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Les raisons de cette transformation, celle d'une « peste historique » en une
« peste actuelle », sont complexes mais importantes à connaître pour leurs
applications pratiques dans un plan raisonné d'éradication du contage bovi-
pestique. Elles seront expliquées plus loin.
LE CONTEXTE ÉPIZOOTIOLOGIQUE MONDIAL EN, 1980-1981
Partie du sous-continent indien, la peste bovine a ravagé l'Afrique intertro-
picale à la fin du siècle dernier (Carte 1). En 1960, elle était toujours solide-
ment implantée, tant en Afrique tropicale qu'en Inde et au Pakistan (Carte 2),
ainsi que dans la Péninsule indochinoise.
En Afrique, à la suite des opérations du PC 15* de 1962 à 1976 (Carte 3),
la peste n'existait plus, l'an dernier, que dans une zone centrée sur le delta
intérieur du Niger et vraisemblablement en Ethiopie, et le nord de la Somalie,
bien que l'on manque de précisions pour ces deux dernières localisations
(Carte 4).
On sait que de ces foyers d'enzootie, elle
s'est
échappée vers la côte ouest-
africaine (Haute-Volta, Nigeria en septembre 1980) et que le Soudan est pério-
diquement recontaminé. Djibouti a été touché ; la maladie a produit des per-
tes sensibles. Tout récemment (octobre 1981), plusieurs foyers ont été signalés
dans l'extrémité méridionale de la Somalie, menaçant directement le Kenya
mais indiquant aussi la confusion épizootiologique qui prévaut dans la corne
de l'Afrique**.
Il est important de souligner que la situation épidémiologique est sans
changements notables en Inde depuis plusieurs années, bien qu'une campagne
nationale y soit menée depuis 1955 ; c'est en ces circonstances qu'il paraît
juste de parler de contrôle et non d'éradication. On manque de renseigne-
ments pour le Pakistan et l'Afghanistan.
La pérennité de la peste bovine dans le sous-continent indien menacerait-
elle l'Afrique si celle-ci venait à se débarrasser du fléau ? Dans ce contexte, il
faut rappeler — ce qui n'est pas apparent sur les cartes — qu'échappée
d'Af-
ghanistan en 1969, la maladie a envahi l'Iran puis Bahrein, atteignant la Syrie,
le Liban, la Turquie et la Jordanie dans le second semestre de 1970 et le Yemen
en août 1971 ; seul l'Irak ne fut pas touché. On remarquera qu'en ces circons-
tances, la contamination a suivi la voie terrestre.
En tout état de cause et en toute bonne logique — pour autant que l'éradi-
cation intervienne en Afrique — on pourrait trouver prudent de continuer
d'entretenir une large couverture immunitaire sur la côte orientale africaine
après la phase d'éradication. On notera pourtant que le danger n'est pas parti-
* Projet conjoint 15 de l'OUA/CSTR pour la lutte contre la peste bovine.
** Bien mieux, on peut accuser l'Afrique d'être la source du contage dans les épisodes pestiques
survenus en 1979 à Koweit.