Original : anglais Octobre 1999 RAPPORT DE LA RÉUNION DU GROUPE DE TRAVAIL DE L’OIE SUR LES MALADIES DES ANIMAUX SAUVAGES Paris, 19 - 21 octobre 1999 _____ La réunion du Groupe de travail sur les maladies des animaux sauvages s’est tenue du 19 au 21 octobre 1999, au Bureau central de l’OIE. Le Docteur J. Pearson, chef du Département scientifique et technique de l’OIE, a accueilli les participants au nom du Docteur J. Blancou, Directeur général de l’OIE. Le Docteur M.H. Woodford a présidé la réunion et les Docteurs R. Bengis et M. Artois ont été nommés rapporteurs. L’ordre du jour et la liste des participants figurent respectivement dans les annexes I et II. Le Groupe de travail tient à remercier les pays suivants pour leur participation active : Afrique du Sud, Allemagne, Arabie Saoudite, Autriche, Belgique, Canada, Danemark, Espagne, États-Unis d’Amérique, Finlande, France, Inde, Islande, Italie, Kenya, Lettonie, Namibie, Norvège, Nouvelle-Zélande, Ouganda, Portugal, République tchèque, Royaume-Uni, Suède, Suisse, Zambie et Zimbabwe. Malgré l’ampleur de la diffusion du questionnaire standard de déclaration des maladies des animaux sauvages, la Commission a reçu peu de rapports pour certaines zones géographiques importantes dont l’Amérique centrale et l’Amérique du Sud, l’Ouest, le Centre et le Nord de l’Afrique, le Sud-Est asiatique et l’Australie. En d’autres termes, nos connaissances concernant les maladies inscrites ou émergeantes qui touchent les animaux sauvages dans le monde restent incomplètes. Le Groupe incite donc les directeurs des Services vétérinaires de tous les Pays Membres à aider l’OIE à élargir la surveillance globale des maladies des animaux sauvages. Certains Pays Membres de l’OIE n’ont apparemment pas répondu au questionnaire, de crainte d'être pénalisés sur le plan commercial. C'est pour éviter cela que le questionnaire comportait une mention précisant que les éléments concernant les maladies des animaux sauvages importantes sur le plan commercial devaient être avalisées par le Directeur des Services vétérinaires. 1. Situation régionale de certaines maladies des animaux sauvages Maladies de la liste A Peste porcine classique La peste porcine classique chez les sangliers (Sus scrofa) reste un problème très important en Europe. En 1998, des foyers ont été rapportés par l’Allemagne, la France, l’Italie, la République tchèque et la Suisse. En mai 1998, des signes de cette maladie ont été décelés chez des sangliers dans le canton du Tessin en Suisse. Le virus de la peste porcine classique a été isolé et l’amplification en chaîne par polymérase à transcriptase inverse (PCR-RT) a montré qu’il s’agissait d’une souche identique à une autre préalablement trouvée chez des sangliers dans la région de Varèse, en Italie. Il s’agit du seul foyer enregistré en Europe dans une zone où aucun cas n’avait été rapporté antérieurement. Plusieurs rapports ont été publiés en 1998/99 sur la prophylaxie de la peste porcine classique chez les sangliers, sous les auspices de la Commission européenne. Cette question a donné lieu à des réunions, à des comptes rendus et à la diffusion du rapport d’un groupe de travail. Dans les pays où la peste porcine classique atteint les porcs domestiques, il est possible que les sangliers soient contaminés par contact avec des porcs infectés. Une fois introduit, le virus se propage par contact direct et indirect entre les sangliers infectés et ceux qui sont sensibles. On estime que des infections persistantes chez les très jeunes animaux contribuent à la propagation virale. Le virus peut être transmis des sangliers aux porcs domestiques soit directement (lorsque le contact est possible), soit surtout indirectement (par l’intermédiaire d’éleveurs-chasseurs ou d’aliments contaminés). En Allemagne et en Italie, les données épidémiologiques semblent révéler une transmission croisée du virus entre les porcs domestiques et les sangliers. Lorsque les porcs domestiques et les sangliers sont bien séparés, ce sont essentiellement les activités humaines qui expliquent la transmission de la maladie des populations porcines sauvages vers les populations porcines domestiques, ou inversement. La maladie peut disparaître spontanément ou persister sans signe d’autolimitation. La prévalence des situations endémiques semble avoir augmenté en Europe au cours de ces dernières années. Lorsque l’infection est confirmée, il convient de prendre plusieurs mesures de surveillance et de lutte. Différentes stratégies doivent être envisagées en fonction de l’évolution des taux d’infections ou du taux d'anticorps chez les sangliers, de l’importance des populations de sangliers et de l’existence de barrières naturelles (des documents sont disponibles auprès du Comité scientifique sur la santé et le bien-être animal, Direction générale XXIV, Commission européenne). Fièvre aphteuse Un foyer clinique de fièvre aphteuse dû au virus de type SAT 1 a été rapporté chez les impalas (Aepyceros melampus), dans le Parc national Kruger, en Afrique du Sud. Cette épizootie a été décelée dès son apparition en mai 1998, alors qu’elle était localisée sur une zone d’environ 50 km². En octobre 1998, à la fin de l’évolution clinique, les impalas étaient infectés sur une zone d’environ 2 000 km². Sur un total de 238 impalas examinés au cours de cet épisode, 32 % présentaient des lésions macroscopiques et/ou des anticorps. Aucune tendance particulière liée à l’âge ou au sexe n’a été constatée. Il s’agissait du premier foyer provoqué chez des impalas par un virus SAT 1 depuis 16 ans et la souche isolée était similaire, mais non homologue, à celle trouvée chez des buffles (Syncerus caffer) en 1996, à 60 kilomètres au nord de ce foyer. Cette souche hautement pathogène chez l’impala a provoqué des lésions buccales et podales sévères et étendues chez de nombreux animaux infectés. Une autre observation provenant du Parc national Kruger fait état de l’isolement d’un virus SAT 3 dans le liquide de lavage du fourreau et la fraction de semence riche en sperme chez un buffle, et dans un frottis vulvaire chez une bufflesse. Cette population de buffles présente une infection endémique à virus SAT 1, 2 et 3, ce qui pose le problème d’une transmission sexuelle éventuelle de la fièvre aphteuse chez les buffles. 2 Maladies des animaux sauvages/octobre 99 Un déplacement illégal de sept buffles hors de la zone de contrôle de la fièvre aphteuse a été constaté cette année. Les sept animaux ont été détruits ; ils présentaient tous des anticorps dirigés contre les virus SAT 1, 2 et 3. Le virus a également été isolé de certains prélèvements de tissu pharyngé, mais aucune transmission au bétail domestique ne s’est produite, et la quarantaine a pu être levée au bout de six mois. Quelques sérums d’impalas du Parc national du lac Mburo, en Ouganda, possédaient des anticorps dirigés contre les virus SAT 1 et SAT 2. Deux éléphants d’Asie (Elephas maximus) ont développé des signes cliniques de fièvre aphteuse dans le sud de l’Inde (l’un des animaux était domestique et l’autre semi-domestique). Aucun virus de la fièvre aphteuse n’a été isolé, mais les deux animaux possédaient des anticorps dirigés contre ce virus. Maladie de Newcastle En Autriche, la maladie de Newcastle a été détectée chez des pigeons (Columba livia) grâce à des tests sérologiques, l’isolement du virus et l’indice de pathogénicité intracérébrale. Entre 1992 et 1997, le virus de la maladie de Newcastle et le paramyxovirus du pigeon ont été isolés chez des pigeons en Allemagne. En 1998, la maladie de Newcastle n’a pas été rapportée au Canada, mais le virus a été isolé chez des cormorans (Phalacrocorax auritus) en Californie (États-Unis d’Amérique). En 1998, la maladie de Newcastle aurait tué plus de 200 autruches (Struthio camelus) dans une zone délimitée au Zimbabwe. Des signes nerveux et une encéphalite dominaient le tableau clinique et le diagnostic a été confirmé par l’isolement du virus. Fièvre de la Vallée du Rift À la suite des pluies torrentielles résultant du phénomène El Niño survenues dans l’Est de l’Afrique en 1997/1998, des foyers importants de la maladie ont été rapportés dans cette région. En 1998/1999, les fortes précipitations se sont déplacées vers le sud pour atteindre l’Afrique australe, et les populations d’arthropodes hématophages endémiques ont connu un développement considérable. Une augmentation prévisible de l’incidence des maladies transmises par les arthropodes s’est également produite. En Afrique du Sud, le premier foyer de fièvre de la Vallée du Rift apparu depuis 18 ans a été décelé dans un groupe de buffles d’Afrique en captivité dans le Parc national Kruger. Il s’est traduit par des avortements en série. Les résultats des autopsies étaient caractéristiques d’une maladie hémorragique avec atteinte hépatique, et le virus de la fièvre de la Vallée du Rift a été isolé des tissus de cinq foetus sur six. Il s’agit apparemment du tout premier rapport concernant des cas cliniques de la fièvre de la Vallée du Rift chez des buffles d’Afrique. Les résultats du recensement aérien des buffles, effectué après cet épisode, sont en cours d’évaluation pour tenter de déterminer si des avortements similaires (éventuellement révélés par une réduction du nombre de bufflons) se seraient produits chez les animaux en liberté. Le virus de la fièvre de la Vallée du Rift a également été isolé d’un cob à croissant (Cobus ellipsiprymnus), trouvé mort dans une réserve naturelle privée jouxtant le Parc national Kruger. Aucun foyer ni aucune contamination ne se sont produits dans les zones d’élevage contiguës. Peste bovine Au cours de ces dernières années, plusieurs enquêtes sérologiques importantes ont été réalisées par la Campagne panafricaine contre la peste bovine (PARC) dans l’est, le centre et l’ouest de l’Afrique. À ce jour, aucun résultat concernant les animaux sauvages pris en compte dans ces enquêtes n'a encore été publié. Maladies des animaux sauvages/octobre 99 3 Maladies de la liste B Fièvre charbonneuse Pendant l’hiver 1998-1999, une épizootie importante de fièvre charbonneuse est survenue en Afrique du Sud, dans le Parc national Kruger et les réserves naturelles privées limitrophes. Plus de 160 cas ont été confirmés chez 15 espèces animales dont 68 % de grands coudous (Tragelaphus strepsiceros) et de buffles ; ces deux dernières espèces sont apparemment les plus facilement contaminées et jouent un rôle amplificateur important dans cette maladie. Les treize autres espèces n'ont été infectées que de manière sporadique. De nombreux lions (Panthera leo) ont été contaminés en se nourrissant de carcasses infectées : ils développent généralement une maladie subaiguë caractérisée par un gonflement considérable des tissus mous de la tête. Les lions atteints d'une forme subaiguë de la maladie ont été traités avec succès, par antibiothérapie, dans plusieurs réserves naturelles privées. Le foyer a fini par couvrir une zone de 6 000 kilomètres carrés, les cas cliniques cessant d'apparaître lors de l’arrivée des premières pluies de printemps. En Namibie, 76 cas de fièvre charbonneuse ont été rapportés chez des animaux sauvages, la plupart dans le Parc national Etosha, où la maladie est endémique. Onze espèces sauvages ont été touchées, et notamment les éléphants (Loxodonta africana), les zèbres (Equus burchelli), les gnous (Connochaetes taurinus) et les springboks (Antidorcas marsupialis). Au Canada, trois bisons (Bison bison) et un cerf de Virginie (Odocoileus virginianus) sont morts de la fièvre charbonneuse. Il s’agissait d’animaux en captivité dans un parc zoologique. Choléra aviaire Le choléra aviaire est apparu chez des cormorans à aigrettes au Canada et chez des oiseaux d’eau sauvages en Californie et dans l’Utah (États-Unis d’Amérique). Tuberculose bovine La tuberculose bovine qui touche certaines populations d’animaux sauvages de plusieurs continents reste une source de préoccupation majeure. Ces préoccupations concernent aussi bien les effets potentiels de la maladie sur certaines populations sauvages que les conséquences de l'existence de réservoirs infectieux sylvatiques sur les réglementations sanitaires dans les pays qui ont mis en place des programmes d’éradication de la tuberculose bovine, ou dont les cheptels bovins nationaux ont été reconnus indemnes de la maladie. En Afrique, la tuberculose bovine est un problème majeur dans les zones suivantes : • Parc national Kruger et Parc Hluhluwe/Umfolosi en Afrique du Sud, où une augmentation de la prévalence de la tuberculose bovine et une extension géographique de la maladie ont été rapportées chez le buffle d’Afrique, avec propagation accidentelle de l’infection à cinq espèces sympatriques dont le grand coudou, le babouin (Papio ursinus), le lion, le guépard (Acinonyx jubatus) et le léopard (Panthera pardus). • Ouganda, où la tuberculose bovine, observée dans le Parc national Queen Elizabeth depuis la fin des années 1960, vient aussi d’être confirmée chez des buffles dans le Parc national de la Vallée du Kadepo. • Zambie, où la présence de la tuberculose bovine a été enregistrée depuis plusieurs années chez les cobs lechwé (Kobus lechwe) et les bovins sur les plateaux de la Kafue. La transmission de l’infection à des troupeaux de gnous sympatriques a été confirmée pour la première fois en 1998. En Europe, la tuberculose bovine a été rapportée par les pays suivants : • En Espagne, la tuberculose bovine a été confirmée chez les daims (Dama dama) (7 cas), les cerfs élaphes (Cervus elaphus) (13 cas), les sangliers (Sus scrofa) (22 cas) et les lynx (Lynx lynx) (1 cas). • Au Royaume-Uni, la tuberculose bovine a été rapportée chez les blaireaux (Meles meles) (367 cas), les chevreuils (Capreolus capreolus) (1 cas), les daims (2 cas) et les cerfs élaphes (3 cas) ; trois autres cas ont été rapportés chez des chats domestiques. 4 Maladies des animaux sauvages/octobre 99 • En Italie, des infections à Mycobacterium ont été enregistrées régulièrement en Ligurie depuis plusieurs années. L’origine de la contamination est toujours inconnue et l’extension des foyers d’infection reste à élucider. Aux États-Unis d’Amérique, le foyer de tuberculose bovine qui a touché les cerfs de Virginie (Odocoileus virginianus) dans l’État du Michigan continue de poser des problèmes, d’autant que la transmission a été prouvée chez les coyotes (Canis latrans), les renards roux (Vulpes vulpes), les ratons laveurs (Procyon lotor), les ours noirs américains (Ursus americana), les lynx d’Amérique du Nord (Lynx rufus) et les bovins. Pour essayer de lutter contre la maladie, les mesures suivantes sont appliquées : a) réduction de la densité des populations de cervidés dans les pays touchés, b) interdiction de la distribution de nourriture et de la pose d’appâts pour les cervidés. À Hawaii, un réservoir sylvatique de tuberculose bovine est recherché suite à la détection de cette maladie chez une vache abattue (premier cas depuis dix ans). À ce stade, les porcs sauvages semblent la source d’infection la plus probable dans la mesure où Mycobacterium tuberculosis a été détecté grâce à l'amplification en chaîne par polymérase (PCR) chez deux animaux sur 82. Au Canada, la tuberculose bovine est endémique dans une sous-population de bisons et un cas a été décelé chez un wapiti. Brucellose La brucellose bovine reste endémique dans plusieurs populations animales vivant à l'état sauvage en Afrique. Les buffles, les hippopotames (Hippopotamus amphibius) et les cobs sont les principales espèces touchées. En Europe, Brucella suis biovar 2 a été décelé chez le sanglier en France et en Italie, et chez le lièvre commun (Lepus europaeus) en Autriche, en France, en République tchèque et en Suisse. La propagation récente des infections à B. suis biovar 2 chez les porcs domestiques élevés à l’extérieur semble indiquer qu’un réservoir sauvage est source de l’agent pathogène. La brucellose a été rapportée chez des chamois (Rupicapra rupicapra) et des cerfs élaphes (Cervus elaphus) dans les Alpes (France). Au Canada, B. abortus a été isolé chez des bisons américains, et B. suis biovar 4 chez des rennes et des caribous (Rangifer tarandus). Brucella sp. a été également isolé chez des bélougas (Delphinapterus leucas), des narvals (Monodon monoceros) et des phoques annelés (Phoca hispida). Aux États-Unis d’Amérique, la brucellose a été diagnostiquée chez des wapitis (Cervus elaphus canadensis) dans l’est de l’Idaho. Jusqu’alors, le Wyoming avait été le seul État à rapporter cette infection chez des wapitis. La surveillance des wapitis tués à la chasse a montré une prévalence sérologique de 7 % dans l’Est de l’Idaho. Le piégeage et l’examen de 111 wapitis sur un site de nourrissage ont donné des résultats sérologiques positifs confirmés ou douteux chez environ la moitié des animaux. Dans cette région, les wapitis sont nourris depuis plusieurs années et cette situation artificielle accroît considérablement le risque de transmission de l’agent pathogène. Au Pérou, des anticorps dirigés contre B. melitensis ont été décelés chez les otaries à fourrure (Arctocephalus australis). Aucun anticorps dirigé contre B. suis n’a, en revanche, pu être décelé chez le pécari tajaçou (Tayassu pecari). Entérite virale du canard L’entérite virale du canard a été diagnostiquée dans l’Indiana et en Virginie (États-Unis d’Amérique). La maladie a été mise en évidence chez des cygnes tuberculés (Cygnus olor), des tadornes de Belon (Tadorna tadorna) et des colverts (Anas platyrhynchos) au Royaume-Uni, ainsi que chez des oiseaux migrateurs en Inde. Rage La rage terrestre est enzootique chez les animaux sauvages dans certaines parties des États-Unis d’Amérique et du Canada. Des programmes de vaccination orale contre la rage sont en cours dans quatre États et dans une province du Canada. Maladies des animaux sauvages/octobre 99 5 L’épizootie rabique vulpine continue de régresser en Europe de l’Ouest à la suite des campagnes de vaccination orale. Les autres formes de rage, notamment l'infection des chauve-souris par les virus EBL (European bat lyssavirus) y persistent sans changement notable. Toutefois, au début de 1999, une roussette d’Égypte (Roussetus aegyptiacus) a été trouvée infectée par une souche de virus rabique d’origine africaine dans le Sud de la France. Les roussettes (Mégachiroptères, frugivores) ne sont pas présentes en Europe, mais sont vendues depuis quelques années comme animaux de compagnie. Cet individu avait été importé en Belgique, en provenance directe d’Afrique (pays non connu), en janvier 1999, vendu à une animalerie de Bordeaux (Gironde, France) en mars 1999, et il est mort dans le département du Gard (France) en mai de la même année. Cent vingt-deux personnes ont dû suivre un traitement préventif antirabique. La vente de la roussette d’Égypte, et de certains chiroptères, légale dans l’Union européenne, serait certainement à revoir rapidement au vu des risques sanitaires maintenant connus dans divers pays (Lyssavirus et virus de Hendra et Nipah, par exemple). Tularémie Des foyers de tularémie (Francisella tularensis type B) ont été enregistrés en Scandinavie, en Autriche et en Espagne en 1998. L’épisode espagnol a débuté à la fin de 1997 et s’est poursuivi au début de 1998. La maladie a été observée chez des lièvres bruns ibériques (Lepus granatensis), des lièvres européens et un lapin (Oryctolagus cuniculus). Plusieurs cas ont également été rapportés chez l’homme. Apparemment, la maladie a été introduite en Espagne par des lièvres importés. Le foyer de tularémie rapporté en Espagne serait le tout premier enregistré dans la péninsule Ibérique. Maladies inscrites sur la liste concernant spécifiquement les animaux sauvages Myélopathie vacuolaire aviaire aux États-Unis d’Amérique Depuis 1994, 56 pygargues à tête blanche (Halieatus leucocephalus) sont morts pendant la période d’hivernage dans l’Arkansas après avoir présenté une maladie nerveuse de cause inconnue, appelée myélopathie vacuolaire aviaire. En novembre 1996, des foulques d’Amérique (Fulica americana) présentant des symptômes nerveux avaient été trouvées sur le lac DeGray, juste avant l’épisode de mortalité qui a touché les pygargues. Les foulques et les pygargues atteints présentaient les mêmes lésions cérébrales et médullaires caractérisées par un oedème intramyélinique. Des lésions ont également été observées chez des foulques ne présentant aucun signe nerveux. Il est probable que les pygargues se contaminent lorsqu’ils se nourrissent de foulques malades, mais il n’est pas exclu que les deux espèces soient exposées séparément au même contage. Malgré de nombreuses recherches en laboratoire et sur le terrain, la cause de la maladie reste à déterminer. Une neurotoxine inconnue, naturelle ou issue d’activités humaines, a été suspectée. En 1997, la myélopathie vacuolaire aviaire a été détectée chez des foulques en Géorgie et en Caroline du Nord. Une étude épidémiologique effectuée par la suite a montré que la maladie était peut-être présente chez les foulques dès 1990 sur le site de la Caroline du Nord. En 1998-1999, la myélopathie vacuolaire aviaire a provoqué un épisode mortel chez les pygargues à tête blanche et les foulques en Géorgie, Caroline du Nord et Caroline du Sud. La maladie a également été confirmée chez des colverts (Anas platyrhynchos) et des fuligules à bec cerclé (Aythya collaris), et suspectée chez des garrots albéoles (Bucephala albeola), chez un canard à front blanc (Anas americana) et chez un canard souchet (Anas clypeata) sur un seul lac de la Caroline du Nord où ces oiseaux sont sédentaires. Ces observations enregistrées sur plusieurs sites éloignés montrent que la maladie est plus étendue qu’on ne le croyait initialement et que la région de l’Arkansas n’est peut-être pas la seule exposée au contage. La découverte de canards atteints élargit aussi la distribution de la maladie parmi les espèces (dont une domestique). En 1999, une nouvelle initiative fédérale reconnaissant la myélopathie vacuolaire aviaire comme un problème national a été mise en place dans le but essentiel de déterminer la cause et de trouver des techniques pour maîtriser autant que possible cette maladie ou l’éliminer chez les oiseaux sauvages. Avec l’aide de plusieurs organismes étatiques et 6 Maladies des animaux sauvages/octobre 99 fédéraux chargés de gérer la faune sauvage, un projet de recherche épidémiologique a été conduit sur deux ans, dans le cadre de l’Étude coopérative du Sud-Est sur les maladies des animaux sauvages (SCWDS). Différentes équipes ont travaillé sur site dans huit États du Sud-Est pour rechercher les signes cliniques chez les foulques et prélever des individus normaux et malades en vue d’une autopsie et d’un examen microscopique du tissu cérébral. L’examen au microscope optique de l'encéphale de plus de 900 foulques a montré des lésions chez des individus qui avaient été prélevés dans l’Arkansas, en Géorgie, en Caroline du Nord et en Caroline du Sud. Cachexie chronique des cervidés Dans l’Ouest des États-Unis d’Amérique, des enquêtes ciblées ou portant sur les produits de la chasse se poursuivent depuis plusieurs années pour étudier la cachexie chronique chez les cervidés sauvages dans la zone d’endémie du nordest du Colorado et du sud-est du Wyoming. Les efforts de surveillance ont été renforcés récemment afin d’inclure les populations de cervidés extérieures à la zone d’endémie. Depuis 1997, des enquêtes portant sur les produits de la chasse ont été conduites dans l’Arizona, le Dakota du Sud, le Kansas, le Montana, le Nebraska, le Nevada et l’Utah ainsi que dans certaines parties excentrées du Colorado et du Wyoming. Au total, des examens microscopiques ont été réalisés sur le tronc cérébral de plus de 3 500 cervidés en liberté, prélevés dans l’Ouest, à l’extérieur des zones enzootiques connues. Tous les examens étaient négatifs, ce qui indique que la cachexie chronique est probablement limitée dans les populations natives de cervidés. Des prélèvements supplémentaires sont prévus dans un certain nombre d’États de l’Ouest et du Centre-Ouest pendant la période de chasse de l’automne 1999. La surveillance a été moins intensive dans l’Est des États-Unis d’Amérique, puisqu’aucune infection n’a été décelée dans cette région. Les examens microscopiques de coupes histologiques d'encéphale n’ont révélé aucun cas, certain ou suspect, depuis le début de la surveillance, fin 1997. Les lésions caractéristiques de la cachexie chronique ont été recherchées chez 86 cerfs de Virginie prélevés pour contrôler l’état sanitaire des troupeaux, 33 cerfs de Virginie saisis en raison d’une détention illégale par un propriétaire privé, 19 cerfs de Virginie et 4 wapitis présentés pour une recherche diagnostique et 10 wapitis tués à la chasse dans l’Arkansas. Des examens sont actuellement effectués sur d’autres cerfs de Virginie prélevés pendant l’été et l’automne 1999, parallèlement aux contrôles sur l’état sanitaire des troupeaux de cervidés, réalisés dans plusieurs États du Sud-Est. Un questionnaire de surveillance a été diffusé en automne 1998 dans le cadre de la SCWDS conduite à l’Université de Géorgie. Ce questionnaire visait à recueillir des informations sur tous les cervidés susceptibles d’être atteints de cachexie chronique d’après la présence d’un “ profil cible ”. Trente-cinq États non touchés et un territoire ont répondu qu’aucun animal correspondant à ce profil n’avait été identifié. Onze États non touchés ont indiqué que les examens de 23 animaux répondant au profil cible avaient été négatifs. Cinq États non touchés ont fait état d’enquêtes menées sur les cervidés tués pendant la chasse. Deux cas de cachexie chronique ont été diagnostiqués chez des wapitis captifs, l’un dans le Nebraska et l’autre dans le Colorado. Tous les troupeaux de wapitis captifs qui étaient au contact de ces animaux restent sous étroite surveillance. Maladies des crocodiles De très nombreux cas de variole du crocodile ont été rapportés dans les élevages de ces reptiles (Crocodylus niloticus) au Zimbabwe. Plusieurs foyers de polyarthrite mycoplasmique ont été également diagnostiqués dans ces élevages, d’après les signes cliniques et la mise en culture, ainsi que des cas fréquents d’hépatite à chlamydies, confirmés par l’immunofluorescence et l’histopathologie. Dans ce même pays, sur 38 établissements contrôlés, 12 étaient infectés par la trichinellose du crocodile. Enquête portant sur Escherichia coli O157:H7 chez les cervidés Le rôle des cerfs de Virginie en tant que porteurs potentiels d’Escherichia coli O157:H7 a été étudié sur un site où ce microorganisme avait été caractérisé par culture chez des cerfs de Virginie sauvages (Odocoileus virginianus). L’objectif était d’identifier toute relation possible sur ce site entre les bovins domestiques et les cervidés en liberté pour E. coli O157:H7. Des études sur le terrain ont débuté en novembre, dans le cadre de ce projet, avec le prélèvement de matières fécales chez des cervidés tués pendant la chasse sur un site où des infections avaient antérieurement été mises en évidence. Les prélèvements de 3 individus sur 77 se sont révélés positifs pour E. coli O157:H7 en novembre 1997. En novembre et décembre 1998, la recherche de E. coli O157 a été négative sur un total de 140 prélèvements fécaux de cervidés. À ce jour, les cultures effectuées sur 305 prélèvements provenant de bovins de races à viande ou laitières ont révélé 13 animaux positifs. Les empreintes d’ADN ont montré que les souches isolées chez les cervidés en 1997 étaient différentes de celles trouvées chez les bovins en 1999. Maladies des animaux sauvages/octobre 99 7 Syndrome de la trompe flasque chez l’éléphant Six cas de syndrome de la trompe flasque chez l’éléphant ont été diagnostiqués dans le Parc national de Matusadona et deux autres à Malilangwe au Zimbabwe. Trois autres cas ont été enregistrés dans le Parc national Kruger, en Afrique du Sud. L’étiologie de ce syndrome reste toujours inconnue. Épisodes de maladie hémorragique aux États-Unis d’Amérique Après de nombreuses années de prédominance du sérotype 2 du virus de la maladie hémorragique épizootique (EHDV), le sérotype 1 a été cause de mortalité chez les cerfs de Virginie dans les États suivants : Caroline du Nord, Géorgie, Maryland, New Jersey et Virginie en 1999. Le sérotype 13 du virus de la fièvre catarrhale du mouton a également été isolé dans le cadre de la Southeastern Cooperative Wildlife Disease Study (SCWDS) chez un cerf de Virginie en Caroline du Nord. Il est possible que ces épisodes de mortalité soient dus à une moindre immunité vis-à-vis du sérotype EHDV-1 que vis-à-vis de EHDV-2, mais aucune donnée sérologique ne permet de confirmer cette hypothèse. Le premier cas a été déclaré en Géorgie le 19 août 1999. Toutes les souches isolées chez des bovins ont été identifiées comme appartenant au sérotype EHDV-2 et avaient été isolées chez des animaux présentant des signes cliniques et provenant du comté de Dallas dans l’Iowa. Mortalité chez les gazelles de Mongolie En 1998, des milliers de gazelles ont été retrouvées mortes en Mongolie. Elles étaient atteintes de nécrobacillose à Fusobacterium necroforum. Cet épisode serait lié aux précipitations inhabituelles survenues en juillet et août 1998. En 1963-64, un grand nombre de gazelles de Mongolie (Procapra gutturosa) sont mortes lors d’un épisode de fièvre aphteuse et, en 1974, 140 000 gazelles auraient péri de pasteurellose. Caractérisation de Mycoplasma gallisepticum chez des roselins du Mexique et d’autres oiseaux sauvages trouvés à proximité des élevages de volailles En hiver 1994, une conjonctivite aiguë associée par la suite à Mycoplasma gallisepticum (MG) a été rapportée chez des roselins du Mexique (Carpodacus mexicanus) dans les États du centre de la côte Atlantique (États-Unis d’Amérique). Depuis lors, des roselins du Mexique infectés par MG ont été trouvés dans tout l’est des États-Unis d’Amérique. L’adaptation de MG à une espèce aviaire en liberté risque de poser de nombreux problèmes pour la lutte contre cet agent pathogène chez les volailles. Pour évaluer les risques liés à ce problème émergeant, il convient de déterminer la prévalence des infections à MG chez les roselins du Mexique et les autres espèces communes de passereaux présentes dans les exploitations agricoles. Les objectifs spécifiques de cette étude de terrain étaient les suivants : (1) déterminer la prévalence des infections à MG chez les roselins du Mexique et les autres passereaux fréquemment trouvés à proximité des élevages de volailles et (2) évaluer l’application des techniques de diagnostic existantes aux roselins du Mexique et aux autres passereaux. Entre novembre 1997 et mars 1999, plus de 1 000 oiseaux ont été capturés dans la même zone, dans des élevages de volailles et sur des sites sans élevage. Des prélèvements sanguins ont été recueillis et testés par la méthode d’agglutination sérique sur plaque (SPA) pour y rechercher les anticorps dirigés contre MG. Des spécimens de roselins du Mexique et de 11 autres espèces de passereaux ont été autopsiés suite à la positivité du test SPA ; des prélèvements ont été effectués en vue des examens suivants : mise en culture, amplification en chaîne par polymérase (PCR), inhibition de l’hémaglutination et histopathologie. Le test SPA a montré que 19 % des oiseaux prélevés dans les élevages et 11 % des individus capturés en dehors présentaient des anticoprs dirigés contre MG. La mise en culture et la PCR n’ont été positives pour MG que chez les roselins du Mexique ; seule la PCR a été positive chez une mésange bicolore (Baeolophus bicolor). Les résultats indiquent que MG reste limité chez les roselins du Mexique dans ce secteur mais que B. bicolor pourrait être un porteur potentiel. Des réactions non spécifiques ou une exposition par contact pourraient expliquer la positivité du test SPA dans les autres espèces. Variole de l’autruche Trois cas ont été diagnostiqués chez des autruches d’élevage (Struthio camelus) au Zimbabwe, sur la base d'examens cliniques et histologiques. 8 Maladies des animaux sauvages/octobre 99 Paratuberculose du wallaby sur l’île Kangaroo, en Australie du sud. Des cas de paratuberculose (maladie de Johne) ont été rapportés chez le Tammar wallabie (Macropus eugenii) sur l’île Kangourou, en Australie du Sud, mais aucun signe de transmission n’a été observé à ce jour au sein de cette espèce, et aucune contamination de la population ovine domestique ne s’est produite. Il s’agirait des premiers cas de paratuberculose chez des animaux sauvages en Australie. Gale sarcoptique La gale sarcoptique reste une maladie fréquente et sévère dans les populations animales de différentes parties du monde. Dans la plupart des régions européennes, la gale sarcoptique est toujours très fréquente chez les renards roux (Vulpes vulpes). Dans ces zones, la gale du renard est également observée chez d’autres carnivores tels que le lynx (Lynx lynx), la martre commune (Martes martes) et le chien viverrin (Nyctereutes procyonoides). Dans les Alpes et les montagnes ibériques, la gale sarcoptique reste une maladie fréquente chez les chamois (Rupicapra rupicapra) et les bouquetins (Capra ibex). L’incidence de la gale sarcoptique a augmenté dans les Parcs nationaux Masai Mara et Tsavo, au Kenya, chez les guépards et les lions. Sérosurveillance des lions dans le Parc national Queen Elizabeth en Ouganda Une sérosurveillance portant sur des lions capturés dans le Parc national Queen Elizabeth en Ouganda a donné les résultats suivants : Péritonite infectieuse féline Calicivirus félin Herpèsvirus félin Panleucopénie féline Virus de l’immunodéficience féline Virus de la maladie de Carré Toxoplasmose 9/9 7/9 4/9 9/9 6/9 1/9 9/9 Négatifs Positifs Positifs Négatifs Positifs Positifs Négatifs Évolution de l’épizootie due à un virus apparenté au virus West Nile Un foyer de maladie humaine due à un virus apparenté au virus West Nile, diagnostiqué dans le secteur de New York (Etats-Unis d'Amérique), a entraîné la mort de cinq personnes et plus de 50 cas de méningites virales. Le séquençage d’une partie du génome viral par les laboratoires des Centres de prophylaxie des maladies (CDC) a montré une homologie de 90 % avec le virus West Nile. Deux laboratoires ont confirmé que le virus isolé des êtres humains était le même que celui isolé des oiseaux. Le virus West Nile, transmis par les moustiques, n'avait jamais été mis en évidence auparavant sur le continent américain. Le foyer a été décelé à la mi-août et le dernier cas a été diagnostiqué chez l’homme le 16 septembre 1999. Les services de santé publique ont incité la population à prendre des précautions pour éviter les moustiques et un programme intensif de désinsectisation a été mis en oeuvre. Le virus West Nile fait partie d’un groupe important d’agents viraux disséminés par les arthropodes piqueurs, d’où leur classification parmi les virus véhiculés par les arthropodes (arbovirus). Trouvé initialement il y a plus de 60 ans en Ouganda, le virus West Nile a été mis en évidence par la suite dans différents pays d’Afrique, du Moyen-Orient, du Sud de l’Europe, de la région méditerranéenne et en Eurasie. Chez l’homme, la maladie se manifeste généralement par des signes de type grippal tels que fièvre, céphalées, myalgies, irritation pharyngée et éruption cutanée. Dans les cas sévères, il se produit une inflammation de l’encéphale et des méninges (meningo-encéphalite) ainsi que du coeur (myocardite). La mortalité globale chez l’homme varie entre 3 et 15 % ; elle est plus élevée chez les sujets âgés. Le virus West Nile a été isolé chez plus de 40 espèces de moustiques et chez certaines tiques. Dans la nature, les cycles viraux incluent des oiseaux apparemment sains et des moustiques piqueurs, et les oiseaux sont considérés comme les hôtes vertébrés entretenant l’agent pathogène. Le problème qui se pose actuellement dans le secteur de New York diffère des épisodes antérieurs car des oiseaux sauvages périssent de l’infection. Les corneilles d'Amérique (Corvus brachyrhyncos) ont été les plus touchées, des épisodes de mortalité ayant été rapportés dans l’État de New York, le Connecticut et le New Jersey. La Direction de l’environnement de l’État de New York a examiné plus de 70 cas confirmés chez des oiseaux. Un site bien connu est celui du parc zoologique du Bronx où environ 20 oiseaux dont un pygargue à tête blanche, des flamants du Chili (Phoenicopterus chilensis), des faisans exotiques et un cormoran “ Guanay ” (Phalacrocorax bougainvilli) sont morts. Chez les oiseaux originaires de la région, des cas mortels ont été Maladies des animaux sauvages/octobre 99 9 enregistrés dans les espèces suivantes : corneille d'Amérique, corneille de rivage (Corvus ossifragus), geai bleu (Cyanocitta cristata), mouette atricille (Larus atricilla), merle migrateur (Turdus migratorius), pigeon biset (Columba livia), colvert (Anas platyrhyncos), grue grise (Grus canadensis) et héron bihoreau (Nycticorax nycticorax). Les services responsables de la faune sauvage et de la santé publique dans la région considèrent que les corvidés constituent une espèce indicatrice de l’activité virale en raison de leur sensibilité apparente au virus et encouragent les recherches diagnostiques sur les épisodes de mortalité chez les oiseaux, notamment les corvidés tels que la corneille d’Amérique, le grand corbeau et le geai. L'épizootie chez les corvidés se caractérise par des cas mortels isolés qui s’additionnent dans le temps et non par un événement soudain tel qu’une intoxication aux pesticides. Les résultats des autopsies ne sont pas spécifiques et révèlent une perte de poids, une nécrose du muscle cardiaque, une splénomégalie, une hépatomégalie, des hémorragies de la partie antérieure des intestins et à la surface du foie et, dans certains cas, une inflammation visible de l'encéphale. 2. Compartimentation Le Docteur Victor Nettles a fait savoir au Groupe de travail sur les maladies des animaux sauvages qu’il avait représenté le Groupe lors de la réunion de la Commission de l’OIE pour la fièvre aphteuse et autres épizooties de janvier 1999. Il avait été invité par la Commission à participer à une discussion sur la détermination du statut des Pays Membres dans lesquels des maladies de la liste A sont présentes chez les animaux sauvages. La Commission a estimé que l’OIE ne pouvait adopter une position unique pour toutes les maladies de la liste A susceptibles de toucher les animaux sauvages. Elle a trouvé qu'il serait préférable de disposer d'une procédure générale sur la façon d'évaluer l'impact potentiel des animaux sauvages en matière de maladies de la liste A, mais qu'il faudrait mettre au point des recommandations particulières pour chacune des maladies. Le concept de compartimentation a été discuté par le Groupe de travail, qui a approuvé dans les grandes lignes la définition figurant dans le rapport de la Commission pour la fièvre aphteuse. Dans la mesure où la Commission pour la fièvre aphteuse a manifesté un intérêt particulier pour la maladie de Newcastle et la peste porcine classique, le Groupe de travail a discuté de ces deux maladies en détail et a formulé les propositions énoncées ciaprès à l'attention de la Commission, pour leur éventuelle insertion dans le Code zoosanitaire international de l’OIE à propos du statut des pays où les animaux sauvages sont infectés ou susceptibles de l’être. 2.1. Paramyxovirus 1 Il est considéré que les oiseaux sauvages migrateurs ou sédentaires de tous les pays peuvent être infectés par différentes souches du paramyxovirus 1 aviaire, dont certaines peuvent provoquer la maladie de Newcastle chez les volailles et/ou être pathogènes pour d'autres oiseaux transportés à des fins commerciales. Pays/zones indemnes de la maladie de Newcastle Les volailles et les oiseaux transportés à des fins commerciales peuvent être considérés comme indemnes de la maladie de Newcastle si les critères suivants sont remplis : 1. Les volailles et les autres oiseaux élevés à des fins commerciales sont indemnes de la maladie de Newcastle depuis au moins trois ans. Cette période est ramenée à six mois après l’abattage du dernier animal atteint dans les pays qui appliquent une politique d’abattage sanitaire, avec ou sans vaccination contre la maladie de Newcastle. 2. Il existe un système de surveillance régulier et rapide, associé à la déclaration obligatoire de la maladie de Newcastle chez les volailles et/ou les autres oiseaux élevés à des fins commerciales. Les cas de maladie de Newcastle chez les oiseaux sauvages doivent être déclarés, mais sans que cette déclaration ait des conséquences sur le statut du pays ou de la zone considérés au regard de la maladie de Newcastle chez les volailles et les autres oiseaux élevés à des fins commerciales. 3. Les pratiques d’élevage en vigueur éliminent ou réduisent autant que possible l’exposition aux oiseaux sauvages des volailles et autres oiseaux élevés à des fins commerciales, à savoir : a) Séparation physique des oiseaux élevés à des fins commerciales et des oiseaux sauvages, grâce à la conception des bâtiments, à la mise en place de clôtures et à l’aménagement du milieu. b) Absence d’accès à l’eau, aux aliments ou aux objets susceptibles d’être contaminés. Pigeons voyageurs 10 Maladies des animaux sauvages/octobre 99 Les pigeons voyageurs peuvent être en contact avec des oiseaux sauvages. Dans le cadre du Code zoosanitaire international, ils doivent donc être traités comme des oiseaux sauvages, pour ce qui est de la maladie de Newcastle. 2.2. Peste porcine classique Infection des suidés sauvages Les suidés sauvages, et notamment le sanglier européen, sont sensibles à la peste porcine classique et la maladie peut être transmise entre ces animaux sensibles et les porcs domestiques par contact direct ou indirect. Les porcs domestiques des pays/zones où les suidés sauvages sont infectés par le virus de la peste porcine classique risquent d’être contaminés sauf s’ils sont efficacement protégés de tout contact direct ou indirect avec les suidés sauvages. Inversement, les suidés sauvages des pays/zones où les porcs domestiques sont infectés par le virus de la peste porcine classique risquent d’être contaminés, sauf s’ils sont efficacement protégés de tout contact direct ou indirect avec des porcs domestiques. Porcs domestiques élevés dans des pays/zones où les suidés sauvages sont infectés Il devrait être possible de protéger suffisamment les porcs domestiques de tout contact direct ou indirect avec des suidés sauvages pour élever des porcs domestiques indemnes de peste porcine classique dans les pays/zones où les suidés sauvages sont infectés. Les porcs domestiques peuvent être certifiés indemnes de peste porcine classique s’ils sont élevés en respectant un programme global de biosécurité tenant compte de toutes les voies possibles d’exposition aux suidés sauvages, à savoir le contact physique direct ou la consommation de déchets ou détritus. Ce programme doit également assurer la sécurité des transports, des opérations de transformation et de la conservation. Des précautions doivent aussi être prises pour garantir la séparation des produits carnés issus des porcs domestiques et des suidés sauvages lors des opérations de transformation et de stockage. Risque de propagation parmi les suidés sauvages Les décisions réglementaires doivent tenir compte du fait que toute mesure ou politique susceptible d’accroître la probabilité de propagation de la peste porcine classique à des populations non infectées de suidés sauvages risque d'aggraver le problème global de la peste porcine classique dans le monde. Les déplacements et les expéditions de suidés sauvages sur pied ou de viandes et produits dérivés de suidés sauvages doivent respecter les réglementations sanitaires qui s’appliquent aux porcs domestiques, à la viande et aux produits qui en sont issus. Gestion de la faune sauvage et risques sanitaires Les objectifs des politiques de gestion des suidés sauvages doivent inclure, entre autres, la réduction de la prévalence et de la distribution géographique de la peste porcine classique, voire son élimination. Les mesures favorisant la transmission ou augmentant la prévalence ou la distribution géographique de la peste porcine classique doivent, notamment, être évitées. On peut citer ici comme exemple la distribution de nourriture, les densités excessives d’animaux, les transplantations et les croisements avec des porcs domestiques. 2.3. Autres maladies Les commentaires qui précèdent sur la peste porcine classique chez les porcs domestiques et les suidés sauvages s’appliquent à plusieurs autres maladies importantes chez ces animaux dont la maladie d’Aujeszky, la brucellose porcine et la tuberculose bovine. Maladies des animaux sauvages/octobre 99 11 3. Rage et maladie de Carré en Afrique Le Groupe de travail de l’OIE sur les maladies des animaux sauvages soutient pleinement les projets scientifiques portant sur les risques sanitaires spécifiques des espèces sauvages menacées, tels qu'exposés dans le rapport du sous-comité de l’Union internationale pour la conservation de la nature*. 4. Définition des concepts de faune sauvage, d’animaux errants et d’animaux domestiques En réponse à une demande de la Commission du Code, le Groupe de travail de l’OIE a préparé des définitions pour les concepts suivants : animaux domestiques, animaux errants, animaux sauvages captifs et animaux sauvages. Il recommande ce qui suit : • Aux fins du Code zoosanitaire international de l’OIE, le Groupe de travail sur les maladies des animaux sauvages propose que la définition des animaux domestiques soit tirée de la définition et de la discussion de Corbet et Clutton-Brock (1984)**. • Dans ce contexte, le Groupe propose que les animaux soient classés dans les quatre catégories définies comme suit, par deux critères de sélection binaires : Phénotypes sélectionnés par l’homme Animaux vivant 5. Oui : Non : sous la surveillance Oui : Domestiques (a) Sauvages captifs (c) ou le contrôle de l'homme Non : Errants (b) Sauvages (d) a) Animaux domestiques : Animaux ayant un phénotype sélectionné par l’homme et vivant sous sa surveillance et son contrôle [“ Formes domestiquées anciennes différenciables et rarement élevées avec leurs ancêtres sauvages (bovins, chiens domestiques) ou formes domestiquées faciles à distinguer de leur espèce ancestrale sauvage (rennes, renards argentés, par exemple) ”]. b) Animaux errants : Animaux initialement domestiqués, ayant échappé à la surveillance et au contrôle de l’homme et non dépendants de lui. c) Animaux sauvages captifs : Animaux dont le phénotype n’a pas été significativement modifié par la sélection humaine mais vivant en captivité ou soumis à un autre type de surveillance ou de contrôle humain [“ espèces sauvages couramment élevées ou tenues en captivité, dont la majorité des individus domestiqués ne peut être immédiatement distinguée collectivement de l’espèce sauvage (éléphants d’Asie, cerfs élaphes, par exemple) ”]. d) Animaux sauvages : Animaux dont le phénotype n’a pas été modifié par la sélection humaine et vivant hors de la surveillance ou du contrôle direct de l’homme. Proposition de désignation d’un Laboratoire de référence pour la tularémie Le Groupe de travail de l’OIE sur les maladies des animaux sauvages soutient la proposition de création d’un Laboratoire de référence de l’OIE pour Francisella tularensis et la tularémie. * Rapport de la réunion du sous-comité de l'Union international pour la conservation de la nature, Nancy (France) 26-28 avril 1999. ** Corbet G.B. & Clutton-Brock J. (1984). – Taxonomy and nomenclature. In: Evolution of Domesticated Animals. I.L. Mason, ed. Longman, London, UK, 434-438. 12 Maladies des animaux sauvages/octobre 99 6. Exigences sur l’expédition de prélèvements en vue d'un diagnostic Le Groupe de travail demande que l’OIE contacte de nouveau la Convention sur le commerce international des espèces appartenant à la faune et à la flore sauvages menacées d’extinction (CITES), dans le but de mettre au point une procédure de dérogation pour le transport international des prélèvements à visée diagnostique destinés aux Laboratoires de référence de l’OIE. 7. Validité des épreuves diagnostiques pour les maladies des animaux sauvages et projet de collaboration avec l’Association européenne des vétérinaires chargés des parcs zoologiques et de la faune sauvage Le Groupe de travail de l’OIE sur les maladies des animaux sauvages se mettra en rapport avec l’Association américaine des vétérinaires des parcs zoologiques et avec l’Association européenne des vétérinaires chargés des parcs zoologiques et de la faune sauvage, afin d’encourager ces organismes à préparer une documentation sur l’application des épreuves diagnostiques des maladies des listes A et B aux animaux sauvages et captifs ainsi que sur les problèmes spécifiques liés au diagnostic des maladies des animaux sauvages. Le Groupe de travail de l’OIE souhaite obtenir ces informations dans le but de les intégrer ultérieurement dans le Manuel des normes de l’OIE pour les tests de diagnostic et les vaccins. 8. Examen du Code zoosanitaire international de l’OIE Le Groupe de travail de l’OIE sur les maladies des animaux sauvages souhaite contribuer aux révisions du Code zoosanitaire international de l’OIE (le Code) afin d’apporter des informations sur les maladies des animaux sauvages. 9. Projet de protocole sur les transferts d’animaux sauvages Le Groupe a examiné et discuté un projet de protocole destiné à évaluer les risques sanitaires liés à la transplantation international d’animaux sauvages, préparé à l’intention du Groupe de travail par le Centre coopératif canadien sur la santé des animaux sauvages (CCWHC). Le projet de protocole a été considéré comme un outil global et intéressant pour ce type d’évaluation des risques. Le Groupe a demandé que le protocole soit publié sous sa forme actuelle, de préférence dans la Revue scientifique et technique de l’OIE. Il souhaite également qu’une version abrégée du protocole respectant le style et le format du Code zoosanitaire international de l’OIE soit préparée par le CCWHC. Le Groupe examinera le projet et, s’il le juge adapté, il recommandera à la Commission du Code de l’intégrer dans ce Code. 10. Consultation sur la tuberculose bovine dans le Parc national Kruger Il a été fait appel à la compétence des membres et observateurs présents à la réunion du Groupe de travail pour évaluer les options retenues pour faire face au problème complexe que pose la tuberculose bovine dans le Parc national Kruger, en Afrique du Sud. Ce problème, à forte charge émotionnelle, a été discuté à la lumière des connaissances actuelles, donnant lieu aux commentaires suivants : • Aucune procédure de confinement destinée à prévenir la propagation de la maladie vers le nord ne doit être instaurée tant que le site le plus septentrional de l’infection n’a pas été identifié et que la situation de tous les troupeaux de la région du nord n’est pas connue. • Aucune intervention impliquant une destruction à grande échelle des buffles n’est appropriée tant que l’absence d’autres hôtes entretenant la maladie dans l’écosystème et d’autres sources potentielles d’infection dans les limites du Parc n’est pas vraiment certaine. • Aucune destruction massive de troupeaux de buffles infectés ne doit être mise en oeuvre avant qu'il existe une certitude raisonnable que des troupeaux, ou des sous-populations, peuvent être exterminés dans leur totalité. • Au Canada, l’isolement total d’un foyer endémique chez les bisons a été reconnu comme option de lutte contre la tuberculose bovine. • Les implications écologiques d’une destruction massive des buffles doivent être considérées dans une perspective à long terme. Le repeuplement des buffles après la pandémie de peste bovine de 1898-1902 a duré environ 50 ans. Maladies des animaux sauvages/octobre 99 13 • Les systèmes de prophylaxie destinés à réduire la prévalence et la propagation de l’infection tels que le dépeuplement sélectif des troupeaux à forte prévalence ou les zones d’exclusion des buffles peuvent constituer des mesures provisoires de lutte contre la maladie. • L’éradication totale de la tuberculose bovine dans cette population est probablement impossible à court terme. 11. Liste des maladies des cervidés Le Groupe de travail encourage l’OIE à envisager d’établir une liste de maladies des cervidés à déclarer comme des maladies de la liste B, à savoir la cachexie chronique, la virose hémorragique épizootique, l’adénovirose, la tuberculose bovine et la paratuberculose. ____________ .../Annexes 14 Maladies des animaux sauvages/octobre 99 Annexe I RAPPORT DE LA RÉUNION DU GROUPE DE TRAVAIL DE L’OIE SUR LES MALADIES DES ANIMAUX SAUVAGES Paris, 19 - 21 octobre 1999 _____ Ordre du Jour 1. Situation régionale de certaines maladies des animaux sauvages 2. Compartimentation 3. Rage et maladie de Carré en Afrique 4. Définition des concepts de faune sauvage, d’animaux errants et d’animaux domestiques 5. Proposition de désignation d’un Laboratoire de référence pour la tularémie 6. Exigences sur l’expédition de prélèvements en vue d'un diagnostic 7. Validité des épreuves diagnostiques pour les maladies des animaux sauvages et projet de collaboration avec l’Association européenne des vétérinaires chargés des parcs zoologiques et de la faune sauvage 8. Examen du Code zoosanitaire international de l’OIE 9. Projet de protocole sur les transferts d’animaux sauvages 10. Consultation sur la tuberculose bovine dans le Parc national Kruger 11. Liste des maladies des cervidés _____________ Maladies des animaux sauvages/octobre 99 15 16 Maladies des animaux sauvages/octobre 99 Annexe II RAPPORT DE LA RÉUNION DU GROUPE DE TRAVAIL DE L’OIE SUR LES MALADIES DES ANIMAUX SAUVAGES Paris, 19 - 21 octobre 1999 _____ Liste des Participants MEMBRES AUTRES PARTICIPANTS Dr M.H. Woodford (Président) Veterinary Group IUCN/SSC 2440 Virginia Avenue, N.W. Apt. D-1105 Washington D.C. 20037 USA Tel: (1-202) 331 9448 Fax: (1-202) 331 9448 E-mail: [email protected] Dr J.R. Fischer Southeastern Cooperative Wildlife Disease Study College of Veterinary Medicine University of Georgia Athens - GA 30602 USA Tel: (1-706) 542 1741 Fax: (1-706) 542 5865 E-mail: [email protected] Dr M. Artois Laboratoire d'études sur la rage et la pathologie des animaux sauvages AFSSA Nancy BP 9 54220 Malzéville FRANCE Tel: (33-3) 83.29.89.50 Fax: (33-3) 83.29.89.59 E-mail: [email protected] Dr W. Karesh Department Head Field Veterinary Program Wildlife Conservation Society 185th and Southern Blvd Bronx, NY 10460 USA Tel.: (1.718) 2205892 Fax: (1.718) 2207126 E-mail: [email protected] Dr R. Bengis Veterinary Investigation Centre P.O. Box 12 Skukuza 1350 AFRIQUE DU SUD Tel: (27-13) 735 5641 Fax: (27-13) 735 5155 E-mail: [email protected] Dr F.A. Leighton Canadian Cooperative Wildlife Health Centre Department of Veterinary Pathology University of Saskatchewan Saskatoon Saskatchewan S7N 5B4 CANADA Tel:: (1.306) 966 72 81 Fax: (1. 306) 966 74 39 E-mail: [email protected] Prof. J. Cheeran College of Veterinary and Animal Sciences Mannuthy, Trichur District Kerala 680651 INDE Tel:: (91.487) 37 03 44 (Office) (91.487) 42 05 47 (Residence) Fax: (91.487) 42 15 08 E-mail: [email protected] Dr T. Mörner State Veterinarian, Division of Wildlife The National Veterinary Institute P.O. Box 7073, SVA S-750 07 Uppsala SUEDE Tel: (46-18) 67 4214 Fax: (46-18) 30 9162 E-mail: [email protected] Dr V.F. Nettles Director Southeastern Cooperative Wildlife Disease Study College of Veterinary Medicine University of Georgia Athens - GA 30602 USA Tel: (1-706) 542 1741 Fax: (1-706) 542 5865 E-mail: [email protected] Maladies des animaux sauvages/octobre 99 OIE Dr J. Blancou Directeur général 12 rue de Prony 75017 Paris FRANCE Tel: (33-1) 44.15.18.88 Fax: (33-1) 42.67.09.87 E-mail: [email protected] Dr J. Pearson Chef, Département scientifique et technique E-mail: [email protected] Dr Y. Oketani Chargé de mission E-mail: [email protected] 17