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Un palable : les dangers éventuels ne se limitent ni aux anomalies morphotératogènes, ni à la prescription de
psychotropes, mais quelquefois aussi à leur arrêt intempestif.
Le bon usage des psychotropes au cours de la grossesse ou de l’allaitement est de plus en plus renseigné et les conduites
à tenir mieux formalisées. Léquilibre psychique de la re doit rester la pierre de touche d’un soin global, lorsque les
psychotropes ne sont pas formellement contre-indiqs. Un changement de traitement ali par crainte peut être plus
dangereux que le maintien de celui que l’on consire comme potentiellement faste. De plus, l’attitude consistant à
s’abriterderrière des contre-indications de principe risque daboutir à une grossesse contre l’avis de psychiatre et hors de
tout suivi La cohérence des discours et comportements des différents intervenants (psychiatre, gycologue obstétricien,
sage-femme, pédiatre) est essentielle à une prise en charge adaptée et à sa stabili dans le temps. Reste que le “mauvais psy-
chotrope sera toujours moins dangereux pour lenfant et sa mère qu’une consommation d’alcool, de cannabis ou de tabac ,
beaucoup plus fquente et peu prise en charge. Reste aussi que : tous les psychotropes passent la barrière” placentaire qui
est une surface déchange que toutdicament peut franchir dautant plus facilement qu’il a un faible poids moléculaire,
une faible ionisation et une grande liposolubili. Tous les organes du fœtus peuvent être toucs par un traitement pris par
la mère, car sontabolisme et ses particularis anatomiques (court-circuit de la circulation pulmonaire, shunt partiel du
foie…) le fragilisent dans sa globali.
Troubles psychotiques. À noter : il y aurait 5 fois moins de compensations psychotiques pendant la grossesse que
pendant le reste de la vie. La survenue dune grossesse, chez une patiente psychotique, souvent tardive du fait de l’anor-
re liée aux neuroleptiques, n’en reste pas moins un moment critique : mauvaise adhésion au suivi obstrical, conduites
addictives associées, mauvaises conditions socio-économiques, prise de médicaments psychotropes
Troubles thymiques (3, 4). Un effet protecteur de la grossesse est également décrit pour les troubles bipolaires, mais des
études centes indiquent que 50 % des patientes bipolaires sont symptomatiques pendant la grossesse. Par ailleurs, le post-
partum représente une riode de grande vulnérabili pour la patiente bipolaire avec un risque de rechute de 20 à 80 %
pendant les 6 premiers mois suivant l’accouchement, et un risque de psychose puerpérale de 10 à 20 % (contre 0,1 à 0,2 %
dans la populationrale). La grossesse ne protège pas non plus des rechutespressives en cas d’un éventuel arrêt de
traitement antidépresseur préalable.
Troubles anxieux. On note une amélioration des troubles paniques alors que les TOC ont tendance à saggraver. À noter
la possibili d’un épisode de stress post-traumatique (PTSD) en cas de complications obstricales.
Il est impératif de ne pas interrompre un traitement antipresseur bien conduit pendant la grossesse en raison du ris-
que de rechute très important. Antidépresseurs de rence : les mocules les plus anciennes, car nous avons le recul pour
affirmer qu’ils n’entraînent pas d’augmentation du risque malformatif. De pférence : les imipraminiques comme l’ami-
triptyline (Laroxyl®), la clomipramine (Anafranil®) ou l’imipramine (Tofranil®). Privigier les mocules ayant le moins
d’effet anticholinergiques et le moins susceptibles d’entrner une hypotension orthostatique. Les inhibiteurs de la recapture
de la sérotonine sont de plus en plus utilis en première intention. À ce jour, aucune étude ne sugre daugmentation du
risque tératone pour la majori dentre eux (fluotine, sertraline, citalopram, escitalopram et uvoxamine). Récemment,
la paroxétine (Deroxat®) à été suspece d’augmenter le risque de malformations cardiaques. À éviter chez la femme en-
ceinte. En postnatal, quelques effets indésirables sans gravité sont retrouvés chez lenfant pour les imipraminiques. Réduire
les doses enn de grossesse. En ce qui concerne lallaitement, tous les tricycliques sont excs dans le lait maternel. À
l’exception de la dopine (Quitaxon®) aucun effet secondaire n’a été rapporté chez lenfant. Lusage de ces traitements est
donc r. Pour les IRS, également excs dans le lait maternel, on note très peu deffets secondaires. Prer la sertraline
(Zoloft®), la fluotine (Prozac®), excrétée à des taux éles, semblant entrner des baisses significatives de la courbe de
poids chez les enfants (3-5, 7, 11, 15).
C’est le traitement de rérence pour les troubles bipolaires. Probme : il existe un risque de malformations cardiaques,
notamment la maladie dEbstein (hypoplasie ventriculaire droite, malformations de la valve tricuspide et souvent malfor-
mations septales) : 10 à 20 fois le risque de la population générale, selon les dernres ta-analyses. Dautres cardiopathies
sont retrouvées dans 7 % des cas. Impératif : la surveillance échographique cardiaque fœtale à 22-24 SA, puis cardiaque
du nouveau- et le dosage du lithium dans le cordon. Ce traitement peut provoquer un oppy baby syndrome (hypotonie,
mauvaise régulation de la température, diminution duexe de succion et de déglutition, faible score dApgar), des ano-
malies thyroïdiennes ou un diate insipide. Comme ces effets secondaires sont dose-dépendants et régressifs en quelques
jours, envisager d’arrêter le lithium 2 jours avant le déclenchement prévu ou au moment du début du travail. Doser plus
fquemment, la litmie chez la mère avec des valeurs cibles plus faibles. Éventuellement, ajuster les doses en fin de
grossesse pour pallier un risque de sous-dosage par augmentation de la clairance rénale. Le passage du lithium dans le lait
maternel provoquant de nombreux effets secondaires, ne pas allaiter.
À éviter à tout prix chez la jeune femme en âge de procréer : l’acide valproïque (Depakote®, Depamide®) a un
potentiel tératogène important (risque de malformation multiplié par 4 surtout pour les doses supérieurs à 1 g par
jour). Il est responsable du valproate fœtal syndrome (VPS) associant anomalies de la fermeture du tube neural,
malformations cardiaques, hypospadias, dysmorphies faciales, anomalies des membres, craniosténose. Chez le
nouveau-né, risque de troubles de l’hémostase, de la fonction hépatique et d’hypoglycémie, fréquence accrue de
troubles envahissant du développement.
Peur ou croyances,
mauvaises conseillères.
Grossesse et troubles
psychiatriques.
Les antidépresseurs
Psychotropes et traitements de substitution
au cours de la grossesse et de l’allaitement
S. Pezzolo*, J.-Ph. Lang*, M. Weil**, M. Reichert**
* CH d’Erstein secteur psychiatri-
que, 67 G11, 67150 Erstein.
** Réseau maternité et addiction.
CMCO SIHCUS, 67300.
Le lithium
L’acide valproïque
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La carbamazépine (Tegretol®) est également responsable danomalies de la fermeture du tube neural (0,5 à 1 %), de
fentes labio-palatines, de malformations cardiaques, des membres et du système urogénital. Après la naissance, elle
peut entrner des troubles de la coagulation (hémorragie onatale précoce), prévenues par l’administration de vitamine
K chez la mère et l’enfant après la naissance. Le valproate et la carbamapine sont considés par lAmerican academy of
pediatrics commitee on drugs comme compatibles avec l’allaitement.
La lamotrigine (Lamictal®) apparaît moins à risque que les autres antiépileptiques sur le plan de la ratonici. Le
passage dans le lait maternel est important, et même si pour l’instant aucun effet secondaire n’a été décrit, le risque de rash
cutané existe. Il doit être rieusement pris en compte. Pour le topiramate (Epitomax®), la gabapentine (Neurontin®) et
l’oxcarbapine (Trilpetal®) les données sont insuffisantes (1, 4-6, 8, 10, 11, 15).
Tous sont utilisables sils sont indispensables à l’équilibre psychique de la mère. Les mocules de premre intention sont
la chlorpromazine (Largactil®), l’haloridol (Haldol®), et la fluphénazine (Moditen®). Privilégier ces deux derniers pour
leur peu deffets secondaires datifs et cardiovasculaires et surtout leur faible action sur le système nerveux autonome. En
effet, le risque majeur encouru par le fœtus est lié à leffet hypotenseur des neuroleptiques, qui peut être responsable d’une
hypoperfusion placentaire et donc d’une souffrance hypoxique. Pour le nouveau-, risque d’effets extrapyramidaux (qui
pourrait être prévenu par uneduction de dose en fin de grossesse) ou de syndrome de sevrage. Allaitement conseil
du fait du risque dedation et d’effets secondaires neurodeveloppementaux encore mal évalués. La loxapine (Loxapac®)
semble également facile d’utilisation. Les premières données concernant la rispéridone (Risperdal®), et surtout l’olanzapine
(Zyprexa®) sont rassurantes. Il n’y aurait pas d’augmentation du risque ratogène, mais une fréquence accrue des cas de
diate gestationnel. À signaler les réserves concernant l’aripirazole (Abilify®) pour lequel a é observée une ratogénicité
chez l’animal (surveiller le diaphragme du fœtus. ratonici animale également pour la ziprasidone (Zeldox®) et la que-
tiapine (Seroquel®). Chez le nouveau-, pas d’effet secondaire, sauf pour la clozapine (Leponex®) : risque de convulsions
et de neutropénie. L’allaitement ne semble pas poser de problème sous Risperdal® et surtout sous Zyprexa® (excrétion dans
le lait maternel faible). Sous Clozapine®, surveiller la NFS du bébé (1, 11, 15).
La rence en cours de grossesse : l’oxazépam (Séresta®) en raison de ses caracristiques pharmacodynamiques et
pharmacocinétiques (demi-vie courte). Les dernièresta-analyses conrment que la fquence de fente labo-palatines est
multiple par 2, mais ce risque reste faible (11, 15). Chez le nouveau-né : risque de floppy baby syndrome et de syndrome de
sevrage. Surveiller le risque de dépression du SNC et dapnée. En cours d’allaitement, éviter les benzodiazépines sauf si elles
sont absolument cessaires (prescription de courte due et prise aps la tétée). Les traitements dicamenteux de fond des
troubles anxieux sont les antidépresseurs pour lesquels la prescription en cours dallaitement est moins préjudiciable.
L’électroconvulsivo-thérapie (ECT) en première intention durant la grossesse est une indication d’urgence, soit parce
que le pronostic vital est mis en jeu, soit dans des situations où l’utilisation des médicaments est hasardeuse. En fait, sous
réserve de quelques précautions, elle est une pratique relativement sûre et très efficace (4).
Encourager les femmes à arrêter t : avant le troisme trimestre, il n’y aura quasiment aucun effet re du tabagisme
sur le tus (2, 14, 15). Privilégier une prise en charge psychologique et/ou comportementale. En cas de dépendance (test de
Fagerström), ne pas hésiter à recourir aux TSN, même si la nicotine pourrait avoir des effets nocifs sur lhémodynamique
du fœtus : la nicotinémie après prise de TSN est 2 à 3 fois moins élee que celle liée au tabagisme. Recourir demblée à
des doses élees (métabolisme de la femme enceinte). Associer une forme orale et un dispositif transdermique. En cas
de naues ou de vomissements, préférer les patchs à libération sur 16 h plut que sur 24 h an de limiter lexposition du
fœtus. Déconseillé : le bupropion (Zyban®) reste déconseillé. L’allaitement est possible avec des TSN : utiliser les formes
orales et espacer prises et es.
Dun , de nombreuses données rassurantes concernant la sécurité dutilisation de la méthadone ou de la buprénor-
phine haut dosage (Subutex®) au premier trimestre. De lautre , un risque majeur et morbide pour le fœtus de présenter
des signes de sevrage in utero (avec risque de fausse couche au premier trimestre et menace daccouchement prématu au
troisme trimestre) en cas darrêt intempestif pendant la grossesse. Ils facilitent la survenue de grossesses en régularisant les
ovulations et les cycles. Ils contribuent à améliorer les conditions de vie des femmes traitées, permettent une amélioration
de la surveillance obstétricale et de là, une amélioration des paramètres du à la naissance. Probme principal : risque
de syndrome de sevrage dans les heures ou les jours suivant la naissancecessitant une prise en charge adape en milieu
spécialisé, actuellement bien codiée. Il peut être nécessaire daugmenter et/ou de fractionner les doses de méthadone en cours
de grossesse afin de maintenir une efficaci constante. Certaines études suggèrent un moindre passage transplacentaire de
la buprénorphine, et un syndrome de sevrage du nouveau-né plus tardif et prolon pour la méthadone. Lallaitement
nest pas spéciquement recommandé. Il est possible sous bupnorphine ou méthadone (sous réserve de labsence de
séropositivité VIH ou de consommation de toxiques) du fait de l’excrétion lace faible de ces molécules.
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La carbamazépine
Autres antiépileptiques
Les antipsychotiques
Les benzodiazépines
La sismothérapie
Les traitements substitutifs
nicotiniques
Les traitements de
substitution des pharmaco-
dépendances aux opiacés
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14. Conférence de Consensus ANAES, 7-8/10/04 : Grossesse et tabac.
15. Site Internet du Centre de renseignements sur les agents ratogènes (CRAT) :
www.lecrat.org.
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