La Lettre du Cardiologue - n° 345 - mai 2001
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I
NFORMATIONS
mettrait de prendre en charge ces malades
plus précocement et d’éviter nombre
d’hospitalisations. Faut-il avoir recours
aux services de réadaptation cardiaque,
envisager des équipes paramédicales de
proximité, développer des hôpitaux de
jour ?
– M. Komajda a clairement rappelé les
posologies médicamenteuses optimales
recommandées dans l’insuffisance car-
diaque, effectivement atteintes dans une
minorité de cas.
Discordance perfusion-contraction : un
nouveau concept dans la physiopatho-
logie de la maladie coronaire, faisant
intervenir des micro-embolies
Le Dr Erbel a exposé un intéressant tra-
vail confrontant des données cliniques,
biologiques, angiographiques et anato-
mopathologiques concernant la physio-
logie de la plaque. Il propose une rela-
tion de cause à effet entre la rupture de
plaque, la présence de micro-emboles
distaux, l’inflammation locale respon-
sable d’une diminution locale de la
réserve coronaire et de la contractilité
myocardique. De plus, les micro-
emboles semblent favorisés par les gestes
invasifs intracoronaires.
Analyse comparative des indications de
l’échocardiographie dans les recom-
mandations AHA-ACC et SFC
En résumé, les Américains proposent un
suivi extrêmement codifié laissant peu de
place aux variantes personnelles en termes
de patients, de pathologies, de médecins et
de structure médicale, la première préoc-
cupation étant avant tout le rapport
coût/efficacité. Les Européens, notamment
les Français, appliquent plus volontiers le
principe de précaution.
Coronaropathies et valvulopathies :
dépistage non invasif des lésions coro-
naires
P. Guéret a proposé quatre techniques
d’imagerie non invasive, afin d’éviter le
recours systématique à la coronarographie
préopératoire.
Ces quatre méthodes sont la recherche de
calcifications coronaires au scanner ultra-
rapide, la reconstruction angiographique
coronaire en IRM, la recherche d’athérome
aortique en ETO et la mesure de l’épais-
seur intima-média sur la carotide en écho-
graphie. Les deux dernières se distinguent
par leur haute faisabilité, leur facilité d’in-
terprétation, leur rapidité et reproductibi-
lité, et surtout leurs excellents résultats,
permettant, grâce à une VPN individuelle
de 99 % (valeurs seuil de l’épaisseur de la
plaque en ETO < 3 mm, et de l’épaisseur
intima-média < 0,6 mm), d’éviter pour les
patients négatifs le recours à la coronaro-
graphie.
Échocardiographie et accident vascu-
laire cérébral
Cette session, très intéressante et très sui-
vie, créant une interface unique cardio-
logie-neurologie, a été animée par des
orateurs convaincus et convaincants.
D’après la méta-analyse (présentation du
Dr Mas), il existe un lien entre la présence
d’un foramen ovale et/ou d’un anévrysme
du septum interauriculaire et les AVC
“idiopathiques” des sujets jeunes. Cepen-
dant, la cause est peu spécifique, et le lien
physiopathologique plausible mais diffi-
cile à mettre en évidence. De plus, le risque
de récidive chez les sujets porteurs de ces
anomalies est très faible. Il n’y a donc pas
de répercussion pour la prise en charge thé-
rapeutique (traitement anticoagulant).
T. Lavergne a proposé une étude fort inté-
ressante sur la mise en évidence d’une vul-
nérabilité auriculaire, dans la recherche
étiologique au décours d’un AVC sans
autre cause objectivée. Sa présence per-
mettrait d’évaluer le risque fibrillatoire de
façon reproductible et fiable. Il reste à
mener une étude fondamentale, visant à
déterminer si le fait de traiter cette vulné-
rabilité entraîne une diminution des AVC,
ce qui demeure la question essentielle.
Enfin, A. Cohen a souligné l’intérêt pri-
mordial de la recherche d’un athérome aor-
tique dans l’évaluation du risque throm-
boembolique en ETO. Si l’aspect quanti
tatif
de la plaque a aujourd’hui un intérêt
démontré (épaisseur seuil > 4 mm), l’as-
pect qualitatif (présence de calcifica
tions,
d’ulcérations, d’un important contraste
spontané et d’éléments mobiles) permet-
trait de caractériser un sous-groupe de
patients à très haut risque (multiplié par 16
à 20). Les implications thérapeutiques sont
encore discutées.
Échocardiographie
D. Pellerin nous a fait part d’un travail
visant à rechercher des indices DopplerTis-
sue Imaging (DTI), qui permettraient de
distinguer les cardiomyopathies dilatées
(CMD) d’origine ischémique de celles non
ischémiques. Les résultats présentés inci-
tent en effet à mener une étude prospective.
Session commune : filiale échocardio-
graphie de la SFC/Groupe de travail de
la Société européenne de cardiologie
Des mises au point ont été faites sur les
nouvelles techniques d’échocardiographie,
utilisées notamment dans l’infarctus. Il n’y
a pas eu pendant ce congrès de réelles nou-
veautés, mais peu de centres peuvent se
targuer d’utiliser au moins une de ces tech-
niques en routine clinique :
✔Échocardiographie de contraste myo-
cardique (Dr Piérard) : des progrès sont en
cours (mode d’administration intravei-
neuse, caractéristiques des produits injec-
tés, traitement du signal ultrasonore). Elle
permet de mettre en évidence l’intégrité de
la microcirculation, qui est un prérequis à
la viabilité myocardique.
✔Le DTI et le Strain Rate Imaging qui en
découle (G. Dérumeaux) sont des tech-
niques très prometteuses de quantification
objective, fiable, précoce et reproductible
de la fonction myocardique segmentaire.
✔Le color kinesis fournit des informa-
tions de phase et d’amplitude de déplace-
ment.
✔L’échographie de stress (Dr Picano), à
la recherche de viabilité, a d’excellentes
performances, notamment dans le sous-
groupe de patients avec dysfonction VG
sévère (< 30 %), avec une amélioration
majeure du pronostic.
✔P. Assayag a rappelé l’important éven-
tail des facteurs pronostiques dans l’in-
farctus. Il a souligné deux faits : les fac-
teurs les plus pertinents sont cliniques ; les
facteurs échographiques les plus fiables
(fonction diastolique : temps de décéléra-
tion et rapport E/Vp du flux transmitral)
sont les moins utilisés.
✔À noter : l’échographie 3D, en plein
essor, se cherche encore des champs d’ap-
plication en routine.
E. Abitbol, service de cardiologie,
hôpital Saint-Antoine, Paris