Soins libéraux 26/03/04 16:14 Page 37 Soins Libéraux Le cancer du sein Plan cancer : priorité au dépistage Le Plan cancer engagé par les pouvoirs publics est formel. Le dépistage du cancer du sein est essentiel. D’où les mesures prises pour la gratuité de la mammographie, et qui devraient réduire de 30 % la mortalité. Ce cancer a une bien triste réputation. e cancer du sein est une tumeur maligne qui prend naissance dans les cellules de la glande mammaire. Il ne doit pas être confondu avec les nombreuses autres nodosités palpables, généralement bénignes, qui se développent dans le tissu conjonctif ou adipeux du sein. L Facteurs de risques Le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez la femme. En dehors des prédispositions génétiques, d’autres facteurs de risque ont été avancés comme la consommation excessive d’alcool, de tabac, l’obésité post-ménopausique. Le mode de vie semble jouer un rôle : les coutumes anglo-saxonnes semblent, sur ce point, plus toxiques que les usages latins, notamment alimentaires. Des premières règles précoces, une ménopause tardive semblent prédisposantes, contrairement à une grossesse précoce ou à des grossesses nombreuses. La prise de la pilule à des fins contraceptives est dénuée de risque. Est à surveiller : l’existence d’une tumeur bénigne ou d’un kyste. Des traitements moins mutilants et plus ciblés Plus précoce est le diagnostic, plus efficace sera le traitement. Le premier moyen thérapeutique a été et demeure encore chirurgical. Aujourd’hui, la chirurgie est la plus conservatrice possible et couplée à la stratégie du ganglion sentinelle. Il s’agit de repérer par marquage le premier ganglion filtrant la lymphe du sein et de l’analyser afin de décider de la nécessité ou non de faire un curage ganglionnaire. Ne plus ôter systématiquement la chaîne ganglionnaire devrait ainsi permettre de diminuer la fréquence des œdèmes post-opératoires avec réalisation d’un gros bras infiltré. L’irradiation post-chirurgicale permet de diminuer considérablement le risque de récidive, qui serait divisé par 6 sur 5 ans, passant de 35 % à 5 % à la suite d’une action directe sur les cellules résiduelles cancéreuses. Les zones d’irradiation, les doses employées, leur pénétration sont mieux ciblées, ce qui permet d’affiner les résultats tout en diminuant, surtout, les risques iatrogènes de surface. L’atteinte du cœur et des poumons est ainsi désormais inexistante. Après la chirurgie et la radiothérapie, Quelques chiffres : ✓ Plus de 40 000 nouveaux cas par an en France, dont plus de 3 000 liés à une prédisposition génétique. Soient 300 000 personnes atteintes vivant à ce jour. ✓ En France, au cours de sa vie, une femme sur 10 est touchée. ✓ 11 000 décès par an, soit 40 % des décès des femmes avant 65 ans. ✓ 60 % des tumeurs bénéficient d’un traitement conservateur. ✓ La survie à 5 ans est de 73 %, de 59 % à 10 ans. Source : ministère de la Santé www.santé.gouv.fr le traitement hormonal trouve sa place : 60 à 70 % des tumeurs sont en effet hormono-sensibles. Leurs cellules possèdent des récepteurs sur lesquels les estrogènes peuvent se fixer. Supprimer cette action, comme lutter par castration contre la production hormonale, est donc une thérapie efficace. Comme l’est également le blocage de l’enzyme aromatase transformant, au sein des tissus, les androgènes en estrogènes. Demeure enfin la chimiothérapie qui bloque les cellules en cours de division, aujourd’hui plus efficace et mieux tolérée par l’utilisation de chambres implantables reliées à un cathéter central. Jusqu’alors peu de données étaient utilisables pour décider du meilleur protocole de soin d’une tumeur, à savoir sa taille et son type, l’existence ou non d’un envahissement ganglionnaire, voire métastatique. Désormais, grâce à des puces ADN (petits supports solides de quelques centimètres carrés), il est possible d’étudier des centaines, voire des milliers de gènes provenant d’un extrait tumoral. Cette analyse, actuellement en cours d’évaluation, doit permettre de déterminer l’agressivité tumorale ; 70 gènes seraient ainsi en cause. L’étude de ce profil devrait, dans un proche avenir, permettre de mieux cibler et de personnaliser le traitement. JB Le dépistage “organisé” en France Le dépistage "organisé" concerne les femmes de 50 à 74 ans. Tous les deux ans, les femmes concernées reçoivent de leur centre de Sécurité sociale une invitation personnalisée pour bénéficier d'une mammographie gratuite. Le dépistage est réalisé dans des conditions de qualité rigoureuses : dans des centres agréés disposant d'un matériel performant et par des radiologues expérimentés, avec – en cas de doute – la possibilité d'une seconde lecture des mammographies. Le dépistage "organisé" est accessible sur l'ensemble des départements français depuis cette année. Professions Santé Infirmier Infirmière N° 53 • mars 2004 37