ÉPARGNER À LONG TERME ET MAÎTRISER LES RISQUES FINANCIERS 5
Introduction
La crise actuelle a tendance à raccourcir l’horizon de la plupart des dé-
cisions économiques et à réduire l’attractivité de certains placements finan-
ciers risqués. Pourtant, par-delà ses effets cycliques et ses probables consé-
quences structurelles, elle n’invalide pas les grands principes de la bonne
gestion financière.
Le rapport qui suit privilégie le point de vue des épargnants individuels,
de leurs intérêts propres et de leur rationalité, plutôt que celui du financement
optimal de l’économie. Il part de constats incontournables, éclairés à la
lumière de comparaisons internationales, sur le patrimoine financier des Fran-
çais. Leur patrimoine total est constitué pour près de la moitié d’une épar-
gne non risquée dopée par des incitations fiscales. L’épargne liquide et l’as-
surance-vie s’y taillent la part du lion. L’investissement des ménages fran-
çais dans les marchés d’actions reste modeste au regard des comparaisons
internationales, malgré l’essor enregistré depuis les années quatre-vingt.
Or, les études empiriques confirment l’attractivité des placements en
actions sur le long terme. Elles l’éclairent, mais elles la nuancent aussi.
Même si le risque relatif des actions diminue lorsque l’horizon d’investis-
sement s’élargit, le long terme peut se révéler, en pratique, très long et il
faut rappeler que les actions demeurent un actif risqué même à long terme.
La politique de l’épargne devrait inciter les ménages à mieux épargner à
long terme, comme y conduit rationnellement la recherche de leur bien-être
sur le cycle de vie. Pour la préparation de la retraite, il faut exploiter la complé-
mentarité entre la répartition et la capitalisation. La politique de l’épargne doit
privilégier une neutralité fiscale entre produits financiers plutôt que d’ajouter
de nouvelles incitations spécifiques. Cela veut dire concrètement que les
réels avantages fiscaux doivent être réservés à l’épargne bloquée à long
terme, et que pour le reste il convient d’analyser la possibilité d’une taxa-
tion moins foisonnante, donc plus uniforme (schéma de la « flat tax »).
Le rapport a été présenté à Madame Christine Lagarde, ministre de l’Éco-
nomie, de l’Industrie et de l’Emploi lors de la séance plénière du CAE du
28 mai 2009. Il a bénéficié du concours actif de Jérôme Glachant, con-
seiller scientifique au CAE.
Christian de Boissieu
Président délégué du Conseil d’analyse économique
CAE86_Epargne LT.pmd 22/07/2009, 16:485