Apport de l’IRM dans le cancer de la prostate : points clefs I ABOULOIAFA A ELMAROUDI F Z SENNARIA H FARAJ S BOUKLATA RABAT MAROC INTRODUCTION Le cancer de la prostate est le plus fréquent des cancers chez l’homme. y L’IRM est un outil précieux pour guider la prise en charge thérapeutique du cancer de la prostate grâce à ses nouvelles séquences (IRM dynamique, spectroscopie, IRM de diffusion). y DIAGNOSTIC y Le diagnostic du cancer prostatique est établi à partir des biopsies dont l’indication repose sur les résultats: 9 du toucher rectal, 9 du taux de PSA (prostatic specific antigen), 9 l’échographie transrectale. APPORT DE L’IRM DANS LE CANCER DE LA PROSTATE TECHNIQUE : Précautions: y y y Si le diagnostic de cancer est quasiment certain faire l’IRM avant les biopsies. L’indication de la spectroscopie suggère que le bon délai entre la biopsie et l’IRM est de 8 semaines. l’injection IM d’un antispasmodique limite le péristaltisme rectal pour les séquences supplémentaires (IRM dynamique et spectroscopie). Technique y le couplage de l’antenne de surface en réseau phasé/ou endorectale. y Les coupes de la séquence T2 axiale doivent être perpendiculaires à la face antérieure du ballonnet. y La séquence T1 doit remonter jusqu’à la bifurcation aortique pour le bilan de l’extension ganglionnaire. y IRM fonctionnelle: l’IRM de contraste : injection de gadolinium avec saturation de graisse (encore appelée IRM dynamique ou de perfusion), récemment l’imagerie de diffusion et la spectroscopie. RADIOANATOMIE NORMALE EN IRM La glande prostatique a une forme de pyramide inversée avec une base supérieure, accolée au trigone vésical, et un sommet inférieur. y Le tissu glandulaire est divisé en zones. C’est l’anatomie zonale décrite par Mac Neal ¾ La zone périphérique (ZP) 70 à 75 % ¾ La zone centrale (ZC) 20 à 25 % ¾ La zone de transition (ZT) 5 % ¾ La zone des glandes péri-urétrales (ZPU) 1 % y RADIOANATOMIE NORMALE EN IRM y y En T2, le contraste intra-glandulaire est différent: 9 la zone périphérique présente une hyperintensité . 9 la zone de transition et la zone centrale indissociables constituent la glande interne et présentent un hyposignal . La capsule prostatique est visible sous la forme d’un liseré hypointense en T2. RADIOANATOMIE NORMALE EN IRM y Les vésicules séminales et les ampoules déférentielles: en T2, leur composante stromale apparaît hypointense et leur lumière très hyper-intense. Apport de l’IRM dans le cancer de prostate Détection de la tumeur y En T2: la tumeur est localisée par une plage de tissu d’apparence hypointense dans la zone périphérique mais la spécificité est faible Diagnostic différentiel : lésions en hyposignal tels que les infarctus, les hyperplasies et les prostatites Prostate hétérogène avec deux lésions nodulaires hypointenses T2 au niveau de la zone périphérique en coupes axiale et sagittale Détection de la tumeur Processus prostatique en hyposignal T2 au niveau de la zone périphérique droite en coupes axiale et sagittale Détection de la tumeur y L’IRM dynamique compare la cinétique du gadolinium dans la tumeur, dans la prostate normale et hyperplasique. La détection du cancer prostatique repose sur un rehaussement plus intense et plus rapide dans l tissu le ti néoplasique é l i que dans d l tissu le ti prostatique t ti normal (wash-in) et une décroissance du contraste plus rapide (wash-out). Détection de la tumeur y Imagerie de diffusion ¾ ¾ ¾ Le calcul du coefficient apparent de diffusion augmente la fiabilité de l’imagerie T2 pour localiser un cancer de la zone périphérique. L’IRM de diffusion a comme avantage principal une meilleure spécificité que l’IRM dynamique pour la zone périphérique. l’hyposignal T2 des nodules stromaux s’accompagne d’une chute de l’ADC qui simule celle du cancer. Détection de la tumeur y L’IRM spectroscopique: ¾ recueille une information métabolique qui reflète les concentrations relatives de divers métabolites prostatiques (citrate, choline, créatine). ¾ On peut observer typiquement un taux élevé choline + créatine et/ou un taux réduit de citrate dans le cancer prostatique. Bilan d’Extension L’extension extracapsulaire Cinq signes: y masse > 12 mm en contact avec la capsule, y déformation régulière de la capsule, y déformation irrégulière de la capsule , incluant l’aspect spiculé des contours prostatiques, y oblitération de l’angle recto-prostatique, y asymétrie ou envahissement des pédicules neuro-vasculaires. Processus prostatique avec interruption du liséré en hyposignal T2 de la capsule dans sa portion postérieure droite Bilan d’Extension L’extension extracapsulaire Le signe essentiel est la continuité de la lésion en hyposignal avec le tissu péri-prostatique, responsable de la déformation irrégulière ou spiculée des contours prostatiques, et/ou de la visibilité directe de l’hyposignal de la tumeur dans le tissu périprostatique. Déformation des contours prostatiques et effraction capsulaire avec infiltration de la graisse prostatique et perte du liseré graisseux de séparation avec le rectum ,en coupe axiale T2 Bilan d’Extension L’envahissement des vésicules séminales et des ampoules déférentielles: y Quand l’envahissement est massif avec un hyposignal uni ou bilatéral visible dans tout ou une partie de la vésicule. y Quand l’envahissement extraprostatique est débutant, les images lacunaires dans la racine des vésicules sont plus discrètes et la comparaison avec le côté opposé est souvent utile. Processus prostatique étendu aux vésicules séminales en coupe axiale T2 Bilan d’Extension L’envahissement des vésicules séminales et des ampoules déférentielles: y y Les envahissements tout débutants, donnent un épaississement de la paroi des tubes glandulaires dont la lumière n’est pas comblée. LL’envahissement envahissement de ll’ampoule ampoule déférentielle représente une extension extraprostatique du cancer. Bilan d’Extension ganglionnaire y La recherche de métastases ganglionnaires est un des points essentiels du bilan pré-thérapeutique du cancer de prostate car les implications pronostiques et thérapeutiques sont majeures. processus prostatique avec extension ganglionnaire iliaque interne droite en coupe axiale T2 Détection des métastases osseuses Les deux principales caractéristiques des métastases osseuses du cancer de prostate sont: 9 La localisation quasi exclusive sur le squelette axial (crâne, vertèbres, côtes, bassin, humérus et fémurs proximaux). 9 L’aspect ostéocondensant lié à la stimulation de l’ostéoblastose. Détection des récidives après traitement y La surveillance du taux de PSA après prostatectomie radicale, radiothérapie ou thérapies focales (curiethérapie et HIFU) permet de sélectionner les patients à risque de récidive. y En effet, après radiothérapie ou ultrasons focalisés, les récidives peuvent bénéficier d’un traitement de rattrapage. Détection des récidives après traitement y Sur les séquences T2: la prostate résiduelle soit hétérogène et/ ou en hyposignal diffus. ¾ toute plage focalisée nodulaire en hyposignal plus intense que le reste de la prostate est considérée comme suspecte. ¾ Une atteinte des vésicules séminales est diagnostiquée devant la présence d’un épaississement de leur paroi ou d’éléments hypointenses dans leur lumière. ¾ Détection des récidives après traitement Processus hétérogène en hyposignal T2 an niveau prostatectomie en coupes axiale et sagittale de la loge de Détection des récidives après traitement y 9 9 En séquence dynamique: toute plage nodulaire présentant un rehaussement précoce et intense par rapport au reste de la prostate est considérée comme maligne. L’atteinte des vésicules séminales est diagnostiquée sur un rehaussement précoce des parois ou de la lumière de la glande. CONCLUSION L’IRM et la spectro-IRM prostatiques permettent de combiner une information anatomique et métabolique utile pour la détection, le staging et le suivi post-thérapeutique du cancer de la prostate. 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