l` eglise de syrie - Diocèse de Belley-Ars

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‘’Souvenez-vous dans votre prière de l’Eglise de Syrie’’
(St Ignace d’Antioche, 2e évêque d’Antioche, martyrisé à Rome en l’an 107.)
L’actuelle République Arabe Syrienne porte en elle le destin de la Syrie historique. Si sa capitale s’est
transférée d’Antioche à Damas, si elle est le Cœur du monde arabe et musulman, elle ne renie pas son
passé chrétien.
Si le Christ est né à Bethléem, la Syrie est le berceau du Christianisme, et les chrétiens de Syrie sont
toujours une communauté digne, vivante et unie, malgré la diminution de leurs effectifs et la diversité de
leurs rites et confessions.
Nous allons retracer brièvement les grands traits de l’histoire chrétienne de la Syrie et la situation
actuelle des chrétiens.
La Syrie dans le Nouveau Testament.
La Palestine faisait partie de la Province Romaine de Syrie. Jésus est né lors du recensement de César
Auguste ‘’pendant que Quirinus était gouverneur de Syrie”( Lc 2,2)
Jésus commença son ministère en Galilée, prêchant et guérissant, et “ sa renommée gagna toute la
Syrie” (Mt 5,24). Dépassant la Galilée, Jésus parcourut les régions de la Syrie actuelle, la contrée de
Césarée de Philippe dans le Golan. C’est là que Pierre proclama sa foi en Jésus Fils de Dieu et reçut la
promesse de la Primauté (Mt 16,11-20). La femme païenne, dont Jésus guérit la fille possédée d’un esprit
impur, était syro-phénicienne de naissance.
Saul, le futur Saint Paul, est converti aux abords de Damas, alors qu’il venait pour mettre la main sur les
adeptes du Christ déjà nombreux à Damas, moins de 10 ans après la Résurrection du Christ (Ac 9,2-25). Il
prêche à Damas et dans la région sud (Arabie) durant 3 ans (Ga 2,15-18)
Une pieuse tradition, rapportée par Eusèbe de Césarée, historien du IVe Siècle, raconte qu’ Abgar, roi
d’Edesse, entendit parler de Jésus et le convia à venir chez lui pour échapper aux embûches des Juifs.
Jésus lui promit de lui envoyer un de ses disciples, Addai, qui évangélisa Edesse.
La communauté chrétienne d’Antioche a été fondée par ceux qui fuirent Jérusalem après le martyre
d’Etienne (Ac 11, 19-21). Barnabé, député par l’Eglise de Jérusalem pour organiser cette communauté,
partit chercher Saul à Tarse, l’ayant trouvé il l’amena à Antioche. Toute une année, ils vécurent
ensemble dans l’Eglise et y instruisirent une foule nombreuse.(Ac 11,25-26). Le livre des actes ajoute une
information importante: « C’est à Antioche que la première fois les disciples reçurent le nom de
chrétiens » (Ac 11,26). Paul fut rattaché à l’Eglise d’Antioche , capitale de la Syrie Romaine, qui le députa
pour ses diverses missions en Asie Mineure et en Grèce. Après ses diverses missions, il revenait à
Antioche comme à son port d’attache. C’est là que Paul recruta, pour l’accompagner, Luc, médecin
cultivé, qui écrivit le 3e Evangile et le Livre des Actes des Apôtres. C’est là aussi qu’il affronta St Pierre
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pour son attitude peu ferme à l’égard des judaïsants (Ga 2,11-14). St Pierre fit un long séjour à Antioche
et il est considéré comme son premier évêque. De là sans doute l’affinité entre les deux sièges
Apostoliques d’Antioche et de Rome.
La Syrie des Martyrs et des Pères de l’Eglise
La semence de la Parole, jetée par le Christ lui-même et les Apôtres, fut arrosée par le sang des martyrs.
Ils furent innombrables durant les persécutions des trois premiers siècles, avant que Constantin ne
proclamât la liberté religieuse (édit de Milan 313). Signalons cependant les Saints: Ignace, évêque
d’Antioche, livré aux bêtes à Rome sous Trajan en l’an 107 et dont plusieurs lettres nous sont parvenus ;
Babylas, évêque d’Antioche, martyrisé sous Dèce en l’an 250 ; Serge et Bacchus , 2 officiers romains
martyrisés vers la fin du IIIe siècle durant la persécution de Dioclétien et vénérés à Rasafa, près de
l’Euphrate dans la basilique construite sur leurs tombes. Les deux frères médecins Côme et Damien,
inhumés dans la ville de Cyr.
Le Christianisme se répand au courant du IIe siècle dans les divers milieux. Le pape Anicet (155-156) est
originaire d’Homs en Syrie. Au IIIe Siècle les chrétiens forment une communauté consistante qui attire
l’intérêt des empereurs, notamment ceux de la famille syrienne. L’empereur Philippe l’Arabe était
chrétien. Grâce aux évêques et aux moines, après la Paix de Constantin, les campagnes sont évangélisées
et les tribus arabes nomades embrassent le christianisme aux 5e et 6e siècles et forment 2 évêchés.
La Syrie donna à l’Eglise des théologiens et des écrivains illustres: Ignace d’Antioche, Théophile
d’Antioche, Tatien, Ephrem le Syrien, Jean Chrysostome, Théodore de Mopsueste, Théodore de
Cyr…pour les plus connus. La langue officielle est le grec, mais la langue populaire l’araméen devient
langue littéraire. Une grande école théologique se développe à Antioche avec Lucien de Samosate et une
autre à Edesse avec St Ephrem (+373).
Le rite liturgique d’Antioche rayonne et influence celui de l’Eglise de Perse et d’Arménie et le rite de
Constantinople.
Le monachisme syrien se développe et prend un aspect austère dans ses diverses formes: stylites, reclus
, ermites et moines cénobites… Le plus célèbre des stylites est St Symeon, mort en 459, dont la
renommée parvient à Ste Geneviève de Paris. Nous conservons à quelques kilomètre d’Alep la grande
basilique construite autour de sa colonne et qui reste un chef d’œuvre de l’art syrien. La Syrie est encore
jonchée de monuments qui attestent la floraison de la chrétienté de Syrie du 4e au 6e siècle.
L’Eglise de Syrie est organisée autour de son centre Antioche, dont le rôle primatial est attesté au Concile
de Nicée. Puis le régime patriarcal se précise. Antioche devient le 4e Patriarcat après Rome,
Constantinople et Alexandrie. Jérusalem se détache d’Antioche en 451 pour former un 5e patriarcat,
groupant les 3 provinces de Palestine. Antioche a sous sa juridiction 12 métropoles et 153 évêchés, dont
2 pour les nomades. Grecs, araméens des villes, araméens des campagnes, arabes nomades ou semisédentarises vivaient en communion dans une pluralité harmonieuse.
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Malheureusement, les querelles théologiques, christologiques, la deshhection des arabes Ghassanides
par rapport à l’Empire et le réveil du particularisme syrien, amena la rupture de l’unité de l’Eglise
d’Antioche. Partisans et adversaires du Concile de Chalcédoine (451) qui définit la dualité de natures
dans l’unique personne du Christ s’affrontent ( Jésus Vrai Dieu ET Vrai Homme). Face à la hiérarchie
chalcédonienne reconnue par l’Empire se constitue une hiérarchie parallèle qui refuse le Concile et a ses
propres fidèles. Elle dut son organisation à Jacob Baradée, appuyé par Théodora, épouse syrienne de
l’empereur Justinien. C’est pourquoi cette Eglise reçue le nom de Jacobite. Les partisans du Concile
restés en communion avec Rome et Constantinople furent dénommés “Melkites” (partisans de
l’empereur). L’essai de rapprochement avec les adversaires de Chalcédoine opéré par le 2e Concile de
Constantinople n’aboutit à rien.
A part cette brisure jusqu’ici non réparée, l’Eglise de Syrie fut affaiblie par les diverses calamités qui
frappaient la Syrie, tremblement de terre qui ruinèrent Antioche à plusieurs reprises, guerres romanoperses qui dévastèrent et ruinèrent le pays. Les perses occupant la Syrie pendant 20 ans (620-628).
Héraclius réussit à chasser les Perses et à ramener la relique de la vraie croix à Jérusalem. Voulant
rétablir l’unité religieuse, il appuya la doctrine du monergisme et du monothélisme (une action et une
seule volonté dans le Christ, bien que deux natures ; humaine et divine). Cette doctrine de compromise
ne réussit pas à refaire l’unité. Durant cette période se constitua le Patriarcat maronite qui se réfugia par
la suite au Liban.
L’Eglise des Arabes
La conquête de la Syrie par les troupes musulmanes venues d'Arabie (634-640) ne mit pas fin à la
chrétienté de Syrie, mais affaiblit peu à peu ses effectifs et entrava considérablement sa liberté et son
rayonnement. Beaucoup de chrétiens émigrèrent vers les régions byzantines ou vers Rome. De cette
colonie syrienne sortirent aux 7e et 8e siècles 5 papes: Jean V (685-686), Sergius (687-701), Sisinius
(708), Grégoire III (731-741) et Constantin (708-715). Ceux qui restèrent furent considérés comme des
citoyens de seconde zone, astreints à payer un impôt spécial en contrepartie de la liberté de culte limitée
qui leur était sauvegardée. Le libéralisme des premiers conquérants fit place peu à peu à un régime plus
sévère envers les chrétiens.
Jusqu'à la moitié du 9e siècle, les chrétiens restèrent majoritaires et continueront à enrichir l'Eglise
universelle de leurs apports théologiques et hymnographiques (St Jean de Damas, Jacques d'Edesse, St
André de Crète…) Au 10e siècle, ils ne représentent plus que la moitié de la population.
La conquête arabe fixa la division des chrétiens de Syrie et reconnut aux Jacobites et aux Melkites des
droits égaux. Les Jacobites avaient leur centre de gravité en Mésopotamie et au Sud de L'Anatolie. Ils
laissèrent tomber le grec dans la vie liturgique et menèrent une vie ecclésiale indépendante. Les
Melkites restaient en communion avec Rome et Constantinople et envoyèrent des représentants aux
Conciles œcuméniques réunis dans la capitale byzantine. Les Califes se servaient parfois des Patriarches
melkites comme émissaires auprès des empereurs de Byzance. Au Xe siècle, le St Patriarche melkite
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d'Antioche, Christophore, était l'ami et le confident du célèbre prince d'Alep Sayf al Daoula. Il fut
traîtreusement assassiné en 967 par jalousie.
L'Eglise de Syrie s'adapte à sa nouvelle situation. L'usage du grec se perdit assez rapidement. Le Syriaque
fut plus tenace. Cependant l'arabe était devenu la langue de la culture et la langue maternelle de
l'ensemble des chrétiens de Syrie, tant melkites que Syro-jacobites. Les melkites firent un grand effort
d'arabisation de la culture chrétienne. Ils traduisirent la Bible, la liturgie, les Pères de l'Eglise et
composèrent des oeuvres originales en arabe.
Les chrétiens, en marge de la vie politique et militaire, jouèrent un rôle considérable dans le
développement économique du pays et dans tous les rouages de l'administration. Ils étaient aux postes
de service et de confiance, non aux postes de prestige et de commandement. Ils coopèrent activement à
l'éclosion de la civilisation et de la culture dite musulmane. Ils firent notamment passer en arabe
l'essentiel de la philosophie et de la science grecque. De nombreux poètes arabes sont chrétiens (Al
Akhtal , poète des Omeyyades). Les chrétiens et les musulmans vivaient en bon voisinage, un certain
dialogue islamo-chrétien se développa. Les chrétiens devaient affermir la foi de leurs coreligionnaires et
essayer de donner une justification aux Musulmans qui les attaquaient. Principaux controversistes ;
Théodore Abu Qurra, Abu Raita, Elie de Nisibe, Paul de Sidon…
Cette situation, encore acceptable (sauf lors de crises subites), dura jusqu'a la fin du 11e siècle. Le
pouvoir politique était jusque-là entre les mains des arabes qui voyaient dans les chrétiens de Syrie des
frères de race et de sang. A la fin du 11e siècle, l'hégémonie passa aux éléments turcs seljoukides qui
étaient dépourvus de l'esprit ouvert arabe et n'avaient aucun dénominateur commun avec les nonmusulmans de Syrie. Les chrétiens devinrent une minorité marginalisée et humiliée.
L'occupation d'Antioche en 1098, et de Jérusalem en 1099, par les Croisés, ne redressa pas la situation,
bien au contraire. Les Croisés n'étaient pas venus au secours des chrétientés locales, ils se taillèrent des
fiefs et des principautés, et les chrétiens dans les régions non occupées par les croisés étaient dans de
mauvaises postures. La cathédrale byzantine d'Alep fut alors transformée en mosquée en 1124. Lors de
la prise d'Antioche en 1098, le Patriarche Melkite était Jean V. Il fut d'abord reconnu comme unique
Patriarche de tous les chrétiens. Il dut bientôt céder la place à un prélat franc et se réfugier à
Constantinople. Le long séjour des Patriarches melkites dans la capitale byzantine durant la période
croisée, qui vient après la réoccupation d'Antioche par les Byzantins de 969 a 1084, accentua la
byzantination des Melkites sur les plans liturgique et canonique. Les Jacobites et les Arméniens se
rapprochèrent des Croisés mais l'unité complète n'aboutit pas.
La liquidation de la présence franque par les Mameluks d'Egypte s'accompagna de mesures coercitives
contre les chrétiens. Antioche fut rasée en 1268. Beaucoup de couvents soupçonnés de connivence avec
les Croisés furent ruinés. Les chrétiens furent éloignés des villes de la côte, par peur de contacts avec
Chypre.
Les patriarches Melkites fixèrent définitivement leur siège à Damas. L'invasion de Tamerlan en 1400 vint
ruiner ce qui a pu subsister des monuments du passé.
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La préoccupation première de l'Eglise fut alors de subsister. Ce qui a permis cette survie a été
l’institution patriarcale, les Patriarches pouvant, sans intervention extérieure, assurer la succession
apostolique en pourvoyant les évêchés vacants, les prêtres mariés insérés dans le terroir et qui
assuraient les sacrements dans les coins les plus isolés, la liturgie en langue vivante qui permettait au
peuple de s'instruire des vérités fondamentales et essentielles de la Foi, les textes liturgiques orientaux
étaient pleins d'enseignements dogmatiques.
La conquête ottomane de la Syrie en 1516 ne modifia pas tout de suite la situation des Chrétiens, mais
un redressement spectaculaire s'opéra à partir du 17e siècle. Les Chrétiens de Syrie sortirent de leur
isolement. Les frontières nord tombèrent et ils furent de nouveau en contact avec Constantinople et le
monde grec oriental. L'Empire ottoman entretint des relations diplomatiques et commerciales avec
l'Occident. Des colonies de commerçants européens s'établirent en Syrie, notamment à Alep et à Damas.
Les chrétiens locaux nouèrent des contacts plus faciles avec ces étrangers. Ils s'initièrent au négoce et
une riche bourgeoisie chrétienne se constitua. En même temps les missionnaires catholiques
s'installèrent à Alep entre 1625 et 1627 (Capucins, Jésuites, Carmes en plus des franciscains déjà fixés en
1571) et de là ils essaimèrent vers Damas, Saida et Tripoli. Des chrétiens syriens firent des voyages en
Europe pour des études (collège grec, collège maronite, collège urbain) et le négoce. Par suite de ces
contacts, les chrétiens syriens devinrent plus riches et plus instruits. Ils connurent alors un
développement démographique plus important que celui de leurs compatriotes musulmans. Un
mouvement de sympathie envers Rome, les idées et les formes de piété occidentales introduites par les
missionnaires, amena des dissensions internes au sein des communautés traditionnelles melkites, syrojacobites et arméniennes. ( les Arméniens s'introduisent en Syrie dès la fin du Moyen-Age et leur
communauté s'agrandit au 17e siècle avec la fuite des Arméniens de la Perse vers la Syrie.)
Les Chrétiens orientaux pro-romains et les chrétiens opposants vécurent quelques temps dans la même
Eglise mais, en raison des idées de l'époque, finirent par former des Eglises distinctes. La scission
définitive des Melkites en 2 branches est de 1724, celle des Arméniens en 1740 et celle des SyroJacobites en 1783. Les Ottomans refusèrent de reconnaître les catholiques orientaux (rattachés à Rome)
qui durent vivre en clandestinité et leur hiérarchie se réfugier au Liban. Ils subirent persécutions et
tracasseries et ne furent reconnus comme groupe distinct qu'en 1830, sous la pression des puissances
catholiques.
Malgré ce redressement chrétien du point de vue démographique, culturel et économique, la situation
politique n'avait pas changé. Les chrétiens étaient dépourvus des pleins droits civiques et soumis à
toutes sortes d'avanies. Cependant les idées de la Révolution française et les pressions des puissances
occidentales sur l'Empire Ottoman amenèrent les Sultans à émettre diverses mesures libératrices à
l'égard des chrétiens (1839,1856), qui abrogeaient la situation de "dhimmis" des chrétiens et les
reconnaissaient comme citoyen à part égale. Ils restèrent dispensés du service militaire moyennant le
paiement du "badal'. Ils n'y furent astreints qu'après 1910.
Les Chrétiens devancèrent culturellement leurs concitoyens musulmans par suite des nombreuses écoles
fondées par les religieux étrangers et les Eglises locales. Des Syriens sont à l'origine des principales
congrégations religieuses fondées au Liban au 18e Siècle, tant chez les Melkites, les Syriens, les
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Arméniens que les Maronites. Ils jouèrent un grand rôle dans le mouvement de renaissance littéraire
appelé "Nahda" et furent les principaux promoteurs du nationalisme arabe, en contre partie du panislamisme et de l'expansion de la culture turque. A la veille de la première guerre mondiale, les Syriens
commencèrent à se désolidariser de l'Empire Ottoman. En 1913, se réunit à Paris le Congrès Syrien.
Les chrétiens expérimentèrent, à l'époque du mandat français 1920-1945, un régime de liberté et
d'égalité qu'ils n'avaient pas connu sous le régime ottoman. Ils furent même quelque peu favorisés par
suite de leur connaissance du français et de leur degré supérieur d'instruction. La chrétienté de Syrie fut
renflouée par trois vagues d'émigrants fuyants les Turcs: les rescapés des massacres perpétrés durant la
première guerre 1915-1916; ceux qui quittèrent la Cilicie en 1922 lors du retrait des troupes françaises et
ceux qui en 1939 choisirent de vivre en Syrie lors de la cession à la Turquie du sandjak d'Alexandrette
(région d'Iskenderun actuelle).
Les chrétiens s'intégrèrent dans la vie de la Syrie indépendante et s'affilièrent aux divers partis
politiques. Les Chrétiens avaient un nombre déterminé de représentants au Parlement, proportionnel à
leur nombre dans chaque circonscription. La nouvelle constitution baathiste a supprimé cette clause, les
Chrétiens sont assimilés aux autres citoyens et n'ont pas de sièges spéciaux. Mais étant donné la
mentalité de la majorité musulmane, ils furent ainsi désavantagés.
Situation actuelle
La législation actuelle de la Syrie est un compromis entre le laïcisme et la charia musulmane. Les
chrétiens en 1950 se solidarisèrent pour que ne figure pas dans la Constitution l'Islam comme religion
d'Etat. Cependant la Constitution déclara l'Islam comme religion du chef de l'Etat et la Charia comme
source principale du droit. La loi musulmane régit les questions d'héritage. Pour les questions de mariage
et de statut personnel, les chrétiens sont soumis à leur législation propre, sauf si une partie musulmane
est en cause. La mention de la confession ne figure plus sur la carte d'identité, mais elle reste inscrite
dans les registres de l'Etat civil. Cette mention détermine l'autorité et la législation qui régit les questions
touchant le statut personnel, de même les cours de religion que doit suivre l'étudiant à l'école. Le
changement de religion n'est permis que pour passer à l'Islam.
Les anciennes prérogatives des chefs des communautés chrétiennes, héritées de l'époque ottomane
sont reconnues par l'Etat syrien et relèvent de la Présidence du Conseil des ministres. Aucune entrave
n'est mise à la construction des édifices du culte qui sont exemptes de taxes au même titre que les
mosquées.
L'Eglise possède des écoles bien prospères, bien que la liberté d'enseignement a été considérablement
restreinte. L'enseignement religieux des chrétiens est assuré par les écoles pour les élèves chrétiens
comme le cours de religion musulmane est assuré pour les musulmans. La formation chrétienne des
jeunes est complétée par les cours de religion hors temps scolaire et par divers mouvements de
jeunesse. L'Eglise exerce aussi une action caritative et sociale remarquable.
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Les fêtes de Noël et de Pâques sont officiellement chômées. Les chrétiens peuvent en principe accéder à
tous les postes gouvernementaux sauf la présidence suprême. Dans l'armée aucune limite n'est mise à
leur promotion.
Chrétiens et Musulmans vivent en général en bon voisinage. La présence chrétienne n'est pas également
représentée dans les diverses régions. Certaines contrées comme par exemple la vallée des chrétiens à
l'Ouest de Homs sont jalonnées de villages entièrement chrétiens et l'on se croirait en chrétienté. Près
de Damas, Saidnaya, Maara et Maloula, comme certains villages de Hauran sont entièrement chrétiens.
D'autres villages sont mixtes. Dans les villes les chrétiens sont groupés dans des quartiers à majorité
chrétienne. Dans diverses régions les chrétiens ne sont pas représentés et beaucoup de musulmans
n'ont pas l'occasion de connaître de chrétiens. L'université et l'armée opèrent cependant un certain
brassage.
Les chrétiens se considèrent pleinement chez eux en Syrie, le christianisme ayant été la religion
majoritaire de la Syrie avant l'Islam et les chrétiens aussi arabes que leurs concitoyens musulmans et les
chrétiens ayant contribué à la civilisation arabe et à la prospérité de la nation aussi bien à la période
classique qu'à l'époque moderne.
La présence chrétienne a diminué en efficacité par suite de l'affaiblissement du taux de natalité et de
l'émigration. La chrétienté de Syrie est celle qui atteste le mieux la possibilité de vie libre dans un pays de
vieille culture arabe et islamique.
De ce point de vue, elle est plus significative que la chrétienté du Liban qui vit à pied d'égalité avec les
musulmans. Il faut cependant arrêter l'émigration et la fuite des cerveaux en dissipant la peur de
l'avenir, en aidant les jeunes à trouver du travail et à fonder des foyers en appuyant les institutions
ecclésiales d'aide sociale et de formation.
Eglises et communautés ecclésiales
Les chrétiens représentent de 10 à 13% de la population, soit près de 1.675000. Ils sont répartis en
diverses communautés et traditions.
Jusqu'au 6e siècle, ils ne formaient qu'une seule Eglise, présidée par le Patriarche d'Antioche. Avec le
grec, langue officielle, le syriaque était utilisé dans la Liturgie, notamment dans les campagnes. La
contestation du Concile de Chalcédoine amena la scission interne du Patriarcat d'Antioche. Les partisans
du Concile furent dénommés Melkites et les adversaires Jacobites puis Syro-Jacobites ou Syriens. Les
Melkites ont adopté progressivement le rite byzantin et célèbre en grec et en arabe. Les Syriens
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maintiennent l'ancien rite d'Antioche et ont délaissé l'usage du grec pour s'en tenir au Syriaque. Les
Melkites sont les mieux représentés : ils représentent plus de la moitié des chrétiens de Syrie.
Chacune des deux communautés melkite et syrienne s'est scindée au 18e siècle en deux branches, en
fonction de son lien avec Rome.
On a eu ainsi l'Eglise grecque (melkite) orthodoxe et l'Eglise grecque melkite catholique, l'Eglise
syrienne orthodoxe et l'Eglise syrienne catholique, ayant chacune à sa tête, un Patriarche du titre
d'Antioche, les 3 premiers résidants maintenant a Damas.
Au 7e siècle s'est constituée une autre branche issue du tronc melkite, la communauté maronite qui
rapidement se retira dans les monts du Liban et ne subit pas l'influence byzantine , demeurant fidèle à la
tradition syriaque. Lors des croisades, elle affirma sa pleine communion avec Rome et subit fortement
l'influence latine. L'extension maronite toucha la région côtière syrienne où beaucoup de villages sont
maronites. De nombreuses familles, surtout du Nord Liban se sont installées à Alep au 16e et 17e siècle
et se sont constituées en évêchés. Plus récemment la capitale a attiré un nombre important de familles.
Le Patriarche maronite a , lui aussi, le titre d'Antioche et réside au Liban. Les maronites, eux, n'ont pas de
branche orthodoxe.
Les Arméniens sont venus en Syrie surtout à partir de la Petite Arménie (Cilicie) voisine, dès la fin du
Moyen-age. Leur communauté s'accrut au 17e siècle des familles fuyant la persécution du Shah Abbas de
Perse, et surtout des rescapés des massacres de 1915 et de ceux qui ont quitté la Cilicie après le retrait
des troupes françaises en 1922. Les Arméniens de Syrie dépendent du Catholicosat de Sis. Au cours du
18e siècle, ils se scindèrent, comme les melkites et les Syriens en 2 branches: les Arméniens orthodoxes
et les Arméniens catholiques.
La communauté chrétienne située dans l'ancien Empire Perse, Irak, Iran, appelée syrienne orientale c'est,
elle aussi, scindée en 2 :
Les Chaldéens sont la branche catholique. Au 17e siècle, ils étaient représentés à Alep par quelques
familles et les Franciscains assuraient leur service spirituel. Dans la deuxième moitié du 19e siècle leur
nombre s'est accru de familles de la région de Mossoul. Leur Patriarche, résidant en Irak, leur envoya un
prêtre et les aida à construire une église. En 1957, ils se sont constitués en évêché.
Les Assyriens , branche non unie à Rome de l'ancienne Eglise de Perse, ont été accueillis en Syrie quand
ils ont été en partie refoulés d'Irak par le roi Faycal, en 1933. Le gros de leur effectif est en Djézireh. Ils
ont maintenant un évêque. Ces 2 dernières communautés sont celles qui voient ces derniers mois de
nouveau des membres chercher refuge en Syrie pour fuir les massacres d'Irak.
La communauté latine s'est constituée à partir des négociants et des diplomates européens installés à
Alep et à Damas dès le 16 et 17e siècle. Ils étaient desservis par les franciscains. Peu à peu les
franciscains se sont constitués des paroisses. Ils dépendent d'un Vicaire Apostolique ayant le titre d'Alep.
L'importance de la communauté latine vient surtout du nombre considérable de religieux et religieuses
travaillant dans le pays.
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Enfin au cours du 19e siècle les missions protestantes ont réussi à gagner des adeptes qui ont formé
l'Eglise évangélique arabe. Parmi les Arméniens arrivés en Syrie en 1915, il y avait un groupe de
Protestants arméniens. Les 2 groupes gardèrent une organisation indépendante.
VOICI LE TABLEAU DES DIFFERENTES EGLISES DE SYRIE : (chiffres estimes en 2001)
A- Catholiques :
1-Les Grecs melkites catholiques: 250 000 fidèles
2-les Syriens catholiques: 50 000 fidèles
3-les Maronites: 45 000 fidèles
4-les Arméniens Catholiques: 40 000fideles
5- les Chaldéens: 20 000 fidèles
6- les Latins: 20 000 fidèles
B- Orthodoxes :
1-Les Grecs orthodoxes: 700 000 fidèles
2-les Syriens orthodoxes: 150 000 fidèles
3-les Arméniens orthodoxes: 250 000 fidèles
4- les Assyriens: 25 000 fidèles
C- Protestants : 25 000 fidèles
Les relations intercommunautaires se sont améliorées avec le renouveau de l'esprit œcuménique.
Malgré tout le manque d'unité et de coordination reste un grand handicap. L'exemple le plus frappant
est la différence de calendrier pour la fête de Pâques.
Les chrétiens de Syrie représentent l'une des plus vielles traditions chrétiennes remontant directement
aux Apôtres. Elle est le siège de 3 Patriarcats qui ont un rôle important dans les relations interecclésiales. Le patriarcat grecque melkite catholique a joué un rôle considérable à Vatican II pour ouvrir
la communion catholique aux valeurs traditionnelles de l'Orient et à l'Oecuménisme. Le Patriarcat grecorthodoxe joue dans le concert des Eglises orthodoxes byzantines un rôle modérateur entre les Slaves et
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les Grecs et témoigne d'une Eglise arabe en bonne entente avec les Musulmans et les Catholiques de la
région. Le Patriarcat syrien orthodoxe est le chef suprême de sa confession et étend sa juridiction sur le
sud de l'Inde.
Toutes ces diverses communautés ont été associées pour préparer la visite du Pape Jean Paul II en Syrie
en 2001.
"Souvenez-vous dans votre prière de l'Eglise de Syrie"
de la lettre de Saint Ignace d'Antioche aux Romains,9/1 en l'an 107
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