événements Conférence scientifique internationale OIE/FAO sur l’influenza aviaire

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L’influenza aviaire (IA) a engendré une crise sans précédent
en termes de portée, de répartition géographique et de
gravité. Cette maladie a été et est encore responsable de
pertes économiques désastreuses, en particulier en Asie du
Sud-Est, plongeant des millions de personnes dans la
pauvreté. Elle est non seulement susceptible de se propager
à d’autres continents, mais aussi d’être à l’origine d’une
pandémie humaine. l’OIE, la FAO et l’OMS ont donc établi
une collaboration étroite avec l’OMS, notre principal objectif
étant de prévenir l’apparition de toute pandémie en éliminant
le virus à la source, à savoir chez l’animal.
L’OIE et la FAO ont déjà organisé, avec l’appui de l’OMS,
deux conférences régionales en Asie du Sud-Est pour
coordonner les actions de lutte menées dans la région. Outre
l’organisation de réunions scientifiques, ces deux
organisations ont offert une expertise technique importante
aux pays de la région en termes de renforcement des
capacités pour l’amélioration de la surveillance, du diagnostic
et du contrôle de l’IA. Suite à ces deux réunions régionales,
l’OIE et la FAO ont jugé qu’il était pertinent et opportun
d’organiser une conférence scientifique internationale à l’OIE,
dont la principale mission est d’assurer la prévention et le
contrôle des maladies animales et des
zoonoses à l’échelle internationale. Le
principal objectif de la conférence était
de passer en revue les dernières
connaissances scientifiques et d’aborder
les différents aspects des mesures de
lute contre cette maladie en se fondant
sur ces nouvelles connaissances.
Plus de 250 experts de 59 pays,
représentants des Services vétérinaires et
de différentes organisations
internationales ont participé à la
Conférence. Trente-huit experts de
renommée internationale ont présenté
des exposés sur l’expérience acquise ces dernières années
en matière d’épidémiologie, de pathogenèse, de diagnostic
moléculaire et de stratégies de contrôle et d’éradication. La
Conférence a également offert l’occasion de mieux évaluer et
de perfectionner les normes et lignes directrices actuellement
proposées par l’OIE en vue d’améliorer le contrôle de
l’influenza aviaire à l’échelle mondiale. Les participants ont
également pu examiner les 42 posters présentés durant la
Conférence.
La Conférence a eu notamment pour résultat important le
lancement du réseau OIE/FAO d’expertise sur l’IA visant à
promouvoir la recherche et à fournir une assistance, en
particulier aux pays en développement, en matière de
diagnostic et de gestion de la maladie. Le Comité de pilotage
du réseau sera présidé par le Président de la Commission
des normes biologiques de l’OIE. Le Secrétariat du Réseau
est basé au Laboratoire de référence de l’OIE pour l’IA à
Padoue (Italie). La création avec l’OMS d’un nouveau
mécanisme permettant la gestion de l’interface entre l’homme
et les animaux grâce aux réseaux de l’OIE/FAO et de l’OMS
représente un autre objectif majeur. Ce réseau fournira à
l’OMS les souches virales d’origine animale pouvant être
événements
Conférence scientifique internationale OIE/FAO sur
l’influenza aviaire
OIE Paris, France, 7–8 avril 2005
Conférence de presse tenue durant la Conférence Scientifique internationale sur l’Influenza
aviare au siège de l’OIE. De gauche à droite : Drs François-Xavier Meslin (OMS),
Bernard Vallat (OIE), Samuel Jutzi et Joseph Domenech (FAO)
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volailles, d’en connaître le type et, au
besoin, de mettre en place des
stratégies rpaides de réduction et
d’élimination.
5. les laboratoires nationaux soient
encouragés à prendre contact avec les
réseaux de laboratoires internationaux
pour échanger les souches virales, les
données et les connaissances sur l’IA,
afin de comprendre l’écologie du virus
de l’IA et d’élaborer des stratégies de
prophylaxie efficaces.
6. des études de pathogenèse
soient réalisées chez des oiseaux élevés
selon des méthodes alternatives (par
ex. autruches, gibier d’eau, faisans,
etc.), avec une évaluation de leur rôle
en tant qu’hôtes intermédiaires dans le
transfert des virus de l’IA des oiseaux
sauvages aux espèces aviaires élevées
sur un mode traditionnel et de leur rôle
potentiel dans la mutation transformant
les virus H5 et H7 faiblement
pathogènes en virus hautement
pathogènes.
Session 1 : Écologie et
épidémiologie
1. la propagation des virus de l’IA
vers les zones/pays non atteints soit
évitée.
2. des études nationales/régionales
spécifiques soient menées pour définir
l’écologie et l’épidémiologie du virus de
l’IA chez les espèces de volailles qui
jouent le rôle de réservoir ou d’hôtes
accidentels, l’objectif étant de créer des
programmes de prophylaxie visant à
rompre le cycle viral et à empêcher les
réinfections.
3. des études
d’épidémiosurveillance soient réalisées
chez les oiseaux sauvages migrateurs et
résidents pour évaluer le rôle joué par
les oiseaux sauvages dans la survie et
la dissémination des virus de l’IAHP.
4. des programmes durables de
surveillance des volailles fondée sur le
risque soient élaborés pour permettre
une identification précoce du transfert
du virus des espèces réservoirs aux
systèmes agricoles afin de savoir si des
virus d’IA sont présents chez les
Session 2 : Pathogenèse
1. les autorités nationales soient
informées des différents syndromes
cliniques causés par l’infection par des
virus de l’IA chez les divers hôtes étant
donné que des signes pathologiques
caractéristiques ont été observés dans
des cas d’infection par des souches
récentes.
2. les gènes spécifiques issus
d’isolats viraux soient étudiés pour
rechercher des réarrangements et des
phénomènes de glissement qui
pourraient contribuer à des
changements en termes de virulence.
3. une surveillance des oiseaux soit
mise en place pour rechercher la
présence des virus H9N2 susceptibles
d’infecter les mammifères.
4. la mise en place d’une
surveillance des porcs exposés au
risque d’infection par les virus de l’IA et
susceptibles de transmettre l’infection à
l’homme soit envisagée.
5. la pathogenèse et l’épidémiologie
des virus de l’influenza aviaire chez
différentes espèces d’oiseaux et de
Recommandations
Les participants à la conférence scientifique internationale OIE/FAO sur l’influenza aviaire
recommandent que :
utilisées pour produire rapidement des vaccins humains à la
suite d’une pandémie potentielle.
La Conférence a formulé les recommandations qui
suivent concernant les différents domaines de l’écologie et de
l’épidémiologie, la pathogenèse, les implications pour la santé
humaine, le diagnostic, les mesures de lutte contre l’IA, en
mettant l’accent sur la vaccination, et sur l’amélioration des
outils de gestion.
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actuels et futurs des programmes de
détection précoce, de surveillance et de
contrôle de l’influenza aviaire.
2. l’OIE/FAO encouragent les pays
et les régions à créer un réseau de
laboratoires qui facilitera la réalisation
d’épreuves diagnostiques locales pour
réduire les délais d’obtention des
résultats tout en augmentant les
capacités globales de réalisation des
tests. Ce réseau doit être coordonné
grâce au réseau OIE/FAO récemment
créé (OFFLU) qui pourra recommander
des méthodes de tests appropriées,
assurer la formation du personnel de
laboratoire, fournir des réactifs de
qualité et collaborer avec les
Laboratoires de référence de l’OIE/FAO.
3. l’OIE/FAO encouragent
l’élaboration de programmes de
formation destinés au personnel de
laboratoire pour garantir que les tests
de diagnostic appropriés sont utilisés,
que les résultats des épreuves sont
correctement interprétés et que les
programmes d’assurance qualité
adaptés sont mis en œuvre.
4. l’OIE/FAO encouragent le
développement de tests de diagnostic
rapides, sensibles et d’un bon rapport
coût-efficacité qui ont été correctement
validés sur le terrain conformément aux
lignes directrices de l’OIE et qui sont
adaptés à l’emploi dans les laboratoires
locaux chargés du diagnostic de
l’influenza aviaire.
5. l’OIE/FAO mettent au point un
modèle-type d’accord sur le transfert de
matériel biologique utilisable par les
laboratoires pour faciliter le transfert
des virus vers les laboratoires de
référence à des fins épidémiologiques
et de recherche.
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mammifères soient étudiés sous la
coordination du réseau commun
OIE/FAO avec l’appui des Laboratoires
de référence OIE/FAO pour l’IA.
6. des recherches spécifiques sur
la surveillance de l’IA et la vaccination
contre la maladie chez les canards
d’élevage soient menées.
Session 3 : implications
pour la santé humaine
1. d’autres études
épidémiologiques à l’interface homme-
animaux ainsi qu’une recherche
fondamentale et appliquée sur le H5N1
et d’autres virus de l’IA susceptibles
d’avoir des répercussions sur la santé
humaine soient menées d’urgence et
dans le cadre d’une collaboration entre
le réseau animal OIE/FAO et le réseau
humain OMS.
2 . des programmes de recherche
coordonnée fassent intervenir les
vétérinaires, le secteur de la santé
publique et le secteur industriel. Des
vaccins sûrs et efficaces contre
l’influenza aviaire chez l’homme et chez
les espèces aviaires doivent être
développés de façon prioritaire.
3. les services vétérinaires et les
services de santé publique collaborent
pour améliorer la sécurité sanitaire
régionale, nationale et mondiale. Les
services de santé publique doivent
appuyer le secteur agricole et es
Services vétérinaires afin de contrôler et
d’éradiquer la maladie à la source et de
protéger les éleveurs et les ouvriers
contre l’infection animale aussi
efficacement que possible.
4. les services vétérinaires et les
services de santé publique renforcent
leurs actions conjointes de surveillance
de l’IA à l’interface homme/animaux.
Les données relatives aux souches
virales animales et au séquençage
doivent être rapidement échangées
entre les laboratoires internationaux de
référence de l’OIE-FAO et ceux de
l’OMS.
5. la FAO, l’OIE et l’OMS oeuvrent,
avec leurs Pays Membres, en faveur de
l’élaboration de stratégies appropriées
permettant une collaboration
intersectorielle efficace pendant et
entre les crises associées à l’émergence
de zoonoses.
Session 4 : Diagnostic
1. l’OIE/FAO aident les pays à
améliorer leurs infrastructures
vétérinaires pour répondre aux besoins
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Session 5 : Prophylaxie de l’IA
(l’accent étant mis sur la
vaccination)
1. les infections par les virus de
l’IAHP soient contrôlées à la source
grâce à des interventions visant à
réduire le risque, notamment
l’amélioration de la biosécurité,
l’abattage sanitaire, la vaccination et les
programmes de sensibilisation.
2. les donateurs donnent la priorité
au renforcement des Services
vétérinaires et des infrastructures
zoosanitaires dans les pays infectés ou
menacés par l’IA.
3. la vaccination ne soit utilisée
qu’associée à un suivi des troupeaux
vaccinés pour garantir l’efficacité et
l’utilisation adéquate du vaccin et
l’absence de circulation virale.
4. la conformité des vaccins avec
les normes de l’OIE et l’adéquation des
stratégies de vaccination avec les lignes
directrices élaborées par la FAO, ainsi
que la démonstration de l’efficacité des
vaccins dans des conditions
expérimentales et sur le terrain.
5. les systèmes de distribution des
vaccins et les campagnes de
vaccination soient soigneusement
organisés et suivis par les Services
vétérinaires.
6. un système de surveillance
permettant de différencier les oiseaux
infectés des oiseaux vaccinés soit
appliqué autant que de besoin (par ex.,
DIVA) (en utilisant si possible des
oiseaux sentinelles).
7. des programmes de surveillance
soient définis avant de lancer une
campagne de vaccination. De même,
une stratégie « de sortie » doit être
identifiée.
8. des stratégies soient conçues et
évaluées dans le cadre d’essais sur le
terrain, basés sur les statistiques, en
vue de l’application appropriée de la
vaccination dans les différents
scénarios épidémiologiques
susceptibles de se produire à l’échelle
mondiale.
Session 6 : amélioration des
outils de gestion
1. un plan directeur soit préparé
pour le contrôle et la prévention de
l’IAHP en Asie et dans d’autres régions
menacées, avec une coordination
régionale et internationale ;
2. des ressources financières
adéquates soient investies en faveur de
la lutte contre l’IA en Asie, lutte dont le
coût est actuellement estimé entre 100
et 120 millions de dollars US sur une
période de 3-5 ans.
3. l’OIE et la FAO mettent en oeuvre
le plus tôt possible les activités du
réseau mondial commun OIE/FAO
d’expertise sur l’influenza aviaire.
4. l’existence à long terme des
réseaux régionaux de la FAO pour la
surveillance et le diagnostic soit
assurée.
5. le Programme mondial FAO/OIE
pour le contrôle progressif des maladies
animales transfrontalières (GF-TADs)
soit utilisé comme base de l’approche
régionale de la prophylaxie et de
l’éradication de l’IA. Le mandat et la
mission des organisations
internationales et régionales doivent
être harmonisés pour éviter les lacunes
et les chevauchements.
6. les stratégies de financement
requises pour une action durable et
concrète au niveau local englobent,
entre autres, l’aide destinée au
repeuplement ou l’indemnisation pour
pertes, ainsi que l’éducation sur la
sécurité de l’élevage des volailles et la
création d’infrastructures et de services
appropriés.
7. les stratégies nationales et
régionales de prévention et de contrôle
de l’IA intègrent une évaluation
minutieuse de l’impact social et
économique des mesures proposées, y
compris les répercussions des
changements dans le secteur aviaire
sur l’économie rurale au sens large. Les
possibilités de stratégies à long terme
de restructuration des secteurs doivent
être préalablement prises en compte et
l’impact socio-économique négatif
possible sur les petits et moyens
exploitants doit être évalué, de même
que les options et le coût des stratégies
d’atténuation.
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8. quand la décision est prise
d’éliminer les oiseaux infectés ou
exposés, les oiseaux soient abattus
sans cruauté et évacués avec les
volailles mortes conformément aux
normes de l’OIE. Dans le cas des
infections HP, les oiseaux ne doivent
pouvoir ni être introduits dans la chaîne
alimentaire humaine ni entrer
directement ou indirectement dans
l’alimentation d’autres animaux, y
compris les animaux des parcs
zoologiques.
9. le Comité international de l’OIE
adopte les nouvelles lignes directrices
proposées pour la surveillance de l’IA
au cours de la 73ème Session
générale.
10. l’efficacité des procédures de
prévention et de réduction des risques
soit contrôlée grâce à des actions de
surveillance ciblée, notamment :
surveillance post-vaccinale pour
mesurer l’efficacité de la vaccination,
identification précoce de la
circulation virale,
suivi du glissement génétique et
apparition de nouvelles souches
surveillance des réservoirs.
11. le concept de
compartimentation soit reconnu comme
étant un outil supplémentaire de
contrôle de l’IA et de promotion de la
sécurité des échanges internationaux,
sous réserve de la mise en œuvre
efficace des mesures de contrôle
pertinentes.
12. le Comité international de l’OIE
adopte la proposition de chapitre révisé
du Code terrestre consacré à l’IA qui
intègre le concept de
compartimentation et qui formule des
recommandations fondées sur les
risques concernant le commerce des
volailles vivantes, le matériel génétique
et les produits destinés à la
consommation humaine. Il encourage
également la transparence en matière
de déclaration des maladies,en limitant
les conséquences sur les échanges aux
situations à haut risque.
13. l’OIE et la FAO continuent de
donner des avis pratiques aux Pays
Membres sur la création et le suivi des
compartiments par l’intermédiaire de
nouvelles lignes directrices.
14. les Pays Membres de l’OIE se
servent du nouveau chapitre du Code
terrestre et de l’annexe sur la
surveillance pour guider leurs activités
nationales et pour y puiser les normes
applicables au commerce international.
15. la FAO, la Banque mondiale et
d’autres donateurs multilatéraux et
bilatéraux continuent de fournir une
assistance pour renforcer encore le
respect par les pays des normes
internationales, y compris sur la qualité
des Services vétérinaires.
16. l’OIE élabore des lignes
directrices relatives à l’inactivation du
virus de l’IA dans les produits
transformés.
17. des stratégies soient élaborées
en faveur du financement d’actions
durables et concrètes au niveau local,
notamment pour le repeuplement ou
l’indemnisation des pertes, l’éducation
sur la sécurité de l’élevage des volailles
et la création d’infrastructures et de
services appropriés.
18. l’OIE désigne des épreuves
prescrites pour les échanges
internationaux quand la nécessité de
procéder à des tests est stipulée dans
le Code terrestre.
19. les laboratoires de référence
OIE/FAO collaborent pour échanger des
souches virales et élaborent des
normes reconnues à l’échelle
internationale pour les tests de
diagnostic. L’échange de souches
virales et d’informations telles que des
données relatives aux séquences entre
le réseau OIE/FAO et le réseau de
laboratoires de l’OMS est préconisé.
20. les prises de décision
concernant la lutte et la protection
contre les maladies animales reposent
sur des données scientifiques issues de
l’analyse de données épidémiologiques
valables provenant de systèmes
d’information fiables. Tout doit être mis
en oeuvre pour développer ces
systèmes, même dans les pays en
développement.
(Adoptée par la Conférence
scientifique internationale OIE/FAO
sur l’influenza aviaire
Paris (France), 7–8 avril 2005)
Le texte intégral des conclusions de la Conférence et les 56
recommandations peuvent être téléchargés sur le site web de l’OIE
www.oie.int. Les actes de cette Conférence seront publiés
prochainement par l’OIE et l’Association internationale pour
les produits biologiques (IAB).
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