ce registre, ils ont fait d’abord une estimation de la surmortalité sur un plan chronologique, ensuite analysé la relation entre mortalité et caractéristique de la température. Aussi ils ont étudié la répartition spatiale de la 31 surmortalité selon le sexe, l’âge et selon les lieux de décès. Les causes de décès les plus fréquentes lors des vagues de chaleur ont été définies. Donc, leur méthode consiste à comparer les décès du mois d’août 2003 aux données correspondantes des trois derniers étés à savoir 2000, 2001 et 2002. Ainsi le dénombrement de décès a été effectués à travers trois sources de données (INSEE, INSERM, INVS) entre le 1er et 28 Aout 2003 afin d’estimer la surmortalité. Il s’agit des certificats médicaux de décès et des bulletins 7 de l’état civil (source Inserm), des avis 7 bis d’état civil (source Insee) et les décomptes de décès effectués par les Ddass (source InVS). Les auteurs ont établi des valeurs de références pour les comparer aux nombres de décès d’Aout 2003 selon 3methodes. Il s’agit d’abord de comparer les nombres quotidiens de décès observés au cours des mois de juillet, août et septembre des années 2000, 2001 et 2002 ; ensuite comparer les taux de mortalité des mois de juillet à septembre pour les années 2000 à 2002 aux estimations de population au 30 juin2003 ; comparer les taux de mortalité par âge et sexe au cours des 10 dernières années (1993 à 2002) à la population au 30 juin 2003. Ils ont utilisé deux indicateurs comme le ratio de mortalité et l’excès de mortalité pour caractériser la mortalité. Leurs résultats ont montré un excès quotidien de la mortalité qui s’augmente avec 1 200 décès le 8 août et près de 2 200 décès le 12 août. Il a régressé à partir du 13 août avec environ 2000 décès et 1000 décès le 14 aout. La mortalité retrouve sa valeur normale 0 partir du 19 aout. Ce qui explique le caractère instable de la canicule. Aussi la surmortalité a principalement frappé les populations âgées, notamment de 75 ans et plus mais aussi les personnes âgées de 45 à 74 ans. Elle concerne aussi bien les femmes que les hommes, mais la surmortalité des femmes a été plus marquée avec 80% qui peut être expliquée par le facteur isolement. En plus la surmortalité a touché inégalement le territoire. L’excès de décès a été plus marqué dans les zones les plus exposées à la chaleur. Les surmortalités maximales ont été observées en Ile-deFrance et dans la région Centre avec 33%pour la région Ile-de-France. Les ratios de mortalité les plus bas ont été observés dans les régions côtières de Basse- Normandie, Bretagne et Nord-Pas-de-Calais. Les régions chaudes ont aussi enregistré une surmortalité modérée. Selon les lieux de décès, 42 % des décès en excès sont survenus dans les hôpitaux, 35% à domicile, 19% dans les maisons de retraite et 3% dans les cliniques privées. Les ratios de mortalité sont plus intenses dans les maisons de retraites avec 2 ,0 ensuite dans les domiciles avec 1,7. 32 Ainsi les causes de décès directement liées à une forte sont notamment la déshydratation, l’hyperthermie et le coup de chaleur. Les maladies cardiovasculaires et les maladies de l’appareil respiratoire suscitent d’autres causes d e décès liées à la canicule. Outre la documentation faisant état actuel de la connaissance scientifique sur les vagues de chaleur, nous nous sommes employés à exploiter d’autres sources de documentation à caractère institutionnel. III.1.2 Documents institutionnels Les documents institutionnels que nous avons consultés soulignent les diverses mesures qui doivent être prises pour lutter contre les chaleurs extrêmes. Ils portent sur le développement de mesures d’adaptation visant à réduire l’impact de ces périodes de chaleur sur la santé publique puisque les vagues de chaleur sont devenues une source de morbidité et de mortalité. Au regard de ces objectifs, des organismes internationaux comme l’Atlas de la santé et du climat de l’Organisation mondiale de la Santé et de l’Organisation météorologique mondiale ont publié en 2012 des plans d’action sanitaire contre la chaleur. Ces plans ont pour objectif le recensement des conditions météorologiques nocives, l’analyse des prévisions du temps, la diffusion d’alertes et le déclenchement de mesures de santé publique propres à réduire ou à prévenir les affections et décès dus aux températures élevées. Aussi, par logique d’anticipation au phénomène de vague de chaleur, des propositions de mesures d’adaptation ont été déclinées par Nathalie Auger et al en 2002. A son avis, la mise en place d’un système de veille/avertissement météorologique pour les besoins de la population à travers des campagnes de prévention et d’information, des mesures d’atténuation des effets de la chaleur et le rôle des intervenants pourrait aider à mieux s’adapter au phénomène. Les mesures d’adaptation présentées dans ce document correspondent à deux objectifs: - L’objectif sanitaire dont le but est la réduction des effets néfastes de la chaleur accablante sur la santé de la population en diminuant la morbidité et la mortalité précoce durant la canicule chez les personnes vulnérables et en prévenant la mortalité par coup de chaleur et la morbidité par l’épuisement et les crampes de chaleur. - L’objectif comportemental qui vise à informer la population afin d’amener les personnes à risque à adopter des comportements individuels nécessaires à leur protection, lors de périodes de chaleur accablante. 33 Les plans d’intervention se fondent sur un seuil critique de l’indice de stress causé par la chaleur (l’indice de chaleur, l’indice humidex et la masse d’air synoptique). Selon le National Weather Service, les alertes sont émises lorsque les valeurs de l’indice de chaleur atteignent 40,5° plus de 3 heures par jour durant 2 jours consécutifs ou lorsque l’indice de chaleur dépasse 46°, quelle que soit la période du temps. Mais ce système de veille/avertissement est limité par un nombre de problèmes relatifs à la validité de l’indice de stress causé par la chaleur et au lien avec les impacts sur la santé, aussi des problèmes liés aux prévisions météorologiques qui doivent être établies assez tôt pour donner le temps associé à une très forte chaleur afin d’émettre les alertes et un problème de faisabilité en raison du coût pour la mise en place d’un tel système. A travers son Plan National (PNC) de Canicule, le Ministère de la santé et de la protection sociale, Ministère délégué aux personnes âgées, a entrepris en 2004 des actions nationales et locales à mettre en œuvre afin de prévenir et réduire les conséquences sanitaires d’une canicule. A travers ce plan la stratégie de réponse repose sur trois principes : le repérage des personnes à risque isolées, la responsabilité de l’alerte et la solidarité. La prévention s’effectue à travers la sensibilisation des personnes à risque et du grand public et des recommandations en cas de fortes chaleurs. En cas de prévision de fortes chaleurs, les principes d’action, d’une canicule sont de : - rappeler les principes de protection contre la chaleur : aménagement de l’habitation, mesures de protection individuelle, conseils d’hygiène de vie ; - organiser la surveillance des personnes à risques ; - vérifier que les acteurs ont une bonne connaissance du problème et savent les mesures à prendre pour se protéger des conséquences sanitaire de la chaleur ; - proposer aux personnes ayant un risque majeur de consulter leur médecin afin d’adapter leur prise en charge ; - préparer l’accueil des personnes vulnérables dans des locaux rafraîchis. La gestion d’une canicule qui présente plusieurs niveaux d’alerte : la vigilance, l’alerte, l’intervention, la réquisition met en place un dispositif de surveillance sanitaire et environnemental. 34 Un dispositif de suivi et évaluation est élaboré mettant en place un comité interministériel canicule chargé de s’assurer de la mise en œuvre des mesures structurelles et organisationnelles de réduction des impacts sanitaires liés à une canicule. III.2 La collecte de donnée sur le terrain Cette partie est importante du fait qu’elle permet de recueillir plusieurs informations sur notre thème de recherche. Le travail de terrain comporte 3 volets qui constituent des sources d’information : -l’exploitation des registres de consultation des postes de santé au niveau de chaque département -l’exploitation des tableaux climatiques mensuels de chaque station -l’enquête socio-sanitaire -les entretiens avec le personnel de santé III.2.1 L’exploitation des registres de consultation L’exploitation du registre de consultation journalière des postes de santé va concerner la période avant, pendant et après la vague de chaleur afin de déterminer l’état de santé de la population durant ces périodes. Elle est importante du fait qu’elle fournit des informations sur les patients plus précisément le sexe, l’âge, le lieu de résidence et le motif de consultation et permet de savoir les pathologies qui se maintiennent avant, pendant et après la vague de chaleur de mai 2013. III.2.2 Collecte de données climatiques Les données climatiques fournies par l’ANACIM sont tirées des tableaux climatiques mensuels (TCM) et des carnets d’observation journalière. Nous avons obtenus aussi les températures maximales et les températures minimales pour chaque station. Ces données permettent d’analyser températures moyennes journalières, mensuelles et annuelles de chaque station. 35 III.2.3 L’enquête socio-sanitaire L’enquête a nécessité la construction d’un échantillonnage basé sur la méthode raisonnée. Cette enquête porte sur la morbidité et la mortalité lors de la canicule de Mai 2013, le niveau de connaissance, les facteurs de risque et les aspects démographiques et socio-économiques des populations. Selon A. Niang (1997), l’intérêt de l’enquête socio-sanitaire est de fournir l’information permettant d’analyser le recours en relation avec les autres facteurs démographiques, économiques, sociaux et culturels que seule l’exploitation des registres de consultations ne pouvait permettre de saisir. METHODE D’ECHANTILLONNAGE Ce travail de terrain nécessite une enquête par sondage qui prend en compte qu’une partie de l’ensemble de la population selon des critères de représentativité. Cette enquête est basée sur un échantillon par choix raisonné de localités que nous avons sélectionnés pour chaque département tout en essayant de respecter les critères de représentativité. Nous avons fait un échantillon par grappe de taille similaire de 25 ménages pour les localités à enquêter. Le ménage est choisi comme unité de sondage. Notre échantillon sur l’ensemble des 2 districts (Louga et Linguère) compte 250 ménages. Le questionnaire s’adresse aux chefs de ménage en respectant le nombre de questionnaire attribué à chaque quartier ou village choisi. Le choix des localités pour l’enquête auprès des ménages est basé sur le registre de consultation générale des structures sanitaires. Ce dernier est un outil qui permet de repérer les lieux de provenance des patients. Ainsi les localités les plus fréquentes dans le registre de consultation journalière ont été choisies d’où le critère de discrimination en tenant en compte la représentativité socio-spatiale et statistique. Ainsi nous avons retenu trois critères pour le choix des zones à enquêter : - Le premier critère est la fréquence des lieux de provenance des patients observée dans les registres de consultation générale. -Le deuxième critère est la taille des localités qui donne une représentativité démographique. -Le troisième est lié à la localisation des localités afin de tenir en compte la représentativité spatiale. 36 III.2.4 Les données cartographiques Elles ont été fournies par la Direction des travaux géographiques et cartographiques (DTGC) pour la réalisation de la carte de localisation de notre zone d’étude à l’aide du logiciel Qgis. Le centre de suivi écologique a également contribué à la spatialisation de l’information sanitaire à travers une base de données cartographique. III.2.5 Les entretiens Les entretiens sont destinés au personnel de santé (médecin chef de district, infirmiers chef de poste, agents de santé). Ils permettent d’avoir des informations approfondies sur l’impact sanitaire des vagues de chaleur dans nos zones d’étude et de connaitre le niveau d’intervention des acteurs dans la lutte contre la canicule au Sahel. III.3 Traitement de données L’utilisation des techniques informatiques de traitement permet de saisir les données recueillies. Ainsi la saisie des données se fera avec des logiciels tels Excel, Sphinx pour l’analyse des données climatiques et les données sanitaires et le logiciel Quantum Gis est utilisé pour réaliser des cartes de localisation et des cartes d’analyse des données. III.4 Difficultés rencontrées La complexité de la collecte de l’information est due à la carence de certaines données dans les structures. Nous avons eu beaucoup de difficultés pour la collecte de données sanitaires surtout dans le district de Louga où il y’avait une tension en 2013, ce qui a provoqué l’absence de certaines de données et la mauvaise conservation des archives (perte de document, documents déchirés ou incomplets). Nous avons pu recueillir que les informations disponibles. Dans le district de Linguère, les difficultés rencontrées sont liées à l’absence de l’information du centre de santé du à la rétention des données par les postes de santé depuis la tension en 2009 (revendication d’ordre syndicale). De ce fait, nous avons eu recours aux données de l’hôpital (centre de référence EPS1) qui enregistre les consultations journalières. Le centre de santé joue désormais, un rôle de coordination des activités communales, évaluation et suivi des programmes (prévention, maternité et malnutrition des enfants). Alors nous n’avons recueilli que les données disponibles dans les structures de santé. 37 En ce qui concerne l’enquête auprès des ménages, certains individus avaient du mal à quantifier le revenu du ménage. D’autre avaient des difficultés pour se souvenir de la morbidité durant la vague de chaleur de mai 2013 dans le ménage. Conclusion partielle Le changement climatique représente la plus grande menace pour la santé dans le monde au XXIe siècle. En Afrique de l’Ouest, en particulier la zone du Sahel caractérisé par un climat chaud et sec, l’objet d’une étude scientifique portant sur la variabilité climatique et la santé dans les départements de Louga et Linguère parait très intéressante dans la mesure où elle permet d’établir un lien entre la morbidité/mortalité et la canicule. C’est dans ce cadre le projet ACASIS financé par l’ANR décide de mettre en place un système d’alerte aux canicules. La lecture de certains ouvrages à ce sujet nous a permis de connaitre l’impact d’un tel évènement sur la santé. Mais la rareté des documents traitant la canicule au Sénégal limite la recherche documentaire. La plupart des études ont été effectué dans les pays développés. Des travaux ont montré que les températures caniculaires contribuent directement à la mortalité par maladies cardiovasculaires ou respiratoires, en particulier chez les personnes âgées. Les vagues de chaleur entrainent une hausse de l'incidence des décès et des maladies graves chez les personnes âgées et les pauvres en milieu urbain. Dans cette étude, la méthode que nous avons adoptée nécessite la collecte de l’information d’où les données sanitaires, météorologiques, socio-économiques qui permettent de faire l’analyse des impacts sanitaires de la canicule. 38 PREMIERE PARTIE GEOGRAPHIE DES DEPARTEMENTS DE LOUGA ET DE LINGUERE ET EVOLUTION DES TEMPERATURES 39 Chapitre I: Géographie des départements de Louga et de Linguère I. Organisation territoriale Concernant l’organisation territoriale, la région est découpée en trois départements (Louga, Linguère et Kébémer) et onze arrondissements. Elle abrite 46 collectivités locales : 1 région, 4 communes et 41 communautés rurales. Le département de Louga s'étend sur une superficie de 5649 km2 soit 22% du territoire régional. Il compte 17communes et les arrondissements de: Coki, Keur Momar Sarr, Mbédiéne, Sakal et la commune de Louga. Le département de Linguère s’étend sur une superficie de 19716 km2. Ses quatre arrondissements sont : Barkédji, Dodji, Sagatta Diolof, Yang-Yang. Plus de 2500 établissements humains ont été répertoriés dans la région. Carte1 : Organisation territoriale des départements de Louga et de Linguère 40 II. Aspects humains II.1 Situation sociodémographique La région de Louga compte une population de 874 193 habitants dont 433 715 hommes et 440 478 femmes (RGPHAE, 2013). Cependant, la répartition spatiale de la population est très inégale. Avec une population de 373211 habitants, le département de Louga concentre 42% de l’effectif de la région contre 30% et 28% respectivement pour Kébémer et Linguère (ANDS, 2013). On y retrouve une forte densité de peuplement soit 63habitants au km2. Le département de Louga concentre 42% de l’effectif de la région. Le département de Linguère qui couvre 62% de la superficie du territoire régional présente la plus faible densité (15 habitants au km2). Dans les départements de Kébémer et Louga, on rencontre les plus fortes densités de peuplement soit 65 habitants au km2 et 63 habitants au km2 respectivement. Le recensement de la population confirme une jeunesse de la population. Ainsi les résultats de notre enquête montrent un déficit d’hommes âgés de 20 à 54 ans par aux femmes qui peut être lié aux phénomènes migratoires. La région de Louga connaît d’importants mouvements de population : la transhumance, l’exode rural et la migration internationale. Elle fait partie des zones où la propension à l'émigration internationale est devenue très forte. Ce phénomène a un impact sur la population mais également sur la vie économique de la région. La région de Louga a connu ces dernières décennies des sécheresses qui ont affectés la production agricole rendant les conditions de vie très vulnérables et précaires. Ceci a amené les populations à développer des stratégies de survie dont le départ en émigration. II.2 Situation socio-économique La région de Louga est une zone à vocation essentiellement agropastorale. En effet, l’économie régionale dépend essentiellement de l’agriculture et de l’élevage. L’élevage constitue l’une des activités maîtresses de la région en raison de l’appartenance d’une grande partie de son territoire (65%) à la zone sylvopastorale. En tant que zone sylvopastorale par excellence, Louga est l’une des régions du Sénégal les plus exposées aux feux de brousse. Il occupe avec l’agriculture plus de 80% de la population. Il est de type extensif et transhumant avec la disponibilité de parcours naturels et l’existence de forages pastoraux. Grâce à l’importance des zones de pâturage (21000 km2), à l’expérience longtemps acquise par les éleveurs et la présence d’unités pastorales mise en place par le PAPEL, la région de Louga constitue véritablement une zone d’élevage. 41 II.3 Situation sanitaire La situation sanitaire est jugée préoccupante en raison de l’état de pauvreté chez les populations. Le suivi de la situation épidémiologique pose vraiment problème au niveau de la région du fait de la rétention d’informations par les syndicats et qui perdurent à Louga même si ailleurs le mot d’ordre a été levé depuis assez longtemps. A Linguère, le centre de santé communal polarise 7 postes de santé et 52 cases de santé sur un vaste espace de 8311km2. L’offre en service de santé est assez important au niveau du centre de santé qui dispose de plusieurs unités dont une médecine générale, une maternité, un laboratoire, un dépôt de pharmacie, un cabinet dentaire, une chirurgie cataracte et un service social. Cependant, elle ne profite pas entièrement à tous les catégories de patients. L’inexistence d’une échographie constitue un handicap pour les femmes enceintes de la commune, obligées de se déplacer jusqu’à Louga pour bénéficier de ce service malgré les contraintes liées à leur évacuation rendu très difficile par le faible équipement du centre, le matériel roulant et les difficultés d’accessibilité dues à l’absence d’infrastructures routières de qualité. L’insuffisance du personnel médical et du plateau technique constitue la principale contrainte à une bonne qualité de l’offre de services sanitaires. Le paludisme reste de loin la première maladie de la région. Il affecte et tue plus qu’aucune autre maladie. Il est suivi des maladies respiratoires et cardio-vasculaires. L’impact des risques environnementaux sur la santé des populations devient également un problème de santé publique. La désertification et la pollution (des sols, de l’eau et de l’air) peuvent menacer à terme la santé des populations. La désertification porte atteinte à l’équilibre écologique dont dépend l’existence des plantes médicinales. Quant à la pollution, elle est à l’origine de plusieurs maladies. Les maladies diarrhéiques et respiratoires sont les plus concernées. III. Aspects physiques Le climat varie considérablement d'une année à l'autre, en particulier en association avec « El Niño Southern Oscillation » (ENSO), ou sur une période de dix ans ou trente ans. Par exemple, la sécheresse au Sahel constitue un évènement climatique exceptionnel dans les années 19691972. Les premiers traits climatiques s’expriment par la latitude qui confère au territoire des caractères tropicaux, et par la position de Finistère ouest-africain qui détermine des conditions 42 climatiques différentes dans la région littorale et dans l’intérieur. Les seconds s’expriment par l’alternance sur le pays de trois flux dont les déplacements sont facilités par la platitude du relief (Sagna P. et Roux M., 2000). La région de Louga est soumise au régime climatique de type sahélien continental. Ce climat est caractérisé par la présence de deux saisons, une courte saison des pluies, de juillet à septembre et une longue saison sèche de 9 mois (octobre à juin). Ceci l'expose périodiquement à des invasions d'air chaud à l'origine d'ambiances climatiques peu confortables, affectant l’état de santé de la population. Depuis plus de deux décennies, Louga reçoit de faibles précipitations variant entre 200 et 500 mm. Selon le GIEC, des émissions constantes de gaz à effet de serre vont provoquer un réchauffement supplémentaire et des altérations de longue durée de tous les éléments du système climatique, augmentant ainsi le risque de conséquences vastes et profondes qui toucheront toutes les strates de la société et le milieu naturel. Le climat constitue une source de vulnérabilité pour le Sénégal qui se situe dans la zone sahélienne. III.1 Températures "Le réchauffement du climat ne fait aucun doute et est désormais attesté par l'augmentation observée des températures moyennes de l'air et de l'océan, la fonte généralisée de la neige et de la glace et l'augmentation du niveau moyen de la mer"17. Ainsi, la température moyenne à la surface du globe a augmenté de + 1°C de 1901 à 2012. Les températures restent élevées durant la majeure partie de l’année. Les périodes les plus chaudes coïncident généralement avec les mois de Mai où les températures peuvent atteindre 45°Celsius et 37,7°Celsius au mois d’Octobre. La région de Louga fait partie des régions les plus chaudes du Sénégal avec une température moyenne en 2013 de 27°C et de 26°C en 2014. Ces températures varient en moyenne de 25°C à 29° C. Il faut noter qu’en 2013 c’est au mois de mai qu’on a enregistré la température la plus élevée avec +29°C et pour l’année 2014 le maximum est enregistré au mois de septembre. III.2 Vents L’harmattan constitue le vent dominant de cette zone, un vent chaud, sec et poussiéreux très actif en Afrique de l’ouest qui souffle vers le sud en provenance du Sahara dans le golfe de Guinée en hiver, entre la fin novembre et le milieu du mois de mars. Chargé de poussières et de sables (fines particules de 0,05 à 1 micromètre), il peut obscurcir l'atmosphère durant plusieurs 17 GIEC, Bilan des changements climatiques, 4é rapport de synthèse 43 jours et favorise les épidémies de méningite dans les pays notamment au Burkina Faso et au Mali. La fragilisation des muqueuses par les particules en suspension facilite passage du méningocoque dans le sang. Les principaux vents qui soufflent dans cette zone sont : • les alizés maritimes : ils apportent fraîcheur et humidité, ces alizés sont issus de l’anticyclone des Açores. Ils soufflent d’octobre à juin, mais leur influence se fait moins sentir dans la ville. • le harmattan : vent chaud et sec, il est plus actif de Janvier à Mai. L’harmattan constitue le vent dominant dans la zone, il est de secteur Ouest. Le harmattan transporte la poussière, occasionne parfois de véritable tempête de sable, l'érosion éolienne et des pertes d’eau par évaporation. • la mousson : issue de l’anticyclone Sainte-Hélène, elle est de direction sud-ouest, engendre les précipitations et intéresse la ville de Juillet à Octobre. III.3 Humidité relative L’humidité atmosphérique peut être définie comme étant la quantité d’eau contenue dans une masse d’air. L’humidité relative de l’air s’exprime en pourcentage (%) et dépend de la température et de la pression. Sachant que le taux d’humidité est normal s’il est compris entre 80% et 100%, il est déficitaire s’il est inférieur à 80% et excédentaire s’il est supérieur à 120%. Dans le département de Linguère, les taux d’humidité les plus élevés observés au cours de l’année 2013 sont enregistrés en hivernage c'est-à dire- les mois de juillet à septembre avec des taux variant de 61% à 78%. Les taux les plus faibles quant à eux ont été enregistrés durant les mois janvier (23%) et février (25%). Le graphique suivant donne l’humidité moyenne mensuelle de l’année 2013. 44 Figure 1: Evolution mensuelle de l’humidité moyenne de l’air à Linguère 90 Humidité de l'air % 80 70 60 50 40 30 20 10 0 Source : Auteur, 2015 III.4 Insolation L’insolation ou le nombre d’heures de soleil se situe en 2013 entre un minima 6 heures /jour durant le mois de juin, d‘août et de septembre où les nuages et la pluie sont fortement présents et un maxima de 10 heures/jour durant les mois de mars et d’avril. L’insolation moyenne du mois de mai est assez élevée qui dure 9heures/jour. Généralement, la période Mai, Juillet, Octobre-Novembre est la période la plus ensoleillée de la région. Par contre la période la moins ensoleillée est celle de Décembre-Février. Figure2 : Evolution mensuelle du niveau d’insolation à Linguère en 2013 heure 12 10 Insolation en 8 6 4 2 0 Source : Auteur, 2015 45 CHAPITRE II : EVOLUTION ET VARIATION DES TEMPERATURES DANS LES DEPARTEMENTS DE LOUGA ET DE LINGUERE Située entre la latitude 14°70 et 16°10 nord et la longitude 14°27 et 16°50 ouest, la région de Louga avec une superficie de 24847 km² est classée au troisième rang au niveau national derrière les régions de Tambacounda (59602 km ²) et de Matam (29424 km2) (ANDS, 2013). Elle est limitée par les régions de : Saint-Louis au nord ; Diourbel et Kaffrine au sud ; Matam à l’est ; Thiès et l’Océan Atlantique à l’ouest. Carte2 : Localisation des départements de Louga et de Linguère Le changement climatique figure actuellement parmi les questions les plus importantes à l’ordre du jour politique et économique mondial. La hausse des températures moyennes à la surface du globe est la première conséquence attendue et constatée des émissions massives de gaz à effet de serre. Or, les relevés de météo enregistrent des anomalies positives de températures qui se confirment d'années en années par rapport aux températures enregistrées depuis le milieu du XIXe siècle. 46 Ainsi, pour appréhender l’impact de chaleur sur le corps humain, les paramètres climatiques tels que la température maximale et la température minimale peuvent être utilisées comme indicateur ainsi que d’autres paramètres comme l’humidité et l’insolation. 47 I. Évolution interannuelle et mensuelles des températures moyennes I.1 Evolution interannuelle des températures moyennes L’évolution interannuelle montre des hausses et des baisses des températures moyennes de 2009 à 2014 Figure 3 : évolution interannuelle des températures moyennes annuelles à Linguère 29,8 29,6 Températures en °C 29,4 29,2 29 Tm 28,8 28,6 28,4 28,2 28 2009 2010 2011 2012 2013 2014 Source : Anacim Cette courbe révèle que les températures moyennes mensuelles augmentent progressivement dans le département de Linguère entre 2009 et 2014 .L’évolution des températures présente un régime bimodal avec un maxima principal (29,8°) enregistré en 2013 et maxima secondaire (29,6°) enregistré en 2014 qui ont un écart léger. Ce pic a fait de 2013 l’année où la température est restée plus élevée au cours des 05 dernières années à Linguère. Cette augmentation de la température en 2013 explique la vague de chaleur qui a eu lieu dans le département de Linguère. Ce diagramme traduit la situation exceptionnelle de 2013 par rapport aux autres années. Ce qui fait c’est l’année le plus chaud durant ces 6 dernières années avec une température moyenne de près de 30°C. L’augmentation progressive de la température de 2009 à 2014 est la résultante du changement climatique, en plus le domaine sahélien est caractérisé par de fortes températures ces dernières décennies. 48 I.2 Variabilité des températures mensuelles par rapport la série 1985-2014 La variation de la température est perceptible au Sahel notamment dans les départements de Louga et de Linguère. Il ressort de ces diagrammes que le début de la saison sèche (décembre, janvier et février) est déficitaire par rapport à al moyenne de la série (29,2°C). Le mois de mai reste le mois le plus excédentaire avec respectivement + de 2°C à Louga et +4°C à Linguère. Nous constatons que dans le département de Louga, les températures ont augmenté de +1°C à +2°C à partir de mi- saison sèche (mai) jusqu’au début de la saison sèche (octobre) incluant toute la saison des pluies (juillet, aout, septembre). Dans le département de Linguère, la période de misaison sèche (mars, avril, mai, juin) et la période de la saison des pluies à l’exception du mois d’aout sont excédentaires de +1°C à +4°C. Cette variation des températures montre les mois excédentaires sont plus importants que les mois déficitaires à Louga et à Linguère. L’augmentation progressive des températures serait à l’origine de ces variations favorisant le plus souvent des périodes excédentaires. Figure 4: Variation mensuelle des températures moyennes de 2013 par rapport à la série (19852014) Louga Linguère 6 4 -4 -3 -4 -6 Source :ANACIM 49 Novembre Décembre Octobre Septembre Août Juil. Juin Mai Mars -2 Avril 0 Février Novembre Décembre Octobre Septembre Août Juillet Juin Mai Avril -2 Mars -1 Février 0 Janvier 1 2 Mars 2 Ecart des températures °C 4 Janvier Ecarts des températures en °C 3 I.3 Evolution des températures en 2012,2013 et 2014 à Linguère et Louga La figure ci-dessous présente l’évolution des températures moyennes mensuelles des années 2012, 2013 et 2014. A Linguère, l’année 2013 a été légèrement l’année la plus chaude avec une moyenne annuelle de 29,8°C par rapport en 2012 et 2014 où les moyennes annuelles sont respectivement 29,3°C et 29,5°C. L’évolution des températures à la station de Linguère montre une variation entre les différents mois sur ces 3 années. En 2013, les températures mensuelles sont élevées par rapport aux autres mois des années 2012 et 2014 à l’exception du mois de novembre. Toutefois les températures du mois de mai restent les plus élevées avec 33,4°C en 2012, 33,8°C en 2013 et 33,6 °C en 2014. Figure5 : Evolution des températures moyennes mensuelles des années 2012,2013 et 2014 à Linguère Températures en °C Températures moyennes mensuelles en 2012, 2013 et 2014 à Linguére 40.0 35.0 30.0 25.0 20.0 15.0 10.0 5.0 0.0 2012 2013 2014 mois Source : Auteur, 2015 En 2013, les maximas sont enregistrés au mois de mai avec 33,8°, la température la plus élevée de l’année 2013 et au mois de juin avec 32,8°C, le deuxième pic de l’année. Ces fortes augmentations marquent la fin de la saison sèche. Par ailleurs, une baisse des températures est notée durant l’hivernage (juillet, aout, septembre) du fait de la forte présence de l’humidité. Par conséquent, le mois de mai reste le mois le plus chaud de l’année 2013 à Linguère ce qui confirme la particularité du mois de mai 2013 par rapport aux autres mois avec une température moyenne de 33,4°C. 50 Les courbes de la figure(6) montrent l’évolution des températures mensuelles de 2012, 2013 et 2014 à Louga. L’année 2013 enregistre une température moyenne annuelle plus élevée (28,1°C) par rapport aux années 2012 et 2014 avec respectivement 27,9° et 27,6°C. Ainsi, les mois de mai et d’octobre demeure les mois les plus chauds de l’année 2013 avec des températures qui atteignent de +30°C. Alors les fortes températures sont enregistrées en période de saison sèche dans le département de Louga. Figure6 : Evolution des températures moyennes mensuelles des années 2012,2013 et 2014 à Louga Températures moyennes mensuelles en 2012,2013 et 2014 à Louga Températures en °C 35.0 30.0 25.0 20.0 15.0 2012 10.0 2013 5.0 2014 0.0 mois Source : Auteur, 2015 Par conséquent, l’évolution annuelle de la température reste moins homogène au cours de ces dernières années à Louga et cela résulte du fait que c’est un département qui se trouve dans le domaine sahélien. Située entre les isohyètes 300 et 500 mm, la région a un climat de type sahélien continental chaud et sec avec l’alternance de deux saisons : - Une saison des pluies qui s’étend de juillet à octobre ; - Une saison sèche couvrant la période d’octobre à juin 51 II. Particularité des températures maximales et minimales de l’année 2013 par rapport aux années de 2012 et 2014 L’utilisation de la température maximale et la température minimale est jugée nécessaire dans la définition d’une vague chaleur où la température minimale reste longtemps élevée qui ne permet pas aux individus de récupérer pendant la nuit. II.1 Evolution des températures maximales et minimales des années 2012, 2013 et 2014 à Linguère Les figures ci-dessus montrent l’évolution des températures maximales et des températures minimales pour les années 2012, 2013 et 2014. A Linguère, on note le maintien de fortes températures maximales surtout en 2013 avec la température la plus élevée enregistrée au mois de mai (+43°C). En 2012, la température la plus élevée est enregistrée au mois de mai (42,1°C) contrairement en 2014 où elle est enregistrée au mois d’avril avec 42,7°C. Ainsi, les températures maximales ne baissent que durant l’hivernage surtout au mois d’aout avec 33,4° C en 2012, 33,6° C en 2013 et 34,5°C en 2014. Concernant les températures minimales, nous constatons une augmentation des températures du mois de mars au mois de juin jusqu’à +25°C sur ces 3années. Figure7 : Evolution des températures maximales et minimales en 2012, 2013 et 2014 à Linguère Température maximale et température minimale en 2012 45.0 Température en °C 40.0 35.0 30.0 25.0 20.0 tx 15.0 tn 10.0 5.0 0.0 Janv Févr Mars Avr Mai Juin Juil Août Sept Oct Nov Déc mois 52 Température en °C Température maximale et température minimale en 2013 50.0 45.0 40.0 35.0 30.0 25.0 20.0 15.0 10.0 5.0 0.0 tx tn Janv Févr Mars Avr Mai Juin Juil Août Sept Oct Nov Déc mois Température maximale et températures minimale en 2014 45.0 Températures en °C 40.0 35.0 30.0 25.0 20.0 tx 15.0 tn 10.0 5.0 0.0 Janv Févr Mars Avr Mai Juin Juil Août Sept Oct Nov Déc mois En définitive, l’évolution des températures maximales et minimales à Linguére montre une situtation exceptionnelle au mois de mai 2013 par rapport aux mois de mai 2012 et mai 2014. En effet, le mois de mai 2013 enregistre la température maximale la plus élevée (43,1°C) par rapport a celle de mai 2012 (42,3°C) et de mai 2014 (41,8°C). 53 II.2 Evolution des températures maximales et minimales des années 2012, 2013 et 2014 à Louga Figure8 : Evolution des températures maximales et minimales des années 2012, 2013 et 2014 à Louga Température maximale et température minimale en 2012 45.0 Températures en °C 40.0 35.0 30.0 25.0 20.0 tx 15.0 tn 10.0 5.0 0.0 Janv Févr Mars Avr Mai Juin Juil Août Sept Oct Nov Déc mois Température maximale et température minimale en 2013 45.0 Températures en °C 40.0 35.0 30.0 25.0 20.0 tx 15.0 tn 10.0 5.0 0.0 Janv Févr Mars Avr Mai Juin Juil Août Sept Oct Nov Déc mois 54 Température maximale et température minimale en 2014 45.0 Températures en °C 40.0 35.0 30.0 25.0 20.0 tx 15.0 tn 10.0 5.0 0.0 Janv Févr Mars Avr Mai Juin Juil Août Sept Oct Nov Déc mois L’ensemble de ces courbes montrent l’évolution des températures maximales et des températures minimales à Louga. Ainsi, les températures maximales et les températures minimales sont marquées par des hausses et des baisses en fonction des périodes. Ainsi, les températures maximales varient en fonction des mois mais restent élevées pour ces 3années. En effet, le mois de mai enregistre la température maximale la plus élevée avec respectivement 38,6°C en 2012 et 39,8°C en 2013 par contre en 2014, le pic est enregistré au mois d’avril (38,3°C). Les températures minimales durant ces trois années (2012,2013 et 2014) restent également élevées de juin à octobre et pendant ce temps les températures maximales baissent légèrement. Toutefois, l’élévation des températures minimales va du mois de mai jusqu’au mois d’octobre où elles commencent à baisser. Aussi la baisse des températures maximales correspond à la période hivernage (juillet, aout, septembre) due en occurrence des précipitations et l'importance de la couverture nuageuse qui tendent à adoucir les températures diurnes. 55 III. Evolution des températures journalières du mois de mai 2013 III.1. Analyse des maximas absolus et des minimas absolus de la période du 20 au 27 mai 2013 La figure 1 présente l’évolution de la température maximale durant la période de la vague de chaleur (20 au 27mai 2013). Ainsi durant cette période, la température la plus élevée (44°C) est enregistrée les 23 et 26 mai et la température minimale (24°C) est notée le 20,23 et 25 mai. Durant l’épisode de la vague de chaleur, les maximas absolus ont évolué progressivement allant de 36°C à 44°C avec par des hausses et des baisses de températures. Les écarts thermiques journaliers les plus importants ont été enregistrés le 23 mai avec -20°C et le 26 mai avec -19,4° C. Il s’agit des journées les plus éprouvantes. Les écarts thermiques les moins importants se situent le 20, 23 et 25 mai avec respectivement -12°C, -20°C et -13°C. Figure 10 : Evolution des maximas et des minimas absolu du 20 au 27 mai 2013 à Louga Températures en °C 50 40 36 30 24 40 39,5 25,3 24,5 21 22 44 41,5 44 43,5 24,6 24,2 26 27 37 24 25,8 24 20 10 0 20 23 24 25 Jours Mini absolu Maxi absolu Source : Anacim, Diallo 2015 L’évolution des températures journalières montre une augmentation progressive des maximas absolus allant de 41°C à 44,4°C, ce qui traduit la forte chaleur qui a sévi dans cette zone durant la période du 20 au 27mai 2013. Le pic durant cette semaine est de 44,4°C enregistré le 23mai et la température la plus faible est de 26°C enregistrée le 27mai (figure 10). L’évolution des maximas et des minimas absolus à Louga et à Linguère renseigne sur une période globalement chaude où la température maximale (44°C) est toujours enregistrée les 23 et 56 26 mai, probablement les jours les plus chauds de cette période. Nous notons que durant cette période les températures sont très élevées à Louga mais restent plus importantes à Linguère. Températures en °C Figure 9 : Evolution des maximas et des minimas absolus du 20 au 27 mai 2013 à Linguère 50 41,7 43 40 29,7 29,7 20 21 30 41 44,4 43,5 43,7 41,5 42 28,7 27 28,8 28,5 27,5 26 22 23 24 25 26 27 20 10 0 Jours Mini absolu Maxi absolu Source : Anacim, Diallo 2015 L’évolution des maximas et des minimas absolus à Louga et à Linguère renseigne sur une période globalement chaude où la température maximale (44°C) est toujours enregistrée les 23 et 26 mai, probablement les jours les plus chauds de cette période. Nous notons que durant cette période les températures sont très élevées à Louga mais restent plus importantes à Linguère. III.2. Analyse des températures journalières par tri horaire Pour faire l’analyse de la chaleur dans les départements de Louga et de Linguère, il serait intéressant d’étudier les températures tri horaires pour chaque journée pendant l’épisode de la vague de chaleur. L’ensemble des courbes de la figure 3 présente l’évolution tri horaire des températures journalières selon 8 observations par jours. La courbe de l’évolution montre que les pics de températures tournant autour de 39,5° à +40°C sont enregistrés à 15h durant cette période à l’exception de la journée 20 mai où le pic est de 36°C enregistré à 18h. Par ailleurs, les minimas absolus allant de 24° à 25°C sont enregistrés pour la plupart du temps à 6h. 57 Figure11 : Evolution des températures tri horaire du 20 au 27 mai 2013 à Louga 40 35 36 33 31 35 30 25.624.6 24.3 24 25 20 15 10 5 0 0 3 6 9 12 15 18 21 journée du 21 mai 2013 T° par tri horaire Températures en °C Températures en °C Journée du 20 mai 2013 Heures Journée du 23 mai 2013 29 T° par tri horaire 0 3 6 9 12 15 18 21 Heures Température en °C Températures en °C 39.5 34.5 34.5 27 25.3 24.5 26 T° par tri horaire Heures Journée du 22 mai 2013 45 40 35 30 25 20 15 10 5 0 45 40 40 35 34.7 35 30 30 25.3 26 26 26 25 20 15 10 5 0 0 3 6 9 12 15 18 21 44 42.5 50 45 38.5 40 30.5 35 27 30 25.3 26 24 25 20 15 10 5 0 0 3 6 9 12 15 18 21 T° par tri horaire Heures 58 41.5 45 40 35 33.7 35 28 28 30 26.826.525.8 25 20 15 10 5 0 0 3 6 9 12 15 18 21 Journée du 25 mai 2013 T° par tri horaire Températures en °C Températures en °C Journée du 24 mai 2013 Journée du 27 mai 2013 44 25 25 24.6 35.7 30.9 27 T° par tri horaire 0 3 6 9 12 15 18 21 Heures Températures en °C Températures en °C Journée du 26 mai 2013 39.3 T° par tri horaire Heures Heures 50 45 40 35 30 25 20 15 10 5 0 37 40 33 32 35 28 30 26.225.8 24 25.5 25 20 15 10 5 0 0 3 6 9 12 15 18 21 50 43.5 45 36.5 40 31.5 35 27.5 27.1 26.5 26.3 30 24.2 25 20 15 10 5 0 0 3 6 9 12 15 18 21 T° par tri horaire Heures Source : Auteur, 2015 L’ensemble des diagrammes montre également que les températures commencent à augmenter de 9h à 15h allant de + 30 à + 40°C. Il s’agit alors des heures les plus chaudes de la journée caractérisées par une forte insolation. En effet, le mois de mai fait partie des mois les plus ensoleillés de la région de Louga avec une insolation 10 heures par jours). Par ailleurs, il serait intéressant de noter que des températures élevées sont également enregistrés vers 18h allant de 30° à + 40°C. En outre nous constatons que les températures nocturnes enregistrées à 21h restent très élevées (+ 30°C) pour les journées des 20, 21,23 et 26. En effet, l’augmentation des températures nocturnes peut avoir des répercussions sur la santé des populations car cela ne permet pas une récupération normale du corps favorisant certains malaises ou effets liés à la chaleur comme l’insomnie, la fatigue, etc. 59 Conclusion partielle En somme, nos observations dans la zone sahélienne de Louga et de Linguère montrent une variation annuelle, mensuelle et journalière des températures. La température est un des paramètres climatiques les plus importants puisque la vie n'est possible qu'entre certaines limites de température. En effet, les zones sahéliennes sont pour la plupart soumises à une variabilité climatique. Les conditions climatiques renvoient à une augmentation de la température moyenne qui favorise une augmentation de l'intensité et de la fréquence des phénomènes climatiques inhabituels, tels que les vagues de chaleur menaçant l’état de santé des populations. En effet, la température enregistrée 2013 a montré la particularité de l’année 2013 par rapport aux 6 dernières années ainsi que la température enregistrée au mois de mai par rapport aux autres mois. Il s’agit d’un mois caractérisé par de fortes températures. A l’échelle mondiale, les émissions de gaz à effet de serre et d'autres facteurs anthropiques ont été la cause prédominante du réchauffement observé depuis le milieu du XXe siècle18. L’augmentation de la température favorise des vagues de chaleur comme celle survenue en mai de 2013 selon l’avis de l’ANACIM. L’analyse des températures au niveau des départements de Louga et de Linguère confirme la forte chaleur qui sévissait dans cette zone. Les observations ont montré que les températures augmentent entre 9h et 15h, heures auxquelles certains individus sont exposés à la chaleur selon les activités. Par ailleurs, l’augmentation des températures nocturnes peut avoir des impacts sur la santé des populations. Cette forte chaleur serait au contraire synonyme de mauvais état de santé voire des pertes humaines. 18 GIEC : 5e rapport du changement climatique 60 DEUXIEME PARTIE CONSEQUENCES SANITAIRES LIEES A LA VAGUE DE CHALEUR DE MAI 2013 61 Chapitre I: Analyse de la morbidité diagnostiquée et de la mortalité en relation avec la variabilité climatique Nous avons analysé dans la première partie l’évolution des températures (annuelles, mensuelles et journalières) dans les départements de Louga et Linguère. Ainsi, dans ce deuxième chapitre nous allons analyser la morbidité et la mortalité liées à la vague de chaleur. Pour ce faire, nous utilisons les statistiques sanitaires recueillies dans les centres de santé pour essayer de cerner leurs volumes d'activités. Elles ont été recueillies à partir des deux éléments du système d'information sanitaire des postes de santé : les registres de consultation journalière et les rapports d’activités présentant la date de consultation, l’adresse, l’âge, le sexe et l’affection des patients. Les affections ont été choisies en fonction de la nomenclature nosologique des structures de soins. Ainsi les données recueillies nous permettent d’avoir : -L’évolution dans le temps de l’effectif des consultants ; -La morbidité diagnostiquée ; -L’origine, l’âge et le sexe des patients. Ces informations permettent de cerner les variations dans le temps et dans l’espace. I. MORBIDITE DIAGNOSTIQUEE DANS LES STRUSTURES DE SANTE I.1 Evolution temporelle de la morbidité diagnostiquée dans les districts sanitaires de Louga et de Linguère I.1.1 Evolution de la morbidité diagnostiquée en 2013 et 2014 Les données sur la nosologie en 2012 du centre de santé de Linguère ne sont pas disponibles. C’est ainsi que nous avons utilisé seulement les données de l’année 2013 et 2014. 62 Tableau 2 : Morbidité enregistrée au mois de mai 2013 et au mois de Mai 2014 du centre de santé de Linguère Mois/année MAI 2013 MAI 2014 Affections effectif % effectif % Affections cardiovasculaires 102 17 122 16 Affections digestives 31 5 106 14 Maladies infectieuses 126 21 208 28 Neurologies 36 6 54 7 Endocrinologies 15 3 13 2 Pulmonaires - - 14 2 Autres 284 48 239 31 Ensemble 594 100 756 100 Source : Rapport d’activité 2013/2014 L’analyse des affections enregistrées en 2013 et 2014 au niveau du centre de santé de Linguère montre une prédominance de trois classes des affections par ordre d’importance : 1) La classe des maladies infectieuses qui regroupe les infections digestives, pulmonaires, uro-génitales, ORL et autres, enregistre un taux de 21% en 2013 et un taux de 28% en 2014. C’est la classe des affections qui enregistre un effectif de consultants plus élevé. 2) La classe des affections cardiovasculaires (HTA, insuffisance cardiaque, infarctus du myocarde, CMPP et autres) occupe le deuxième motif de consultation le plus important. Au mois de mai 2013, le centre de santé enregistre 102 cas des affections cardiovasculaires soit un taux de 46% et au mois de mai 2014 la prévalence des affections cardiovasculaires a augmenté jusqu’à 122 cas soit un taux de 54%. 63 3) La classe des affections digestives qui regroupe les troubles fonctionnels intestinales, UGB, Bulbite, Reflux gastro-eosophagien, hémorroïde et patho anal constitue la troisième classe des affections prédominantes. En 2013, les affections digestives enregistre 31 cas soit un taux de 5% et 106 cas soit un taux de 14% en 2014. Toutefois, nous notons que les trois classes d’affections les plus importants sont marqués par une augmentation de la prévalence de 2013 à 2014. En effet, l’année 2014 enregistre une prévalence des affections plus élevée que l’année 2013 à l’exception de la classe des endocrinologies (15cas en 2013 et 13 cas en 2014). Alors, la morbidité est plus élevée au mois de mai 2014 par rapport au mois de mai 2013 ainsi nous constatons un effectif de consultants plus élevé au mois de mai 2014 (756 consultants). I.1.2 Evolution trimestrielle de la morbidité proportionnelle L’analyse de la morbidité trimestrielle du centre de santé de Linguère et de Louga montre des écarts entre les différents trimestres. Tableau 3 : Morbidité trimestrielle du centre de santé de Linguère en 2013 Affections Jan-fév-mars Avril-mai-juin Juil-aout-sept Oct-nov-dec TOTAL effectif % effectif % Effectif % effectif % effectif % Affection cardiovasculaire 318 15,9 296 16,7 336 17 235 13 1185 15,7 Affections digestives 111 5,6 70 3,9 113 5,9 366 20 660 8,8 Maladies infectieuse 496 24,8 406 22,9 426 22 499 27 1328 17,6 Neurologies 99 5 85 4,8 99 5,1 43 2 326 4,3 Endocrinologie 46 2,3 41 2,3 33 1,7 120 1,6 autres 930 46,4 876 49,4 922 48 695 38 3922 52 TOTAL 2000 100 1774 100 1929 100 1838 100 7541 100 Source : rapport d’activité 2013 du centre de santé de Linguère Nous constatons qu’il existe des périodes qui enregistrent une morbidité plus élevée que d’autres. De ce fait, en 2013, dans le centre de santé de Linguère, le 1er trimestre est 64 marqué par une hausse des effectifs des patients avec 2000 consultants. Mais le 2eme trimestre connait une baisse des consultations avec 1774 consultants suivi d’une augmentation légère pour les 3ème et 4ème trimestres. Les premiers motifs de consultation dans le centre de santé de Linguère sont regroupés en 6 classes d’affections : 1) Les affections cardiovasculaires (HTA, insuffisance cardiaque, infarctus du myocarde, CMPP etc.) 2) Les affections digestives (Reflux Gastro-œsophagien (RGO), bulbite, trouble fonctionnel intestinal, hémorroïde et patho anale etc.) 3) Les affections infectieuses (ORL, urogénitale etc.) 4) Les affections neurologiques (AVC, paralysie faciale etc.) 5) Les affections endocrinologiques (diabète, autres endocrinopathie etc.) 6) La classe « autres » regroupe les infections pulmonaires, les dermatoses, les traumatismes etc.) En 2013, l’analyse des affections observées montre une prépondérance de certaines pathologies comme les maladies infectieuses (17,6%) et les affections cardio-vasculaires (15,7%) en dehors des autres affections (52%). Alors l’évolution trimestrielle de la morbidité est irrégulière montrant des baisses et des hausses. Outre une augmentation de la morbidité est souvent observée durant le 3éme trimestre et le 4éme trimestre donc durant l’hivernage et la période du début saison sèche. En effet, la plus forte prévalence des affections cardiovasculaires est enregistrée durant le 3e trimestre (336 cas soit un taux de 28,4%) et le 4éme trimestre enregistre la plus forte prévalence des affections infectieuses avec 499 cas soit un taux de 37,6%. Ainsi durant le 4e trimestre, nous notons l’apparition de nouvelles pathologies telles l’asthme, les infections pulmonaires, les dermatoses qui composent la classe « Autres ». Par ailleurs, la présence de l’harmattan (entre fin novembre et début janvier) est déterminante correspondant à une nette augmentation des accidents de la circulation et des accidents aériens. Les hôpitaux signalent aussi un nombre plus important d'hospitalisations, pour des motifs divers (méningite, céphalée, hypertension artérielle, bronchite, troubles mentales). En effet, l’analyse de la morbidité montre que les affections cardiovasculaires et les maladies infectieuses sont des pathologies qui se maintiennent ou qui augmentent durant ces trimestres. Ainsi, l'impact d'une vague de chaleur peut avoir effets immédiats mais peut aussi entraîner des effets plus ou moins retardés. 65 I.1.3 Evolution mensuelle de la morbidité Le nombre des consultations varie en fonction des mois. L’analyse de la morbidité mensuelle montre une évolution progressive où nous observons des baisses et des hausses de consultations. Tableau4 : Evolution mensuelle de la morbidité en 2013 à Linguère.7N jan fev mars avr Affections 96 cardiovasculaires 94 128 111 102 83 Affections digestives 21 63 27 19 Maladies infectieuses 160 160 176 Neurologies 33 38 Endocrinologies 20 12 Autres 308 317 305 Ensemble 638 684 678 affections mai juin juil aout sept oct nov dec TOTAL 86 118 132 80 78 1185 41 31 41 115 125 126 660 143 126 137 145 126 155 128 147 145 1748 28 27 36 22 32 23 44 15 12 16 326 14 17 15 9 11 13 9 - - - 120 309 284 283 311 317 294 262 256 256 3502 626 594 554 626 628 675 600 618 620 7541 31 20 77 Source : Rapport d’activité 2013 L’analyse de la morbidité en 2013 montre que les affections cardiovasculaires (1185cas) et les maladies infectieuses (1748 cas) sont les affections prédominantes suivies des affections digestives (660cas). Concernant les affections cardiovasculaires, la prévalence est plus élevée pour les mois de mars, d’avril, mai, juillet et aout. La prévalence des maladies infectieuses est plus élevée au mois de mars (176 cas) néanmoins elle reste élevée pour les autres mois. L’analyse de la morbidité mensuelle montre une évolution progressive où nous observons des baisses et des hausses du nombre de consultants (figure 12). L’effectif des consultants connait une augmentation de janvier à mars avec un pic au mois de février (684consultants), suivie d’une baisse d’avril à juin puis une remontée de juillet à septembre. Nous constatons alors que la période des saisons sèches (janvier, février, mars) et la période de l’hivernage (juillet, aout, 66 septembre) sont marquées par une hausse des consultations tandis qu’une diminution de l’effectif des consultants est notée entre les mois d’avril, mai et juin. 67 Figure12 : effectif des consultants en relation avec l’évolution de l’humidité relative de l’air en 2013 à Linguère 800 90 700 80 70 effectif 600 500 400 60 50 40 300 30 200 20 100 10 0 humidité de l'air en % 0 Source : Rapport d’activité 2013 Toutefois la période de l’hivernage (juillet, aout, septembre) correspond à de forts taux d’humidité qui coïncident avec l’augmentation du nombre de consultants surtout au mois de septembre (675 consultants). La température en 2013 atteint + 29°C, elle augmenterait à + 39°C si l’humidité correspond à +48°C. Ce qui explique qu’il existe d’autres paramètres climatiques tels l’humidité, les précipitations qui influent sur la température favorisant des maladies qui sévissent en période d’hivernage (paludisme, diarrhée etc.). Par ailleurs, le mécanisme de régulation à travers la transpiration est alors perturbé si le taux d'humidité dans l'air devient trop élevé. Alors dans un environnement humide, on peut ressentir des malaises liés à la chaleur. En effet, l'évaporation de la sueur entraîne un refroidissement direct de la peau. Cependant, l'humidité de l'air empêche la sueur de s'évaporer si elle est audessus de 90%. La sueur reste donc collée à la peau. La chaleur devient ainsi insupportable jusqu’à provoquer des malaises (évanouissement).C’est ainsi l’humidité renforce la chaleur ressentie. Ce phénomène explique également les sensations de chaleur forte dans des lieux peu ventilés et où la présence humaine est importante (transport en commun comme les bus). La forte humidité devient source de problèmes respiratoires pour les personnes à risque (celles qui souffrent d’asthme). Par conséquent, le taux d’humidité relative joue un rôle déterminant dans la qualité de l’environnement pour la santé. 68 Plus spécifiquement, la morbidité mensuelle en fonction des différentes affections montre une élévation progressive de la prévalence entre les mois (avril, mai, juin). Le tableau ci-dessous présente les premières causes de morbidité du centre de santé de Linguère en 2013 et en 2014. Tableau 5: morbidité mensuelle du centre de santé de Linguère MORBIDITE 2013 AFFECTIONS Avril Mai Juin TOTAL effectif % effectif % effectif % effectif % Affections cardiovasculaires 111 17,7% 102 17,2% 83 15% 296 16,7% Affections digestives 19 3% 31 5,2% 20 3,6% 70 3,9% Maladies infectieuses 143 22,8% 126 21,2% 137 24,7% 406 22,9% Neurologie 27 4, 3% 36 6,6% 22 4% 85 4,8% Endocrinologie 17 2,7% 15 2% 9 1,6% 41 2,3% AUTRES 309 49,4% 284 47,8% 283 51,1% 876 49,4% TOTAL 626 35,3% 594 33,5% 554 31,2% 1 774 100% 69 MORBIDITE 2014 affections avril eff mai % eff juin % eff total % eff % Affections cardio- 117 vasculaires 16 122 16 130 14 369 15 Affections digestives 93 13 106 14 143 16 342 14 Maladies infectieuses 193 26 208 28 173 19 574 24 Neurologie 59 8 54 7 92 10 205 9 Endocrinologie 30 4 13 2 15 2 58 2 Pulmonaire 35 5 14 2 65 7 114 5 Autres 214 29 239 32 284 31 737 31 Total 741 30,9 756 31,5 902 37,6 2399 100 Source : Rapport d’activité 2013/2014 du centre de santé de Linguère L’analyse de l’évolution des affections montre qu’en dehors des autres causes de maladie, les maladies infectieuses enregistrent la plus forte prévalence (22,9%) suivie de la prévalence des maladies cardiovasculaires (16,7%) et une prévalence de 4,8% pour les troubles neurologiques en 2013. Les quatre premiers motifs de consultations sont les maladies infectieuses, les maladies cardiovasculaires, et les troubles neurologiques, les affections digestives. Le mois d’avril et de mai enregistrent les plus forts taux de consultation soit respectivement 35, 3% et 33,5% par rapport au mois de juin (31,2%). En effet le nombre de consultants tend à baisser légèrement du mois d’avril au mois de juin alors qu’en 2014 l’effectif des consultations connait une hausse progressive d’avril à juin (741 à 902 consultants). En comparant la morbidité enregistrée au mois d’avril, mai et juin sur deux années (2013/2014) du centre de santé de Linguère, nous constatons que la morbidité varie en fonction de l’effectif des consultants : 70 En 2013, le nombre de consultants le plus élevé est observé au mois d’avril, avant la vague de chaleur · Avril compte l’effectif le plus élevé 626 consultants · Mai correspondant à la période de la vague de chaleur enregistre 594 consultants Juin correspondant à la période après la vague de chaleur compte 554 consultants En 2014, l’évolution de l’effectif des consultants connait une augmentation progressive · Avril englobe 741 consultants · Mai suivant le mois d’avril enregistre 756 consultants · Juin enregistre 902 consultants (l’effectif le plus élevé) En 2013, nous constatons une élévation progressive de la prévalence des maladies infectieuses avec 22,8 au mois d’avril, 21,2% au mois de mai et 24,7% au mois de juin. Les affections cardiovasculaires sont plus importantes au mois d’avril (17,7%) et au mois de mai (17,2%). La prévalence des pathologies telles les affections digestives (5,2%) et la neurologie (6,6%) est plus élevée au mois de mai que les mois d’avril et de juin. Ainsi nous observons une augmentation de la prévalence des pathologies en 2014 par rapport à 2013. Pour mieux montrer l’évolution progressive de la morbidité à Louga, nous trouvons l’illustration dans le poste de santé Yeurmandé du fait de la carence des données de morbidité du centre de santé de Louga. L’analyse du tableau ci-dessus montre une variation de la morbidité durant les trois mois (avril, mai, juin) avec des prévalences plus élevées que d’autres. 71 Tableau 6: Morbidité mensuelle du poste de santé Yeurmandé MORBIDITE 2013 Affections Avril Mai juin Total effectif % effectif % effectif % effectif % Grippe 96 36,9 - ‘- 44 10,9 140 14,4 Hypertension artérielle 6 2,3 9 2,9 18 4,5 33 0,3 Hypotension artérielle 3 1, 2 11 3,6 11 2,7 25 2,6 IRA Basses - - 8 2,6 - - 8 0,8 Méningite - - - - 5 1,2 5 0,5 Diarrhée 11 4,2 28 9,2 56 13,9 96 9,9 Epigastralgie 18 6,9 30 9,8 12 3 60 6,2 Toux/Rhume 41 15,8 115 37,6 82 20,3 238 24,6 Autres 85 32,7 105 34,3 176 43,6 366 37,7 Total 260 100 306 100 404 100 970 100 72 MORBIDITE 2014 Affections Mai avril TOTAL juin effectif % effectif % effectif % effectif Grippe 60 25,6 53 18 71 24,7 184 22,2% Hypertension artérielle 4 1,6 - - 6 2,1 10 1,2% Hypotension artérielle 10 4,1 - - 14 4,9 24 2,9% IRA Basses - - - - 15 5,2 15 1,8% Toux/Rhume 78 32 91 30,9 52 18,1 221 26,7% Dermatose 14 5,7 2 0,7 - - 16 1,9% Métrorragie - - 4 1,4 - - 4 0,5% Dysménorrhée 2 7 2,4 - - 9 1,1% Asthme 1 0,4 3 Autres 75 30,7 147 Total 244 100 0,8 295 1 - - 4 49,9 100 0,5% 130 45,1 373 2,5% 288 100 827 100% Source : Rapport d’activité trimestrielle (2013/2014) du poste de santé Yeurmandé de Louga En 2013, la prévalence des pathologies augmentent progressivement du mois d’avril jusqu’au mois de Juin avec de 260 cas en avril, 306 cas au mois de mai et 404 au mois de juin. En 2014, le poste de santé enregistre 295 consultants au mois de Mai (nombre de consultants le plus élevé dans le trimestre). Du mois d’Avril au mois de Mai, la prévalence des maladies évolue progressivement. En 2013, la prévalence totale de l’Hypertension artérielle est de 33cas soit 3,4% avec 6 cas en avril, 9 cas en mai et 18 cas en juin. On note pour le Hypotension artérielle, une augmentation de 3 à 11 cas d’avril à juin avec une prévalence to tale de 25 cas soit 2,6%. Le mois de mai enregistre une prévalence 115 cas de Toux /Rhume contre 41cas en avril et 82 cas en juin. La prévalence des Diarrhée augmente progressivement. 73 Les maladies cardiovasculaires (Hypertension artérielle, Hypotension artérielle), les maladies de l’appareil respiratoire (IRA, asthme, grippe), les maladies infectieuses, les toux/Rhume et les troubles menstruels sont de plus en plus fréquentes et nombreuses au mois de Mai et juin par rapport à Avril. En outre certaines pathologies apparaissent au mois de Juin comme le cas de la Méningite avec 5cas et les IRA avec 15cas en2014. Aussi, en 2013 de nouveaux cas sont enregistrés au mois de juin d’où l’incidence probable au mois de juin avec un nombre de consultation très élevé (404 consultations) soit un taux de plus de 43%. En effet le mois d’avril correspond à l’épisode de la vague de chaleur, la morbidité est très élevée au mois de juin. Cette augmentation peut être due à la forte canicule de mai qui affecte ultérieurement les individus. L’analyse de l’évolution de la morbidité en 2013 révèle une augmentation de la prévalence des affections au mois de mai et surtout le mois de juin à l’exception de la morbidité du centre de santé de Linguère marquée par une baisse des consultations probablement due l’absence des médecins ou l’existence des tensions entre les agents de santé. En comparant la morbidité observée en 2013 et en 2014 nous constatons une recrudescence les maladies respiratoires (IRA Basses, asthme, toux, rhume), des maladies cardiovasculaires (hypertension, hypotension), les maladies infectieuses et les affections digestives. D’ailleurs certaines affections sont susceptibles d’être aggraver ou déclencher par la hausse des températures. En effet, le mois de juin enregistre l’effectif de consultants le plus élevé. Ce qui explique que l’incidence sanitaire de la canicule peut être ressentie plus tard. En général, l’effet sanitaire n’est pas immédiat et il est surtout noté pendant et après la vague de chaleur. 74 I.1.4 Evolution journalière de la morbidité Le diagramme ci-dessous met en exergue le nombre de consultants enregistré par jour. Figure13 : Effectif des consultants cumulé pendant le mois de Mai 2013 à Linguère 25 Effectif 20 15 10 5 0 1 3 5 7 9 11 13 15 17 19 21 23 25 27 29 31 jours Source : registre de consultation 2013 Le dépouillement du registre en 2013 montre que la consultation du 1er au 31 mai connait une tendance instable marquée par des journées où l’effectif de consultants est plus important que d’autres. - Ainsi, le nombre des consultants connait une augmentation significative progressive du 1er au 9 mai. A partir du 10 au 21 mai, la morbidité est surtout marquée par des baisses et une augmentation légère au même moment. - la morbidité est marquée par une augmentation du 20 au 31 à l’exception de quelques journées où l’effectif des consultants est faible. Les consultations les plus élevées sont enregistrées les journées 9, 27 et 31 Ainsi la morbidité à Louga est plus importante que celle observée à Linguère. Nous observons ainsi que l’évolution de la morbidité est marquée par une certaine irrégularité durant tout le mois de mai. 75 Figure14 : Effectif des consultants cumulé pendant le mois de Mai 2013 à Louga 35 30 effectif 25 20 15 10 5 0 1 3 5 7 9 11 13 15 17 19 21 23 25 27 29 31 jours Source : Registre de consultation 2013 Ainsi nous observons que du 1er au 8 mai, la morbidité a augmenté progressivement jusqu’à atteindre 29 consultations dans la journée du 8 mai. En effet, les journées 6 et 7 enregistrent chacune 22 consultations. Par ailleurs, du 17 au 31 mai correspond également à l’augmentation de la morbidité a l’exception de quelques baisses du 22 au 24. Cette augmentation de la morbidité correspond à une partie de l’épisode de la vague de chaleur. 1.2 Répartition des affections L’analyse de la répartition des affections montre une prédominance de certains types de maladies. En dehors des 48,2 % qui regroupent d’autres types de maladies moins répandues, le tableau ci-dessous permet de ressorti les pathologies qui font l’objet de consultation fréquentes auprès du centre de santé de Louga. 76 Tableau7 : Nombre de consultants selon le type d’affection en 2013 à Louga Affections Effectifs Céphalée/Vertige % 174 14 HTA 111 8,9 Affection digestives 90 7,2 Toux 83 6,7 IRA 48 3,9 Traumatisme 32 2,6 Dermatose 25 2 Diabète 18 1,5 Asthme 17 1,4 Hypotension 15 1,2 Maladie infectieuses 14 1,1 Asthénie physique 10 0,8 Trouble neurologique 6 0,5 Autres 600 48,2 Total 1243 100 Source : Registre de consultation, Louga, 2013 L’analyse classificatoire donne la possibilité de faire 2 répartitions. Nous avons en premier lieu les céphalées (14%), les HTA (8,9%), les affections digestives (7,2%) et les toux (6,7%) qui sont les maladies qu’on retrouve le plus souvent au niveau des registres de consultation journalière de Louga. Il s’agit en effet les quatre premiers motifs de consultation à Linguère durant la période (avril, mai, juin). 77 Nous avons en second lieu d’autres types de pathologies qui représentent moins de 5% des consultations. Il s’agit du diabète, dermatose, IRA, asthme, hypotension, les maladies infectieuses, asthénie physique et trouble neurologique. Dans le cadre général, les affections cardiovasculaires, les céphalées/vertiges, les affections digestives et les infections pulmonaires sont des pathologies très fréquentes durant les mois d’avril, mai et juin de par leur prédominance. Les autres motifs de consultation concernent les douleurs articulaires et abdominales, les lombalgies et l’anémie etc. Par ailleurs, la morbidité à Linguère est similaire à celle observée à Louga. Le tableau cidessous donne la proportion de chaque affection durant les 3 mois (avril, mai et juin). Tableau8 : Nombre de consultants selon le type d’affection en 2013 à Linguère Affections effectif % Maladies cardiovasculaires 119 13 Traumatisme 108 12 81 9 Céphalée/Vertige Infections respiratoires 67 7 Affection digestive 57 6 maladies infectieuses 54 6 Dermatose 25 3 Toux 20 2 Fièvre 18 2 Infection urinaire 16 2 Asthénie physique 11 1 Trouble neurologique 7 1 Autres 329 36 Total 912 100 Source : Registre de consultation 2013, Linguère Nous constatons que les quatre premiers motifs de consultation regroupent 51% des consultants. Il s’agit : 78 - les maladies cardiovasculaires (13%), - les traumatismes (12%), - les céphalées/vertiges (9%) - les infections respiratoires (7%) Néanmoins les affections digestives et les maladies infectieuses affectent davantage la population de Linguère avec plus de 50 consultants pour chaque affection. La dermatose, la toux, la trouble neurologie, les maladies rénales, l’asthénie physique et la fièvre sont des affections très fréquentes. Les autres affections concernent pour la plupart des douleurs abdominales, les lombalgies, les parasitoses, les maladies de la malnutrition etc. L’analyse de la morbidité durant les trois mois (avril, mai, juin) montre la fréquence de certaines maladies avec une part prépondérante des maladies cardiovasculaires ainsi que les céphalées/vertiges dans les districts de Louga et de Linguère. Les maladies cardio-vasculaires englobent une multitude de maladies liées à un mauvais fonctionnement du cœur ou des vaisseaux sanguins qui l’alimentent. Il s’agit : - l’hypertension artérielle (élévation de la tension); - les cardiopathies coronariennes (crise cardiaque ou infarctus); - les maladies cérébro-vasculaires (accident vasculaire cérébral); - les artériopathies périphériques; - l’insuffisance cardiaque; - les cardiopathies rhumatismales; - les cardiopathies congénitales; - les cardiomyopathies. Pour la plupart des cas, les motifs de consultation sont liés à la hypertension artérielle, les cardiopathies, la hypotension artérielle, les accidents vasculaires cérébraux, le diabète. Selon l’OMS « La sixième cible figurant dans le Plan d’action mondial préconise de réduire d’un quart la prévalence mondiale de l’hypertension. L’hypertension est l’un des principaux 79 facteurs de risque de maladie cardiovasculaire. La prévalence mondiale de l’hypertension chez les adultes de 18 ans et plus s’établissait autour de 22% en 2014 »19 De plus, les céphalées et les vertiges enregistrent une prévalence élevée à Linguère (9%) et surtout à Louga (14%). En effet, une céphalée est une douleur ressentie au niveau d'extrémité de l'extrémité céphalique, c'est-à-dire communément du crâne. Les céphalées sont des maux de tête, elles sont très courantes et représentent un motif majeur et fréquent de consultation médicale. Cependant, il peut parfois traduire une maladie sous-jacente. Il arrive parfois que nous observons au niveau du registre des motifs de consultation comme la Céphalée diabétique ou Céphalée accompagnée de baisses ou hausses des tensions artérielles. Un changement de temps peut déclencher un mal de tête. Le type de maux de tête qui dépend le plus des facteurs environnementaux est la migraine. Par ailleurs, les variations de températures importantes peuvent donner mal à la tête. Les personnes les plus affectées sont plus sensibles au chaud parce que la chaleur dilate plus les vaisseaux du cerveau que le froid qui au contraire les resserre. Une céphalée est le plus souvent un symptôme fréquent et banal. Il est alors souvent passager. 19 www.who.int/fr/ 80 1.3 Répartition selon l’âge et le sexe des patients à Louga L’étude du rapport entre le genre et les affections met en exergue des disparités selon l’âge et le sexe des patient en fonction des affections. Nombre de consultants Figure 15:Répartition des affections selon l’âge à Louga 120 100 80 60 40 0-5ans 20 6-14ans 0 15-54ans 55 et plus Affections Source : Registre de consultation journaliére2013, Louga En nous employant de confronter la classe d’âge aux types d’affections, nous pouvons effectuer par ordre les analyses qui suivent : La tranche d’âge de 0 à 5ans est surtout confrontée à des affections comme les IRA (+31%), les toux (13,1%) et les dermatoses (20%). La tranche d’âge de 6 à 14 ans est touchée surtout par les céphalées (+16%), les toux (25%), les dermatoses (44%) et les IRA (22,9%) et parfois par les traumatismes et asthme et les affections digestives. La tranche d’âge comprise entre 55 ans et plus est touchée par les 12 affections : les plus fortes prévalences concernent la hypertension artérielle (62,7%), les céphalées (18,4%), les affections digestives (22,2%), le diabète (77,8%). Cette tranche d’âge est aussi affectée par les toux, IRA, traumatisme, dermatose, asthme, asthénie physique et trouble neurologique et les maladies infectieux. 81 Et en fin, la tranche d’âge comprise entre 15 et 54 ans est touchée par l’ensemble des affections présentées dans le tableau. Outre cette caractéristique propre à chaque classe d’âge, nous pouvons rajouter que les céphalées et l’hypertension artérielle constituent des pathologies qu’on peut constater non seulement chez les personnes âgées (55ans et plus) mais aussi chez les adultes (15-54 ans). Les enfants âgés entre 0 à 5 ans sont le plus souvent atteints des maladies de l’appareil respiratoire, des toux et les dermatoses, des céphalées et des traumatismes. La céphalée, une affection très fréquente touche pratiquement toutes les tranches d’âge. Contrairement aux études faites en Europe, à Louga les personnes les plus vulnérables durant cette période sont les adultes (54%) et les personnes âgées (12,6%) sur l’ensemble des affections. Par ailleurs, les enfants sont faiblement touchés par rapport aux autres classes d’âge avec 6,5%. Figure16 : Répartition des affections selon le sexe à Louga Nombre de consultants 120 100 80 60 40 Masculin 20 Féminin 0 Affections Source : Registre de consultation 2013, Louga La répartition globale homme/femme est celle recherchée à travers la figure2. Une prédominance du sexe féminin est observée sur les affections avec 33,9% et le sexe masculin concentre 17,9%. Sous ce rapport, à l’exception de l’Asthénie physique (3,2 %) d’hommes contre (0,7 %) de femmes, on constate toute proportion gardée, que le taux de consultation est plus élevé chez les femmes que chez les hommes. 82 Outre, nous constatons également des écarts significatifs entre les deux sexes pour une même affection : certaines pathologies comme les HTA, le nombre de cas pour les femmes (75,7%) fait plus le double de celui des hommes (24,3%). Aussi les céphalées affectent davantage les femmes (26,6%) que les hommes (37,4), les affections digestives touchent inégalement les femmes (77,8) et les hommes (22,2%) et les IRA avec 70,8 pour les femmes et 29,2% pour les hommes. Par contre pour d’autres comme les toux, le taux de consultation est quasi le même aussi bien pour les hommes (49,4%) que pour les femmes (50,7%). Le dépouillement du registre de consultation journalière durant la période (avril, mai, juin) montre qu’en 2013 que le nombre de consultation est plus élevé chez les femmes que les hommes à Louga. Ainsi les maladies cardiovasculaires et les céphalées/vertiges sont des pathologies les plus fréquentes en période de forte canicule. I.4 Répartition selon l’âge et le sexe des patients à Linguère L'analyse de la relation entre l'âge, le sexe et les affections montre une répartition des affections en fonction des classes d'âge et du sexe. Les figures 9 et 10 montrent que le nombre de consultants de consultants par classe d'âge et par sexe varie en fonction des affections. Les enfants souffrent davantage des infections respiratoires (bronchite, pneumopathie, asthme) les maladies infectieuses, la dermatose, la fièvre et parfois les traumatismes. Les plus de 54 ans sont surtout affectés par l’hypertension artérielle, les affections digestives, les céphalées et vertiges. A l’exception des traumatismes et des toux, toutes les affections sont plus élevées chez les femmes que les hommes. La classe d’âge 6-14 ans est affectée par les traumatismes, les infections respiratoires, les affections digestives. Les adultes (15-54) sont affectés par l’ensemble des affectées mais les plus fréquents sont l’hypertension artérielle, les traumatismes, les céphalée/vertige, les infections respiratoire, les affections digestives et les maladies infectieuses. L’analyse de la morbidité selon le genre évoque un problème sanitaire spécifique aux différentes tranches d’âge et le sexe. 83 Effectif Figure17 : Répartition des affections selon l’âge à Linguère 100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0-5 ans 6-14ans 15-54ans 0 plus de 54 ans affections Source : Registre de consultation 2013 Effectif Figure18 : Répartition des affections selon le sexe à Linguère 100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 Masculin Féminin 0 Affection Source : Registre de consultation 2013 84 L’exploitation des données sanitaires (registre de consultation, rapport d’activité) dans les districts de Louga et de Linguère montre des inégalités des problèmes de santé. En 2013, la morbidité observée à Louga (57,7%) est plus importante que celle observée à Linguère (42,3%) par rapport à l’effectif total des consultants durant les mois avril, mai et juin. Par ailleurs nous y retrouvons les mêmes affections. En effet les maladies cardiovasculaires (hypertension artérielle, diabète, accident vasculaire cérébral), les affections digestives (épigastralgie, GEA), les maladies infectieuses, les affections respiratoires (asthme, bronchite) et les affections urogénitales sont les premières causes de morbidité dans les districts de Louga et Linguère en 2013. Les affections sont plus fréquentes chez les femmes que les hommes. 1.5 -Répartition spatiale des consultants Des écarts sont notés entre les localités les plus fréquentes du registre de consultation 2013. Les tableaux ci-dessus donnent la proportion des consultants en fonction de leur origine. Tableau 9: Les consultants selon leur origine à Louga Localité Effectif % Montagne 363 29 Keur serigne Louga 191 15 Artiellerie 168 14 Santhiaba 104 8 Thiokhna 26 2 Diélerlou 9 1 Niéme 3 0,3 Autres 379 31 Total 1243 100 Source : Registre de consultation 2013, Louga L’exploitation du registre de consultation indique que les consultations sont plus importantes en milieu urbain qu’en milieu rural. 85 En effet, des disparités sont observées au sien des quartiers : le quartier Montagne enregistre le plus fort taux de consultation (29%), le quartier de Keur Serigne Louga et Artiellerie enregistre respectivement 15% et 14% l’effectif des consultants. Cependant, il est plus faible dans le quartier Thiokhna (3%). Ainsi, la périphérie de la ville est plus densément peuplée que le centre-ville. En effet, les quartiers périphériques Keur Serigne Louga, Santhiaba et Montagne concentrent près de la moitié de la population, le centre-ville (Thiokhna) étant occupé par les commerces et certains établissements publics et privés. Ainsi, l’effectif des consultants est plus important dans quartiers périphériques que dans le centre-ville. En effet, le quartier montagne enregistre près de la moitié de l’effectif des consultants du fait de la proximité du centre de santé permettant de mesurer l’accessibilité géographique à une structure de soins. Le quartier de Keur Serigne Louga et Artillerie, du fait de leur poids démographique enregistre une part moins importante que celle de Montagne. Par contre le taux de consultation dans le quartier Thiokhna est minime par rapport aux autres quartiers du fait qu’il est dominé par l’activité commerciale et les services administratifs. Tableau10 : Les consultants selon origine à Linguère Localité effectif % Thiélly 135 15 Linguére Coumba 122 13 Abattoire 103 11 DVF 41 5 Linguère Diombor 21 2 Guenenne 14 2 Autres 476 52 Ensemble 912 100 Source : Registre de consultation 2013 86 A Linguère, les plus forts taux de consultants sont observés dans les quartiers de Thielly (15%) et de Linguère Coumba (13%) où sont concentrés l’essentiel des infrastructures de la ville. Comme dans le quartier de Montagne à Louga, le centre de santé de Linguère se situe dans le quartier Thiélly, ce qui traduit un accès assez important à la structure de soins. Il est important de noter que les villages ne disposant pas de poste de santé ont une fréquentation plus élevée que ceux qui disposent d’un poste de santé. A titre d’exemple, les populations des collectivités locales de thiargny, Gassane, Thiel, Barkédji, Dodji, Labgar et Warkhokh fréquentent le centre de santé pour bénéficier des soins de qualité pour certaines catégories de maladie 20 . Ainsi, les communautés urbaines pauvres ont souvent une plus faible accessibilité géographique (COGME, 2010; Rosenblatt et Lishner, 1991). Plusieurs méthodes ont été utilisées pour mesurer l’accessibilité géographique aux structures sanitaires : distance à la structure sanitaire la plus proche (Német et Bailey, 2000; Gabrysch et al. 2011), densité de structures ou de praticiens à l’intérieur d’une unité administrative (Niang et Handschumacher, 1998), modèle gravitaire (Hansen, 1959; Mercier et al, 2008)21 . En somme, les quartiers à proximité du centre de santé et les quartiers surpeuplés enregistrent les plus forts taux de l’effectif des consultants. Ainsi l’accessibilité géographique explique l’inégale répartition des consultants selon le lieu de provenance. Les inégalités d’accessibilité à l’offre de soins sont souvent à des facteurs politiques (insuffisance ou absence de structures de soins) mais aussi des facteurs sociaux et culturels. Des écarts sont notés entre les différentes localités en fonction du nombre de consultants du centre de santé pour les mois d’avril, mai et juin. L’exploitation du registre de consultation indique que les consultations sont plus importantes en milieu urbain qu’en milieu rural. En effet les quartiers de Thiélly (36%) et de Linguère coumba (32%) enregistrent les forts taux de consultation suivi le quartier Abattoire avec 28% des consultations contre 4% en milieu rural. Plan d’investissement communal (PIC Linguère) Mesure de l’accessibilité géographique aux structures de santé dans l’agglomération de Dakar, Alphousseyni Ndonky, Sébastien Oliveau, Richard Lalou et Stéphanie Dos Santos 20 21 87 II. EVOLUTION DE LA MORTALITE DANS LES STRUCTURES DE SOINS II.1 Evolution trimestrielle de la mortalité dans le centre de santé de Linguère L’analyse de la mortalité trimestrielle du centre de santé de Linguère montre également du nombre de décès enregistré au niveau de chaque trimestre. Les premières causes de mortalité en 2013 d’après les hospitalisations du centre de santé de Linguère en fonction des trimestres sont présentées dans le tableau ci-dessous (tableau n° 5). Tableau 11 : mortalité trimestrielle du centre de santé de Linguère en 2013 trimestres jan-fev-mars effectif des décès % avr-mai-juin juil-aout-sept oct-nov-dec TOTAL 7 9 7 5 28 25 32 25 18 100 Source: Rapport d’activité trimestrielle du centre de santé de Linguère (2013) L’évolution de la mortalité en 2013 présente une variation saisonnière avec un maximum marqué durant la période caniculaire. La mortalité enregistrée en 2013 est de 28 cas de décès. Mais elle est plus élevée en saison sèche (avril, mai et juin) avec 9 cas de décès soit un taux de 32%. Le premier trimestre et le deuxième trimestre enregistre le même taux de mortalité de 25%. En 2013, la mortalité observée au cours de ces périodes est due aux maladies cardiovasculaires, aux accidents vasculaires cérébrales, aux maladies infectieuses, au Cancer, aux affections gastro-intestinales et d’autres causes entrainant parfois le phénomène de déshydratation surtout chez les personnes âgées. 88 En ce qui concerne la mortalité en 2014, le tableau ci-dessous permet de constater le nombre de décès enregistré par trimestre. Tableau12 : Mortalité trimestrielle du centre de santé de Linguère en 2014 trimestres jan-fev-mars avr-mai-juin effectif des décès % juil-aout-sept oct-nov-dec TOTAL 5 5 8 2 20 25 25 40 10 100 Source : rapport d’activité 2014 L’analyse de ce tableau en 2014 montre également une variation de la mortalité en fonction des saisons. Mais ce qu’il y’a lieu de préciser c’est que le trimestre qui a coïncidé avec la période hivernale (juillet-Aout-Septembre) a enregistré plus de décès (8 cas décès soit un taux de 40%) contrairement aux autres trimestres. Au niveau du centre de santé de Linguère, la mortalité enregistrée en 2013 (28 décès) est plus importante que celle enregistrée en 2014 (20 décès). Cependant, la mortalité est essentiellement liée aux maladies cardiovasculaires. II.2 Evolution mensuelle de la mortalité La mortalité mensuelle varie de janvier à décembre, on voit qu’elle a connu une légère augmentation au mois de mars (3 cas de décès) et au mois d’avril (5 cas de décès) qui correspondent à la période avant la vague de chaleur. Outre le mois d’aout enregistre 3 cas de décès. Mais nous constatons également que la mortalité se stabilise pour les autres mois (2 cas de décès). Tableau 13: Evolution mensuelle de la mortalité en2013 mois jan fev mars avril mai juin juil aout sept oct nov dec TOTAL Effectif 2 2 3 5 2 2 2 3 2 2 2 1 28 des décès Source : Rapport d’activité 2013 En analysant le tableau ci-dessus, nous constatons qu’en 2013, le nombre de décès est plus élevé au mois d’avril (5décés). Parallèlement en 2014, la mortalité observée est plus importante au mois d’avril car ayant 5cas de décès par rapport aux autres mois. 89 Les premiers causes de la mortalité du centre de santé de Linguère sont les maladies cardiovasculaires (hypertension artérielle, accident vasculaires cérébral, les cardiopathies etc.). D’autres cas de décès sont liés aux maladies gastro-intestinales et les maladies infectieuses. Il existe d’autres causes de décès non identifiées. Il est à noter que les décès dus aux maladies cardiovasculaires surviennent généralement à un âge plus avancé. Il est évident que l'analyse de la morbidité diagnostiquée seule ne permet pas de cerner l’incidence sanitaire de la vague de chaleur de mai 2013. Ainsi, il devient nécessaire d’analyser la morbidité ressentie et d’utiliser les données qualitatives afin d’identifier les facteurs de risques sociaux, environnementaux, politiques favorisant l’augmentation de la morbidité liée à la canicule. C'est l'objet du deuxième chapitre de cette partie. 90 CHAPITRE II : MORBIDITE RESSENTIE ASSOCIEE A LA HAUSSE DES TEMPERATURES Nous avons effectué une enquête socio-sanitaire qui a concerné 250 ménages dans les départements de Louga et Linguère. L’objectif de notre enquête est : - Etudier la morbidité ressentie et la mortalité auprès des ménages durant la vague de chaleur ainsi que le recours aux soins - Identifier les facteurs de risques sociaux, environnementaux et politiques associées aux risques sanitaires - Connaitre les capacités d’adaptation de la population face aux extrêmes chaleurs Cette enquête a duré plus d’un mois du 17 novembre au décembre 2015 dans les départements de Louga et de Linguère. Ces périodes ne correspondaient pas au période de forte chaleur dans ces zones mais nous avons fait une enquête rétrospective c’est à dire d’enquêter la population sur l’épisode de la vague de chaleur qui avait eu lieu au mois de mai 2013. Les données ont été saisies et analysées à l’aide du logiciel SPHINX PLUS 2 (V5). L’enquête a été effectuée dans 5 localités dont 3 quartiers dans la commune de Louga (Keur Serigne Louga, Hlm Bagdad, Montagne) et 2 villages dans la commune rurale de Nguidilé (Diérlerlou Syll et Nième). A Linguère, 4 Localités ont été enquêtées dont 3quartiers et 1 village dans la commune de Linguère. Notre échantillon compte 250 ménages et nous avons fait des grappes de 25ménages (5 grappes à Louga et 4 grappes à Linguère) à l’exception du quartier Keur Serigne Louga tout en essayant de respecter la représentativité spatiale de l’échantillon entre ces aires géographiques. Le quartier de keur Serigne Louga étant le plus grand quartier et le plus peuplé de la ville de Louga d’où un échantillon de 50 ménages. 91 I. Morbidité et mortalité en lien avec la canicule Selon l’OMS, le changement climatique influe sur les déterminants sociaux de la santé: air pur, eau potable, nourriture en quantité suffisante et sécurité du logement. L’accroissement des températures devrait augmenter cette charge de morbidité. Par ailleurs l’augmentation des températures serait à l’origine de la recrudescence des maladies. La Banque mondiale souligne également que le réchauffement climatique pourrait avoir un impact sanitaire en accroissant « l’incidence des maladies sous l’effet de vagues de chaleur et d’inondations». Ces phénomènes pourraient, en effet, allonger la saison de transmission des maladies propagées par les moustiques. Un réchauffement planétaire de 2 à 3°C augmenterait de 5% le nombre d’habitants exposés au paludisme, soit une hausse de 150 millions de personnes22. I.1 Morbidité ressentie I.1.1 Répartition spatiale La morbidité observée au cours de la période de la vague en 2013 a concerné la quasi-totalité des localités de notre étude .Cependant son intensité a nettement varié à l’échelle des localités variant de 9 cas à 36 cas d’affection au niveau des localités à Louga et de 11 à 20 cas au niveau des localités à Linguère lors de cet épisode de forte chaleur. Les tableaux ci-dessous montrent la morbidité différentielle par localité. 22 Direct Matin COP21 : 10 conséquences concrètes du réchauffement climatique 92 Tableau 14 : Nombre de personnes affectées à l’échelle spatiale Localités (Louga) Keur Serigne effectif % 36 Localités(Linguere) effectif 43 Louga Dierlerlou Syll % Abattoire 20 33 Linguère 16 27 15 18 Diombor 9 11 Thiélly 13 22 Montagne 11 13 Guennene 11 18 Niéme 13 15 total 60 100 total 84 100 Hlm Bagdad Source : Enquête de l’auteur, 2015 Au niveau du département de Louga, les analyses montrent un écart considérable entre la localité de Keur Serigne Louga Sud qui enregistre presque la moitié des cas de pathologies (42,9%) comparée aux quatre (4) autres localités. A la différence de Louga, nous avons à Linguère un écart léger de répartition entre les différentes localités d’Abattoire (33%), Linguère Diambor (27%), Thiélly (22%) et Guennene (18%). Dans le département de Louga, l’effectif des personnes affectées est plus élevé dans le quartier de keur Serigne Louga et dans les villages de Dierlerlou et Nième. En effet le quartier de Keur Serigne Louga étant le quartier le plus peuplé de la ville Louga avec un faible niveau de vie. Le village de Dierlerlou Syll donne l’image d’une ville du fait de l’effet de l’émigration. Outre, dans la commune de Louga, l'impact des revenus migratoires se lit dans les transformations qui s'opèrent dans l'habitat à travers les modèles architecturaux. Partout, s’élèvent des villas en terrasse et à étage. Elles sont ensuite le plus souvent carrelées et le marbre couvre le plafond. Sur les balcons, dominent des vitres teintées, bien accrochées à des cadrans en aluminium. Les travaux ont montré qu’en France la vague de chaleur de 1976, qui a touché largement le territoire métropolitain, celle de 1983, limitée aux Bouches-du-Rhône, et celles de 2003 et 2006 qui ont causé une surmortalité respectivement de 60% et de 97 %. Dans les pays occidentaux, les taux d’urbanisation sont très élevés (autour de75%). Les quartiers résidentiels tels Hlm Bagdad et Montagne sont les moins touchés bien qu’il existe du bâti avec un niveau de vie assez élevé par rapport aux autres. 93 Les résultats montrent que l’effectif des personnes affectées par la vague est plus élevé dans les quartiers défavorisés. Dans les quartiers favorisés, la plupart des ménages disposent des moyens (climatisation) pour se mettre à l’abri durant les fortes chaleurs. D’après notre analyse, la densité du bâti, les matériaux de construction des habitats et le niveau de vie sont des facteurs déterminants de l’état de santé des populations durant les périodes caniculaires. L’absence de cours d’eau ou de fleuve dans cette partie de la zone sahélienne constitue facteur un risque durant les périodes de forte canicule. Les résultats montrent que le milieu urbain est plus touché par la canicule. Cette disparité s’explique par le phénomène d’ilot de chaleur urbain qui signifie la différence de température observée entre les milieux urbains et les zones rurales environnantes. Au Sénégal, l’urbanisation galopante est portée parles grandes villes comme Dakar. En effet, la région de Dakar présente un taux d’urbanisation de 96%. Par ailleurs Dakar polarise « presque la moitié de la population urbaine du pays avec 49% » selon l’ANSD. Ainsi la forte canicule aurait une incidence sur l’état de santé de la population du fait de l’urbanisation à Dakar. Bien que les régions du Nord soient les moins peuplées l’incidence sanitaire de la canicule pèse beaucoup sur les citadins. En dépit du fait que la vague de chaleur affecte davantage les citadins, il n’en demeure pas moins qu’elle affecte aussi les ruraux du fait de leur profession (agriculture, transhumance). 94 I.1.2 Répartition de la morbidité ressentie Notre enquête révèle que 56% de la population a été affectée à Louga par la forte canicule. La figure ci-dessous présente la proportion des affections due à la forte chaleur. Figure19 : Répartition de la morbidité ressentie liée directement à la canicule à Louga Louga 21% 29% Linguère Hyperthermie 23% 36% Maux de tête Vertige 24% Maux de tête 12% Vertige autre à préciser 26% Hyperthermie Autres 29% Source : Enquête de l’auteur ,2015 En effet l’affection la plus répandue est l’hyperthermie (29% à Louga et 36% à Linguère) ou l’augmentation de la température corporelle dans le cadre d’un environnement ou d’un effort. Les signes de cette hyperthermie sont souvent la sensation de chaleur, la peau chaude, la fièvre, la céphalée et la fatigue etc. La température influence l’organisme et est un facteur de bien-être (Sagna.P et al). Il existe en effet un système de régulation (thermorégulation) interne pour maintenir la température corporelle autour de 37°C car le fonctionnement de l’organisme est alors optimal. La thermorégulation représente l’ensemble des processus permettant à l’homme de maintenir sa température interne dans des limites normales quel que soit son niveau métabolique ou la température du milieu ambiant. Elle repose sur un équilibre constant entre les apports et les pertes de chaleur. C’est l’hypothalamus qui est le centre de contrôle de la thermorégulation. Si l’air environnant est froid et sec, il est facile pour le corps de se débarrasser de la chaleur. Plus il fait chaud et plus il y a d'humidité, plus il est difficile de se débarrasser de la chaleur. 95 A Louga, les maux de tête (26%) et les vertiges (24%) sont très fréquents pendant la chaleur ainsi qu’à Linguère où on enregistre respectivement 29% et 12% pour les maux de tête et les vertiges. Les autres effets sanitaires liés à la chaleur observés durant cette période sont le paludisme, l’étouffement, insomnie, la déshydratation, le vomissement, l’épistaxis (saignement du nez), l’asthénie physique, les crises (épilepsie), les affections dermiques et le stress thermique. Certains ont des douleurs oculaires, d’autres sont affectés par une soif intense. Durant la canicule, le paludisme est très fréquent puisqu’il est à la fois l'une des maladies les plus répandues à travers le monde et l'une des plus sensibles aux conditions ambiantes. Une élévation de la température aurait pour effet de raccourcir le temps de développement du parasite chez son vecteur, ce qui accroîtrait la capacité vectorielle de l'anophèle (Besancenot, 2000)23. Par ailleurs, les personnes malades sont très touchées par cette canicule. Il s’agit le plus souvent des affections liées à la hausse des températures et à l’exposition à la chaleur. 23 Jean Pierre Besancenot : Le réchauffement climatique et la santé, les Cahiers du M.U.R.S. n°39 - 3ème trimestre 2000 96 Tableau15 : Proportion des personnes affectées ayant nt une maladie préexistante Linguère Louga Pathologies Pathologies effectif pourcentage Hypertension 33 54% Diabète 3 5% Asthme 10 17% Epilepsie 2 3% Autres causes 13 21% Total 61 100% effectif pourcentage Hypertension 10 38% Diabète 2 8% Asthme 3 12% Epilepsie 4 15% Autre causes 7 27% Total 26 100% Source : Enquête de l’auteur, 2015 Les résultats montrent également que 61% des personnes affectées à Louga et 26% des personnes affectées à Linguère lors de la vague de chaleur sont en état de santé fragile. Ce qui explique la vulnérabilité des personnes atteintes de l’hypertension, le diabète, la cardiopathie, l’asthme et l’épilepsie. D’ailleurs, les autres causes de maladies concernent la grossesse (la plus répandue), la dermatose, les infections respiratoires, les maladies rénales. A Louga, sur les 21% qui regroupe les autres causes de maladies, plus de 50% sont des femmes enceintes ainsi qu’à Linguère. A Linguère, le selon le médecin « les causes de l’hospitalisation les plus fréquentes durant la canicule de 2013 sont les maladies cardiovasculaires. » La définition de certaines pathologies liées à la chaleur serait nécessaire pour mieux comprendre l’étiologie de ces maladies. Hyperthermie : Elle est définit comme une élévation anormale de la température du corps. Cette élévation de température peut avoir plusieurs causes : - Réaction à une infection (fièvre) - Surexposition aux rayons solaires (Insolation) - Effort intense prolongé, forte chaleur (Coup de chaleur) 97 Cependant Il faut préciser la nuance qui existe entre fièvre et hyperthermie. La fièvre est considérée comme une modification du point central de la température considérée comme normale de l'organisme. Par contre l'hyperthermie résulte de l'accumulation de chaleur exogène c'est-à-dire issue de l'environnement et non pas produite par le corps. Dans certains cas on parle du coup de chaleur (appelé aussi hyperthermie maligne) désigne une défaillance des mécanismes de l’organisme visant à contrôler la température. Il survient après une longue exposition à la chaleur ou en cas d’efforts prolongés dans un environnement chaud et/ou humide. Ce malaise lié à la chaleur provoque une déshydratation. Le coup de chaleur peut survenir à tout âge, mais surtout chez : les sportifs, les personnes obèses (les plus touchés par les phénomènes liés à la chaleur), les personnes sensibles aux changements de température brutaux, les personnes âgées et les enfants. Céphalée: Selon l’OMS, Les céphalées comptent parmi les affections du système nerveux les plus répandues. Le mal de tête est la manifestation douloureuse et incapacitante d’un nombre restreint de céphalées primitives, à savoir la migraine, les céphalées de tension et l’algie vasculaire de la face. Elles peuvent aussi être provoquées par une longue liste d’états pathologiques ou survenir secondairement à ceux-ci, par exemple la céphalée par surconsommation de médicaments. Une céphalée est une douleur ressentie au niveau d'extrémité de l'extrémité céphalique, c'est-à-dire communément du crâne. Déshydratation: Une déshydratation peut survenir lorsque l'approvisionnement en eau de l'organisme est insuffisant. Certaines personnes y sont plus sensibles : les nourrissons, les jeunes enfants, les personnes âgées et les personnes souffrant d'une maladie chronique comme le diabète. Elle peut survenir à la suite des diarrhées, des vomissements ; de certaines maladies chroniques (diabète déséquilibré...) ; de prise excessive de médicaments diurétiques; de transpiration excessive (liée à une canicule...). 98 Stress thermique : « Le stress thermique est la charge thermique nette [globale] à laquelle un travailleur peut être exposé en raison de l'apport combiné de la chaleur métabolique, de certains facteurs environnementaux (température ambiante, humidité, mouvement de l'air et chaleur rayonnante) et des exigences vestimentaires24.» Lorsque la température s'élève au-dessus de la température de confort, des problèmes peuvent survenir. Il s’agit donc des réactions physiologiques et comportementales consécutives à l'exposition à la chaleur. Les premiers effets concernent la façon dont on se sent. L'augmentation de la température ou du fardeau thermique peut s'accompagner des effets suivants : - augmentation de l'irritabilité - perte de concentration et perte de la capacité d'accomplir des tâches mentales - perte de la capacité d'accomplir des tâches spécialisées ou des travaux exigeants Épuisement dû à la chaleur : Sensation de faiblesse, de lassitude, de soif et de chaleur intenses, étourdissements, troubles de la vue, nausées, vomissements, palpitations, picotement et engourdissement des extrémités consécutivement une exposition à une ambiance chaude très sévère. Le tableau ci-dessus montre la proportion de patients ayant fait recours aux soins lors de la vague de chaleur. 24 2014 TLVs and BEIs: Threshold Limit Values for Chemical Substances and Physical Agents and Biological Exposure Indices : Cincinnati, Ohio: American Conference of Governmental Industrial Hygienists, 2014, p. 215 99 Tableau16 : Taux de recours aux soins Louga recours aux Linguère effectif pourcentage soins Oui 78 92% Non 7 8% Total 84 100% recours aux soins effectif pourcentage Oui 46 77% Non 14 23% Total 60 100% Source : Enquête de l’auteur, 2015 A Louga, 92% des personnes affectées ont fait recours aux soins. Il n’y a que 8% qui soutiennent le contraire à cause du manque de moyens. Parallèlement à Linguère où 77% ont recours aux soins contre 23% qui ne sont pas allés consulter un médecin. Cette situation montre que le recours aux soins sanitaires est important dans la zone mais néanmoins beaucoup de patients font d’abord recours à la médecine traditionnelle ou à l’automédication avant d’aller vers les structures sanitaires. Ces propos du médecin chef en constitue une parfaite illustration « On reçoit parfois des malades très fatigués. Ils commencent leur traitement à la maison, avec la médecine traditionnelle et ils font recours à l’hôpital quand la maladie commence à dominer le patient». En effet certaines personnes affectées n’ont pas fait recours aux soins en raison de manque de moyen, ce qui montre que l’accessibilité traduit aussi la possibilité financière de recourir à des services de santé. D’autres n’ont pas consulté un médecin du fait qu’elles banalisent la gravité des affections liées à la canicule. 100 I.1.3 Répartition des affections selon l’âge Les affections observées liées la vague de chaleur touchent différemment les tranches d’âge. Tableau 17 : Répartition des personnes affectées selon l’âge Louga Tranche Linguère effectif pourcentage d’âge Moins de 10 Tranche effectif pourcentage d’âge 24 29% Moins de 10 27 45% 10 à 20 5 6% 10 à 20 10 17% 20 à 30 12 14% 20 à 30 4 6% 30 à 40 6 7% 30 à 40 3 5% 40 à 50 4 5% 40 à 50 4 7% 50 et plus 33 39% 50 et plus 12 20% total 84 100% total 60 100% Source : Enquête de l’auteur, 2015 101 Il ressort de ces analyses que le taux d’affection touche plus les personnes âgées de plus 50 ans et les enfants âgés de moins de 10 ans aussi bien à Linguère qu’à Louga. Ceci renseigne sur la vulnérabilité qui pèse souvent sur ces deux tranches d’âge. Concernant les enfants, on enregistre un taux beaucoup plus élevé à Linguère (45 %) qu’à Louga (29%) souffrant ainsi de paludisme, de la fièvre, de la varicelle et des infections pulmonaires. Les événements climatiques extrêmes amplifiés par la hausse de la température mondiale -ouragans, inondations, sécheresse, vagues de chaleur- accélèrent aussi la propagation des principales maladies infantiles comme le paludisme, la malnutrition, la diarrhée aigüe et la pneumonie selon l’UNICEF. Et pour les personnes âgées de plus de 50 ans, nous avons 39% des cas d’affection à Louga et 20% à Linguère. Ainsi, les personnes âgées en plus d’être plus vulnérables aux fortes chaleurs, sont également confrontées à la coexistence de pathologies générales aigues (paludisme) et de pathologies spécifiques chroniques, handicapantes et invalidantes (hypertension artérielle, diabète, rhumatisme, cancer…). Cette comorbidité est ainsi plus importante chez les personnes âgées. A cet effet « la personne âgée présente une capacité réduite d’adaptation à la chaleur, caractérisée par une réduction : de la perception de la chaleur, des capacités de transpiration, de la sensation de soif, de la capacité de vasodilatation du système capillaire périphérique limitant la possibilité d’augmentation du débit sudoral en réponse à la chaleur»25. Nous constatons également que les adolescents et les adultes souffrent en général du paludisme et d’asthme. D’ailleurs ils sont souvent exposés à la chaleur. I.1.4 Répartition des affections selon le sexe Notre échantillon est constitué d’homme et de femme dont la proportion de chacun est répartie comme suit : Tableau 18: Répartition des personnes affectées selon le sexe Louga Sexe Linguère effectif pourcentage effectif pourcentage Masculin 30 36% 33 55% Féminin 54 64% 27 45% total 84 100% 60 100% Source : Enquête de l’auteur, 2015 25 Lavallart B., Bourdon L., Gonthier R., Dab W. Pathologies consécutives à une exposition prolongée à la chaleur. Rev. Prat. 2004 ; 54 : 1298-304. Institut Nationale de prévention et d’éducation pour la santé(INPES) 102 La répartition entre les deux graphiques montre que le taux de femmes affectées (64%) prend le dessus sur celui des hommes (36%) à Louga. Cette répartition peut s’expliqué par le phénomène d’émigration dans la mesure où on compte plus de femmes que d’hommes dans la région de Louga. Cette différence s’inscrit dans la tendance habituelle constatée souvent chez certaines pathologies comme les AVC qui touchent plus de femmes que d’hommes selon la revue scientifique Stroke26. Ainsi comme l’a remarqué le Pr Cheryl Bushnell dans la même revue, si les deux sexes ont des facteurs de risque en commun comme l'âge, l'hypertension artérielle, le diabète, l'inactivité physique ou le tabac, les femmes ont des vulnérabilités propres, pour l'essentiel liées à leur vie hormonale, qui ne sont pas toujours suffisamment prises en compte par les médecins. Les résultats montrent aussi que les femmes enceintes sont vulnérables durant la canicule. Cependant, à Linguère, le taux d’affection des hommes (55%) dépasse celui des femmes de 10%. Cette disparité s’explique à travers les activités humaines. Il s’agit en général des petits bergers qui accompagnent leurs troupeaux et les paysans. Par conséquent, cette analyse montre qu’il s’agisse de l’homme ou de la femme, ce taux peut varier selon le milieu, des affections etc. 26 http://sante.lefigaro.fr/actualite/2014/02/10/21972-avc-femmes-sont-plus-severement-touchees 103 I.2 Mortalité I.2.1 Distribution spatiale des décès Les tableaux ci-dessous présentent la mortalité inégalement distribuée à l’échelle des localités. Tableau 19 : Distribution spatiale de la mortalité Localités Keur Serigne Louga effectif pourcentage 6 50% Dierlerlou Syll Localités pourcentage Abattoire 4 37% Guennene 3 27% 2 18% 2 18% 11 100% Hlm Bagdad 1 8% Linguère Montagne 2 17% Diombor Niéme 3 25% Thiélly 12 100% Total effectif total Source : Enquête de l’auteur, 2015 La mortalité a concerné presque l’ensemble des localités enquêtées. La mortalité est de 12 cas de décès à Louga et de 11 cas de décès à Linguère .Ainsi la mortalité concerne les villes aussi bien que les villages mais elle est plus importante dans les villes. Par ailleurs, les décès enregistrés à la maison (67%) sont plus importants que ceux enregistrés à l’hôpital (33%) parallèlement à Linguère où 64% des décès ont lieu à la maison et 36% à L’hôpital. Cependant, il est important de noter que la plupart des décès enregistrés sont liés à l’aggravation des maladies comme les maladies cardiovasculaires, les maladies rénales, les affections neurologiques etc. Ce qui confirme ainsi la « transition épidémiologique » formulée par Abdel Omran en 1971 pour traduire l’évolution des causes de décès en relation avec l’amélioration de l’espérance de vie. Notons que la mortalité observée durant cette période de forte chaleur est fortement liée aux maladies cardiovasculaires. 104 Figure20 : proportion de personnes décédées souffrant d’une maladie Louga 33% 42% 8% 17% Linguère Hypertension Diabète 36% 46% Asthme Autres causes Hypertension Diabète autres causes 18% Source : Enquête de l’auteur, 2015 Les résultats montrent que la mortalité enregistrée durant la forte canicule est de 8% soit 12 décès à Louga. La plupart des décès sont liés à l’hypertension (33%). Les décès liées au diabète est de 13% et l’asthme 8%. A Linguère les décès enregistres est de 11%. La plupart des décès enregistré souffrait de maladies cardiovasculaires: 36% pour l’hypertension et 18% pour le diabète. Les autres personnes décédées soufrant de cardiopathie, de cancer, des maladies rénales, des maladies infectieuses comme le paludisme. Par conséquent, les décès par maladies cardiovasculaires sont les premières causes de mortalité en période caniculaire. I.2.2 Répartition des décès selon l’âge Les diverses tranches d’âge ont été inégalement affectées. Le tableau ci –dessous montre la proportion des personnes affectées selon l’âge. 105 Tableau20: Proportion des décès selon l’âge Louga Linguère Tranche d’âge effectif pourcentage Tranche d’âge Moins de 10 2 17% Moins de 10 1 9% De 10 à 20 2 17% De 10 à 20 1 9% De 20 à 59 1 8% De 20 à 30 1 9% De 60 à 69 2 17% De 30 à 59 1 9% 70 et plus 5 41% 60 et plus 7 64% Total 12 100% Total 11 100% effectif pourcentage Source : Enquête de l’auteur La répartition des décès selon l’âge montre une part prépondérante des personnes âgées de 70 ans et plus (41%) à Louga et des personnes âgées d e 60 ans et plus (64%) à Linguère. La proportion des enfants et des adultes décédés est moins importante que celle des personnes du troisième âge à Louga comme à Linguère. I.2.3 Répartition des décès selon le sexe La mortalité enregistrée a concerné les deux sexes bien qu’elle est inégalement répartie. Tableau21 : Proportion des décès selon le sexe Louga sexe Linguère effectif pourcentage sexe effectif pourcentage Masculin 5 42% Masculin 4 42% Féminin 7 58% Féminin 7 58% 12 100% 11 100% Total Total Source : Enquête de l’auteur, 2015 Les tableaux ci-dessus montrent une prédominance de la mortalité féminine sur celle masculine à Louga comme à Linguère. A Louga, la mortalité des femmes (58%) est légèrement supérieure à celle des hommes (42%). Mais à Linguère, la mortalité observée chez les femmes (64%) fait 106 le presque le double de celle des hommes (36%). Cette situation peut s’expliqué par la composition démographique de la région car elle est composée en majorité par le sexe féminin. II. Etude des facteurs associés à l’impact de la chaleur Dans un espace géographique, la population peut être confrontée à des risques différents qui dépendent des conditions de vie physique et sociale. Les analyses épidémiologiques de l’incidence sanitaire de la vague de chaleur de mai 2013 ont montré le rôle déterminant de la canicule. Elles permettent également de montrer l’importance des facteurs de risques environnementaux, sociaux et comportementaux. L’impact sanitaire d’une vague de chaleur dépend de trois facteurs: persistance d’une période de forte chaleur, exposition de la population et facteurs de risque individuels de la population exposée. Plusieurs facteurs peuvent contribuer à la survenue de pathologies liées à la chaleur. II.1. Facteurs environnementaux Les vulnérabilités et facteurs de risque environnementaux sont liés aux caractéristiques de logement dans les espaces géographiques. Il est jugé nécessaire de décrire l’environnement favorisant le risque sanitaire lié à la chaleur afin de mettre en évidence le niveau d’exposition de la population. Plusieurs facteurs liés au cadre de vie expliquent la morbidité observée pendant la période caniculaire. Le type d’habitat (petit appartement et matériaux de construction), l’absence de végétation et de climatisation peuvent ainsi expliquer le risque sanitaire associé à la hausse des températures. Figure21 : Morbidité ressentie à l’échelle temporelle 106 Non réponse 39 Maux de tête 27 Vertige 46 Hyperthermie 32 Autres Non réponse Matin Midi Soir Cette figure met en exergue la morbidité ressentie par la population enquêtée selon le moment. Les résultats ont montré que plus de la moitié des personnes malades (57,7%) lors de la vague de chaleur sont affectées le soir à partir de 20h. Il s’agit un des facteurs climatiques que les populations sont souvent confrontées. En effet, l’augmentation des températures minimales ne 107 permet pas une récupération normale du corps pendant la nuit entrainant ainsi des effets néfastes sur la santé. Concernant les affections liées à la forte chaleur, on en retrouve l’hyperthermie, les maux de tête, le vertige. Les autres affections concernent le plus souvent l’insomnie, des bouffées de chaleur, l’épistaxis, l’étouffement, la fatigue, la crise d’asthme, épilepsie etc. Ce qui montre ainsi l’effet des températures nocturnes sur la santé des populations. Notre enquête révèle également qu’une part importante des individus a été affectée vers midi entre 12 et 15h heures auxquelles on note une très forte température avec 50 cas soit un taux de 34,7%. Seule une infime partie de la population enquêtée (14,6%) a été affectée le matin. Par ailleurs, l’impact de la canicule touche essentiellement les villes et dans une moindre mesure les villages. Le contexte climatique actuel dans lequel les périodes de chaleurs extrêmes sont de plus en plus fréquentes explique la présence de pathologies liées à la chaleur. Les résultats de notre enquête montrent qu’en dehors des quartiers d’Hlm Bagdad et de Montagne où nous avons respectivement quatre (04) et deux (02) ménages, tous les autres ménages résidant dans le quartier de Keur Serigne Louga ne disposent pas de climatiseurs. La situation est plus critique à Linguère où presque tous les ménages ne disposent pas de climatiseur (99%). En effet le village de Guénnene est marqué par une absence totale d’électricité qui ne permet pas un accès à la climatisation à l’intérieur des chambres. Dans une zone où la température moyenne annuelle est élevée, une telle faiblesse du taux d’équipements en climatiseurs s’explique par des raisons économiques car le niveau de vie n’est pas élevé pour permettre à la grande majorité de la population de supporter les charges liées à la climatisation de leurs ménages. La densité de l’habitat semble être un facteur de risque d’où la prévalence est plus importante dans les villes que dans les villages. A Linguère, plus de 41% des maisons sont en construction dure (ciment, béton) et 39% des ménages logent dans des maisons à construction semi dure (zinc, toit fait d’ardoise). Des études ont montré que « les impacts d’une canicule sont aussi modulés par la morphologie urbaine et la conception des bâtiments qui peuvent être susceptibles, localement, d’en aggraver les effets ». D’après le rapport PIC de Linguère les constructions en dur représentent 93,3% contre 6,7% seulement pour les habitats en paille. 28,58% des habitats de la commune sont dans un bon état contre 10,74% qui sont dans un état de dégradation. Cette différence s’explique notamment par le phénomène d’Îlots de chaleur urbains (ICU). Dans les grandes agglomérations, les activités humaines sont sources de chaleur, le grand nombre de constructions ralentit le vent, l'absence ou la rareté de la végétation réduit l'évapotranspiration, tous ces facteurs concourant à l'apparition d'îlots de chaleur, avec le maintien de 108 températures nocturnes élevées27. Il est souvent évoqué que la présence d'un flux de chaleur lié au chauffage urbain, à la circulation automobile et à l'activité industrielle s'avèrent aussi des facteurs qui contribuent de façon significative au développement des îlots de chaleur. Par conséquent le phénomène de l’urbanisation est un facteur de risque des affections liées à la chaleur. Ce qui explique que les citadins sont très touchées par les effets de la canicule. Dans les pays développés, les trois quarts de leurs habitants vivant dans les villes. Mais aujourd’hui, leur croissance urbaine est faible. Nous remarquons donc que l’urbanisation s’est faite bien plus tôt dans les pays développé, les pays du « Nord » que dans les pays en développement, les pays du « Sud » qui réalisent leur urbanisation actuellement. Au Sénégal, l’urbanisation galopante est portée par les grandes villes comme Dakar. En effet, la région de Dakar présente un taux d’urbanisation de 96%, là où Thiès est à 49% d’urbanisation et rassemble 14% de la population urbaine. Par ailleurs Dakar polarise « presque la moitié de la population urbaine du pays avec 49% » selon l’ANSD. Ainsi les régions du Nord sont les moins peuplées et moins urbanisées. Les résultats de notre enquête montre que le milieu rural est aussi affectée que le milieu urbain. A Linguère 89% des ménages utilisent le bois de chauffe pour cuisiner et 37% préparent le repas à l’air libre. De ce fait les femmes sont souvent exposées à la chaleur du fait qu’elles préparent le repas à l’air libre sans aucun toit, d’autres ont des cuisines faites en zinc. Les individus ne bénéficiant pas d’endroit frais ou climatisé accessible sont à risque. Par conséquent, l’exposition d’un individu à une température environnementale élevée peut entraîner des réactions directes de l’organisme en raison d’une réponse inadéquate ou insuffisante des mécanismes de thermorégulation. 27 Besancenot JP. Vagues de chaleur et mortalité dans les grandes agglomérations urbaines. Environnement Risques et Santé 2002; 1 (4):229-240. 109 Tableau22 : Disposition de ventilateurs selon la localité Louga Localités Linguère Ménages Ménages avec sans ventilateur Total Localités Ménages avec ventilateur ventilateur Keur Serigne 38 12 50 Dierlerlou Syll 12 13 Hlm 0 Total sans ventilateur Abattoire 15 10 25 25 Guennene 0 25 25 25 Linguère 16 9 25 Louga Sud 25 Ménages Diombor Bagdad Thiélly Montagne 22 3 25 Nième 5 20 25 Total 102 48 150 Total 21 52 4 25 48 100 Source : Enquêtes de l’auteur, 2015 Les résultats de ce tableau informent sur l’utilisation de ventilateurs en période de chaleur. Ceci étant, force est de constater qu’à Louga plus de la moitié des ménages disposent de ventilateurs (68%). Pour ceux qui n’en disposent pas (32%), on en retrouve partout sauf à HLM Bagdad où chaque ménage s’est doté au moins d’un ventilateur. A Montagne comme à Keur Serigne Louga Sud également, le nombre de ménages qui n’utilisent pas de ventilateurs reste très faible par rapport à la taille de la population. Et c’est le contraire dans le village Nième où 20% des ménages n’ont pas de ventilateurs du fait des moyens déficitaires. A Linguère, 52% de la population utilisent des ventilateurs mais l’utilisation diffère à l’échelle des ménages. Par exemple dans le quartier Thiélly, plus de moitié des ménages disposent au moins d’un ventilateur. Par contre, l’utilisation des ventilateurs est assez faible à Abattoire. Dans le village de Guennene, aucun ménage ne dispose de ventilateur en raison de l’absence d’électricité. Les résultats issus du tableau ci-dessous montrent le nombre de ménages où des dispositions sont prises par les résidents pour l’aération des chambres. 110 Tableau 23 : Répartition du nombre de ménages équipés de moustiquaires de fenêtres Louga Moustiquaires Linguère effectif pourcentage Moustiquaire au niveau des au niveau des fenêtres fenêtres A toutes les 3 2% fenêtres Sur quelques 34 22,70% 0 0% Sur quelques 5 5% 95 95% 100 100% fenêtres 113 75,30% moustiquaire Total pourcentage fenêtres fenêtres Aucune A toutes les effectif Aucune moustiquaire 150 100% Total Source : Enquête de l’auteur, 2015 Autrement dit, pour pouvoir continuer d'aérer la nuit lorsque les heures les plus chaudes sont passées, ouvrir les fenêtres reste la meilleure solution. Malheureusement, ceci n'est pas toujours possible, en raison de la présence de moustiques. Sur ce, le constat est qu’au niveau de Louga 75,5% des ménages, il n’y a pas de moustiquaires au niveau des fenêtres. Néanmoins, au niveau de certains ménages, les résidents se sont employés de monter des moustiquaires sur quelques fenêtres (22,70%). Enfin, il n’y a qu’une infime partie des enquêtés (2%) qui ont montés des moustiquaires au niveau de toutes leurs fenêtres. Ce qui traduit un impact sur l’état de santé de la population du aux conditions environnementales. En effet, ces dernières sont propices à la pénétration des moustiques surtout en période de forte chaleur favorisant des maladies comme le paludisme. Les résultats montrent également les heures auxquelles les individus sont affectés lors de la vague de chaleur. Il s’agit en effet un des facteurs climatiques auquel la population est souvent confrontés. 111 II.2 Facteurs socio-économiques II.2.1 Facteurs individuels - Age et sexe Les enfants de moins de 10 ans, les adultes et les personnes âgées sont des individus vulnérables lors de la vague de chaleur. La morbidité due à la vague de chaleur touche différemment les hommes et les femmes selon les études. En 1976, Hémon et Jougla décrivent également une surmortalité à prédominance féminine chez les personnes âgées de plus de 75 ans. Ainsi notre étude montre que les femmes sont plus affectées à un âge avancé, atteintes de maladies cardiovasculaires, diabète et surtout si elles sont enceintes. Le sexe masculin est surtout affectée s’il s’agit des enfants , adolescents et des adultes du fait qu’ils sont souvent exposés à la chaleur. Ils sont davantage affectés par le paludisme, l’épistaxis etc. En effet les jeux de loisirs ont tendance à exposer les enfants sous le soleil. - Etat de santé Les résultats de notre enquête montre que les personnes souffrant de maladies cardiovasculaires, les infections respiratoire, l’asthme, l’épilepsie sont de sujets vulnérables. Près de la moitié des personnes affectées lors de la canicule ont un état de santé fragile. Elles sont souvent porteuses de maladies cardiovasculaires (hypertension, cardiopathie), d’infection respiratoire, de diabète, de crise d’épilepsie, d’asthme. Les femmes enceintes sont aussi des sujets vulnérables pendant la forte chaleur. Les facteurs de risque liés à la mortalité lors de la canicule peuvent être les antécédents des maladies cardiovasculaires, des maladies rénales, du cancer, du paludisme. L’obésité est également un facteur de risque. En effet, les personnes présentant un surplus de poids ont du mal à s’adapter dans un environnement chaud. L’hypertension artérielle, ou hypertension est le premier facteur de risque d’AVC et un facteur de risque important des cardiopathies. Même si l’âge et le sexe d’une personne expliquent en partie certains cas d’hypertension, d’autres facteurs, comme un mode de vie peu sain, l’inactivité physique et la consommation de tabac, peuvent accroître le risque d’hypertension artérielle. 112 II.2.2 Catégorie socio-professionnelle -Niveau de vie Pourcentage Figure22 : Proportion des ménages ayant les plus faibles revenus à Louga 80 70 60 50 40 30 20 10 Moins de 50000 50000-100000 0 Localités ciblées Source : Enquête de l’auteur, 2015 Figure23: Proportion des ménages ayant les plus faibles revenus à Linguère 80 70 Pourcentage 60 50 40 30 Moins de 50000 20 50000-100000 10 0 Abattoire Guennene Linguère Diombor Thiélly Localités ciblées Source : Enquête de l’auteur, 2015 La répartition spatiale des revenus montre qu’à Louga le quartier de Keur Serigne Louga Sud et le village de Nième ont des revenus mensuels faibles. Parallèlement à Linguère, les ménages ayant un revenu faible de moins 50000 se trouvent dans le quartier de Abattoire (33%) et dans 113 le village de Guénnene (67%) où la majorité des ménages ne dispose pas de climatisation. Le niveau de vie semble plus élevé dans les quartiers d’Hlm Bagdad et Montagne (Louga) et le quartier de Thiélly (Linguère). L’étude montre que les personnes les plus diminues sont les sujets les plus à risque pendant une forte canicule. Selon le GIEC (2014), pendant toute la durée du XXIe siècle, le changement climatique devrait provoquer une détérioration de l’état de santé dans de nombreuses régions, et en particulier dans les pays en développement à faible revenu, comparativement à une situation de référence sans changement climatique28. L’impact se fait plus lourdement sentir sur les pays pauvres et les populations démunies (Banque Mondiale, 2000). Outre, notre enquête révèle qu’à Louga 64% ne dispose pas les moyens pour se faire soigner. Cependant il existe une corrélation entre les ménages les plus diminues et le risque sanitaire durant une forte canicule. En effet une infime partie de la population dispose de moyens pour se protéger contre la chaleur. Les déficits sont souvent liés à l’absence de climatisation, même s’il dispose de ventilation, toute la famille n’a p as accès aux ventilateurs (par exemple 2 ventilateurs en moyenne par ménage soit 24% à Louga). -Activité professionnelle Les travailleurs exposés à la chaleur à l’extérieur sont également à risque. En plus des effets directs de la chaleur, la déshydratation et la fatigue liée à la chaleur peuvent conduire à la mort. En effet les populations les plus vulnérables selon leur activité sont les agriculteurs, les éleveurs exposés à la chaleur en permanence. D’ici 2100, selon le scénario à émissions élevées RCP 8,5, la combinaison de conditions de température et d’humidité élevées dans certaines régions au cours de certaines parties de l’année devraient entraver les activités humaines normales, notamment l’agriculture ou le travail à l’extérieur (GIEC, 2014). En effet, les éleveurs pratiquent la transhumance, ils sont souvent accompagnés de leur troupeau à la recherche de bétail. Ils sont souvent affectés par la déshydratation du fait qu’ils n’amènent pas assez d’eau pour boire. L'élevage transhumant qui est le déplacement alternatif et saisonnier des animaux est un système de production animale adapté au contexte sahélien semi-aride. GIEC, 2014: Changements climatiques 2014: Incidences, adaptation et vulnérabilité, Résumé à l’intention des décideurs. Contribution du Groupe de travail II au cinquième Rapport d’évaluation du Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’évolution du climat 28 114 Il faut noter cependant que le développement économique et social de la région de Louga repose essentiellement sur la pratique d’activités du secteur primaire, en particulier l’agropastoralisme. C’est une zone à vocation essentiellement agropastorale. En effet, l’économie régionale dépend essentiellement de l’agriculture et de l’élevage. -Niveau de conscience sur le changement climatique Les résultats montrent que la majorité des personnes enquêtées sont conscients des effets du changement climatique. Elles n’ignorent pas les risques liés la canicule seulement les capacités d’adaptation sont faibles. Cependant, 47% de nos enquêtés ne sont pas conscients du changement climatique. Alors que le changement climatique est l’un des problèmes les plus importants de notre époque, car il accroît considérablement les pressions pesant sur la société et l’environnement (PNUE). Certaines personnes principalement les analphabètes considèrent le changement climatique comme un phénomène naturel, une volonté divine. De ce fait, l’ignorance des dangers liés à l’augmentation des températures devient ainsi un risque pour la population. II.3 Facteurs comportementaux Les comportements tels la proximité d’une source de chaleur peuvent être un facteur de risque des affections liées à la chaleur surtout chez les femmes qui ont l’habitude de cuisiner dans des espaces chauds, mal aérés. A Linguère près de 89% des femmes utilisent le bois de chauffe pour faire la cuisine. La fumée domestique associée à l’exposition de la chaleur représente un grave risque sanitaire chez les femmes. Figure 24: Utilisation des combustibles selon les ménages 50,7% 65,1% 43,1% 28,3% 6,3% 6,6% Personnes Personnes affectées non affectées Gaz Charbon Bois Ce figure présente le type de combustible utilisé au niveau du ménage en lien l’effectif des personnes affectées ou non par la canicule. Les résultats ont montré parmi les personnes 115 affectées lors de canicule 50,7% utilisent le gaz pour la cuisine. Bien que l’utilisation du gaz au niveau du ménage est élevée (65,1% pour les personnes non affectées), l’utilisation du bois de chauffe reste également importante pour les personnes qui ont été affectées par la canicule. Nous constatons ainsi qu’une part importante de ces personnes utilise le bois de chauffe avec 93 cas soit un taux de 43,1% par rapport aux personnes non affectées dont seul 28,3% utilisent le bois de chauffe Ce qui révèle que la plupart des personnes affectées utilisent le bois de chauffe. L’étude a montré qu’à Linguère, 89% des femmes utilisent le bois de chauffe entrainant souvent des problèmes sanitaires auxquels sont confrontées ces femmes. Il s’agit en général les habitants des quartiers défavorisés et les ruraux. Toutefois l’utilisation du charbon est un peu faible car il constitue une alternative en cas de manque de gaz. Par ailleurs, les facteurs comportementaux comme les efforts physiques constituent un risque pour la santé en cas de fortes chaleur. Les sports et les loisirs ont tendance à exposer les enfants sous le soleil. Cependant, quand la température et l’humidité sont plus élevées au cours des périodes de fortes chaleurs, les enfants risquent de développer des maladies liées à la chaleur. En effet les enfants sont moins capables que les adultes de s’adapter à la chaleur et à l’humidité et courent un risque plus élevé de développer des maladies liées à la chaleur. Ce risque augmente quand les enfants font de l’activité physique intense pendant une période de temps prolongée par temps chaud et humide. Au terme de notre analyse les caractéristiques individuelles ou collectives qui peuvent influencer sur la santé des populations montre que la combinaison de certains facteurs (environnementaux, socio-économiques, comportementaux) est source de vulnérabilité à l’extrême chaleur. Ainsi, les facteurs favorisant le risque sanitaire lié à la vague de chaleur sont présentés dans le Tableau ci-dessous. Les résultats de notre enquête révèlent que la majorité des personnes affectées logent dans des maisons basses à construction dure ou semi dure (66% des personnes affectées dans l’ensemble des deux départements). Par ailleurs, des logements mal ventilés ou non climatisés présentent également un risque grave pour ces populations. Nous notons que la plupart des ménages dispose au moins un ventilateur (parmi les 144 personnes affectées seules 85 personnes disposent au moins d’un ventilateur soit un taux de 59%). Cependant l’équipement en ventilateur est insuffisant car la majorité ne dispose qu’un seul ou deux ventilateur ; d’où un accès limité à la ventilation. En outre, le fait d’appartenir à une catégorie sociale défavorisée augmente la sensibilité de certaines populations. En effet, une proportion importante des personnes affectées ont un revenu faible (31% ont un revenu de moins de 100000 et 50,7% ont un revenu compris entre 100000 et 150000). Sachant que seul le 116 niveau de revenu ne permet pas d’identifier le facteur de risque lié à la canicule, nous constatons également que la morbidité liée à la vague de chaleur touche fortement les femmes du fait de certains comportements comme l’utilisation du bois de chauffe pour faire la cuisine surtout dans des endroits mal aérés ou ensoleillés. D’après les résultats, la proportion des personnes affectées lors de la canicule est plus élevée dans les ménages utilisant le bois de chauffe (51% des ménages utilisent le bois de chauffe et 26,3% utilisent le charbon). Ainsi, les personnes utilisant le bois de chauffe sont des sujets à risque. D’après notre analyse, le risque provient de la combinaison de plusieurs facteurs qui déterminent la vulnérabilité des populations. Ainsi, les conditions de vie quotidienne (accès à l’eau, revenu, habitat, climatisation, exposition à la chaleur) ainsi que l’âge, l’état de santé fragile rendent la population vulnérable face à l’extrême chaleur. 117 Tableau24 : Caractéristiques des personnes affectées par la vague de chaleur Facteurs de risque Environnement Indicateurs habitat Caractéristiques des ménages Maison basse Maison à - étage Effectif 95 49 - Climatisation /ventilation climatisation ventilation Sans climatisation/ ventilation socioéconomique Comportement effectif 2 85 57 revenu Moins de 100000 à Plus de 1500000 100000 150000 Effectif 45 73 26 Utilisation des combustibles Bois de charbon gaz 38 32 (Exposition à la chaleur) chauffe effectif 74 Source : Enquête de l’auteur, 2015 118 TROISIEME PARTIE Contribution à la mise en œuvre d’un système d’alerte précoce aux canicules par l’analyse des capacités d’adaptation et de résilience des communautés de base 119 L’identification des facteurs de risque sociaux et environnementaux à la suite de la canicule de 2013 devrait aboutir à la mise en place des mesures de prévention et des stratégies d’adaptation. Ainsi, l’adaptation au changement climatique désigne les stratégies, initiatives et mesures individuelles et collectives visant à réduire la vulnérabilité des populations contre les effets sanitaires liés aux vagues de chaleur. C’est dans ce cadre que le programme ACASIS met en œuvre son principal objectif qui est de « mettre en place un système d’alerte aux vagues de chaleur au Sahel adapté aux risques sanitaires des populations»29. Un système d'alerte est conçu pour alerter la population d'un événement climatique extrême (vague de chaleur) à partir d'un seuil de température bien défini. Cependant le seuil n’est pas clairement défini au Sénégal, en plus la population n’est pas préparée à ces genres d’évènement. Les études ont également montré que si les mesures à prendre pour limiter les impacts de la chaleur étaient faciles à mettre en œuvre, elles étaient peu connues et difficile à organiser pendant une crise. De ce fait, le ministère chargé de la santé n’a développé aucune stratégie afin de mieux répondre aux vagues de chaleur. Les impacts du changement climatique comme les vagues de chaleur sont ressentis par la population, ainsi de nouvelles pratiques seront nécessaires pour réduire les risques sanitaires liés à la canicule. Les habitants des départements de Louga et de Linguère adopté d’autres comportements pour faire face à la forte chaleur. Ils étaient obligés de se laver à plusieurs reprises pendants la journée, utiliser des serviettes mouillées pour se rafraîchir surtout chez les enfants du fait de leur vulnérabilité, dormir à la belle étoile lors de la canicule. Durant les fortes chaleurs, des recommandations n’ont pas été faits par les services sanitaires et les services météorologiques afin de sensibiliser la population. Alors le système n’est pas bien préparé pour alerter et prévenir les risques liés à la canicule. Par contre en France le seuil correspond généralement au percentile 99,5% sur une période de 3 jours. Il est encore temps de prévenir leurs impacts et de renforcer la résilience des populations à ces événements. Le secteur de la santé peut mettre en œuvre comme stratégie d’adaptation des plans de veille sanitaire pour les vagues de chaleur, des services médicaux d’urgence, la surveillance et contrôle accrus des maladies sensibles au climat pour faire face aux risques sanitaires liés à la chaleur. Le système d’alerte aux canicules interpelle alors le rôle déterminant des professionnels de santé et des météorologistes face aux impacts sanitaires liés à la canicule. Il devrait être fondé sur la surveillance d’indicateurs biométéorologiques et parallèlement sur la surveillance 29 Programme « Sociétés, changements climatiques et environnementaux » - Édition 2013, ANR-13-SENV-0007 120 d’indicateurs sanitaires (fréquentation des services d’urgence pour toute cause et pour des pathologies en lien avec la chaleur, les décès enregistré au niveau des services d’état civil) qui permettront d’apprécier l’incidence d’un tel évènement sur la santé. De ce fait, les services concernés tels la santé, la météorologie et la communication pourront ajuster les mesures de gestion et de prévention. La coopération entre les services climatologiques et ceux de la santé peut déclencher des mesures pour mieux protéger les populations en période d’événement climatique extrême. Le service météorologique devrait se charger de la surveillance des prévisions de températures et de seuil d’alerte et les services sanitaires doivent mettre à leur niveau un dispositif visant prévenir et à réduire les risques sanitaires. Si les prévisions météorologiques indiquent un risque suffisamment élevé d’atteindre ou de dépasser le seuil d’alerte sur une période minimale de trois jours, l’Anacim recommande le déclanchement de l’alerte. Ainsi, des actions préventives devraient être en place si le déclanchement de l’alerte concerne une prévision de vague de chaleur. Il s’agit alors de mettre en œuvre à l’échelle locale et nationale les mesures sanitaires et sociales appropriées lors d’une vague de chaleur : information des mesures de prévention, soutien aux personnes à risques identifiées, renforcement des systèmes de soins. Ainsi la collaboration entre ces deux acteurs ainsi que l’intervention les autorités municipales participent à la sensibilisation des populations à travers les médias (télévision, internet, radio communautaire). Concernant la communication, il serait intéressant de disposer d’une plateforme présentant des recommandations afin de prévenir et de réduire les risques liés à la forte chaleur puisque rien n’est encore fait concernant les impacts des vagues de chaleur sur la santé. Ainsi, la décision d’alerte aux canicules devrait tenir en compte les indicateurs tels l’intensité de la chaleur (températures maximales et températures minimales), humidité importante de l’air et le vent chaud. L’identification des personnes les plus vulnérables avant la vague de chaleur serait importante pour réduire les risques et surveiller l’état de santé lors des visites. 121 Figure25 : Schéma de système d’alerte Surveillance des Service météorologique prévisions de températures et de seuil d’alerte Services sanitaires Populations Mise en place du dispositif Changement de comportements Source : Auteur, 2015 122 CONCLUSION Les effets sanitaires liés à des températures élevées ainsi que des facteurs de risque sont identifiés à travers cette étude et ils sont moins étudiés en Afrique principalement la zone sahélienne. En effet, les populations sensibles notamment les personnes âgées, les enfants, les personnes de santé fragile courent un risque d’être affectées par l’extrême chaleur. Le milieu urbain est plus affecté que le milieu rural du fait des facteurs environnementaux, sociaux et comportementaux. Ainsi, la concentration des bâtiments et de l’absence de la végétation sont en effet des facteurs de risque liés la forte chaleur qui sévit en milieu urbain. Les agriculteurs et les éleveurs sont vulnérables en raison de leur condition de travail en milieu rural. Il est à noter que la pauvreté est un indicateur de santé important car les personnes à risques sont marquées par un manque de moyens (revenu, climatisation), des logements mal aérés. Par ailleurs, le cadre de vie et certains comportements de la population déterminent leur état de santé. En outre, le système sanitaire n’est pas préparé face aux impacts de la canicule en matière de prévention et de sensibilisation. 123 CONCLUSION GENERALE À l’origine, la géographie de la santé s’est développée dans deux directions. D’une part la géographie des maladies qui étudie les inégalités géographiques de répartition, d’incidence et de prévalence des maladies ainsi que les facteurs de risque associés. Cette branche est très proche par ses méthodes de l’épidémiologie et s’est longtemps attachée à l’étude de la mortalité en raison des données disponibles avec les registres d’état-civil. D’autre part, la géographie des soins médicaux qui est l’étude de la répartition dans l’espace des équipements et personnels médicaux, des inégalités spatiales d’accès aux soins et de consommation médicale. La synthèse de ces deux courants forme la géographie de la santé, qui cherche les spécificités de l’espace en rapprochant les indicateurs de santé, l’utilisation et la disponibilité des soins, le contexte social et économique, l’environnement physique et climatique afin de caractériser ou de comparer des espaces ou zones géographique. Toutefois, dans un contexte de changement climatique marqué parfois par des élévations de températures d’ampleur exceptionnelle comme les vagues de chaleurs, les pistes de recherche s’intensifient encore pour cette discipline. Cependant, si de tels évènements climatiques surgissent dans des zones sahéliennes comme le Sénégal en particulier la région de Louga, des études dans ce sens peuvent aider à mieux comprendre les effets sanitaires de tels évènements sur la population ainsi que leur répartition spatiale. C’est dans ce contexte que ce travail a été mené dans le projet ACASIS au niveau des départements de Linguère et Louga en vue de mieux cerner les effets de la température enregistrée au cours de la vague de chaleur de 2013 sur la morbidité et la mortalité associées à des facteurs de risques socio-économiques, environnementaux et comportementaux. Par conséquent, à Linguère comme à Louga les résultats ont montré des similitudes en ce qui concernent l’âge, le sexe, les types d’affection et le niveau de vie des ménages. Autrement dit, les effets sanitaires de la vague de chaleur de Mai 2013 ont entrainé chez les personnes du troisième âge qui au cours de cette période éprouvent énormément des difficultés pour s’adapter. Les enfants et les adultes ne sont pas épargnés du fait de leur exposition liée aux loisirs et des conditions du travail. Les personnes fragiles c’est à dire les malades et les femmes enceintes sont une couche vulnérable durant une forte canicule. D’après notre étude, l’hyperthermie, la céphalée, la déshydratation, le vertige, l’insomnie, l’épistaxis, l’asthénie physique et le stress physique sont des affections directement liées à chaleur. En outre, 124 l’impact de la chaleur contribue à déclencher ou aggraver d’autres pathologies comme les maladies cardiovasculaires, les infections respiratoires. Par ailleurs, l’environnement, les conditions socio -économiques, le comportement de la population sont des facteurs pouvant moduler l’impact de la chaleur. Les sujets les fait certains sont plus à risque pendant une chaleur. En effet, le déficit ou l’absence de climatisation accentue la chaleur ressentie ainsi que la forte humidité de l’air. Ainsi, l’aération des chambres sans protection favorise la pénétration des moustiques et devient ainsi un risque de contracter le paludisme. Les activités telles l’agriculture, l’élevage et les travaux publics exposent davantage la population à des risques liés à la chaleur. L’analyse de la morbidité et de la mortalité montre que le milieu urbain est plus affecté que le milieu rural. Néanmoins les ruraux ne sont pas épargnés des incidences sanitaires dues à la chaleur. Ce qui explique qu’une part importante de la population est concernée d’où l’intérêt de mettre en place un système d’alerte pour lutter contre la canicule et de ses impacts sur la santé. La préparation aux événements caniculaires est donc d’une grande importance surtout dans les pays à faible revenu. A cet effet, une collaboration devrait être mise en œuvre entre la santé et la météo. Les mesures de réduction des gaz à effet de serre sont déterminantes pour limiter le réchauffement du climat à un intervalle de température permettant aux populations de s’adapter. Si l’augmentation des températures est trop importante, les efforts d’adaptation ne permettront pas de faire face aux effets délétères du climat surtout dans les villes. La connaissance des facteurs de risque chez les personnes âgées ainsi que les enfants devrait être une étude approfondie afin de limiter les effets sanitaires liés à la canicule. 125 BIBLIOGRAPHIE ACASIS (2014) : compte rendu de l’atelier T6.1 sur la mise en place d’un Système d’Alerte Précoce au Sénégal, 18-19 novembre AUGER N. et KOSATKY T. 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OBJECTIFS DE L’ETUDE……………………………………………………………………………….22 II.2.1 OBJECTIF GENERAL…………………………………………………………………………….22 II.2.2 OBJECTIFS SPECIFIQUES………………………………………………………………………..22 II.3 QUESTIONS DE RECHERCHE……………………………………………………………………………..22 II.4 HYPOTHESES……………………………………………………………………………………………….22 II.5 ANALYSE CONCEPTUELLE………………………………………………………………………………23 III. METHODOLOGIE DE RECHERCHE……………………………………………………………26 III.1 LA REVUE DOCUMENTAIRE……………………………………………………………………………26 III.1.1 DOCUMENTS SCIENTIFIQUES…………………………………………………………………26 III.1.1.1 TRAVAUX DES GEOGRAPHES DE LA SANTE……………………………………..26 III.1.1.2 TRAVAUX DES EPIDEMIOLOGISTES……………………………………………….30 III.1.2 DOCUMENTS INSTITUTIONNELS…………………………………………………………….32 III.2 LA COLLECTE DE DONNEES SUR LE TERRAIN……………………………………………………….34 III.2.1 L’EXPLOITATION DES REGISTRES DE CONSULTATION………………………………….34 III.2.2 COLLECTE DE DONNEES CLIMATIQUES……………………………………………34 III.2.3 L’ENQUETE SOCIO-SANITAIRE……………………………………………………………….35 METHODE D’ECHANTILLONNAGE……………………………………………………………………35 III.2.4 LES DONNEES CARTOGRAPHIQUES…………………………………………………………..36 129 III.2.5 LES ENTRETIENS……………………………………………………………………………………...36 III.3 LE TRAITEMENT DE DONNEES………………………………………………………………………….36 III.4 LES DIFFICULTES RENCONTREES…………………………………………………………………..36 Conclusion………………………………………………………………………………….37 PREMIERE PARTIE : GEOGRAPHIE DES DEPARTEMENT DE LOUGA ET DE LINGUERE ET EVOLUTION DES TEMPERATURES…….......................38 CHAPITRE I: GEOGRAPHIE DES DEPARTEMENT DE LOUGA ET DE LINGUERE…………………………………………………………………………….39 I.ORGANISATION TERRITORIALE……………………………………………………………………….39 II. ASPECTS HUMAINS……………………………………………………………………………………………..40 II.1- SITUATION SOCIO-DEMOGRAPHIQUE………………………………………………….40 II.2 –SITUATION SOCIO-ECONOMIQUE……………………………………………………....40 II.3 – SITUATION SANITAIRE…………………………………………………………………..41 III.ASPECTS PHYSIQES……………………………………………………………………………………41 III.1 –TEMPERATURES………………………………………………………………………….42 III.2 –VENTS………………………………………………………………………………………42 III.3– HUMIDITE…………………………………………………………………………………..43 III.4- INSOLATION………………………………………………………………………………..44 CHAPITRE II : EVOLUTION DES TEMPERATURES A LOUGA ET A LINGUERE……………………………………………………………………….45 I. É VOLUTION INTERANNUELLE ET MENSUELLES DES TEMPERATURES MOYENNES A LOUGA ET A LINGUERE…………………………………………………………………………………………47 130 I.1 EVOLUTION INTERANNUELLE DES TEMPERATURES MOYENNES………………………………..47 I.2 VARIABILITE DES TEMPERATURES MENSUELLES PAR RAPPORT LA SERIE 1985-2014………………………………………………………………….48 I.3 EVOLUTION MENSUELLE DES TEMPERATURES MOYENNES 2013/2014 A LOUGA ET LINGUERE…………………………………………………………………………………..49 II. PARTICULARITE DES TEMPERATURES MAXIMALES ET MINIMALES DE L’ANNEE 2013 PAR RAPPORT AUX ANNEES 2012 ET 2014 ………………………..51 II.1 EVOLUTION DES TEMPERATURE MAXIMALES ET MINIMALES DES ANNEES 2012, 2013 et 2014 A LINGUERE………………………………………….. 51 II.2 EVOLUTION DES TEMPERATURE MAXIMALES ET MINIMALES DES ANNEES 2012, 2013 et 2014 A LOUGA………………………………………………53 III.EVOLUTION DES TEMPERATURES JOURNALIERES DU MOIS DE MAI 2013………………………………………………………..55 III.1.ANALYSE DES MAXIMAS ABSOLUS ET DES MINIMAS ABSOLUS DE LA PERIODE DU 20 AU 27 MAI2013……………………………………………………55 III.2. ANALYSE DES TEMPERATURES JOURNALIERES PAR TRI HORAIRE…..........................................56 CONCLUSION PARTIELLE………………………………………………………………………………………59 DEUXIEME PARTIE : CONSEQUENCES SANITAIRES LIEES A LA VAGUE DE CHALEUR………………………………………………………61 CHAPITRE I: ANALYSE DE LA MORBIDITE DIAGNOSTIQUEE ET DE LA MORTALITE EN RELATION AVEC LA VARIABILITE CLIMATIQUE ………………………………………..61 I. MORBIDITE DIAGNOSTIQUEE DANS LES STRUTURES DE SANTE………….61 I.1 EVOLUTION TEMPORELLE DE LA MORBIDITE DIAGNOSTIQUEE DANS LES DISTRICTS SANITAIRES DE LOUGA ET DE LINGUERE ……....61 I.1.1 EVOLUTION DE LA MORBIDITE DIAGNOSTIQUEE 2013 ET 2014………..61 I.1.2 EVOLUTION TRIMESTRIELLE DE LA MORBIDITE PROPORTIONNELLE………………………………………………………………….63 I.1.3 EVOLUTION MENSUELLE DE LA MORBODITE…………………………….65 I.1.4 EVOLUTION JOURNALIERE DE LA MORBIDITE…………………………...73 131 I.2 REPARTITION DES AFFECTIONS……………………………………………………………………………….74 1.3 REPARTITION SELON L’AGE ET LE SEXE DES PATIENTS A LOUGA……………………………..79 I.4 REPARTITION SELON L’AGE ET LE SEXE DES PATIENTS A LINGUERE……………………………81 1.5 REPARTITION SPATIALE DES CONSULTANTS………………………………………………………….83 II.EVOLUTION DE LA MORTALITE DANS LES STRUCTURES DE SOINS……….86 II.1 EVOLUTION TRIMESTRIELLE DE LA MORTALITE DANS LE CENTRE DE SANTE DE LINGUERE…………………………………………………………………………………………..86 II.2 EVOLUTION MENSUELLE DE LA MORTALITE…………………………………………………………….87 CHAPITRE II : MORBIDITE RESSENTIE ASSOCIEE A LA HAUSSE DES TEMPERATURES………………………………………………………….89 I. MORBIDITE ET MORTALITE EN LIEN AVEC LA CANICULE…………………………………………………….90 I.1 MORBIDITE RESSENTIE……………………………………………………………………………………………90 I.1.1 REPARTITION SPATIALE…………………………………………………………………………………..90 I.1.2 REPARTITION DE LA MORBIDITE RESSENTIE…………………………………………………………93 I.1.2 REPARTITION DES AFFECTIONS SELON L’AGE……………………………………………………….99 I.1.3 REPARTITION DES AFFECTIONS SELON LE SEXE……………………………………………………100 I.2 MORTALITE………………………………………………………………………………………………………..102 I.2.1 DISTRIBUTION SPATIALE DES DECES…………………………………………………………………102 I.2.2 REPARTITION DES DECES SELON L’AGE……………………………………………………………..103 I.2.3 REPARTITION DES DECES SELON LE SEXE…………………………………………………………….104 II. ETUDE DES FACTEURS ASSOCIES A L IMPACT DE LA CHALEUR………………………………………….105 II.1 FACTEURS ENVIRONNEMENTAUX………………………………………………………………………….105 II.2 FACTEURS SOCIO-ECONOMIQUES………………………………………………………………………….110 II.2.1 FACTEURS INDIVIDUELS…………………………………………………………………………. 110 132 II.2.2 CATEGORIE SOCIO-PROFESSIONNELLE……………………………………………………111 II.3 FACTEURS COMPORTEMENTAUX…………………………………………………………………..113 TROISIEME PARTIE : CONTRIBUTION A LA MISE EN ŒUVRE D’UN SYSTEME D’ALERTE PRECOCE AUX CANICULES PAR L’ANALYSE DES CAPACITES D’ADAPTATION ET DE RESILIENCE DES COMMUNAUTES DE BASE.................................117 CONCLUSION ………………………………………………………………………………………………..121 CONCLUSION GENERALE…………………………………………………….122 BIBLIOGRAPHIE…………………………………………………………………12 133 134