
de la sensibilité retrouve fréquemment une hypoesthésie de la
face dorsale du pied.
2.3.2. Atteinte isolée du nerf péronier profond
Ce tableau rare se distingue de l’atteinte du nerf péronier
commun par l’absence de déficit des muscles péroniers.
2.3.3. Atteinte isolée du nerf péronier superficiel
Cette atteinte est rare, et le plus souvent liée à une compres-
sion du nerf péronier superficiel dans le tunnel fibulaire. Elle
s’exprime par un syndrome douloureux dans le territoire sensi-
tif du nerf péronier superficiel avec un signe de Tinel positif
(en dessous du col de la fibula et à la face antéroexterne de la
jambe). La douleur peut être également déclenchée par la dor-
siflexion passive répétée du pied ou par une pression sur le
septum intermusculaire antérieur [10,11]. Il existe très rarement
un déficit moteur associé des muscles péroniers, mais il peut
exister une hypoesthésie dans le territoire sensitif du nerf péro-
nier superficiel au niveau de la face antéroexterne de jambe.
2.4. Explorations paracliniques
2.4.1. Électrophysiologie
L’examen électrophysiologique est un temps important dans
le diagnostic d’une atteinte du nerf péronier. Cet examen doit
comprendre, comme cela a été recommandé par l’AANEM
(American association of neuromuscular and electrodiagnostic
medicine), l’étude des vitesses de conduction nerveuses (VCN)
du péronier avec un recueil sur le muscle pédieux et/ou sur le
jambier antérieur, une étude sensitive du nerf sural et du nerf
péronier superficiel, ainsi que l’étude d’un nerf sensitif dans au
moins un autre territoire moteur et sensitif [13].L’étude des
VCN motrices du péronier va permettre de déterminer s’il
existe une atteinte axonale ou démyélinisante. Dans la majorité
des cas (50 %), il existe une atteinte axonale avec une diminu-
tion des amplitudes motrices. Dans 30 % des cas, un bloc de
conduction est mis en évidence au niveau du col de la fibula, et
dans les 20 % de cas restants, il existe une atteinte mixte axo-
nale et démyélinisante [3,4]. Le pronostic fonctionnel sera
d’autant meilleur qu’il existe un bloc de conduction sans dimi-
nution des amplitudes distales car celle-ci témoigne d’un pro-
cessus de dégénérescence axonale qui va nécessiter une
repousse axonale qui peut être lente et/ou incomplète. Les
patients ayant une atteinte mixte caractérisée à la fois par une
perte axonale et l’existence d’un bloc de conduction auront
souvent une récupération biphasique (récupération rapide ini-
tiale puis récupération plus lente liée à un processus secondaire
de réinnervation) [2].L’étude des VCN sensitives du péronier
va permettre de différencier une atteinte du nerf péronier com-
mun d’une atteinte du nerf péronier profond (potentiel préservé
dans ce cas). L’examen de détection permettra lui de préciser le
caractère isolé de l’atteinte du nerf péronier. L’étude d’autres
territoires nerveux peut montrer une atteinte plus diffuse témoi-
gnant d’une neuropathie surajoutée.
2.4.2. Échographie nerveuse
L’échographie nerveuse apparaît actuellement utile dans
l’exploration du nerf péronier, du fait de son trajet relativement
superficiel et permet en particulier de mettre en évidence un
kyste mucoïde endoneural [8].
2.4.3. Imagerie par résonance magnétique (IRM)
L’IRM permet notamment de mettre en évidence un kyste
mucoïde intraneural ou un kyste articulaire [5–7,14,15]. Cet
examen reste cependant coûteux et l’interprétation dépendante
de l’opérateur.
2.5. Diagnostic différentiel
En cas d’atteinte aiguë, l’existence de douleurs importantes
devra faire évoquer le diagnostic de vascularite nerveuse que
celle-ci soit isolée ou associée à une vascularite systémique
(Périartérite-noueuse [PAN] ou micropolyangiopathie de type
Churg et Strauss, la vascularite nerveuse dans la polyarthrite
rhumatoïde [PR] étant quant à elle exceptionnelle), et ce,
d’autant plus qu’il existe une atteinte débordant le territoire
strict du nerf péronier. Lorsque l’atteinte est d’apparition sub-
aiguë, il faudra, si l’atteinte est motrice pure, éliminer les diag-
nostics de sclérose latérale amyotrophique débutante ou de
neuropathie motrice multifocale avec blocs de conduction. De
manière rare, et d’autant plus que le patient a des antécédents
de syndromes canalaires multiples, il pourra être évoqué le
diagnostic de neuropathie héréditaire sensible à la pression
(HNPP) et en cas de doute et/ou d’éléments évocateurs à
l’examen électrophysiologique, il sera demandé une recherche
en biologie moléculaire de délétion dans le gène de la PMP22.
Une telle neuropathie a en effet été retrouvée chez trois de 30
patients ayant une atteinte du péronier apparue dans un
contexte de perte de poids [16,17]. La distinction avec une
radiculopathie paralysante L5 peut quelquefois se poser et
l’examen du muscle jambier postérieur peut être utile (innerva-
tion radiculaire L5 et tronculaire par le nerf tibial), de même
l’atteinte du muscle moyen fessier est informative (Atteinte lors
d’une radiculopathie L5, mais épargnée dans une atteinte du
nerf péronier).
2.6. Traitement
Dans la majorité des cas, le traitement consiste en une évic-
tion des facteurs favorisants, une rééducation fonctionnelle et
l’utilisation d’une orthèse en cas de steppage important. Il peut
également être mis en place une protection par un coussin au
niveau du col de la fibula. La chirurgie est discutée s’il n’existe
pas de signes de réinnervation après six mois [18,19]. Cette
intervention peut être efficace, même réalisée un an après le
début des troubles. L’imagerie par échographie ou IRM est
très utile en préopératoire, pour rechercher une étiologie com-
pressive ou un kyste intranerveux. La chirurgie consiste en une
neurolyse du nerf péronier, au besoin associée à une exérèse de
la cause de la compression. En cas de kyste articulaire, le kyste
est drainé, et lorsqu’il existe un kyste intranerveux, la branche
D. Uzenot et al. / Revue du Rhumatisme 74 (2007) 401–408 403