D
ans dix pour cent des cas,
la chirurgie doit cepen-
dant être envisagée. Le
traitement des hémorroïdes concer-
ne d’abord le soulagement immé-
diat de la douleur puis, à plus long
terme, une prise en charge globale,
au sein de laquelle les nouvelles
techniques chirurgicales trouvent de
plus en plus leur place.
La pathologie hémorroïdaire repré-
sente environ 75 % des consulta-
tions proctologiques. Un vaste sujet
puisqu’elle regroupe en fait toutes
les pathologies liées à la présence
d’hémorroïdes : que ce soit les rec-
torragies, les thromboses, les prolap-
sus. Cette affection fréquente tou-
che de manière égale les hommes
et les femmes, principalement entre
40 et 60 ans. Sa prévalence, difficile
à apprécier, ne devrait pas être très
loin de 30 % de l’ensemble de la
population.
Physiopathologie
Selon la situation de l’hémorroïde, la
maladie concerne des territoires
artériels différents. Externes, l’atteinte
siège au niveau de l’artère honteuse
interne, branche de l’hémorroïdale
inférieure. Internes, c’est l’artère
hémorroïdale supérieure qui est tou-
chée. Quel est le processus qui
déclenche la maladie hémorroï-
daire ? Il n’y aurait pas seulement un
processus en cause, mais deux. Le
premier est vasculaire : une sorte de
court-circuit des réseaux intracapil-
laires provoquerait un afflux de sang
dans les plexus hémorroïdaires en
les dilatant. Le deuxième, méca-
nique, met en cause le matériel
d’ancrage de l’anus. Sous l’effet de
différents facteurs, dont les efforts
faits lors de l’émission de selles
dures, l’appareil suspenseur se dis-
tendrait, faisant glisser vers le bas les
réseaux veineux. Deux mécanismes
qui peuvent être favorisés ou
déclenchés par de nombreux fac-
teurs qui sont : la sédentarité, les
troubles du transit, l’alimentation
(utilisation répétée d’épices, d’alcool,
d’excitants). Mais il peut s’agir
aussi de la pratique de certains
sports ou de la soumission continue
à un stress important, qui sont
autant de causes fréquemment
retrouvées. Comme parfois l’utilisa-
tion répétée de certains laxatifs, et
un certain rapport avec la production
hormonale : en per menstruel ou en
per natal, les thromboses hémorroï-
daires sont plus fréquentes.
Clinique
Si la douleur fait consulter, la rector-
ragie n’inquiète pas assez le patient,
parfois même l’équipe soignante.
Une rectorragie peut être liée à la
présence d’hémorroïdes mais peut
aussi, jusqu’à preuve du contraire,
révéler une pathologie colorectale
tumorale. Une coloscopie totale doit
donc être proposée à toute per-
sonne de plus de 45 ans saignant
par voie rectale d’autant plus s’il
existe des antécédents familiaux
et/ou des facteurs de risque
tumoro-colique. Ce saignement,
classiquement du sang rouge vif
aéré, accompagnant la fin des selles,
cède à l’obturation de l’anus, une
fois les selles émises. Il n’est pas sys-
tématique et est généralement bien
toléré. Bien que, dans quelques cas,
ce saignement finisse par produire
une anémie par déglobulisation
massive. La douleur n’est pas non
plus synonyme d’hémorroïdes
puisque celles-ci ne sont doulou-
reuses que si elles ont thrombosé.
Autre manifestation révélatrice :
Malgré une incidence importante, la maladie hémorroïdaire reste un
sujet que beaucoup de patients hésitent à aborder. Pourtant plus la
prise en charge médicale est précoce, plus la maladie hémorroïdaire se
soigne facilement.
Les hémorroïdes
Un sujet encore tabou pour certains
Professions Santé Infirmier Infirmière N° 61 • janvier-février 2005
le prolapsus. Rarement complet, cir-
conférentiel, il est plus fréquemment
localisé à une hémicirconférence,
voire un quadrant. Il apparaît lors des
selles et disparaît après leur émis-
sion. Permanent, il peut devenir
douloureux, suintant et prurigineux. Il
doit alors être réintégré manuelle-
ment. En cas de rupture veineuse,
sous une trop forte pression, est
réalisée une thrombose avec son
thrombus qui est externe, extravas-
culaire et non une thrombophlébite
avec un caillot interne et son risque
embolique. L’accident n’en demeure
pas moins particulièrement doulou-
reux, nécessitant un geste thérapeu-
tique libératoire d’urgence. Il est
toujours résolutif à plus ou moins
long terme cependant. La résolution
parfois incomplète peut laisser en
place une marisque résiduelle.
Traitement
Médical, le traitement n’est justifié
que face à une polythrombose. En
ce cas, en plus des veinotoniques à
forte doses (qui n’ont pas réellement
démontré leur efficacité), seront
prescrits des antalgiques, des anti-
inflammatoires, voire des corticoïdes
par voie générale et locale. C’est le
traitement type de première inten-
tion. En cas d’échec, ou de récidives,
on doit passer aux techniques expéri-
mentales. Que ce soit la sclérothéra-
pie ou la photocoagulation. En cas
de nouvel échec, deux techniques
opératoires existent. D’abord l’hé-
morroïdectomie : méthode classique
et la plus répandue donnant plus de
90 % de résultats satisfaisants avec
cependant des suites douloureuses
et une cicatrisation longue sur 6 à
8semaines. La deuxième méthode,
l’anopexie de Longo, consiste en
l’exérèse d’une collerette de mu-
queuse rectale. Cette technique plus
récente demande cependant à être
encore évaluée, même si ses suites
immédiates déjà constatées sont
plus satisfaisantes.
Jacques Bidart
Infos ...
Contre-indications
chirurgicales pour
l’hémorroïdectomie
Aucune contre-
indication en dehors
d’une anémie impor-
tante par
saignement non
compensée.
Pour l’anopexie :
son utilisation est
impossible en cas de
lésions
proctologiques
d’accompagnement
comme une fissure
anale, une fistule,
des marisques
volumineuses. La
technique est
impossible
également lorsque
l’anus est trop étroit
ou en l’absence de
prolapsus.
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