Original : anglais
Octobre 1999
RAPPORT DE LA RÉUNION DU GROUPE DE TRAVAIL DE L’OIE
SUR LES MALADIES DES ANIMAUX SAUVAGES
Paris, 19 - 21 octobre 1999
_____
La réunion du Groupe de travail sur les maladies des animaux sauvages s’est tenue du 19 au 21 octobre 1999, au
Bureau central de l’OIE.
Le Docteur J. Pearson, chef du Département scientifique et technique de l’OIE, a accueilli les participants au nom du
Docteur J. Blancou, Directeur général de l’OIE. Le Docteur M.H. Woodford a présidé la réunion et les Docteurs
R. Bengis et M. Artois ont été nommés rapporteurs. L’ordre du jour et la liste des participants figurent respectivement
dans les annexes I et II.
Le Groupe de travail tient à remercier les pays suivants pour leur participation active : Afrique du Sud, Allemagne,
Arabie Saoudite, Autriche, Belgique, Canada, Danemark, Espagne, États-Unis d’Amérique, Finlande, France, Inde,
Islande, Italie, Kenya, Lettonie, Namibie, Norvège, Nouvelle-Zélande, Ouganda, Portugal, République tchèque,
Royaume-Uni, Suède, Suisse, Zambie et Zimbabwe.
Malgré l’ampleur de la diffusion du questionnaire standard de déclaration des maladies des animaux sauvages, la
Commission a reçu peu de rapports pour certaines zones géographiques importantes dont l’Amérique centrale et
l’Amérique du Sud, l’Ouest, le Centre et le Nord de l’Afrique, le Sud-Est asiatique et l’Australie.
En d’autres termes, nos connaissances concernant les maladies inscrites ou émergeantes qui touchent les animaux
sauvages dans le monde restent incomplètes.
Le Groupe incite donc les directeurs des Services vétérinaires de tous les Pays Membres à aider l’OIE à élargir la
surveillance globale des maladies des animaux sauvages.
Certains Pays Membres de l’OIE n’ont apparemment pas pondu au questionnaire, de crainte d'être pénalisés sur le
plan commercial. C'est pour éviter cela que le questionnaire comportait une mention précisant que les éléments
concernant les maladies des animaux sauvages importantes sur le plan commercial devaient être avalisées par le
Directeur des Services vétérinaires.
2 Maladies des animaux sauvages/octobre 99
1. Situation régionale de certaines maladies des animaux sauvages
Maladies de la liste A
Peste porcine classique
La peste porcine classique chez les sangliers (Sus scrofa) reste un problème très important en Europe. En 1998, des
foyers ont été rapportés par l’Allemagne, la France, l’Italie, la République tchèque et la Suisse.
En mai 1998, des signes de cette maladie ont été décelés chez des sangliers dans le canton du Tessin en Suisse. Le virus
de la peste porcine classique a été isolé et l’amplification en chaîne par polymérase à transcriptase inverse (PCR-RT) a
montré qu’il s’agissait d’une souche identique à une autre préalablement trouvée chez des sangliers dans la région de
Varèse, en Italie. Il s’agit du seul foyer enregistré en Europe dans une zone où aucun cas n’avait été rapporté
antérieurement.
Plusieurs rapports ont été publiés en 1998/99 sur la prophylaxie de la peste porcine classique chez les sangliers, sous les
auspices de la Commission européenne. Cette question a donné lieu à des réunions, à des comptes rendus et à la
diffusion du rapport d’un groupe de travail. Dans les pays où la peste porcine classique atteint les porcs domestiques, il
est possible que les sangliers soient contaminés par contact avec des porcs infectés. Une fois introduit, le virus se
propage par contact direct et indirect entre les sangliers infectés et ceux qui sont sensibles. On estime que des infections
persistantes chez les très jeunes animaux contribuent à la propagation virale. Le virus peut être transmis des sangliers
aux porcs domestiques soit directement (lorsque le contact est possible), soit surtout indirectement (par l’intermédiaire
d’éleveurs-chasseurs ou d’aliments contaminés). En Allemagne et en Italie, les données épidémiologiques semblent
révéler une transmission croisée du virus entre les porcs domestiques et les sangliers. Lorsque les porcs domestiques et
les sangliers sont bien séparés, ce sont essentiellement les activités humaines qui expliquent la transmission de la
maladie des populations porcines sauvages vers les populations porcines domestiques, ou inversement. La maladie peut
disparaître spontanément ou persister sans signe d’autolimitation. La prévalence des situations endémiques semble
avoir augmenté en Europe au cours de ces dernières années.
Lorsque l’infection est confirmée, il convient de prendre plusieurs mesures de surveillance et de lutte. Différentes
stratégies doivent être envisagées en fonction de l’évolution des taux d’infections ou du taux d'anticorps chez les
sangliers, de l’importance des populations de sangliers et de l’existence de barrières naturelles (des documents sont
disponibles auprès du Comité scientifique sur la santé et le bien-être animal, Direction générale XXIV, Commission
européenne).
Fièvre aphteuse
Un foyer clinique de fièvre aphteuse dû au virus de type SAT 1 a été rapporté chez les impalas (Aepyceros melampus),
dans le Parc national Kruger, en Afrique du Sud. Cette épizootie a été décelée dès son apparition en mai 1998, alors
qu’elle était localisée sur une zone d’environ 50 km². En octobre 1998, à la fin de l’évolution clinique, les impalas
étaient infectés sur une zone d’environ 2 000 km².
Sur un total de 238 impalas examinés au cours de cet épisode, 32 % présentaient des lésions macroscopiques et/ou des
anticorps. Aucune tendance particulière liée à l’âge ou au sexe n’a été constatée. Il s’agissait du premier foyer provoqué
chez des impalas par un virus SAT 1 depuis 16 ans et la souche isolée était similaire, mais non homologue, à celle
trouvée chez des buffles (Syncerus caffer) en 1996, à 60 kilomètres au nord de ce foyer. Cette souche hautement
pathogène chez l’impala a provoqué des lésions buccales et podales sévères et étendues chez de nombreux animaux
infectés.
Une autre observation provenant du Parc national Kruger fait état de l’isolement d’un virus SAT 3 dans le liquide de
lavage du fourreau et la fraction de semence riche en sperme chez un buffle, et dans un frottis vulvaire chez une
bufflesse. Cette population de buffles présente une infection endémique à virus SAT 1, 2 et 3, ce qui pose le problème
d’une transmission sexuelle éventuelle de la fièvre aphteuse chez les buffles.
Maladies des animaux sauvages/octobre 99 3
Un déplacement illégal de sept buffles hors de la zone de contrôle de la fièvre aphteuse a été constaté cette année. Les
sept animaux ont été détruits ; ils présentaient tous des anticorps dirigés contre les virus SAT 1, 2 et 3. Le virus a
également été isolé de certains prélèvements de tissu pharyngé, mais aucune transmission au bétail domestique ne s’est
produite, et la quarantaine a pu être levée au bout de six mois.
Quelques sérums d’impalas du Parc national du lac Mburo, en Ouganda, possédaient des anticorps dirigés contre les
virus SAT 1 et SAT 2.
Deux éléphants d’Asie (Elephas maximus) ont développé des signes cliniques de fièvre aphteuse dans le sud de l’Inde
(l’un des animaux était domestique et l’autre semi-domestique). Aucun virus de la fièvre aphteuse n’a été isolé, mais les
deux animaux possédaient des anticorps dirigés contre ce virus.
Maladie de Newcastle
En Autriche, la maladie de Newcastle a été détectée chez des pigeons (Columba livia) grâce à des tests sérologiques,
l’isolement du virus et l’indice de pathogénicité intracérébrale.
Entre 1992 et 1997, le virus de la maladie de Newcastle et le paramyxovirus du pigeon ont été isolés chez des pigeons
en Allemagne.
En 1998, la maladie de Newcastle n’a pas été rapportée au Canada, mais le virus a été isolé chez des cormorans
(Phalacrocorax auritus) en Californie (États-Unis d’Amérique).
En 1998, la maladie de Newcastle aurait tué plus de 200 autruches (Struthio camelus) dans une zone délimitée au
Zimbabwe. Des signes nerveux et une encéphalite dominaient le tableau clinique et le diagnostic a été confirmé par
l’isolement du virus.
Fièvre de la Vallée du Rift
À la suite des pluies torrentielles résultant du phénomène El Niño survenues dans l’Est de l’Afrique en 1997/1998, des
foyers importants de la maladie ont été rapportés dans cette région. En 1998/1999, les fortes précipitations se sont
déplacées vers le sud pour atteindre l’Afrique australe, et les populations d’arthropodes hématophages endémiques ont
connu un développement considérable. Une augmentation prévisible de l’incidence des maladies transmises par les
arthropodes s’est également produite. En Afrique du Sud, le premier foyer de fièvre de la Vallée du Rift apparu depuis
18 ans a été décelé dans un groupe de buffles d’Afrique en captivité dans le Parc national Kruger. Il s’est traduit par des
avortements en série. Les résultats des autopsies étaient caractéristiques d’une maladie hémorragique avec atteinte
hépatique, et le virus de la fièvre de la Vallée du Rift a été isolé des tissus de cinq foetus sur six. Il s’agit apparemment
du tout premier rapport concernant des cas cliniques de la fièvre de la Vallée du Rift chez des buffles d’Afrique.
Les résultats du recensement aérien des buffles, effectué après cet épisode, sont en cours d’évaluation pour tenter de
déterminer si des avortements similaires (éventuellement révélés par une réduction du nombre de bufflons) se seraient
produits chez les animaux en liberté.
Le virus de la fièvre de la Vallée du Rift a également été isolé d’un cob à croissant (Cobus ellipsiprymnus), trouvé mort
dans une réserve naturelle privée jouxtant le Parc national Kruger. Aucun foyer ni aucune contamination ne se sont
produits dans les zones d’élevage contiguës.
Peste bovine
Au cours de ces dernières années, plusieurs enquêtes sérologiques importantes ont été réalisées par la Campagne
panafricaine contre la peste bovine (PARC) dans l’est, le centre et l’ouest de l’Afrique. À ce jour, aucun résultat
concernant les animaux sauvages pris en compte dans ces enquêtes n'a encore été publié.
4 Maladies des animaux sauvages/octobre 99
Maladies de la liste B
Fièvre charbonneuse
Pendant l’hiver 1998-1999, une épizootie importante de fièvre charbonneuse est survenue en Afrique du Sud, dans le
Parc national Kruger et les réserves naturelles privées limitrophes. Plus de 160 cas ont été confirmés chez 15 espèces
animales dont 68 % de grands coudous (Tragelaphus strepsiceros) et de buffles ; ces deux dernières espèces sont
apparemment les plus facilement contaminées et jouent un rôle amplificateur important dans cette maladie. Les treize
autres espèces n'ont été infectées que de manière sporadique. De nombreux lions (Panthera leo) ont été contaminés en
se nourrissant de carcasses infectées : ils développent généralement une maladie subaiguë caractérisée par un
gonflement considérable des tissus mous de la tête. Les lions atteints d'une forme subaiguë de la maladie ont été traités
avec succès, par antibiothérapie, dans plusieurs réserves naturelles privées.
Le foyer a fini par couvrir une zone de 6 000 kilomètres carrés, les cas cliniques cessant d'apparaître lors de l’arrivée
des premières pluies de printemps.
En Namibie, 76 cas de fièvre charbonneuse ont été rapportés chez des animaux sauvages, la plupart dans le Parc
national Etosha, où la maladie est endémique. Onze espèces sauvages ont été touchées, et notamment les éléphants
(Loxodonta africana), les zèbres (Equus burchelli), les gnous (Connochaetes taurinus) et les springboks (Antidorcas
marsupialis).
Au Canada, trois bisons (Bison bison) et un cerf de Virginie (Odocoileus virginianus) sont morts de la fièvre
charbonneuse. Il s’agissait d’animaux en captivité dans un parc zoologique.
Choléra aviaire
Le choléra aviaire est apparu chez des cormorans à aigrettes au Canada et chez des oiseaux d’eau sauvages en
Californie et dans l’Utah (États-Unis d’Amérique).
Tuberculose bovine
La tuberculose bovine qui touche certaines populations d’animaux sauvages de plusieurs continents reste une source de
préoccupation majeure. Ces préoccupations concernent aussi bien les effets potentiels de la maladie sur certaines
populations sauvages que les conséquences de l'existence de réservoirs infectieux sylvatiques sur les réglementations
sanitaires dans les pays qui ont mis en place des programmes d’éradication de la tuberculose bovine, ou dont les
cheptels bovins nationaux ont été reconnus indemnes de la maladie.
En Afrique, la tuberculose bovine est un problème majeur dans les zones suivantes :
Parc national Kruger et Parc Hluhluwe/Umfolosi en Afrique du Sud, où une augmentation de la prévalence de la
tuberculose bovine et une extension géographique de la maladie ont été rapportées chez le buffle d’Afrique, avec
propagation accidentelle de l’infection à cinq espèces sympatriques dont le grand coudou, le babouin (Papio
ursinus), le lion, le guépard (Acinonyx jubatus) et le léopard (Panthera pardus).
Ouganda, où la tuberculose bovine, observée dans le Parc national Queen Elizabeth depuis la fin des années 1960,
vient aussi d’être confirmée chez des buffles dans le Parc national de la Vallée du Kadepo.
Zambie, où la présence de la tuberculose bovine a été enregistrée depuis plusieurs années chez les cobs lechwé
(Kobus lechwe) et les bovins sur les plateaux de la Kafue. La transmission de l’infection à des troupeaux de gnous
sympatriques a été confirmée pour la première fois en 1998.
En Europe, la tuberculose bovine a été rapportée par les pays suivants :
En Espagne, la tuberculose bovine a été confirmée chez les daims (Dama dama) (7 cas), les cerfs élaphes (Cervus
elaphus) (13 cas), les sangliers (Sus scrofa) (22 cas) et les lynx (Lynx lynx) (1 cas).
Au Royaume-Uni, la tuberculose bovine a été rapportée chez les blaireaux (Meles meles) (367 cas), les chevreuils
(Capreolus capreolus) (1 cas), les daims (2 cas) et les cerfs élaphes (3 cas) ; trois autres cas ont été rapportés chez
des chats domestiques.
Maladies des animaux sauvages/octobre 99 5
En Italie, des infections à Mycobacterium ont été enregistrées régulièrement en Ligurie depuis plusieurs années.
L’origine de la contamination est toujours inconnue et l’extension des foyers d’infection reste à élucider.
Aux États-Unis d’Amérique, le foyer de tuberculose bovine qui a touché les cerfs de Virginie (Odocoileus virginianus)
dans l’État du Michigan continue de poser des problèmes, d’autant que la transmission a été prouvée chez les coyotes
(Canis latrans), les renards roux (Vulpes vulpes), les ratons laveurs (Procyon lotor), les ours noirs américains (Ursus
americana), les lynx d’Amérique du Nord (Lynx rufus) et les bovins.
Pour essayer de lutter contre la maladie, les mesures suivantes sont appliquées :
a) réduction de la densité des populations de cervidés dans les pays touchés,
b) interdiction de la distribution de nourriture et de la pose d’appâts pour les cervidés.
À Hawaii, un réservoir sylvatique de tuberculose bovine est recherché suite à la détection de cette maladie chez une
vache abattue (premier cas depuis dix ans). À ce stade, les porcs sauvages semblent la source d’infection la plus
probable dans la mesure où Mycobacterium tuberculosis a été détecté grâce à l'amplification en chaîne par polymérase
(PCR) chez deux animaux sur 82.
Au Canada, la tuberculose bovine est endémique dans une sous-population de bisons et un cas a été décelé chez un
wapiti.
Brucellose
La brucellose bovine reste endémique dans plusieurs populations animales vivant à l'état sauvage en Afrique. Les
buffles, les hippopotames (Hippopotamus amphibius) et les cobs sont les principales espèces touchées.
En Europe, Brucella suis biovar 2 a été décelé chez le sanglier en France et en Italie, et chez le lièvre commun (Lepus
europaeus) en Autriche, en France, en République tchèque et en Suisse. La propagation récente des infections à B. suis
biovar 2 chez les porcs domestiques élevés à l’extérieur semble indiquer qu’un réservoir sauvage est source de l’agent
pathogène.
La brucellose a été rapportée chez des chamois (Rupicapra rupicapra) et des cerfs élaphes (Cervus elaphus) dans les
Alpes (France).
Au Canada, B. abortus a été isolé chez des bisons américains, et B. suis biovar 4 chez des rennes et des caribous
(Rangifer tarandus). Brucella sp. a été également isolé chez des bélougas (Delphinapterus leucas), des narvals
(Monodon monoceros) et des phoques annelés (Phoca hispida).
Aux États-Unis d’Amérique, la brucellose a été diagnostiquée chez des wapitis (Cervus elaphus canadensis) dans l’est
de l’Idaho. Jusqu’alors, le Wyoming avait été le seul État à rapporter cette infection chez des wapitis. La surveillance
des wapitis tués à la chasse a montré une prévalence sérologique de 7 % dans l’Est de l’Idaho. Le piégeage et l’examen
de 111 wapitis sur un site de nourrissage ont donné des résultats sérologiques positifs confirmés ou douteux chez
environ la moitié des animaux. Dans cette région, les wapitis sont nourris depuis plusieurs années et cette situation
artificielle accroît considérablement le risque de transmission de l’agent pathogène.
Au Pérou, des anticorps dirigés contre B. melitensis ont été décelés chez les otaries à fourrure (Arctocephalus
australis). Aucun anticorps dirigé contre B. suis n’a, en revanche, pu être décelé chez le pécari tajaçou (Tayassu
pecari).
Entérite virale du canard
L’entérite virale du canard a été diagnostiquée dans l’Indiana et en Virginie (États-Unis d’Amérique). La maladie a été
mise en évidence chez des cygnes tuberculés (Cygnus olor), des tadornes de Belon (Tadorna tadorna) et des colverts
(Anas platyrhynchos) au Royaume-Uni, ainsi que chez des oiseaux migrateurs en Inde.
Rage
La rage terrestre est enzootique chez les animaux sauvages dans certaines parties des États-Unis d’Amérique et du
Canada. Des programmes de vaccination orale contre la rage sont en cours dans quatre États et dans une province du
Canada.
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