gestionnaire dont
l’Etat
s’est doté depuis 15ans
pour
fixer
le
monde de l’exclusion aux
marges
de
la
cité, à l’intérieur de
frontières
où domine
l’individualisation
à outrancedes
situations personnelles, sur fond de culpabilisation
le
plus souvent rampante, parfois
explicite.
Reste
qu’un nombre croissant de ceux que l’on parvenait,
il
y a peu, à maintenir à
distance du débat de société, ont manifestement choisi de sortir de l’anonymat des
statistiques, du silence des files d’attente
et
du secret des permanences d’acceuil, et de
venir grossir
les
rangs d’associations
dont
le
développement
constant, notammentdepuis
le
début
des années 90, laisse penser qu’un mouvement de réappropriation d’une
subjectivité
citoyenne est
bel
et
bien
à
l’oeuvre
du
côté
des exclusdu salariat
typique.
Comment
s’opèrent ces passages de l’expérience individuelle de
la
précarité à l’action
collective contre le chômage, autour de quels enjeux et contradictions, à quelles
occasions, sous quelles formes organisationnelles ? Sur quel "travail" personnel et
partagé s’appuient-ils ? Quels regards permettent-ils de jeter sur l’expérience du
chômage, du travail et du non-travail ? Quelles contributions l’action solidaire des
chômeurs peut-elle apporter à
la
contestation des
logiques
économiques
et
des modes de
gestion des formes modernes de pauvreté et d’exclusion ? Quelle(s) place(s) les
mouvements
de chômeurs
peuvent-ils
prendre
au
sein
du mouvement
social
?
Telles sont quelques unes des interrogationssur lesquelles, pensons-nous,
la
recherche
devrait
se pencher plus
systématiquement.
Faceà
l’échec désormais
patentde plus de 15
ans
de
"politiques
sociales"
plus sophistiquéesles
unes
que les autresdans
le
ciblage des
publics
et individus, n’est-il pas temps, en effet, de faire l’hypothèse qu’une part au
moins
de l’issue à
une
situation
qui
ne cesse de se dégrader
réside
dansles capacités de
ces
"publics"
et individusà intervenir
comme acteurscollectifs
et protagonistesdu débat
social
?
Nous
le
pensons pour
notre
part
et les analyses
qui
suiventvoudraient dessiner quelques
premières
pistes de
réflexion
dans
ce
sens.
Nous avons
choisi
de
le
faire
en
nous
transportant
en
deuxdes
hauts
lieux
du mouvement
du chômeurs et de précaires. L’un se situe
en
Région
parisenne et s’organise autour de
l’A.P.E.I.S.
(Association pour l’Emploi, l’Information et
la
Solidarité des chômeurs et
des travailleurs précaires) qui rassemble aujourd’hui quelques 23.000 adhérents sur
l’ensemble
du territoire. L’autre se situedans les Bouches du Rhône ou plus de 1.000
chômeurs et précaires sont organisés par le Comité de chômeurs CGT. Ces deux
exemples sont évidemment loin d’épuiser
la
réalité très diverse du mouvement de
chômeurs dans notre pays. Mais, outre leur importance
en
termes numériques, ils en
représentent deux formes dont les similitudes
et
différences devraient nous permettre
La documentation Française : Les chômeurs en mouvement(s)