
Le Courrier des addictions (9) – n° 1 – janvier-février-mars 2007
Fiche
pratique
N° 29
Sous la responsabilité de leurs auteurs
La carbamazépine (Tegretol®) est également responsable d’anomalies de la fermeture du tube neural (0,5 à 1 %), de
fentes labio-palatines, de malformations cardiaques, des membres et du système urogénital. Après la naissance, elle
peut entraîner des troubles de la coagulation (hémorragie néonatale précoce), prévenues par l’administration de vitamine
K chez la mère et l’enfant après la naissance. Le valproate et la carbamazépine sont considérés par l’American academy of
pediatrics commitee on drugs comme compatibles avec l’allaitement.
La lamotrigine (Lamictal®) apparaît moins à risque que les autres antiépileptiques sur le plan de la tératogénicité. Le
passage dans le lait maternel est important, et même si pour l’instant aucun effet secondaire n’a été décrit, le risque de rash
cutané existe. Il doit être sérieusement pris en compte. Pour le topiramate (Epitomax®), la gabapentine (Neurontin®) et
l’oxcarbazépine (Trilpetal®) les données sont insuffisantes (1, 4-6, 8, 10, 11, 15).
Tous sont utilisables s’ils sont indispensables à l’équilibre psychique de la mère. Les molécules de première intention sont
la chlorpromazine (Largactil®), l’halopéridol (Haldol®), et la fluphénazine (Moditen®). Privilégier ces deux derniers pour
leur peu d’effets secondaires sédatifs et cardiovasculaires et surtout leur faible action sur le système nerveux autonome. En
effet, le risque majeur encouru par le fœtus est lié à l’effet hypotenseur des neuroleptiques, qui peut être responsable d’une
hypoperfusion placentaire et donc d’une souffrance hypoxique. Pour le nouveau-né, risque d’effets extrapyramidaux (qui
pourrait être prévenu par une réduction de dose en fin de grossesse) ou de syndrome de sevrage. Allaitement déconseillé
du fait du risque de sédation et d’effets secondaires neurodeveloppementaux encore mal évalués. La loxapine (Loxapac®)
semble également facile d’utilisation. Les premières données concernant la rispéridone (Risperdal®), et surtout l’olanzapine
(Zyprexa®) sont rassurantes. Il n’y aurait pas d’augmentation du risque tératogène, mais une fréquence accrue des cas de
diabète gestationnel. À signaler les réserves concernant l’aripirazole (Abilify®) pour lequel a été observée une tératogénicité
chez l’animal (surveiller le diaphragme du fœtus. Tératogénicité animale également pour la ziprasidone (Zeldox®) et la que-
tiapine (Seroquel®). Chez le nouveau-né, pas d’effet secondaire, sauf pour la clozapine (Leponex®) : risque de convulsions
et de neutropénie. L’allaitement ne semble pas poser de problème sous Risperdal® et surtout sous Zyprexa® (excrétion dans
le lait maternel faible). Sous Clozapine®, surveiller la NFS du bébé (1, 11, 15).
La référence en cours de grossesse : l’oxazépam (Séresta®) en raison de ses caractéristiques pharmacodynamiques et
pharmacocinétiques (demi-vie courte). Les dernières méta-analyses confirment que la fréquence de fente labo-palatines est
multipliée par 2, mais ce risque reste faible (11, 15). Chez le nouveau-né : risque de floppy baby syndrome et de syndrome de
sevrage. Surveiller le risque de dépression du SNC et d’apnée. En cours d’allaitement, éviter les benzodiazépines sauf si elles
sont absolument nécessaires (prescription de courte durée et prise après la tétée). Les traitements médicamenteux de fond des
troubles anxieux sont les antidépresseurs pour lesquels la prescription en cours d’allaitement est moins préjudiciable.
L’électroconvulsivo-thérapie (ECT) en première intention durant la grossesse est une indication d’urgence, soit parce
que le pronostic vital est mis en jeu, soit dans des situations où l’utilisation des médicaments est hasardeuse. En fait, sous
réserve de quelques précautions, elle est une pratique relativement sûre et très efficace (4).
Encourager les femmes à arrêter tôt : avant le troisième trimestre, il n’y aura quasiment aucun effet délétère du tabagisme
sur le fœtus (2, 14, 15). Privilégier une prise en charge psychologique et/ou comportementale. En cas de dépendance (test de
Fagerström), ne pas hésiter à recourir aux TSN, même si la nicotine pourrait avoir des effets nocifs sur l’hémodynamique
du fœtus : la nicotinémie après prise de TSN est 2 à 3 fois moins élevée que celle liée au tabagisme. Recourir d’emblée à
des doses élevées (métabolisme de la femme enceinte). Associer une forme orale et un dispositif transdermique. En cas
de nausées ou de vomissements, préférer les patchs à libération sur 16 h plutôt que sur 24 h afin de limiter l’exposition du
fœtus. Déconseillé : le bupropion (Zyban®) reste déconseillé. L’allaitement est possible avec des TSN : utiliser les formes
orales et espacer prises et tétées.
D’un côté, de nombreuses données rassurantes concernant la sécurité d’utilisation de la méthadone ou de la buprénor-
phine haut dosage (Subutex®) au premier trimestre. De l’autre côté, un risque majeur et morbide pour le fœtus de présenter
des signes de sevrage in utero (avec risque de fausse couche au premier trimestre et menace d’accouchement prématuré au
troisième trimestre) en cas d’arrêt intempestif pendant la grossesse. Ils facilitent la survenue de grossesses en régularisant les
ovulations et les cycles. Ils contribuent à améliorer les conditions de vie des femmes traitées, permettent une amélioration
de la surveillance obstétricale et de là, une amélioration des paramètres du bébé à la naissance. Problème principal : risque
de syndrome de sevrage dans les heures ou les jours suivant la naissance nécessitant une prise en charge adaptée en milieu
spécialisé, actuellement bien codifiée. Il peut être nécessaire d’augmenter et/ou de fractionner les doses de méthadone en cours
de grossesse afin de maintenir une efficacité constante. Certaines études suggèrent un moindre passage transplacentaire de
la buprénorphine, et un syndrome de sevrage du nouveau-né plus tardif et prolongé pour la méthadone. L’allaitement
n’est pas spécifiquement recommandé. Il est possible sous buprénorphine ou méthadone (sous réserve de l’absence de
séropositivité VIH ou de consommation de toxiques) du fait de l’excrétion lactée faible de ces molécules.
n
La carbamazépine
Autres antiépileptiques
Les antipsychotiques
Les benzodiazépines
La sismothérapie
Les traitements substitutifs
nicotiniques
Les traitements de
substitution des pharmaco-
dépendances aux opiacés
Références bibliographiques
1. Aubry JM, Ferrero F, Schaad N. Pharmacothérapie des troubles bipolaires. 2004.
2. Boscher C. Pour une prise en charge précoce des futures mères qui fument. Le
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11. Taylor D, Paton C, Kerwin R. The Maudsley 2005-2006 prescribing guidelines
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12. Touzeau D. Médicaments de substitution : un vrai bénéfice pour elle ! Le Cour-
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13. Umans JG. Precipitated opiate abstinence in utero. Am J Obstet Gynecol
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14. Conférence de Consensus ANAES, 7-8/10/04 : Grossesse et tabac.
15. Site Internet du Centre de renseignements sur les agents tératogènes (CRAT) :
www.lecrat.org.