D8180.PDF

publicité
Rev. sci. tech. Off. int. Epiz., 1990, 9 (3), 621-640
Utilisation et contrôle des méthodes
biotechnologiques dans le domaine vétérinaire
J. B L A N C O U *
Résumé : L'auteur retrace l'historique et les étapes successives de l'application
de la «biotechnologie» aux sciences vétérinaires.
Il dresse ensuite l'inventaire des applications possibles en santé animale
(diagnostic, prévention et traitement des maladies), en génétique, reproduction
(contribution directe ou indirecte), et nutrition animales (que ce soit au niveau
des plantes fourragères, de la fermentation ou pré-fermentation des aliments
ou du métabolisme de l'animal lui-même).
Il rappelle les principes du contrôle des méthodes biotechnologiques
(différentes catégories et risques, et moyens de les prévenir) en décrivant les
différentes instances de contrôle aux niveaux national et international.
Il conclut à l'intérêt sans cesse croissant des biotechnologies dans le domaine
de la reproduction animale et de la surveillance des maladies animales, mais
souligne la grande lenteur de son application à la prévention de ces maladies,
compte tenu des délais nécessaires pour en évaluer les risques.
MOTS-CLÉS : Biotechnologie - Contrôle - Diagnostic - Génétique - Maladies
animales - Nutrition - Reproduction - Vaccins.
INTRODUCTION
Les sciences biologiques ont connu, au cours des dernières décennies, des progrès
techniques accélérés.
Cette accélération était inhabituelle en biologie où les découvertes se faisaient,
se développaient et s'appliquaient en général avec plus de lenteur que dans les autres
disciplines scientifiques.
Il en est résulté une certaine appréhension du fait que ce d o m a i n e des sciences
concerne notre environnement direct, même si chacun admet que les nouvelles
découvertes autorisent des progrès inespérés.
Or, les sciences vétérinaires sont à nouveau au premier rang dans ce progrès, par
le nombre et par la variété des découvertes qui lui sont applicables. Les responsabilités
des vétérinaires sont d'autant plus lourdes que nombre de ces découvertes sont d'abord
éprouvées sur l'animal, sur les produits qui lui sont administrés ou sur la nourriture
qui lui est offerte.
* Chef du Département Santé et Protection Animales, Centre National d'Etudes Vétérinaires et
Alimentaires, B.P. 9, 54220 Malzévüle, France.
622
Le présent document se propose donc de faire le point sur la nature des méthodes
biotechnologiques réellement utilisées ou étudiées dans le m o n d e et la façon dont cette
utilisation et ces études sont contrôlées.
Cet article a été rédigé d'après les sources bibliographiques citées et l'analyse des
rapports reçus par l'Office International des Epizooties en provenance des pays
suivants : Afrique du Sud, République fédérale d'Allemagne (six rapports),
République Démocratique Allemande, Australie, Autriche, Brésil, C a n a d a , Chili,
Chypre, République de Corée, Etats-Unis d'Amérique, France, Italie, Norvège, PaysBas, Royaume-Uni, Taïwan R . O . C . , Tchécoslovaquie, Turquie, URSS et Uruguay.
LES MÉTHODES BIOTECHNOLOGIQUES
Avant d'établir la liste de ces méthodes, et d'en donner une brève description,
il convient de préciser la définition que nous retiendrons pour cet article des deux
mots «méthodes biotechnologiques» en sciences vétérinaires. Cette définition large
englobe tous les champs d'application possibles des biotechnologies. U n e définition
plus restrictive, concernant uniquement les «biotechnologies modernes» (c'est-à-dire
issues des découvertes de la seule biologie moléculaire), appelées aussi «génie
génétique», sera donnée plus loin.
P o u r notre part, les méthodes biotechnologiques sont toutes celles visant à:
«L'application pratique de l'ensemble de nos connaissances en biologie,
microbiologie ou biologie moléculaire à l'accroissement des potentialités des animaux
ou à l'accroissement de leur résistance aux agressions du milieu où ils vivent».
Car les biotechnologies sont rarement issues d ' u n e seule discipline ou d ' u n e seule
découverte mais, au contraire, de l'application simultanée de ces découvertes en vue
de résoudre u n problème précis.
On peut distinguer trois grandes périodes dans le développement des méthodes
biotechnologiques :
Avant
la naissance de la microbiologie
et de la biologie
cellulaire
Les biotechnologies étaient alors appliquées de manière empirique (sans «savoir»
leur mécanisme intime). Mais ces applications ont, comme les suivantes, changé le
sort de l'humanité : sélection des espèces et des races animales (ou végétales d o n t
ils se nourrissaient), fermentation des fruits, des grains, des herbages, du lait, voire
production de vaccins à base de matières virulentes «brutes» ont constitué la clé des
progrès et des succès de l'élevage au fil des siècles.
Après les découvertes
de la microbiologie
et de la biologie
cellulaire
Les applications des biotechnologies se sont alors multipliées en matière de
protection de la santé humaine et animale, notamment après la découverte des vaccins
et sérums, des antibiotiques, des sulfamides, des vitamines, mais aussi en matière
de sélection, d'hybridation ou d'insémination artificielle. Toutes ces applications ont
été à la base de l'explosion démographique mondiale du X X siècle.
e
623
Mais l ' h o m m e ne crée encore rien en biologie : il ne fait qu'exploiter le matériel
existant déjà dans la nature, le sélectionner, l'améliorer. Il utilise notamment les erreurs
de transcription du code génétique (dont il ne connaît pas encore le mécanisme intime).
Et il fait de ces « m u t a n t s spontanés» des clones végétaux, animaux ou microbiens
qu'il emploie à son service.
Après les découvertes
de la biologie
moléculaire
U n pas supplémentaire a été fait : on a pu n o n seulement déchiffrer le code
génétique qui « p r o g r a m m e » les cellules, les microbes ou les virus, mais aussi extraire,
modifier ou transférer ces messages codés d ' u n e cellule à l ' a u t r e .
L ' h o m m e avait ainsi acquis la maîtrise des mécanismes intimes de la vie. De cette
constatation naquit aussitôt une grande inquiétude : ayant créé ce qui n'existait pas
«naturellement», n'allait-on pas r o m p r e l'équilibre de ce qui existait déjà?
Nous allons voir que, replacée dans son contexte historique, cette question ne doit
pas se poser en termes aussi dramatiques. Car l ' h o m m e fait a u j o u r d ' h u i sciemment
ce qu'il a longtemps fait empiriquement.
Les méthodes biotechnologiques qui figurent en Annexe I, actuellement employées
en sciences vétérinaires, peuvent, en effet, être classées en trois grands groupes :
Groupe 1 : les méthodes ne faisant qu'exploiter des patrimoines génétiques existant
déjà
Ces méthodes visent à choisir, dans la palette naturelle des différents gènes existant
au sein des cellules reproductrices, ceux qui paraissent les plus appropriés p o u r :
- Accroître directement le potentiel des êtres vivants dans u n sens favorable (ex. :
résistance ou productivité).
- A c c r o î t r e indirectement ce potentiel en utilisant p o u r cela les propriétés de
cellules, microbes ou virus sélectionnés en laboratoire : ferments, vaccins,
antibiotiques, etc.
O n constate bien que les méthodes classées dans ce groupe ont été utilisées,
directement ou n o n , à toutes les périodes de l'histoire des biotechnologies évoquées
ci-dessus.
D a n s ce groupe peuvent être classées les méthodes suivantes :
- Sélection traditionnelle (génétique quantitative) de races animales améliorées
par tous les types de croisement possibles, à partir de races existantes, par m o n t e
naturelle ou insémination artificielle : plus productives, plus résistantes aux agressions
du milieu ou des agents pathogènes, etc. Cette sélection se fait soit sur la base des
caractères extérieurs (phénotype) des reproducteurs ou de leur descendance, soit sur
la base des caractères héréditaires (génotype) repérés par des m a r q u e u r s .
- D é v e l o p p e m e n t in vivo d'embryons récoltés chez des mères (sélectionnées)
implantés chez d'autres mères «receveuses» (non sélectionnées).
- Sélection de cellules à propriétés particulières (ex. : porteur du c h r o m o s o m e
mâle ou femelle, sécrétant des anticorps), de microbes (ex. : produisant des
antibiotiques, des enzymes fermentaires, des antigènes vaccinants), de virus (ex. :
permettant de produire des vaccins, de transformer des cellules, de transférer des
gènes).
624
- Identification, sélection e t / o u reproduction in vivo (biosynthèse) ou in vitro
(synthèse chimique) de cellules ou de sous-unités cellulaires (ex. : protéines, peptides,
acides aminés) ou de leurs produits (ex. : hormones, anticorps polyclonaux, enzymes,
etc. ; voir en annexe la signification de tous les mots n o n usuels qui ne seraient pas
expliqués ici ou dans la suite de cet article). Ainsi la séquence complète de la caséine
du lait de vache a-t-elle été identifiée récemment en République fédérale d'Allemagne.
Groupe 2 : les méthodes modifiant ou rapprochant artificiellement des patrimoines
génétiques existants
Ces méthodes franchissent u n pas de plus dans l'exploitation des potentialités
biologiques, mais de manière artificielle, c'est-à-dire soit en forçant la variabilité
cellulaire, soit en r a p p r o c h a n t des patrimoines génétiques qui n'auraient pas pu se
rencontrer naturellement. Le b u t de ces «manipulations» est le même que
précédemment : accroître directement ou indirectement les potentialités des êtres
vivants. Mais il s'y ajoute u n autre objectif : créer des outils spécifiques (ex. : les
anticorps monoclonaux) permettant de réaliser des manipulations encore plus fines.
Dans ce groupe peuvent être classées les méthodes suivantes :
- C r é a t i o n de races animales nouvelles sous l'effet de mutations induites ou
favorisées artificiellement.
- M o d i f i c a t i o n de cellules, microbes ou virus par des «mutagénèses» induites puis
sélection de mutants aux propriétés recherchées (du fait de l'addition ou de la délétion
de gènes, par exemple).
- «Immortalisation» de lymphocytes infectés volontairement par des virus
oncogènes.
- Hybridation (fusion) de cellules tumorales (c'est-à-dire à reproduction indéfinie)
avec un clone particulier de cellule (lymphocyte) du système immunitaire. Ceci permet
de créer des «hybridomes» pouvant sécréter, in vitro ou in vivo, des quantités illimitées
d'anticorps monoclonaux d'une spécificité restreinte à un seul déterminant antigénique
(épitope). Ces «anticorps monoclonaux» peuvent, à leur tour, permettre de sélectionner
par mutagénèse dirigée des microbes ou virus résistant à leur neutralisation par ces
anticorps au niveau d ' u n site spécifique correspondant.
- Hybridation d ' u n A D N connu avec u n A D N complémentaire permettant de
reconnaître la présence de séquences spécifiques (gène ou agent pathogène), donc celles
de la protéine pour laquelle il code : c'est le diagnostic par sonde moléculaire, appelée
aussi sonde nucléique.
Groupe 3 : les méthodes créant des patrimoines génétiques par manipulation dirigée
de l'ADN
C'est l'ultime étape de l'intervention de l ' h o m m e sur le patrimoine génétique.
Appelée aussi «génie génétique», «génie biomoléculaire», «recombinaison de l ' A D N » ,
c'est à elle que l'on pense le plus souvent en parlant de biotechnologie. L ' h o m m e
intervient alors de façon directe et précise sur le génome. Connaissant la séquence
exacte des acides aminés de la protéine qu'il veut obtenir, il peut isoler les gènes qui
p r o g r a m m e n t l'expression de ces acides aminés, c'est-à-dire les A D N codant, euxmêmes repérés par leurs A R N messagers complémentaires. Ces gènes intéressants sont
généralement excisés du génome en utilisant des enzymes de restriction qui coupent
625
l ' A D N en u n point précis. D'autres enzymes permettent de réintroduire le gène ainsi
excisé dans une molécule d ' A D N vecteur (plasmide ou virus) qui le transportera et
l'exprimera dans la cellule-hôte : cellule ou micro-organisme. Il est possible de créer
u n génome nouveau par délétion, ou addition d'autres gènes. Ce génome peut
éventuellement être transféré ensuite dans celui d ' u n e autre cellule (eucaryote ou
procaryote), ou virus, «vecteurs», en utilisant par exemple u n plasmide : ces vecteurs
exprimeront les séquences d'acides aminés codés par l ' A D N qu'ils ont incorporé, en
même temps que leurs propres constituants.
D a n s ce groupe peuvent être classées les méthodes suivantes :
- T r a n s f e r t de gènes étrangers à des animaux. Ces «chimères» sont réalisables,
soit par micro-injection d ' A D N in vivo dans leurs oeufs fécondés, soit par
transformation de leurs cellules embryonnaires cultivées in vitro, soit par incorporation
du gène désiré dans le génome d ' u n rétrovirus porteur qui l'insérera dans la cellule
en m ê m e temps que le sien. On peut ainsi ajouter des gènes, mais aussi transférer
des gènes capables d'arrêter la traduction de gènes indésirables.
- Introduction de gènes étrangers dans des végétaux destinés à l'alimentation des
animaux, de gènes étrangers codant pour une propriété particulière (ex. : production
d ' u n acide aminé limitant, fixation de l'azote de l'air, résistance aux herbicides, etc.).
- I n t r o d u c t i o n dans les bactéries ou les virus de gènes étrangers : m é t h o d e
actuellement la plus développée. C'est aussi la plus contestée, compte tenu des risques
de dissémination ultérieure de ces microbes transformés :
a) introduction dans les bactéries (ex. : colibacilles) ou les levures (ex. :
saccharomyces) de gènes codant pour la production d ' h o r m o n e s (ex. : insuline),
d'antibiotiques, d'enzymes (ex. : cellulases) ou de substances antivirales (interféron) ;
b) introduction dans les virus (notamment poxvirus, baculovirus ou rétrovirus)
de gènes codant pour la production de séquences peptidiques immunogènes spécifiques
ou de toute autre séquence étrangère.
Remarque générale : la subdivision en groupes 1, 2, ou 3 est pratique pour expliquer
les principes des différentes méthodes biotechnologiques, distinguer celles qui sont
réellement nouvelles de celles que l'on employait déjà depuis longtemps, et apprécier
les risques correspondants. Mais elle reste artificielle dans la mesure où certaines
biotechnologies peuvent très bien faire simultanément appel à des techniques de l'un
ou l'autre groupe. A n s i , o n peut extraire l ' A D N d ' u n virus thermosensible (obtenu
par les techniques du groupe 1), le transférer à un autre virus (techniques du groupe 3)
que l'on reconnaîtra ensuite par une sonde moléculaire ou u n anticorps monoclonal
(technique du groupe 2).
UTILISATION DES MÉTHODES
BIOTECHNOLOGIQUES
Ayant décrit les étapes historiques de la naissance des biotechnologies, leurs grands
principes et les diverses méthodes possibles, nous dirons, maintenant, comment elles
sont utilisées ou étudiées, dans la science vétérinaire.
Quatre grands champs d'application sont possibles : la santé, la génétique et la
reproduction, la nutrition animales.
626
UTILISATION EN SANTÉ ANIMALE
Les méthodes biotechnologiques peuvent trouver des applications intéressantes
dans les trois domaines classiques du diagnostic des maladies, de leur prévention et
de leur traitement.
Le diagnostic des maladies
Les améliorations
apportées
aux techniques
conventionnelles
Les biotechnologies autorisent des performances inégalées auparavant. Elles
permettent, par exemple, de détecter l'infection des animaux par des quantités minimes
de virus (une centaine) et la présence de quelques nucléotides (une douzaine)
spécifiques, ou de distinguer les anticorps infectieux des anticorps post-vaccinaux,
ou de repérer les porteurs de virus latents (maladie aléoutienne du vison, herpès ou
pestiviroses), ou de construire des systèmes cellulaires nouveaux (hybrides) permettant
n o t a m m e n t l'isolement des virus. Certains rapports (Afrique du Sud) prévoient que,
bientôt, u n entomologiste de terrain p o u r r a capturer u n insecte, l'identifier
immédiatement, dire sur quel vertébré il s'est nourri et quel microbe l'infecte.
Les biotechnologies permettent donc des diagnostics b e a u c o u p plus spécifiques
(moins d'erreurs par excès) que les méthodes traditionnelles, qu'il s'agisse de
reconnaître les antigènes (des parasites, microbes, virus), ou les anticorps
correspondants.
- Pour repérer l'antigène, la technique utilisée est le plus souvent celle des anticorps
monoclonaux. Ces derniers peuvent être appliqués directement sur les prélèvements :
u n test positif est alors détecté par une réaction radioactive, fluorescente, etc. ; mais
ils peuvent être aussi déposés dans les puits de «kits» en plastique ou sur des
bandelettes, où ils servent de piège spécifique à l'antigène inconnu (immunocapture).
Ce dernier peut être ensuite repéré par une réaction utilisant une enzyme couplée qui
colore u n substrat : c'est la technique maintenant bien connue de «Enzyme-linked
immunosorbent assay» (ELISA) rendue très spécifique par ces anticorps monoclonaux.
Ces derniers peuvent aussi recouvrir des particules immunomagnétiques faciles
à repérer ultérieurement.
Qu'ils utilisent les anticorps polyclonaux (ELISA «classique») ou les anticorps
monoclonaux, ces kits se vulgarisent très rapidement et ils sont accessibles n o n
seulement aux vétérinaires mais, parfois, aux éleveurs eux-mêmes. Ceci n'ira pas sans
poser le problème que l'on imagine, notamment lorsqu'il s'agit de maladies légalement
réputées contagieuses. On peut déjà dépister ainsi des maladies des bovins (leucose
enzootique, fièvre aphteuse), des équins (anémie infectieuse), des porcins (maladie
d'Aujeszky), du chien (parvovirose, dirofilariose), du chat (leucémie) ou de toutes
espèces (rage) : voir Annexe II. Mais ces anticorps monoclonaux peuvent aussi
permettre de détecter ou de doser des hormones (progestérone) ou des résidus
chimiques, tels qu'antibiotiques ou pesticides, de la même façon qu'ils peuvent
permettre de distinguer les souches de bactéries ou de virus «sauvages» des souches
vaccinales.
- Pour repérer les anticorps naturels (polyclonaux) apparus dans le sang, ou même
le lait des animaux après contact avec les antigènes correspondants, on fait également
de plus en plus appel aux anticorps m o n o c l o n a u x . Ces derniers sont très utiles soit
627
en technique d ' « i m m u n o c a p t u r e » (qui, étant très spécifique, purifie in situ l'antigène
qui permettra d'accrocher l'anticorps recherché), soit en technique de «compétition»
entre l'anticorps recherché et l'anticorps monoclonal. Cette dernière a aussi l'avantage
de reconnaître les animaux infectés des animaux ayant reçu des vaccins qui ne
contenaient pas tous les antigènes viraux (ex. : porcs vaccinés avec un virus de la
maladie d'Aujeszky dépourvu de glycoprotéine gX, g l ) .
La création de nouvelles
techniques
Le transfert, sur une membrane de cellulose, des acides nucléiques ou des antigènes,
puis leur digestion par diverses endonucléases bactériennes permettent de dresser des
«cartes de restriction» spécifiques de chaque agent pathogène (voir en Annexe III,
le terme «blot»).
Mais c'est l'utilisation des sondes nucléiques qui est la plus prometteuse. Certaines
de ces sondes à A D N total permettent déjà de reconnaître directement dans u n
prélèvement des quantités autrefois indétectables d'une variété sérologique particulière
(«sérovar» de certains leptospires pathogènes). De telles sondes sont à l'étude dans
le même b u t , pour des diagnostics interspécifiques autrefois longs et imprécis,
n o t a m m e n t du genre Mycoplasma,
Mycobacterium,
Chlamydia ou Brucella.
D'ores et déjà ces sondes sont disponibles pour les rotavirus, les Coronavirus, les
virus de la peste porcine, de la peste bovine, de la rage, etc. : voir liste en Annexe II.
Leurs performances peuvent être considérablement accrues p a r la technique de
la «Polymerase Chain Reaction» (PCR) qui amplifie les gènes et permet une détection
plus aisée, n o t a m m e n t par les sondes froides.
La prévention des maladies
C'est l'un des domaines les plus étudiés, et l'un de ceux qui posent les problèmes
les plus importants de contrôle d'innocuité et d'efficacité (voir plus loin). Mais c'est
aussi l'un des domaines où se fonde le plus d'espoir, n o t a m m e n t celui de produire
des vaccins qui n ' o n t pu, jusqu'ici, être obtenus par des techniques conventionnelles :
contre les helminthes, les protozoaires, les rickettsies, certaines bactéries ou certains
virus. N o m b r e de ces agents pathogènes constituent des obstacles actuellement
insurmontables à l'élevage en milieu tropical.
C o m m e au paragraphe précédent, nous distinguerons:
Les améliorations
apportées
aux techniques
conventionnelles
I n d é p e n d a m m e n t de l'aide apportée au diagnostic et à l'épidémio-surveillance,
la biotechnologie peut contribuer à la prévention des maladies animales dans deux
domaines :
L'immunité naturelle (résistance aux maladies) : la sélection des individus
reproducteurs les plus résistants à l'épreuve sur le terrain e t / o u en laboratoire est
déjà appliquée dans certains pays vis-à-vis d'infections à protozoaires (ex. :
trypanosomoses) ou à virus (ex. : tremblante des m o u t o n s ) . Cette sélection peut être
favorisée par le repérage, par exemple à l'aide de sondes nucléiques, des facteurs de
résistance à certaines infections du cheptel. Ainsi sont actuellement étudiées l'absence
de récepteur cellulaire à l'antigène K88 chez les porcs, ou celle du facteur C5a du
complément (favorisant la listériose) ou du gène de sensibilité aux salmonelloses chez
les ovins. De même, le rôle des gènes du «complexe majeur d'histocompatibilité» (CMH)
628
est étudié chez les bovins « B o L A » quant à leur lien éventuel avec la theilériose ou
la leucose bovine enzootique, ou chez les poules quant à leur lien avec la thyroïdite
auto-immune, la maladie de M a r e k . Avec l'idée, dans ce dernier cas, d'introduire
le(s) gène(s) de résistance dans le patrimoine héréditaire des sujets reproducteurs.
Tous ces progrès sont basés sur la reconnaissance des bases moléculaires de la
résistance (ou de la sensibilité) aux maladies animales. Certaines déficiences génétiques
(ex. : en uridine m o n o p h o s p h a t e synthétase : D U M P S ) peuvent même être détectées
dès la naissance des veaux. Et l'espoir est entrevu de transférer des gènes de résistance
d ' u n e espèce à l'autre (ex. : gène de résistance de la souris au virus influenza
transmissible au porc), ou de «corriger» des gènes défaillants.
L'immunité acquise (vaccination) : toutes les ressources de la biotechnologie ont
été appliquées à l'amélioration de vaccins, p a r :
- Utilisation des anticorps monoclonaux comme marqueurs spécifiques des vaccins
atténués ou «mutants d ' h ô t e » obtenus par multiplication en milieu dysgénésique ou
dans des organismes vivants hétérologues : virus lapinisé de la peste porcine, virus
du dindon contre la maladie de Marek, virus adapté aux cellules de hamster contre
la rage des renards, etc.
- M a r q u a g e des souches vaccinales permettant de les distinguer entre elles (par
délétion d ' u n antigène n o n essentiel, par exemple), ou des souches sauvages.
- Sélection de souches vaccinales plus sûres obtenues par m u t a t i o n en des sites
antigéniques précis en utilisant des anticorps monoclonaux.
- Sélection possible des variants les plus immunogènes et les moins pathogènes
dans u n contexte donné.
Parmi les vaccins étudiés, une place importante doit être faite aux vaccins constitués
de mutants thermosensibles, chauds ou froids, c'est-à-dire se multipliant mal à la
température interne de l'animal à vacciner. Ces mutants sont donc sélectionnés
empiriquement. Ainsi u n m u t a n t chaud est utilisé pour vacciner contre la septicémie
hémorragique de la truite (rhabdovirus) ou des m u t a n t s froids p o u r vacciner contre
la chlamydiose, la peste porcine, la maladie d'Aujeszky ou la rage.
La création de nouvelles
techniques
Nombreuses sont les méthodes préventives entièrement nouvelles, basées sur les
biotechnologies et appliquées dans les deux domaines précédemment cités :
L'immunité «naturelle» : certains travaux permettent d'envisager le transfert
direct, dans le patrimoine génétique d ' u n animal, du gène de résistance, par exemple
à la maladie de Marek, ou des séquences complémentaires d ' u n antigène, par exemple
de la leucose aviaire. Ceci permettrait, par la suite, à cet animal de résister
«naturellement» à ce micro-organisme au cours des générations successives.
L'immunité acquise : parmi les progrès les plus importants réalisés en matière de
production de vaccins, on peut citer:
- La production de nouveaux types de vaccins non réplicatifs, c'est-à-dire ne se
répliquant pas eux-mêmes dans l'organisme.
Plusieurs sont à l'étude qui n'utilisent par exemple q u ' u n fragment d ' u n virus
(peptides synthétiques) m i m a n t la région immunogène de ce virus : rotavirus des
629
bovins, virus de la fièvre aphteuse ou de la rage, etc. Mais très souvent, ces fragments
sont peu efficaces, sauf pour susciter une réponse immunitaire primaire : on doit alors
les coupler, soit à la surface de vésicules lipidiques permettant de reconstituer la
configuration spatiale immunogène (immunosomes), soit à d'autres microbes ou virus,
(ex. : fragment de rotavirus associé au virus de l'hépatite B).
Le fragment peut aussi avoir été inséré par recombinaison génétique (voir
ci-dessous) dans u n vecteur qui sera lui-même, ensuite, inactivé.
Enfin, o n peut transférer des fragments d ' A D N , codant la seule fraction
immunogène d ' u n microbe pathogène, sur u n microbe n o n pathogène : c'est le cas
des colibacilles apathogènes porteurs de l'antigène K88 et utilisés p o u r lutter contre
l'entérite des porcelets.
D'autres techniques utilisent des anticorps produits p a r u n animal immunisé à
l'aide d ' u n anticorps monoclonal spécifique de l'antigène contre lequel o n souhaite
vacciner. Ces anticorps (appelés «anti-idiotypes»), étant l'image interne de l'antigène
primitif, se comportent donc c o m m e des vaccins.
- La production de nouveaux types de vaccins réplicatifs, c'est-à-dire se multipliant
eux-mêmes dans l'organisme.
Plusieurs de ces vaccins sont également étudiés, selon deux principes:
Modifier le génome d ' u n agent pathogène en vue de le rendre inoffensif pour
l'animal à vacciner. Ceci se réalise généralement par élimination de certains gènes,
par exemple ceux codant pour la thymidine kinase, des protéines ou des peptides
supports de la virulence. Cette élimination se fait par manipulation génétique directe
de l ' A D N ou sélection dirigée sous la pression d'anticorps monoclonaux (ex. : maladie
d'Aujeszky, rage).
Insérer dans le génome d'un «vecteur» étranger qui peut être une cellule, un
microbe ou u n virus, le gène codant pour la fraction immunogène du parasite, du
microbe ou du virus contre lequel o n souhaite vacciner. Les études sur ce type de
vaccin sont actuellement les plus nombreuses. Elles utilisent le plus souvent comme
vecteurs des cellules, des colibacilles, des levures, des poxvirus, des herpèsvirus ou
des adénovirus. Elles permettent d'envisager de vacciner contre les maladies à
helminthes (ex. : schistosomoses), à protozoaires (ex. : babésiose), virales (ex. : rage,
peste bovine). Mais la majorité de ces vaccins en est toujours au stade de laboratoire.
Le traitement des maladies
La biotechnologie peut apporter une contribution importante au traitement des
maladies animales dans trois domaines : antibiothérapie, immunisation passive et
emploi des interférons ou des lymphokines.
Antibiothérapie : l'application des biotechnologies à l'obtention de nouveaux
antibiotiques (notamment par manipulation tendant à réduire leur inactivation
bactérienne) restera d'abord réservée aux produits à usage humain. Par contre, la science
vétérinaire bénéficie déjà d ' u n outil biotechnologique très performant : la surveillance
de l'apparition des antibiorésistances chez l'animal par repérage des «marqueurs de
résistance» apparus chez les bactéries. Car les plasmides (ces A D N extrachromosomiques,
qui transportent les gènes de résistance d ' u n e bactérie à l'autre) peuvent être
maintenant identifiés par extraction, clonage et transfert ou transconjugaison.
630
Immunisation passive : l'emploi d'anticorps monoclonaux (plus spécifiques que
les immunsérums «polyclonaux» thérapeutiques classiques) est actuellement au b a n c
d'essai de l'efficacité et du coût/bénéfice (ex. : traitement des entérites bovines,
antihormones).
Interférons et lymphokines : les interférons (protéines induisant une résistance
antivirale de la cellule) et les diverses lymphokines (ou interleukines ou cytokines,
qui sont les médiateurs de la réaction cellulaire du système immunitaire) ont
surtout été étudiés chez les animaux de laboratoire, en vue de leur emploi chez
l'homme.
Mais les nouvelles biotechnologies, qui permettent de produire ces interférons et
cytokines à b o n marché par recombinaison génétique, devraient faciliter leur
introduction sur le marché vétérinaire. C'est déjà le cas des interférons alpha (produits
dans u n colibacille) proposés pour traiter les porcs, chiens, bovins et chevaux, des
interférons g a m m a (encore produits par les colibacilles) pour les porcs ou les bovins,
de l'interleukine 2 (produite dans une levure) pour les bovins, etc. Mais, comme pour
les autres thérapeutiques, c'est l'avenir qui dira si ces produits sont à la fois plus
efficaces et moins chers que les produits conventionnels.
UTILISATION EN GÉNÉTIQUE ET EN REPRODUCTION ANIMALES
Les biotechnologies peuvent contribuer, directement ou indirectement, à la
sélection des animaux plus performants :
Contribution directe des biotechnologies à la sélection animale
E n appliquant simultanément toutes les méthodes biotechnologiques, il est
théoriquement possible d'identifier et de choisir les gènes transférables chez les
animaux, de cloner ces gènes puis d'en trier les porteurs pour constituer avec eux
une souche mutante (sujets transgéniques) qui pourrait être diffusée dans l'élevage.
Mais ces travaux sont très longs, et peu ont abouti aux objectifs de transfert de gènes
intéressants. P a r m i ceux-ci, citons le gène «culard» des bovins, le gène Boroola
d'hyperprolificité des ovins, le gène de synthèse de la cystéine favorable à la production
de laine, ou le gène de synthèse des protéines du lait favorables à la production
fromagère.
P a r contre, les gènes de résistance aux maladies seront peut-être plus aisés à
transférer (voir ci-dessus).
Contribution indirecte des biotechnologies à l'amélioration génétique et à la
reproduction animales
C'est peut être la plus importante, grâce à plusieurs techniques qui connaissent
ou pourraient connaître u n développement très r a p i d e :
- L ' i n s é m i n a t i o n artificielle: parce que c'est l'une des techniques les plus
anciennement utilisées, o n oublie parfois de la considérer comme l'une des premières
biotechnologies appliquées à l'amélioration génétique. Outil privilégié de la diffusion
de cette amélioration génétique, dans l'espace et dans le temps, elle a déjà permis
la naissance de dizaines de millions d ' a n i m a u x «améliorés» dans le m o n d e .
631
- L e transfert d'embryons : cette technique s'est développée de façon très
importante et plusieurs dizaines de milliers d'embryons bovins sont transférés chaque
année. Ces transferts représentent u n complément extrêmement utile de l'amélioration
génétique, en favorisant le développement des différentes filières et en assurant leur
sauvegarde sanitaire. Ils commencent donc à être appliqués chez les caprins et les
ovins (doublant leur prolificité), et sont envisagés chez les porcins.
- Le clonage : son principe est de conserver une b a n q u e d'embryons (en attendant
que l'un d'entre eux se soit développé, puis ait démontré sa valeur), p o u r ensuite
«activer» ces embryons et obtenir ainsi la copie conforme de l'embryon idéal. Mais
pour éviter t o u t risque de consanguinité ultérieure, ceci suppose u n p r o g r a m m e
rigoureux, au niveau national. L'application de cette technique n'est d o n c encore
envisagée que dans quelques pays, et p o u r la décennie à venir.
- Les techniques d'assistance à la gestion du troupeau : maîtrise des cycles sexuels,
ovulation provoquée (multiple), détection de l'œstrus ou de la gestation, voire
«castration immunologique» ou régulation de l'ovulation par vaccination contre les
inhibiteurs de cette ovulation, ont déjà connu de nombreuses applications pratiques
ou expérimentales.
- L e sexage des embryons : par cytogénétique, utilisation des anticorps anti H . Y . ,
hybridation in situ à l'aide d ' u n e sonde moléculaire spécifique du c h r o m o s o m e Y
ou amplification de l ' A D N . Si cette technique est déjà utilisée expérimentalement
chez les bovins, elle reste limitée et rencontre encore de n o m b r e u x obstacles à une
application pratique.
- L e sexage de la semence: il présente au plan théorique de grands avantages,
mais reste toujours au stade expérimental, car son rendement est extrêmement faible
et soulève de multiples problèmes qui semblent loin d'être résolus.
- La fécondation in vitro : elle est encore actuellement au stade de la recherche
chez les bovins. Elle permettrait d'augmenter le n o m b r e moyen d'embryons obtenus
de vaches et leur variabilité. Mais les diverses étapes nécessaires (ovulation contrôlée,
maturation des ovules et spermatozoïdes, culture puis transfert de l'embryon) sont
délicates et loin d'être vulgarisables. Le stade le plus difficile (celui de la culture
in vitro de l'embryon au delà du stade «blastocyste») n ' a été franchi que p a r
quelques équipes dans le m o n d e et le rendement des opérations reste encore très
faible.
UTILISATION EN NUTRITION ANIMALE
Les biotechnologies peuvent être appliquées à trois niveaux pour améliorer les
performances de la nutrition chez les animaux : au niveau des plantes d o n t ils se
nourrissent, à celui des microflores qui digèrent ou pré-digèrent ces végétaux, à celui
des régulations physiologiques du métabolisme de l'animal lui-même.
A u niveau des plantes
Bien qu'elles n'intéressent la nutrition animale que de façon indirecte, la plupart
des applications agronomiques de la biotechnologie peuvent avoir un impact important
en science vétérinaire. Car les essais en cours sur la sélection par manipulation
632
génétique de plantes résistantes (aux maladies, aux herbicides, etc.) ou améliorées
(plus riches en acides aminés essentiels, plus digestibles, plus prolifiques) peuvent
concerner la qualité des herbages ou des céréales consommés par les herbivores
domestiques ou sauvages.
Au niveau des microflores (bactéries) ou de la microfaune (protozoaires) qui digèrent
ou prédigèrent les aliments consommés par les animaux
Des études sont en cours sur l'amélioration possible des ensilages (fermentation
anaérobie lactique du fourrage) par les biotechnologies. Ce sont les flores sélectionnées,
les additifs chimiques ou les enzymes (cellulases) qui sont les plus étudiés ou utilisés.
E n aval, les manipulations de l'écosystème digestif de l'animal lui-même
(notamment celui de la panse des ruminants) sont déjà réalisées ou réalisables soit
par addition d'acides gras, d'antibiotiques, d'agents protecteurs de la dégradation
des protéines, d'inhibiteurs de la méthanogénèse, de t a m p o n s minéraux, etc., soit
par élimination des protozoaires, soit par manipulation génétique des bactéries visant
à introduire dans leur génome des enzymes spécifiques (ex. : cellulase). Seule cette
dernière technique est réellement nouvelle, mais son application pratique se heurte
encore à de grandes difficultés.
E n revanche, la digestion ou la prédigestion de la cellulose ou des produits végétaux
bruts, par des ferments issus de la biotechnologie, permettrait de valoriser des sousproduits agricoles, n o t a m m e n t en zone tropicale.
A u niveau du métabolisme de la nutrition de l'animal lui-même
La biotechnologie peut permettre d'améliorer encore les performances animales
en agissant au niveau du métabolisme de la nutrition. Ce dernier est sous la dépendance
de différents «stimulateurs de croissance», (tels qu'acides organiques, corps
microbiens, «probiotiques», antibiotiques, additifs incorporés dans Escherichia coli)
administrables par voie orale, ou de Stéroïdes, bêta-agonistes, somatropine et autres
hormones (ex. : hypothalamiques) administrables par voie parentérale.
Si certains de ces produits peuvent être fabriqués par des techniques du génie
génétique et n o t a m m e n t de la biosynthèse (ce qui abaisse leur prix de revient), ils
sont encore, pour la plupart, produits selon les techniques conventionnelles : culture
directe des micro-organismes sélectionnés ou extraction de produits actifs à partir
d'organes animaux recueillis à l'abattoir.
C'est généralement chez les jeunes bovins et les porcs que sont employés la majorité
des produits stimulateurs de croissance.
CONTRÔLE DES MÉTHODES
BIOTECHNOLOGIQUES
L'inquiétude née du développement extrêmement rapide des biotechnologies, et
de leur variété, est u n phénomène général dans tous les pays, qu'ils les mettent en
œuvre eux-mêmes ou qu'ils en utilisent les produits. Les raisons en ont été maintes
fois analysées ou commentées. Elles tiennent, tantôt au m a n q u e d'information (tout
ce qui est secret inquiète), tantôt à la surabondance de ces informations (qui parle
633
trop veut cacher quelque chose : c'est le «stress cognitif»), t a n t ô t à la confusion des
termes («biotechnologie» couvre t r o p de risques techniques totalement différents,
«manipulation» est suspect, «recombinaison» est louche et «génie» effraie).
Un moratoire international de quelques années avait d'ailleurs été décidé, en 1974,
pour permettre aux responsables de mettre en place des «garde-fous» au génie
génétique. La nécessité de rassurer les utilisateurs des produits de la biotechnologie
s'est, en effet, rapidement imposée aux niveaux national et international.
Le contrôle des méthodes biotechnologiques repose sur u n certain n o m b r e de
principes généraux à partir desquels les organismes officiels prennent leurs décisions.
Les principes du contrôle
Ils sont d ' a b o r d d'évaluer les différents risques possibles et puis de définir les
moyens possibles p o u r les prévenir.
Les différents
risques
Les risques de la biotechnologie sont, principalement:
Pathogènes, oncogènes ou toxiques : u n micro-organisme modifié, a u p a r a v a n t
inoffensif, pourrait ainsi acquérir u n caractère dangereux p o u r une espèce animale
ou végétale donnée, p a r une voie déterminée, etc. Ce danger pourrait venir du microorganisme lui-même, ou de sa recombinaison avec u n autre micro-organisme, ou des
produits de son métabolisme.
Ecologiques : une espèce animale, végétale ou microbienne créée par sélection ou
manipulation génétique, pourrait se multiplier de façon incontrôlée et bouleverser
l'équilibre naturel actuel.
Les moyens
de les
prévenir
Deux types de «garde-fous» peuvent être mis en place : techniques et humains.
Techniques
A u niveau du laboratoire de recherches : il consistera à assurer u n confinement
physique (classification des locaux de P1 à P4) et biologique (classification des risques
de «fuite» de I à IV, p o u r les organismes vivants manipulés au laboratoire).
A u niveau de l'industrie : il consiste à interdire, au-delà du stade «pilote», le
développement d'organismes qui auraient démontré u n risque incontrôlable lors des
études de laboratoire, puis à assurer ce développement avec les mesures de confinement
appropriées.
A u niveau du terrain : il consiste à isoler le plus possible le terrain où est effectué
le «lâcher» de l'organisme à étudier (barrières naturelles ou artificielles : île, c h a m p
clos, etc.), à surveiller ensuite rigoureusement les résultats du lâcher, et à prévoir les
moyens de détruire éventuellement l'organisme lâché et d'en débarrasser totalement
la zone d'étude.
Humains
Les mesures sont essentiellement d'informer (le personnel appelé à travailler avec
les produits de la biotechnologie, les utilisateurs, le public) et de former (les personnes
qui a u r o n t à produire, utiliser, surveiller, alerter).
634
Hiérarchie
des risques : les catégories
usuelles de
classification
Les Etats-Unis, et plusieurs autres pays ayant institué une procédure spéciale de
contrôle p o u r les produits issus de la biotechnologie, ont adopté pour les classer le
schéma suivant :
- Catégorie 1 : vaccins A D N recombinant inactivés, extraits bactériens, anatoxines
bactériennes, sous-unités virales ou bactériennes, anticorps monoclonaux.
- Catégorie 2 : micro-organismes vivants modifiés par addition ou délétion d ' u n
ou de plusieurs gènes (marqueurs).
- Catégorie 3 : vaccins utilisant des vecteurs vivants porteurs de gènes étrangers
codant p o u r des antigènes immunisants ou adjuvants de l'immunité.
Les catégories 1 et 2 sont parfois confondues.
La plupart des textes prévoient plusieurs étapes de contrôle : au laboratoire, puis
en station clôturée, puis en essai pilote sur le terrain avant le «lâcher définitif».
De nombreux produits de la catégorie 1 sont actuellement autorisés dans le m o n d e ,
moins d'une dizaine pour la catégorie 2, et u n seul p o u r la catégorie 3 (vaccin
recombinant «vaccine-rage» en Belgique).
Les organismes de contrôle
Organismes
nationaux
Les organismes de contrôle nationaux sont, bien entendu, très divers selon les
pays, où ils peuvent dépendre de différents ministères (Agriculture, Environnement,
Santé...). Ce sont le plus souvent, des organismes de contrôle déjà existants mais
conseillés par des commissions spécialisées (ex. : le «Genetic Manipulations Advisory
Committee» en Australie, l'«Advisory Committee on Genetic Manipulation» en
Grande-Bretagne, le «National Biotechnology Advisory Committee» au C a n a d a , la
«Commission de Génie Biomoléculaire» en France ou la «Zentral Kommission für
biologische Sicherheit» en République fédérale d'Allemagne). Ces commissions ont
le plus souvent adapté, complété ou édité des textes réglementaires appropriés aux
nouveaux produits (ex. : «Guidelines for work with r D N A » et «Procedures for
planned release of r D N A » en Australie, «Ordres» particuliers pris en application de
l'«Animal Health Act» - «Protection of Animal Act» en Grande-Bretagne, «Animal
Disease and Protection A c t » puis «Environmental Protection Act» au C a n a d a , ou
«Considérations sur la préparation et le contrôle des médicaments vétérinaires issus
de la biotechnologie» en France).
Mais certains pays n ' o n t pas jugé utile de modifier sensiblement les textes déjà
applicables aux produits biologiques (ex. : les Etats-Unis se fondent sur l'«Act of
1903» et le «Virus-Serum-Toxin A c t » de 1913...) et l'Australie a simplement rendu
obligatoires des «Institutional Biosafety Committees» locaux, totalement responsables
de la sécurité de leurs produits.
Organismes
internationaux
Les r é g l e m e n t a t i o n s n a t i o n a l e s t i e n n e n t le plus s o u v e n t c o m p t e des
recommandations ou règles édictées par les organismes de surveillance, de coordination
ou de contrôle internationaux : Commission des C o m m u n a u t é s Européennes,
635
P h a r m a c o p é e E u r o p é e n n e , Organisation des Nations Unies p o u r l'Alimentation et
l'Agriculture, Office International des Epizooties, Organisation de Coopération et
de Développement E c o n o m i q u e , Organisation Mondiale de la Santé, etc.
Ces organisations interviennent par leurs Comités d'experts, leurs Commissions
spécialisées, la publication de résolutions internationales, de Codes, etc. La cohérence
entre les positions nationales et internationale n'est pas toujours aisée, mais
grandement facilitée par le fait que les experts nationaux sont très souvent, eux-mêmes,
appelés en consultation par les organisations internationales compétentes.
CONCLUSION
O n constatera que peu de biotechnologies modernes («génie génétique») ont à
ce j o u r abouti à la production d ' a n i m a u x , cellules ou micro-organismes utilisables
dans la pratique en dehors des laboratoires. L a majorité de ces produits sont en fait
toujours au stade de l'étude scientifique, technique o u . . . financière, à l'exception de
ceux destinés aux diagnostics.
Les raisons de cet hiatus entre les applications pratiques de la biotechnologie et
la publicité (faite autour de leur découverte) sont essentiellement :
- les délais de mise au point : ils ont été souvent sous-estimés par r a p p o r t à ceux
connus p o u r les produits conventionnels, et cela a nui à leur compétitivité.
- l e s exigences de contrôle : ces contrôles sont multiples, longs et coûteux tant
au niveau des producteurs que des organismes officiels nationaux ou internationaux
responsables de leur autorisation.
- l a méfiance des consommateurs qui peut faire hésiter le producteur, lorsqu'il
a le choix entre les techniques conventionnelles et les techniques modernes de
production.
Les risques réels de la biotechnologie sont, en fait, mal connus et difficiles à
connaître.
L a multiplication des avis, recommandations, instructions, commissions cache
souvent notre incapacité à cerner tous les risques potentiels de la biotechnologie ou
notre désir de diluer la responsabilité de leur autorisation.
Ces contrôles sont-ils t r o p sévères ? O n sait que l'aspirine ou le BCG, qui ont tant
soulagé l'humanité, de nos j o u r s n'auraient jamais trouvé grâce devant une
Commission d'autorisation de mise sur le marché. Sont-ils t r o p laxistes? L'histoire
r a p p o r t e n o m b r e de déséquilibres biologiques imprévisibles survenus après
l'introduction incontrôlée d'agents pathogènes nouveaux pour l'environnement local.
E n fait, plus que sur la multiplication d'analyses difficilement exhaustives, la
décision finale d'autoriser u n produit biotechnologique repose souvent sur le b o n sens
(primum non nocere), des essais bien conduits et surveillés et... u n peu de fatalisme
(«nous sommes tous des recombinants»).
Mais l'avenir et le succès des produits autorisés dépendent ensuite de deux facteurs
limitants importants : la capacité d'accueil du milieu naturel qui décide du succès
636
de leur adaptation à l'environnement et de leur activité biologique, et la loi du marché
qui décide de leur succès commercial, donc de leur diffusion et application dans la
pratique quotidienne des sciences vétérinaires.
REMERCIEMENTS
L'auteur remercie P h . Desmettre, H . Laude et M . Thibier pour leurs conseils dans
la rédaction de ce r a p p o r t .
*
Annexe
I
LES DIFFÉRENTES MÉTHODES BIOTECHNOLOGIQUES ET
LEURS APPLICATIONS POSSIBLES A U X SCIENCES VÉTÉRINAIRES
Techniques
Principales applications possibles
1. Méthodes exploitant un patrimoine génétique existant déjà
• Croisement de races
Sélection dans les diverses espèces animales
• Transfert d'embryons
Multiplication de races sélectionnées
• Sélection de cellules,
Sexage des animaux — Production d'enzymes
microbes, virus, etc.
(pour la nutrition animale), d'antibiotiques,
sur la base de leurs
d'antisérums, de vaccins vivants (pour le diagnostic,
propriétés particulières
la prévention ou le traitement des maladies)
• Sélection de cellules, de
Biosynthèse ou synthèse chimique d'hormones,
sous-unités cellulaires
d'anticorps polyclonaux, de peptides vaccinants
ou de leurs produits
2. Méthodes modifiant ou rapprochant artificiellement des patrimoines génétiques existants
Sélection de races ou de lignées particulières
Création de races par
(animaux de laboratoire surtout)
mutations induites
Modification de cellules,
Production de vaccins «vivants» (prévention
de microbes, de virus par
de maladies)
mutagénèse dirigée
Production d'anticorps monoclonaux (diagnostic des
Fusion cellulaire
maladies, traitement éventuel)
Production de sondes nucléiques (diagnostic de maladies)
Hybridation des ADN
3. Méthodes créant des patrimoines génétiques par manipulation de l'ADN
• Transfert de gènes
Création de races «chimères» dans le but
étrangers à des animaux
d'accroître les productions animales
• Introduction de gènes
Création de végétaux plus productifs ou plus
étrangers dans les végétaux
résistants
destinés à la consommation animale
• Délétion de gènes ou
Production in vitro d'enzymes, d'hormones,
introduction de gènes étrangers d'interférons, de lymphokines, de vaccins
dans les microbes ou virus
(prévention des maladies)
637
Annexe
II
LISTE DES M A L A D I E S A N I M A L E S BÉNÉFICIANT D E M É T H O D E S
D E DIAGNOSTIC OU D'IMMUNISATION ISSUES
D E LA BIOTECHNOLOGEE
(signalées dans les r a p p o r t s adressés p a r
les 21 pays mentionnés en introduction ; liste n o n exhaustive)
Diagnostic par
— anticorps
monoclonaux : sarcosporidiose, toxoplasmose, nécrobacillose,
brucellose, pasteurellose et mycoplasmose, mycobactérioses, fièvre aphteuse,
encéphalite japonaise, gastro-entérite transmissible, herpèsvirose (dont maladie
d'Aujeszky), laryngotrachéite infectieuse, maladies de Marek et de Newcastle,
pestivirose (dont peste porcine classique, maladie de la frontière ou border disease,
maladie des muqueuses), rhinotrachéite bovine infectieuse, rage - immunoglobulines
de type M (contre les pasteurelles et certains virus) ou de type A (contre les
Coronavirus).
— sondes moléculaires : filariose, anaplasmose, babésiose, trypanosomose,
cowdriose, chlamydiose, colibacillose et corynébactériose, mycobactériose et
mycoplasmose, alphaviroses (Sindbis, Semliki), fièvre catarrhale du m o u t o n ,
Coronavirus, gastro-entérite transmissible, maladie aléoutienne du vison, maladie de
G u m b o r o , maladie de Marek, maladie des muqueuses, peste bovine, peste porcine
classique, rotavirus.
— «ELISA» utilisant des anticorps monoclonaux ou polyclonaux et détectant soit
l ' a n t i g è n e , soit l ' a n t i c o r p s : d i r o f i l a r i o s e , s a r c o s p o r i d i o s e , a n a p l a s m o s e ,
corynébacteriose à C. rathayi, chlamydiose, fièvre aphteuse, bronchite infectieuse
aviaire, arthro-encéphalite caprine, Coronavirus, parvovirus, maladie d'Aujeszky, peste
porcine classique, maladie des muqueuses, laryngotrachéite infectieuse, leucose bovine,
nécrose pancréatique infectieuse, rage, rhinotrachéite bovine infectieuse, rotavirus,
venin de serpent (australien).
Immunisation par
— sous-unités antigéniques ou fractions et peptides synthétiques :
tarda, alphaviroses (Sindbis et Semliki), fièvre aphteuse.
Edwardsiella
— virus délété : maladie d'Aujeszky (thymidine kinase négatif e t / o u délété en
protéine gX ou g l ) .
—ADN recombinants disponibles : Taenia ovis, Boophilus microplus,
Babesia
ovis, colibacille (Ag K88, K99), p n e u m o c o q u e , Coronavirus, virus de la maladie de
Gumboro et de la maladie des muqueuses, virus de la rhinotrachéite bovine infectieuse,
de la rage, rotavirus ; en cours ou en projet, tels que coccidies,
Echinococcus
granulosus, Toxocara ou salmonelles.
638
Annexe
III
SIGNIFICATION DES ABRÉVIATIONS OU DES TERMES N O N USUELS
UTILISÉS D A N S LE TEXTE
ADN
Acide désoxyribonucléique, support du code génétique universel par les bases
nucléiques : A (adénine), C (cytosine), G (guanine) et T (thymine). Leur combinaison
trois par trois (codon, ou triplet), code p o u r les divers acides aminés.
Anticorps monoclonaux
Immunoglobulines sécrétées par u n seul clone de lymphocytes (B) du système
immunitaire, isolé, et dirigé contre u n site antigénique précis (épitope) d ' u n parasite,
microbe, etc. P o u r obtenir une production stable et a b o n d a n t e de ces anticorps, ce
lymphocyte est fusionné (hybride) avec une cellule myélomateuse (tumorale). Cet
«hybridome» peut alors produire en quantité illimitée les anticorps m o n o c l o n a u x
choisis, soit in vitro, soit in vivo chez l'animal auquel o n injecte l'hybridome.
Anticorps polyclonaux
Mélange d'anticorps sécrétés naturellement et simultanément par plusieurs clones
de lymphocytes d ' u n organisme en réponse à l'intrusion d'antigènes étrangers,
n o t a m m e n t ceux des agents pathogènes.
Anti-idiotypes
U n idiotype est u n anticorps spécifique produit par u n individu donné en réponse
à l'intrusion d ' u n antigène étranger (ex. : virus). En injectant cet anticorps à u n autre
individu (ex. : souris), il produit des anticorps anti-idiotypes qui sont l'image interne
de l'idiotype, donc semblables au virus : ils peuvent servir de vaccin.
ARN
Acide ribonucléique utilisant les mêmes bases A , G et C (mais pas T, remplacé
par U = uracile). Les A R N «messagers» copiés sur l ' A D N par une enzyme (ARN
polymérase) transportent la formule (complémentaire) du message génétique dans
la cellule : A = T, C = G, etc.
Blot (dot blot ou Southern blot)
U n échantillon biologique est «buvardé» (blot) ou déposé sur u n support solide
(ex. : m e m b r a n e de nitrocellulose). E n faisant ensuite agir une sonde nucléique
spécifique, o n peut ainsi reconnaître la n a t u r e du génome (ADN-ARN) des microbes
qui composent l'échantillon, donc les identifier. O n peut aussi travailler sur des A D N
prédigérés par des enzymes de restriction (endonucléases) qui clivent cet A D N en des
points précis, et apportent encore plus d'informations. C'est le «Southern blot» (du
n o m de l'auteur de la technique) à ne pas confondre avec le Western blot (voir
ci-dessous).
Chromosomes X ou Y
Le chromosome X code pour le développement d'une femelle, Y pour celui d ' u n
mâle.
Clone
Série d'organismes (animaux, cellules, microbes, virus) issus d'un même organisme
parental unique, de génotype d o n n é .
639
Code génétique
Code universel, basé sur un message de 4 lettres (bases) dérivées de l'acidedésoxyribonucléique (ADN) et regroupées, par trois, en «triplet» ou « c o d o n » . Leurs
multiples combinaisons possibles c o m m a n d e n t la synthèse des 20 acides aminés qui
forment à leur t o u r les protéines. Ce sont ces dernières qui constituent la base de
toute cellule. Les acides ribonucléiques (ARN) complémentaires des A D N sont les
simples transporteurs (ARN messagers) des messages des A D N .
Complexe majeur d'histocompatibilité (CMH)
Région de génomes codant pour des antigènes généralement responsables du rejet
des greffes. Cette région est impliquée dans de n o m b r e u x aspects de la réponse
immunitaire, donc de la résistance aux maladies.
Epitope
Motif antigénique très précis porté par une cellule, u n microbe, un virus ou tout
autre agent pathogène.
Eucaryote
Cellule dont le patrimoine génétique est isolé du reste de la cellule dans u n noyau
(ex. : cellules des vertébrés).
Hybridome
Lignée cellulaire généralement créée par la fusion d ' u n e cellule tumorale (ex. :
myélome) avec u n lymphocyte choisi p o u r sa propriété de sécréter u n anticorps
spécifique «monoclonal».
Interférons
Protéines produites par l'organisme et capables d'induire dans la cellule une
résistance antivirale transitoire. Plusieurs familles d'interférons existent : alpha
(produit par les globules blancs), bêta (produit p a r les fibroblastes), g a m m a (produit
par les lymphocytes immuns).
Interleukine
Famille des lymphokines ou cytokines : produits biologiques médiateurs de
l'information entre les cellules du système immunitaire. L'interleukine 1 est produite
par les macrophages et l'interleukine 2 par les lymphocytes «activés» : elle active les
différentes fonctions du système immunitaire.
Plasmide
Fragment d ' A D N transférable d ' u n e cellule ou d ' u n microbe à l'autre, donc
capable de servir de vecteur, de messager génétique pour d'autres A D N «collés» sur
son propre A D N .
«Polymerase Chain Reaction» (PCR)
C'est une technique de réaction de «polymérisation en chaîne» d ' u n gène sous
l'effet d ' u n e A D N polymérase bactérienne thermorésistante (Taq). Plusieurs cycles
de réplication de ce gène, puis sa dissociation à chaud (qui respecte l ' A D N polymérase)
permettent de l'amplifier au point qu'il devient très facile à détecter par la sonde
nucléique (voir ci-dessous).
Procaryote
Cellule dont le patrimoine génétique n'est pas isolé dans u n noyau (ex. : bactéries).
640
Sonde nucléique (sonde moléculaire)
Fragment d ' A D N connu complémentaire d ' u n A D N qu'il va être capable de
retrouver par «sondage» au milieu des autres pour se réapparier avec lui (et permettre
de le repérer). O n peut aussi travailler avec des sondes A R N (ribosondes). L'accrochage
de la sonde à sa cible est détecté par sa radioactivité ou u n m a r q u e u r n o n radioactif
(sonde froide).
Western blot
Technique symétrique du Southern blot ( d ' o ù son n o m ) . L a sonde nucléique est
remplacée dans ce cas par u n anticorps (spécifique d ' u n e protéine inconnue) ou une
protéine (spécifique d ' u n anticorps inconnu), munis d ' u n m a r q u e u r . Ces sondes
détectent leurs cibles au sein de l'échantillon biologique transféré sur un support et
soumis au préalable à une électrophorèse.
*
* *
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Le texte de cet article est, essentiellement, celui du Rapport technique présenté par l'auteur
lors de la 57 Session Générale de l'OIE. Il s'est donc référé en grande partie aux informations
contenues dans les rapports que les Pays membres lui ont adressés (voir liste en introduction).
e
Le reste des informations utilisées est contenu dans de nombreux articles ou rapports qu'il
est impossible de citer de manière exhaustive mais qui sont pour la plupart celles rapportées
dans les bibliographies des autres articles de ce numéro spécial. Toutefois, ces quelques synthèses
ou rapports récents ci-dessous peuvent compléter l'information des lecteurs.
1. ANON. (1985). - Therapeutic agents produced by genetic engineering: quo vadis?
Symposium satellite des 28 Journées Internationales, 29-30 mai. H.P. Klotz, Toulouse.
2. ANON. (1986). - Rev. sci. tech. Off. int. Epiz., 5 (2).
3. ANON. (1988). - Biofutur (mensuel européen de biotechnologie), 69.
4. BECHTEL M. & CAYLA A. (1987). - Etude internationale comparative des réglementations
concernant les biotechnologies. AFNOR - Organibio - CNIC, Paris, 117 p.
5. FAO (1986). — Report of the FAO expert consultation on biotechnology for livestock
production and health. Rome, 6-10 octobre.
6. GORHAM J. (1987). - Biotechnology and veterinary medicine. Proceedings of the 91st
Annual Meeting of the United States Animal Health Association, Salt Lake City, Utah.
7. IICA/PAHO/OAS/OIE (1988). - Guidelines for the use and safety of genetic engineering
techniques or recombinant DNA technology. 134 p.
8. OMS (1984). — Contrôle de la qualité des substances biologiques produites par les techniques
de recombinaison de l'ADN. Bull. OMS, 62 (2), 183-199.
e
Téléchargement