boletin 05-2 FRA 27/06/05 12:47 Página 34 événements Conférence scientifique internationale OIE/FAO sur l’influenza aviaire OIE Paris, France, 7–8 avril 2005 L’influenza aviaire (IA) a engendré une crise sans précédent des exposés sur l’expérience acquise ces dernières années en termes de portée, de répartition géographique et de en matière d’épidémiologie, de pathogenèse, de diagnostic gravité. Cette maladie a été et est encore responsable de moléculaire et de stratégies de contrôle et d’éradication. La pertes économiques désastreuses, en particulier en Asie du Conférence a également offert l’occasion de mieux évaluer et Sud-Est, plongeant des millions de personnes dans la de perfectionner les normes et lignes directrices actuellement pauvreté. Elle est non seulement susceptible de se propager proposées par l’OIE en vue d’améliorer le contrôle de à d’autres continents, mais aussi d’être à l’origine d’une l’influenza aviaire à l’échelle mondiale. Les participants ont pandémie humaine. l’OIE, la FAO et l’OMS ont donc établi également pu examiner les 42 posters présentés durant la une collaboration étroite avec l’OMS, notre principal objectif Conférence. étant de prévenir l’apparition de toute pandémie en éliminant La Conférence a eu notamment pour résultat important le lancement du réseau OIE/FAO d’expertise sur l’IA visant à le virus à la source, à savoir chez l’animal. L’OIE et la FAO ont déjà organisé, avec l’appui de l’OMS, promouvoir la recherche et à fournir une assistance, en deux conférences régionales en Asie du Sud-Est pour particulier aux pays en développement, en matière de coordonner les actions de lutte menées dans la région. Outre diagnostic et de gestion de la maladie. Le Comité de pilotage l’organisation de réunions scientifiques, ces deux du réseau sera présidé par le Président de la Commission organisations ont offert une expertise technique importante des normes biologiques de l’OIE. Le Secrétariat du Réseau aux pays de la région en termes de renforcement des est basé au Laboratoire de référence de l’OIE pour l’IA à capacités pour l’amélioration de la surveillance, du diagnostic Padoue (Italie). La création avec l’OMS d’un nouveau et du contrôle de l’IA. Suite à ces deux réunions régionales, mécanisme permettant la gestion de l’interface entre l’homme l’OIE et la FAO ont jugé qu’il était pertinent et opportun et les animaux grâce aux réseaux de l’OIE/FAO et de l’OMS d’organiser une conférence scientifique internationale à l’OIE, représente un autre objectif majeur. Ce réseau fournira à dont la principale mission est d’assurer la prévention et le l’OMS les souches virales d’origine animale pouvant être contrôle des maladies animales et des zoonoses à l’échelle internationale. Le principal objectif de la conférence était de passer en revue les dernières connaissances scientifiques et d’aborder les différents aspects des mesures de lute contre cette maladie en se fondant sur ces nouvelles connaissances. Plus de 250 experts de 59 pays, représentants des Services vétérinaires et de différentes organisations 34 internationales ont participé à la Conférence de presse tenue durant la Conférence Scientifique internationale sur l’Influenza Conférence. Trente-huit experts de aviare au siège de l’OIE. De gauche à droite : Drs François-Xavier Meslin (OMS), renommée internationale ont présenté Bernard Vallat (OIE), Samuel Jutzi et Joseph Domenech (FAO) 2005 • 2 27/06/05 12:47 Página 35 utilisées pour produire rapidement des vaccins humains à la l’épidémiologie, la pathogenèse, les implications pour la santé suite d’une pandémie potentielle. humaine, le diagnostic, les mesures de lutte contre l’IA, en La Conférence a formulé les recommandations qui suivent concernant les différents domaines de l’écologie et de actualités internationales boletin 05-2 FRA mettant l’accent sur la vaccination, et sur l’amélioration des outils de gestion. Recommandations Les participants à la conférence scientifique internationale OIE/FAO sur l’influenza aviaire recommandent que : Session 1 : Écologie et épidémiologie 1. la propagation des virus de l’IA vers les zones/pays non atteints soit évitée. volailles, d’en connaître le type et, au besoin, de mettre en place des Session 2 : Pathogenèse 1. les autorités nationales soient stratégies rpaides de réduction et informées des différents syndromes d’élimination. cliniques causés par l’infection par des 5. les laboratoires nationaux soient virus de l’IA chez les divers hôtes étant encouragés à prendre contact avec les donné que des signes pathologiques spécifiques soient menées pour définir réseaux de laboratoires internationaux caractéristiques ont été observés dans l’écologie et l’épidémiologie du virus de pour échanger les souches virales, les des cas d’infection par des souches l’IA chez les espèces de volailles qui données et les connaissances sur l’IA, récentes. jouent le rôle de réservoir ou d’hôtes afin de comprendre l’écologie du virus accidentels, l’objectif étant de créer des de l’IA et d’élaborer des stratégies de d’isolats viraux soient étudiés pour programmes de prophylaxie visant à prophylaxie efficaces. rechercher des réarrangements et des 2. des études nationales/régionales rompre le cycle viral et à empêcher les réinfections. 3. des études 6. des études de pathogenèse 2. les gènes spécifiques issus phénomènes de glissement qui soient réalisées chez des oiseaux élevés pourraient contribuer à des selon des méthodes alternatives (par changements en termes de virulence. d’épidémiosurveillance soient réalisées ex. autruches, gibier d’eau, faisans, chez les oiseaux sauvages migrateurs et etc.), avec une évaluation de leur rôle mise en place pour rechercher la résidents pour évaluer le rôle joué par en tant qu’hôtes intermédiaires dans le présence des virus H9N2 susceptibles les oiseaux sauvages dans la survie et transfert des virus de l’IA des oiseaux d’infecter les mammifères. la dissémination des virus de l’IAHP. sauvages aux espèces aviaires élevées 4. la mise en place d’une sur un mode traditionnel et de leur rôle surveillance des porcs exposés au surveillance des volailles fondée sur le potentiel dans la mutation transformant risque d’infection par les virus de l’IA et risque soient élaborés pour permettre les virus H5 et H7 faiblement susceptibles de transmettre l’infection à une identification précoce du transfert pathogènes en virus hautement l’homme soit envisagée. du virus des espèces réservoirs aux pathogènes. 4. des programmes durables de 3. une surveillance des oiseaux soit 5. la pathogenèse et l’épidémiologie systèmes agricoles afin de savoir si des des virus de l’influenza aviaire chez virus d’IA sont présents chez les différentes espèces d’oiseaux et de 2005 • 2 35 actualités internationales boletin 05-2 FRA 27/06/05 12:47 Página 36 mammifères soient étudiés sous la pour améliorer la sécurité sanitaire actuels et futurs des programmes de coordination du réseau commun régionale, nationale et mondiale. Les détection précoce, de surveillance et de OIE/FAO avec l’appui des Laboratoires services de santé publique doivent contrôle de l’influenza aviaire. de référence OIE/FAO pour l’IA. appuyer le secteur agricole et es 2. l’OIE/FAO encouragent les pays 6. des recherches spécifiques sur Services vétérinaires afin de contrôler et et les régions à créer un réseau de la surveillance de l’IA et la vaccination d’éradiquer la maladie à la source et de laboratoires qui facilitera la réalisation contre la maladie chez les canards protéger les éleveurs et les ouvriers d’épreuves diagnostiques locales pour d’élevage soient menées. contre l’infection animale aussi réduire les délais d’obtention des efficacement que possible. résultats tout en augmentant les Session 3 : implications pour la santé humaine 4. les services vétérinaires et les capacités globales de réalisation des services de santé publique renforcent tests. Ce réseau doit être coordonné leurs actions conjointes de surveillance grâce au réseau OIE/FAO récemment épidémiologiques à l’interface homme- de l’IA à l’interface homme/animaux. créé (OFFLU) qui pourra recommander animaux ainsi qu’une recherche Les données relatives aux souches des méthodes de tests appropriées, fondamentale et appliquée sur le H5N1 virales animales et au séquençage assurer la formation du personnel de et d’autres virus de l’IA susceptibles doivent être rapidement échangées laboratoire, fournir des réactifs de d’avoir des répercussions sur la santé entre les laboratoires internationaux de qualité et collaborer avec les humaine soient menées d’urgence et référence de l’OIE-FAO et ceux de Laboratoires de référence de l’OIE/FAO. dans le cadre d’une collaboration entre l’OMS. 1. d’autres études le réseau animal OIE/FAO et le réseau humain OMS. 3. l’OIE/FAO encouragent 5. la FAO, l’OIE et l’OMS oeuvrent, l’élaboration de programmes de avec leurs Pays Membres, en faveur de formation destinés au personnel de l’élaboration de stratégies appropriées laboratoire pour garantir que les tests coordonnée fassent intervenir les permettant une collaboration de diagnostic appropriés sont utilisés, vétérinaires, le secteur de la santé intersectorielle efficace pendant et que les résultats des épreuves sont publique et le secteur industriel. Des entre les crises associées à l’émergence correctement interprétés et que les vaccins sûrs et efficaces contre de zoonoses. programmes d’assurance qualité 2 . des programmes de recherche adaptés sont mis en œuvre. l’influenza aviaire chez l’homme et chez les espèces aviaires doivent être développés de façon prioritaire. 3. les services vétérinaires et les services de santé publique collaborent Session 4 : Diagnostic 1. l’OIE/FAO aident les pays à 4. l’OIE/FAO encouragent le développement de tests de diagnostic améliorer leurs infrastructures rapides, sensibles et d’un bon rapport vétérinaires pour répondre aux besoins coût-efficacité qui ont été correctement validés sur le terrain conformément aux lignes directrices de l’OIE et qui sont adaptés à l’emploi dans les laboratoires locaux chargés du diagnostic de l’influenza aviaire. 5. l’OIE/FAO mettent au point un modèle-type d’accord sur le transfert de matériel biologique utilisable par les laboratoires pour faciliter le transfert des virus vers les laboratoires de référence à des fins épidémiologiques et de recherche. 36 2005 • 2 27/06/05 12:47 Página 37 actualités internationales boletin 05-2 FRA Session 5 : Prophylaxie de l’IA (l’accent étant mis sur la vaccination) 1. les infections par les virus de l’IAHP soient contrôlées à la source grâce à des interventions visant à réduire le risque, notamment l’amélioration de la biosécurité, l’abattage sanitaire, la vaccination et les programmes de sensibilisation. 2. les donateurs donnent la priorité au renforcement des Services vétérinaires et des infrastructures zoosanitaires dans les pays infectés ou terrain, basés sur les statistiques, en régionale de la prophylaxie et de menacés par l’IA. vue de l’application appropriée de la l’éradication de l’IA. Le mandat et la vaccination dans les différents mission des organisations qu’associée à un suivi des troupeaux scénarios épidémiologiques internationales et régionales doivent vaccinés pour garantir l’efficacité et susceptibles de se produire à l’échelle être harmonisés pour éviter les lacunes l’utilisation adéquate du vaccin et mondiale. et les chevauchements. 3. la vaccination ne soit utilisée 6. les stratégies de financement l’absence de circulation virale. 4. la conformité des vaccins avec les normes de l’OIE et l’adéquation des stratégies de vaccination avec les lignes Session 6 : amélioration des outils de gestion 1. un plan directeur soit préparé requises pour une action durable et concrète au niveau local englobent, entre autres, l’aide destinée au directrices élaborées par la FAO, ainsi pour le contrôle et la prévention de repeuplement ou l’indemnisation pour que la démonstration de l’efficacité des l’IAHP en Asie et dans d’autres régions pertes, ainsi que l’éducation sur la vaccins dans des conditions menacées, avec une coordination sécurité de l’élevage des volailles et la expérimentales et sur le terrain. régionale et internationale ; création d’infrastructures et de services 5. les systèmes de distribution des 2. des ressources financières appropriés. 7. les stratégies nationales et vaccins et les campagnes de adéquates soient investies en faveur de vaccination soient soigneusement la lutte contre l’IA en Asie, lutte dont le régionales de prévention et de contrôle organisés et suivis par les Services coût est actuellement estimé entre 100 de l’IA intègrent une évaluation vétérinaires. et 120 millions de dollars US sur une minutieuse de l’impact social et période de 3-5 ans. économique des mesures proposées, y 6. un système de surveillance permettant de différencier les oiseaux 3. l’OIE et la FAO mettent en oeuvre compris les répercussions des infectés des oiseaux vaccinés soit le plus tôt possible les activités du changements dans le secteur aviaire appliqué autant que de besoin (par ex., réseau mondial commun OIE/FAO sur l’économie rurale au sens large. Les DIVA) (en utilisant si possible des d’expertise sur l’influenza aviaire. possibilités de stratégies à long terme oiseaux sentinelles). 4. l’existence à long terme des de restructuration des secteurs doivent réseaux régionaux de la FAO pour la être préalablement prises en compte et soient définis avant de lancer une surveillance et le diagnostic soit l’impact socio-économique négatif campagne de vaccination. De même, assurée. possible sur les petits et moyens 7. des programmes de surveillance une stratégie « de sortie » doit être identifiée. 8. des stratégies soient conçues et évaluées dans le cadre d’essais sur le 5. le Programme mondial FAO/OIE exploitants doit être évalué, de même pour le contrôle progressif des maladies que les options et le coût des stratégies animales transfrontalières (GF-TADs) d’atténuation. soit utilisé comme base de l’approche 2005 • 2 37 27/06/05 12:47 Página 38 actualités internationales boletin 05-2 FRA – identification précoce de la circulation virale, directrices relatives à l’inactivation du – virus de l’IA dans les produits suivi du glissement génétique et apparition de nouvelles souches – surveillance des réservoirs. 11. le concept de transformés. 17. des stratégies soient élaborées en faveur du financement d’actions compartimentation soit reconnu comme durables et concrètes au niveau local, étant un outil supplémentaire de notamment pour le repeuplement ou contrôle de l’IA et de promotion de la l’indemnisation des pertes, l’éducation sécurité des échanges internationaux, sur la sécurité de l’élevage des volailles sous réserve de la mise en œuvre et la création d’infrastructures et de efficace des mesures de contrôle services appropriés. pertinentes. 12. le Comité international de l’OIE 18. l’OIE désigne des épreuves prescrites pour les échanges adopte la proposition de chapitre révisé internationaux quand la nécessité de du Code terrestre consacré à l’IA qui procéder à des tests est stipulée dans intègre le concept de le Code terrestre. compartimentation et qui formule des 19. les laboratoires de référence recommandations fondées sur les OIE/FAO collaborent pour échanger des risques concernant le commerce des souches virales et élaborent des volailles vivantes, le matériel génétique normes reconnues à l’échelle et les produits destinés à la internationale pour les tests de d’éliminer les oiseaux infectés ou consommation humaine. Il encourage diagnostic. L’échange de souches exposés, les oiseaux soient abattus également la transparence en matière virales et d’informations telles que des sans cruauté et évacués avec les de déclaration des maladies,en limitant données relatives aux séquences entre volailles mortes conformément aux les conséquences sur les échanges aux le réseau OIE/FAO et le réseau de normes de l’OIE. Dans le cas des situations à haut risque. laboratoires de l’OMS est préconisé. 8. quand la décision est prise infections HP, les oiseaux ne doivent 13. l’OIE et la FAO continuent de 20. les prises de décision pouvoir ni être introduits dans la chaîne donner des avis pratiques aux Pays concernant la lutte et la protection alimentaire humaine ni entrer Membres sur la création et le suivi des contre les maladies animales reposent directement ou indirectement dans compartiments par l’intermédiaire de sur des données scientifiques issues de l’alimentation d’autres animaux, y nouvelles lignes directrices. l’analyse de données épidémiologiques compris les animaux des parcs 14. les Pays Membres de l’OIE se valables provenant de systèmes servent du nouveau chapitre du Code d’information fiables. Tout doit être mis terrestre et de l’annexe sur la en oeuvre pour développer ces adopte les nouvelles lignes directrices surveillance pour guider leurs activités systèmes, même dans les pays en proposées pour la surveillance de l’IA nationales et pour y puiser les normes développement. au cours de la 73ème Session applicables au commerce international. zoologiques. 9. le Comité international de l’OIE générale. 10. l’efficacité des procédures de 15. la FAO, la Banque mondiale et d’autres donateurs multilatéraux et prévention et de réduction des risques bilatéraux continuent de fournir une soit contrôlée grâce à des actions de assistance pour renforcer encore le surveillance ciblée, notamment : respect par les pays des normes – internationales, y compris sur la qualité surveillance post-vaccinale pour mesurer l’efficacité de la vaccination, 38 16. l’OIE élabore des lignes 2005 • 2 des Services vétérinaires. (Adoptée par la Conférence scientifique internationale OIE/FAO sur l’influenza aviaire Paris (France), 7–8 avril 2005) Le texte intégral des conclusions de la Conférence et les 56 recommandations peuvent être téléchargés sur le site web de l’OIE www.oie.int. Les actes de cette Conférence seront publiés prochainement par l’OIE et l’Association internationale pour les produits biologiques (IAB).