P
OURQUOI EST-IL IMPORTANT DE METTRE EN ŒUVRE LES MOYENS DE LUTTE POUR MAÎTRISER
L’EMERGENCE ET LA DIFFUSION DE CES BACTERIES ?
Ces bactéries hautement résistantes aux antibiotiques ne sont ni plus virulentes (elles ne donnent pas de
tableau clinique plus grave) ni plus pathogènes (elles ne donnent pas plus d’infection) que leurs
homologues sensibles.
Dans la plupart des cas, si la résistance aux antibiotiques n’émerge pas directement chez les bactéries
pathogènes, le risque est que, dans un avenir proche, les mécanismes de résistance diffusent largement
parmi les bactéries responsables d’infection. La conséquence est qu’en cas d’infection, cette dernière est
plus difficile à traiter car l’arsenal thérapeutique disponible est restreint et le risque d’impasse
thérapeutique majeur. Le risque in fine est le retour à l’ère pré-antibiotique. En Europe, on estime que
25000 décès par an sont liés à des infections à des BMR ayant débouché sur une impasse thérapeutique
(
ECDC/EMEA Joint Technical Report. The bacterial challenge: time to react. 2009 EMEA/576176/2009.
http://www.ema.europa.eu/docs/en_GB/document_library/Report/2009/11/WC500008770.pdf
).
C
OMMENT MAÎTRISER L’EMERGENCE ET LA DIFFUSION DE CES BACTERIES ?
La stratégie de prévention repose sur la mise en place d’une politique globale de contrôle des bactéries
multi-résistantes à transmission oro-fécale :
Lutte pour un usage raisonné des antibiotiques : l’utilisation rationnelle et raisonnée des
antibiotiques est plus que jamais un challenge pour tenter de maîtriser l’émergence des bactéries
hautement résistantes aux antibiotiques.
Lutte contre le péril fécal où l’hygiène des mains, la gestion des excrétas et le bionettoyage sont les
points critiques. La promotion des bonnes pratiques en hygiène, le respect des précautions
standard et des précautions complémentaires sont donc les mesures barrières attendues pour
maîtriser la diffusion des bactéries hautement résistantes aux antibiotiques.
Ces 2 volets sont incontournables et indissociables. Des recommandations spécifiques ont été publiées au
niveau national pour encadrer à l’hôpital et dans les établissements médico-sociaux la prise en charge des
patients/résidents colonisés/infectés par ces bactéries.
P
OURQUOI NE DEPISTE-T-ON PAS LES SOIGNANTS ?
Les personnels soignants qui prennent en charge des patients colonisés/infectés par une bactérie
hautement résistante aux antibiotiques interrogent de manière récurrente leur équipe opérationnelle en
hygiène pour connaître les arguments qui justifient qu’aucun dépistage ne leur est proposé alors que dans
le même temps, le dépistage des patients « contacts » est organisé.
Pour comprendre pourquoi ce dépistage des soignants n’est pas indiqué, il est nécessaire de revenir sur
quelques notions d’épidémiologie.